Tandem de files indiennes pour se restaurer à l’université

Détrompez-vous au sujet de ce tandem de files indiennes. Ce n’est ni un rang pour une distribution d’aide humanitaire, ni une queue pour demandeurs de visa. Mais il s’agit bien de la file d’étudiants devant un restaurant universitaire à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.Pour ma part, j’essaie de tenir, d’autant plus que c’est ce qu’il faut faire quand on n’a pas les moyens de se payer à manger chez un privé. Je prends cette photo au balcon de ma chambre de campus, au troisième étage. 200 à 300 mettre en moyenne, tel est le parcours du combattant de celui qui veut manger dans les restaurants universitaires, qu’il  s’agisse du petit-déjeuner, du déjeuner ou du dîner.

Les raisons sont simples

Les restaurants universitaires sont subventionnés par l’Etat du Sénégal : le petit-déjeuner  et les repas (midi et soir) reviennent respectivement à 75 et 150 F, Alors qu’ils coûteraient normalement 300 et    650 FCFA. C’est la solution pour s’en sortir des dépenses multiples liées à la bourse.

Egalement, la demande au niveau des restos (comme on les appelle affectueusement) submerge l’offre. Car  tous les restos n’ont pas encore ouvert. Du coup, ceux qui sont disponibles sont débordés. Selon des étudiants bien au fait des réalités du campus, à cette période de l’année tous les restos étaient ouverts par le passé.

Quel temps pour étudier ? Quel temps pour manger ?

Vous verrez bien qu’il s’agit d’un choix !

Pour ce qui me concerne, je me lève  à 5H 30 pour régler le petit-déjeuner, pour le reste Dieu est garnd. Et s’il m’arrive de me réveiller à 6H 30, j’ai le choix entre les cours et le retard à l’école en décidant de passer au resto.

Je choisis, volontiers, de partir cirer les bancs de ma classe. Parfois, quand je n’ai pas d’argent pour me payer quelque chose à mettre sous la dent, pendant que le professeur donne son enseignement, j’ai la tête ailleurs. J’allais dire l’esprit entrain de chercher la solution du repas de midi. Mais, ce sont la même peine. Toujours des rangs kilométriques sur mon chemin. C’est comment ça très souvent.

Le seul avantage

Je ne désespère pas. Car le seul avantage dans cette peine pour aller manger, c’est que bon ça prépare à la patience. Donc, je me résigne et toutes les leçons que j’en tirerai me seront utiles à l’avenir. Et puis, c’est éphémère comme dit un proverbe Bamabara : ‘l’on ne se résigne pas pour toute la vie, on se résigne pour un bout de temps’’. Certainement, on me reconnaîtra par son sens élevé de la patience. Ah, j’allais oublier, une autre sagesse Bambara ne disait-il pas à ce propos : ‘’C’est une patience sans faille qui fera pousser, un jour, de poils su l’œuf’’

En fin, j’espère que, plus qu’une caractéristique, la patience sera mon identité ; si bien sur la faim ne me pousse pas à désobéir la queue. On ne sait jamais.

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Auteur·e

aloudiawara

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