L’étonnant Benoit Ruelle

Je ne l’oublierai jamais, ce rude après midi du dimanche 28 Mars 2010. Ce jour là, je l’avais manqué ainsi qu’il en est d’habitude puisque trop pris entre les tables bancs. J’étais alors en seconde année de Sociologie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Un ami, après quelques échanges coutumiers de nouvelles et autres paroles, m’instruisit du prochain départ de celui qui fut l’apôtre des « Idées » sur RFI pendant plusieurs années.
Benoit Ruelle, c’est bien son nom, me laisse orphelin, plongé que je suis dans une éternelle solitude. Je ne suis plus servi des étonnants « bonjour et bonsoirs » tous les dimanches dès 16h10 temps universel. Nous étions nombreux, étudiants, professeurs à lui tendre l’oreille. Même si nous le manquions, nous nous précipitions sur la Toile pour en télécharger les dernières éditions. Benoit Ruelle vivait profondément en nous et continue encore de nous inspirer, bien des semaines après son départ officiel de la maison de Radio France.
Ce qui me subjuguait surtout en ce génie c’est son extraordinaire capacité à problématiser, à synthétiser et à comparer. Chose dont je reste encore bien nostalgique : quand il introduisait son émission, on eût dit qu’il écrivait une thèse tant il donnait de l’importance à ce qu’il faisait. Un ami journaliste trouvait même sa bibliographie dans les émissions de benoit Ruelle en commandant les livres qu’il recommandait.
Tes propos de ce jour du 28 Mars 2010 résonnent encore à mes oreilles : « Bonjour ou bonsoir, vous le savez c’est la dernière fois que je me trouve derrière ce micro pour vous présenter Idées. Rendez vous hebdomadaire, après Panorama International et Résonances que je vous ai proposé il y a 15 ans. Mon ambition fut simple : défendre avec modestie et détermination la cause des idées et par le fait des essais et des revues culturelles.

En effet, j’ai la faiblesse de penser que vivre en humain libre et responsable suppose la maitrise intellectuelle d’un certain nombre d’enjeux qui conditionnent notre vivre-ensemble. Comment beaucoup d’entre vous ont le plus grand mal faute de moyens matériels de toute sorte à accéder à cette maitrise, la mission du journaliste que je suis fut de mettre à votre disposition par l’entremise des ondes ce à quoi vous ne pouvez accéder facilement. J’espère ne pas avoir trop démérité, j’espère que nous pourrons nous retrouver un jour ou l’autre pour d’autres aventures intellectuelles. J’émets enfin le vœu que Radio France Internationale un niveau d’échanges intellectuel susceptible de rapprocher les femmes et les hommes de bonne volonté ».
Tu nous manques énormément très cher professeur. Reviens vite parmi nous.

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Auteur·e

ousmaane

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