Eli

Sacrée radio

J’ignore si c’est à dessein que l’UNESCO a choisi d’instituer la journée internationale de la radio à la veille de la Saint Valentin. Hasard de calendrier ou pas, l’occasion pour moi est belle de déclarer ma flamme à la radio à travers ce poème.




Le salaire de l’intolérance

Avec un brin d’espoir au cœur, Awa qui constatait un retard de ses règles, s’enferma dans les toilettes pour procéder au test de grossesse. Peine perdue. Elle trouva un résultat qui lui était si familier depuis 5 ans de mariage. Un résultat à lui faire perdre le moral pendant des jours et des nuits. L’unique barre qui s’affichait sur le test était synonyme de résultat négatif. Toujours pas le moindre signe d’une grossesse.


#Mondochallenge : l’alcool, ce faiseur de fiançailles

Crédit photo : pixabay.com

 

Un togolais normal ne résiste pas beaucoup aux breuvages mousseux et autres boissons fortes. Comment peut-il en être autrement dans un pays où les bars qui abondent à tous les coins de rue comptent plus de fidèles que les églises ?

C’est ce que je n’ai de cesse de rappeler à Thomas, ce vieil ami, quand nous nous retrouvons le weekend pour prendre un verre. Une petite bière bien fraîche pour monsieur ? Jamais de la vie. Un coca ou un cocktail de fruits sans une once d’alcool, ça suffira pour Thomas. Étant d’une « race particulière » de togolais qui ont l’alcool en horreur, il m’avait même mis au défi de le convaincre de débourser le moindre centime pour de l’alcool.

Je n’ai pas eu besoin de me tuer à la tâche pour ce défi. C’est Cupidon qui a eu raison de Thomas quand sa flèche l’a touché en plein cœur et l’a poussé à demander la main d’Anita, une belle jeune dame en qui il disait avoir trouvé l’âme sœur. Une demoiselle qui partageait pourtant l’aversion de son prétendant pour l’alcool.

La démarche fut naturellement un parcours de combattant pour Thomas qui était loin de s’imaginer ce qui l’attendait. Demander la main d’une filleen Afrique n’est pas aussi simple que dans les films de Hollywood où il suffit de tendre à sa bien-aimée une bague de fiançailles en fléchissant le genou. Le consentement de l’heureuse élue n’est qu’une étape. Encore faut-il demander sa main à ses parents à travers l’incontournable rituel de la dot.

Une addition aussi piquante que le gout de l’alcool

Pour ce faire, Thomas accompagné d’un oncle poussa la porte de la maison des parents d’Anita pour leur faire part de ses intentions. Ayant écouté attentivement Thomas, et recueilli l’avis favorable d’Anita, les parents quittèrent un moment leurs hôtes puis le futur beau-père revint seul. Il reprit place et remit à l’oncle de Thomas un papier comportant la liste des choses à offrir pour la dot, selon les usages de la famille. Sur la feuille qu’il me présenta des jours plus tard, je lisais ceci :

  • 20 tissus wax de 4 mètres chacun ;
  • 3 grosses marmites ;
  • 3 casseroles ;
  • une bague ;
  • un carton d’eau minérale.

Mais ce qui retenait surtout mon attention et qui obligeait Thomas à solliciter mon aide était ceci :

  • 4 casiers de bière ;
  • 4 bouteilles de vin ;
  • 12 bouteilles de liqueur.

Et enfin une bible pour bénir le tout.

A la lecture de ces éléments, je lui ai lancé, avec un sourire en coin :

– Alors mon gars. Ce fameux défi que tu m’as lancé, ça tient toujours ? Voilà qu’il te faut dépenser bien plus de sous qu’en une soirée pour de l’alcool. L’amour, quand tu nous tiens !

– Hey ! Ce n’est pas le moment de faire ton rabat-joie. Tu ferais mieux de m’aider à trouver toutes ces boissons, m’a-t-il répondu sèchement, d’un air abattu.

Pour Thomas l’addition était salée, aussi piquante que l’alcool mais c’était le prix à payer. Il n’oserait même pas s’en tenir à la valeur officielle de la dot qui « ne peut excéder 10 000 francs CFA », selon la loi au Togo. De toute façon tout le monde s’en fiche et personne n’a jamais tenu compte de cette loi. Ensemble nous faisons donc le tour des boutiques pour trouver de quoi satisfaire la future belle-famille.

Après deux jours de course, tout y était : de la bonne bière, du vin rouge, du vin blanc, du vin mousseux, du rhum, du whisky, et même de la vodka.

Tout fut fin prêt et une fois informée, la future belle-famille arrêta une date pour la cérémonie de remise de dot.

Le jour du calvaire

Au domicile des parents d’Anita, la cérémonie fut surement un moment de grande surprise pour Thomas.  Au bout de plusieurs heures d’attente, la famille de Thomas qui accusait du retard fit son entrée et s’installa sous le regard nerveux d’oncles et tantes d’Anita qui s’impatientaient. Une tante de la future fiancée se présentant comme porte-parole de la famille s’empressa d’exiger la somme de 50 000 francs CFA pour le retard. Injonction vite exécutée par un oncle, porte-parole du fiancé.

S’en suivirent entre les deux familles des tractations d’une allure théâtrale. Puis la tante d’Anita ordonna de faire entrer les futurs fiancés. Arriva d’abord Anita, accompagnée d’un cortège de jeunes filles qui chantaient et dansaient. Elle prit place devant ses parents, puis fut rejointe par Thomas.

Le moment décisif approchait. Sous les vivats et cris de joie de l’assistance, un groupe de 3 jeunes filles portant sur la tête les éléments de la dot vint les déposer sur une table dressée devant les jeunes amoureux. Avec l’aide de celles-ci, la tante d’Anita les emporta dans une pièce où entrèrent d’autres membres de la famille pour examiner le contenu de la dot.

