Aphtal CISSE

#FaisonsLesComptes : bons baisers de Sokodé…

#FaisonsLesComptes

 

Nous sommes originaires de la ville qui compte plus de terrain de foot que d’écoles. Nous venons d’une ville où les collégiens connaissent plus les joueurs des grands clubs d’Europe que d’auteurs et écrivains du même continent. Ici, nous sommes capables de nous priver de déjeuner pour avoir un ticket d’entrée au stade municipal. Ici, la bière n’est rien, tant qu’on peut boire du bissap en regardant un match. A Sokodé, un match de foot est plus rassembleur que n’importe quel meeting. Ici, nous aimons le foot. Ici, toutes les occasions sont bonnes pour organiser un tournoi de foot. Un mariage, un baptême, une inauguration… On trouve le moyen d’insérer un match dans le programme. Nous vivons le foot. Nous respectons le foot. Nous soutenons le foot. Nous ici, à part l’ambulance, le seul véhicule prioritaire est le bus transportant l’équipe de foot de la ville.

Nous avons mal vécu notre élimination à la Can2013. Mais le plus dur à encaisser fut de voir notre équipe nationale abandonnée, en Afrique du Sud. Dormant là, coincés sur les bancs, dans une zone d’embarquement. Une équipe, c’est sacré, pour nous. Ce traitement, fut presqu’un sacrilège. Qui est responsable de ça ? Qui doit-on châtier ?

En tout cas, nous devons connaître les causes de cette débâcle, avant tout investissement dans la course à la coupe de la CAN. Surtout à l’annonce de la création d’un comité charger de mobiliser une fois de plus, des fonds pour soutenir notre équipe nationale.

Nous, à Sokodé, nous sommes prêts à soutenir. Mais qu’on nous présente le tableau de 2013, qui pourra mieux justifier ce qu’ils attendent de nous, en 2017. Combien a été récolté ? Combien a été utilisé ? Que faut-il corriger ? Mais aussi et surtout, qu’on ne nous impose absolument rien. Qu’on ne nous fasse pas payer d’office, en puisant dans nos frais de communication, en augmentant le prix des produits de première nécessité.

Le foot, c’est notre affaire à tous. Même ceux qui n’aiment pas le foot sont fiers de dire que leur pays est champion en titre ! S’il faut contribuer à ce que cela se réalise, alors contribuons tous. Qu’on nous présente ceux-qui sont chargé de récolter les fonds, et qu’on nous donne la possibilité de dire si nous sommes d’accord ou pas. Ensuite, Chef de l’Etat, Ministres, Députés… Tous ceux-là qui gagnent plus que le reste de la population doivent donner d’abord. Puis, qu’on nous invite nous aussi à donner de façon volontaire, selon nos capacités respectives. Un franc prélevé sur la communication n’a pas le même impact selon qu’on soit ministre ou chauffeur de taxi. Ensuite, que les premiers concernés contribuent eux-mêmes, à leur propre bien-être. C’est leur profession, de jouer au foot. Ils sont payés à cet effet. Bien payé d’ailleurs. Leur travail n’est pas plus périlleux ou pénible que celui de nos Forces Armées.

 

Pourtant, on ne nous a jamais demandé de contribuer à améliorer les conditions de travail de nos troupes engagées à l’extérieur. Si les joueurs ne se sentent pas capables de fournir de bons résultats, qu’ils s’abstiennent de participer à cette compétition.
Enfin, qu’à la fin, qu’on revienne nous dire ce à quoi a servi l’argent récolté. Ce n’est qu’ainsi que nous nous sentirons impliqués et concerné par la chose.

 

Donc, cousin Aphtal, dis leur sur internet là-bas, que nous on veut aider. Mais si nous #FaisonsLesComptes, nous pourrons savoir ce qui reste de 2013, ce qu’il faut compléter, et comment le compléter.

 


#FaisonsLesComptes Messieurs les ministres, avant de nous projeter dans l’avenir #Can2017

2013.

La sélection nationale de football était qualifiée pour les phases finales de la Coupe d’Afrique des Nations. Inutile de décrire la joie et la fierté qui ont animé les fans du sport roi, et même ceux qui n’en n’étaient pas de véritables mordus. Nous avons tous déambulé dans les rues de la capitale, avec les drapeaux et des sifflets, nous avons klaxonné la nuit durant, nous avons crié notre joie partout sur Internet… La joie était surtout à la hauteur de la difficulté de la qualification. Nous l’avons fait. Nous serons en Afrique du Sud.

Dans cet élan de joie, dans cette ferveur généralisée, nous étions prêts à tout, pour soutenir notre Onze National. De quelque manière que ce soit : prières, messes d’actions de grâces, cotisations de bonne volonté… Tout ce qui pouvait permettre à nos ambassadeurs de faire un parcours sans fautes, durant cette compétition. Puis, dans la même foulée, un Comité national fut mis sur pieds, chargé de mobiliser des fonds pour soutenir financièrement les Eperviers du Togo.

Le comité n’a guère manqué d’imagination, pour « mobiliser » ses ressources : deux comptes bancaires furent ouverts à la BTCI et à ECOBANK, puis la population, dans son entièreté, notamment les opérateurs économiques, les sociétés et entreprises publiques, parapubliques, les sociétés du secteur privé, formel ou informel ont été invités à apporter massivement leur soutien financier et matériel  aux « Eperviers ». De façon volontaire. Le comité ad hoc a tenu à rappeler qu’il était seul habilité à rassembler des fonds pour soutenir les Eperviers : les initiatives personnelles étaient interdites, la fabrication des gadgets à l’effigie de l’équipe nationale, leur importation, à de fins commerciales étaient interdites. Un concert a même été organisé dans le plus grand stade togolais, dans le même esprit de soutien, avec les artistes les plus en vue, à l’époque.

Ce fut très émouvant, de voir toutes ces actions menées de bon cœur, pour soutenir notre équipe nationale. Ce fut très touchant, ces donations VOLONTAIRES.

La compétition continentale débute. Nos Eperviers  sont sur place, avec une délégation dont la composition jusqu’à ce jour, demeure un mystère. Notre équipe nous surprend, en se qualifiant pour les quarts de finale. Personne n’y croyait. Ni le peuple, ni les autres adversaires, encore moins les gouvernants qui, se retrouvent dans l’obligation de : prolonger les nuitées dans les hôtels, reporter le vol retour. Ce qui évidemment a un coût. Personne ne leur en a voulu d’avoir eu une si mauvaise prévision, sur les rendements de notre équipe nationale. Nous avons juste été informés ici, qu’il fallait contribuer à l’effort de guerre.

A ce stade, des mesures « drastiques » ont été prises par le comité ad hoc de mobilisation des fonds : augmentation des coûts de communications, augmentation du prix des produits pétroliers, augmentation sur le prix du ciment, etc. Sans notre avis. Sans notre consentement.

A la fin : Eperviers  éliminés, les nuits passées à l’aéroport, et quelques autres petits scandales qui nous sont parvenus. Le capitaine a même quitté l’Afrique du Sud par ses propres moyens, pour rejoindre son club en Europe.

Les faits se déroulent en 2013, je rappelle. Le comité de mobilisation était présidé par le Premier Ministre d’alors, Mr Seleagodji Ahoomey-ZUNU. A ce jour, le montant mobilisé et le montant utilisé nous sont inconnus. L’usage qui en a été fait demeure un mystère. Les surcoûts appliqués à des produits (communication, essence…) sont-ils toujours en vigueur, à quel moment ont-ils été arrêtés, nul ne le sait.

Mais bon, ça, c’était avant.

2017.

Nos Éperviers  réussissent une fois de plus l’exploit de la qualification à la CAN. Le 16 décembre, notre gouvernement réuni en conseil des ministre, adopte un décret portant création des comités ad’ hoc de supervision, du comité d’organisation, du comité de mobilisation des fonds et du comité de gestion des fonds pour la CAN 2017.

C’est à ce stade que je fais un bug. Le comité n’a peut-être pas encore été mis sur pied ; on ne connait peut-être pas encore la feuille de route du futur comité, mais, chers compatriotes, et si nous nous asseyons une minute, puis nous #FaisonsLesComptes ?

Il est inacceptable qu’on réclame un penny à un quelconque Togolais, tant qu’on n’a toujours pas les comptes des fonds mobilisés en 2013. Il est inadmissible qu’une quelconque opération de levée de fonds soit mise en branle, sans le rapport complet de la précédente. Il est intolérable qu’on soit autant allergique à rendre des comptes, à des gens à qui on a pris de l’argent.

Nous voulons la vérité. Ou pas ! Nous voulons quand même que vous vous prêtiez à l’exercice de la transparence, et de la gouvernance inclusive tant criée par le gouvernement. Nous n’avons peut-être aucun moyen de vérifier l’exactitude des chiffres, mais au moins donnez-en ! Nous ne pouvons pas faire confiance au nouveau comité si le précédent peut se conduire avec autant de désinvolture, sans comptes. Nous ne sommes plus prêts à signer un chèque en blanc à une quelconque équipe, ou à un quelconque comité, sous couvert de l’amour pour le foot, ou d’un patriotisme dont vous ne faites pas montre.

Messieurs les ministres, s’il vous plait, #FaisonsLesComptes, avant de nous projeter dans l’avenir. En fonction ou pas, le précédent comité est comptable devant le peuple, et devant l’histoire. Il doit rendre compte.


Me, my ex and I…

Cela se déroule dans un restaurant où vous êtes allé déjeuner avec des partenaires, au cours d’un gala, au rayon liqueur d’un supermarché, entre deux quêtes au cours d’une messe d’action de grâce ou encore au culte d’enterrement d’un ami ; en tout cas c’est dans une situation improbable que vous revoyez sa silhouette, que vous vous en approcher après quelques hésitations, pour enfin vous jeter dans ses bras après l’avoir formellement identifié. Vous vous regardez une fois encore de la tête aux pieds, l’air ravi de ce qu’est devenu l’autre. Vous vous prenez dans les bras, tout en rigolant sainement. Vous échangez les numéros ou les cartes de visites, vous promettez vous revoir pour un café, ou un déjeuner… Les retrouvailles !

Un café, ce n’est rien de méchant, tu sais?

Ça fait quoi, 5, 10 ou 15 ans que vous ne vous êtes plus revu, ni écrit. 5 ou 10 ans durant lesquelles personne n’a donné de ses nouvelles ; 5 ou 10 années durant lesquelles, vous êtes passé à autre chose. 5 ou 10 années au bout desquelles, vous vous retrouvez enfin. 5 ou 10 années que vous avez hâte de raconter à l’autre.

Il s’agit de votre ex. Celle que vous avez oublié malgré vous ; celle avec qui vous avez échafaudé vos premiers plans de vie ; cette personne a beaucoup compté dans votre vie à un moment donné. Ce que vous avez vécu avec cette personne, vous n’êtes pas vraiment sûr de le revivre à nouveau. Vous ne savez plus trop comment vous êtes arrivé à vous en séparer; ça aurait pu marcher entre vous ; ça aurait dû marcher entre vous. Vous repensez à la magnifique personne que vous venez de revoir par un heureux hasard ; vous regardez sa carte de visite, vous lisez son nom dans votre répertoire téléphonique ; vous hésitez…puis… Vous mettez la machine en branle.

Crazy ex girlfriend

Elle répond à vos messages ; vous nourrissez la conversation, vous avez l’impression de n’avoir jamais été séparés ; elle accepte un premier rendez-vous ! Vous l’emmenez dans un resto où, il y a dix ans, vous auriez été incapable d’y acheter une bouteille d’eau minérale. Mais, par soucis de gratitude, vous voulez la mettre bien. Vous avez été ensemble à une époque où vous n’avez rien. Il faut témoigner sa gratitude. Et cela semble lui plaire. Non parce qu’elle ne peut s’offrir ce déjeuner elle-même, mais parce que vous vous en êtes bien sorti, et toutes les femmes apprécient les hommes battants. Vous vous racontez des histoires entre deux fourchetées, vous rigolez, vous prenez du bon temps ; vous avez envie de prolonger, mais c’est déjà l’heure de la reprise au boulot. Vous vous séparez mais…en remettant ça. Et de un !

Vous vous entendez toujours aussi bien, et cela vous étonne ; les petites conversations via les messageries deviennent interminables. Vous riez de tout, vous vous racontez vos journées, vous vous racontez vos petites misères quotidiennes, vous vous faites la bise avant de vous endormir… Vous devenez songeur, vous pensez à elle souvent, et elle fait pareil. Vous avez la soudaine impression qu’elle a toujours fait partie de votre vie. Vous semblez vous comprendre ; vous ne vous jugez pas. vous avez tout simplement envie de rattraper le temps. Un autre rendez-vous est pris.

Vous vous voyez de plus en plus, dans des endroits que vous aviez fréquentés, une dizaine d’année auparavant. Chaque endroit, témoin de votre idylle, a son morceau d’histoire à raconter, un souvenir à raviver : un fou rire, une dispute, un baiser, une promesse…Vous vous prenez la main, vous vous regardez dans les yeux, vous vous attendrissez, vous palpitez, vous hésitez, vous résistez et…vous résistez encore pour enfin…abandonner, succomber, céder. Vous n’allez pas loin. Un léger flirt [avec ou sans langues], puis, rassuré que la flamme ne s’est jamais éteinte, vous remettez le reste à plus tard. Rien ne presse.

Vous, homme, rentrez chez vous, avec la satisfaction de faire toujours le même effet sur votre ex, et la détermination de rattraper tout ce qui n’a pu être, tout ce qui aurait pu être… Quand à vous, femme, vous rentrez pensive, vous demandant ce qui est en train de vous arriver. Vous n’y croyez pas du tout, mais avez quand même envie de découvrir ce que l’avenir de cette relation vous réserve. Vous en avez parlé à des copines au boulot, ou pas. Vous n’avez pas trop envie que ça s’ébruite pour le moment, et vous avez raison : jusque-là, rien n’est totalement sûr.

Puis, arrive une énième rencontre avec votre ex. vous vous embrassez langoureusement, après avoir passé un agréable moment. Il est toujours aussi bon au lit et toutes ces années n’ont pas eu raison de sa virilité. Elle vous excite autant comme au premier jour, elle se lâche, elle se donne, elle prend son pied. C’est toujours aussi bon qu’il y a 10 ans. Son parfum vous change, son haleine vous est nouvelle, sa senteur vous fait revivre à nouveau. Vous vous sentez viril ; elle se sent sexy. Le goût du risque ; la douceur de l’interdit ; la clarté des non-dits… Sur le dos, épuisés, attendant une autre érection, vous en êtes là à ressasser encore des histoires vécues, lorsque votre téléphone sonne.

C’est votre épouse qui vous demande de passer par la pharmacie pour les produits de votre deuxième enfant.

  • Quoi ? Marc, tu as un enfant ?

  • Evidemment ; j’en ai trois. Je suis marié.

  • Désolé, je…

  • Non t’inquiète ça va. Je suis engagée aussi.

  • Oh…

Sur un air de gêne, vous vous séparez, la queue entre les jambes. Vous, monsieur, partez retrouver votre épouse qui, depuis que vous avez revu votre ex, passe pour un boulet à votre pied. Elle vous a agacé avec les pseudos changements qu’elle a remarqué chez vous ; elle vous a semblé être un fardeau, parce que vous lui devez des comptes, au moment où d’autres femmes, votre ex en l’occurrence, n’ont de compte ni à rendre ni à demander à personne. Vous, madame, tombez des nues, pensez à votre compagnon que vous avez envoyé balader pour avoir plus d’espace et de temps pour votre ex. Puis, puis, puis… La désillusion!

Il existe moult profil d’ex : celles qui ne veulent plus vous voir, celles que vous ne voulez plus voir, celles avec qui il y a eu happy-end, et celles qui vous laissent un étrange goût d’inachevé. Les histoires autour du feu, sont un peu comme les histoires sous la couette avec une ex : elles restent des fables, des faits qui se sont déjà déroulés, incapable d’être modifiés. Ces histoires se racontent au passé, et s’arrêtent au présent vécu avec une autre personne. Une autre personne avec qui on se projette dans l’avenir ; une autre personne avec qui l’avenir est en train d’être construit.

Certains arrivent à se remettre avec leur ex après toutes ces années. Mais peu ont le courage de mettre fin à un mariage qui a duré le temps de 3 enfants, parce que ça c’est réel, ça c’est le présent, et c’est ce qui compte. Le passé, même si on arrive à le [re]vivre ne se rattrape pas. Vous vous pouvez vous leurrer, pendant un moment. Vous pouvez tromper votre actuel mari/compagnon pour un ex, vous sentir plus puissante que son épouse ; vous pouvez tromper votre épouse pour une ex, vous dire « Every man have another ass », mais cela reste du leurre. Un vulgaire feu de paille rapidement éteint par la rosée du matin.

