Abdelkrim Mekfouldji


La rose de Blida

Elle s’essouffle, elle tend sa grâce vers la courbe de l’échine en ces lieux connus pour être le paradis de ses semblables. Mensonges ! La rose de Blida a perdu sa couronne, elle devient une plante quelconque, même pas de la famille de ces fleurs appelées sauvages.


Un grand libraire nous quitte

En ce lundi 16 mars 2020 s’est éteint un des plus grands libraires que compte l’Algérie ! M’hammed Benzekour, 72 ans, a été durant des décennies un distributeur en gros de livres sur la place de Blida.


Une fondation pour l’Histoire de Blida

annonçant que la Fondation Sidi Kebir verra bientôt le jour et que toutes les démarches auront alors un cachet officiel, avec l’espoir d’une domiciliation de la dite fondation dans une ancienne maison du centre historique de la ville.




Des étudiants du Ghana à Blida

Des étudiants du Ghana ont suivi durant les premiers mois de l’année 2019 une formation en FLE (français langue étrangère) afin de pouvoir s’inscrire dans les différentes spécialités de l’enseignement supérieur en Algérie. Appiah, le délégué du groupe de neuf (9) étudiants s’est dit très satisfait de son apprentissage à l’Institut Supérieur Ennour de Blida, sous la houlette de l’enseignant Mekfouldji : « Tout le groupe a réussi dans un laps de temps n’excédant pas six mois à tenir une conversation en français, dans la rue même, et réussir les différents tests écrits. » Est-ce à dire que la langue française est facile à assimiler ? Réponse négative de Paul qui est convaincu que la volonté de chacun a beaucoup joué.

Prince, un étudiant très studieux. Ph. Mekfouldji

Gloria, une étudiante très réservée, a expliqué que son acquisition de la langue de Molière est passée également par l’écoute des chansons classiques de Jacques Brel, Georges Brassens, Charles Aznavour. Prince, un footballeur et poète à ses heures, se dit très satisfait de la formation mais reproche les conditions d’hébergement à El Affroun, cité universitaire à 20 kms de Blida, où foisonnent les moustiques, surtout durant la saison estivale. Arthur, futur étudiant en architecture, déclara être content de la formation mais qu’il a eu du mal à accepter la cuisine locale, mis à part le couscous.

Sortie dans les magasins. Ph. Mekfouldji

Tous les étudiants sont d’accord sur un point, celui de l’ambiance xénophobe constatée dans les grands boulevards et les quartiers commerciaux de Blida. « Je crois bien qu’on ne nous aime pas » affirma Appiah même si les deux sorties en groupe avec l’enseignant formateur avaient démontré le contraire. Les salutations d’usage et le semblant de quiétude dégagé font que la thèse de l’animosité des autochtones vole en éclats. Farouk, un des sportifs du groupe, s’est dit « content de tout et que sa future résidence à Boumerdès allait asseoir définitivement sa joie d’être en Algérie.

Sortie d’étude – Ph. Mekfouldji

La semaine passée, l’EN de football du Ghana des moins de 23 ans est venue à Sétif battre l’EN algérienne et se qualifiant par la même occasion au tournoi final du Caire prévu au mois de novembre. Cela confirme encore davantage que tout est possible en terre algérienne.

Collation de fin d’études. Ph. Mekfouldji

Les responsables de l’Institut ont organisé une collation en l’honneur des étudiants du Ghana à l’issue de laquelle des diplômes ont été remis aux apprenants.

Paul reçoit son diplôme. Ph. Mekfouldji


Tipazia Parc ouvre ses portes

Le Tipazia Parc est fonctionnel ! La SARL Famili shop, dont le siège est à Blida, a inauguré jeudi 22 août 2019 son parc d’attractions à Tipaza, au bord de la mer.

Inauguration officielle de Tipaza Parc. Ph. Mekfouldji

Situé sur un promontoire d’où on admire la mer, le parc d’attractions et de loisirs dispose de plusieurs zones : jeux, pique-nique, activités sportives, mini zoo, poney étalés sur treize hectares et employant entre 200 et 300 personnes, selon les saisons. « Un site formidable que tout te monde pourra admirer dès ce jeudi », affirme, modeste, le premier responsable du groupe.