La tante en sortit au bout d’un quart d’heure pour livrer son verdict.

Le regard austère, elle prit la parole :

Monsieur Thomas, nous apprécions l’effort consenti pour la dot demandée. Mais je constate malheureusement qu’elle est incomplète. Vous avez fourni beaucoup de liqueurs, mais vous avez oublié l’essentiel. Où est le sodabi* ? Si vous connaissiez vraiment Anita et le village dont elle est originaire, vous n’auriez pas fourni une dot sans sodabi.

Puis elle exigea encore 50 000 francs pour compenser le manque de sodabi. L’oncle de Thomas tenta désespérément de négocier sa clémence mais la tante toute puissante restait ferme. Tournant mon regard vers Thomas, je pouvais lire sur son visage la surprise et la consternation. Pauvre de lui ! C’en était trop pour le jeune homme dont le budget était encore sollicité pour ce qu’il détestait le plus au monde. Il n’eut pas d’autre choix que de faire diligence.

Sorti de ce calvaire, Thomas retint à son corps défendant, une leçon : en Afrique,  la voie du mariage passe aussi par l’alcool. Bien souvent on n’y échappe pas quand on pense à se marier.

Si vous êtes comme Thomas, il ne vous reste qu’à espérer de tomber sur une belle-famille qui, pour des raisons religieuses ou autres, n’exige pas de boisson forte pour la dot. Et là encore, ce cas reste marginal.

Allez, santé !

*sodabi : liqueur obtenue par la distillation du vin de palme, très répandue en Afrique de l’Ouest.



Les grands gagnants de la coupe du monde 2018 à Lomé

Cela ne vous aura pas échappé, à l’heure où vous lisez ce billet, le mondial russe de football se poursuit sans les équipes africaines. Pendant que les supporteurs déçus grincent des dents, d’autres comptent paisiblement les billets d’argent glanés pendant ce mondial : il s’agit des vendeurs de maillots et propriétaires de bars. Pour moi, à Lomé, ce sont eux les vrais gagnants du mondial.

Ce billet a été publié initialement sur eli.mondoblog.org

Cet événement sportif largement suivi qu’est la coupe du monde de football ne suscite pas seulement des émotions dans les rangs des spectateurs. Elle génère aussi quelques profits. C’est donc une aubaine pour quiconque cherche à booster ses affaires. Les commerçants de Lomé l’ont vite compris, et ont tout mis en œuvre pour faire recette.

La projection de matchs dans les bars, un choix gagnant

Dans les bars, la projection des matchs est devenue une méthode imparable pour attirer la clientèle et stimuler la fréquentation. Difficile pour tout usager de la route d’ignorer le déroulement d’un match. Il suffit d’un petit tour dans les quartiers pour apercevoir des bars en plein air où de nombreux clients suivent attentivement un match, installés face à une bonne bière fraîche. À chaque occasion de but, les clameurs attirent l’attention des passants, et la plupart d’entre eux s’attroupent devant l’écran.

Des passants arrêtés devant un écran
Crédit: eli.mondoblog.org

Pour tout bon amateur de foot, il n’y a pas meilleur endroit qu’un bar branché. C’est par excellence le lieu où se retrouvent les passionnés qui aiment jouer aux entraîneurs le temps d’un match. C’est là que les supporteurs jouent leur match à eux, celui des commentaires et des critiques. L’envie m’a d’ailleurs déjà pris d’aller goûter à la folle ambiance d’un de ces bars en compagnie de quelques potes, avec un bon breuvage pour se rafraîchir la gorge. Dans ces occasions là, les plus heureux ne sont pas cette masse de clients venue vivre comme moi sa passion tout en sirotant de la bonne bière. Le plus heureux, c’est sans doute le propriétaire du lieu, qui voie ses poches se garnir toujours un peu plus.

Un soir de match au bar de Roméo 

A quelques heures du match Brésil-Belgique comptant pour les quarts de finale, Roméo, le gérant d’un bar au nord de Lomé, s’affaire au comptoir. D’un air concentré il s’active à préparer une soirée de foot qui s’annonce animée. Tous les détails sont passés en revue : liste de boissons disponibles, meubles, sonorisation et surtout le vidéo projecteur.

Roméo, gérant de bar
Crédit: eli.mondoblog.org

Nous avons l’habitude de projeter les matches lors des grandes compétitions, comme la Coupe d’Afrique des Nations ou la ligue européenne des champions. La diffusion des matchs du mondial allait donc de soi. Beaucoup de clients viennent suivre ces matchs le soir, au retour du boulot, et pendant le week-end. La Coupe du monde nous a d’ailleurs permis de constater une légère augmentation de nos bénéfices.

me confie-t-il lorsque je lui demande quelles sont les retombées des projections pour son bar.

L’affluence constatée ce soir-là donne raison à Roméo. Dès le coup d’envoi du match, des clients sont venus s’installer dans ce bar bien éclairé par la lumière des hauts lampadaires dressés à proximité.

Crédit: eli.mondoblog.org

Très vite, la place est investie par les amateurs du spectacle diffusé sur l’écran.

Pour Roméo, il y a surement de quoi se frotter les mains.

Les maillots du Nigéria vendus comme des petits pains

Et que dire des vendeurs de maillots ? Eux aussi ont su profiter de la passion autour de cet événement ! Bien avant le début de la compétition, certaines boutiques exposaient déjà quelques maillots, notamment ceux du Nigéria, du Sénégal ainsi que d’autres équipes dites favorites.