L’ami qui m’a raconté son histoire m’a dit en surplus : votre meilleure histoire d’amour n’est pas encore arrivée, parce que jusque-là, vous n’avez pas encore donné le meilleur de vous. Si jusque là tout va bien sans votre ex, ne vous encombrez pas.

Eyi zandé !


Fola, la pomme et le diable.

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20h40.

Le dîner était servi depuis une dizaine de minute, et Fola se met à s’impatienter, à la vue de Marc qui s’attardait devant le journal télévisé. Elle n’arrivait toujours pas à comprendre la lassitude de son mari envers un plat cuisiné avec tant d’empressement. Elle regarde successivement Marc et la télé, avec une lueur de déception mélangée à un peu de confusion.

Voilà bientôt deux mois que son mari se montre si froid, si distant, si absent. Marc ne lui parlait plus trop. Il rentrait désormais tardivement du travail, regardait le journal de la télévision nationale avec une attention qu’on ne lui connaissait pas. Il consultait plusieurs fois son téléphone même à table, brisant ainsi la règle de la maisonnée, qui interdit tout usage de téléphone, lorsqu’ils sont ensemble, à la maison. Il était tout simplement…différent. Fola a beau insister, Marc demeurait muet comme une carpe sur ce qui le tracassait.

Marc pose enfin la télécommande sur la petite table centrale, puis se dirige d’un pas nonchalant vers la table à manger. Il force un sourire à l’endroit de son épouse avant de s’asseoir. Il rend grâce puis se met à ingurgiter machinalement son repas. Du riz. Il mangeait sans grand appétit ; de petites bouchées consciencieusement mâchées avant d’être avalées. Il n’a  pas sorti son regard du plat, et ne s’est même pas rendu compte que sa femme le regardait, intriguée, tracassée. Il vide son verre de jus de gingembre, pour retourner s’affaler dans le canapé, devant la télé.

Fola n’a pu toucher à son plat. Elle chasse rapidement une larme naissante, inspire profondément puis d’un pas décidé, marche vers son mari. Elle s’installe à côté de celui-ci, et se blotti contre son flanc droit. Elle prend la télécommande afin de réduire le volume du poste téléviseur.

Chéri, entama t’elle, tu as quoi ?
Je t’ai déjà dit qu’il n’y a rien.

Déçue, elle s’en retourne ranger la table, puis va se coucher, après avoir vérifié que leur fille dormait. Incapable de dormir, elle se met à repenser à tout ce qui se passe entre son mari et elle, depuis deux mois. Ce désintérêt soudain pour la vie de famille, cette froideur, cette distance…très souvent n’ont qu’une seule source : l’infidélité. Marc voit-il une autre femme ? Pour sûr, quelque chose ne va pas ; quelque chose tracasse son homme. Quoi ? Celui-ci ne veut rien lui dire.

Marc, à nouveau seul devant la télé, se remet à réfléchir. Deux mois déjà qu’il ne fait que ça. Deux mois déjà qu’il explore les pistes, jauge la menace, et planche sur la démarche à suivre. Deux mois déjà qu’il ne dort plus convenablement. Bref, il y a deux mois qu’il a découvert qu’il était sur le point de perdre une chose chèrement acquise. Et cela lui est inconcevable. Il lui faut éviter le pire. Il y allait de l’intérêt supérieur de sa famille.

                           *

Ce jour-là, j’étais avec le Pasteur de ma paroisse, afin d’avoir son avis sur un problème qui me tenait particulièrement à cœur. Nous étions dans son petit bureau, l’horloge affichait dix-neuf heures passées de  quelques minutes. Le silence qui régnait dans le bureau pendant que l’homme de Dieu réfléchissait à sa réponse, n’était troublé que par l’appel mélodieux du muezzin de la petite mosquée à une rue plus loin de la paroisse. Le catéchiste se met à articuler sa réponse lorsqu’entra sans crier gare, une femme à bout de souffle

Fola s’assit lourdement sur la chaise à côté de moi sans m’accorder le moindre regard. Elle salua le catéchiste entre deux sanglots, puis se mit à raconter une histoire qu’on avait du mal à suivre, à cause des pleurs et de l’essoufflement. Lorsqu’elle réussit à se calmer enfin, tel fut son résumé :

Mon mari me trompe. Il voit une autre femme. Il ne mange plus à la maison, il ne me parle plus, il ne me fait plus l’amour. Je n’en peux plus.

Où est ton mari en ce moment, s’enquit le pasteur ?
Dehors avec sa maitresse, certainement ; il n’est pas encore rentré.

Confus, j’ai voulu m’en aller, les laisser seuls. Mais le Pasteur m’en dissuada, d’un regard. Il obtint le numéro de Marc, puis l’appela. Le premier appel resta sans réponse. Marc ne put décrocher l’appel qu’à la troisième tentative. La conversation fut brève. Le Pasteur lui demanda de passer à son bureau le plus tôt possible. Dix minutes plus tard, Marc fait également son entrée dans le petit bureau mal ventilé du pasteur. Il nous dévisagea tous, avant de poser son postérieur sur une chaise, sur invitation du maître des lieux.

« Bâtard-là », ai-je pensé.

Les salutations sont rapidement effectuées, le pasteur plante le décor, puis donne la parole à la femme, en premier lieu. Fola reprit mot à mot son discours de tout à l’heure. A la fin de son réquisitoire, parole fut remise à Marc pour sa plaidoirie.

Pasteur, j’avoue que cela me mets un peu mal à l’aise mais voilà ce qui se passe réellement : quand j’ai commencé par travailler, j’ai essayé de mettre ma famille à l’aise, dans tous les sens du terme,  et ma femme peut en témoigner. Il y a huit mois, j’ai réussi à acheter un terrain, et le vendeur a accepté que je paye en plusieurs tranches. Entre temps, l’accouchement de ma femme a fait que j’ai mis un arrêt au payement des frais du terrain. Il y a deux mois de cela, je me suis rendu sur le terrain avec quelques jeunes, histoire d’ôter les hautes herbes, et comme vous savez, prouver qu’il y a déjà quelqu’un dessus. A notre arrivée et à mon grand étonnement, je trouve une construction en cours sur mon terrain. Un chantier d’une villa. Les fondations sont faites, et les murs sont déjà au niveau de ma taille.
Mon vendeur m’a juré sur tout ce qu’il avait de sacré, qu’il n’a revendu le terrain à personne d’autre. Pourtant, les travaux en cours ne sont pas miens. Actuellement, la construction est à l’arrêt, et depuis, je me rends sur le terrain pour guetter le moindre ouvrier, et connaître l’identité de la personne qui ériget une villa sur mon terrain à moi. Mais rien, personne. Comment voulez-vous que je me sente dans ces conditions ? J’ai demandé conseil à des huissiers et avocats, mais leurs avis ne concordaient pas.
Hier j’en ai discuté avec un ami, et il m’a proposé une solution radicale…

J’étais là en train de secouer la tête en me disant « femme deh ! Vrais soucis sur le monsieur, elle accuse d’adultère. ». Sans y être invitée, la femme prend la parole toute affolée :

Chéri, j’ai effectivement vu le reçu provisoire d’achat de terrain. J’ai attendu plusieurs semaines, tu ne m’a rien dit à propos. Grâce au plan de situation, je suis allé connaître le terrain que tu as acheté. C’est au moment où je t’ai parlé de ma probable augmentation salariale. On nous a accordée des primes de fin d’année au boulot. J’avais assez d’économie, vu que c’est toujours toi qui gère tout à la maison. J’ai alors décidé de lancer la construction d’un petit truc sur le terrain pour te faire une surprise, une fois que… Marc, c’est moi qui ai lancé la construction sur ton terrain.

« Oh Shit », ai-je pensé ! Le pasteur demeurait silencieux, et regardait le couple, incrédule.

Pourquoi as-tu fais ça ? Pourquoi ne m’as-tu rien dit, pourquoi, reprit Marc?
Je voulais te faire la surprise, je sais que tu as assez dépensé ces derniers mois. Je ne voulais surtout pas que tu sois victime d’une double vente, en laissant le terrain nu. Donc dès que j’ai eu le devis, j’ai lancé les travaux. Mais… Oh seigneur…
Marc, fit le pasteur, pourquoi n’as-tu rien dit à ta femme, depuis le début ?
Pasteur, je voulais lui en parler après avoir payé la totalité du prix du terrain. Je voulais… Oh Seigneur.
Et… Marc, quand tu dis que ton ami t’a proposé une solution radicale, il s’agit de quoi exactement, demanda Fola.
Seigneur, répondit Marc en éclatant en sanglot.
Il y a quoi, reprit le Pasteur.
Comme le constructeur était inconnu, on a décidé aussi de démolir la construction sans se faire remarquer, pour remettre le terrain à nu, parce qu’on sait tous comment ça se passe, avec la justice, dans ce genre de choses.
Marc et Fola pleurèrent de concert. Une bonne dizaine de minutes. « MERDE », ai-je encore pensé. Quand ils se ressaisirent, le Pasteur prit la parole :

Vous voyez, dans le Jardin d’Eden, le serpent vint s’adresser à la femme en l’absence de Adam. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait pendant qu’ils étaient ensemble ? Pendant ce temps, Adam était où ? Chercher à manger ? Trouver du bois mort ? Chercher une autre femme ? Mais est-il que le diable ne s’est introduit qu’au moment où Adam fut loin d’Eve.
Pourquoi Eve n’a-t-elle pas attendu le retour d’Adam pour lui présenter la pomme, afin qu’ensemble, ils décident de quoi en faire ? Pourquoi en a-t-elle directement mangé, en l’absence de son Homme ? Pourquoi Adam se contenta de manger quelque chose à lui présenté par sa femme, sans trop de résistance ?

Moment de silence…

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Les jeunes, reprit-il, moi-même je n’ai pas les réponses à ces questions. Mais je sais une chose, Marc, si tu laisses Fola seule, si tu prends tes distances, si tu t’éloignes d’elle, si tu lui cache des choses, le diable l’approchera, lui présentera une pomme, sous forme d’amant, d’amies, de salaire, d’augmentation, de primes, ou tout ce que vous voulez. Elle croquera cette pomme en ton absence, en dépensant cet argent sans ton avis. Et comme par un quelque orgueil déguisé en intention noble, elle t’aurait caché ses desseins, ses plans, son chantier. Et comme tu refuses de te rapprocher de ta femme en lui confiant tes tribulations, tu iras détruire ce qu’elle a construit.
En fait, vous deux, aurez tout simplement détruit l’ouvrage de vos vies, parce qu’à un moment, vous avez voulu faire cavalier seuls. Le mariage suppose une équipe, une unité ; une présence, un dialogue constant, un partage sans cesse. Ce que vous venez de faire, vous auriez dû le faire depuis, sans recourir à moi ou à quelque personne. Vous n’avez besoin de personne pour parler, échanger, discuter, dialoguer. Vous cherchez à vous surprendre l’un et l’autre ? Cela est bien. Mais on peut toujours dire à l’autre « je te réserve une surprise », surtout quand celle-ci est si grande. Vrai ou faux ? (…)

(…)

Je ne vais pas faire long. Je m’arrête là. Quand j’ai quitté le pasteur et le couple, je suis rentré chez moi prendre mon ordinateur pour coucher ces mots. Bonsoir chez vous, chers lecteurs.

Eyi Zandé


Ces canevas de réussite à revoir

Bien le bonjour à vous chers lecteurs ! Je vous espère prospères à tous égards…

Depuis cette histoire de Couchsurfing, je n’ai plus vraiment eu de discussions argumentée, avec mes frères. Mais bon, je n’ai plus des envies de meurtre alors je suis redevenu fréquentable. [Ceci est un vieil article rédigé en 2014, mais remis à jour.]

La semaine passée donc, Mohamed, l’un de mes petits frères, me rejoint dans ma chambre alors que je finissais une lecture imposée par la galère ambiante qui suit généralement les périodes de fêtes. Il tergiverse une dizaine de minutes, avant d’engager une discussion qui retient mon attention. Sa question était toute simple : Où comptais-je acheter mon terrain plus tard ? Quel type de maison ai-je envie de construire ?

Vous savez, ces questions existentielles qui vous obligent à vous projeter de 10 ans dans l’avenir, alors que vous éprouvez des difficultés immédiates. C’est drôle, je m’étais également posé la question quand j’avais son âge. J’ai eu un rictus en repensant à ma conception de la chose, à l’époque. Je lui ai retourné la question, histoire de savoir ce qu’il avait en tête lui. Sa réponse ?

« 

Tchalé, Moi j’ai hâte de quitter cette maison ; je me tape deux bons lots pas loin de Zanguéra ; c’est loin de la ville, c’est calme et plein d’opportunités. Je me construis une belle maison à étage pour moi et mes enfants, et je prévois quelques chambres à louer, pour m’assurer une source de revenus mensuels.
Et puis, on sera là-bas tranquille ; pas de soucis, pas d’oncles qui débarquent sans prévenir, pas de tante qui vient regarder dans la marmite de ta femme, pas de petits neveux qui viennent mendier, rien de tout ça. Tranquille. Vivre tranquille.

»

Bref, le rêve togolais. Des aspirations tout à fait censées et nobles. Quel jeune homme bien né ne penserait-il pas à quitter le giron familial pour créer sa propre cellule ailleurs ? Eh bien, j’ai tranquillement refermé le livre de Gérard Zwang que je lisais, vidé mon verre d’Awooyo, afin de mieux réfléchir à ma réponse.

Et ma réponse, je l’avoue est assez nuancée, selon qu’on soit issue d’une famille polygame simple, d’une famille polygame à problèmes, d’une famille monogame simple, d’une famille monogame à problèmes, d’une famille… Bref, vous aurez compris, les schémas ne se ressemblent pas.

Et si vous cherchez à savoir dans quel schéma s’inscrit le raisonnement de mon petit frère, ou mon raisonnement à moi, eh bien nous sommes d’une famille méga polygame, sans problèmes [pour le moment]. Et j’insiste sur le « pour le moment », car seuls certains pourront comprendre. Ne nous dispersons pas, cependant.

Quitter le gîte familial est un must. A partir d’un certain âge, la chambre du collège devient exiguë, la chambre d’étudiant devient inadaptée ; quand on commence par assumer certaines responsabilités, la garçonnière n’est plus du tout indiquée ; surtout pour une vie à deux, quand on se met en couple. Couper certains cordons devient tout simplement obligatoire.
Mon problème se situe dans la manière et les conditions de quitter le cocon familial pour voler de ses propres ailes.

« Moi j’ai hâte de quitter la maison »

Je l’ai expressément mis en exergue dans la réponse de Mohamed, pour rebondir dessus. Le mot qui peut résumer cette phrase est « précipitation ». Si nous sommes d’accord qu’en matière de plan de vie, il ne faut pas se précipiter, nous tergiverserons néanmoins sur le « quand quitter la maison familiale ».

Comme je l’ai dit au départ, les schémas diffèrent. Certains quittent la maison familiale parce qu’on les a mis dehors (mon père m’a mis à la porte plusieurs fois, si vous voulez savoir); certains parce qu’ils viennent d’avoir un certain âge (être en serviette et croiser ses parents dans le couloir, en allant prendre sa douche…); certains parce qu’ils veulent éviter toute rixe avec les autres frères (les bagarres et autres dans les maisons familiales à Cacaveli hein…) ; d’autres parce qu’ils partent étudier ailleurs, parce qu’ils viennent d’avoir un emploi ;  d’autre encore parce qu’ils ont juste envie de faire comme leur camarade de même âge.

Et très souvent, la question qu’on murît le moins est:

Quitter la maison familiale pour aller où ?

Bernard, un ami, est un jeune employé qui s’est pris une villa dans une des nouvelles cités en construction grâce à un prêt immobilier. Quand il a commencé par travailler, il a encore vécu plusieurs années dans la maison familiale, malgré son nouveau train de vie.

Mocktar, un autre ami, a quitté la maison familiale dès son premier emploi, pour prendre une petite villa dans une petite cour commune en location. Il a acquis un terrain quelque part (il n’y a plus de terrain à Lomé, en tout cas), grâce à un prêt.

Gildas, un autre ami à moi, vient de regagner la maison familiale après l’avoir quitté il y a deux années pour une cour commune dans laquelle j’éprouve des réticences à lui rendre visite.

En fait, Bernard et Mocktar ont le même âge, le même salaire, car travaillant à des postes similaires dans la même boite. Donc, à rémunération égale, Bernard vit dans une cité, avec tout ce qui va avec (hôpital privé select, école privée selecte, centre commercial select, piscine selecte…bref, niveau de vie select avec dépenses selectes.). Bien sûr il est sous prêt, mais au bout de quelques années (quoi, 20 ans au plus ?), il sera plein propriétaire de sa villa, avec titre foncier, dans une cité… Au même moment, Mocktar payera son prêt pour un terrain nu. A la fin de son prêt, il devra en lancer un autre, pour débuter la construction, ainsi de suite…jusqu’au jour où, soit la construction soit complètement terminée (finition, eau, électricité…), soit il soit fatigué de payer le loyer et décide d’emménager dans la maison comme ça, en espérant [vouloir/pouvoir] finir après.

