Aristide MONO

Sanction à l’Université de Yaoundé 2

Créée en 2010 à l’université de Yaoundé 2, la police campus n’hésite pas à interpeller et à expulser les VFSD (ventres, fesses, seins dehors) hors de l’établissement. Stationnée aux différentes entrée du campus elle veille nuit et jour à ce que les étudiants « mal habillés » ne profanent ce lieu de sciences, en offrant leur intimité à monsieur tout le monde.

La sortie musclée des membres du Gouvernement arrivent très en retard par rapport au combat répressif que l’université de Yaoundé 2 mène depuis  des années contre les costumes indécents. Ce combat certes ne s’applique pas uniquement aux jeunes filles mais il faut préciser qu’elles restent les plus interpellées. Quelque soit l’urgence de votre présence au campus, par exemple les évaluations, la police-campus n’a aucun remord dans son job.

Seulement, le Cameroun c’est le Cameroun ! La rigueur de certains de ces éléments cède facilement face au gombo (corruption) qui naît parallèlement dans cette activité de contrôle. Les jeunes filles, sous la menace d’être refoulées, ne tardent pas à balancer un billet de 500 f pour soudoyer cette police qui a fini par prendre goût au jeu. Par conséquent les interpellations sont souvent fantaisistes c’est-à-dire  juste pour arnaquer ou humilier certaines demoiselles ou leurs copains. Alors s’ensuivent généralement de vives altercations verbales ou physiques.

Néanmoins le travail abattu par la police campus est salutaire et laisse transparaître aujourd’hui un résultat avéré. Les étudiantes de l’université de Yaoundé 2 se montrent désormais de plus en plus décentes dans leurs look et habillement à l’intérieure du campus même si une fois hors de l’établissement c’est le « grand déballage ». L’éthique rend hommage au vice ; La morale s’agenouille devant la pudeur ; La dignité s’incline devant l’indécence ; Chacun détruit la nation à son niveau.

En outre malgré l’adversité de la police campus, il y a des jeunes filles qui continuent à la défier. On arrive encore à voir tous les jours à l’entrée principale du campus, des dames refoulées et suppliant les éléments de la police campus afin d’escompter leur indulgence. Pourquoi s’obstine-t-elle à profaner leur corps et désacralisé les parties sensibles de leur profil. En les interrogeant au campus cette matinée, plusieurs raisons sont avancées :

Elles se sentent jeunes, donc plus décontractées dans ses tenues, aussi ces dernières sont plus accessibles aux bourses les plus modestes. Elles estiment par ailleurs que ce n’est nullement une déviance mais un conflit de génération que les aînés des années quatre vingt veulent vainement engagés. Certaines disent qu’ils sont jaloux ! Ça les charmes ! Ils sont encore comprimés dans un moyen âge sans aucune notion de romantisme. Bref c’est la vielle époque !

Lorsqu’on leur demande quel contentieux elles ont contre le « Kaba » (robe traditionnelle en tissu-pagne), elles répondent que ce costume doit rester une tenue exclusive pour des cérémonies traditionnelles. Il ne met pas leurs corps en valeur du fait de la largeur qui la caractérise. Au sujet de la sortie du ministre de la promotion de la femme déclarant la guerre aux VFSD, les étudiantes esquissent un sourire en disant tout simplement que le problème est ailleurs : « On a qu’à interdire l’importation de ses tenues, pourquoi nous agacer ? ». Certaines disent de leur coté que le Gouvernement a mieux à faire : « Les priorités des Camerounais sont ailleurs » ; « Ce n’est pas l’habillement ou la lutte contre les mini-jupes et les strings dehors qui va résoudre le problème de pauvreté, qu’ils nous excusent », dira une étudiante de sciences politique révoltée.

Dans tous les cas la police campus n’a rien à cirer de ces discours. A la question de savoir si eux même ne sont pas fiers de se « rincer les yeux » avec ces tenues, un ami, élément de cette unité me répond en souriant: « Gars ! Est-ce qu’on fabrique, est-ce qu’on a l’autre.  Seulement la loi c’est la loi, les étudiants eux même le savent. Malgré moi je dois sévir même si au quartier je me rends compte que je gatte mes chances de goutter au délice de ces cuisses. Papa ! c’est chaud toi-même tu vois ça comment ? Et si tu étais à ma place tu allais aussi « rincer les yeux » avant la répression».

Bon, en toute honnêteté je ne veux pas être à sa place !

En somme même si l’approche holiste qui est la notre dans l’analyse des faits sociaux nous contraint à jeter le tord sur l’Etat qui en amont ne répond pas aux attentes des jeunes, ce n’est pas pour autant qu’on fermera les yeux sur le caractère débordant et exagéré des tenues des jeunes. Il faut avoir le sang froid pour ne pas succomber aux cuisses et seins exposées à la merci des appétits.

Les filles ont tout démocratisé, assises derrière une moto taxi ou lors de leurs descentes des cars de transport, on est frappé par une migraine visuelle. Certes il y a un problème de dignité, mais celui de la sécurité de ces jeunes filles est plus fondamental. A travers ces costumes excitants elles restent exposées au viol surtout la nuit.

Au finish, je trouve la problématique mal posée lorsqu’ on essaie de juvéniliser l’indécence vestimentaire comme on le fait généralement avec la délinquance en parlant de « délinquance juvénile ». Pris sous cet angle, une certaine catégorie de vieux  elle aussi fait partie de ces délinquants, par ce que  même nos mamans discutent ces vêtements rétrécis avec leur fille dans les marchés de Mokolo à Yaoundé ou de Nkololoun à Douala. Le combat doit être général c’est-à-dire à la fois contre ces vieux et jeunes qui ont égaré la norme et normalisé l’écart.

 


Le sénat camerounais n’est pas la chambre « haute » mais un « machin »

Le sénat camerounais est une autre institution cosmétique mise sur pied par Biya, sous la pression de la communauté internationale, pour donner l’illusion d’un bicaméralisme. Le sénat n’est pas la chambre haute, pire encore, il n’a aucun pouvoir en dehors de celui de « dauphinat » en cas de vacance à la tête de l’Etat. Tout est concentré constitutionnellement entre les mains de l’assemblée nationale même si dans la pratique elle demeure elle aussi une autre chambre d’acclamation.

Une lecture profonde de la constitution camerounaise  de 1972 bis (révision de 1996) prouve à suffisance que le sénat n’est pas la chambre « haute » et qu’elle est dénuée de tout pouvoir par rapport à celui accordé à la chambre « basse ».

Déjà le serment du président de la république est reçu par le  président de l’assemblée nationale (art7 al2) affirmant ainsi la primauté de cette dernière sur le sénat. Le sénat n’a aucune influence sur l’activité parlementaire, il ne peut ni faire ni défaire un acte législatif.

Lorsqu’on essaie d’avancer dans la lecture, on constate que quand les deux chambres sont réunis en congrès les débats sont présidés par le président de l’assemble nationale en émasculant celui du sénat, du haut de son statut de chambre haute (art 14 al 4). De même en cas de crise grave, il revient toujours à l’assemblée nationale de proroger ou d’abréger le mandat du Président de la république (art 15), ce qui prouve que dans le rapport entre l’exécutif et le législatif le pouvoir est plus dévolu à l’assemblée nationale.

Le sénat au Cameroun, en dehors de l’intérim que son président peut assumer en cas de vacance à la tête de l’Etat, est un machin, un design institutionnel sans pouvoir fondamental donc simplement budgétivore. Les textes soumis à son réexamen peuvent être rejetés par l’assemblé nationale, aussi les lois faisant l’objet d’une seconde lecture par le président de la république n’ont pas à passer au sénat pour être adopté par la majorité absolue des députés (art 19). L’article 30 vient confirmer en la matière cette inutilité du sénat en stipulant dans son alinéa 03 que « les amendements proposés par le sénat sont adoptés ou rejetés par la majorité simple des députés ».

Dans la même veine l’assemblée nationale peut remettre en cause la responsabilité du gouvernement par le vote d’une motion de censure et pousser le gouvernement à la démission en lui refusant sa confiance (art 34) ce qui ne peut que conforter la puissance de la chambre basse sur la chambre « haute ».

Cette lecture de l’essentiel des prérogatives du parlement accordées constitutionnellement à l’assemblée nationale camerounaise, nous démontre les insuffisances de la constitution de 1972 révisée en 1996. La problématique du sénat camerounais comme chambre haute est une des incongruités parmi tant d’autres de cette loi fondamentale qui est permanemment modifiée, non pas pour corriger ces contre-sens, mais pour assurer la représentation à vie du président Biya aux élections.


Lettre ouverte à Marafa Hamidou Yaya

MARAF copie

Un blogueur camerounais écrit à l’ancien ministre de l’intérieur Marafa Hamidou Yaya, ex homme fort du sérail, qui purge actuellement une peine de 25 ans emprisonnement dans les locaux du Secrétariat d’Etat à la défense (SED) et s’affirme aujourd’hui comme opposant.

Monsieur,

Tout le plaisir est le mien de vous apostrophé par la présente activité épistolaire au sujet de votre détention et vos ambitions présidentielles. Il s’agit d’une réaction profane d’un jeune qui perçoit et vit l’opération dite épervier loin des logiques partisanes ou apprentis sorcières.

D’abord il y a une question qui peut tarauder l’esprit d’un jeune moyennement éclairé à savoir, qu’attendiez vous depuis votre érection en thuriféraire de monsieur Paul Biya (17 ans) pour séduire les camerounais par le projet d’alternance qui vous tient à cœur depuis votre séjour au SED. Vous me direz peut être que cette ambition était stratégiquement gardée au frais par peur pour les fougues de votre mentor. Si c’est le cas est ce à dire  que le président décapite tous ses rivaux ? Je pense que nous autres citoyens moyens n’avons aucune souvenance d’une telle Barbarie envers les ex collaborateurs du chef de l’Etat, pour preuve Messieurs Maurice Kamto et Garga Haman Hadji (ex ministres démissionnaires) qui, malgré les obstacles continuent encore à survivre politiquement comme rivaux de Biya.

Il me semble que les camerounais ne peuvent pas facilement vous pardonner le fait qu’il y ait eu un projet alternatif à l’intérieur du sérail mais qui continuait à rendre le régime Biya plus autoritairement démocratique. A titre illustratif,  vous étiez ministre de l’intérieur en 2008 quand les jeunes camerounais (plus de 48) qui ne revendiquaient que le pain quotidien avaient été massacrés à Douala. Peut être vous me direz une fois de plus que vous n’étiez pas responsable de l’ordre publique mais vous étiez quand même le patron des gouverneurs, préfets et sous préfets qui étaient sensés protéger du moins ces jeunes innocents.