Au grand marché de Lomé, beaucoup de commerçants ont misé sur la vente du maillot du Nigéria, très apprécié pour son design particulier. Et ç’a carrément été la ruée vers ces maillots du Nigéria ! Face à cette forte demande, les vendeurs se sont frotté les mains. Certains en ont même abusé en faisant varier les prix à leur guise, de 5000 F à 7000 F. Les plus malins ont proposé des maillots personnalisés : l’acheteur se voyait proposer de faire imprimer au dos de son maillot un nom et un numéro de son choix, à raison de 250F la lettre et 300F le chiffre. Rien que ça !

Porté par la fièvre footballistique, je n’ai pas résisté longtemps à la tentation de m’offrir mon propre T-shirt. Je suis donc parti à la recherche du nouveau maillot clinquant du Nigéria, personnalisé. Puis je l’ai arboré fièrement, histoire de me sentir dans la peau d’un joueur. Petit plaisir pour un footeux !

Credit: eli.mondoblog.org

Il faut tout de même noter que les profits de cette vente n’ont duré que le temps des prestations du Nigéria dans cette compétition. Une fois le Nigéria éliminé, le maillot semble avoir pris un coup sur le marché. Pour m’enquérir de cette réalité, j’ai fait une petite virée dans la boutique d’Ahmed.

A l’entrée de sa boutique située dans le quartier de Klikamé, trône un mannequin en plastique avec le maillot du Nigéria.

Crédit: eli.mondoblog.org

Assis dans son établissement garni de vêtements sportifs, Ahmed était lui-même vêtu du maillot bleu de la France (photo ci-dessous).

La boutique d’Ahmed
Crédit: eli.mondoblog.org

Le jeune vendeur reconnait avoir fait quelques recettes.

Pendant cette coupe du monde j’ai vendu beaucoup de maillots du Nigéria. Ce sont essentiellement des étudiants qui sont venus en acheter.

affirme-t-il avant de relativiser :

A part les maillots du Nigéria, je n’ai pas vraiment pu vendre ceux des autres équipes. Avec l’élimination du Nigéria les ventes ont un peu chuté. Il est maintenant plus difficile d’écouler le stock qui reste.

Quant à moi, je garde malgré tout ce maillot comme un souvenir de cette coupe du monde.

Les réseaux sociaux, outil commercial

Il y a aussi ces vendeurs qui ont choisi de mettre à contribution les réseaux sociaux dans leur stratégie marketing. Des annonces sont publiées sur Facebook ou sur whatsapp pour une publicité directe et efficace de leurs maillots.

Capture d’une annonce publiée sur Facebook

Dans un pays où le paiement en ligne n’est pas suffisamment ancré dans les habitudes, les réseaux sociaux restent les principaux canaux numériques par lesquels les commerçants font la promotion de leurs produits.

Cela permet à ces vendeurs de maillots ont la possibilité de toucher plus rapidement leur cible, et leur offre un moyen de négocier les prix à distance.

En ce moment, le bonheur de tout propriétaire de bar ou vendeur de maillot serait donc de voir la compétition durer aussi longtemps que possible. Mais la différence est grande entre ces commerçants et nous autres amoureux du ballon rond qui nous contentons de savourer le spectacle. Car quel que soit le score du match, ils tirent toujours leur épingle du jeu avec quelques sous empochés.

Dans un match, il est d’usage de souhaiter que le meilleur gagne, mais le commerçant lui souhaite avant tout de gagner de l’argent. Et c’est de bonne guerre.


Les grands gagnants de la coupe du monde 2018 à Lomé

Cela ne vous aura pas échappé, à l’heure où vous lisez ce billet, le mondial russe de football se poursuit sans les équipes africaines. Si, depuis leur élimination au premier tour, certains montrent moins d’intérêt à suivre la compétition, d’autres y trouvent leur compte. Car pendant que les supporteurs déçus grincent des dents, d’autres comptent paisiblement les billets d’argent glanés pendant ce mondial : il s’agit des vendeurs de maillots et propriétaires de bars.


Outrage à l’amour (II)

Pendant un bon moment Patrick resta immobile devant ce papier qu’il examinait avec des yeux incrédules. Par la suite, il comprit qu’il s’agissait de la copie d’une demande d’assignation adressée à un huissier pour le faire comparaître dans une affaire d’harcèlement sexuel.


Outrage à l’amour (I)

Ce matin-là, Patrick déploya par réflexe son bras vers le téléphone à son chevet pour arrêter ce réveil qui chaque jour l’arrachait au sommeil dès 5 heures. Ce fut pour lui un matin assez particulier. Sentant les fines mains de Yawa lui parcourir l’épaule, il se retourna dans son lit et découvrit sur le visage de la demoiselle un sourire ravageur auquel il rendit la pareille. Dans ce bonheur matinal qui le comblait, il avait de la peine à se lever. Avant de retrouver la routine de ses activités quotidiennes, il s’offrait encore le temps d’admirer les courbes envoûtantes  de la belle Yawa avec qui il venait de passer toute la nuit.


Le dialogue togolais pour les nuls

Le Togo, qui subit une vive crise politique depuis le 19 août 2017, voit  s’ouvrir un nouveau dialogue entre ses acteurs politiques. Il n’y a pas plus familier que le mot dialogue dans l’histoire de ce pays, en passe d’enregistrer près d’une vingtaine de pourparlers politiques depuis 1991. Quelqu’un connait-il un pays qui ait fait mieux sur le continent ?


Le dialogue togolais pour les nuls

Le Togo qui subit une vive crise politique depuis le 19 août 2017 voit  s’ouvrir aujourd’hui un nouveau dialogue entre ses acteurs politiques. Il n’y a pas plus familier que le mot dialogue dans l’histoire de ce pays en passe d’enregistrer près d’une vingtaine de pourparlers politiques depuis 1991. Quelqu’un connait-il un autre pays qui a fait mieux sur le continent ? Ceux qui peuvent se targuer d’égaler cette triste prouesse se comptent surement sur le bout des doigts. En tout cas ce palmarès, dont je vous fais cadeau de la longue liste, mériterait une place au livre Guinness des records.

