Aristides HONYIGLO

Le caca dans tous ses états #MondoChallenge #LeCaca

Avant tout, c’est un honneur que de parler de ces non moins honorées matières (même si certains par pudeur ou dégoût les détestent) que sont les excréments. Oui, vous avez bien lu, on parle aujourd’hui du caca boudin, de la fiente ou de la merde… si vous voulez. Et si vous êtes en train de manger une bonne pizza ou du riz, je vous présente mes plus odorantes excuses tout le long de ce billet. De toute façon vous ne pouvez pas vous extraire du lot. Qui peut lever la main droite et jurer qu’il n’en a jamais fait ? Soit il est un E.T (extraterrestre), soit peut-être un ange.

Dès les premières lueurs de l’humanité jusqu’à maintenant, tout être vivant (ou presque) est supposé faire caca (que j’abrège parfois par pudeur dans le texte « kk »). Donc, le « kk » ou les excréments sont « toutes les matières naturellement évacuées par l’homme ou un organisme animal, sous forme solide ou liquide : matières fécales, urine, sueur, etc ». On le voit alors, les excréments ne désignent pas seulement les matières dures ou mollasses que nous rejetons par le derrière ou l’anus, si vous le voulez bien. Même si j’aurais eu du plaisir à parler de tous ces excréments, on va tourner ici seulement sur les premières de la liste, à savoir les matières fécales et un peu sur leurs homologues sonores, les prouts !

Il y eut un premier caca

C’est un secret de polichinelle, je dirai même un scoop que je vous révèle aujourd’hui. Celle qui a commencé est bien Eve ou Awa suivie par son compagnon Adam (Adamou dans la version arabe). Bien sûr, vous l’avez deviné je parle de nos ancêtres du jardin d’Eden qui sont les premiers à avoir chié, dans toute l’histoire de l’humanité. Les livres saints, la Bible, la Torah ou le Coran… par pudeur n’en parlent pas mais pour être un peu proche des sources divines, je vous certifie que la première personne à avoir fait les boudins, c’était mamie Eve. Elle a été suivie par papi Adam. Puisqu’après avoir consommé la pomme dans le jardin, leur tube digestif en a fait une masse informe, gluante et visqueuse, le bol alimentaire, attaqué par l’acide chlorhydrique de leur estomac jusqu’à la transformer en du chyme (une bouillie claire) qui a du être évacué vers le duodénum, l’intestin grêle, le côlon, le pylore et, et… le rectum. Puis, ils ont dû aller « au petit coin », ou « derrière les concessions » comme cela se dit dans les langues africaines, pour se soulager. Avaient-ils déjà un pot, un W.C ? Le faisaient-ils fait à la turque, accroupis ou à l’indienne ? Ce qui est sur, c’est qu’ils l’ont fait ce premier « kk». Les suivants, c’est vous et moi qui en faisons au moins une fois par jour, parfois jusqu’à trois fois ! A moins d’être constipé. Cela dit, quand on en fait trop (au delà de trois par jour), on parle de diarrhée. Ainsi on peut avoir de la diarrhée simple, normale, aiguë ou chronique. Cela dépend du type de bactérie qu’on a chopé : helicobacter pilori ou  même choléra. Je deviens un peu cynique mais c’est en écrivant ce billet que j’ai appris sur la page Facebook d’un ami que plus de 2 milliards de terriens boivent de l’eau contaminée de matières fécales ! Ce à quoi une internaute a répliqué de la façon la plus sereine par :

«On est dedans. On va faire comment ? Buvons seulement. À la santé !»