La Grande roue avec vue sur mer. Ph. Mekfouldji

Les équipements modernes sont l’œuvre de sociétés italienne, turque et chinoise et pourront répondre aux besoins et œuvres des familles qui attendaient déjà le départ des autorités afin d’occuper les espaces.

Tout pour les sensations fortes. Ph. Mekfouldji

« Les vœux des familles de toute la région voient enfin le jour », s’est réjouie le directeur général de la SARL Famili Shop, présent évidemment à l’inauguration, . Tipaza, Blida, Aïn Defla et autres départements, même Alger, draineront les milliers d’enfants au quotidien, avec des portes qui demeureront ouvertes chaque jour jusqu’à minuit.

Vingt-et-une attractions modernes, un karting, « le plus grand circuit d’Algérie », un train, un parc de jeux virtuels de dernière génération et des aires de repos feront du lieu surplombant la mer, un lieu de rendez-vous indétrônable.

Des sensations en perspective. Ph. Mekfouldji

Un chef d’établissement scolaire présent à l’inauguration n’a pas manqué de préciser : « Il sera donné à tous les élèves scolarisés une occasion de se défouler durant l’année à travers les sorties organisées par les établissements. » C’est vrai que le lieu distant de moins de 100 km à la ronde d’agglomérations comme Cherchell, Tipaza, El Affroun, Hadjout, Blida, Boufarik, Koléa et l’attractivité de l’espace avec ses jeux comme la Grande roue, le Bateau pirate, le train et autres jeux pour petits et grands et sa proximité de la mer et de ses plages feront de Tipazia Parc un grand espace de ralliement. La restauration, les kiosques et le grand parking encourageront les familles à revenir, c’est certain.

Des centaines de véhicules avec parking gratuit. Ph. Mekfouldji

Khaled, un chef de famille, se voit déjà présent tous les jours en cette période de vacances. « Nous avons maintenant un espace à nous pour passer toute la journée sans nous ennuyer et pour nous distraire, il était temps que cela se réalise » a-t-il conclu avec un large sourire.

Jeux inédits. Ph. Mekfouldji


Après la victoire, joie et allégresse en Algérie

Toute l’Algérie était rivée aux écrans de télévision, à la maison ou sur les terrains, pour suivre les Fennecs durant la finale de la Coupe d’Afrique des nations 2019. Suspense jusqu’à la dernière minute du temps mort au Cairo Stadium puis délivrance !

Joie et allégresse ont fait sortir toutes les familles dans les rues, et Blida ne faisait pas exception ! Impossible de circuler dans les artères de la ville : la population était dehors et les rues ne suffisaient plus à contenir les fans de l’équipe nationale algérienne. Les poulains de Belmadi pouvaient être fiers de cet engouement et heureux d’avoir pu donner de la joie à plus de 40 millions de citoyens.

Tous les âges étaient représentés au stade Daïdi de Blida où les responsables commençaient à préparer dès 14h l’installation de l’écran géant devant retransmettre le match Algérie – Sénégal. Les paris allaient bon train et nombre de supporters parlaient de la crainte d’une revanche des coéquipiers de Mané.

Les jeunes se coloriaient les joues. Ph. Mekfouldji
Masques et tatouages. Ph. Mekfouldji

Le but de Bounedjah, survenu très tôt, dès la deuxième minute, a permis de tranquilliser les supporters mais l’angoisse devint intenable après 30 minutes de jeu. Il fallait un second but pour se mettre à l’abri, mais les Sénégalais monopolisèrent le ballon et le gardien M’boulhi dut étaler sa classe pour préserver ses bois. L’arbitre camerounais envoya les joueurs aux vestiaires, permettant ainsi aux Fennecs d’accrocher la seconde étoile, vingt-neuf ans après la première remportée à Alger même avec les Madjer, Belloumi, Assad…