Ces nombreux dialogues dont déborde l’histoire politique ont eu lieu à des époques un peu différentes, mais sont liés par les mêmes enjeux : des règles plus consensuelles du jeu démocratique et des conditions propices à une alternance démocratique et pacifique. Aujourd’hui c’est la question des réformes politiques (prévues à l’issue d’un ancien dialogue) qui est au cœur des tiraillements.

Au bout de 26 ans de conciliabules sans grand résultat, le dialogue semble être un hobby politique. On pourrait même trouver matière à écrire le livre « le dialogue togolais pour les nuls ». Voici un petit aperçu de ce qui fait la marque de fabrique d’un dialogue à la togolaise.

L’art de choisir son vocabulaire selon le coté où l’on se trouve

Selon qu’elle veut conquérir le pouvoir ou le conserver, chaque partie esquive soigneusement  les mots de son interlocuteur au cours des discussions. Il faut à tout prix éviter de donner raison à la partie adverse de peur de perdre ses intérêts ou de se retrouver dans une position inconfortable. Aux raisonnements issus d’un camp s’oppose toujours un argumentaire différent de l’autre camp. On se cache même au besoin derrière la nécessité du consensus, on use de subterfuges pour ne pas trop lâcher du lest.

Ainsi au sujet des réformes politiques et institutionnelles, quand les uns parleront de retour à la constitution de 1992 et de ses conséquences immédiates, les autres parleront plutôt de révision de la constitution, de référendum et de non rétroactivité de la loi.

Autant dire que dans un dialogue togolais, tout le monde a raison.

Faire semblant d’ignorer les solutions déjà trouvées

Ce qu’il y a d’extraordinaire chez ces acteurs politiques c’est qu’ils continuent d’enchaîner les dialogues malgré un nombre important d’accords déjà passés. Quelles que soient les décisions déjà prises, ils finissent par se retrouver à nouveau autour d’une table de discussions pour chercher des solutions qui ne diffèrent pas vraiment des toutes premières. Tout ceci revient à vouloir enfoncer une porte ouverte.

Un éternel recommencement qui est sans doute dû à la difficile application des conclusions issues de chaque dialogue. Les leaders politiques ne seraient pas là aujourd’hui à discutailler autour des réformes s’ils avaient su mettre en œuvre les conclusions de l’accord politique global et les recommandations de la Commission Vérité Justice et Réconciliation. Toutes ces mesures auraient suffi à tracer une voie pour une sortie de crise. Mais apparemment on préfère réinventer la roue.

Faire porter à l’autre le chapeau du fiasco

Chaque fois que les parties parviennent à un accord, les espoirs suscités sont aussitôt déçus. L’embellie née des accords fait place au fiasco puisque les changements escomptés peinent à s’opérer. La faute à qui ? Au pouvoir en place, ou plutôt à l’opposition. Là encore, tout dépend de quel côté vous vous trouvez. Bizarrement aucune des parties n’a jamais été de mauvaise foi et ne s’est jamais rien reproché quant à l’échec des dialogues. Le problème ne peut provenir que de l’autre camp, seul vrai coupable.

En tout cas on peut clairement constater que jusqu’ici les acteurs politiques ont conclu des accords pour ne faire que du surplace. On s’obstine à jouer la montre en traînant les pas quand il s’agit de passer des engagements aux actes concrets. Et le cycle infernal se poursuit.

On peut bien se demander à quoi ça sert de voler de dialogue en dialogue.

Qu’à cela ne tienne, il faudra tirer les leçons de toutes ces expériences pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs. Si jamais la lumière d’un accord jaillit de ce nouveau dialogue, il sera de bon ton que les parties définissent un chronogramme bien précis pour l’exécution des décisions prises. Ce qui nous épargnera tout le flou artistique dont les acteurs politiques ont seuls le secret. Il leur faudra une certaine dose de bonne foi et d’ouverture d’esprit pour mener un dialogue qui ne ressemble pas à un simulacre.

Pour nous autres qui sommes de l’autre côté des caméras et des salles de discussion, il ne reste plus qu’à croiser les doigts dans l’espoir que ce dialogue soit différent du type de dialogue qu’on nous a déjà servi. Il ne nous reste plus qu’à prier pour que ce dialogue ne compte pas pour du beurre comme les autres, et marque un pas décisif vers la sortie définitive d’une crise dont le citoyen lambda a assez souffert.


Ce qu’un père doit à son fils

Crédit: pixabay.com

Dernier samedi de l’année. Les aiguilles de ma montre au poignet m’indiquaient 11 heures 20 minutes quand je me retrouvais au cimetière municipal. Cette veille de fête était un jour de deuil pour tous les visages serrés qui entouraient le cercueil abritant la dépouille d’un homme. Le père de Yao, ce vieil ami qui portait la douleur d’une perte. Le genre de perte dont on ne peut se remettre. L’homme disparu avait tant marqué les esprits de tout le quartier qu’il m’était difficile d’oublier ses folies le temps d’un enterrement.

Se tenant au milieu de l’assistance, un prêtre aspergeait d’eau bénite le cercueil qui était à ses pieds, tout près d’une fosse creusée pour la circonstance. Statique face au rituel, j’étais pensif. Pas à cause de la mort qui nous attend tous, mais des séquelles que les écarts d’un père pourraient laisser dans la vie de son fils.