Cette même année Monsieur Biya a consolidé son pouvoir éternitaire en levant le verrou de la limitation des mandats présidentiels. Qu’avez-vous fait pour afficher votre solidarité avec le peuple qui s’est trouvé désarmé face à cette énième dictature ?

Monsieur Marafa, je crois sincèrement que votre ambition de mettre fin à un régime qui a 30 ans de pontificat est un acte salutaire mais il me semble qu’il vous a manqué une seule chose, le timing. Le temps choisi c’est-à-dire celui d’un prisonnier jette un doute sur la bonne foi de votre projet patriotique.

Ce qui laisserait échapper une forte haleine de tentative de manipulation de l’opinion, surtout que le peuple camerounais reste politiquement moutonnier à cause de sa faible culture politique. La naissance précipitée des « pro » et « anti » Marafa, sans que les uns et les autres aient le temps d’identifier les vraies priorités des camerounais, pourrait être liée à vos missives et consolider mon argument.

Ainsi dans une certaine perspective, vos lettres peuvent être effectivement perçues comme une technologie de désorientation et de désinformation des compatriotes. En effet vous cherchez à mettre exclusivement au devant de la scène le coté politique de votre emprisonnement et pourtant nul n’ignore que tous les hauts fonctionnaires camerounais excellent dans la prévarication. En d’autres termes, c’est comme si vous vous êtes attelé à décrédibiliser l’ « opération épervier » or le fond des arrestations des commis de l’Etat est bel et bien pertinent, surtout lorsqu’on essaie d’évaluer le train de vie princier des uns et des autres. De même que les liasses d’argent que les ministres dilapident généralement pour soutenir les campagnes du parti d’Etat, RDPC, un butin largement au dessus des salaires et avantages cumulés.

Je pense que, dire que vous ne devez rien au trésor public ne peut que faire de vous une exception dans une tanière de prévaricateurs. Ce qui est d’ailleurs imaginable mais la perception apriori d’un camerounais éveillé le contraint à prendre la distance vis-à-vis de votre éventuelle gestion angélique durant vos années de thuriférat. En tout cas, je fais confiance à la justice que Biya et vous avez érigée.

A propos de votre offre d’alternance, j’adhèrerais à ces nobles idéaux s’ils étaient portés et impulsés par un camerounais donc le combat politique n’est aucunement lié à ses embuscades judiciaires, c’est-à-dire une élite qui se démarque non pas par des règlements de comptes politiques par exemple mais par la conviction que un changement s’impose.

Votre vision du Cameroun, du fond de votre cellule, est un impératif pour l’émergence. Cependant il me semble qu’il faudrait un personnage au dessus de la mêlé pour l’incarner à moins que vous vous engagez humblement à présenter vos excuses au peuple camerounais tout entier et escompter une amnistie pour l’expression tardive de votre patriotisme. Non pas à cause de vos altercations avec la justice mais pour avoir eu une vision que vous avez gardé pendant 17 ans alors que le peuple avait soif d’un « dinosaure de votre carrure et carrière  pour évincer » Biya.

Je suis partiellement d’accord avec vous, monsieur Marafa que la main politique serait derrière vos 25 ans d’emprisonnement puisque certains des vôtres continuent à toiser la république malgré la toge criminelle (économique) qu’ils arborent fièrement. Seulement pouvez vous nous jurer de votre coté que vous n’avez aucune responsabilité dans l’appauvrissement des caisses de l’Etat ? Parce que dans l’imaginaire des jeunes camerounais il est difficile de croire à la sincérité d’un acolyte de Biya.

Il me semble que vous avez créé des conditions pour être politiquement abattu à bout portant.

Il est important que les « pro » et les « anti » ne perdent pas d’objectif en tentant de tribaliser le débat. D’ailleurs les politiciens africains ont compris qu’en surfant sur la fibre identitaire ils pourront facilement  mobiliser un capital sympathique, affectif et compassionnel afin d’inciter des innocents à une conquête du pouvoir sur fond de fratricide.

A mon humble avis la campagne de lutte contre le banditisme des apparatchiks du régime Biya dénommée « Opération épervier » est une épuration politique des élites qui ont effectivement détourné la sueur du contribuable camerounais.

Il est regrettable que tout un gouvernement se retrouve derrière les barreaux, mais si c’est le prix à payer pour rendre justice au peuple Camerounais victime, il serait souhaitable qu’on vous envoi également un président. Et comme vous l’avez si bien dit dans votre quatrième lettre: « Rendons justice à ces victimes. Car seule la justice nous permettra collectivement de bâtir une société de confiance ».

Monsieur Marafa, lorsque vous vous séjourniez à Garoua, quelle bilan faisiez vous de votre régime au vu de l’opulence dans lequel les élites continuaient à baigner, à coté des familles agglutinées dans des cabanes sous le poids du choléra ?

Je vous souhaite beaucoup de courage tout en espérant que l’avenir pourra vous donner une occasion de faire votre mea-culpa devant le peuple camerounais et bâtir enfin ensemble cette « société de confiance ».

Aristide Mono

 


Le conseil constitutionnel Camerounais ne sera qu’une autre « Poupée russe »

GRANDE PALABRELes propos sont de l’éminent constitutionnaliste camerounais Magloire Ondoa, agrégé de droit public, lors de la 32ème conférence de la grande palabre qui a eu lieu hier à l’hôtel Franco à Yaoundé sous le thème : La mise en place du conseil constitutionnel et son impact sur l’ordre constitutionnel camerounais.

Avant l’intervention de l’orateur principal, le socio politiste Mathias Eric Owona NGuini en guise d’ « échauffement » a brossé l’historique de la constitution camerounaise de 1960 à 1996 en passant par 1961 et 1972. Parmi ces trois constitutions et demie, seule celle de 1996, mieux la loi constitutionnelle de 1996 institue le conseil constitutionnel en son titre VIII. L’opportunité de l’avènement de ce conseil est sans doute la conséquence de la crise socio politique que connaissait le pays dans les années 90.

Après avoir déclaré la conférence nationale souveraine sans objet, le président Biya va mettre sur pied un comité technique de rédaction constitutionnelle en 1991, il sera remplacé en 1994 par le comité technique constitutionnel. Ce dernier rendra sa copie en décembre 1995 et le texte sera promulgué le 18 janvier 1996, avec l’une des grandes innovations, l’institution d’un conseil constitutionnel sous le model français de la 5ème République.

cependant, selon le Docteur Ampère Simo, il y a eu encore une indigénisation car à l’heure où la France est passé à un contrôle à postériori, le Cameroun s’est contenté du contrôle à priori rendant ainsi compliqué l’intervention du conseil entre l’adoption par le parlement et la promulgation. Alors le Journaliste-juriste Cabral Libi interrogera la nécessité de cet organe qui apparait à ses yeux comme une institution sans objet.

Pour apporter un peu plus d’éclaircissement au scepticisme de Cabral, quant au bien fondé ou simplement l’inutilité de cet organe, le professeur agrégé Magloire Ondoa va rentrer dans une analyse constitutionnelle approfondie pour conclure que ce conseil est une autre « poupée russe » c’est-à-dire une cosmétique de l’ « Etat spectacle » qu’est le Cameroun.

L’origine du conseil constitutionnel en Europe a été marquée par le débat entre les partisans du positivisme Kelsien et ceux du réalisme de Carl Schmitt. Pour l’autrichien Kelsen l’intégrité de la constitution doit être assurée par un organe indépendant à savoir le conseil constitutionnel. Pour le controversé Smitt, le président doit être le gardien de la constitution. A coup sûr le design institutionnel  de  façade de 1996 vise sous-terrainement à s’accrocher aux thèses de Schmitt, surtout que le prince de Yaoundé doit rester l’alpha et l’oméga de la Norma normarum.

Au Cameroun, le conseil constitutionnel somnole encore dans la politique de progressivité mentionnée à l’article 67 de la constitution. En attendant ce progressif éternitaire, la chambre constitutionnel de la cour suprême continue à statuer en lieu et place du conseil constitutionnel. Ce retard selon le professeur Agrégé de droit public relève de la « responsabilité politique et juridique » du potentat de la principauté de Yaoundé.

Il va regretter le fait que la démocratie soit « orpheline » d’une telle institution car la démocratie majoritaire est obsolète, et aujourd’hui toutes les vielles démocraties s’arriment à la démocratie constitutionnelle. Et celle-ci ne peut être effective sans un organe en charge de contrôle  de constitutionnalité des lois et également de l’appareil politique.

Il dira aussi que la chambre constitutionnelle de la cours suprême qui jusqu’ici joue le rôle du conseil constitutionnel ne se réveille que lors des contentieux électoraux et pourtant l’élection n’est qu’un compartiment parmi tant d’autres que doit s’occuper cet organe. Il conclura à cet effet qu’il faut attendre cinq ans pour ressentir la présence de cette chambre au Cameroun.

Par ailleurs sous la pression de la société civile et la communauté internationale, le président de la république avait déclaré tour à tour le 31 décembre 2012 et le 30 septembre que le conseil constitutionnel sera mis sur pied d’ici fin 2013. Alors 17 ans après la promulgation de la loi constitutionnel de 1996, sa mise en place continue à se conjuguer au futur. Cependant une seule interrogation se pose : quel sera l’impact de ce conseil sur l’ordre politique et constitutionnel camerounais ?

Pour le professeur Ondoa Magloire « le conseil constitutionnel n’apportera rien », à titre d’illustration l’alinéa 2 de l’article 47 stipule que le conseil peut être saisi par un tiers des députés, donc 60 sur les 180, or les députés de l’opposition sont à peine 32 au parlement. Par conséquent, face au 148 élus du parti hégémonique encapsulés dans la discipline du parti, l’opposition ne peut pas saisir le conseil, d’où la paralysie de son impact. Le conseil a été constitutionnellement mutilé et anesthésié de telle sorte qu’il n’y a rien à attendre  dans le changement des mœurs constitutionnelles au Cameroun.

En outre la loi créant Elecam (organe en charge des élections) trempe cette institution dans l’illégalité puisqu’elle empiète sur le champ de compétence du conseil constitutionnel définie par la loi fondamental en son article 48 à savoir qu’il « Veille à la régularité de l’élection » quelque soit sa nature.

Une autre incongruité de cet organe est la loi de 2008 modifiant les dispositions de l’article 51 de la constitution qui précisait que les membres du conseil sont désignés pour un mandat de neuf ans non renouvelable.  En effet cette loi à ramener le mandat à 6 ans éventuellement renouvelable, ce qui réduit l’indépendance des membres qui seront le moment venu, tentés de faire allégeance au bienfaiteur qui va les nommer, chacun militant pour une éventuelle reconduction après 6 ans.