Je préfère ne pas dire que d’ici 20 années, l’un et l’autre pourront se marier, pourront avoir des enfants, et tout ce qui pourra aller avec.

Gildas quant à lui, fut fatigué de payer pour une pièce dans une cour commune où le proprio n’a de respect pour personne, et où les [nombreux] voisins n’offrent aucun répit ni aucune quiétude. Mon frère, mieux tu rentres à la maison payer les factures d’électricité et avoir la paix du cœur.
Vous l’aurez compris, les schémas de vie ne sont point identiques.

Après, il faut être prêt.
Pour beaucoup, nous quittons la maison parce qu’on ne veut plus avoir à rentrer avant une certaine heure ; on ne veut plus avoir à justifier ses fréquentations ; on ne veut plus avoir peur de ramener telle fille à la maison ; on ne veut tout simplement rendre compte à personne.
Se mettre à son propre compte, c’est être prêt à ne rendre de compte à personne d’autre qu’à sa conscience ; c’est être capable de faire le tri dans ses fréquentations ; c’est être capable de se faire violence et rigueur pour avoir un certain rythme de vie quelque peu normal ; c’est devenir son propre père et sa propre mère, à défaut d’être père et mari pour d’autres êtres.

A ma réponse à l’endroit de mon petit-frère, j’ajoute mon désarroi face à l’obsession du togolais de s’acheter un terrain vaille que vaille. Quelle que soit sa bourse, le togolais veut être propriétaire d’un lopin de terre. A croire que c’est signe d’accomplissement ou de réussite. Je disais à mon frère, qu’un prêt est plus utile lorsqu’il est investi dans l’éducation que dans l’acquisition d’un terrain. Il a ri. Mais je l’ai compris. Le jour où, entre acheter du ciment et envoyer son gosse dans une très bonne école, il aura à choisir, il rira moins. Et j’espère qu’il fera le meilleur choix.

La notion d’accomplissement est relative ; l’aune de la réussite sociale ne pourra être universelle. Elle est sujette au point de départ de chacun, et à son arrivée. Mais je reste convaincu d’une chose, à un certain moment, il faut partir. Un peu comme la graine qui meurt avant de germer, un peu comme la main qui donne afin de recevoir, Le bon moment ? A chacun de le déterminer.

Eyi zandé.


Profession: blogueur (?)

Je vous adresse mes cordiales salutations, chers lecteurs.

Ceci est un article que j’ai pensé et repensé plusieurs fois, avant de le rendre public. Peut-être l’ai-je mal pensé. Mais je m’en fous désormais. Ceci n’est pas un bilan personnel, ou toute cette littérature stérile à laquelle se livrent les internautes. Vous êtes probablement lecteur de ce blog depuis sa création en 2012, ou pas. Mais si c’est le cas, vous saurez que l’année qui s’écoule, fut la moins prolixe sur cet espace ; 2015 est l’année où j’ai été le moins présent sur ce blog, en matière d’articles. Paresse ? Panne d’inspiration ? Occupations ? Préoccupations ? C’est un peu de tout cela.

2015 a été l’année où, loin de tout engagement prétendu, loin d’une quelconque cause à porter et à défendre, l’année où j’ai été le plus confronté à moi-même. 2015 a été l’année où je me suis le plus regardé dans le miroir, après avoir vu mes propres photos que je publiais ; 2015 est l’année où ma conscience me demandait des comptes après avoir publié des histoires sur les réseaux sociaux… 2015 a été l’année où j’ai distribué le plus de cartes de visites, tout en me présentant comme autre chose que ce qui y est inscrit ; 2015 a été l’année où il a fallu se positionner.

Chers lecteurs, chers amis, je serais ingrat, sinon idiot de dire que ce blog ne m’a rien apporté. Cette magnifique famille que vous êtes à travers le monde, ces formidables amis que je me suis faits çà et là, ces chaleureux foyers prêts à m’accueillir partout où mes pas pourront me porter, je le dois essentiellement à ce blog, et à la plate-forme qui l’héberge. Sachons raison garder, je ne dirai pas que je ne suis rien sans ce blog ; mais ce que ce blog m’a apporté en 3 années d’existence est tout simplement inestimable. Je ne jette de fleurs à personne en particulier (je suis allergique au pollen), mais oui, envers ce blog, j’ai une reconnaissance éternelle.

Cependant, si la question m’est désormais posée, je répondrais : je ne suis pas blogueur. Ma profession n’est pas « blogueur », parce que justement cela ne répond à aucune catégorie professionnelle, et je ne vis pas de mon blog. Personne ne me paye pour les articles que je publie, je ne reçois ni rémunération, ni défraiement, mais aussi et surtout, vos mentions « like », vos RT et autres ne payent pas ma bière.

D’autre part aussi parce que je suis citoyen d’un pays où on n’a point besoin d’autorisation préalable pour créer un blog. Contrairement à ces pays où il faut s’inscrire sur une liste étatique, avoir une autorisation, subir des contrôles, frôler les geôles, au Togo, il faut le reconnaître, la liberté d’expression nous est plus ou moins accordée.

En Arabie Saoudite, on est fouetté pour des articles de blog qui dérangent.

La question pourra être posée autrement : est-ce que j’attends d’être payé pour écrire ? Non (quoique je ne refuserai pas). Mes écrits changent-ils quelque chose ou quelqu’un quelque part en ce monde ? Peut-être ! N’est-ce pas là une satisfaction morale ? Cela ne paye pas les factures !

Je suis adepte du bloguer utile ; mais je ne suis pas de ceux qui pensent que le blogueur doit impérativement être engagé pour une cause. On peut s’engager pour la beauté de la grammaire. La sempiternelle question de l’art pour l’art…

J’en suis arrivé au point où, il ne suffit plus de bloguer pour exister. Il ne suffit plus de se présenter comme blogueur pour se donner une quelconque contenance sociale. Oui, grâce à mon blog, j’ai pu interpeller plein de personnes, et mêmes des personnalités sur des sujets précis. Grâce à mon blog, j’ai eu à m’asseoir à des tables de discussions avec des gens que je n’aurai jamais rencontrés si je n’écrivais pas. Mais une discussion politique avec le Président de la République ne se mentionne pas sur un Curriculum Vitae. Vous pensez être incontournable, parce que pleins de gens veulent écrire et interagir avec vous. Au finish, vous êtes celui qu’on utilise pour de la visibilité, et qu’on oublie très rapidement parce qu’au fond, vous n’êtes pas plus qu’un gadget à la mode. 

Je me refuse de m’ériger en donneur de leçons pour les camarades blogueurs qui émergent, grâce à leur talents et à leur détermination. Mais je sais une chose, la course aux likes sur les réseaux sociaux est d’une vanité sans pareille. Et je ris ouvertement chaque fois que l’un d’entre eux se présente comme « blogueur ». J’ai juste envie de lui demander son numéro de sécurité sociale.

Avoir de l’influence (qui se limite aux réseaux sociaux), c’est bien. Mais avoir de la compétence à revendre et à monnayer, c’est encore mieux ! La génération « Y » est celle à laquelle on raconte des fables selon lesquelles le diplôme seul ne suffit pas. L’avènement de l’Internet, et la vulgarisation des terminaux mobiles a créé pleins de métiers bâtards qu’on peut exercer sans formation préalable. Ainsi, sans aucune formation en communication, les gens se ruent sur la communication digitale parce qu’ils sont blogueurs ; tout le monde devient Community Manager parce qu’ils savent faire des calques dans Photoshop ; les gens sont devenus expert dans des matières dont ils ignorent grand-chose à force d’en parler à longueur de tweet.

Oui, le blog permet de voyager (là aussi, ce n’est pas donné) ; oui le blog se fait assez pertinent dans une procédure de recrutement ; oui le blog, oui le blog, oui le blog, oui le blog… Si le blog suffisait pour être, David Kpelly serait déjà Secrétaire général de l’ONU.  On n’a pas besoin de diplôme pour tenir un blog ; mais tenir un blog quand on est cadre à la BCEAO, c’est encore plus classe !

Parce qu’à certains moments de la vie, l’on n’est plus jugé sur les convictions prêchées sur les réseaux sociaux, mais sur les accomplissements professionnels et personnels, sur les compétences intrinsèques, et disons-le comme nous le sentons, sur l’indépendance financière (en même temps, il fait pas mignon d’être riche et con).

Ceci est certainement mon dernier billet de l’année 2015. Je place, en ce qui me concerne, l’année à venir, sous le signe de l’apprentissage, et du véritable accomplissement ; celui qui se fait derrière les écrans d’ordinateurs, celui qui se passe en dehors de tout réseau prétendu social. Ceci est probablement mon dernier article publié à cette adresse. Cela ne veut pas dire que j’aurai cessé d’écrire.

J’écrirai ; je continuerai d’écrire. Non pour n’exister qu’au travers de vos clics et like, mais parce que je prendrai rien que du plaisir à le faire. Mais d’ici là, je vais me chercher une profession, une vraie.

Excellente fêtes de fin d’année, très bonne et heureuse année 2016 à tout un chacun ! Sachez-le, il sera fait à chacun selon sa foi !

Eyi zandé !

Merci à tous


Lettre d’un père à propos du mariage

Mariage.  Crédit photo: Aphtal CISSE
Mariage.
Crédit photo: Aphtal CISSE

 

Lecteurs bonjour.
Ceux qui me font l’honneur d’une franche amitié au-delà de ce blog savent que, ne vivant plus dans la même ville que mon père, nous avons fait le pari de discuter par lettre interposée. Nous sommes Kotocoli, nous n’envoyons donc rien via la Poste. La Station de bus Agbalépédo sert un peu à cela aussi. Et nous discutons de tout et de rien, de sujets sérieux ou pas.

 

 

J’ai décidé de partager avec vous le contenu de sa dernière missive, quoique je passe volontairement certains aspects personnels sous silence.

«
Comment tu vas, Aphtal ? Tes frères, ta mère ? (…)
C’est avec amusement que j’ai lu ton dernier courrier. Je l’ai parcouru à plusieurs reprises, d’ailleurs. Il m’a fait rire à certains endroits, m’a fait songer, à d’autres. Vois-tu, fils, j’ai volontairement omis de répondre à tes dernières missives, car le débat sur le conflit de génération n’étant pas épuisé, tu ne pourras pas comprendre mon point de vue sur ton mariage prochain.  Je demeure convaincu que ceci pourrait expliciter cela. Je vais cependant essayer de faire comprendre mon point de vue, en espérant que tu reviennes sur l’autre sujet, une fois que tu auras assez d’arguments.

Aphtal, je ne suis pas contre ton mariage. Je ne m’y oppose pas. Le point sur lequel j’aimerais attirer ton attention, est que je n’aimerais pas que tu te maries juste pour prouver quelque chose. Je ne souhaite pas que tu te serves de cette union comme un instrument de rébellion, ou un énième signe de ta démarcation des autres.

Je me garde de te demander si c’est la bonne, si elle est vraiment faite pour toi. J’ai lu la description que tu as faite d’elle, j’en ai presque eu les larmes aux yeux. Ta tante m’a parlé d’elle, je suis convaincu qu’elle te convient. Cependant, Aphtal, est-ce que ta fiancée nous convient à nous, ta famille ? Ta femme plait-elle à tes frères, à ta mère ? A ta famille ?

Je ne cesserai jamais de vous le dire ; les critères égoïstes sur lesquels vous choisissez vos femmes vous perdront tous. C’est bien, de penser vivre avec son épouse, sur une colline éloignée des bruits de la ville, et surtout des bruits de la famille. Mais le jour où tu seras incapable d’apporter une aide à tes frères parce que tu auras peur de ta femme, alors ton mariage aura échoué ; le jour où tu te sentiras obligé de te cacher avant de tendre une enveloppe à ta pauvre mère, parce madame n’appréciera pas, alors, fils, tu comprendras ce qu’être malheureux en ménage.

Parce qu’à partir de ce moment, tes frères, tes sœurs cesseront de te fréquenter afin de ne point troubler la pseudo-quiétude de ton couple ; à partir de ce moment, ta famille, celle que tu n’as pas choisie, te vomira. Tes neveux grandiront loin de tes yeux, loin de tes enfants, leurs cousins.  Tu vieilliras également, loin de leurs yeux, loin de leur pensée. Mais sache qu’après t’avoir oublié, ils garderont un peu d’affection pour laver ton cadavre et le mettre sous terre, là où tous tes parents reposeront.

Je suis assez admiratif des marques d’affection que vous autres jeunes d’aujourd’hui, ne cessez d’avoir envers vos femmes. Vous les prenez par la taille, vous vous embrassez à chaque coin de rue… J’admire cette nouvelle façon d’aimer. Ce qui est drôle, c’est que nous, vos parents, avons fait l’Occident ; nous y avons vécu, étudié, travaillé, avant de revenir au pays. Nous qui étions chez eux, nous ne faisons pas comme eux. Vous qui, aujourd’hui, malheureusement, n’êtes jamais allé nulle part, faites mieux qu’eux, chez vous. Et tu refuses d’admettre que c’était mieux avant ?

Votre plus grand problème, vous nos enfants, c’est que vous faites tellement de concessions, que vous renoncez à votre personnalité. Seuls les imbéciles ne changent peut-être pas ; mais ceux qui changent juste pour plaire à autrui, ceux qui changent au point de ne plus se reconnaître ne sont pas dignes de l’adjectif d’imbécile ; ils sont pis que ceux-ci.

Par expérience, fils, c’était mieux avant. Il me souvient ta virulente impression sur l’expérience, que tu qualifie d’être une lanterne portée dans le dos qui n’éclaire que le chemin parcouru. Je ne t’ai jamais demandé de me ressembler, mis à part la seule fois où je t’ai demandé d’opter pour des études en médecine. Depuis, il m’est devenu difficile de te faire faire quelque chose. Et depuis, je n’ai cessé d’admirer ton franc-parler, et ces discussions dans lesquelles tu t’opposes à moi, quand tous tes frères se taisent.

Vous, jeunes d’aujourd’hui, passez tellement votre temps à vous opposer à nous que vous avez réussi à être ce que nous n’avons pas été ! Vous êtes de plus en plus lâches, de plus en plus menteurs, de plus en plus manipulateurs, et fortement irrévérencieux envers les femmes, vos femmes ! Vous êtes incapables de vous contenter d’une seule, et vous brandissez l’une d’entre elles tel un trophée dont vous êtes fiers, puis vous courez entretenir des relations extraconjugales ! Procruste.

Vous pensez que nous autres, n’avons pas de cœur à aimer ; vous pensez que nous sommes incapables de nous attacher. Et pourtant, vous, quand votre téléphone est en panne, vous préférez en acheter un nouveau, alors que peu aurait suffi à réparer l’ancien. Vous faites idem avec les femmes qui ne représentent rien de plus qu’un vulgaire appareil à la mode, pour vous. C’était mieux avant, parce qu’avant, fils, il n’y avait pas de problèmes sans solutions dans le couple. Vous, vous changez tout simplement le problème, sans jamais en résoudre un seul.

La polygamie que tu décrie tant n’est que la manifestation de notre courage à aller devant une femme avec un langage de vérité, de franchise. Etait-ce égoïste ? Nous avons pu être les seuls brebis à nous abreuver à plusieurs sources. Qu’en est-il de vous ? Vous errez de femmes en femmes, plus insatiables que vos pères à qui vous prétendez ne pas ressembler. Et vous faites pire qu’eux, car n’ayant plus d’amour-propre, vous acceptez être plusieurs brebis à boire à la même source, aussi boueuse soit-elle.

(…)

Fils, oui vous ne nous ressemblez pas, et nous n’en pleurons pas. Vous n’êtes pas nous, jamais vous ne serez comme nous. Vous trompez vos épouses, et pis, vous vous mentez à vous-même ! Continuez de verrouiller vos téléphones, n’ayez de cesse de supprimer vos messages. Vous ne faites que retarder la fatidique échéance où vous devenez comme nous ; cette étape, ce moment où vous devenez dur, ce moment où vous refusez de rendre compte à votre épouse sur vos fréquentations ; ce moment où vous devenez tout simplement vous, ce moment où vous devenez enfin un homme. A ce moment, vous vous reprocherez d’être devenus, comme vos pères, de vils individus froids et volages. Mais à ce stade, vous ne serez pas devenus comme nous, Aphtal ; vous serez juste redevenus le salaud que vous avez toujours été, et que vous avez su si bien cacher, toutes ces années à une jeune et belle demoiselle qui croyait en vous, qui vous croyait différent, qui croyait vous connaître, vous maîtriser. Parce que vous lui aurez fait penser que c’était le cas ; dans votre légendaire lâcheté, vous aurez été incapable de lui fixer des limites, vous aurez été incapables d’exiger de votre femme ce que vous désirez réellement.