Feux d’artifice, klaxons, sifflets, cris, lumières vives : les rues d’Algérie donnèrent à voir toute la joie d’un peuple partagé entre la crise politique et la victoire continentale. Un père criera : « J’ai marché à 14h pour le Hirak, le changement politique, et je marche la nuit pour la victoire ! » Il n’arrêtait pas de klaxonner, criant et gesticulant tout en conduisant son véhicule où s’entassait toute sa famille. Les jeunes se coloriaient le visage aux couleurs des Verts, chantaient et dansaient, oubliant pour un temps le chômage, la malvie. Mahrez, Bennacer, M’boulhi étaient passés par là, transmettant cette fibre patriotique et ces élans de joie.


Joie et allégresse en Algérie

Joie et allégresse en Algérie ! Suspense jusqu’à la dernière minute du temps mort au Cairo Stadium puis délivrance ! Toute l’Algérie était rivée aux écrans de télévision, chez soi ou sur les terrains à suivre sur écran géant les Fennecs durant la finale de la Coupe d’Afrique. Joie et allégresse ont fait sortir toutes les familles dans les rues. Blida ne faisait pas exception ! Impossible de circuler dans les artères de la ville : la population était dehors et les rues ne suffisaient plus à contenir les fans de l’EN algérienne. Les poulains à Belmadi pouvaient être fiers de cet engouement mais, en retour, heureux d’avoir pu donner de la joie à plus de 40 millions de citoyens.

Les gens affluent au stade Daïdi Ph. Mekfouldji

Tous les âges étaient représentés au stade Daïdi de Blida où les responsables commençaient à préparer dès 14h les conditions d’installation de l’écran géant devant retransmettre le match Fennecs – Lions. Les paris allaient bon train et nombre de supporters parlaient de la crainte d’une revanche des coéquipiers de Mané. Le but de Bounedjah, survenu très tôt, dès la deuxième minute, a permis de se tranquilliser côté supporters mais l’angoisse devint intenable après 30 mn de jeu.

Masques et tatouages. Ph. Mekfouldji

Il fallait un second but pour se mettre à l’abri mais ce fut les Sénégalais qui monopolisèrent le ballon et le gardien M’boulhi dut étaler sa classe pour préserver ses bois.  L’arbitre camerounais envoya les joueurs aux vestiaires, permettant ainsi aux Fennecs d’accrocher la seconde étoile, vingt-neuf après la première remportée à Alger même avec les Madjer, Belloumi, Assad…

Joie éclaté. Ph. Mekfouldji

Feux d’artifice, klaxons, sifflets, cris, lumières vives : les rues d’Algérie donnèrent à voir toute la joie d’un peuple partagé entre la crise politique et la victoire continentale. Un père criera : « J’ai marché à 14h pour le Hirak, le changement politique, et je marche la nuit pour la victoire ! » Il n’arrêtait point de klaxonner, criant et gesticulant tout en conduisant son véhicule où s’entassait toute sa famille. Les jeunes se coloriaient le visage aux couleurs des Verts, chantaient et dansaient, oubliant pour un temps le chômage, la malvie. Mahrez, Bennacer, M’boulhi étaient passés par là, transmettant cette fibre patriotique et ces élans de joie.

Les jeunes se coloriaient les joues. Ph. Mekfouldji


La finale de la CAN, match poudrière ou incendie pour l’Algérie ?

Faut-il craindre que la finale de la CAN soit jouée ce vendredi, jour de Hirak, ce mouvement de révolte pacifique des Algériens qui manifestent tous les vendredis ?

L’Algérie a la fièvre du foot. L’Etat mobilise ses moyens pour envoyer des milliers de supporteurs au Caire voir les Fennecs affronter le Sénégal. Un véritable pont aérien avec pas moins de 36 avions prévus, et ce nombre ne cesse d’augmenter. Dans ce convoi, il y a neuf avions de l’armée algérienne. L’homme qui dirige la lutte contre les politiciens corrompus n’est autre que le Chef d’état-major, Gaïd Salah. Pour ce dernier, la victoire est impérative afin de servir davantage sa prise de pouvoir déguisée. Une victoire des Fennecs, détournant l’attention des Algériens, serait salutaire pour le régime de transition.