En somme nous avons une fois de plus mal singé la France, certes l’intention de De Gaule, en mettant sur pied le conseil constitutionnelle sous la 5ème république, était de museler le parlement et protéger son pouvoir, mais ce conseil va se rebeller et exiger en 1985 que le contrôle aille au-delà des lois pour s’étendre sur le pouvoir exécutif. On est passé aussi d’un contrôle à priori à un contrôle à postériori.

Pour conclure l’absence d’un conseil constitutionnel hypothèque la pertinence de la loi fondamentale, «parler de constitution sans un conseil constitutionnel est une hérésie », elle devient tout simplement « un chiffon ».

 

 

 


Le système LMD a été singé et indigénisé au Cameroun

Entrés à l’université de Yaoundé 2 en 2007, les élèves de la  première promotion du système LMD, aujourd’hui en master 2 soutiendront leurs travaux de mémoire en fin 2014 si les choses s’accélèrent. Environ 8 ans pour espérer décrocher son master 2 soit 3 ans de plus par rapport à l’esprit du système originel. En Afrique dès qu’on exporte, on tronque et on tropicalise.

Le système licence, master, doctorat est entré en vigueur à l’université de Yaoundé 2 en 2007 avec un double objectif : celui de la professionnalisation des enseignements donc des diplômés afin d’accroître leur compétitivité sur le marché de l’emploi et celui de l’accélération des cursus académiques. Aujourd’hui, on a plutôt droit à l’inverse, certains universitaires révoltés prônent un retour à l’ancien système. En effet les étudiants sont devenus de plus en plus moins lotis et la distance entre la première année licence et le doctorat est de 12 ans pour les plus chanceux. Il doit avoir tout dans ce système LMD made in Cameroun sauf une intention de professionnaliser les enseignements qui devraient être à la fois théoriques et pratiques.

Le cadre infrastructurel est le premier obstacle pour l’université de Yaoundé 2 qui continue à agglutiner plus de 2500 étudiants dans un amphithéâtre de 1000 places. La seule bibliothèque de cet établissement paraît exiguë, moins de 50 places et son livre le plus récent doit dater de 2001. Les cités universitaires se conjuguent dans un futur éternel, les étudiants, à la merci des spéculateurs immobiliers, logent chez les particuliers. La majorité squatte dans les chambres ghettoïsées de 8 000 F par mois, à côté d’une minorité, fils de « Bigmen », qui résident dans les chambres de 600 000 F Cfa l’année. Les enseignants de cette université en majorité carriéristes sont loin d’être des scientifiques de vocation, mais par défaut. Ils sont généralement issus des cuvées de chanceux qui ont eu l’opportunité de fuir la précarité du pays pour se diplômer en Europe. Leur ego oscille entre orgueil et opulence. Rares sont ceux d’entre eux qui n’accumulent pas plus de trois salaires à la fois, d’ailleurs certains sont des conseillers spéciaux du chef de l’Etat.

Le rendement de ces carriéristes ne peut être que médiocre : le suivi des étudiants est bâclé, les programmes se limitent aux introductions générales, certains professeurs sont fantômes, mais évaluent néanmoins les étudiants sur la base d’un seul chapitre polycopié ou envoyé par Mail depuis une capitale européenne. Bref les enseignants en majeure partie sont plus préoccupés par des affaires extrascientifiques. Cet état de choses peut ne pas être sans impact sur ces étudiants qui vivent un LMD d’un autre genre. Ils bénéficient de la politique paresseuse de « promotion collective » qui les maintient en dessous des performances escomptées d’un LMD non singé. La majorité d’entre eux glanent leur master, par exemple en science politique, sans lire la première de couverture du Prince de Machiavel, Le Savant et le politique de Max Weber ou Le capital de Karl Marx. Chacun s’adapte à sa manière à ce manque de sérieux ainsi, à défaut d’attendre impatiemment la réussite à un concours, les étudiants se livrent à tous genres d’activités, qu’elles soient licites ou illicites. Le système LMD est alors corrompu et n’a aucune valeur ajoutée sur le cursus académique.

La quantité congrue et marginale des étudiants qui garde encore une fine affection pour la science et croit en elle bute sur des lenteurs du système. A titre d’exemple ; la promotion des masters 2 sciences politiques de 2007 a obtenu le master 1 en 2011, ils ont candidaté pour le master 2 en novembre 2011, les résultats de la sélection ont été affichés en mars 2012, les cours ont débuté en mai 2012, en septembre les cours ont été suspendus par le doyen et repris timidement en décembre 2012. En avril 2013, il n’y avait plus pratiquement aucun professeur dans les amphithéâtres. Il sont passés aux écrits terminaux en septembre 2013. Jusqu’à ce jour les notes restent attendues, la session de rattrapage et la rédaction des travaux de mémoire sont fixées aux « calendes bantoues ». Bref après le master 1, il faut encore patienter jusqu’à 4 ans pour espérer obtenir le master 2.

Par ailleurs, les étudiants sont confrontés aux problèmes de documentation, aux problèmes de suivi, car les enseignants passent plus de temps dans les bureaux et en Europe, certains mettent sur pied leurs propres instituts où la scolarité est élevée à plus d’un million de F Cfa largement au-dessus des 50 000 qui sont exigés dans les universités d’Etat. L’accès à l’information reste un calvaire pour les jeunes chercheurs qui, à 80 % versent dans le plagia afin de surmonter les obstacles d’un système indigénisé.

Enfin de compte, on se retrouve avec un bilan totalement désastreux, nous n’avons ni de docteurs de moins de trente-cinq ans, ni de diplômés professionnalisés et compétitifs en dehors des miraculés et ceux qui empruntent des réseaux parallèles.

On peut conclure tout simplement qu’en Afrique en général et au Cameroun en particulier on excelle dans le cosmétique pour donner, dans le cas d’espèce, l’illusion d’un LMD qui au fond n’est qu’un vernissage pour se conformer frauduleusement aux standards internationaux.


Cameroun: Des études de droit aux travaux champêtres: la faillite de l’Etat

Nombreux sont des licenciés aux Cameroun qui finissent photocopieurs, call boxeurs (gérants de cabines téléphoniques ambulants), conducteurs de motos ou tout simplement vendeurs à la sauvette. Il s’agit d’un manque de politique d’insertion socioprofessionnelle des diplômés. Suivez l’histoire de Joseph Ayissi détenteur d’une maitrise en droit des affaires.

Né le 8 avril 1988 à Ekal-Minkoul, village situé à 67 km de Yaoundé, Ayissi Joseph arrive à Soa une banlieue de Yaoundé pour y suivre les études de droits à l’université de Yaoundé 2.  Face à l’absence de cité universitaire, il va poser ses valises au village Tsinga (à 7 km du Campus) dans la baraque d’un oncle du village Gendarme, baraque jadis réservée aux gardiens de son terrain. Ayissi va cumuler à la fois ses exigences académiques et l’entretient du domaine dudit oncle.

Au bout de 04 ans il obtient une maitrise en droits des affaires et vu l’insuffisance des moyens financiers il va mettre fin à son cursus académique afin de se concentrer sur les concours administratifs qu’il va financer avec les retombés de ses petites activités agricoles. Etudiant solitaire,  Ayissi Joseph échoue à tous les concours et toutes ses demandes d’emploi déposées ci et là restent infructueuses. Se distinguant par son dynamisme et sa détermination, il se trouve désormais dans la peau d’un paysan dans ce petit village où il pensait juste être de passage en attendant décrocher un emploi.

Après avoir pris quelques hectares en location, il va développer sans un quelconque soutien, la culture du piment, du manioc et du maïs avec une expertise dérisoire et des moyens matériels très faibles pour ce diplômé. Il est désormais obligé de se refugier derrière les travaux champêtres devant le verrouillage de l’accès à la fonction publique.

Alors, quelle analyse faire de cette narration pathétique d’Ayissi Joseph qui est un cas parmi tant d’autres au Cameroun ? Il faut dire que :

–           L’offre d’emploi dans la fonction publique est rachitique et les maigres postes pouvant être disponibles sont cumulés par les mêmes individus qui se trouvent parfois en même temps ministres, PCA et enseignants d’université. Cet état de chose est soutenu par une corruption ambiante qui conditionne la réussite à un concours ou un recrutement au monnayage, au trafic d’influence et à la cooptation affective ou parentale. Ce qui amoindrie toute chance pour un démuni sans capital relationnel de décrocher un emploi.

 

–           La politique académique n’arrime pas les formations à la demande, ce qui crée une inadéquation entre les emplois disponibles, accessibles et les profils des postulants. A ceci se greffe la problématique de l’orientation académique qui ne tient pas compte des besoins de l’heure. Près de 23000 étudiants sont inscrit chaque année en cycle licences de l’université de Yaoundé 2 pour un pays de 20 000 000 qui compte moins de 500 000 fonctionnaires.

 

–          Il y a également la bureaucratisation des emplois dans la mesure où le niveau de vie des employés de la fonction publique, excellant dans la prévarication,  est présenté aux jeunes comme l’unique chance de gagner sa vie, faisant ainsi de l’informel un secteur subalterne et dévalorisant. C’est la promotion des porteurs de cravates. Ainsi les activités comme l’agriculture restent perçues comme une forme de ruralité.

 

–          Le secteur informel ne fait pas l’objet d’un soutien avéré du gouvernement, les rares déclarations d’intention des détenteurs du pouvoir manque de matérialisation d’où par exemple le chemin solitaire que mène Ayissi Joseph dans la conversion de sa maitrise en droit des affaires en agriculteur.

A défaut de trouver des emplois aux jeunes, il faudrait les rendre auto employeurs avec un appui technique et logistique de l’Etat. Aussi serait-il louable de les orienter dans les formations professionnelles au lieu de continuer de se contenter de 09 universités d’Etat d’enseignement général contre zéro université technique en dehors des écoles de formation qui exige une réussite à un concours. Et qui dit concours au Cameroun dit émasculation de la méritocratie, promotion du favoritisme et tractations souterraines.


Le Cameroun s’avance t-il vers un après Houphouët?

Après plus de 30 ans de stabilité politique, la Côte d’Ivoire a sombré dans une guerre civile au lendemain de la mort d’Houphouët, premier président de la République ivoirienne. Après plus de 30 ans de stabilité politique sous Biya, le Cameroun coure t-il vers le K-O à l’ivoirien ?

Cette interrogation a déjà trouvé une réponse affirmative chez certains acteurs de la scène politique camerounaise et autres analystes politiques comme le politologue Eric Mathias Owona Nguni qui soutient mordicus que le Cameroun n’échappera pas au cas ivoirien. Un point de vue sentencieux qui ne fait pas du tout l’unanimité car d’autres, plus optimistes déclarent que le Cameroun n’est pas la côte d’ivoire en reprenant une expression chère à Biya « le Cameroun c’est le Cameroun ».