Aphtal, j’ai vu ma mère nous faire à manger au feu de bois, dans une cuisine austère, sans grands moyens, et même parfois sinon souvent, sans l’argent du marché. Cela n’en fait pas moins une femme de caractère, une femme au grand cœur. J’ai vu ta mère, et toutes tes mères d’ailleurs, nous faire à manger avec du charbon de bois, à une époque où le gaz domestique était… disons délicat. Je passe sous silence le nombre de fois où elles m’ont tenues par le col de la chemise dans le silence de notre chambre à coucher, après que j’ai fait l’homme au salon.

En ce qui vous concerne, vous équipez vos épouses de gaz domestiques, de four micro-ondes, d’allume gaz, de frigo, et de tous les ustensiles de cuisine à la mode. Mais elles exigeront que vous sachiez cuisiner vous-mêmes. Et vous le ferez, parce que vous pensez que c’est la meilleure façon d’aimer une femme ; vous pensez que nous autres, vos pères, n’étions que de vulgaires macho qui se vautrent dans le salon en attendant que les femmes fassent cuire la croute. Les temps changent, si ? Le temps où tu réveillais ta mère à 14h ou à 22h pour qu’elle te fasse à manger a changé. Le temps où ta mère rentrait rapidement durant sa pause vous faire à manger a changé.

Et le temps où vos mères opéraient des miracles avec le peu de moyens mis à leur disposition a changé. C’est le temps de l’indépendance de la femme, de son émancipation. Un autre débat que nous aurons. Je me suis toujours méfié des concepts que nos frères comprennent mal. L’islam, le christianisme, le féminisme n’ont de pervers que la compréhension qu’en font les nègres.

Je ne suis pas contre ton mariage, fils. Cependant, es-tu prêt ? Es-tu prêt à rester ? A t’arrêter ? Un conseil fils. Avant de chercher à la connaître, regarde toi plus souvent dans un miroir. Tu découvriras des choses que tu te caches à toi-même.

Est-elle prête ? Est-elle prête à rester ? Non malgré tout, non à cause uniquement des enfants. Mais est-elle tout simplement prête à rester ? Prends soin de ta femme, ne lui laisse manquer de rien ; ni de ton temps, ni de ton amour, ni de ton affection, ni de rien d’autre. Cependant, garde-toi de donner plus d’importance à l’âne, de peur qu’il ne s’invente des cornes.

Nous sommes nous autres à notre place ; celle que vous nous avez attribué ; du haut de notre trône d’hommes froids et peu aimants, nous vous regardons. Faites-donc !
(…) »

Eyi zandé

 

 


Cinq idées reçues sur le Kotocoli

Avant tout propos, chers lecteurs, j’aimerais une fois de plus vous rappeler que je suis Kotocoli moi-même, et extrêmement fier de l’être. Très honnêtement, dans ce foutu pays, il n’y a pas ethnie plus noble, plus douce, plus agréable que la nôtre. Wallahi. Si j’étais président, je ferai des Kotocoli une « race aryenne ». Wallahi. [Bruit du crachat au sol].

J’écris ce billet pour rectifier certains torts qui sont faits à mon ethnie. Les gens, oui même toi qui me lis actuellement avec un sourire narquois dans un petit bureau pas loin de la plage, les gens ont de ces petites et combien désagréables anecdotes qu’ils attribuent rapidement aux miens. Je les ai recensées, pour vous dire que vous avez tout faux ; que vous êtes gratuitement médisants, que votre mauvaise langue vous perdra. Wallahi.  

 

idee-recue

 

Cliché 5 : le Kotocoli ne fréquente pas l’école des Blancs 

 

Fransma [franchement], si je n’avais pas fréquenté, seriez-vous ici, actuellement sur ce blog à me lire ? Hein ? Ce que j’écris là, n’est-ce pas la langue du toubab ? Où diantre êtes-vous allé chercher que nous autres, Kotocoli, n’allons point à l’école ? Moi qui vous parle là (enfin moi qui vous écris là), j’ai fait l’école primaire publique Komah II, pour rallier l’école privée « Mon OVNI » [Mon avenir], à Sokodé, avant d’arriver à Lomé. Tô [Alors], est-ce que ce que j’écris là, vous ne comprenez pas ? N’est-ce pas du français ? Hein ? Bon, oui je reconnais que nous avons une façon particulière de prononcer certains mots. Par exemple :    

Français KotocoliFrançais vrai vrai.
Serre.Sœur
La glace.La Grâce.
DGDéchet.
Locataire (lire très rapidement)Docteur
Flair.Frère.

Oui, je reconnais que nous avons notre façon personnalisée de parler français. Mais qui n’en a pas ? N’avez-vous jamais entendu un Kabyè parler français ? Un Losso, ou un Moba ? Hein ? Français-Sénégalais là, vous y comprenez quoi ? De toute façon, nous nous comprenons nous-mêmes et c’est l’essentiel.

 

Cliché 4 : le Kotocoli aime les couleurs vives

 

Lecteur, si la couleur d’un article ne te plaît pas, mais, tais-toi et achète un autre ou bien ? Pourquoi toujours la ramener genre, « ça fait couleur Kotocoli » ; « c’est un peu trop flashy pour moi, on me prendra pour les gens de Tchaoudjo ». Où est le respect ?

 

Vous dites que seul le Kotocoli porte un costume vert, avec une cravate bleu bonbon, et des chaussures rouge vif. Vous dites que lorsque nous nous habillons, on reconnaît forcément le drapeau d’un Etat africain sur nous. Mais, ne savez-vous pas que nul n’est prophète chez soi ? Ne sont-ce pas les mêmes combinaisons bâtardes que font des vieux Congolais pour mériter le titre de sapeur ?

 

Que de clichés ! Lorsqu’un Lawson ou un Ayayi porte des chaussettes rouges, après avoir noué une serviette avec des petits poids au cou, vous le surnommez « Dandy ». Mais dès que c’est un Ibrahim ou un Moussa qui le porte, direct, c’est un Kotocoli. Pourquoi tant de haine ?

 

Cliché 3 : le Kotocoli est insolent et/ou violent

 

Je devais avoir entre deux et trois ans, à Sokodé. Je suis rentré un soir en pleurs, parce qu’un camarade m’avait frappé, pendant que nous nous amusions. Par instinct, je suis rentré à la maison, afin d’y trouver réconfort et consolation. Mon père m’accueillit avec deux bonnes gifles en disant clairement : « Gros con ! Quand on te frappe dehors, tu frappes la personne aussi, sinon tu restes dehors pour pleurer et tu ne rentres à la maison qu’après avoir séché tes larmes ». Une grande leçon de vie !

 

Lecteur plein d’amalgames et de clichés, le Kotocoli n’est guère violent : il est juste fier et n’aime pas l’inégalité. Tu le frappes, il te frappe. Tu le poignardes, il te poignarde. Tu es plus fort que lui, il se battra jusqu’à faire pitié à ses paires qui se trouveront dans l’impérieuse obligation de lui prêter main-forte. Gars, tu cherches querelle au Kotocoli pourquoi ? Cette histoire de joue tendue proposée par l’autre natif de Nazareth ne passe pas à Tchaoudjo. La vie chez nous, c’est pas la jungle où un plus fort se balade en giflant autrui. Voilà. Nous ne sommes pas violents ; nous sommes un peuple épris de paix, de justice, de tolérance, d’amour réciproque.

 

Pour l’autre histoire de mes deux et/ou trois ans, sachez que je suis retourné dehors me battre avec Wahabou (le môme qui m’avait fait pleurer), jusqu’à le blesser. La nuit après la prière de 19 heures, ses parents sont venus se plaindre, et mon père leur a offert du sparadrap et du mercurochrome en me félicitant vivement. Depuis, ma vie a changé.

 

Donc, vous qui faites votre malin sur Facebook, sur Twitter, et vous manquez de respect aux gens, vous autres à qui on écrit sur Whatsapp vous prenez des jours pour répondre brièvement comme si le soleil se levait dans votre chambre, continuez seulement.

 

Cliché 2 : le Kotocoli aime les substances excitantes

 

A Sokodé, entre deux prières, les hommes se retrouvent autour d’un arbre, en récitant le chapelet, mâchouillant tendrement une tranche de noix de cola, et sniffant de la poudre à tabac. [Carpe that fucking Diem]. Cela n’a absolument rien d’illicite ou d’excitant, cher lecteur. Partout au Togo les gens sniffent de la poudre et mâchent de la cola. Pourquoi pensez-vous que seuls les Kotokoli en prennent ?

 

Idem pour nos frères conducteurs de taxis-bagages (on y reviendra). C’est un vrai régal de sortir un coude par la portière, en coinçant entre les grosses lèvres une cigarette bon marché et cracher de la fumée par les narines. Dès que vous tombez sur quelqu’un comme ça en circulation, de grâce, pensez aussi au Tchokossi, au Watchi, au Bassar, et foutez-nous la paix.

 

Cliché 1 : Il y a une histoire d’amour entre le Kotocoli et les moteurs à propulsion

 

Pour vous, tout ce qui permet de se mouvoir d’un point A à un point B n’a pas de secret pour le Kotocoli. Pour vous, tous les Kotocoli sont conducteurs de taxis-urbains ou de taxis-brousse. Pour vous, le premier diplôme du Kotocoli, est son permis de conduire. Pour vous, l’acteur préféré de tout Kotocoli est Jason Statham.

 

Alors que je me plaignais des dysfonctionnements de ma faculté, à une certaine époque, un copain a eu le courage de me dire « toi au moins, tu as une alternative. Tu es Kotocoli, si la fac ne marche pas, tu trouveras au moins un 15 places à conduire ». Je l’ai traité comme Wahabou.

 

Une autre fois, c’est un camarade qui sort une fable selon laquelle, il était dans un taxi conduit par un Kotocoli lorsqu’un bombardier Asky décolle. Le chauffeur aurait regardé le petit avion de longues secondes, pour dire enfin « ce pilote est nouveau, il a peur. Il n’embraye pas correctement le moteur et ne tire pas assez sur le manche ». Juste pour me dire qu’aucun appareil, ABSOLUMENT aucun, n’a de secret pour nous.

 

Chers lecteurs, je sais que vous en avez encore plein d’histoires à dormir debout, que vous nous attribuez à tort. Chacun y va de son commentaire salace pour nous faire passer pour des gens de mauvaise vie et de mauvais goût. Mais nous, nous restons dignes et fiers. Nous porterons nos boubous jaunes à la Tabaski, nous mâcherons de la cola, tant qu’il y en aura, nous fumerons de la cigarette, nous conduirons les Mazda et les Toyota comme jamais vous n’aurez le courage de le faire, car, tant que le Kotocoli existera, tant qu’il y aura un engin capable de rouler, nous relierons les peuples !

Je vous préviens, je ne tolèrerai pas de commentaires moqueurs sous mon article. Aucune moquerie ne restera impunie. Même s’il faut en venir aux mains. Enfin, je rigole ; je suis pacifique.

Eyi zandé.


Cinq astuces pour se marier à moindre frais

Pour ceux d’entre vous qui encore l’ignorent, j’ai été garçon d’honneur au mariage de mon grand-frère, l’autre samedi, en préparation à mon prochain mariage à moi. Plein de choses m’ont marqué. J’en ai tiré des leçons et je veux bien partager certaines astuces avec vous.

Mariage.  Crédit photo: Aphtal CISSE
Mariage.
Crédit photo: Aphtal CISSE

Je vous préviens, ceci n’est point une ode à l’avarice ou à l’exclusion lors des célébrations de mariages. Mais nous savons tous combien il est coûteux de se marier sous nos hémisphères ici. S’il y a une chose que j’ai apprise, c’est qu’on peut faire un mariage grandeur nature, à moindres frais. Voici comment :

1) La bonne compagne, tu choisiras

Chers amis, je n’ai de leçon à donner à personne, en matière de choix de partenaire. Chacun, en effet, a ses critères. Mais s’il y a une chose qui influe plus ou moins sur le budget, c’est la robe de la mariée et la déco. Et celle qui influe sur tout cela, c’est la mariée elle-même.

Quand elle a regardé trop de dessins animés dans son enfance dans le genre de Cendrillon, le Petit Chaperon rouge, Shrek, et autres âneries dans le genre, quand elle a grandi avec les poupées Barbie et autres conneries du même acabit, elle pense direct à une longue robe. Elle complique toujours les choses, à vouloir revivre les souvenirs d’enfance dans une robe qu’elle ne portera qu’une seule fois. Elle rêve descendre d’un carrosse (ou d’une grosse bagnole, à défaut…) faire une entrée solennelle sur une musique à la Haendel, marcher sur un tapis rougi par le sang de tes années de sacrifices et de privations…

Bref, cher ami, si tu veux réduire le budget déco, prends une femme qui n’a regardé que la troupe « Carré Jeune », dans son enfance, à la télévision nationale.

2) Les étapes du mariage, tu rapprocheras

Une fois l’étape 1 franchie, nous savons tous qu’il faut faire le premier pas, puis vient la dot, le mariage civil, et enfin le mariage religieux. Oui oui, désolé, le scénario où tu te mets à genoux dans un resto pour lui passer la bague au doigt et faire ton intéressant ne marche pas par ici. Laisse cela aux films hollywoodiens. Pour le premier pas, on n’y va guère les mains vides. Pire pour la dot. C’est le moment où il faut récréer toutes les ouailles venues des familles parentes et alliées. Le village de la femme est représenté par une forte délégation. Et si jamais tu as des oncles et tantes qui prétendent t’aimer, ils viendront aussi te « soutenir » ; ou tenir tes sous, c’est selon. Et tout ce beau monde, ça mange.

Pour faire simple, fiance-toi un jeudi, va à la mairie le vendredi, et à l’église le samedi. Pourquoi ? Eh bien, une fois que tout le monde connaît le programme, ils pardonnent facilement l’absence de nourriture lors des fiançailles, se consolant de ce qu’ils ingurgiteront au mariage.

« On est déjà là ou bien ? Mariage là c’est pas demain ? On rattrape ça vite fait », diront-ils. Toi seul sais qu’il n’y aura que de l’eau minérale à la mairie pour ceux qui feront le déplacement. Rendez-vous samedi pour la grande bacchanale.

3) Une paroisse éloignée, tu choisiras

Mon grand-frère, lui, a choisi la paroisse qu’il fréquentait, avant son départ pour le Ghana. Conséquences ? Tous ses amis d’enfance, tous ses copains de catéchisme, tous les membres de son ancienne chorale, toutes les connaissances du quartier ont juré honorer de leur présence son mariage, dès la première publication des bans.

C’est bien. Mais s’il est permis d’aller se marier dans une autre paroisse de son église, pourquoi s’en priver ? Allez faire la publication des bans dans une paroisse où il n’y a pas de risque qu’un seul fidèle vous connaisse, et se sente obligé d’être présent. Si vous êtes à Adidogomé par exemple, aller vous marier à Kélégougan ou à Avépozo. Ça fait en plus une bonne balade pour vous, la Corniche de Lomé. Et si jamais la paroisse que vous avez choisie, en plus d’être loin, est également petite, c’est le jackpot. Les gens détestent être debout. Et s’il faut encore se taper une longue distance pour suivre la cérémonie dehors, ce sont des invités en moins.

4) Après la cérémonie, de nombreuses photos tu prendras.

Ça ne coûte rien de se tenir debout, sur le parvis de l’église, à se faire shooter en compagnie de ses proches et même de gens qu’on ne connaît pas. Faites des images avec tout le monde : pasteurs, catéchistes, presbytères, grande chorale, petite chorale, jeunes femmes, jeunes filles, moniteurs du culte d’enfant, enfants… Faites autant de photos, restez là sur le perron, regardez les gens s’impatienter, s’énerver, regarder leur montre, et même s’en aller. Oui oui, qu’ils s’en aillent. On ne supplie personne de venir se gaver.

5 ) Après la photo, un détour tu feras !

Je n’ai jamais compris les couples pressés de rejoindre le lieu de réception. Les gens vous suivront direct, toute la cohorte sera derrière vous. Ce n’est pas bon pour le budget prévu. Une fois que vous aurez serré assez de mains à l’église, une fois que vous aurez pris assez de photo, remontez à bord du véhicule estampillé « Just Married », et allez vous asseoir dans un bar, ou dans un restau. Objectif ? Se taper chacun deux bouteilles de bonne bière, pour faire retomber la pression des précédentes heures. C’est fou tout le bien que cela fait aux époux, mais aussi au garçon d’honneur, et au chauffeur. Pendant ce temps, les gens s’impatientent de l’autre côté, parce que justement, nul ne boit ni ne mange en absence des mariés.

