Une petite histoire du sms

Le vieux Baldé Karim est un ferrailleur à la retraite et il appartient à une autre génération, celle qui on ne sait comment a pu vivre sans le téléphone portable. Difficile pour lui de percer le mystère des sms surtout quand celui-ci a un alphabet et un vocabulaire qui mute chaque jour. « Vous les jeunes votre histoire de ‘’petites lettres’’ avec vos portables là, on comprend rien ! Pour lire tu vas faire toutes les gymnastiques ». Toutes les langues se côtoient et se bousculent pour au final véhiculer un message. Si à l’origine on pouvait dire Short Message Service, il serait tant de dire désormais Very Short Message Service !

L’univers sms, un univers très jeune

Le vocabulaire du sms est propre aux jeunes de la génération téléphone portable. Il est conçu pour aller vite : les jeunes n’ont pas le temps ! « Le sms fait juste 160 signes or on a beaucoup à se dire donc pour profiter un max on crée des raccourcis » indique Pascal Kouadio élève. « Il faut être habitué à groupe de personnes partageant les mêmes passions ou les mêmes habitudes pour lire certains sms » soutien Bilé Koua étudiant avant de conclure « certains codes sont passe partout d’autre plus restreins on été crée par des groupes pour quelque part ‘’crypter’’ leurs messages ». Chiffres et lettres peuvent composer une phrase : « Tu va b1 ? mw j’m100 mal bne n8». Les abréviations sont de plus en plus courtes : « 2solé j’pe pa vnir ». Si les jeunes aiment au fond les sms avec leurs langages propres, c’est parce qu’ils protègent d’une certaine manière leur vie privée. « Moi et mes copines nous avons inversé certains mots ou déformé certaines expressions. Si vous n’être initié vous ne pourrez jamais comprendre un sms qu’on s’échange. Du coup je n’ai pas peur que mes parents fouillent ma messagerie » souligne Prisca Coulibaly une adolescente de 16 ans.

Sms : pourquoi les papys et les mamys ne l’aiment pas

Un petit sondage auprès des personnes du troisième âge montre très clairement que les sms n’ont pas vraiment la côte. On reproche aux sms « d’avoir appauvris le vocabulaire des jeunes ». « Je suis enseignant et je peux vous dire que cette manière quasi insolente de massacrer le français contribue à augmenter les fautes des enfants » soutien Georges Hyllarion professeur de français dans un lycée. « Je ne dis pas que le vocabulaire des sms est le seul mal mais pour moi il joue un rôle important dans la baisse du niveau des enfants » conclue t-il. « C’est vrai que le vocabulaire des enfants dans leurs sms peuvent donner la migraine pour nous qui ne sommes pas habitués mais je pense qu’ils peuvent avoir cette manière d’échanger et avoir un bon niveau en français. Une bonne lecture et un nombre important d’échanges autour de langue française peuvent relever leur niveau » affirme Dame Koné Djéné mère de famille.

Sms au cœur des rumeurs

En Côte d’Ivoire les sms sont le souffre-douleur de l’ATCI (Agence des Télécommunication de Côte d’Ivoire). En effet ceux-ci ont été à chaque fois l’arme fatale d’un nombre incalculable de personnes aux intentions inavouées qui les ont utilisées pour véhiculer des rumeurs souvent assassines. A titre d’exemple la prétendue mort du Président Chirac en pleine crise Franco-Ivoirienne. Des millions de sms ont circulé avec le même contenu : Chirac l’ennemi de la Côte d’Ivoire est mort. Cette situation avait jeté dans la rue des milliers d’Ivoiriens qui sortaient ‘’fêter’’ cette victoire alors que le peuple pleurait encore la cuisante défaite de l’après midi face à l’équipe de foot du Cameroun. Plus proche, nous citerons les sms de mort lors de la campagne de la présidentielle qui invitaient souvent des groupes ethniques ou sociaux à se lever les uns contre les autres. La situation a empirée lors de l’attente des résultats et des récentes échauffourées entre militants du RHDP et du LMP. Le Premier Ministre Soro Guillaume a voulu suspendre le service des sms durant la présidentielle. Cette situation aurait pu être fort dommageable pour les professionnels des médias et autres observateurs qui devaient rendre compte de la réalité de l’élection présidentielle au monde.

Suy Kahofi

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