Partout à travers le pays, les stades font office de rassemblements des supporteurs, devant des écrans géants qui vont retransmettre la finale. On n’a aucune idée du coût global, mais les hommes sensés n’hésitent pas à rappeler que lors des dernières inondations au Sud du pays, le ministère de l’Intérieur n’avait pas envoyé d’avions pour le transport des secours, au motif qu’il était quasiment impossible les premiers jours de mobiliser de tels moyens.

Les agences de voyage sont prises d’assaut depuis la qualification en finale, avec une seule destination demandée : Le Caire. Des centaines de jeunes errent à travers les larges avenues de Blida et d’autres villes, quémandant une place pour la capitale égyptienne. Toutes les couches sociales sont impliquées, tous les âges, hommes et femmes ! Les résultats du bac sont publiés ce jeudi et des milliers de candidats auraient aimé partir également, filles comme garçons.

Belmadi président ?

Il faut dire que cette occasion de se réjouir fait beaucoup de bien. Des anciens ministres et premiers ministres, comme Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, se trouvent depuis peu en prison pour corruption caractérisée. Le simple citoyen montre du doigt cette « assabiya », mafia en arabe, qui a détourné en cinq ans de mandat de l’ex président Bouteflika pas moins de 1500 milliards d’euros. Sans parler des terres agricoles détournées à leurs profits et celui de leurs parents. Alors, voir son équipe en finale pour la première fois depuis 29 ans…

Les manifestations de joie des supporteurs algériens à travers le monde n’ont pas laissé insensibles les camarades de Baghdad Bounedjah, qui ont promis de ramener le trophée en Algérie. Le pays parle maintenant de donner des responsabilités politiques au sélectionneur Djamel Belmadi et ses poulains, eux qui ont prouvé sur le terrain leur amour du pays.


Une victoire des Fennecs synonyme de paix ?

Parallèle du Hirak -mouvement de révolte pacifique- des Algériens tous les vendredis et celui des étudiants chaque mardi avec le jour de la finale de la CAN : Une victoire des Fennecs sera-t-elle synonyme de paix ? Un match dans le sens large de poudrière pour toute l’Algérie ?

Football et démocratie vont de pair Ph. Mekfouldji

Mobilisation des moyens de l’État pour envoyer des milliers de supporters au Caire, un véritable pont aérien avec pas moins de 36 avions prévus –et le nombre ne cesse d’augmenter-. Dans ce nombre il y a neuf avions de l’armée algérienne. On n’oublie pas que l’homme qui dirige la lute contre les politiciens corrompus n’est autre que le Chef d’état-major, Gaïd Salah. Pour ce dernier, la victoire est impérative afin de servir davantage sa prise de pouvoir déguisée. Une victoire des Fennecs est donc salutaire pour le régime de transition.

Partout à travers le pays, les stades font office de rassemblement des supporters devant des écrans géants qui vont retransmettre la finale. Aucune idée du coût global mais les hommes sensés n’hésitent pas à comparer avec les dernières inondations au Sud du pays et l’absence d’envoi d’avions avec le transport des secours au motif qu’il était quasiment impossible les premiers jours de mobiliser de tels moyens, dixit le ministère de l’Intérieur.

Les agences de voyage sont prises d’assaut depuis la qualification à la finale avec une seule destination demandée : Le Caire. Des centaines de jeunes errent à travers les larges avenues de Blida et d’autres villes, quémandant une place pour la capitale égyptienne. Toutes les couches sociales sont impliquées, tous les âges, hommes et femmes !

Candidats au BAC qui veulent être en Egypte. Ph. Mekfouldji

Les résultats du Bac ont lieu ce jeudi et des milliers de candidats auraient aimé partir également, filles comme garçons.

Dans les réseaux sociaux, on n’hésite pas à imiter le coup-franc de Mahrez des temps morts, coup-franc qui a emmené les Fennecs en finale.

Imitation tout azimut de Mahrez. Ph. Omar F.

