Sénégal: Entre hors tension et surtension

Faut-il le dire ou le taire? Il vaut mieux l’écrire : la Senelec nous emmerde. Le mot est, peut-être, un peu fort, c’est vrai. Mais c’est exactement ce que pensent les habitants de la banlieue dakaroise en général et ceux de Keur Massar en particulier. On a presque envie de dire que la Senelec est l’entreprise la plus nulle du Sénégal. Pourquoi? Vous le savez sans doute.

Depuis plus de 10 ans, les coupures d’électricité hantent le quotidien des sénégalais. Non seulement la Senelec (la Société nationale d’électricité) est incapable de nous fournir en continu le courant alternatif, mais elle continue de nous électrocuter avec des factures salées.

Coupure toutes les 3 heures en banlieue.

Reprenons le cas de Keur Massar (Commune d’arrondissement située à 22km de Dakar) et prenons des dates et des exemples concrets.

Ces deux dernières semaines (06 au 17 décembre) ont été particulièrement électriques (au propre comme au figuré) pour la population. On a assisté à des coupures de courant chaque jour, tous les jours, jour après jour. Des coupures qui qui peuvent durer jusqu’à plus de 9 tours d’horloge. Quelque fois, c’est un phénomène écœurant qui se produit :

Le 09 décembre, par exemple, entre 8h et 23h GMT, c’est-à-dire 14 heures de temps, le courant a pu disparaitre et réapparaitre exactement 5 fois (sans exagérer), soit une coupure toutes les 3 heures. Des délestages qui ont duré entre 45 à 60 minutes. Ce qui poussa un gérant de cyber à lâcher sa petite bombe : « Wa Senelec ay kouti lègn rek ». (Ndle : « Les responsables de la Senelec ne sont que des chiots»). Ce cri du cœur se comprend aisément.

Les coupures bloquent le travail et entrainent un manque à gagner énorme. Les menuisiers métalliques font la sieste toute la journée dans leurs ateliers pour rentrer bredouille le soir. Les tailleurs se tournent les pouces constamment devant leurs machines à coudre. Les (mondo)blogueurs poireautent, des heures durant, dans les cybercafés, avec des va-et-vient incessants, avant de pouvoir saisir et publier leurs articles. Certains cybercafés qui sont équipés de groupes électrogènes sont obligés d’augmenter les tarifs de la connexion. D’autres préfèrent tout simplement fermer au risque de voir leurs ordinateurs complètement détruits. (la plupart ne sont pa séquipés d’onduleurs)

Surtension

Le phénomène de surtension consécutif à cette cascade de coupure a fini de bousiller nombre de matériels électroménagers. De quoi s’agit-il d’ailleurs?

On parle de surtension ou survoltage quand un appareil reçoit une tension supérieure à la normale. En effet, pour bien fonctionner, un appareil électrique doit être alimenter sous une certaine tension. Pour certains, elle tourne autour de 220 volts. Malheureusement, quand le courant revient après une coupure, la tension aux bornes des prises de courant dans les maisons peut grimper, par endroit, jusqu’à plus de 300 volts avant de se stabiliser à 220 volts comme en temps normal. Ce qui détruit complètement tous les appareils branchés au secteur. Après la fête de Tabaski, par exemple, beaucoup de ménages n’ont pas pu conserver leur viande qui a fini par pourrir faute de réfrigérateurs fonctionnels. Tout cela à causede la Senelec et ses dirigeants.

Bon sang! C’est quoi le véritable problème cette malheureuse entreprise? Des ennuis financiers?  Des soucis de combustible? Ou alors le problème est lié à des autorités tordues, aux discours tordants qui pillent et gaspillent l’argent que l’Etat y injecte?

En vérité, le vrai problème de la Senelec reste encore « une énigme enveloppée dans un mystère le tout enfoui dans un secret » comme disait l’autre. Chaque année, on nous sort un nouvel alibi. Quand est-ce qu’ils vont cesser de nous prendre pour des canards?

Arouna BA

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arouna

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