Traînez dehors, dénouer vos cravates, dégrafez la robe, buvez à gorge déployée, passez une heure de temps, si vous voulez, pour vous tout seuls, avant de rejoindre la petite foule de crâneurs qui aurait attendu jusque-là. Oui, ceux-là méritent qu’on leur serve des bouchées doubles, pour qu’ils mangent et boivent à la place de tous ceux qui ont perdu patience. Ceux-là, on doit tellement bien les traiter ; ils sont les témoins et les ambassadeurs de votre petite fête « grandeur nature ».

Le Togolais ne juge pas un mariage par le nombre de convives, mais par la quantité et la qualité de mets ingurgités.

Au-delà de tout, chers lecteurs, pourquoi se priver de se faire plaisir ? Pourquoi priver ses proches des plaisirs de la nourriture gratuite, de la joie qui va avec, et de toute cette chaleur humaine ? C’est clair que vous ne devez pas vous ruiner pour votre mariage, mais on ne se marie qu’une seule fois. Mettez-vous bien.

Eyi zandé


Le mari, l’épouse, et la coépouse…

Polygamie. Image: Google

« Miva hô nam loooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo »

Voilà le strident cri qui déchira l’épais tapis de calme qui s’était, depuis deux heures déjà, appesanti sur la bourgade de Cacaveli. Le noble astre solaire obligea même les intrépides gamins du voisinage à observer une trêve, sous la broussaille des clôtures environnantes. J’étais, quant à moi, étalé sur une natte dans l’arrière-cour, profitant d’un délicieux espace ombragé régulièrement balayé par un vent relativement frais. Les seuls bruits qui arrivaient jusque-là à me soustraire de ma torpeur, étaient les cris fanatiques que poussait madame sous des refrains mal rythmés du Congolais Fally Ipupa. J’essaye de soulever mon buste afin de mieux tendre l’oreille.

« Miva hô nam looooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo », le cri repartit de plus belle. Plus aucun doute, la vie d’un honnête citoyen était en danger ; ou plutôt celle d’une honnête citoyenne, à en croire le timbre de la voix ; ou encore celle d’une citoyenne pas vraiment honnête, si l’on se fie à la situation géographique de la provenance des cris. Je vous explique brièvement : nous au quartier, ce n’est guère la première fois qu’une dame hurle de la sorte ; ce n’est pas la première fois que la vie d’une femme est mise en danger ; non, non, à Cacaveli, du lieu où j’habite moi, ce n’est pas la première fois qu’une femme, dans un instinct de survie, invite la pitié populaire sur elle. Bien, vous ne comprenez toujours rien, j’en suis certain.

Et si on plantait le décor ?

A côté de chez moi vit un couple relativement jeune (à peine la quarantaine ; il y a des couples de 20 ans de nos jours alors…). Cadre au sein d’une compagnie de transport maritime, Marc, le père de famille, plutôt un bel homme, fait partie de ces hommes qui, bien que mariés, assument leur insatiabilité au travers d’une abjecte infidélité. Et comme Dieu sait si bien faire les choses, ce genre d’homme n’hérite que de femmes qui deviennent, malgré elles, aigries, acariâtres et fort belliqueuses.

Mokpokpo, l’épouse de Marc, plus jeune, est une brave dame revendeuse de boissons gazeuses, dans ces échoppes communément appelées « Bas prix ». C’est une belle dame. Enfin, de visage. Oui elle a (ou avait) un joli visage couleur pain de Croquembouche ; de petites épaules soutenant de petits bras. Un petit corps pour un être frêle, en apparence. Uniquement en apparence, car, malgré la petitesse de son corps, Mokpokpo accomplissait des besognes exceptionnelles. Elle avait toujours réussi à tenir loin de chez elle, toutes les femmes qui tournaient autour de son mari, aux termes de violentes bagarres desquelles elle sort toujours gagnante. Moi personnellement je ne l’aime pas, car elle m’a une fois refilé une boisson frelatée du Nigeria ; probablement un truc avec du chanvre indien. Nous y reviendrons.

Faits d’armes les plus spectaculaires :

  • L’étudiante : une étudiante en sociologie qui passait au quartier, attendre Marc dans un bar à côté, pour encaisser son argent de poche. Un soir où elle attendait encore Marc, dans le même bar, devant une bouteille de bière, Mokpokpo débarque, la bat si violemment, que l’étudiante s’enfuit sans son tissage, son tricot, et ses chaussures. Elle ne serait plus jamais revenue au quartier, à ce qu’il paraît.

 

  • La secrétaire : une dactylographe, pour respecter la vétusté des équipements dans notre administration publique. Belle comme un personnage de Disney, elle attendait Marc, sans le savoir, dans la boutique de la femme de celui-ci. Dès qu’elle reçut l’appel de Marc, Mokpokpo lui bondit dessus comme un couguar, lui griffe le visage, et la saupoudre de talc « bébé & maman », avant de la foutre dehors.

 

  • La stagiaire : la pauvre. En stage dans la compagnie de Marc, et étant dans le même quartier, elle venait chaque matin à la maison profiter de la voiture de Marc, et se faisait déposer chaque soir, après le boulot. Des rumeurs ont commencé par circuler, puis un soir, elle traîna un peu trop dans la voiture déjà à l’arrêt de Marc. Mokpokpo ne l’a pas loupée. Cet épisode devra figurer dans son rapport de stage, j’en suis certain.

 

  • La gérante de cybercafé : voilà une autre qui offrait à Marc autre chose qu’un forfait Internet. Le jour où Mokpokpo surprit le pauvre quidam caressant la calvitie de son homme, la connexion Internet a quitté le quartier. Suivez mon regard.

 

  • Marc himself : voilà monsieur qui s’est mis à faire du jogging matinal avec moi, chaque matin. Sauf que lui s’arrête au niveau de la cour d’appel, pour s’éclipser avec une jeune revendeuse d’orange. Je n’ai jamais su à quels types d’exercices physiques ils se livrent. Mais tout est bon pour brûler des calories. Ce sport a continué jusqu’à un certain samedi où Marc est rentré de son sport avec un parfum inhabituel. Tout le monde rentre du sport en sueur, toi tu rentres embaumé ? Scène de ménage grandeur nature.

Dommage pour ceux qui vivent du mauvais côté de Cacaveli. Coucou, Roland.

Je disais donc que Mokpokpo a fini par se voir attribuer le triste sobriquet de « Gakpokoko » ; entendez par là, une personne faisant de l’haltérophilie. Redoutée par tous, et surtout par toutes. Quand on est femme à Cacaveli, il ne fait pas bon de saluer, sourire, discuter avec Marc. C’est presque un crime de lèse-majesté, difficilement pardonnable. Et quand on se fait « condamner » par Mokpokpo, on garde les stigmates pour longtemps.

Depuis, aucune pimbêche ne se la ramène au quartier. Marc était « casé », même si on pouvait soupçonner qu’il se livre à ses basses besognes quelque part, en ville, ou même hors de la ville. Mais au moins, au quartier c’est redevenu relax ; Mokpokpo a su arracher le respect de son bougre de mari. (oui, il faut une bonne dose de mépris pour draguer d’autres femmes au nez et à la barbe de son épouse). Ambiance bon enfant, au sein du ménage et dans le voisinage. Jusqu’à cet instant où ce cri de désespoir fut poussé.

Vous le savez sans doute, je ne me mêle jamais des petites bagarres du quartier. Je veux dire JAMAIS. Mais, sait-on jamais ; il paraît que le mal triomphe parce que les gens bien ne font rien. J’ai alors bondi de ma natte pour avoir idée de ce qui se passe et, en cas de besoin, apporter assistance à personne en danger.

La scène du crime ?

Juste à la devanture de la boutique de Mokpokpo, à trois centaines de mètres de sa maison. Une belle dame à forte corpulence, élancée comme Adébayor, avec de larges épaules au bout desquelles pendent de puissants biceps de pileuse de foufou. L’image n’est en rien exagérée, quand on a vu la façon dont cette « Goliath » a emprisonné le visage de Mokpokpo sous son aisselle, pour le lui pilonner.

Les coups pleuvaient à un rythme régulier, serré, avec une intensité redoutable. De temps à autre, elle desserrait l’infernal étau, afin de permettre à la malheureuse d’inspirer un peu d’air, ou de crier à l’aide. Les témoins de la scène hésitaient un peu à intervenir, soit par peur de l’agresseur, soit par envie d’assister à la magistrale correction de celle qui a longtemps semé la terreur dans le quartier.

Mokpokpo fut transformée en vulgaire tam-tam bamiléké sur lequel se joue un air de vengeance et d’agacement de maîtresse n’arrivant plus à se contenter d’instants volés d’un homme volage. Puis se mirent à voler des trucs de femmes, que la décence interdit de citer ici. Mais puisque vous insistez : perruques, corsage, soutien-gorge, pagne, jupe, collant, culotte… Mokpokpo fut projetée au sol tel un vulgaire fagot de bois de Niamtougou, roulée dans le sable comme on roule un pneu Toyota quand on a cinq ans, molestée comme on s’amuse avec de la pâte à modeler quand on a eu la chance de faire la maternelle

La dame finit par laisser Mokpokpo aux bons soins de sauveurs un peu trop moqueurs, pour rentrer dans la maison de Marc. J’ai eu peur, j’ai voulu appeler la police, pensant que Marc aussi était en danger. Avant de réaliser que je n’avais pas assez d’unités (malheureusement dans ce pays, les numéros d’urgence ne sont pas gratis), le garage de la maison de Marc s’ouvre pour laisser sortir la voiture de celui-ci, avec à ses côtés la boxeuse de tout à l’heure.

Quelqu’un dans la foule a sifflé « donc, Mokpokpo aussi peut avoir coépouse ; je peux mourir en paix ». J’ai ri ; quand je suis rentré rejoindre ma femme, je lui ai juste dit, « bah chérie, tu boxes une de mes amies, je drague une ceinture noire. Point ».

Eyi Zandé !


#TGPR15 : de l’imbécillité de l’opposition togolaise

Avant de scroller plus bas, qu’il me soit permis de vous rappeler que la paternité de la formule qui me sert de titre, est attribuée au sieur Tete Enyo, dans un brillant article qui, ma foi, est désormais intemporel ; en tout cas jusqu’à preuve du contraire.

L’opposition togolaise, disons-le, a toujours brillé par son manque d’unité, de stratégie, d’intelligence et de perspicacité. Tenez, la quasi-absence d’unité !

 

Je suis de ceux qui pensent qu’unité de l’opposition ne veut strictement pas dire unicité de candidature à un quelconque scrutin. L’opposition n’a vraiment pas besoin de présenter un candidat unique aux #TGPR15, ou des listes uniques aux législatives. Je ne dis pas que cela leur soit interdit, ou impossible. Mais cela n’est pas indispensable à leur survie, ou à l’avènement de l’alternance ou de la démocratie, la vraie.

 

J’ai été conforté dans cette position, avec l’entrée du sieur Alberto Olympio dans l’arène politique. Fichier électoral… Oui oui, je sais ce que vous pensez. Je ne puis affirmer que M. Alberto soit le PREMIER à en parler. C’est un débat inutile et stérile. Cependant, il a le mérite d’avoir attiré l’attention de nombre d’entre nous sur les incongruités que peut contenir notre fichier électoral. Et sur ce point, des partis de notre opposition ont fini par lui donner raison, et à exiger également un apurement dudit fichier. Là où M. Alberto m’a déçu, moi Aphtal, c’est quand il a fait de l’audit du fichier la condition de sa participation à l’élection présidentielle. Mais nous y reviendrons, dans un billet ultérieur.

 

Donc, nos partis politiques reconnaissent que le fichier électoral est n’est pas fiable, mais sont incapables de faire front commun, pour mener une âpre négociation pour sa révision. C’est tout de même ahurissant, qu’on reconnaisse que son épée soit émoussée, mais qu’on accepte quand même de combattre un Samouraï. La foi déplace les montagnes, dira l’autre.

 

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Nous assistons à une guerre de tranchées, où les partis de l’opposition sont campés sur leurs positions, refusent d’écouter ce que pourra dire l’autre. Untel se lève, s’en va rencontrer le président de la République, et revient fanfaronner dans les médias. Quelques jours après, untel de la même opposition est reçu en audience par le président de la République, pour parler de quoi,on ne sait quoi. Mais bon, passons. Les voies du palais sont désormais pénétrables.

 

Ensuite, quelle est la stratégie de notre opposition ? Quel est son discours ? Quelle est sa motivation ? Quelle est la profondeur de sa conviction ? 

Dites-moi, ce qui pourra me pousser, moi avocat à la cour, moi jeune magistrat, moi jeune analyste de crédit dans une banque, moi chef d’entreprise, moi directeur de société, moi professeur d’économie à la fac… dites-moi ce qui pourrait me pousser à voter pour un candidat ou parti politique, incapable de me donner un aperçu sur les recettes de l’Etat, sur les ressources, et sur leurs emplois ? Il y a quand même un minimum qui doit être fait par les partis, sinon, les électeurs sont tout simplement plongés dans une indifférence qui ne dit pas son nom. J’ai déploré le manque d’engagement de notre génération… En même temps, on ne peut pas lui reprocher d’être exigeante.

Je ne vais guère plancher sur la stratégie de l’opposition, tout simplement parce qu’elle n’en a pas. Des #TGLEG13 au #TGPR15, la seule phrase qui peint magnifiquement le tableau est : «  La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent », Albert Einstein.

 

Qu’y a-t-il eu de changé, depuis l’avènement de l’actuel président, en matière de réformes constitutionnelles et institutionnelles ? Qu’y a-t-il eu de changé, depuis les dernières législatives ? Où en sommes-nous avec l’Accord politique global ? Quid des recommandations de la CVJR ? Quel sens donne-t-on à sa candidature aux #TGPR15 ?

Notre opposition, ai-je fini par comprendre, a un rôle qu’elle joue à la perfection : celui de contribuer à la légitimation du pouvoir de Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé. Je ne trouve pas d’autres explications, hélas. Sinon, se faire battre en 2010 dans des conditions pas claires, contester le vainqueur des années durant, accepter participer aux élections législatives, malgré l’emprisonnement ARBITRAIRE de certains de ses militants, en 2013, puis, accepter participer à l’élection présidentielle de 2015, dans des conditions presque similaires à celles de 2010, je cherche toujours ce qui n’a pas marché.

 

Vous allez vous demander si je suis participationniste ou abstentionniste.  Moi je vous pose la question : si on ne s’est pas présenté aux élections là, #çafaitquoi ? Monsieur Gerry Taama qui sillonne actuellement le Nord, que gagne t’il lui ? En quoi fait-il avancer le #Togo ? Messieurs Tchassona et Gogue… c’est quoi le sens de leur candidature à eux ? Jean-Pierre Fabre, oh my god !!! Pourquoi personne (enfin à part le CAR, le parti de Nicolas Lawson,  le Parti des Togolais…) ne pense à mettre le président sortant dos au mur, en le laissant seul dans la course à sa propre succession, tant que certaines questions ne sont pas élucidées ? Awo :’(

 

Déjà en 2013, Tété Enyo disait ceci dans son article :

 

« J’imagine qu’à l’heure actuelle, aucune réflexion n’est menée et aucune action précise n’est entreprise relativement à la présidentielle de 2015. Pourtant, à défaut d’avoir les moyens d’un renversement brutal, on ne peut espérer un vrai changement qu’à l’orée 2020 sur la base d’une stratégie de fédération des forces progressistes issues aussi bien de l’opposition que du pouvoir. La lutte sera forcément au long cours et elle ne pourra pas être remportée par une opposition imbécile. »

 

Que puis-je encore ajouter à ceci ?

 

Eyi Zandé !


#TGPR15: du changement auquel nous prétendons aspirer

Hashtag des élections présidentielles de 2015, au #Togo
Hashtag des élections présidentielles de 2015, au #Togo

 

 

Je fais malheureusement partie de cette jeunesse qui aspire à un CHANGEMENT, surtout à l’occasion des #TGPR15, sans rien faire pour l’obtenir. Nous sommes nombreux, nous qui, excédés par cet immobilisme politique, incarné d’une part par l’actuel Président de la République (candidat à sa propre succession) qui, mine de rien tend à « s’éterniser », et d’autre part par une opposition sans stratégie et complètement stupide (ou elle fait exprès), restons pourtant vautrés dans notre quotidien en admirant tourner la roue du destin.

 

Nous aspirons au changement, pourtant nous ne sommes inscrits dans aucun parti politique ; nous aspirons au changement, cependant nous n’allons à aucun meeting politique, nous ne faisons aucun travail de sensibilisation, à part nous plaindre et nous morfondre. Pis, et c’est là où nous brillons par notre démission, nous sommes les mêmes à dire à qui veut l’entendre que  « l’opposition n’est pas de taille ; il n’y a personne pour être aux rennes de notre nation ; Jean-Pierre Fabre n’a pas la carrure d’un Président… » et patati et patata.