L’industrie du caca

Cela dit le caca, il faut le prendre avec sourire. Il nourrit son homme car l’industrie des excréments existe et continue de faire flores. La preuve, les sociétés de vidange qui fourmillent dans nos villes d’Afrique faute de canalisations adaptées pouvant recueillir, drainer et traiter ces eaux. Ici dans le plan de construction des maisons, il faut prévoir des fosses étanches communément appelées puisards qui recueillent par des canalisations souterraines les eaux usées (caca, pipi, eaux des bains…) et les contiennent dans des fosses. Le temps de les faire mariner des mois, parfois une ou plusieurs années avant que ces sociétés de vidange n’interviennent. Juste un coup de fil à ces structures et les voila aux portes de votre demeure pour vous délester des eaux parfumées ou puantes de votre merde. Et ce jour, même si vous ne parlez pas entre voisins, vous les entendrez vous adresser des sons sous la forme de noms d’oiseaux ou d’invectives. Tellement, l’odeur âcre, dégoûtante, suffocante de vos propres bronzes aurait fait suffoquer tout le monde qu’on ne saurait quoi faire. Juste vous attendez que le fameux camion de vidange finisse vite sa basse besogne et s’éloigne le plus vite possible. Cela contre une trentaine de milliers de Francs CFA. Après quoi, le flux sera déversé à des kilomètres en rase campagne dans un champ pour servir de compost aux maraîchers. Bienvenue dans la chaîne de contamination.

 

A moins d’adopter les sanitaires écologiques Ecosan où on a ni besoin de fosses étanches ni de canalisations, de puisard, encore moins de camion de vidange. Comment cela se fait-il ? Il suffit de faire les « kk » et de les recouvrir de cendres ou de sable et… d’attendre six mois. Le temps que tout cela se recycle ou se transforme. Le chimiste Lavoisier l’avait si bien remarqué « rien ne se perd, rien se crée, tout se transforme ».

Quant aux caca sonore ou pet, sachez tout simplement que ce sont les gaz intestinaux émis par les êtres vivants par voie anale. Il y a en quatre sortes : le
prout sonore inodore, le prout sonore odorant, le prout silencieux inodore et le prout silencieux odorant. Un humain en bonne santé peut en faire une dizaine ou une quinzaine par jour, soit 1 à 2 litres de gaz. Ça craint pour le réchauffement climatique… Vous êtes-vous délesté de vos gaz ? En tout cas, lâchez-vous, faîtes les pets autant que vous le sentez. Ça donne la forme et ce sont juste les collègues des « kk».

Kakasutra

Ce serait une omission que de ne pas se rappeler les bonnes positions pour aller à la selle ! Enfin si vos toilettes sont situées dans votre salle de bain, n’oubliez pas d’abaisser à chaque fois que vous vous soulagez l’abattant de votre pot. Car lorsque vous tirez la chasse sans rabattre le couvercle, de microparticules d’eau contaminée vont se déposer sur les surfaces de la salle de bain, polluant au passage les choses dont vous vous servez au quotidien, comme votre brosse à dents ou votre serviette…


Elle inquiète, la pollution atmosphérique dans nos villes

La pollution atmosphérique dans les villes africaines est devenue depuis quelques décennies, une préoccupation voire un danger sanitaire dont les gouvernants ne semblent pas encore mesurer la gravité.

 

Gaz d'echappement de motos-taxis
Gaz d’echappement de motos-taxis

 

A Lomé (Togo), la pollution de l’air provient essentiellement de deux sources : les rejets des gaz d’échappement automobile et l’incinération des ordures. A cela, il faut ajouter une pollution industrielle localisée aux sites des usines ou entreprises (zone portuaire, garages de réparation…), sans oublier la poussière soulevée par le passage des véhicules sur les routes en terre.

A l’époque, dans les années 1990, on pouvait encore faire du jogging le long des routes ou prendre un verre à la terrasse d’un bar sans ressentir l’odeur des gaz d’échappement de véhicules. Malheureusement, de nos jours, le phénomène de la pollution s’est aussi « mondialisé » chez nous, comme dans les villes du monde. Cette situation de pollution s’est accentuée vers la fin des années 1990, avec la généralisation d’un autre phénomène, les motos-taxis, couplé avec celui de la vente des carburants « frelatés ». De façon visuelle et olfactive, pour peu qu’on ait un « bon nez », on le sent et le ressent en permanence. Que ce soit l’odeur désagréable du diesel des camions et/ou mélangée à celle d’essence des véhicules aux filtres défectueux. Le parc automobile a considérablement augmenté avec l’importation en masse des véhicules d’occasion dits « venus de France ». On perçoit cette pollution surtout aux arrêts des feux tricolores aux heures de pointe, entre 6 heures et 8 heures le matin, à midi et à 17 heures le soir. Ces heures correspondent aux heures de pic des déplacements des utilisateurs d’automobiles et de motos, entre les domiciles et les lieux de travail.

