Dakar vit le retour des talibés

La loi sur la mendicité au Sénégal est-elle tombée en désuétude ? Était-elle du bluff ? Le gouvernement voulait-il tester les chefs religieux ? En tout cas les mendiants sont de retour.

Il y a à peine quelques mois (août 2010) que le gouvernement sénégalais avait lancé une chasse aux mendiants à Dakar. Parmi eux, des enfants de moins de 12 ans : les talibés, originaires des zones rurales et d’autres pays de la sous-région. Une loi interdisait donc ce que le gouvernement sénégalais a appelé « la traite des personnes ».Le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, avait déclaré, suite à un conseil interministériel consacré à la lutte contre ce phénomène, que « tout mendiant trouvé dans les rues aura affaire aux forces de l’ordre ». La menace avait belle et bien été suivie d’effet ; les rues de la capitale avaient été « assainies ». Certains marabouts responsable de la mendicité des enfants ont été jugés et condamnés.

Mais s’agissait-il d’une réelle volonté du gouvernement de mettre fin à ce phénomène que  beaucoup de sénégalais déplorent mais taisent pour des raisons qu’on ignore ? En tout cas cette loi semble tombée en désuétude. Il suffit de faire un pas, aujourd’hui, à Dakar pour rencontrer un enfant qui te tient la main ou cour après toi pour demander des pièces. Ces enfants sont complètement de retour et rien se dit à propos. Pas d’écoles, ni de « case des tous petits » pour eux, même pas d’affection parentale. Ils sont laissés pour compte, par des marabouts véreux, dans les rues de  la capitale. Ces enfants sont obligés de rentrer le soir avec une somme d’argent que leur marabout leur impose, faute de quoi ils subissent des sévices corporels.

Les chefs religieux ont menacé

Lorsqu’on interdit aux gens qui n’ont pas d’autres moyens que mendier, il faut bien trouver autre chose pour eux. La loi n’a donc pas duré parce que certainement il n’y a eu aucune mesure d’accompagnement. Il faut dire aussi que le gouvernement voulait négliger certaines considérations sénégalaises et même africaines qu’il n’est pas censé ignorer. Il s’agit de la croyance aux sciences occultes. Rares sont, en effet, les africains qui ne consultent des marabouts pour telle ou telle chose et il en sort toujours des sacrifices. A qui faut-il les donner ? Sous la menace des chefs religieux, le gouvernement a finalement cédé et Dakar retrouve ses talibés « adorés ».

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Auteur·e

amsix

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