Les manifestations de joie des supporters algériens à travers le monde n’ont pas laissé insensibles les camarades de Bounedjah qui ont promis de ramener le trophée en Algérie.

Beaucoup de ministres et d’ex.premiers ministres, Ouyahia et Sellal, se trouvent en prison depuis peu pour corruption caractérisée et le simple citoyen montre du doigt cette « assabiya », maffia en arabe, qui a détournée en cinq ans de mandat de l’ex.président Bouteflika, pas moins de 1.500 milliards d’euros sans parler des terres agricoles détournées à leurs profits et au profit de leurs parents. Cela dépense tout entendement et le pays parle de donner des responsabilités politiques à Belmadi et ses poulains, eux qui ont prouvé sur le terrain leur amour du pays.

Akli Mehdi, ancien joueur et manifestant du Hirak. Ph. Mekfouldji

Une finale inédite avec deux joueurs, Mané et Mahrez, qui postulent pour le trophée de meilleur joueur africain. L’équipe victorieuse assurera à son joueur ce fameux titre individuel.


Sid Ahmed Benarbia, chantre de Blida

Benarbia Sid Ahmed, 68 ans, chantre de la ville des roses, avait quatre ans quand les premières balles de la guerre d’indépendance furent tirées. Le Machiavel blidéen tire sûrement sa source et sa verve de ce combat libérateur. Nombre de personnes de sa grande famille tombèrent au champ d’honneur quand d’autres vécurent ou vivent encore modestement, à l’abri de l’appât du Pouvoir de l’argent avec tout ce que cela suppose…


En Algérie, la protestation politique éclipse la CAN

Dimanche 23 juin, l’Algérie a remporté son premier match de Coupe d’Afrique des nations, deux buts à zéro, face au Kenya. Mais dans les grandes villes du pays, la politique fait plus parler que le football africain.

Ce billet a été originellement publié sur blidalgerie.mondoblog.org.

Les Fennecs ont réalisé une entrée sans encombre dans la compétition. Les Algériens ont battu les Kenyans facilement. Mais à travers les rues de Blida et d’Alger, les discussions étaient ailleurs. La fête était à la lutte contre la corruption.

Un record mondial a été atteint en Algérie avec pas moins de cinq anciens premiers ministres entendus par la justice. Deux d’entre eux ont été écroués : messieurs Ouyahia et Sellal. L’objectif est de nettoyer tout le terrain politique de ces magnats. On parle quand même de 50 000 milliards de dinars algériens, soit 500 milliards d’euros. En tout, pas de moins de douze personnalités sont impliquées. De quoi largement former une équipe de football, avec des remplaçants. 

El Harrach passionne plus que Le Caire


Chaque vendredi, le « hirak » continuer à réclamer la fin du système algérien. Le mouvement en est à sa 18e journée de protestation, avec toujours le même slogan : « DÉGAGE ». Cela vaut aussi pour le chef d’état-major Gaïd Salah, qui ne cesse de se mêler de politique, même si on lui reconnaît la paternité du démarrage des éliminations des gens du système.

L’actualité algérienne est indéniablement dominée par cet aspect de la vie au quotidien, quelque peu loin de la CAN 2019. Même si plusieurs dizaines de supporters, surtout venant de France et d’Allemagne, ont fait le déplacement au Caire et sont heureux de fêter la première victoire de leur équipe. Alors l’oreille reste suspendue aux résultats des poulains de Belmadi et des coéquipiers de Mahrez, mais la priorité demeure : « À qui le tour de prendre le chemin des quatre hectares ? » (synonyme de la prison d’El Harrach, dans la banlieue d’Alger).
La victoire contre le Kenya n’était que la cerise sur la gateau pour tout ce peuple épris d’honnêteté politique.

Crédit photo : Abdelkrim Mekfouldji


En Algérie, la protestation politique éclipse la CAN

Dimanche 23 juin, l’Algérie a remporté son premier match de Coupe d’Afrique des nations, deux buts à zéro, face au Kenya. Mais dans les grandes villes du pays, la politique fait plus parler que le football africain.