Tout en évitant de faire dans le divinatoire c’est-à-dire dans une science politique prémonitoire, nous allons glisser notre modeste expertise dans ce sujet en vue de voir de plus près des éléments de convergence et de divergence qui peuvent motiver respectivement les partisans du Camerouno-pessimisme et ceux du camerouno-optimisme. Le Cameroun recèle t-il des ingrédients à même de déboucher à un cocktail de boucherie humaine après le départ de Biya ?

Brève incursion dans les causes probables du crime ivoirien

La côte d’ivoire s’enlise dans le doute après la mort du Césaro-papiste Houphouët, valet de la France qui a maintenu le pays dans la paix grâce aux méthodes focardiennes basées sur un tonton-macoutisme qui ne donnait aucune chance à l’érection d’une pensée politique alternative. Une stabilité qui masquait d’un profond malaise qui hantait le pays.

D’abord la colonisation qui n’avait pas fait ses adieux, par conséquent  la Côte-d’Ivoire est restée colonisée, privatisée, bref néo colonisée par la France au vue de l’implantation politique et économique de nos amis gaulois dans ce pays francophone, le plus important du pré-carré français. A coté de la France qui maintenait la population la tête sous l’eau en protégeant le dictateur Houphouët, il va naitre un sentiment nationaliste très exacerbé avec un FPI tapis dans les buissons pour ne pas parler de clandestinité. Ce qui va permettre l’implantation d’un dragon politique qui va avaler toute l’élite, à savoir le PDCI (catch all party tropicalisé). Ainsi la notoriété de Houphouët donc celle de son dragon politique était loin d’être inquiétée.

La stabilité politique sous Houphouët va également masquer les clivages ethno-régionalistes entre les divers segments sociaux. Parmi lesquels, les mandés (malinké, Dan, Kweni), les Gur (les voltaïques Senoufo, Koulango et Lobi), les Kru (Wê, Bété, Dida, Bakwe) et les Akan (Agni, Baoulé, Avikam) entre autres. Si Houphouët arrive à réparer l’injustice donc les « nationaux » se disaient être victimes face aux « renégats Dioulas » (expression de Blé Goudé), immigrés, grâce à une institutionnalisation de la prévarication, il amplifia de plus en plus les frustrations de ces populations « dioula » du nord  pourtant ivoiriens eux aussi.

Houphouët va donc bricoler une ethnocratie que Akindès appelle « Aristocratisme Akan » qui ne pouvait pas domestiquer longtemps les antagonismes de frustration que ce régime avait créée entre les ethnies ivoiriennes et entre le peuple et le néo colonisateur. La nomination d’Alassane Ouattara comme premier ministre fait également partie de ce bricolage du problème ethnique en voulant gérer par le haut un problème qui se posait par le bas.

Au-delà de l’insuffisance d’un régime eschatologique, incapable de se réadapter, Houphouët va mourir au pouvoir sans poser les jalons d’une transition pacifique, en effet il s’est laissé submerger par l’illusion de l’immortalité du prince c’est-à-dire malgré son état comateux, Houphouët ne songeait pas à une côte d’ivoire sans lui. Il n’avait pas posé les bases d’une alternance bien négociée surtout, lorsqu’on est prévenu par Ignatieff que « les états dont la légitimité repose sur le charisme d’un individu ne peuvent que se disloquer à sa disparition ».

Le Cameroun connaitra t-il l’implosion après la mort du charismatique Biya ?

Similitudes entre régime de Biya et celui de Houphouët sus évoqué

Le premier trait de ressemblance est sans doute la longévité excessive de Biya au pouvoir qui venait de fêter ces 31 ans au sultanat présidentiel de Yaoundé. Le deuxième reste la Méthode Russe héritée bien évidemment des réseaux focardiens avec des simulacres de compétitions électorales démocratiques non concurrentielles. Ce qui crée une légitimité fictive d’un président bien aimé. Comme Houphouët, le régime Biya possède un dragon politique, le RDPC qui avale corrompt toute l’élite qu’elle soit politique, religieuse, intellectuelle ou traditionnelle. Ce dragon politique a également une forte chance de se disloquer à cause des dissensions patrimoniales des Biyayistes comme ce fut le cas du démembrement du PDCI par les Houphouëtistes.

Les frustrations créées par l’injustice sociale restent étouffées par l’emprise que le charismatique chef de l’Etat a sur les forces armées qui veillent à ce qu’il n’y ait pas de revendications subversives. Au lieu d’un peuple qui vit dans la paix, il est mieux de parler au Cameroun d’un peuple qui vit dans la peur. La paix ou la stabilité politique du Cameroun est de façade. Cependant est ce pour autant que le Cameroun de Biya ne se démarque-t-il pas de la côte d’ivoire d’Houphouët ?

Divergences

Le Cameroun est multi ethniques comme la cote d’ivoire mais avec plus de 210 groupes sociologiques. A coté des grands complexes ethniques qui ne sont d’ailleurs que les ethnonymes (Béti du centre, nordiste et bamiléké de l’ouest) on retrouve plus d’une centaine d’ethnies aux langues multiples. Il est difficile de faire une carte ethnique du Cameroun.

En plus de cela, le pontife de yaoundé a ce mérite de paraitre moins tribaliste et de gérer objectivement ces segments sociaux à travers l’intégration nationale très poussée qui est entrain d’être soutenu par une décentralisation effective qui avance à pas d’escargot. Le Cameroun ne fait pas face au problème de « camerounais d’origine ou non » (camerounité) qui pourrait faire l’objet d’une théorisation et instrumentalisation comme le cas de l’ivoirité. Idéologie FPI des années 1980 réappropriée, réactualisée et conceptualisée par le PDCI et Nyangoran Bouah. Le Cameroun n’est pas aussi privatisé par une métropole étrangère, si cela a été le cas dans le passé, aujourd’hui le pays reste ouvert à divers prédateurs étrangers (Chinois, américains), ce qui parait difficile pour les français de s’immiscer d’une manière flagrante dans les problèmes camerounais sans se soucier des investissements américains (Pipe line Tchad Cameroun) et chinois (projets structurants).

Si Houphouët a passé ses trente années de pontificat dans une quiétude totale, Biya ne connait pas de repos, en face on retrouve une opposition, pas seulement partisane, qui demeurent en permanence très réfractaire à son mode de gouvernement d’où le recul qu’on observe dans la gestion des affaires publiques. Le régime Biya contrairement au régime d’Houphouët ne connait aucun homme fort, tous ses collaborateurs sont exposés à ses fougues, ce qui désacralise le caractère essentialiste d’une quelconque élite et rend le dauphinat ouvert à tous. Le Cameroun ne connait pas de deuxième homme fort ni de troisième homme, il n’y a qu’un homme fort et un seul : Biya. La transition est discrètement montée car l’événementiel dans le processus décisionnel est loin d’être une gymnastique prisée par Biya.

Conclusion du décryptage

Au vue des divergences et convergences, Certes le Cameroun est exposé à une crise après le départ de Biya, mais pas une crise ethnique, nationaliste et religieuse comme dans le cas ivoirien c’est-à-dire un conflit « Glocalisé » (mélange de local et de global :Appadurai).

Deux types de crises guettent le Cameroun : la révolution de palais (exemple malien avec ATT) ou un deuxième printemps négro-camerounais (révolte populaire ou révolution). Dire que le Cameroun ne va connaitre aucune instabilité politique après le départ de Biya c’est être trop excessif, tout simplement parce que la décompression d’une démocrature ou d’un autoritarisme démocratique, susceptible de conduire à une démocratie effective, exige dans toute nation une pause insurrectionnelle.

 


Cameroun: Remaniement ministériel imminent, les marabouts sont de plus en plus courtisés…, L’heure des transactions souterraines!

Les marabouts sont sollicités tous ces derniers temps par les ministres qui ont perdu le sommeil au Cameroun depuis la publication des résultats des dernières législatives. En effet comme il est de tradition après de telles échéances, le président procède à un remaniement ministériel. Il s’agit généralement soit, pour sanctionner ses collaborateurs qui ont fait des mauvais scores électoraux dans leurs fiefs respectifs, soit pour récompenser des élites ayant permit au parti de glaner des scores albanais.

Les ministres et les élites se battent pour le maintien ou l’accession à la mangeoire surtout lorsqu’on sait l’opulence insolente et les largesses dont bénéficie un ministre au Cameroun. Ces derniers depuis un bon bout de temps se livrent à toute sorte de pratiques malveillantes pour sauver leurs postes.

Le couloir le plus sollicité est celui du mysticisme d’ailleurs une intrigue selon laquelle une élite de la localité de Soa aurait enterré un bœuf dans son domicile fait les choux gras de la presse. Il s’agit d’influencer mystiquement les prochaines nominations du chef de l’Etat, les guérisseurs en profitent pour vivre le beau temps. Ces derniers ont installés leurs cabinets chez certains ministres afin de les protéger tout au long du processus décisionnel contre de forte somme digne d’un poste de détournement de fonds publique. On aperçoit depuis peu des individus d’un autre genre au coté de ces ministres ; les marabouts sont devenus presque comme des gardes du corps.

D’autres ministres, à défaut de faire squatter les guérisseurs traditionnels dans leurs palaces ont opté pour une thérapie à distance, on les aperçoit régulièrement dans les sentiers qui mènent aux tréfonds des villages surtout ceux de la région de l’Est et de l’Extrême Nord. Ils convoquent leurs nouveaux protecteurs à venir faire des incantations nocturnes dans leurs bureaux respectifs. C’est la panique totale chez ceux des ministres qui s’investissent dans cette nouvelle pratique politique que la science politique devrait désormais considéré comme sous-champs disciplinaire sous le nom de « Sorcellerie politique ».

Les forces de l’invisible ont du pain sur la planche, presque toutes les élites ont abandonné leurs destins ministériels entre leurs mains. A coté des marabouts, les charlatans, les pasteurs et les grands maitres des ordres ésotériques sont interpellés dans ce combat mystique pour influencer les décisions du Chef de l’Etat. Les populations voisines des palaces des ministres n’hésitent pas à aller assister aux grandes veillés de prière que leurs voisins de luxe organisent, surtout qu’il y a généralement une distribution des dimes et une gastronomie afin d’encourager la clientèle à continuer de soutenir le pasteur pour le maintien ou la nomination au prochain gouvernement.

Les élites sont plongées dans les neuvaines de prières, les rituels sont présidés par les pasteurs des églises dites réveillée dont les portraits en grand format jonchent tout les grands carrefours de Yaoundé pour plus de publicité et de clientèle que constitue aujourd’hui les ministres et autres élites. En fait les temps sont dur, il faut rapidement faire un gros chiffre au près des ces clients de luxe en attendant une autre veille de remaniement.

