Les bureaux de change relèguent les banques au second plan à Dakar

La rue Raffenel de Dakar plateau connait une floraison des bureaux de changes. Dans ce milieu, les cambistes se font la concurrence et il s’est développé un véritable marché noir des devises. Dès que vous arrivez sur cette rue, vous êtes interpellé par les intermédiaires qui occupent tous les trottoirs.

Ici, le temps n’est accordé qu’aux clients. Nous avons été refoulés dans plusieurs bureaux où nous avons essayé d’avoir des informations. Finalement, nous avons pu être guidés chez « Père Mbodj », un vieux cambiste qui a accepté de nous parler. Selon Père Mbodj, les clients préfèrent les bureaux de changes aux banques. Il nous explique les raisons : « D’abord nous proposons plus d’argent pour l’achat des devises que les banques mais aussi nous acceptons toutes les monnaies africaines, ce que les banques ne font pas». Ceci est d’autant plus vrai qu’à peine entrés dans une banque, nous avons assisté à une scène. Devant le guichet, se trouvent deux blancs qui parlaient en anglais au guichetier. Après avoir échangé plusieurs billets de dollars, l’un des blancs a voulu faire la même chose de ses billets de franc centrafricain. Le guichetier lui répondit « no bank can change this » (aucune banque ne prend ces billets).

Interrogé sur la quantité d’argent qui circule sur le marché noir, le vieux Mbodj estime qu’elle est incommensurable « on se vend les devises entre nous et même les banques viennent en acheter ici». Il souligne également que les clients ont plus d’avantages dans les bureaux que dans les banques parce que « Dans les banques, on ne peut pas acheter plus de 2000 euro ou dollars tandis que chez nous il n’y a pas de barrière. Et aussi, par exemple, si la banque vend le dollar aujourd’hui à 510 FCFA, nous, nous pouvons le vendre un peu moins que ça en rapport à la discussion avec le client ».

Pour connaitre les taux de change dans les banques nous avons fait un tour à la SGBS d’où on nous a conduits dans une autre banque. Après une longue attente, nous avons rencontré le chargé de ce service qui a refusé de nous livrer des informations en disant, sur un ton méchant, « Ici on ne donne pas les informations comme ça, allez dans les autres banques » et il s’adresse à son vigil d’un ton autoritaire « Il ne faut pas faciliter l’accès à mon bureaux à ces gens-là ».

Sur cette activité des cambistes, Ibrahima Dial, étudiant en master finance à la Faculté des Sciences Economiques et Gestion (FASEG) de l’UCAD, nous affirme : « Le travail des cambistes est légal. Les cambistes sont chargés de faire l’arbitrage sur le marché. Ils font les opérations à la place des clients qui peuvent être des particuliers, des banques, entreprises etc.» Il ajoute que ce secteur influe sur le marché financier mais il reste toutefois supervisé par l’Autorité de Régulation du Marché.

Amara Soumah et Mamadou Barry

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amsix

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