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Un homme qui crie n’est pas absolument un ours qui danse!

Tous les amoureux de Césaire connaissent ces vers: « Un homme qui crie est un ours qui danse! »
Je l’ai peut-être mal formulée l’expression, mais elle veut dire ce qu’elle veut dire!
Il y a quatre jours, on intronisait un dictateur au Tchad: Idriss Déby Itno l’occurrence!
Il aurait été élu par son peuple après 25 ans de mauvais et loyaux services!
Cette investiture a eu lieu en présence du ministre français de la défense, d’un représentant américain, de 15 autres  »présidents africains »
Pendant ce temps, le peuple tchadien criait non pas comme un ours qui danse mais comme un loup qui a faim
Les visages étaient inexpressifs tandis que les hôtes du dictateur festoyaient au nouveau Radison Blue de N’Djamena
Moi, je me demandais ce que M. Jean-Yves Le Drian venait faire dans cette galère!
Déby est devenu depuis son intervention au Mali, le flic -je devrais dire le mercenaire- des Occidentaux
Mais doit-on sacrifier les intérêts d’un peuple au profit d’une personne fut-elle président?
Dans cette affaire, il y a de quoi détester non pas la France mais bien les hommes politiques français!
Je n’ai pas de haine contre la France, mais j’ai de la haine contre les hommes politiques français qui soutiennent des dictateurs au nom de la lutte contre le terrorisme!
Je ne suis pas Trump pour appeler à la tuerie!
J’appelle juste à la réflexion!


Le droit à la culture est un droit de l’homme

Le droit à la culture est aussi un droit de… l’homme
Bien souvent, devant une telle affirmation aussi péremptoire, la seule attitude qui vaille c’est la perplexité ! Ou pis encore, l’incompréhension ! Il est des affirmations qui laissent rarement de place au débat… Mais les idées triomphent toujours de l’obscurantisme !
Dans un précédent billet, je m’interrogeais sur l’utilité même de la culture en me posant une question tout aussi anodine que taquine : à quoi sert la culture ? A une telle question, la réponse est d’avance connue et le débat, pour certaines personnes aux tendances fâcheuses, est clos. Quoique…
Il n’y a pas longtemps, dans un maquis de N’Djamena, je prenais un pot avec des amis. La bière coulait à flot, l’ambiance était festive et le débat, très animé. A côté de nous, il y avait un groupe de personnes un peu pluss âgées que nous et visiblement très éméchées ! Ils discutaient entre eux de la culture et du dernier festival de slam que venait d’organiser Croquemort, un slammeur tchadien. L’alcool les aidant, ils discutaillaient de long en large, égratignant au passage la langue de Senghor et Césaire (pourquoi dit-on toujours la langue de Molière ?). Pour certains, la culture est la « chose des Blancs ! ». Pour d’autres, ce n’est rien de moins qu’une perte de temps ! Sacrilège !
Oh, sacrilège ! Comment peut-on affirmer, urbi et orbi, une telle ineptie en ma présence ? Je voulus intervenir mais me retins pour ne pas paraître ridicule ! Je dus retenir mes larmes, souffrir le martyre jusqu’à la fin de la soirée ! Dans ma tête, les idées tourbillonnaient, les mots s’entrechoquaient, mais je refusais de céder à la tentation d’étaler ma petite connaissance livresque. Le comble dans tout ça, c’est que ces personnes étaient des journalistes ! Vous vous imaginez ? Des journalistes qui dissertent de la sorte sur la culture alors même qu’ils sont censés être au diapason de celle-ci ! Plutôt des gratte-papiers de misère, oui !
Au moment de quitter le lieu, une phrase saugrenue me vint à l’esprit et je la répétai toute la nuit : le droit à la culture est aussi un droit de… l’homme ! Oui, sans doute !
C’est fou, ce que les généraux analphabètes au pouvoir ont fait de nous ! Ils ont certes remporté la bataille des idées, mais ils ne gagneront jamais la guerre des idées !
Je n’ai rien contre les journalistes, je n’ai rien contre les défenseurs des droits de l’Homme ! Mais, disons-le tout haut pour mieux l’affirmer, les journalistes ici chez nous sont tendancieux et tellement limités ! Ils devraient avoir droit eux aussi à la culture, puisque c’est un droit de… l’homme, le droit à la culture !
Je suis sidéré d’entendre des personnes, à priori instruites, railler ainsi la culture ! Sans la culture, il n’y a plus de vie en société ! Sans la culture, les mémoires s’étiolent, se pèlent et se rétrécissent en peau de chagrin ! Sans la culture, les idées prennent les sentiers battus de l’obscurantisme ! Regardez DAECH, regardez Boko Haram, regardez PEGIDA ! Ce sont les scories de l’absence de culture, de la culture ! Mais attention, ce n’est pas parce que les adeptes de ces groupuscules sont des fanatiques qu’ils n’ont pas droit à la culture ! Non, le droit à la culture est aussi un droit de… l’homme ! Défendons-le pour tout le monde ! Revendiquons-le pour tout le monde ! Tel doit être notre credo !
Thomas SANKARA disait : « la patrie ou la mort, nous vaincrons ! ». Moi, je dis : « La culture ou la mort, nous vaincrons ! », tel doit être notre cri de guerre !