Les Fennecs ont réalisé une entrée sans encombre dans la compétition. Les Algériens ont battu les Kenyans facilement. Mais à travers les rues de Blida et d’Alger, les discussions étaient ailleurs. La fête était à la lutte contre la corruption.

Un record mondial a été atteint en Algérie avec pas moins de cinq anciens premiers ministres entendus par la justice. Deux d’entre eux ont été écroués : messieurs Ouyahia et Sellal. L’objectif est de nettoyer tout le terrain politique de ces magnats. On parle quand même de 50 000 milliards de dinars algériens, soit 500 milliards d’euros. En tout, pas de moins de douze personnalités sont impliquées. De quoi largement former une équipe de football, avec des remplaçants. 

El Harrach passionne plus que Le Caire


Chaque vendredi, le « hirak » continuer à réclamer la fin du système algérien. Le mouvement en est à sa 18e journée de protestation, avec toujours le même slogan : « DÉGAGE ». Cela vaut aussi pour le chef d’état-major Gaïd Salah, qui ne cesse de se mêler de politique, même si on lui reconnaît la paternité du démarrage des éliminations des gens du système.

L’actualité algérienne est indéniablement dominée par cet aspect de la vie au quotidien, quelque peu loin de la CAN 2019. Même si plusieurs dizaines de supporters, surtout venant de France et d’Allemagne, ont fait le déplacement au Caire et sont heureux de fêter la première victoire de leur équipe. Alors l’oreille reste suspendue aux résultats des poulains de Belmadi et des coéquipiers de Mahrez, mais la priorité demeure : « À qui le tour de prendre le chemin des quatre hectares ? » (synonyme de la prison d’El Harrach, dans la banlieue d’Alger).
La victoire contre le Kenya n’était que la cerise sur la gateau pour tout ce peuple épris d’honnêteté politique.


La rue dit « non » à Bouteflika

Depuis plus d’un mois, le 22 février dernier exactement, la rue dit « non » à Bouteflika. Plus encore, toutes les couches sociales rejettent le système politique en vigueur dans le pays depuis juillet 1962.

Un peu d’histoire

Le 19 mars 1962, l’Algérie savourait un cessez-le-feu après sept années de guerre contre l’occupant français. Cependant, le Gouvernement Provisoire (GPRA), de mouvance politique nationaliste, fut écarté par l’armée des frontières dirigée par Boumediène et qui installera Ben Bella au pouvoir. Avant de l’en déposséder trois années plus tard, en 1965. Jamais ne sera alors donnée une chance aux hommes politiques de diriger le gouvernement et toute idée de démocratie, de multipartisme et d’ouverture fut bannie.

Une lueur d’espoir vint avec le soulèvement d’octobre 1988 et l’instauration du multipartisme. Mais les premières élections libres donnèrent la victoire aux islamistes du FIS, victoire volée par l’armée qui avait pris peur. Une décennie noire s’installa dans le pays avec, comme tribut à payer pour la démocratie, près de 200 000 morts.

Mohammed Boudiaf fut ramené du Maroc par le « système » et il eut à diriger le pays de janvier 1992 à la fin juin de la même année, soit durant six mois à l’issue desquels il sera assassiné à Annaba. Jusqu’à ce jour, on ignore tout des tenants et des aboutissants de cet acte.

Bouteflika sera alors rappelé, lui qui avait tout le temps été très proche de Boumediène et il eut une sorte de revanche à prendre !

Le peuple dit « NON ». Ph Mekfouldji

Il restera au pouvoir durant quatre mandats alors que la constitution ne prévoyait que deux mandats successifs. Cette fameuse constitution qui sera encore revue puisque le Président fut victime d’un AVC en 2014, mais qu’il continue à exercer le pouvoir par clan interposé. Finalement, à la veille d’un 5ème mandat pour lequel il s’est encore porté candidat, la rue dit « NON » à Bouteflika !

Tout le monde rejette le système. Ph. Mekfouldji

Depuis le 22 février 2019, chaque vendredi c’est la population dans toutes les grandes villes algériennes qui sort exprimer son rejet. Et c’est par secteurs professionnels que le pays rejette la mafia du pouvoir : avocats, juges, enseignants, médecins, étudiants sortent à tour de rôle exprimer leur ras-le-bol du système.