Les ministres ne reculent devant aucun sacrifice aussi vil soit-il, comme en témoigne cette rocambolesque histoire du bœuf enterré vivant par une élite dans son domicile. De même les accidents routiers de nos jours sont mis à l’actif de ces sacrifices perpétré par les élites de la localité selon la conception locale. Monsieur Dénis Boileau, président de la grande loge unie du Cameroun, serait également saturé par les visites de ces coreligionnaires, élites politiques.

La force mystique est associée à d’autres manœuvres peu orthodoxes. La presse à gage est mise à contribution pour abattre des adversaires politiques ou éventuels concurrents. Il n’est pas évident qu’on retrouve dans les parutions de la presse écrite la titraille qui n’accable pas un homme politique, les informations fondées ou non tournent généralement autour des détournements des deniers publics.

L’autre forme de disqualification des potentiels adversaires consiste à faire un pseudo listing des soit disant futur membres du gouvernement. Alors que c’est un subterfuge ironique qui vise à jeter le discrédit sur ses personnalités du moins dans le contexte camerounais, « être cité par un journal dans une futur liste du prochain gouvernement c’est une outre façon d’hypothéquer les chances d’être nommé, c’est une autre façon de te tué politiquement » dira un responsable politique de l’UPC à l’émission Arène à Canal 2.

En somme les ministres et autres élites ont perdu  le sommeil, par conséquent, y a un manque de concentration sur les budgets programmes actuellement en discussion au parlement qui est en pleine session budgétaire. Il faut recourir à tous les procédés pour entrer ou se maintenir au gouvernement, tout le capital relationnel est mobilisé dans le souci de négocier avec le cabinet civil. Certains mettent la qualification du Cameroun au mondial 94 à l’actif du président de la république.

Seulement, où est passé la rationalité, la compétence et la méritocratie dans toute cette euphorie métaphysique.

 


Éliminatoire Brésil 2014: Les lions domptables redeviennent du moins indomptables, ils se sont arrogés l’unique ticket que le Roi Pélé avait offert à l’Afrique-Centrale en 2012.

Après avoir alimenté les faits divers en 2010 en Afrique du Sud avec zéro point dans la besace ;
Après avoir manqué deux coupes d’Afrique en espace de deux ans ;
Après une entame des éliminatoires de la Coupe du monde très tumultueuse ;
Après l’emprisonnement du président de la Fédération Camerounaise de Football ;
Après la suspension du Cameroun en juin dernier par la FIFA;
Voici les lions ! Voici quatre buts contre un qui donnent des raisons d’espérer.

La Tunisie, qui jusqu’ici usurpait la place du Cap Vert, a été définitivement désillusionnée par Samuel Eto’o et ses coéquipiers au stade Ahmadou Ahidjo. Le compteur-but a été ouvert par Achille Webo dont les derniers buts remontent en 2005, quand le Cameroun infligea une raclée à la Côte d’Ivoire à Abidjan. Ensuite viendra le tour de Benjamin Moukanjo, et les deux buts de Jean 2 Makoun juste après l’unique but tunisien. Encouragé par un public lassé de contre-performances, les lions domptables sont redevenus sur ce coup, indomptables.

Cette victoire aujourd’hui vient traduire en actes les propos de Pélé en 2012 à la CAN Guinée équatoriale/ Gabon, où il avait déclaré venir remettre à l’Afrique centrale un ticket d’invitation pour le Brésil. Apparemment, c’est le Cameroun qui s’est emparé du ticket. Une occasion pour le peuple camerounais de soulager le stress peinant des soubresauts qui émaillent son quotidien. Nous autres, sommes tenter d’exulter, de s’extasier, mais nous sommes habitués à de telles euphories nous commande un brun de scepticisme sur le bien fondé de notre présence prochaine au Brésil, surtout, lorsqu’on maitrise l’environnement dans lequel les lions, désormais indomptables, ont arraché cette qualification.

Il y a quelques jours, lors de la dernière conférence de presse de l’équipe nationale à Mbankomo, Eto’o Fils s’est justifié sans cesse sur la raréfaction de ses buts avec l’équipe nationale en fustigeant les conflits internes et l’environnement managérial. Les raisons ainsi invoquées sont d’ailleurs celles qui ont motivé son annonce officieuse de se désengager de la sélection nationale après le match contre la Libye. Nul n’ignore la hache de guerre qui a toujours existé entre le clan d’Alexandre Song et celui du joueur de Chelsea. Eto’o disait tantôt, que son option de jouer plus en retrait lors du match allé à Tunis était justement du fait qu’il était volontairement sevré de passes venant des milieux de terrain dont, Alexandre Song. Malgré des comités de réconciliation depuis l’aventure Sud africaine, rien n’a changé dans les rapports entre les deux camps.

En dehors de ce protagonisme endogène à l’équipe, il y a les problèmes de management. L’espérance de vie des coachs à la tête de la sélection nationale depuis 2003 est de 7 mois. Pour preuve durant ces éliminatoires le Cameroun a connu trois sélectionneurs (Denis Lavagne, Jean P Akono et Volke Finke). Ce qui entame considérablement la stabilité nécessaire pour un rendement positif dans le temps. Cette instabilité est la conséquence d’une gestion mafieuse du football par les instances qui en ont la charge, à savoir, le ministère des sports et la fédération, qui ont installé un bicéphalisme à la tête de l’équipe qui à son tour, crée un imbroglio quant à la lisibilité de la gestion de l’équipe nationale.

Jusqu’ici rien ne prouve que ces tares sont résolues car,  pour cette qualification  il a fallut une paix de brave, conjoncturelle,  entre les Pro-Eto’o et les Pro-Alexandre Song. Il a fallut que le président de la Fécafoot soit incarcérer et qu’un comité ad hoc, dit de normalisation prenne les rênes  de la fédération. Sans oublier le rôle capital du président de la république Biya, qui a eu à exhorter Samuel Eto’o Fils à ne pas prendre sa retraite internationale, et de revenir sur sa décision officieuse. Il a fallut également que le publique et les médias soient convaincus que le football reste un palliatif aux conséquences scabreuses de la gestion opaque des ressources des camerounais par une élite prévaricatrice.

Comme on peut bien le remarquer, l’accouchement a été laborieux, comme d’habitude, la cosmétique et le bricolage nous ont propulsés dans les rue de Rio mais, les problèmes persistent. Ils pourront encore s’aggraver avec toute la mafiaisation qui sera montée par des opérateurs du crime à col blanc autour de l’équipe. La mallette d’argent disparue entre les mains du ministre Kontchou à la World Cup 94 est un exemple de ce qui va suivre. Des problèmes de primes, d’équipementiers, des joueurs sélectionnés souterrainement ou nuitamment sur la base de rien, bref la guerre de positionnement sur les dimes qu’offre la FIFA dans de pareilles circonstances. Ça sera du business pur et simple, avec des délégations composées, non pas des compétiteurs, mais des membres de la famille du ministre et proches, les amantes des responsables au détriment des Fan clubs, résultat : on risque d’aller faire simplement du tourisme dans les rues de Rio de Janeiro !


Cameroun: Biya vient d’ « inaugurer le début des travaux » du deuxième pont sur le Wouri

Nous sommes passés d’un discours de pose de la première pierre à un procès de l’opposition camerounaise au vue des interventions respectives du délégué de  la communauté urbaine de Douala et le ministre Laurent Esso qui se sont attardés sur les « apprentis sorciers », les « maquisards de l’intrigue, du ridicule » et qui ne cessent d’emprunter le chemin de la violence.

Arrivé dans la capitale économique pour la première fois le 24 février 1983, Paul Biya a frôlé le tarmac de l’aéroport de Douala à 12h 13mn. C’est avec un air quelque peu crispé que le président a procédé au cérémonial protocolaire traditionnel. Il rejoindra les berges du fleuve Wouri une heure plus tard sous les ovations des militants de son parti. Tous les députés et sénateurs, tout parti confondu, actuellement en pleine cession budgétaire du côté de Yaoundé ont abandonné les hémicycles pour vivre cette cérémonie.

Le délégué du gouvernement à la communauté urbaine de Douala Docteur Fritz Ntonè Ntonè  et le représentant des élites du département du littorale, le ministre d’Etat Laurent Esso vont se succéder au pupitre pour chanter les louanges et autres formes d’ « alléluia » au pontife national. Curieusement leurs interventions vont devenir une occasion pour eux de faire le bilan électoral du parti de Biya, de stigmatiser et de criminaliser l’opposition en la traitant de tous les noms d’oiseaux.

Et pourtant, il s’agissait de la pose de la première pierre d’un édifice national qui doit faire la fierté de toutes les sensibilités nationales. D’ailleurs le leader du Manidem, parti farouchement opposé au régime de Yaoundé a demandé à ses militants d’aller soutenir le président de la république dans ce projet. Le pont sur le Wouri, faut-il le rappeler, est un symbole d’intégration nationale et sous-régionale puisqu’il servira une fois de plus de connexion entre le Cameroun anglophone et francophone. Il est déplorable qu’on ait assisté à une politisation partisane, une criminalisation de certains camerounais dans un projet financé par  le contribuable camerounais.

Après les discours bancals de ses prédécesseurs au pupitre, Biya fera preuve de maturité, en surpassant ce débat pro-RDPCiste. Il va remercier tous les acteurs politiques camerounais pour le calme observé lors du dernier scrutin. Il célébrera avec une grande joie la coopération française puisque la France finance les ¾ de ce projet. Il dira que ce pont devra être le symbole d’un Cameroun émergent.

La cérémonie s’achèvera par la pose de la première pierre à proprement parlé et la présentation de la maquette,  un exercice qui mettra au devant de la scène la nouvelle ambassadrice de France au Cameroun madame Christine Robichon.

C’est l’occasion de saluer la sorcellerie des chefs sawa qui a dévié la pluie, alors que la météo prévoyait une grande tornade sur le site de l’évènement. Ces derniers ont par ailleurs offert en guise de cadeau  un Banc traditionnel qui aurait dormi plusieurs semaines dans la forêt chez les ancêtres. Une manière de consolider l’éternité de Biya au pouvoir.

La cérémonie c’est achevé autour de quinze heure, la suite du séjour du président à Douala prévoit l’inauguration de la centrale à gaz de Logbaba demain, entre temps Douala reste paralysé et c’est l’économie qui pâtit.

 


Cameroun : enfin Biya quitte le palais pour les berges du Wouri après la promesse de campagne de 2011!