A ce jour, l’on peut avoir du mal à faire les (rares) joggings le long des trottoirs des avenues et boulevards. A la fin des courses, on « sent » avec l’équipement vestimentaire… de l’essence ou du diesel carburé ! Pour preuve, cette autre anecdote que j’ai vécue en ornithologue de banlieue. Il y a quelques mois, je récupérais un moineau blessé à la patte et qui avait dans ses pennes de la suie ou plutôt une graisse noire rappelant du gaz d’échappement. Était-ce dû à la combustion du kérosène des avions dans les nuages ou à la montée des gaz d’échappement dans l’air ? De toute façon, les farandoles d’hirondelles ne sont plus toujours dans le ciel de Lomé !

La deuxième source de pollution très remarquée ici, est due à l’incinération des ordures issues des ménages, des marchés ou même des services de l’administration. Parmi ces ordures, les déchets végétaux, les emballages des commerces, des marchés, de la paperasse des bureaux, etc. Surtout que dans la rue, les Loméens n’ont plus pas l’habitude de jeter les déchets dans les poubelles. J’ai même vu tout récemment un gros tas de coques de noix de coco en train d’être brûlé… à la plage de Lomé ! Alors que ces déchets végétaux sont valorisables.

Dans cette pollution par l’incinération de produits divers, on peut remarquer une constance. Les ordures ne sont ni triées à la source, ni recyclées. Seul un centre de recyclage existe dans la ville. Les divers types d’ordures sont mélangés et brûlées, causant d’importants rejets dangereux. Parmi elles, les déchets d’origine plastique dont l’incinération génèrent des gaz réputés cancérigènes. Dans le quartier de Hedzranawoé, dans la banlieue nord de Lomé, ce phénomène s’est accentué avec l’incinération quasi quotidienne des déchets de fripes par des commerçants peu consciencieux. Un grand marché du même nom se trouve dans le quartier. Enfin la pollution des unités artisanales ou celle des usines (brasseries, cimenteries, de fumage de produits carnés…) y a contribué.

Le phénomène de pollution existe parce que les autorités gouvernementales ou municipales de Lomé n’ont pas encore fait de sa lutte une priorité. Et même s’il faut informer davantage les citadins sur les dangers de cette pollution avant de leur en attribuer la paternité, leur responsabilité est aussi engagée. Car de timides messages de sensibilisation à la protection de l’environnement passent sur les médias mais combien les suivent et combien sont réellement au courant de la réelle menace de la pollution atmosphérique sur notre santé ? Nous sommes tous coupables. Nous devons changer nos méthodes d’élimination de nos déchets. L’incinération n’est pas la seule manière d’éliminer les déchets. Le tri sélectif constituera le prochain réflexe à nous auto-inculquer. Quant à l’importation des véhicules d’occasion, c’est une autre paire de manche. Irions-nous vers le contrôle des pots catalytiques de ces voitures reformées ? Le seul souhait serait de ne pas en arriver un jour aux situations similaires à celle de Pékin, la capitale chinoise, avec son cauchemardesque « smog ! »



Ma visite à Radio Chine Internationale

On peut aussi découvrir un pays par le biais de la radio. En passionné de cet extraordinaire moyen de diffusion, j’ai pu réaliser un rêve, celui de me rendre en Chine avec le concours de la radio chinoise…
Terminal 3, Aéroport international de Beijing (Chine)
Terminal 3, Aéroport international de Beijing (Chine)