 

Dites-nous, c’est quoi le prototype d’un parfait Président de la République ? Quelle taille doit-il faire ? Combien doit-il chausser ? Ses vestes, Hugo Boss ou Pierre Cardin ? Il doit avoir fréquenté quelle faculté de quelle école ? Combien de sociétés à succès devra-t-il diriger avant d’obtenir notre confiance ? Sérieux, dites clairement ce à quoi doit ressembler un candidat aux #TGPR15, pour pouvoir vous rallier à sa cause ?

 

Après, nous disons untel et untel n’ont pas de programme politique, n’ont pas la carrure… Vous avez-vu Jerry John Rawlings à son coup d’état au Ghana? Bon, comparaison n’a jamais été raison. Mais, programme politique ne veut forcément pas dire volonté de mettre fin au désordre. Parenthèse fermée. Même Alberto Olympio est arrivé, on lui reproche d’être « pédant, déconnecté des réalités locales« …. Bon, on retourne sous l’acajou et on attends le messie.

 

Avons-nous jamais tenté d’approcher l’un d’entre eux, pour avis, conseils, ou même propositions de services, vu que nous avons d’immenses compétences méconnues par le système pérennisé par le Président sortant ? Avons-nous jamais été assez tolérants pour voir en un seul candidat sa perfectibilité ? Qu’avons-nous fait pour y contribuer ?

#TGPR15
De la question d’abstention aux #TGPR15.

A défaut de trouver l’homme providentiel, avons-nous essayé nous, de nous engager pour rallier des gens à notre cause, vu que nous sommes si brillants et si influents ? A part nos statuts Facebook et Tweets incendiaires qui n’ont d’impact que sur nos 1.000 amis ou 1.500 followers (qui pour la plupart ne vivent pas au #Togo), que faisons-nous CONCRETEMENT pour combattre le régime que nous vomissons ? Quels risque sommes-nous prêts à prendre ? Quelle est la véritable portée de notre engagement, au-delà de ces articles et tweets ?

Nous sommes incapables de nous engager véritablement, de trouver un bord politique, ou de créer le nôtre, mais nous trouvons le temps de nous offusquer des engagements des autres. Nous menons tous des débats de fonds avec des militants du parti UNIR, mais moi j’ai honte face à eux, car eux au moins, ont fait un choix qui a le mérite d’être clair. Sincère ou pas, au moins ils ont choisi un camp, et l’assument. Mais nous, nous trouvons des excuses à notre…lâcheté, tout simplement. En tout cas, oui je suis lâche. ( Et je l’assume -_- )

 

J’oubliais ! Il ne suffit pas de reconnaître sous cape que nous sommes pour la limitation de mandats. Il faut le dire haut et fort, sans coup férir, sans frémir, et si possible, du poing sur la table taper. Au lieu de cela, on œuvre pour la consolidation et la pérennisation du pouvoir en place, et on veut nous faire croire en sa bonne foi. Vous serez toujours là dans…20 ans pour nous dire que vous êtes pour la limitation des mandats ? Les mandats, on les limites quand alors ?

 

Nous ne sommes hélas pas artisans de notre « avenir » ou de celui de cette patrie. Nous nous bornons à « dire », (ou écrire, pour ceux qui peuvent) pour ensuite, honteusement, usurper la victoire de ceux qui auront agi ; si victoire il y a. Entendez par victoire, alternance, et défaite du Président sortant. De toutes les façons, l’histoire nous jugera ; ceux qui participent à affermir ce pouvoir, et ceux qui sans le vouloir, ne font fondamentalement rien pour le combattre.

 

Eyi zandé.


#TGPR15 : du président Faure et de son bilan

Hashtag des élections présidentielles de 2015, au #Togo
Hashtag des élections présidentielles de 2015, au #Togo

 

 

Le Président sortant, candidat à sa propre succession a un bilan, qu’on se le tienne pour dit. Et ce bilan est en quelque sorte un patrimoine, comportant l’actif ET le passif.

 

Autant les uns saluent les cantines scolaires, autant les autres déplorent ce vieillot système éducatif ; autant les uns acclament les routes, autant les autres décrient leurs promenades sur lesdites le ventre creux ; autant les uns chantent la gratuité de la césarienne, autant les autres déplorent le manque de coton et de Paracétamol, dans des dispensaires mal paumés dans la préfecture de la Binah… Bref, autant certains se contentent de ce bilan, autant les autres en soulignent les insuffisances.

 

Je fais malheureusement partie de ceux qui voient le verre à moitié vide ! Récitez les mantras que vous voulez pour vous consoler : les Togolais méritent mieux que tout ce qui est brandit pour des branding électoraux. On a passé trop de temps à se contenter de peu, et à acclamer le moindre accomplissement qui, pourtant fait partie du cahier de charge de l’occupant du Palais de la Marina.

 

Le #Togo avance, et alors ? Il ne devrait pas ? Un verre plein au trois-quarts et vide au quart ne ferait du mal à personne. Le changement, ce n’est pas qu’un slogan.

 

 


De l’engagement de la jeunesse togolaise…

Cordiaux salamalecs, chers lecteurs.

Je vous espère en parfaite forme. Je tiens par ailleurs à vous présenter mes excuses (quoi que rien ne m’y oblige) pour mes infidélités de plus en plus nombreuses, sur ce blog, qui est avant tout LE MIEN, avant d’être le nôtre.

Le propos de cet article est motivé par d’incessants débats, de plus en plus récurrents, concernant la jeunesse ; même si, malheureusement, la grande absente à ces débats, est la jeunesse elle-même. Oui chers lecteurs, beaucoup de gens la ramène ces derniers temps, qui pour exhorter la jeunesse, qui pour lui taper dessus, qui pour lui donner des leçons, qui pour parler en son nom.

Lassitude. Crédit : Google Image

Oui ; il s’agit – une fois de plus – de la jeunesse ! La jeunesse ; la verte ! Notion malheureusement polysémique, à cause de ces « vieux » qui s’accrochent et refusent de vieillir – ou mourir-, et de ces « enfants » un peu trop pressé de grandir. Oui, il s’agit de la jeunesse, cette tranche d’âge aux extrêmes variables, car on ne sait pas vraiment où elle commence et où elle s’arrête. Jeunesse, jeunesse ! Bon, je ne vais guère refaire le Larousse. Chacun se fera sa définition du mot.

L’on ne s’intéresse pas à la jeunesse par soudaine préoccupation pour cette dernière. L’on ne clame pas son attachement pour celle-ci par simple effet de mode. La jeunesse, on en parle car elle a un rôle majeur à jouer dans l’édification de cette nation, mais aussi et surtout à cause du grand rôle qu’elle jouera, lors des prochaines élections présidentielles au Togo. Aucun candidat ne peut remporter ces élections sans les voix de la jeunesse, c’est un fait.

Les questions que je me pose à moi, à la lecture de toute cette foisonnante et passionnante littérature concernant la jeunesse togolaise sont les suivantes : qui appelle-t-on jeune ? Quel est le rôle exact de la jeunesse, aujourd’hui et demain ? Quels sont ses droits et ses devoirs ? La jeunesse est-elle vraiment intéressée par tout ce qui se fait et se dit en son nom ? S’est-elle résignée ? Est-elle lâche ? Est-elle conne ? Quid de la jeunesse et de la politique ? Quid de la politique de la jeunesse ?

Puis, puis, puis…

De la « qualité » de la jeunesse…

Diplôme Crédit: Google Images

Je le disais plus haut, à chacun de se définir le mot jeunesse, et de définir sa fourchette d’âge. La qualité dont je parle ici a un rapport avec des notions telles que qualifications, excellences, positionnement, leadership

La jeunesse elle-même doit se remettre en cause, en ce qu’elle ne se rend pas incontournable. Nous sommes de moins en moins exigeants envers nous-mêmes, gros rêveurs ne se donnant pas les moyens de leurs ambitions. Nous n’avons plus la notion de l’excellence ; nous ne trouvons plus aucune gloire à obtenir les meilleures notes en classe ; nous ne savons même pas le prestige que revêt le titre de « Major de Promotion » ; nous sommes incapables de nous priver de vils plaisirs pour l’essentiel.

Nous avons plus de facilité à dépenser un billet de 10.000 FCFA à ingurgiter de la bière, plutôt que de s’offrir deux ou trois romans. Nous rivalisons en « culs secs » à des comptoirs de bars de soir, et sommes incapables de citer des romans de Kourouma, ou des poèmes de Senghor ou ceux de Koffigoh ; nous avons plus de facilité à télécharger le Kamasutra, alors que les classes de MOOC sont vides. Oui, notre jeunesse préfère répandre de la merde dans les amphis, au lieu de se réunir en cellule d’analyse, de réflexion et de proposition ; notre jeunesse peine à se distinguer et à innover, lorsqu’elle est en stage dans les administrations aux méthodes séculaires ; notre jeunesse ne se fait pas perle.

Du manque de vision de la part de nos géniteurs…

Notre jeunesse n’ose pas, d’accord ! Mais nos parents, qu’ont-ils osés pour nous ? Qu’ont-ils rêvés pour nous ?

Chers lecteurs, ne commettez pas la bêtise de lire en ces lignes l’expression d’une profonde ingratitude. Mais posez-vous la question suivante : battante comme elle est, de quoi est capable notre jeunesse si elle bénéficie d’un peu plus de moyens, d’un peu plus de suivi ?

Nous sommes malheureusement descendants des gens qui préfèrent s’endetter pour s’acheter un quart de terrain à Agbavi, plutôt que de nous envoyer dans de « bonnes écoles ».  La réussite de la jeunesse passe par son intelligence, mais aussi par les moyens d’accompagnements. Nos parents savent très bien que l’Université Publique, c’est la merde ; mais ils nous y envoient quand même. Ceux qui le peuvent envoient leurs enfants dans des écoles privées (même si ce n’est pas une garantie de réussite) ; d’autres encore envoient leurs rejetons à l’étranger. Nous n’allons pas tous fréquenter des écoles étrangères, mais qui est allergique à ce qui est meilleur ?

La priorisation à enseigner…

De la peur des représailles en coulisses…

Le Togo est une démocratie. Ah bon ? Ah oui. Liberté d’expression, liberté d’association, liberté de manifestation, liberté de beuverie dans les bistrots jusqu’à l’aube (bah ouais y a pas couvre-feu), oui nous avons tout cela. Mais les représailles en coulisses existent bel et bien ; les vengeances privées, les tueries orchestrées au noir et autres ont la peau dure.

Tu cesses de beugler sur les réseaux sociaux le jour où ton père t’interdit l’utilisation du patronyme dans tes coups de gueule. Tu cesses de monter au créneau, d’activement prendre part aux débats publics le jour où ta mère te réveille à 4h du matin pour te dire :

 « fils, tu n’es pas plus brillant que Tavio Amorin, mais tu as vu ce qu’ils ont fait de lui ? Tu n’es pas plus amoureux du Togo que ceux qu’on a zigouillés à Fréau Jardin. Mais y a –t’il un seul mausolée pour eux ? Tu imagines la peine de leurs proches, fils, mères et épouses ? »

Vous êtes-vous jamais demandé combien de jeunes subissent cette « soft pression » de la part de leur entourage? A combien de jeunes avez-vous garanti sécurité, protection, paix dans le milieu professionnel? Non; il suffit d’une accalmie pour que la jeunesse soit « vendue », « payée », « sans « conviction ». Oui, la jeunesse togolaise se tait souvent à cause de ces exemples qui tétanisent, par la peur de l’inutilité du sacrifice…

Du cruel manque d’exemplarité…

Fort malheureusement, ceux qui s’érigent en fouettards des tirs-au-flancs de la jeunesse ne valent pas plus que cette dernière. La jeunesse a en face d’elle, des aînés à la moralité douteuse, des devanciers qui entretiennent des relations incertaines avec la Vérité, la Droiture, la Décence, la Morale et l’Honneur. La jeunesse a à faire aux pis « vendus » de l’histoire de son pays ; la jeunesse togolaise a devant elle, des donneurs de leçons qui, sournoisement collaborent avec un « système » qu’on abhorre, sous le couvert de « prestataires de service ». [Après, il faut bien payer des factures, et SURTOUT, savoir vendre, et monétiser son talent…]

La jeunesse a à faire à des personnes qui veulent l’encadrer sans la respecter ; la jeunesse a à faire à des grands-frères et grandes sœurs qui prônent des idées nouvelles, en se comportant en ancêtre en enfance ; la jeunesse togolaise  n’a devant elle, que de respectables manipulateurs, réduits à la bassesse et à la félonie.

Il y a cependant une chose que cette jeunesse n’a pas [encore] compris, c’est qu’elle fait peur. Elle fait peur à ces elders qui ne veulent rien lâcher, qui s’accrochent au pouvoir et aux privilèges qu’il confère… Allez savoir pourquoi les gens refusent de quitter la présidence de leurs associations, allez comprendre pourquoi les gens hésitent à se mettre en retrait pour propulser [de façon désintéressée] la jeunesse montante, allez comprendre pourquoi, les gens sont toujours en train de contredire la jeunesse même lorsqu’elle a raison. Oui, allez comprendre quelque chose.

De l’implication à la politique.

C’est vrai qu’il est assez difficile de faire quoi que ce soit n’ayant aucun lien avec la politique. Mais si la jeunesse togolaise ne milite plus dans les partis politiques, si elle ne se préoccupe pas [assez] de ce que font ses députés ou sa Cour Constitutionnelle, c’est qu’elle est, comme le dit une aînée, trop préoccupée à survivre. Et pour cause…

On ne cherche pas à s’absenter du boulot pour aller manifester, lorsqu’on a le sentiment d’y perdre du temps;  on ne participe pas trop aux débats politiques lorsqu’on a des dettes à rembourser, des factures à régler, des ordonnances à honorer ; on ne se préoccupe pas assez du système éducatif, si on n’a pas de quoi payer les frais du système actuel… Les exemples se multiplient.

De la conviction de la jeunesse…

Je suis convaincu que ceux qui s’érigent en donneur de leçons à la jeunesse  sont d’un irrespect envers celle-ci. Il n’y a rien de plus insultant que de traiter la jeunesse de « vendu », car en fait, que savez-vous réellement des convictions de la jeunesse ? Que savez-vous de ses projets, de ses combats ? Les idéaux que vous acclamez à cor et à cri sont-ils les mêmes que ceux de la jeunesse  d’aujourd’hui ? Pourquoi voulez-vous que la jeunesse se batte pour vos convictions A VOUS ? Qu’il vous plaise de redescendre de votre piédestal.

Je le dis et je le répète que cette jeunesse est malheureusement le fonds de commerce de toute la génération qui la précède : un gouvernement qui la tient en laisse, une classe politique dite d’opposition qui multiplie les opérations de séductions, et une autre tranche d’âge qui s’érige en redresseurs des torts des âmes. Certains affirment qu’avant qu’il y ait « fonds de commerce », c’est que la jeunesse s’est elle-même vendue à un moment donné. Quelle insulte ! #Migbéhabamé

La jeunesse, ne se décrète pas au sein d’une quelconque association aux désirs de leadership ; elle ne se décline pas non plus en un énième plan quinquennal. Non ! La jeunesse à laquelle j’appartiens ne se retrouve point dans ces canevas.

Il y a cette jeunesse qui sert les soirs dans les bars pour se payer les études ; il y a cette jeunesse qui pause sa scolarité pour exercer des activités commerciales, le temps d’avoir un peu d’économie; il y a cette jeunesse qui s’endette pour entreprendre, mener des projets ; il y a cette jeunesse qui est prête à tout pour émigrer ! Je ne veux pas parler ici du privilège qu’ont ceux qui rentrent de l’étranger ; parce que oui il y en a !

Convenez avec moi qu’un Master en Droit à l’université de Lomé, ne vaut pas une Licence à Panthéon Asas ! (On connaît des Sociétés d’Avocats qui refusent des togolais diplômés sur place mais accordent des stages rémunérés à des étudiants en première année à l’étranger). On connaît aussi des gens pour qui ça fait plus « in » d’introduire des togolais de l’étranger à des personnalités que de négocier un rendez-vous ceux à ceux qui traînent à Lomé. (Oui j’ai mauvaise langue, j’assume). Un Diplôme à l’université Abomey Calavi ne vaut pas un certificat de Yale ou Harvard.

Alors ne jouez pas aux déçus lorsque cette jeunesse semble ne plus rien attendre de ses dirigeants, de sa classe politique, de ses devanciers ; ne jouez pas aux indignés lorsque cette jeunesse ne veut qu’assumer les précoces responsabilités qui lui incombent désormais ; ravalez votre fiel, lorsque vous êtes incapables de venir en aide à cette jeunesse qui réussit tant bien que mal à sortir le nez hors de l’eau.