Bouteflika aura la ruse d’abandonner le 5ème mandat mais opte pour le rallongement du 4ème mandat jusqu’à l’installation d’un gouvernement provisoire et d’une assise pour l’édification d’une seconde république. Là encore, tout le monde rejette l’idée mais les responsables nommés par le président en exercice -en principe jusqu’au 28 avril, date limite avant l’entrée dans l’illégalité- poursuivent leurs rencontres avec les partis et même les capitales des puissances étrangères.

Même les jeunes disent « NON ». Ph. Mekfouldji

Le peuple n’en veut plus et il l’exprime à travers les réseaux sociaux, et pacifiquement, jusqu’à attirer la sympathie internationale.

Chaque vendredi la rue dit « NON ». Ph. Mekfouldji

Qu’en sera-t-il à la fin du mois d’avril ? Le printemps algérien -et non arabe- aura montré sa patience…


J’ai mis fin à mon contrat d’enseignant

Le 23 janvier 2019, jour de mes 65 ans printemps –ou automnes, c’est selon- j’ai mis fin, volontairement, à mon contrat d’enseignant me liant à un lycée privé de la ville de Blida, en Algérie. Un cumul de pression, de marchandage avec les élèves pour une meilleure entente en classe ont nui à mon enseignement. Non pas qu’ils recouraient à la violence physique ou verbale mais, étant pour la plupart des enfants de familles aisées, ces enfants refusaient d’apprendre. Ils assistaient aux cours afin de ne pas être portés absents, faisaient œuvre de présence aux yeux de leurs parents et de l’administration de l’établissement.

L’apprentissage n’intéresse qu’une minorité. Ph. Mekfouldji

À la fin de l’année, ce sont les enseignants qui sont pointés du doigt pour ne pas avoir su inculquer du « savoir » dans les têtes de ces enfants, qui refusent toute idée d’effort, de recherche, de concentration, d’écriture même. L’enseignement est devenu difficile, réellement !

J’avais beau tenter de leur ramener des textes d’actualité, des extraits d’ouvrages précédés par de courtes biographies des auteurs, leur donner des polycopiés pour les laisser se concentrer uniquement sur le débat en classe, les échanges, la recherche des problématiques… Rien n’y faisait ! Les récalcitrants à l’effort, en majorité des garçons, préféraient parler de leur portable, des dernières sorties en groupe. Ils se jetaient des blagues les uns aux autres avec des rires bruyants, indisposant le rare nombre d’apprenants venus justement pour assimiler des cours du programme, le bac étant leur ultime objectif !

Des documents polycopiés pour l’ensemble des élèves. Ph. Mekfouldji

Plus de quarante années d’enseignement, et des générations d’élèves, arrivant même à enseigner au père puis à l’enfant : j’étais sans doute arrivé à saturation. J’ai choisi librement le métier d’enseignant au temps où toutes les portes de l’emploi étaient ouvertes. Le renouvellement des supports pédagogiques m’a permis de me mettre à jour et d’être au plus près des exigences du métier, même sur le plan psychologique. J’ai constamment gardé le dialogue ouvert, ce qui fut considéré comme une faute par le surveillant général… Lorsqu’il a appris ma décision de démissionner, il a dit au proviseur de l’établissement : « C’est de sa faute, il n’a pas su imposer son autorité en classe. » Comment imaginer une classe de langues sans débat, sans dialogue ? Alors qu’elle doit justement servir à l’acquisition des rouages de la langue française ?

