Afro découverte : Alain Mabanckou

Alain Mabanckou

Son nom n’est désormais plus inconnu dans le monde littéraire africain et même français. Il enchante et ses lecteurs qui se multiplient au jour le jour, et les critiques littéraires, et les journalistes. Présent sur presque tous les grands médias français, et dans de prestigieuses rencontres littéraires, il se distingue, au-delà de son incommensurable talent, par son goût pour l’élégance et la classe. Véritable glaneur de prix littéraires, il créé l’évènement à chaque nouvelle sortie et révolutionne, à sa manière, toute une littérature, toute une culture, tout un monde, toute une histoire.Alain Mabanckou, puisqu’il faut l’appeler par son nom, est aujourd’hui l’un des meilleurs écrivains francophones d’origine africaine – s’il n’est le meilleur. Vivant et enseignant actuellement aux Etats-Unis, ce natif du Congo Brazzaville a connu la reconnaissance mondiale en 2005  avec la sortie de son roman-évènement Verre Cassé (Seuil), véritable joyau ayant défrayé la chronique surtout en France et en Afrique, après plusieurs  romans publiés et quelques prix littéraires remportés dont le Grand Prix littéraire d’Afrique noire en 1999.

Le golden boy de la littérature africaine francophone moderne amorçait ainsi une aventure riche en couleurs et en honneurs. Un an seulement après la sortie de Verre Cassé couronné par plusieurs prix littéraires dont le Prix Rfo, le Prix Ouest-France Etonnants Voyageurs, Mabanckou décroche le prestigieux prix Renaudot, dont les lauréats sont encore rarissimes dans notre littérature, avec un autre roman-évènement, Mémoires de porc-épic (Seuil, 2006). Un essai à succès, Lettre à Jimmy, dédié à l’écrivain noir américain homosexuel James Baldwin paraît chez Fayard en 2007, suivi deux ans après d’un autre roman, Black Bazar (Seuil, 2009), une histoire qui va dans la même logique que Verre Cassé, où la truculence, l’ironie, l’autodérision dont font preuve les héros enchantent le lecteur. Son dernier opus, Demain j’aurai vingt ans, un roman à résonance autobiographique, paru dans la très prestigieuse collection Blanche chez Gallimard, fait partie des romans les plus remarqués de cette rentrée littéraire 2010 et a déjà été distingué par le Prix Georges Brassens 2010 !

Ce qui plaît chez Alain Mabanckou, c’est cette distance qu’il prend, dans ses œuvres si enracinées dans son Afrique noire, vis-à-vis de l’Afrique mythique que tentent toujours de peindre certains intellectuels passés de mode. L’œuvre de Mabanckou ne cherche pas à redonner une certaine dignité soi-disant bafouée à l’Afrique, mais fustige, sur fond d’ironie, à travers les mésaventures de ses personnages, une Afrique où la mal gouvernance, la corruption, la gabegie, les farces religieuses, les pesanteurs sociales, les considérations ethnocentriques et racistes… la misère sont devenues monnaie courante. Le pays de Verre Cassé, le héros du roman éponyme, avec un président ubuesque, louche et presque loufoque en dit long.

La dignité de l’Afrique, Alain Mabanckou n’a pas besoin de la défendre dans ses livres. Elle la lui donne au jour le jour. Ce Franco-congolais de 44 ans est convaincu que la dignité de l’Afrique, ce sont ses fils qui doivent la lui donner, et essaie de le faire, chaque jour que Dieu fait, avec sa plume. Ces prix littéraires qu’il remporte un peu partout dans le monde, c’est son Afrique qui bat en lui qui les reçoit avec lui, à son plus grand bonheur.

Espérons que les jurés du Nobel pensent un jour à lui. Qu’il soit le cadet du Nigérian Wole Soyinka sur la prestigieuse liste des écrivains de l’Afrique noire à avoir remporté le Prix Nobel de littérature !

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Auteur·e

davidkpelly

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