C’était un après-midi de samedi. Je me le rappelle comme si c’était la veille. Notre appareil, un B 747-400 aux couleurs bleues atterrissait au Terminal 3 de l’Aéroport international de Beijing ou Pékin. Il faisait vraiment froid dans cette capitale, à mon avis. Du terminal pour les formalités de visa au bus, j’avais du mal à supporter ce froid glacial qui me transperçait la chair jusque dans mes os. L’ambiance tempérée entretenue par d’énormes chauffages centraux n’y faisait pas grand-chose. J’abandonnais très vite l’idée selon laquelle, la Chine était un pays tropical. Malgré les « étoffes » du pullover et de l’anorak que je trimbalais sur moi, j’avais encore froid. De l’aéroport au centre-ville de Beijing, dans l’écran de pollution du smog et la moiteur de l’atmosphère, je n’avais pas pu observer la ville. Malgré tout, je pus distinguer les gigantesques gratte-ciels et surtout les fameuses autoroutes « deux-fois-quatre voies » sur lesquelles nous avions roulé quarante minutes avant de rejoindre le cœur de la ville. Impressionnant ! Dans le bus sur mon siège, je me posais des questions sur une telle démesure architecturale qui, à la fois m’impressionnait et me faisait froid dans le dos. Du béton, rien que du béton ! Ensuite, nous prenions la direction du siège de Radio Chine Internationale, RCI en sigle…

Le bâtiment abritant cet important outil de « propagande » du gouvernement chinois était un imposant immeuble de 15 étages. La pause dans la salle d’attente de la radio internationale dura une vingtaine de minutes. D’après notre interprète, les studios du Service en langue française se trouvaient dans l’autre aile qu’on atteignait en traversant des couloirs circulaires. Il fallait juste prendre les ascenseurs mais non sans montrer patte blanche. En clair, passer des contrôles obligatoires en ces temps de paranoïa sécuritaire généralisée. Nous avions rendez-vous avec le Vice-président de la radio. L’attente dans ce grand hall semblait me peser quelque peu. Néanmoins, je relativisais en suivant le programme d’une télé chinoise sur l’un des écrans au son coupé, accrochés dans deux des angles de l’immense salle. Un Africain qui faisait sa toute première visite dans ce pays et pas n’importe lequel, un empire. Celui du Milieu en tout cas ! Zhongguo, me répétait-on en chinois, plus particulièrement en mandarin.

 

Place Tian’ anmen, Beijing
Place Tian’ anmen, Beijing

 

 

Driiiinng, driiiinng… ! Très tôt le lendemain, la sonnerie tinta et je devais descendre de ma chambre d’hôtel. « Ni-hao¹ » en tout cas, était l’un des seuls mots que je connaissais en mandarin. Je ne pouvais l’oublier. Dès que l’ascenseur s’ouvrait, je faisais : « ni-hao » avec un large sourire. Après, j’allai découvrir et manger le fameux zhou² avec du mantou³ dont un ami étudiant en Chine m’avait vanté le bon goût, dans un grand bol. Puis ce fut une longue journée de découverte. Comme indiqué sur le programme, on passa « …d’abord par la Rue de la Paix éternelle, ensuite l’avenue de Chang ‘an qui traverse le centre de Beijing avant de déboucher sur la fameuse place Tian’ anmen.» C’était comme rimé, « Chang ‘an, Beijing, Tian’ anmen… » Après, ce fut le tour de la fameuse Cité Interdite située juste à côté. 9999 pièces à visiter ! Nous n’en avons fait même pas le dixième. Plus tard, nous visitions le stade olympique qui abrita les Jeux Olympiques de 2008. Une prouesse des ingénieurs Chinois avec une construction aux structures en béton entrelacées.

 

Stade olympique de Beijing
Stade olympique de Beijing

 

Ce ne fut pas tout. Une semaine plus tard, je faisais une excursion dans les régions du Guizhou et du Guangxi pour la Fête de la lune, précisément à Gulong. Une ville littéralement noyée sous les sons des lusheng4. Je brûlais d’impatience pour découvrir cette culture. D’ailleurs les noms des villes chinoises m’avaient tant impressionné que je les assimilais à une image d’oiseaux qui dansent. « Guizhou, Guangxi, Gulong … » Qu’est-ce que tout cela signifiait ? Je me le demandais. Je posai la question à notre interprète Li Jen, un autre joli nom aux sonorités aigües, qui me donna une longue explication sur chacun de ces toponymes.