On dit « génération difficile ». Ph. Mekfouldji

Je leur ramenais des auteurs et écrivains, des cinéastes pour parler d’œuvres faisant l’actualité. Les parents d’élèves et l’administration étaient reconnaissants sur ce point. Nombre de classes ont participé à la préparation des venues d’écrivains aussi illustres que Amin Zaoui, Adlène Meddi, Samir Toumi, le cinéaste Bachir Derrais, le caricaturiste Slim, un peintre…

Denis Martinez avec le staff administratif de l’école. Ph. Mekfouldji

Il n’était nullement question de reconnaissance mais d’une forte tentative d’intéresser le jeune lycéen à la chose culturelle. Je ne voulais pas qu’il soit une simple machine à ingurgiter les notions inculquées pour les ressortir le jour de l’examen. Après quatre années de présence active dans cet établissement, ma santé mentale a flanché en ce début d’année 2019. Surtout que les critères d’admissibilité des élèves dans cet établissement ne remplissaient pas les conditions requises pour plus du tiers de chaque classe. Nous nous retrouvions avec sur les bras des élèves illettrés, incapables de déchiffrer des mots en français langue étrangère, après plus de 12 ans de présence sur les bancs des écoles. Comment étaient admis ces élèves ? Nul ne semble détenir la réponse ! Ces élèves s’ennuient alors en classe et gênent les autres. Incapables d’efforts et conscients de leur grand écart de niveau, ils refusent même les cours particuliers pour rattraper ce qui pourrait l’être.

Le nombre d’élèves dans certaines classes est décourageant. Ph. Mekfouldji

À défaut de voir ces élèves renvoyés avec une orientation vers l’apprentissage de savoirs manuels, j’ai préféré lever l’ancre moi-même et m’éloigner de ces rivages devenus trop houleux pour moi.


Le Mawlid, naissance de Mohammed

Le Mawlid célèbre la naissance de Mohammed, prophète de l’Islam et des musulmans. Elle se fête chaque année à des degrés divers. En Algérie, cela va des étendards représentant chacune des tribus de Timimoun au simple henné pour enfants dans quelques villes du nord du pays.

Mawlid, joie des enfants – crédit : Abdelkrim MEKFOULDJI

Ainsi, à Blida, les familles tiennent à cuisiner toutes sortes de pâtes : beghrir, r’fiss, tchekhtchoukha, mhadjeb et m’ârek ainsi que la fameuse « tamina », de la semoule grillée et mélangée au beurre et qu’on arrose de miel avant de la décorer avec de la cannelle.

Depuis quelques années, les écoles et les crèches fêtent le Mawlid, naissance du prophète, en répétant des chants religieux et en jouant des saynètes représentant les périodes du vivant du prophète. Dans les mosquées de la ville, des rappels sur la vie du Prophète sont enseignés la veille de la fête, une fête que renient les plus durs parmi les pratiquants, ceux qu’on appelle les « islamistes ». Ceux là ne veulent point entendre parler de « fête », de « commémoration » ou même de réjouissance pour les enfants.

La Tamina, indétrônable – crédit : Abdelkrim MEKFOULDJI

Daoud, un technicien dans une entreprise étatique, affirme que « ce jour vaut autant que les autres, même si l’État nous accorde un jour chômé et payé ». Au contraire de bien des collègues à lui qui courent les magasins et les trottoirs à la recherche de bougies, pétards, henné, poulets et cacahuètes. « Je ne peux imaginer une fête religieuse sans un repas plantureux et donner de la joie à mes enfants », assure Karim, un enseignant du secondaire dans un lycée de Blida. Le souk ou les grandes surfaces sont envahis la veille même du Mawlid afin d’accomplir ce « rituel » des courses propres à la commémoration de la journée.

Repas copieux en ce jour de fête – crédit : Abdelkrim MEKFOULDJI

Le soir du Mawlid, des enfants réunis en groupes déambulent dans les rues et jouent avec le « bouchikha« , un vieil homme dont le visage est masqué et qui joue au saltimbanque au milieu d’une « halqa » -une ronde- avec comme objectif d’amuser la galerie contre quelques dinars, des bougies ou des gâteaux. Cela dure jusqu’au milieu de la nuit.

Dans les maisons, bougies et encens donnent à cette journée un aspect particulier mais les hommes et les femmes sont surtout heureux de se retrouver en famille en cette veille de fête, avec la journée sans travail et synonyme de repos.

Tout est prétexte pour festoyer – crédit : Abdelkrim MEKFOULDJI