Yamoussoukro : chefferie et administration divisées

La cité du patriarche n’échappe pas à la crise

Le grand-père de tous les Ivoiriens, le bélier Félix Houphouët Boigny doit être en ce moment à la recherche d’une position confortable dans sa tombe à force d’être indisposé par la crise post-électorale que traverse le pays. Sa terre natale Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’Ivoire est le théâtre d’un face à face inédit entre la chefferie Akouê* et le préfet du département. Le premier groupe affirme et soutient avec force qu’Alassane Ouattara est le vainqueur de l’élection présidentielle, quand le second affirme être « le préfet de Laurent Gbagbo vainqueur de l’élection selon la constitution ».

La dernière rencontre entre le Préfet Dakoury et la chefferie akouê s’est tenu dans une atmosphère assez tendue. Depuis les résultats du second tour de l’élection présidentielle la fracture administration-chefferie est palpable et selon Nanan Boigny troisième du nom la raison est toute simple. « Mr Dakoury dit être préfet de Laurent Gbagbo vainqueur de l’élection selon la constitution or nous l’avons toujours considéré comme un Préfet de la République de Côte d’Ivoire. Nous disons que nous n’avons pas voté pour Laurent Gbagbo et qu’à l’issue du second tour de l’élection présidentielle c’est Alassane Ouattara qui est Président de la République de Côte d’Ivoire. Nous ne reconnaissons plus son autorité ». Le sieur Dakoury ne s’est pas fait prié pour répondre à la chefferie. « Par essence la chefferie est le prolongement de l’administration et donc elle se doit de s’aligner sur la position de celle-ci. Toute autre considération en dehors de la constitution ne saurait avoir sa place ».

Au conteur des reproches qui sont faites à l’administrateur son laxisme dans les questions de sécurité et de protection des droits de la personne humaine. Il y a une semaine des hommes armés ont battu à sang le leader de la JRHDP (Jeunesse du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix). Ce dernier a été conduit aux urgences et le Préfet interpellé n’est pas intervenu. On reproche également au camp qu’il représente (LMP) d’avoir transformé le domicile du Président Houphouët en camp d’entrainement et de refuge de luxe pour miliciens. Un comportement qui jette une indignation indescriptible au sein de la population. Laurent Gbagbo et sa suite avait crié au scandale quand l’armée française avait pénétré dans cette même résidence pour détruire un hélicoptère à la hache. Aujourd’hui c’est lui qui l’utilise à d’autres fins ! « Quand vous n’avez aucun respect pour votre père de son vivant, il faut éviter d’utiliser sa tombe comme dépotoir » a tenu à souligner un notable pour décrire cette situation.

Suy Kahofi

Akouê : groupe ethnique Baoulé de Yamoussoukro

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kingsuy

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