Du haut de ses 25 ans, Yao avait déjà perdu son père bien avant qu’il ne quitte ce monde. L’absence de la chaleur paternelle, ça le connaissait depuis que son père a déserté la maison pour ne plus revenir. Tout avait pourtant bien commencé dans la vie de sa famille. Tout allait pour le mieux entre ses deux parents. Ils semblaient s’aimer et couvraient d’affection leur unique fils. Puis, au fil du temps, tout est parti en vrille. Yao devenait spectateur d’incessantes prises de bec. Malgré lui, il était témoin de disputes si bruyantes qu’elles alimentaient des commérages dans le quartier. Dans ma tête subsiste le souvenir de ces nuits où m’arrachait à mon sommeil l’écho de querelles provenant de la maison de Yao, à proximité. Des querelles parfois si vives qu’elles ameutaient certains voisins. Comme des pompiers, ils venaient essayer d’éteindre le feu de la discorde conjugale.

Une situation qui attirait des regards indiscrets. Très vite le père de Yao s’est fait une réputation dans le quartier. Certaines langues lui attribuaient une passion pour les virées nocturnes, un appétit pour les belles rondeurs. D’autres le gratifiaient du titre de « colleur de petites ». Entre les parents, les liens se sont dégradés et ensuite se sont envolés comme de la paille.

Yao sentait son cœur mutilé, déchiré par le feuilleton explosif qu’il subissait. Il reprochait à ses parents d’avoir laissé s’installer en lui un malaise permanent, une certaine torture. Et dire qu’il n’était pas au bout de ses peines. Il a dû recevoir le coup de grâce quand un beau jour, sans divorcer, son père, qui avait dit oui à la monogamie devant le maire, partait vivre le restant de ses jours dans les bras d’une autre femme. Dès lors, les confidences de Yao me donnaient l’impression qu’il avait perdu le minimum de soin et d’attention qu’un homme pourrait attendre de son géniteur. Il paraissait dans une disgrâce qui ne disait pas son nom.

Désormais absent, le père se contentait de lui faire parvenir des subsides pour survivre. Yao avait toutes les difficultés du monde à lui confier ses besoins. Les rares fois où il y parvenait, il les regrettait car il essuyait un refus sec. Il me faisait part de l’indifférence qu’opposait son père aux préoccupations exprimées au sujet de son parcours à l’université. Ayant connu la difficile transition vers le système LMD au campus de Lomé, Yao ne se retrouvait plus dans ses études d’économie. Malgré ses efforts, il venait de boucler quatre années sans valider sa licence. Cela devait lui prendre 3 années. Un cas loin d’être isolé dans sa fac. Il a d’ailleurs songé à la quitter. Sur le sujet, son père prêtait à peine oreille attentive, estimant d’ailleurs qu’il n’était qu’un paresseux.

Il n’y avait plus que sa mère pour partager son vécu quotidien. Elle, qui était contrainte de supporter le gros des charges familiales avec les revenus de son salon de coiffure. C’est aussi par elle que Yao découvrait l’inimaginable : la maladie de son père, le VIH Sida. Par ironie du sort, celui qui avait délaissé un cercle familial créé autour de son fils, a retrouvé ce dernier à son chevet. Yao avait rejoint un homme alité au corps dépéri et endolori. Sous le coup de la dépression, il négligeait son traitement et ne voulait pas d’une vie tributaire d’anti-rétroviraux. Les efforts de Yao pour le motiver à prendre ses médicaments n’y ont rien changé. Impuissant, il l’assista dans une lente agonie jusqu’au jour où se produit l’inévitable. Jusqu’au jour du dernier souffle rendu.

J’ai fixé mes yeux sur le visage larmoyant de Yao, incliné vers cette tombe, abritant désormais la dépouille de son géniteur. J’ai pensé au poids des blessures suscitées par son propre père. Ce poids qu’il était condamné à porter seul. J’aurais souhaité lire dans ses pensées pour saisir l’image qu’il gardait de son père après tout ceci. Était-il pour lui un père irresponsable ? Ou un homme incompris ?  Y répondre ne changerait pas grand-chose car, de toute façon, la vie de Yao poursuit son cours.

A la lumière de son histoire, je comprenais qu’on ne pouvait pas tout se permettre quand on se considère comme parent. Quiconque devient père ou mère n’a pas toujours le droit de faire ce que bon lui semble. On devient responsable de vies dont on est co-auteur : celles de ses enfants. Un parent n’est pas censé négliger l’impact que ses choix pourraient avoir sur la vie de son enfant, car celui qui donne la vie peut aussi bien la briser par ses propres errements.

Hommage à tous les Yao qui se construisent sans avoir eu la chance de compter sur un père ou une mère.


George Weah et le piège de l’état de grâce

Il y a quelques semaines, la majorité des libériens marquaient l’histoire de façon inédite. Par leur vote ils attribuaient pour la première fois le costume de Chef d’Etat à un ancien footballeur et non des moindres. Au moment d’enfiler ce costume le 22 janvier à la cérémonie d’investiture, l’heureux élu devra éviter de succomber à l’effet flatteur de la gloire car il aura fort à faire.


Esclavage en Libye: la partie visible d’un iceberg

Credit: apr-news.fr

Depuis bien des années je subis le fait de m’informer sur les infortunes des migrants africains dans leur périple vers l’eldorado européen comme une triste routine. La désolation qu’inspire le phénomène est à son comble depuis que circulent des images de migrants en Libye vendus aux enchères comme esclaves.

Les révélations médiatiques sur la traite des migrants en Libye embrasent la toile sous une vague d’indignation. Beaucoup sont ahuris de constater que des êtres humains soient encore aujourd’hui réduits à l’esclavage. Pourtant l’esclavage décrié en Libye n’est qu’une partie d’un mal bien plus important et qui n’a rien de nouveau dans l’époque que nous vivons.