Stratèges. Crédit: Google Image

S’il y a un combat, que doit mener la jeunesse togolaise, c’est celui de l’éducation et de la réalisation de soi, d’abord. Hormis dans l’armée [quoiqu’il s’y trouve des diplômés], on ne peut pas servir une patrie en étant incapable de réflexion, de proposition, d’analyse, de stratégie et autres activités intellectuelles de haut niveau. On ne peut prétendre se sacrifier pour toute une nation si on est inutile à sa famille, ou ses proches. Il m’est définitivement impossible d’être altruiste sans un brin d’égoïsme. On ne peut pas aimer les autres si on ne s’aime pas soi-même ; on ne peut juste pas ôter la paille des yeux des autres, en ayant une grosse poutre dans la nôtre.

Crédit: Google Images

Car, à un certain moment de la vie, la conviction reste quelque chose de bien, qui se meurt très vite, quand rien ne nourrit son quotidien.

Eyizandé !


Droit de réponse: ces filles qui nous rendent la tâche difficile

Chers lecteurs, je viens de tomber sur un courriel envoyé par une lectrice qui exerce un droit de réponse suite à un billet jadis publié sur ce blog. Je serai bien égoïste de ne pas partager sa missive avec vous. Je l’ai lue, relue, et cela m’a quelque peu grandit. Lisez également, et faites vos avis dessus.

 

Letter

 

Ces hommes qui nous rendent la tâche difficile.

 

«  Bonjour Monsieur Aphtal. Je viens de découvrir votre blog à la faveur d’une recherche Google. J’ai été captivée par vos récentes publications, et je ne me suis pas faite prier pour parcourir et découvrir les plus anciennes. Mes vives félicitations pour ce que vous faites, et bonne et heureuse année, à vous, et à votre plume.

Je vous envoie ce mail afin de rebondir sur l’un de vos articles titré « Ces femmes qui nous rendent la tâche difficile ». Mon objectif est d’essayer d’éclairer votre lanterne sur certains aspects de la vie à deux, et vous parler, de grande sœur à petit frère, me sachant bien plus âgée que vous.

Je ne puis mentir sur mon identité, puisqu’elle est déjà lisible dans mon adresse mail. Je suis Directrice des Ressources Humaines dans une banque, et associée gérante d’une Société importatrice de produits alimentaires. Je suis célibataire, ou plutôt divorcée, mère de 3 enfants. J’espère que vous savez à présent combien j’ai pu me sentir concernée par votre article.

Dans votre sous partie « Ces vicieux modèles qui vous desservent », vous faites à mon avis une insulte sans pareille à toutes ces femmes qui, meurtries par l’échec de leur vie conjugale, on fait le douloureux pari de vivre seules, et de l’assumer. Voyez-vous, un mariage n’échoue pas par la faute exclusive de la femme. Et croyez-moi, l’une des décisions les plus importantes, les plus douloureuses, et les plus salvatrices qu’une femme puisse prendre, est de quitter le foyer conjugal, après des années de vie commune.

 

Cette décision est d’autant plus difficile, à cause de l’attachement que nous avons pour nos maris, pour nos enfants, pour tous les membres des deux familles désormais alliées, et surtout à cause du poids social, de ce regard que la société porte sur les femmes qui quittent le foyer. Et ce que vous êtes encore loin d’imaginer, est que c’est ce respect que nous avons pour nos anciens maris, ce respect pour notre ancienne belle-famille, ce respect pour le nom que nous avons jadis porté, c’est  tout cela qui nous interdit de nous remarier, de nous lier à nouveau. Oui ! Nous autres femmes sommes tellement stupides au point de préférer rester seule par respect (?) pour l’ancien mari, que de nous remarier.

Vous avez également une notion assez réduite de ce que peut être l’épanouissement, et des valeurs familiales à inculquer à sa progéniture.

Monsieur Aphtal, certains hommes tout comme certaines femmes éprouvent de l’épanouissement au travers d’une respectable réussite professionnelle. D’autres, au travers d’une vocation (prêtre, nonne, imam…). Leur en voudra-t-on ? Vous idéalisez tellement le mariage que vous en occultez les à-côtés. Le mariage ne garantit l’épanouissement de personne, au sein du couple ; mari comme femme.

 

Mon second enfant est une fille, actuellement en année de Master en économie, à Toulouse. Je ne le dis pas de gaieté de cœur, mais aucun homme, même pas son père, ne peut prétendre y avoir contribué de quelle que manière que ce soit.

 Les valeurs que je lui inculque ? Apprendre à composer avec un homme sans en devenir vassale. Au bureau, à la cuisine, à table, au lit…partout où elle se trouvera avec son homme, elle saura être humble et soumise, sans jamais devenir esclave d’un homme à qui on n’a pas su inculquer les valeurs de « savoir composer avec une femme ». C’est un combat de tous les jours, un combat de longue haleine, que celui de faire de nos filles des personnes totalement accomplies, des femmes à la fois mère et femme d’affaires, des êtres à la fois dociles et exigeantes, des femmes respectueuses, vertueuses et heureuses. Et si ce combat doit passer par le regroupement au sein d’une association de femmes célibataires, il n’y a aucun inconvénient à cela. Pourquoi ne pas dire par exemple, « un homme incapable de retenir une femme n’en est pas un » ? 

Les vices que vous décriez dans le paragraphe qui suit, nous les déplorons tous. Et cela est vraiment désolant que nos filles soient si chosifiées. Cependant, ceci n’est pas la faute aux femmes célibataires. Pour la petite histoire ; avant son départ pour la France, ma fille avait une amie de fac. Une fille dont je tais le nom et l’histoire, mais qui se retrouve seule à Lomé pour ses études universitaires. Loyer, vêtements, nourritures, déplacements, cours…sont des dépenses trop lourdes pour elle. Une telle fille n’hésitera pas à solliciter de l’aide auprès de son petit copain (étudiant comme elle), si elle en a. Ce n’est pas par cupidité ou par appât du gain, mais par nécessité ; le besoin, il est réel et immédiat. Et c’est sur ce besoin là que jouent des hommes véreux et irresponsables, pour abuser des jeunes filles délaissées par leur papa tout aussi irresponsable. Soyons sérieux, Monsieur Aphtal, il s’agit là d’un ignoble vicieux cercle dans lequel est prise la femme.

Et votre belle citation, (j’avoue en avoir fait un tableau que j’ai envoyé à ma fille pour son anniversaire), je souhaiterais qu’elle soit reformulée, en permutant les rôles. Combien d’hommes ont jamais aidé des femmes à se réaliser ? Combien d’hommes se sont-ils sacrifiés pour la scolarisation, la formation continue, la remise à niveau, le progrès professionnel de leurs épouses ?

 Il y a des femmes qui abandonnent l’école pour exercer un commerce afin de soutenir leur petit ami, ou leur fiancé dans ses études. J’aimerai bien qu’on me montre un homme qui s’est mis à cirer des chaussures afin que sa petite amie obtienne son diplôme d’enseignement supérieur.

 

Et comme vous le dites si bien avec l’éloquence qui vous caractérise, si une femme quitte son foyer, et qu’elle gagne plutôt bien sa vie, s’occupe convenablement de ses enfants, et se passe d’un quelconque « joug masculin », eh bien ce sera parce qu’elle aura aussi choisi qu’aucun homme n’ayant point pris part à sa croix prenne part à sa gloire. Si vous respectez autant la femme comme vous le dites, souffrez que votre citation soit valable dans les deux sens.

Monsieur Aphtal, j’ai pris un réel plaisir à vous lire, et surtout à vous rédiger ce courriel. J’espère que nous aurons d’autres échanges, sur d’autres sujets, et qu’on pourra, pourquoi pas, se rencontrer, un de ces jours. Je suis consciente d’une chose : la fougue et les idéaux de jeunesse s’émoussent au fil des ans ; cette discussion, nous la reprendrons dans dix ans, si Dieu nous prête vie, histoire de voir si vos convictions sont restées inchangées, après votre mariage.

Encore une fois, bonne et heureuse année, et au plaisir de vous relire. « 

 

Elle a dit !


Ce leadership que nous comprenons différemment…

Cher devancier Tété, c’est avec un plaisir inégalé que j’ai pris connaissance de votre lettre ouverte à moi adressée. Je l’ai lu et relu, afin d’être sûr d’en avoir saisi toute la portée. Mes lecteurs peuvent lire ladite lettre à cette adresse.

Lettre image: Google Image

Qui m’a écrit et pourquoi ?

J’avoue m’être livré à cet exercice, histoire de « connaître » mon interlocuteur. Est-ce le Tété qui « s’oppose » aux prises de positions de Lovejoyce Amavi ? Est-ce le « Tété de la diaspora » qui s’est senti visé par le Tweet en question ? Est-ce tant le Tweet en question qui cause problème ou « l’acclamation à tout rompre de Lovejoyce » ? Bref, ce peut bien être la même personne. Je remercie cette dernière pour la missive qui d’une part, me sort de la léthargie dans laquelle je plonge ce blog, et d’autre part me force à dévoiler des pans des prochains billets prévus.

Là où vous péchez par « hors sujet »…

Le mois dernier, l’un de mes oncles paternels est rentré d’Allemagne avec sa petite famille. Ils ont loge chez nous. Un matin, l’oncle se réveille après une longue nuit (prolongée à loisir bien plus par la flemme que par le décalage horaire) et me remets la clé de sa voiture afin que je la lui mette au propre. J’ai ri et refusé, parce que je suis plus âgé que son fils aîné de 22 ans qui manipulait son Iphone avec la connexion internet que JE paye. Je vous épargne tous les petits détails familiaux.

Deux semaines plus tard, la femme de mon oncle, me demande si j’ai des contacts au sein de certaines banques à Lomé, histoire de l’aider à trouver de l’emploi. Je lui ai répondu qu’il y a des togolais ici plus diplômés qu’elle (elle a un BAC+2) qui se tapent des stages gratis. Elle a visiblement mal pris ce que je lui ai dit. Conséquences ? J’ai été repris par mon oncle et par mon père à qui on aurait fait le Compte Rendu de mes «  nombreux manques de respects. »

Je fais alors le Tweet que vous mentionnez dans votre lettre ouverte ; tweet malheureusement incompris, tant par Lovejoyce que par vous, cher Tété. Mais soit ! J’ai joué le jeu.

Je disais plus haut que j’ai prévu en faire des articles ; l’un d’entre eux aurait été titré « Cette diaspora qui rate son retour ».

Là où vous m’inspirez de nouveaux titres…

Votre lettre ouverte me donne des idées de titre dont… « Ce discours qui manque à l’intelligentsia togolaise », ou surtout « De la condescendance de ces expats’ », inspiré de votre passage qui dit

«  Au lieu de chercher les vraies raisons de votre mal-être afin d’y remédier, vous jetez votre dévolu sur des personnes qui pensent bien faire en proposant leurs services et leurs compétences à la nation dont ils sont issus. »

Très souvent, vous (expats’ et tous ceux aux noms desquels vous croyez parler) pensez à tort que ceux qui sont resté au pays vivent une indescriptible souffrance. Selon vous, quel est le « mal être » dont je souffre ? Vous avez cette tendance à croire que ceux qui ne sont pas partis éprouvent un sentiment de raté, d’amertume, de « mal-être ». Et c’est cette piteuse condescendance que nous sert le candidat aux #TGPR15, le Sieur Alberto Olympio, tout le long de la première partie de son bel ouvrage.

Je le cite ici, parce que c’est à lui que vous avez certainement pensé en lisant mon Tweet. J’en fais économie car ce que je pense d’Alberto Olympio, je le réserve dans un article ultérieur ; tout comme ce que je pense de tous ces acteurs politiques qui prennent en otage toute perspective d’évolution et d’épanouissement de tout une nation.

Je passe sous silence l’injurieuse comparaison faite avec « ces fanatiques du Front National ». Dieu vous voit !

Vous parlez d’ostracisme. Je préfère en rire. Dois-je vous rappeler que j’ai demandé à rencontrer en tête à tête le candidat Alberto Olympio ? Dois-je vous dévoiler que j’ai plusieurs fois demandé à rencontrer JP Fabre, Apevon et Kissi, alors même que ceux-ci me traitent, qui d’espion à la solde du régime en place, qui de « petit turbulent qui pense qu’on a son temps » ? Dois-je vous rappeler que des hommes politiques tels que Jean KISSI refusent d’être pris en photo, même dans un lieu public ? (Sylvio Combey en fut témoin, lors d’une conférence à l’Hotel Sarakawa). Ces termes mal employés…

Qu’un rictus me soit permis, en ce qui concerne le reste de votre paragraphe. Le quidam paraphrasé, c’est moi. Et le tweet en question n’a absolument rien d’irrespectueux ni envers votre candidat « ayant réussi à l’étranger », ni envers vous, ni envers tous ces valeureux togolais qui font notre fierté au-delà des frontières, mais qui malheureusement hésitent à prendre le risque du retour, à cause de l’actuelle situation que nous connaissons et déplorons tous.

Le piteux parallèle entre le Burkina et le Togo.

Comparaison; image. Google Image

Touchante anecdote, cher devancier Tété. Mais vous savez mieux que moi que les situations dans les deux pays diffèrent tellement. A moins que votre séjour prolongé au pays des hommes intègres vous fasse perdre les réalités du Togo. Ce qui s’est passé au Burkina peut très bien arriver au Togo. Oui des jeunes peuvent marcher sur le Palais de la Marina. Mais les choses ne seront JAMAIS PAREILLES. Les circonstances diffèrent ; les acteurs diffèrent. D’ailleurs nous avons tous chanté l’hymne en l’honneur de l’imbécilité de l’opposition togolaise.

Je le disais à un aîné dans une discussion, que nul n’est indispensable. Blaise n’est plus aux affaires, pourtant le Burkina n’est pas dans le chaos. Faure ne sera pas aux affaires que le Togo ne s’en portera pas plus mal. C’est mon point de vue.

De l’ambition pour le Togo.

J’ignore ce qui vous donne le droit d’établir un diagnostic psychologique et sociologique, pas très logique, de la jeunesse togolaise. Vous ne savez absolument rien de mes ambitions à moi, ni de ceux de nombreux autres togolais. Faure n’est pas le plus instruit ni le plus méritant des togolais. Idem pour Alberto, ou pour tous ces candidats, locaux ou rentrés de l’étranger.

De l’ambition pour notre #Degnigban, on peut en avoir, sans forcément être Président de la République. Si jamais mon Tweet incriminé avait un quelconque lien avec la politique, je le défendrai en disant que ce n’est pas un péché que d’exiger des candidatures de qualités, pour le poste de Président de la République. Ladite qualité n’est pas conférée par des réussites professionnelles, qu’elles soient en affaires ou en musique. Pas plus qu’elle n’est conférée de façon héréditaire.

Je le défendrai en disant, qu’il faut un peu d’immersion au sein de la population qu’on aspire à diriger ; je le défendrai en demandant un peu d’expérience de la part des candidats. Je comprends que cet argument ne tienne pas, dans un pays où les élections locales sont repoussées aux calendes grecques, et où les législatives semblent être a chasse gardée d’une certaine classe politique en désuétude.

Cependant, la candidature d’Alberto n’est pas l’ultime preuve d’un amour ou d’un dévouement plus grand que celui de ces togolais, (banquiers ou avocats, médecins ou commissaires) qui, restés sur place, agissent dans l’ombre pour soigner le « mal-être » dont souffrent leur compatriotes. Et justement rester dans l’ombre, ce n’est pas une démission ; rester dans l’ombre, ce n’est pas ne pas avoir de l’ambition ; rester dans l’ombre, ce n’est manquer de leadership; rester dans l’ombre, ce n’est pas un symptôme clinique de la pathologie psychodramatique de l’ère Eyadéma que vous semblez maîtriser.

Lorsque vous, Tété, ou ces autres togolais, aurez compris qu’il n’y a pas que la Présidence de la République qui renferme l’effectivité du pouvoir, lorsque vous aurez compris que les plus puissants œuvrent dans l’ombre en tenant les Présidents de Républiques en laisse, lorsque vous aurez compris qu’être Président n’est ni une réussite ni une fin en soi, alors vous comprendrez ce pourquoi nous autres, « regardons d’un œil torve » , ceux qui rentrent avec un BTS et rêvent de diriger des banques, ceux qui rentrent avec une Licence et demandent à ceux qui ont un Master de leur laver la voiture, ou même ceux qui rentrent après avoir avoir envoyé une fusée sur la lune, et ne rêvent que de diriger ceux qui sont resté sur place.

Un #MustRead que je vous conseille >>>

Au finish…

La lutte politique n’a absolument rien d’une guéguerre par intellectuels interposés. (Si tant est que par abus de langage, JE me considère comme intellectuel). D’ailleurs, vous m’en convainquez tous les jours, à travers les fructueux débats que vous menez sur Twitter.