Le président de la République du Cameroun qui venait de célébrer sa longévité au pouvoir, veut traduire en acte une promesse qu’il avait faite lors de son dernier passage à Douala dans le cadre de la campagne électorale de la présidentielle d’octobre 2011.  Il s’agit de l’ « inauguration du début des travaux » du deuxième pont sur le Wouri, un projet qui a fait sans cesse l’objet de renvois aux calendes « bantoues », d’ailleurs l’ancien ambassadeur de France au Cameroun, Bruno Gain, avait couru le risque d’annoncer le 7 décembre 2012 à Douala que les travaux débuteront en janvier 2013.

M. Biya vient lancer officiellement les travaux de ce deuxième pont de près de 800 mètres qui doit décongestionner les embouteillages du pont actuel dont la traversée reste un parcours du combattant de deux heures pour les automobilistes. Ce pont qui a été inauguré le 15 mai 1955 sous le coup de griffe de la technologie française pour favoriser l’extraction de la ressource agricole du Sud-Ouest et du Nord-Ouest ne répond plus aux attentes économiques de l’heure. La traversée du fleuve Wouri est désormais l’une des principales voies de sortie des marchandises qui accostent sur le port autonome de Douala, le plus important de la sous-région Afrique centrale, et qui ravitaille les pays voisins d’où l’urgence de ce deuxième pont alternatif. Ce pont en gestation viendra donc répondre à la fois à une demande sociale et économique.

« L’inauguration du début des travaux »  du 2 e  pont sur le Wouri rentre en droite ligne des projets structurants lancés par le Cameroun pour atteindre l’émergence d’ici 2035. Le coût de ce chantier est évalué à 119 milliards de F Cfa dont 87 seront financés par la France c’est-à-dire, 65,5 milliards par l’Agence française de développement et 21,6 par le contrat de désendettement développement  (C2D); un sursaut d’orgueil de la France face à la Chine qui contrôle la majeure partie des projets structurants ! Un bon coup également pour Biya de remonter dans les sondages après la parodie de scrutin du 30 septembre.

Tout est fin prêt pour accueillir l’Homme Lion, le Nnom Ngui (le mal dominant des chimpanzés). Le service public est arrêté, tous les fonctionnaires et élites sont désormais en train de colmater les brèches pour faire bonne presse devant le manitou national. Une propreté de façade a été lancée par la communauté urbaine de Douala, toutes les forces de sécurités sont immobilisées sur les sites de passage du président avec un déploiement excessif des éléments de la force d’intervention rapide (BIR) qui dorment depuis une semaine sur ces sites. Quelle mobilisation pour aussi peu ?

En croire les sources bien introduites, le président Biya profitera de ces deux jours pour visiter d’autres chantiers en cours à savoir, la centrale à gaz de Logbaba qui alimente 20 entreprises de Douala dont les trois brasseries sous l’ingénierie de la britannique Victoria Oil Gaz (Rodéo) pour un coût total de 70 milliards de F Cfa. Seront également visitées  par le pontife de Yaoundé, les deux cimenteries nouvellement mises sur pied dans la même ville pour soutenir la demande de la construction de ce deuxième pont.

La réalisation de l’ouvrage a été attribuée à Sogea-Satom en regroupement avec d’autres structures de Vinci Construction (Dodin Campenon Bernard, Sogea TPI) et Soletanche Bochy (Soletanche Freyssinet) pour une durée de travaux de 44 mois.

L’effervescence spectaculaire des membres du gouvernement qui ne cessent de multiplier les descentes sur le site qui abritera le chantier donne  l’impression de l’inauguration du début de l’opérationnalisation du pont, et pourtant il s’agit simplement de la pose de la première pierre. D’ailleurs combien de chantiers inaugurés par Biya n’ont jamais connu la pose de la dernière pierre ? Voilà un autre cosmétique pour maintenir les Camerounais dans l’espérance, dans un long terme qui peut avaler plus de trois générations.

 

 


Cameroun: AES se désengage de la SONEL avec pour seul bilan: les délestages intempestifs!

Lors d’un communiqué de presse du 7 novembre, le groupe AES corporation a confirmé son départ du Cameroun après 12 années de délestage. Arrivée en 2001 dans le cadre de la privatisation des entreprises Etatiques, AES-SONEL a suscité beaucoup d’espoir chez les consommateurs de l’énergie électrique, malheureusement quelques années plus tard elle repart en laissant les camerounais dans le noir. Elle avait alors acheté les 56% des actions de la SONEL (entreprise locale) et les 44% étaient restés entre les mains de l’Etat.

Implanté jusqu’ici dans plus de 25 pays dans le monde le groupe d’Arlington s’est décidé dans un souci de rationalisation de se désengager dans 8 pays dont l’inde, la Pologne et le Cameroun ainsi que 21 filiales. En ce qui concerne le Cameroun, AES a revendu ses actions à une entreprise britannique Actis qui dit-on jouit d’une grande expérience qu’elle a démontré en Afrique du sud, Kenya, Côte d’ivoire et Tanzanie entre autres.

Le montant de la transaction s’élève à 220 millions de dollars (110 milliards de FCFA) dont 180 seront versés après la finalisation du contrat. Il faut rappeler que depuis Mai 2013 Actis avait pour challenger dans le rachat des actions de AES le groupe Emerging Capital Partner (Ecp) mais au finish le groupe Actis a bénéficié de l’appui des institutions de breton-Wood afin de rafler la mise.

Durant son séjour au Cameroun Aes a consenti des efforts inefficaces pour résorber le déficit d’énergie électrique avec la mise sur pied de la centrale de Dibamba d’une capacité de 86 KW et le Projet Kribi Dévelopment Power (KPDC) d’une capacité de 216 KW. Au moment de son départ AES s’en va en laissant les camerounais dans le noir. Les trois quart du pays restent dans l’obscurité totale sans installations électriques, les rares localités qui en jouissent sont sevrés du courant au moins deux heures par jours en moyenne. Les délestages vont jusqu’à plus d’une semaine voire des mois,  c’est le cas actuellement d’une bonne partie du quartier Etoudi qui abrite la présidence de la république du Cameroun.

AES part laissant derrière elle ses sous traitants aux aboies, lors d’une conférence à Douala ces dernier réclamaient 6 milliards à l’entreprise qui, de son coté, réclame aux consommateurs camerounais 13 milliards de FCFA d’impayés. Ce départ suscite également des inquiétudes quand au devenir de ses ex-employés qui redoutent l’impact de la politique managériale du nouvel arrivant, Actis.


Nord Cameroun: 2 morts et plus de 25 blessés lors d’un affrontement sanglant entre la milice du Lamido de Rey-Bouba et les commerçants révoltés par la dictature de ce chef

C’était mercredi dernier dans la commune de Touboro dans le département du Mayo Rey lorsque les membres du Fada (milice du Lamido), ont fait une incursion dans le marché local pour exiger le payement des impôts. Un recouvrement qui incombe pourtant à la mairie.

En effet, il faut préciser que la commune de Touboro avant de passer entre les mains de l’UNDP, est restée longtemps entre les mains du parti au pouvoir RDPC sous l’autorité du Lamido de Rey Bouba qui avait alors délocalisé les bureaux de recouvrement de la mairie vers sa concession (chefferie). Aujourd’hui la nouvelle équipe dirigeante est entrain de mettre fin à cette vielle pratique en ramenant l’administration locale à la mairie. Ce que n’entend pas le Lamido Aboubakari  Abdoulalye Vice-président du sénat .

La milice de ce dernier est alors descendue dans le marché armée de flèches,  elle a commencé à tirer sur les commerçants résistants. Ces derniers, révoltés ont décidé de répliquer, bilan:  une dizaine de blessés et deux morts, des boutiques saccagées et une pick-up 4X4 emportée par les flammes.

Un des Dogaries du Lamidat justifie ces attaques en estimant que les membres du Fada ont apporté légitimement leur soutien aux anciens percepteurs (sous le régime RDPC) qui se sont sentis menacés par les nouveaux, installés par la nouvelle équipe communale (UNDP). Selon le sous préfet Alim Soulé cette escalade de violence est liée à la victoire du parti du ministre d’Etat Bello Bouba qui a humilié le sénateur, Lamido, dans son propre fief politique.

Dans tous les cas le calme est revenu la même soirée  grâce à l’intervention du Bataillon d’intervention rapide (BIR) et des autorités publiques.

Le maire de la localité, Koulagna Nama, crie au complot des élites du RDPC, parti du Lamido qui tentent de rendre son séjour à la tête de l’exécutif communale difficile, surtout que ces incidents interviennent juste après le rejet par la cour suprême de la demande en annulation de la victoire de l’UNDP introduit par les camarades du Lamido.

Cet affrontement pose une fois de plus la problématique de la confusion entre le pouvoir traditionnel et politiques dans les sociétés africaines. Depuis la colonisation les chefs traditionnels ont toujours gardé leur pouvoir charismatique en dépit des évolutions politiques. Ils sont des potentats dans les régions de l’ouest et du nord Cameroun  et croient avoir le dessus sur l’administration dans une logique de l’Etat seigneuriale où les chefferies sont des Etats en l’intérieur de l’Etat et concourent à la perpétuation du pouvoir de Yaoundé.

L’hyper puissance du Lamido de Rey Bouba n’est un secret pour personne, il a toujours géréla localité de Touboro comme une zone de non droit pour l’autorité administrative. A titre d’exemple, les nombreuses plaintes introduites par les peuples Mbororos pour dénoncer les exactions et abus de ce Lamido n’ont jamais inquiété ce dernier, le gouvernement est toujours resté inactif et muet. Les fonctionnaires sur place affirment éviter d’ « avoir le Lamido sur leur dos ».


Cameroun: 6 novembre 1982 – 6 novembre 2013, 31 ans plus tard…

31 ans après le 06 novembre 1982, pratiquement plus de sept mandats présidentiels aux Etats Unis, quel bilan pour Biya ? Renouveau, promesses non tenues, rigueur et moralisation, tentative de putsch, colère de rue, villes mortes, tout un gouvernement en prison, UNC, RDPC, projets structurants, paix ou peur, gérontocratie, émergence 2035, démocrature, sénat, pluralisme autoritaire, chômage, tripartite, démocratisation,  paupérisation aggravée… voilà d’une manière triviale, ramassée le bilan du président Paul Biya : un cocktail de bluff et d’avancées notables qui concoure jusqu’ici à la stabilité du régime.

L’arrivée de Biya au sultanat d’Étoudi (Palais présidentiel) en novembre 1982 a suscité beaucoup un espoir chez les camerounais qui n’arrivaient pas à digérer le triste souvenir des méthodes tortionnaires du régime Ahidjo. Economiquement les choses allaient quand même mieux, d’ailleurs le nouveau locataire du sultanat présidentiel narguait les bailleurs de fonds en déclarant en 1985 « Nous n’irons pas au FMI ».