Le marché aux esclaves dans la poudrière libyenne dévoilé par la chaîne américaine CNN a fait sortir de leurs gongs tant de personnalités et d’internautes. Cascade de condamnations par certains dirigeants africains, coups de gueule contre des gouvernants jugés amorphes, appels à la mobilisation lancés par des célébrités. Tout ce déchaînement légitime est de nature à faire croire que c’est la Libye qui remet à la mode la traite d’êtres humains. Faux.

Toute l’attention se porte sur l’esclavage pratiqué en Libye parce que les médias l’ont mis en lumière. Ils ont rendu visible en Libye une pratique qui existe dans d’autres pays et dont les victimes souffrent dans l’anonymat loin des caméras du monde.

La situation en Libye est comme la face visible d’un iceberg que constituent le travail forcé, l’exploitation sexuelle, la traite humaine, bref toutes les formes d’esclavage moderne. L’Union Africaine elle-même qui dit s’insurger contre l’horrible sort des migrants en Libye semble ignorer l’étendue du mal. Elle a manqué l’occasion de s’attaquer au phénomène dans son ensemble.

Des conditions régulières d’immigration ne garantissent pas toujours au migrant à la recherche du mieux-être une condition plus sereine. Elles ne le mettent pas à l’abri de la menace de l’esclavage.

Soucieuses d’améliorer leur condition de vie plusieurs femmes d’Afrique subsaharienne s’étant envolé vers le Liban pour y travailler comme domestiques ont connu la désillusion. Elles se sont retrouvé dans des conditions de travail inhumaines, subissant des maltraitances qui leur ôtent toute dignité et brisent leur rêve d’une vie meilleure. Parmi elles des togolaises revenues au bercail ont brisé le silence sur leur histoire troublante. Malheureusement les témoignages rapportés par la presse locale n’ont pas suffi à faire réagir les autorités compétentes pour des dispositions nécessaires à la protection des ressortissantes subissant le même sort.

Ces souffrances sont aussi celles d’une centaine de femmes mauritaniennes emmenées en 2015 en Arabie saoudite pour des travaux domestiques et qui ont été l’objet de sévices.

J’ai été d’ailleurs surpris de découvrir à la lumière de certaines statistiques que l’Afrique est le continent qui connait le taux le plus élevé d’esclavage moderne au monde, soit un taux de 7%. Inutile de se voiler la face. Ce continent est loin d’en avoir fini avec cette pratique abolie depuis des siècles. Malgré les informations disponibles le sujet n’a jamais été à l’ordre du jour des réunions au sein des instances régionales ou pris en compte dans les actions des instances régionales.

Nous en sommes d’ailleurs à une époque où le travail forcé n’épargne pas les enfants. Dans certaines campagnes au Togo opèrent des réseaux de traite des enfants. En échange de quelques billets de banque certains parents résignés par la pauvreté laissent leurs enfants aux mains de trafiquants qui les conduisent vers les pays voisins où ils sont exploités. Que dire de ces gamins en RDC affairés dans des mines sous un soleil de plomb à extraire du cobalt pour nos smartphones ? Qu’en est-il de tous ces enfants travaillant contre leur gré en Afrique qui se comptent par milliers selon l’Unicef ?

Au-delà du caractère criminel du traitement infligé aux migrants en Libye, il faut croire que c’est avant tout la pauvreté qui rend vulnérables toutes les personnes qui comme les migrants sont victimes d’esclavage moderne en Afrique ou ailleurs. Des actions concrètes contre la traite des personnes s’imposent mais il est encore plus important de s’attaquer aux maux qui la favorisent : la pauvreté et le chômage. Il n’y a rien de plus humiliant pour un être humain que d’avoir du mal à se tailler une place dans sa société et de perdre sa dignité sous d’autres cieux.

Ceux qui quittent leur pays dans l’espoir de construire une vie meilleure pensent le faire par nécessité face à une précarité qui étouffe et enlève tout espoir. Ils ont certes leur rôle à jouer pour trouver le moyen de s’épanouir mais ceux qui les gouvernent sont aussi responsables de leur bien-être social. Chacun a le droit d’avoir une envie d’ailleurs et de chercher son gagne-pain à l’étranger mais on n’est souvent mieux que chez soi. Le meilleur moyen de protéger les personnes contre l’esclavage en Afrique est de combattre le chômage.

Un citoyen capable de subvenir à ses besoins ne saurait trouver un intérêt à traverser le désert au risque de tomber dans les mains de marchands d’esclaves. Plus les jeunes sortiront de la pauvreté, moins vulnérables seraient-ils à ces exploitations et moins de flux migratoires liés aux besoins économiques compterait-on.

 

 


Journée de la femme africaine: mon legs à la jeune fille togolaise

Ce billet est écrit dans le cadre de la campagne digitale de la Journée de la Femme Africaine célébrée tous les  31 juillet. Cette campagne digitale Initiée par Grâce Bailhache, a cette année pour thème « la transmission » qui est au cœur de cet article.  Je me propose alors de vous faire découvrir ici ce que je souhaite transmettre à la jeune fille togolaise. 

De mes parents j’ai toujours eu droit au même traitement que mes sœurs. Alors que nous étions petits, il n’était pas rare que nous partagions les mêmes taches à la maison. Quand il fallait donner un coup de main à papa en plein bricolage, ou faire la lessive sous la supervision de maman, j’avais intérêt à ne pas jouer au récalcitrant. La moindre bouderie m’exposait à une bonne fessée ou à l’interdiction de rejoindre les amis pour une partie de foot. Mon père avait l’habitude de marteler à ses enfants qu’ils étaient égaux, qu’il n’y avait pour un garçon aucune honte à faire la cuisine autant qu’une fille voire mieux qu’elle. Une éducation qui m’a aidé à comprendre plus tard que la place de l’homme dans une société est aussi celle de la femme.

