La Tamkharit, une façon bien sénégalaise de fêter l’Achoura

Il est connu que les Sénégalais sont majoritairement des musulmans (plus de 90% de la population). Aussi, comme tous leurs frères du monde, ils célèbrent les différentes fêtes religieuses telles la  Tabaski (Aïd al Kabir), la Korité (Aïd al Fitr) et l’Achoura. Mais cette dernière qui est le thème de cet article est célébrée différemment chez nous.

Pour commencer l’Achoura est un jour où le jeun est préconisé. Bien que ce jeun soit facultatif, bon nombre de musulman sacrifie à cette tradition car elle comporte beaucoup de bienfaits pour le croyant (pour plus d’information cliquez ici . Au Sénégal, cette tradition est aussi observée mais ce qui fait le plus de la Tamkharit, particulièrement chez les adolescents et les enfants c’est le « Tajaboon » (épeler tadiabone).

exemples des tambours fabriqués par les enfants

Le Tajaboon est une sorte de carnaval où les enfants se déguisent selon le personnage de leur choix (en vieillard, marabout, ou le plus fréquent, en personnage du sexe opposé). Munis de bol, de seaux  en plastique ou encore de petits tambours bref tout ce qui peut faire du bruit, ils font le tour des concessions pour réclamer leur dû (du riz, du mil ou pour les plus nantis de l’argent. C’est en chants et danses qu’ils entrent dans les maisons et après avoir gratifié les habitants de leur spectacle et formulé des prières à l’encontre de la maîtresse de maison pour sa gentillesse, ils continuent leur chemin vers une autre maison(Des enfants pendant le Tajaboon).De nos jours la frénésie que suscitait la Tamkharit a fortement diminué. Comme on dit les temps changent et les mentalités avec. Même si elle est toujours fêtée, la ferveur qu’il y avait à notre époque était totalement différente de maintenant. Pendant notre enfance, déjà à deux semaines de la Tamkharit, faire la sieste de l’après midi était quasiment mission impossible car dans chaque quartier, les enfants se préparaient et exerçaient déjà leur talent de percussionniste. Les plus astucieux d’entre nous créaient de petits tambours à l’aide de la peau du mouton de Tabaski qu’ils ont préparée en conséquence et une grosse boite de conserve qui va servir de support. Nous autres qui n’étions pas très débrouillards, nous nous limitions à étendre sur la boîte un sachet en plastique qui allait vite se trouer au bout de quelques essais. La vie du quartier était animée par le rythme pas très harmonieux des apprentis percussionnistes.

L’autre aspect marquant de la Tamkharit (et je me demande s’il existe dans la sous région), c’est le repas du soir. Je peux presque affirmer que toutes les maisons, sans aucune exception, préparent du tiéré en cette journée. Le tiéré est du couscous à base de mil. Préparé avec différentes sauces (sauce tomate ou à base de patte d’arachide), le tiéré est un plat très apprécié des Sénégalais. Fêter la Tamkharit sans le tiéré au menu pour le diner c’est comme regarder un match de foot sans ballon. Voilà pourquoi les maîtresses de maison mettent tout leur savoir-faire culinaire pour satisfaire toute la famille. Et en cette journée spéciale, elles cuisinent toujours de telle sorte qu’il en reste car il y a une légende locale qui dit que le jour de la Tamkharit, tout le monde doit manger à satiété sinon les contrevenants recevront pendant la nuit la visite d’un ange (Abdou Diambar (Abdou le guérrier) si je ne me trompe) qui tourmentera leur sommeil.

Ps : je vous souhaite à tous et à toutes un joyeux Achoura ; et comme on dit chez nous dewenati (à l’année prochaine).

Partagez

Auteur·e

ameth

Commentaires