Quelques années plus tard nous étions à genoux devant les institutions de Bretton-Woods, sous ajustement structurel, l’arrivée de monsieur Edouard Balladur 1993 va tout compliquer avec la dévaluation du Franc CFA. Les salaires sont réduits au trois quarts, la crise économique paralyse le pays, pour Biya les camerounais doivent retrousser les manches pour atteindre ce fameux « bout du tunnel », mieux le point d’achèvement qui sera accorder par le Club de Paris en avril 2006. Depuis lors un document de stratégie pour la croissance et l’emploi en remplacement de celui de la réduction de la pauvreté qui était conjoncturel c’est-à-dire atteindre les OMD, est élaboré et mise en vigueur en 2009. La croissance a repris, les projets structurants ont été lancés avec pour ambition de faire du Cameroun un pays émergent horizon 2035.

Pendant  tout ce processus qu’est ce qui a changé dans le quotidien des camerounais ? Rien, Rien du tout en dehors de la paupérisation qui suit son cours, les infrastructures existantes chantent leurs dernières messes de requiem, les bourses d’études ont été suspendues, les jeunes pensent désormais qu’ont peut devenir riche qu’en volant, qu’en tuant (crimes rituels et braquages), qu’en se prostituant, qu’en liquidant leurs derrières aux réseaux homosexuels, et qu’en intégrant les loges exotériques….Aujourd’hui plus de 40 000 cas de paludisme sont signalés au Nord Cameroun, 2600 morts en espace de 9 mois, le taux de morbidité a atteint les 27% (source :Minsanté).

Sur le plan politique, l’UNC change de dénomination pour devenir RDPC, Ahidjo accusé de complot contre la sureté de l’Etat est condamné par contumace par Biya à une peine capitale en 1983. Le 06 avril 1984 Biya déjoue un coup d’Etat, il fait payer la note à son prédécesseur en le contraignant en exil ainsi que son cadavre qui moisit à Dakar. Biya va maitriser toute révolution, il matera la colère subversive des années 1990 en faisant des concessions sur le pluralisme et la liberté d’expression de façade, avec une tripartite sans objets et une élection présidentielle douteuse en 1992.

Au lieu d’une nouvelle constitution, Biya va procéder en 1996 à la révision de la constitution autoritaire de 1972 voilant ainsi les yeux de la communauté nationale et internationale. Depuis 1996 les choses bougent au pas d’escargot, les scrutins sont remportés frauduleusement à la russe par le RDPC qui c’est érigé en branche politique du régime bureaucratique de Biya. En 2008 la constitution est manipulé par Biya afin de rendre désormais les mandats illimités au Cameroun, la même année il mate sévèrement les jeunes affamés qui avaient pris le chemin de la rue pour en découdre avec le pouvoir éternitaire. Entre temps le Cameroun a eu gain de cause dans le litige transfrontalier de Bakassi l’opposant au Nigéria devant la cour internationale de justice.

Bravo à Biya pour sa sagesse de suivre la voie d’un règlement pacifique !

Cette même année l’opération dite de chasse aux prévaricateurs (opération épervier) va s’intensifier. Le Cameroun Classé en 1999 et 2000 le pays le plus corrompu au monde, Biya prendra des mesures fortes mais inefficaces, tout un gouvernement se trouve actuellement en prison : un premier ministre (Enoni Ephraïm), trois secrétaires généraux à la présidence (Edzoa Titus, Atangana Mebara…), un ministre de l’intérieur (Marafa) et bien d’autres, les directeurs généraux des sociétés d’Etat (FEICOM, SODECOTON ?…)….

Bref le climat sociopolitique du Cameroun rend suffisamment compte du bilan mitigé de Biya qui est devenu au bout de 31 ans un Totem National (Homme lion).


Cameroun:6 novembre 1982: D’Ahidjo Babatoura à Biya Barthélémy ….

Si l’histoire dans la logique occidentale est un passé basé sur les écrits, comme on nous a enseigné à l’école, l’histoire de mon pays est basé sur les faits. En 53 ans d’existence le Cameroun n’a connu que deux présidents : Ahidjo et Biya qui au départ entretenaient d’excellents rapports basés sur la confiance mais qui ont finis par se trahir. Qui a été Agrippine ? Qui a été Néron ?

L’histoire de ces deux dinosaures commence officiellement en octobre 1962 lorsque le plus controversé Louis Paul Aujoulat scelle le concubinage entre les deux hommes. Ce dernier confie à Ahidjo Babatoura, son protégé, Biya Barthelemy, élève à l’institut des hautes études d’Outre mer, ce jeune technocrate n’a que 29 ans. Depuis lors, il va connaitre une ascension exponentielle dans le sérail.

En Octobre 62, Biya occupe le poste de chargé de mission à la présidence de la république; en 1964 il est nommé directeur du cabinet du ministre de l’éducation William Eteki  Mbouma ; 1965 il est secrétaire général du même ministère ; juillet 1967  il est directeur du cabinet civil du président de la république ; Janvier 1968, il est secrétaire général de la présidence, cumulant la fonction de directeur du cabinet civil ; en juin il est promu au rang de ministre d’Etat; en 1975 il devient premier ministre et le 6 novembre 1982 il hérite de la présidence de la république.

L’accession de Biya à la magistrature suprême est le fruit d’une série de décrets ou simplement du pouvoir discrétionnaire d’Ahidjo Babatoura, d’ailleurs ce dernier affirmera au quotidien Cameroun tribune trois mois après sa démission que : « c’est parce que je l’ai apprécié que je l’ai nommé premier ministre et l’ai confirmé à ce poste après la révision constitutionnelle qui faisait du premier ministre le successeur du chef de l’Etat en cas de vacances (…), j’avais la possibilité au moment de ma démission de mettre fin à ses fonctions de premier ministre et de le remplacer…».  Jusqu’ici les noces connaissaient leurs heures de gloire malgré les réticences de Germaine Ahidjo.

Ahidjo, craignant l’impact de sa maladie sur la fonction présidentielle, il appela Biya le 4 novembre 1982 et lui donna une heure pour lui confirmer son engagement à assumer la succession car d’autres candidats plus tenaces et puissants étaient aux aguets, en l’occurrence, Moussa Yaya, Sengat Kuoh, Ayissi Mvodo et Samuel Eboua. Biya sans tarder va réaffirmer son engagement au père de la nation et il fut président deux jours plus tard.

En guise de reconnaissance envers Ahidjo, Biya va reconduire Bello Bouba au poste de Premier ministre, et ira jusqu’à proférer solennellement une déclaration anti républicaine lors du discours d’investiture en ces termes: « Quant à la fidélité, d’ordre politique, elle est celle à un homme, S.E Ahmadou Ahidjo, celle à un peuple, le peuple camerounais…». Selon des témoins, le portrait d’Ahidjo restera plus d’un mois dans le bureau de Biya.

Cependant  malgré son retrait, Ahidjo est plus présent  que jamais et c’est le déclin de la relation entre des deux hommes : Qui sera Agrippine et qui sera Néron ? La Suite de l’histoire !

Nonobstant la maladie, Ahidjo se lance dans une intense activité politique. Curieusement le malade maintient un agenda présidentiel, il rend visite au président Nigérian de l’époque Mr Shehu Shagari accompagné des membres du gouvernement au mois de décembre 1982.

Il impose par mois deux réunions des instances supérieures du parti (UNC) qu’il préside personnellement ; le jeune président  remplaçant y est alors relégué au second plan puisqu’il est vice-président du comité central. Ahidjo  dira même, s’adressant à Paul Biya le 11 décembre 1982 : « M. le président de la république, vice-président du comité central, chargé de diriger ou de veiller à la bonne tenue de ces assises (5e conseil national de l’UNC) a pu le faire d’heureuse manière et m’en a rendu compte ».

En plus, Ahidjo entreprend le 23 janvier 1983 une tournée dans 6 des 7 provinces que comptait le Cameroun, excepté celle du nord, appelant les populations à soutenir Biya. Il s’érige en priorité dans l’ordre protocolaire lors des manifestations publiques si bien que Biya arrive avant lui pour l’attendre. Ce bicéphalisme malveillant conduit Biya à étudier sérieusement l’option d’une retraite effective pour  Ahidjo, qui fait ombrage à son  autorité.

Début des contradictions…

Alors que la constitution dit des partis qu’ils « concourent à l’expression du suffrage universel » et que « le président de la République définit la politique de la nation », Ahidjo déclare le 31 janvier 1983 à Cameroun tribune que « le parti définit les orientations politiques de l’Etat. Le gouvernement applique celles-ci ». Biya réplique à RFI : « Dans la constitution qui…est la règle la plus élevée, il est dit que c’est le président de la république qui définit la politique de la nation ».

Lors des primaires,  Biya souhaite comme la majorité des membres les candidatures multiples au sein de l’UNC, mais Ahidjo va s’y opposer et supervisera en personne les investitures en avril et mai 1983 sans y associer Biya. En outre Biya se rend plus tard à Ngaoundéré pour consulter son prédécesseur pour un réaménagement du gouvernement, non seulement celui-ci ne va pas l’accueillir mais il part plutôt visiter son Ranch et fait attendre Biya ; du retour, au lieu de prodiguer les conseils à Biya, il lui impose plutôt une liste !

Avril 1983, Ahidjo entreprend secrètement une révision de la norma nomarum pour constitutionnaliser l’UNC en parti unique. En mai 1983 il chalenge Biya lors du discours d’ouverture de la campagne en disant « Camerounaise, camerounais » expression réservée au président de la république comme seul habilité à s’adresser à la nation. En juin 1983 Ahidjo convoque une réunion du bureau politique pour le 19 afin de soumettre sa révision constitutionnelle et  n’informe Biya que le 18.

En représailles, Biya remanie son gouvernement le même jour, écartant les fidèles d’Ahidjo cependant il va maintenir le nombre de ministres du nord et va reconduire Bello Bouba comme premier ministre. A la suite de ce remaniement, Ahidjo va convoquer à sa résidence du lac plusieurs membres du nouveau gouvernement ressortissants du nord et va leur demander de démissionner  afin de mettre Biya en difficulté. En conséquence, deux lettres de démission seront établies et signées donc celle de Bello individuellement et celle des autres collectivement. Acte qu’Ahidjo va nier plus tard. Dans la même nuit, Ahidjo à 23 heure rencontrera le Dr Maikano Abdoulaye chez le délégué général à la gendarmerie nationale, M Waziri Ibrahim avec d’autres officiers tous issus du nord.