Pourtant elle n’a pas suffi à me faire comprendre le vécu d’une femme dans une société comme la mienne.

Dans le cocon familial où j’ai grandi, dans la bulle urbaine de Lomé où les discours nous sont servis à volonté sur l’égalité des droits et l’émancipation de la femme, je me suis permis un regard biaisé sur le genre au Togo. L’éducation des milieux urbains à coup de campagnes de sensibilisation a occulté dans mon imaginaire les réalités des jeunes filles de certaines localités. J’étais incapable de saisir l’ampleur de ce que pouvait vivre une fille là où ses droits sont ignorés, là où les parents ne connaissent pas d’autres règles que des coutumes aussi nuisibles soient-elles.

J’ai fini par ouvrir les yeux sur ces dures réalités, à la faveur d’un travail humanitaire dans un village. J’ai fini par découvrir qu’il existe encore, malgré toute l’évolution juridique, des lieux où les jeunes filles n’ont absolument droit à rien. Elles ne peuvent aspirer comme les jeunes garçons à mener jusqu’au bout leurs études.

Pour une fille le cours primaire ou le collège, c’est largement suffisant

C’est ce que pensent certains parents qui promettent la main de leur enfant à un homme qui pourrait avoir l’âge de son père ou de son grand-père. Ces filles n’ont pas le temps de rêver du métier de leur choix parce que leurs parents frappés par la misère, préfèrent les livrer comme une main d’œuvre à des inconnus qui se feront le plaisir de les exploiter et d’abuser d’elles pour de vils intérêts. Et quand elles sont violées, elles n’ont pas droit à la justice parce que leurs proches les réduisent au silence au nom de l’honneur de la famille.

Un petit détour à Sokodé  ou au village d’Avoutokpa vous fera découvrir des filles qui ont connu une histoire douloureuse et qui ont la chance de se retrouver dans un centre d’accueil où elles apprennent à préparer un nouveau départ.

Aujourd’hui j’aimerais solliciter un regard avisé de la jeune fille sur le contraste de la condition féminine. Un contraste dont la fin dépend en partie d’elle car elle a sa partition à jouer pour l’évolution des mentalités dans toute la société togolaise. J’aimerais lui transmettre le gout du travail acharné pour se tailler une place dans sa communauté. J’aimerais lui léguer mon dégoût de la facilité et des raccourcis, ces options à court terme qui n’aboutissent qu’à de faibles résultats.

Dans ces milieux qui lui sont hostiles, ces localités où la jeune fille ne se voit pas reconnaître les mêmes chances et les mêmes droits qu’ailleurs, l’éducation demeure une des principales clés pour faire sauter les verrous culturels qui entravent sa liberté. Il lui faut croire aux vertus de l’éducation. Face aux restrictions qu’elle subit, elle a besoin d’une bonne dose de courage pour continuer à s’instruire, à se construire à l’école. Fortes de toutes ses connaissances elle pourrait éclairer sa communauté sur le respect que cette dernière doit à ses droits. Elle pourrait faire déchanter tous ceux qui pensent à tort que l’égalité de chances est un leurre.

Dans un monde en plein mouvement où de plus en plus de femmes vivent librement de leur passion et s’épanouissent par leur talent, la jeune fille ne manque pas de modèles qui puissent servir de repères pour le parcours d’une vie. Elle pourra y puiser la force nécessaire pour relever ses défis. Bien des années avant nous, l’illustre historien Joseph Ki-Zerbo  disait son admiration pour le leadership féminin en ces termes :

« Les femmes sont souvent des leaders exceptionnels qui dépassent de loin les hommes. Elles sont en général plus fidèles dans leur engagement »

Bien entendu, il ne s’agit pas là d’une parole d’évangile.  A chacun alors de se faire une opinion.

Au Togo comme ailleurs en Afrique, toute la masse de jeunes est vue par beaucoup comme un potentiel pour l’avenir. Mais  peut-on en dire autant des jeunes filles si ces dernières sont encore confrontées à de multiples violations ?

A toutes celles qui sont brimées, qui subissent tant de préjudices, je voudrais transmettre juste un peu d’audace pour braver cette peur dans laquelle elles sont embrigadées. J’aurais aimé les voir s’attacher à leurs passions, à leurs rêves quel qu’en soit le prix car leur avenir en dépend. Cet avenir est aussi celui de toute une société. Laisser des filles à elles-mêmes c’est compromettre l’avenir d’une société où elles sont appelées à devenir la prochaine génération de femmes.

Nul n’a le droit de voler à une fille son avenir. Sa vie lui appartient et nul n’a le droit de la briser.

 

 

 


Au Togo, les nouveaux escrocs sont de faux recruteurs

 

Au Togo, les nouveaux escrocs sont de faux recruteurs. En cette fête du travail, du premier mai, il y aura du boucan à Lomé ce matin. On le sait bien. Le premier mai à la togolaise sera fêté comme il se doit. En tout cas les patrons ont intérêt hein ! Parce que les employés peuvent tout pardonner à leur chef sauf lésiner sur les moyens en ce jour. C’est de bonne guerre.

Comment passer à côté de la seule occasion pour tout un personnel de décompresser, et même pour certains de danser jusqu’à fatiguer, boire jusqu’à la lie ? Figurez-vous que moi je me suis toujours senti attristé du fait qu’on ne s’intéresse qu’aux travailleurs dans cette ambiance festive.
Et les chômeurs dans tout ça? Ils sont la proie de faux recruteurs, ces nouveaux escrocs. Ceux sont pourtant eux les oubliés du droit au travail célébré le 1er mai. Eh bien ! La charité ordonnée commence par ce blog, dont je braque aujourd’hui les projecteurs sur le vécu d’un alter ego, qui dans les méandres du chômage a connu la cruauté de l’escroquerie.