À quoi sert la culture?

À première vue, cette question peut sembler banale et la réponse devrait aller de soi. Mais à y regarder de près, on y trouverait presque des poils comme dans un bol de lait… caillé ou pas caillé !

La culture est l’élixir des maux, souvent des mots aussi

Cette question est bien vaste. Sa réponse, logiquement, devrait mobiliser la philosophie, l’histoire, la psychologie, la sociologie, l’anthropologie, les sciences politiques, la littérature et bien d’autres sciences encore, plus ou moins connexes. Mais, je n’irai pas jusque là. Question de vous épargner des digressions inutiles et souvent pesantes.

Pour beaucoup de personnes en Occident, et dans certains pays où le secteur de l’art est structuré, une question pareille ne se pose même plus ! Tout est clair comme l’eau de roche. La culture – l’art en général – se consomme au même titre que les autres services de la vie courante. La culture est un besoin devenu si vital, et si naturel, devrais-je ajouter, qu’il ne se passe pas un seul jour sans que les médias traditionnels (presse écrite, radio et TV) et ceux plus modernes (réseaux sociaux, sites internet, blogs, web TV) n’en traitent l’actualité. La moindre représentation théâtrale est disséquée, commentée. Le plus banal des vernissages est mis en avant, commenté. Le film le plus con de l’année est projeté dans des salles sombres et commenté. L’exposition de selfies dans une galerie d’art contemporain est admirée et commentée. Tous les moyens sont mobilisés pour que le moindre événement culturel soit diffusé et exposé aux yeux de tous. Pour un tel monde, la culture est l’élixir des maux, souvent des mots ! On s’accroche à la vie quand on crée une œuvre d’art !

Les nouveaux « analphabètes » de la culture nous envahissent

Par contre, dans un monde comme le nôtre, la question précédente revêt tout son sens et nous revient comme un souvenir ineffaçable, indélébile ! Ils sont nombreux chez nous à douter encore de l’art, à se demander à quoi sert une œuvre d’art, à quoi sert la poésie, la peinture ou la photographie ! Ils sont nombreux à se demander pourquoi il y a encore des ministères de la culture dans nos pays. Instruits ou pas. Grands diplômés ou simplement « BeTeiSés » (qui ont un BTS, et dieu seul sait combien ils sont nombreux à en avoir, souvent dans des conditions douteuses ! Tenez-le pour dit, je ne juge personne !). Ils n’ont pas tort et ne leur en veuillez pas ! Moi, je ne leur en veux pas ! Ce sont juste les nouveaux « analphabètes » du 21ème siècle, après ceux qui ne savent pas – encore ! – utiliser l’outil informatique ! Tenez, pour ceux qui en douteraient encore, le Petit Larousse Illustré donne huit, je dis bien huit, définitions de la culture ! Et, dans cette panoplie de définitions, seule la 5ème définition nous interpelle. Elle définit la culture comme l’ « ensemble des usages, des coutumes, des manifestations artistiques, religieuses, intellectuelles qui définissent et distinguent un groupe, une société ». Qui peut comprendre une telle définition parmi nos dirigeants ? Seul Senghor en était capable. Mais il a déjà fait son temps. Saluons sa mémoire !

Priorités présidentielles ou  priorisation de la culture ?

A quoi sert la culture, à quoi sert l’art M. le Président ? Il ne peut pas y répondre parce que la culture est la dernière de ses priorités. Ses priorités, tout le monde le sait, c’est Boko Haram, c’est AQMI, c’est le MUJAO, c’est DAESH, c’est Joseph Koni, ce sont les élections truquées après lesquelles on tue des soldats qui ont voté pour l’opposition ! Je ne dis pas que les priorités de M. le Président ne sont pas urgentes ! Elles le sont au même titre que la culture, le bien-être des populations, le développement, la santé, et que sais-je encore ? Seulement, priorités présidentielles ou priorités culturelles ? Il faut choisir!

Finalement, la culture, elle ne sert à rien mais elle sert quand même à quelque chose ! Il suffit juste de lui donner la place qui est la sienne pour la voir œuvrer, prospérer et transformer la face hideuse d’un monde immonde ! Pour ma part, je sais que la culture sert à quelque chose. Je ne sais pas exactement à quoi, mais j’en suis convaincu ! La preuve est que moi, je la sers !

Et, si je vous posais, à vous, la question : à quoi sert la culture au juste ?