Je m’amuse généralement à comparer cette lutte à une guerre dans laquelle, la diaspora est comparable à un drone. Elle fait souvent des frappes chirurgicales, et parfois des bourdes déplorables. Dans tous les cas, elle vient en appui aux troupes au sol, formées par ceux qui sont restés au pays. Les drones ont peut-être une vue plus générale que les troupes au sol ; mais ces dernières sont les plus exposées et les plus laborieuses. Je suis convaincu que la sagesse dont vous faites montre nous évitera de tomber sous des tirs de notre propre camp.

On peut mourir au front d’un tir ennemi, tout comme crever d’un friendshoot. On peut vaincre ou mourir ; mais que ce soit dans la dignité. Je m’en vais rejoindre mon douillet lit, cher devancier, pour une nuit paisible, car contrairement à vous, votre article ne me privera pas de sommeil, durant tout un weekend. Et ce n’est point pour sembler impertinent à votre égard, mais il vaut mieux avoir un cachet de Valium à portée de main, chaque fois que vous lirez un de mes tweets #Gnadoè. Vous le dites si bien, je n’en suis pas à mon « coup d’essai dans le genre. »

Dans l’attente d’ultérieurs échanges nous permettant de grandir, de mûrir, et d’émerger comme vous l’aspirer, cher devancier Tété, veuillez lire en ces lignes, l’expression de mon profond respect ; celui d’un individu voulant être leader sans forcément être Président de la République si jamais Faure tombe.

J’ai dit !


Ce machisme qui vous sied…

Paix sur vous, amateurs et visiteurs du bruit du silence. Toujours un plaisir de vous savoir de plus en plus nombreux, mais aussi de plus en plus acerbes en critiques. Cela nous permet aussi de répondre à vos attentes, quoiqu’ici, vous ne soyez pas vraiment rois :

Il est de plus en plus reproché à la gent masculine, d’être de moins en moins aux petits soins de la gent féminine, au sein du couple. Les hommes, surtout nous autres nègres (oui oui, ayons le courage de l’admettre), sont réputés êtres d’irréductibles machos, même si des efforts sont fournis de la part de ces derniers, et même si les femmes elles-mêmes clament et réclament l’égalité des sexes, au travers d’une émancipation à la nature douteuse. Mais passons.

Vendredi 7 novembre 2013. J’étais coincé entre des étudiants désabusés et des revendeuses de poisson du grand marché, dans un bus de la Sotral. Ligne Adidogomé – Assiyéyé. Il faisait chaud, le bus était surchargé comme d’habitude. J’étais presque dans la même situation qu’il y a deux ans. Nous étions tous silencieux dans le bus, – hormis les vieilles mégères qui s’échangeaient les anecdotes du grand marché –  chacun essayant de s’occuper comme il pouvait, lorsque certaines dames se mirent à rire. Je n’y avais point accordé dividende,sauf que lerire devint contagieux. Nous étions invités à regarder sur le côté, l’objet de la bonne humeur, ou plutôt de la raillerie. N’étant guère le plus malheureux des Togolais, je fis de même, histoire de rire aussi, si jamais il s’agissait de scène cocasse.

Voici le tableau.

Ce qui faisait rire les passagers du bus ? Un jeune homme, la quarantaine tout au plus, avec au bout des bras une poussette, et à ses côtés, une femme, visiblement sa femme ; une femme blanche.

Ambiance dans le bus.

Les quelques commentaires que j’ai pu capter sont les suivants :

–          Garçon esclave ; quand c’est blanche là, ils sont soumis. Chuan

–          C’est triste. Faire l’esclave au blanc chez lui, et revenir encore faire l’esclave ici…

–          Moi mon fils va faire ça pour une femme ? C’est que ce n’est pas mon fils.

–          Certaines femmes sont trop paresseuses. Si elle pousse le bébé elle-même, ça va lui faire quoi ?

Je me suis mis à secouer la tête, puis à rire intérieurement, me consolant en disant que ce sont des commentaires de « nos mamans old-school ». J’ai gardé ma zen-attitude jusqu’au moment où même les jeunes étudiants et étudiantes se sont mis à la raillerie collective. A ce point, j’étais juste désabusé. Et cela m’a rappelé un vécu que je partage avec vous avant tout commentaire.

Le mois dernier, j’ai accompagné ma fiancée à la clinique, pour sa consultation prénatale. Mon programme me le permettait, et puis j’ai tout simplement eu envie de la conduire moi-même à l’hôpital. Elles étaient une vingtaine dans la salle d’attente, à notre arrivée. Sachant qu’elle ne sera pas reçue avant une demi-heure, je m’installe au fond de la salle, en manipulant mon téléphone, et en sifflotant un air gai. Je n’ai pas réalisé que j’étais le seul homme dans la salle; pas avant que l’une des sages-femmes ne me demande :

–          Oui, monsieur, vous êtes là pour ?

–          Je suis avec madame ; elle est déjà dans la file.

C’est à ce moment que certaines femmes se sont mises à me regarder, les unes avec un air de dégoût, les autres avec un air de compassion. Quand elles ont ôté leurs yeux de moi, elles les ont braqués sur ma fiancée, et à la matraquer de phrases débiles :

–          Vous les filles d’aujourd’hui vous aimez trop fatiguer vos conjoints. Petite consultation là aussi tu viens avec lui pourquoi ? Tu as peur de qui ici ?

–          C’est pour toi qui es bon oh. Tu as mari jusqu’à il vient t’attendre pour ta consultation.

–          Le jour de l’accouchement, tu crois qu’il va entrer avec toi dans la salle ?

–          Vous aussi apprenez à vous passer un peu de vos maris. Ils ne seront pas derrière vous tout le temps. Les filles d’aujourd’hui

Bref… Je me suis gardé d’oser une quelconque réplique; j’étais en territoire hostile, du coup…

Retour dans le Bus

J’ai pour une fois décidé de me mêler à la conversation publique, mais en prenant soin de ne m’adresser qu’aux jeunes étudiants, et non aux vieilles revendeuses du marché.

–          Tchalé, quel est le risque que tu cours en poussant ton propre bébé, en compagnie de ta femme ? », demandai-je à un zélé qui pensait affirmer sa masculinité en sortant des phrases de macho.

Il s’est mis à jaser, à faire un argumentaire indigne de quelqu’un qui faisait des études supérieures. (Oui oui, lorsqu’on est étudiant à l’université, il est impératif d’être capable de raisonnement). Je me suis tourné vers une autre fille :

–          Toi tu n’as pas envie d’avoir un homme capable de te délester, en public ?

–          Oui, mais…

–          Mais quoi ?

J’ai mis fin à la discussion, j’ai remis mes écouteurs pour me plonger dans…

…Mes réflexions.

La galanterie sera un mot creux tant que les premiers à en bénéficier ne s’en soucient guère, ou à la limite en ont honte. Comment expliquer qu’une femme se moque d’une autre femme qui se fait accompagner par son mari, à l’hôpital ? Il y a quelle honte à cela ? Comment voulez-vous que l’on prenne soin de vos filles, si vous n’avez pas appris à vos fils à faire pareil pour les filles d’autrui ? Vous autres, vos fils ne sont pas  » moutons   » pour faire plaisir à une fille; qui donc est le cabri pour prendre soin de vos filles?

Ce n’est pas tant la galanterie qui pose problème aux hommes, par ici. Ce sont vos regards et les jugements qu’on y voit à travers; tenir le sac à main d’une dame ne coûte absolument rien à un homme, mais la dame elle-même qui préfère tenir son sac; je connais des hommes qui se proposent d’accompagner leurs conjointes au salon de coiffure, mais ce sont ces dernières elles-mêmes qui refusent… Et après vous oser taxer de machisme?

Affiche "parti de gauche" référencé dans Machisme. Image : Google
Affiche « parti de gauche » référencé dans Machisme.
Image : Google

Finalement, je vais commencer par comprendre et excuser ces messieurs qui sortent des supermarchés avec une canette de bière à la main, discutant avec leurs épouses ayant les bras chargés de courses.

Je comprendrais ces messieurs qui roulent en sécurité dans une voiture, en laissant leurs épouses conduire une moto. Je comprendrais ces « gentlemen » qui n’ont jamais pensé que tenir la porte à une dame peut faire plaisir à cette dernière. Et je ne jugerai jamais ces messieurs qui ont juré ne jamais faire la cuisine, ne serait-ce qu’une fois en passant pour faire plaisir à madame.

Que voulez-vous ? Vous vous en foutez, d’ailleurs ! Et si vos sœurs et vos mères doivent encore me traiter de femmelette, ou d’ « homme diminué », non merci.

J’ai dit.


Blaise Compaoré : tâche d’huile ou boule de neige ?

Paix sur vous, chers lecteurs. Je me suis promis ne point me prononcer sur les récents évènements au Burkina Faso, ce pays frère et voisin, et ce pour quelques simples raison : le togolais aime trop s’appesantir sur le ce qui se passe ailleurs, ensuite, je ne pense pas avoir tous les éléments pour une analyse objective, et calculée. La politique est un sujet délicat ; la politique dans un autre pays l’est encore plus.

Logo du Balai Citoyen - Burkina Faso
Logo du Balai Citoyen – Burkina Faso

Nonobstant cela, j’ai tout de même envie de partager avec vous quelques réflexions, histoire de m’assurer si je suis ou non dans le tort.

Nous avons été nombreux à suivre avec une attention particulière, ce qu’il convient d’appeler « la révolution burkinabé ». Cet intérêt se justifie, pour les uns parce qu’ils vivent une situation similaire mais se sentent incapable du courage du peuple burkinabé, pour d’autres par des calculs politiques et stratégiques. Très tôt, ils ont également été nombreux à se poser les questions, dont la principale est : « à qui le tour » ? Si la question est – ou semble – légitime, et semble préoccuper certains pays frontaliers, il faut cependant la repenser avant d’y risquer une réponse.

#Lwili n’a point chassé Blaise Compaoré

Il est impossible de suivre les évènements du Burkina et ignorer ce mot clef, dont le logo est une sorte d’hirondelle au printemps, et dont le sens est « gazouillis », à l’image de l’oiseau de Twitter. #Lwili, c’est un peu comme notre #Gnadoè, c’est-à-dire un mot clef utilisé dans n’importe quel tweet, du plus banal au plus sérieux, du plus formel au plus décalé ; un mot clef qui revient très souvent dans des débats de sociétés. Étant le mot clef le plus rassembleur, normal qu’on s’y abonne, pour renseigner ou se renseigner, lors de la manifestation ayant emporté le Président Blaise.

Et il est rigolo, non seulement de cataloguer ce magnifique hashtag comme étant politique, mais aussi de prétendre qu’il a été à la base de la chute du régime Compaoré. La révolution au Burkina a été tout sauf numérique ; elle a été la révolution de tout sauf celle des réseaux sociaux. Ce ne sont pas les Tweets qui ont empêché les députés de plancher sur le projet de loi à eux soumis, ce ne sont pas les tweets qui ont incendié quoi que ce soit ; ce ne sont pas les tweets qui ont été la potentielle cible des militaires dépêchés sur les lieux.

Une chose est d’être assis devant une bière à Lomé ou à Paris en haranguant les connectés avec son smartphone, une autre est d’être au front, torse nu, avec un morceau de pavé devant des militaires armés. Ces deux choses ne se valent pas. Si nous sommes d’accord, continuons.

De la similarité des contextes

 

Ce qui a valu à Blaise Compaoré son départ du Palais de Kosyam, fut son inique désir de procéder à la modification de la Constitution. S’il y était parvenu, il aurait eu alors la possibilité de se présenter une fois de plus aux prochaines élections présidentielles. Nous savons désormais comment les choses se sont terminées.

Hormis Compaoré, le Président ayant quelque intérêt – ou non, au vu des évènements – à modifier sa constitution, est le béninois Boni Yayi. Celui-ci est au bout de son second – et donc dernier – mandat, selon la Constitution béninoise. Mais je parie dix noix de cola que la sagesse lui interdirait toute démarche dans le sens de la modification de la Constitution. Mais bon, sait-on jamais…

Au loin, des pays comme la RDC, le Tchad, le Gabon suivent également avec attention ce qui se passe à Ouaga… L’un des voisins immédiats du Burkina, est le Togo. Dans le pays-ci notre, l’actuel Président de la République n’a vraiment pas besoin de procéder à la modification de la Constitution. Ce que Blaise voulait faire au Burkina en 2014 a déjà été fait en 1992, au Togo. Dommage qu’à l’époque il n’y ait pas eu de « révolution togolaise », capable de contraindre le Général Président à se réfugier à Yamoussoukro. Mais bon, passons. L’actuel président « hérite » donc d’une Constitution qui ne lui impose aucune modification.

Cependant, nous savons tous, qu’il urge d’opérer des réformes institutionnelles et constitutionnelles, avant les prochaines joutes électorales. Mon avis sur cette question a été objet de plusieurs articles, que vous pourrez lire ici et . En ce qui me concerne, le vécu des populations du Burkina et celles du Togo sont semblables : désir de changement, d’alternance, de progrès, et autres… Cependant, il faut être assez prudent quant aux contextes.

Dialogue

De l’imbécilité d’une certaine opposition togolaise.

Désolé si je raffole de cet article écrit par un devancier. Je partage tellement son analyse, qui à mon sens, demeure intemporelle. Nous autres togolais, avons la malédiction d’avoir des opposants peu soucieux de l’intérêt national, trop imbus d’eux même, et n’ayant visiblement aucune notion de ce que peut être une lutte politique. Ce qui est encore plus affligeant, c’est que pris individuellement, absolument aucun d’entre eux ne fait l’unanimité, ni au sein de la classe politique, encore moins au sein des populations.

Untel qui fut « candidat par accident » et qui se croit investi de mission messianique, untel se croyant plus méritant, à cause de ses fonctions au barreau, ainsi de suite… Aucun d’eux n’arrive à sortir du lot, aucun n’est capable d’une stratégie réfléchie, efficace et non égoïste ; ni même l’autre ayant réussi dans le monde des affaires hors du Togo, et rentré récemment croyant bouleverser quoi que ce soit. Ce qui m’emmène à nous poser la question suivante…

Quid de la neutralité de l’armée.

Togolaises, togolais, c’est Aphtal CISSE qui vous parle : l’armée togolaise n’est ni la plus barbare, ni la plus inféodée. Dans tous les pays du monde, l’armée a toujours été aux bons et loyaux services du Chef suprême des armées, qu’est le Président de la République. Mais je suis profondément convaincu que l’armée togolaise est tout aussi capable de neutralité que son homologue égyptienne, ou burkinabé. Et ceci à une seule et unique condition : que les manifestations soient similaires.

Si vous êtes 300 individus à « troubler l’ordre public », la police, la gendarmerie, ou l’armée vous materont. Et ceci est valable dans TOUS les pays du monde. Cependant, si nous sommes des milliers, et des milliers, aucun képi n’osera dégainer son arme. Nous sommes à peine 7 millions d’habitants. 1 seul million d’entre nous suffira pour imposer silence aux canons. Mais la question est : Qui, au Togo est capable de drainer une telle foule ? Quel est l’opposant après qui sortira un million d’âme ? Qui saura mobiliser pareille foule ? A chacun d’y répondre.

Faut-il le rappeler, nous n’avons même plus l’avantage de la surprise. Blaise n’a jamais soupçonné des manifestations d’une telle envergure ; Faure ne commettra pas cette erreur. Pour ceux qui traînent un peu tard les soirs, vous remarquerez que les patrouilles ont véritablement repris à Lomé, avec des véhicules de la gendarmerie, mieux équipés que jamais. Je sais, c’est un peu parano, mais, sait-on jamais…

Bon, après, je vous imagine bien acclamer un certain Titikpina, ou Nandja, qui se proposera de gérer la transition au Togo, en attendant l’organisation des futures élections dans un délai de… Bref, ne divaguons guère. 😀

La chute de blaise Compaoré aura difficilement l’effet boule de neige, tant que les pays auront leur particularité, et que les combats seront différents. Mais elle restera gravée dans la mémoire collective, en ce qu’elle aura encore prouvée que la liberté ne se donne pas, elle s’arrache.

La révolution ne se décrète pas ; pas plus qu’elle n’est à l’initiative de quelques individus ; aucune révolution ne ressemble à une autre. Elle est sujette à l’histoire et au combat d’un peuple, soit dans son entièreté, soit dans sa majorité. En attendant que #Gnadoè fasse partie d’un quelconque pan de l’histoire togolaise, chers lecteurs, que la décence, la logique et la sagesse prenne le pas sur les passions et autres intérêts égoïstes ; valable pour le peuple et pour ceux qui prétendent le gouverner.

J’ai dit !