Credit image: rmsnews.com

L’exemple du jeune diplômé Constant

Fraîchement sorti de ses brillantes études en comptabilité à l’université de Lomé, Constant s’est lancé avec beaucoup d’espoir dans la chasse à l’emploi. Mais à force de multiplier sans résultat les tentatives le gars a commencé à s’essouffler. Il lui a fallu des revers successifs dans ses démarches pour se persuader que dans ce pays il n’y avait pas de place pour l’emploi de ses rêves.

Peut-être lui fallait-il en dernier recours répondre aux sirènes de l’entreprenariat dont les atouts sont claironnés depuis un moment à la jeunesse désœuvrée. A voir la panoplie de jeunes diplômés qui mordent la poussière comme lui et échouent dans les bureaux à se faire recruter il n’y croyait vraiment plus, jusqu’au jour où il tombe sur une information en pleine période pascale. Religieux de la première heure, mon ami était sûr que la coïncidence de cette nouvelle opportunité avec le temps de Pâques ne pouvait jamais, au grand jamais, être le fruit d’un hasard.

« Tchalé* viens voir ça ! Mon Dieu ne dort pas hein !», m’avait-il lancé en me montrant l’offre d’emploi reçue sur son Whatsapp. J’avoue qu’à la découverte de l’annonce j’ai salivé. Il s’agissait d’un recrutement à un poste de comptable avec à la clé un salaire plutôt intéressant. Tel un illuminé il se croyait déjà en présence d’un signe, de la réponse à ses incessantes prières, du résultat des nuits passées à égrener son chapelet. Il décide alors de tenter le coup. J’étais moi-même impressionné de voir que l’évolution des choses semblait lui donnait raison.

Un entretien où Constant découvre le pot-aux-roses

Présélectionné, il sera invité à passer un entretien au cours duquel il fait forte impression devant son interlocuteur. En recevant des jours plus tard un message d’invitation du recruteur , il pouvait voir se profiler le bout de tunnel. Cette fois ça y est, c’est dans la poche!

Au moment de retourner dans les locaux du recruteur, Constant était agréablement méconnaissable. Il était sur son 31, tout élégant dans son costume clinquant. Blague à part, le mec était tellement sapé qu’il aurait pu voler la vedette à Brad Pitt ou George Clooney. Désormais certain de tenir enfin ce boulot qui l’avait toujours fui il arrive pile à l’heure et s’installe avec le sourire aux lèvres. Mais la joie n’aura été que de courte durée. Son état d’esprit bascule, son visage souriant se crispe subitement quand le fameux recruteur prend la parole.

Ce qu’il entendait était au-delà de tous les scénarios qu’il aurait pu s’imaginer. Ce que débitait ce monsieur lui sortait par les oreilles. Ce dernier affirme que Constant serait en ballottage avec d’autres candidats et qu’il devrait débourser la somme de 50.000 francs pour suivre une formation destinée à départager les candidats. C’était là une plaisanterie de mauvais gout qui le faisait déchanter.

S’agissait-il d’une offre de formation ou d’une offre d’emploi ? Il ne comprenait plus rien. Jamais à aucun stade du recrutement un employeur digne de ce nom ne pouvait exiger des frais aux candidats. Toute la vérité lui saute alors à la figure. Celui à qui il avait à faire n’était ni plus ni moins qu’un escroc sans vergogne. « C’est quoi ce cirque ? » Pesta-t-il tout furieux d’avoir perdu son temps.

Il prend alors son sac et sort par la porte qu’il claqua derrière lui de toute sa force. Il avait connu bien d’expériences dans son parcours, mais ce qu’il expérimentait-là était bien dur à supporter. Constant venait de prendre un coup de plus, un coup de trop.

De nouveaux escrocs : les faux recruteurs

A vrai dire une telle expérience n’est pas isolée. Le chômage monte en flèche et avec lui  une nouvelle race d’escrocs : les faux recruteurs. Comme le malheur des uns fait le bonheur des autres, l’accroissement des demandes d’emploi semble devenir une « opportunité d’affaires » pour des gens véreux. Dans votre boite mail ou sur Whatsapp vous êtes peut être déjà tombé sur une information faisant état d’une offre d’emploi dans une organisation de renom. Certaines de ces informations cachent une arnaque et il est important de les vérifier dans la mesure du possible avant d’envisager une quelconque candidature.

Les fausses offres d’emploi sont légion et les arnaqueurs redoublent de ruse pour appâter leurs victimes. On se sert du nom d’une grande organisation, on fait miroiter des salaires juteux pour tromper la vigilance de pauvres gens.

Si vous êtes à la recherche d’un emploi, vous êtes alors une proie pour ces pseudo-recruteurs. Ils sont à vos trousses et n’attendent que la moindre imprudence pour vous sauter dessus. Tachons de démêler le vrai du faux, la bonne graine de l’ivraie pour échapper à la cupidité de ces pseudo-employeurs qui n’ont d’yeux que pour nos poches.

Bref, vous aurez compris le mot d’ordre.

                                                                      

Tchalé*= mon gars en langue mina

 


Mon cadeau de noël était à Dakar

Je ne suis pas de ceux qui pensent que seuls les enfants ont droit à un cadeau pour noël. Les vieux gaillards comme moi aussi y ont droit. A vrai dire je ressens chaque expérience positive de la vie comme un cadeau du ciel et quand elle survient en décembre, comme un cadeau de noël. Je suis justement heureux d’avoir eu par anticipation mon cadeau de noël à Dakar. Il…