Par ailleurs Biya ne prendra pas part à la réunion du bureau politique du parti le 19 juin afin d’empêcher les discussions autour de la constitution qui allait consacrer l’immortalité de l’UNC et la suprématie constitutionnelle d’Ahidjo. Ahidjo soupçonne Biya de créer son propre parti.

Sous le prétexte de la traditionnelle présentation de vœux de ramadan au président de l’UNC,  Ahidjo, va se livrer aux bains de foule d’une étrange dévotion.

Comment un homme ayant « délibérément » décidé de rendre la pouvoir pour des besoins de santé pouvait il être aussi symboliquement actif ?

Le 19 juillet 1983 il se rend en France pour une curieuse consultation  médicale  et plus tard sa famille l’y rejoint. Le 27 août 1983 Ahmadou Ahidjo démissionne de la présidence de l’UNC après la découverte d’un complot. Le 28 février 1984il est Condamné à mort par contumace accusé de complot contre la sûreté de l’Etat. Le 6 avril 1984 : Echec du coup d’Etat militaire du colonel Saleh Ibrahim, un proche de l’ancien président Ahidjo.

Le 24 mars 1985l’UNC est remplacée par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Mort le 30 novembre 1989 à Dakar, le corps d’Ahidjo n’a jamais rejoint sa patrie.

Au regard de cette litanie des faits politiques, y a-t-il encore lieu de se demander lequel des deux hommes a été le véritable traitre?

 

 


Une pensée pour Claude Verlon et Ghislaine Dupont

L’assassinat de Claude Verlon et Ghislaine Dupont par les barbares vient confirmer une fois de plus que l’Afrique reste un bourbier pour l’humanité. Je pense que le monde n’oubliera pas facilement cette atrocité d’un autre genre. Les africains doivent comprendre que les autres ne continuerons pas à venir donner leurs âmes en holocauste tandis que eux même ne cesse de s’investir dans la déstabilisions de leur continent.

Pour moi Claude Verlon et Ghislaine Dupont ont aimés l’Afrique et je ne sais pas si en retour l’Afrique les a aimées.

Je saisis cette passerelle de mondoblog pour présenter à mon nom propre et celui de notre association Jeunesse et Citoyenneté Active du Cameroun mes condoléances aux  deux familles si durement abattues ainsi qu’à la grande famille de RFI. Courage à toute l’équipe de Ziaad.

Aristide Mono


Cameroun: « Aucune alternance n’est possible par les urnes (…) il y a une confiscation hégémonistes du pouvoir »

 

GRANDE PALABRE

C’est par ces termes pratiquement apocalyptiques que le politologue Eric Mathias Owona Nguini a conclu son exposé jeudi dernier à l’Hôtel Franco (Yaoundé), un pessimisme partagé relativement par le Docteur Hilaire Kamga qui a affirmé avoir déjà instruit aux membres de sa plate forme « l’offre Orange » de se préparer aux arts martiaux. Des propos qui ont été tenus lors de la conférence mensuelle de la « Grande Palabre » coordonnée par Fabien Eboussi Boulaga et Jean Bosco Talla).

Le thème qui a fait l’objet des débats pour cette édition et qui a réuni une bonne dose d’hommes politiques et para-politiques, était : Quel(s) sens donner aux votes des camerounais lors du double scrutin du 30 septembre 2013 ? Pour apporter un éclairage à cette vaste problématique, un panel garni d’hommes de sciences a été invité à ce dîner politico-scientifique.

Le ton sera donné par le Professeur Mathias Owona Nguini qui s’est appesanti sur le sens de la victoire du RDPC (parti au pouvoir). Pour l’exposant, cette victoire était prévisible, une prévisibilité qui était déjà mécanique au vue du paramétrage verrouillé de la compétition par un parti d’Etat c’est-à-dire adossé sur l’Etat. Ces élections avaient pour but la reproduction de la bureaucratie et de l’hégémonie du parti perpétuel. Bref il n’y avait pas match ! Le vote a été organisé sous le modèle d’une tontine où un seul individu (Biya) bouffe tous les jours grâce à l’aménagement du droit qui lui est toujours favorable en lui permettant de contrôler le jeu. A titre d’illustration on peut noter la loi qui organise ELECAM (organe en charge des élections) ; le code électoral ; la canalisation des institutions en charge du contentieux électoral par Biya.

La victoire du RDPC à la « Poutine » ,305 communes sur les 360, 148 députés sur les 180, est le fruit d’une « hypnose politique », d’un paramétrage politique « oligopolistique » et d’un formatage du substrat du système d’opérationnalisation de la biométrie. Au lieu d’une biométrie on est passé à une Biyamétrisation du vote (Biyamétrie). Cette victoire relève également d’un découpage des circonscriptions à la mesure du RDPC c’est-à-dire la Biyamandering en référence au Gerrymandering. Mathias conclura que la démocratie est impraticable au Cameroun d’où l’impossibilité absolue d’une alternance pacifique : « aucune alternance n’est possible par les urnes ».

Après les interventions respectives du chercheur Hans de Marie Heungoup et du docteur Zélao Alawadi  sur les thèmes ; les forces politiques dites de l’opposition pouvaient-elle mieux ? Et comment comprendre le choix des Camerounais à l’issue de ce double scrutin ? Viendra le tour du docteur Hilaire Kamga qui va entretenir l’auditoire sur la thématique : Election Cameroun (ELECAM) : Satisfecit, complaisance ou connivence ?

Il va planter le décor par la clarification de la perception onusienne d’élection démocratique en fait, elle doit être juste, libre et transparente. Ensuite il précisera que l’élection est un moment de transfert du pouvoir au peuple et qualifiera ELECAM d’escroquerie politique parce que cette institution porte originellement le gène de la stratégie de détournement du vote des camerounais. Sa création a été une régression politique. Le code électoral est également une autre escroquerie politique, une honte pour les juristes qu’ils l’ont conçu car avant sa promulgation ce code avait subi plus de 200 amendements. Au vue de ces incongruités d’ELECAM et du CODE ajouté à cela d’autres actes d’antijeu, les élections du 30 ont été une supercherie.

Hilaire Kamga donnera quelques illustrations :

–          Le directeur général des élections, Sani Tanimou, avait violé le code électoral en arrêtant prématurément les inscriptions pour revenir plus tard sur sa décision.

–          ELECAM est restée muette face à la violation notoire de l’article 87 alinéa 4 du code électoral d’où la tentative du MANIDEM de se faire justice face au non respect par le RDPC des affichages

–          ELECAM a fermé l’œil sur l’usage des moyens administratifs par le RDPC, par exemple le président du sénat, Niat Njifendi a conduit lors de la campagne dans le département du NOUN, un cortège de 21 voitures immatriculées CA (Corps Administratifs)

 

La conférence qui avait démarré à 14h 36 va s’achever à 19h 30 après l’intervention du Professeur Claude Abé sur le rôle de la commission anti corruption (CONAC) lors des élections. OWONA GUINI et Hilaire Kamga s’accorderont avec le philosophe Sindjoun Pokam qu’une pause insurrectionnelle reste la seule option pour une alternance au Cameroun. Seulement cette pause insurrectionnelle devrait se construire dans le temps afin d’éviter de tomber dans le piège des conséquences des révolutions en Egypte, en Libye et en Tunisie.

 


Cameroun: Scrutin du 30: La grande percée des femmes, vers la concrétisation des objectifs de Beijing

femmes S’il y a une mention bien à accorder aux dernières élections couplées au Cameroun c’est bel bien l’amélioration de la représentation des femmes au parlement. Le taux de représentativité est passé de 13,9% à 31, 11% dépassant ainsi des pays comme la France, preuve que le pays de Biya peut faire mieux et arrêter de singer cette dernière.

La promotion de la participation politique des femmes est l’un des enjeux prioritaires de la lutte pour l’égalité perçue également comme une exigence de la démocratie et du développement. Au Cameroun, les femmes restent le plus souvent confinées aux postes inférieurs en matière de politique vu que le ratio des femmes élus maires ou députés n’a pas beaucoup évolué depuis les indépendances en dépit d’un nouvel environnement national et international.

Pourtant le double scrutin du 30septembre 2013  a connu une forte participation de la femme à travers de nombreuses candidatures féminines comme têtes de listes dans les différents partis politiques en compétition, conformément aux recommandations d’ELECAM (organe en charge des élections) en matière de genre. D’ailleurs cet organe a eu à rejeter les listes des partis n’ayant pas respecté cette recommandation.

Les candidates aux élections ont reçu l’appui des associations féministes à l’instar de l’association more women in politics à travers des sessions de formation sur l’ensemble du territoire sur le thème « les clés de la communication pour une bonne campagne électorale efficace » dans le but de mieux les outiller.

Les résultats laissent entrevoir une augmentation spectaculaire de la représentativité  des femmes au parlement, un progrès cependant modérée par le conservatisme machiste maintenu dans les mairies. L’assemblée nationale de la 9e législature est créditée d’une mention honorable contrairement à la 8e en matière de représentation des femmes sur les 180 députés que compte l’assemblée nationale au Cameroun, on compte désormais 56 femmes contre 25 seulement à la précédente législature.

Ici, le rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC)  parti majoritaire au parlement fournit le plus gros contingent avec 47 femmes, 3 femmes députés sur les 18 pour le Social Democratic Front (SDF), 2 femmes sur 5 pour l’union démocratique pour le progrès (UNDP), 2 sur 4 pour l’Union Démocratique Camerounaise (UDC) et enfin 01 femme sur ses 03 élus de l’Union des Populations du Cameroun (UPC).

Cependant, concernant les municipales, le score des femmes restent malheureusement bas sauf dans certaine de ces communes où quelques une des femmes maires sortantes ont été reconduites à leur poste, nous avons l’exemple de l’honorable Françoise Foning à la mairie de douala 5ème,  celui de l’honorable Denise Fampou et le cas de Ketcha Courtes Célestine pour la mairie de Banganté pour ne citer que celles là.

En définitive il faut simplement saluer cette grande  évolution en matière de « démocratie du genre » au Cameroun qui peut déjà se vanter devant d’autres nations à l’instar  de la république démocratique du Congo qui est à 10,4% , du Nigéria 3,7%  de femmes élus dans les parlements nationaux à la date du 31 octobre 2011 ;mais aussi devant bon nombre de pays européens comme le Bahreïn avec 10,0% , l’Ukraine avec 8,0% de femmes à la même date (www.ipu.org).

Seulement beaucoup reste à faire. Bon nombre d’écueils restent à surmonter, par exemple la problématique  de la compétence de ces femmes. Car le sexe dans le contexte camerounais prime sur la compétence dans la dévolution du pouvoir politique. C’est ainsi que certaines candidates mieux compétentes peuvent être écartés à cause de la phallocratie ambiante.