 

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« Ti di di ouh oug! » Le carillon de Radio Chine Internationale se fit entendre dans mes oreilles. Non, je n’y croyais pas et n’avais aucune envie d’y croire. Quoooi ? Toutes ces images, tous ces paysages extraordinaires dans ma mémoire ne seraient que le fruit du sommeil paradoxal, d’un rêve ? Parce que mon poste radio serait resté allumé sur Radio Chine Internationale ? En tout cas, en une trentaine de minutes, j’avais voyagé comme une semaine passée en Chine. Je le prenais sportivement.

-Allez, je cours dans la salle de bain prendre une douche, fis-je juste. Il fait vraiment chaud en cet après-midi de février, sous les tropiques de Lomé…

 

 

1ni-hao : bonjour, en mandarin

2zhou : petit déjeuner

3mantou : pain

4lusheng : flûte traditionnelle

 


Après les fêtes, les pannes

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Synopsis
Début janvier 2016, quelques jours après les fêtes de Noël et du Nouvel an. L’opposition est cassée, fatiguée et aphasique. Le gouvernement et son parti au pouvoir sont dépassés, hagards face à la montagne des priorités qui les attend devant la Primature. Les fonctionnaires ont les yeux rougis dans les bureaux. Les commerçantes sont anesthésiées dans les marchés de Lomé. Même le miroir aux alouettes des fêtes de fin d’année n’a pu donner le change que quelques jours.
Et on voudrait être optimiste. C’est un constat, mon patelin est en panne. Moi-même, j’ai une panne… textuelle.


Pourquoi j’ai raté mon thiep jén de décembre

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Plat de thiep jén blanc (Crédit photo: Roger Lasmothey)

En ces moments de fêtes de fin d’année, je pense en amateur de riz donc je suis thiep jén. Véritablement, cela me donne de l’eau à la bouche quand je repense à ce plat national sénégalais qu’ « on » m’a fait rater!

Je connais Dakar, ma première visite y remonte à deux décennies. Baal ma, ma ngui fi Lomé waay maa ngi dég tuuti wolof ¹ ! À l’époque, j’avais eu droit à tout comme un petit prince. Hôtel cinq étoiles, visites à l’Assemblée nationale, au CICES, au Théâtre Sorano, dîner Chez Loutcha… et même un déjeuner de thiep jén sur la plage de Gorée. Fabuleux ! J’aime le riz, le blanc, au gras, le watché local (du riz à l’haricot) et surtout le thiep jén depuis lors ! Mais ici à Lomé, je n’ai pas souvent l’occasion d’en manger au « Restaurant sénégalais » du boulevard. C’est pourquoi à Dakar, je n’ai pas raté les savoureuses « occasions thiep » comme dans la cour de l’AUF ! Mais ce qui rend ce plat encore plus succulent, c’est de le manger à la main dans un grand plat avec une famille sénégalaise. Les dents disposant le tilapia citronné dans la bouche tandis que la langue coupe l’huile sur le poignet et que la sono déverse du mbalax dans le salon. C’est ça même un festin (à l’africaine) ! Et c’est à ce repas que j’aurai dû être encore dans ce mois de décembre, sans celui du « complot » préparé par mes propres frères… et sœur Togolais.
Ainsi, le jeudi d’avant la fin de la formation, le mondoblogeur Roger Mawulolo nous avait convié ses compatriotes, à venir déguster du bon thiep jén chez lui. Une occasion pour redécouvrir cette spécialité sénégalaise, mijotée par les mains expertes d’une jabar². Seulement, c’était sans compter que les miens allaient me danser en gweta, c’est-a-dire m’esquiveront, m’« oublieront » tout simplement. On peut oublier son portable, son portefeuille, voire son passeport… mais oublier d’informer un invité (qui en raffole) à un dîner de thiep, les gars et la go vous devez être décorés! Cela avait plutôt pris le goût d’une «conspiration.»
C’est vrai, je ne suis pas une armoire à glace, ni une étagère. Mais si vous m’oubliez, vous pouviez vous rappelez au moins les plastiques dont je parle et ramener mon thiep dans l’un d’eux, non ? Togotowo lé kou aŋō fifi ntō³! Je pouvais bien manger une fois dans l’année dans un take away, j’assume.
Il est aussi vrai qu’à Dakar, je n’étais pas toujours dans le groupe de mes compatriotes (comme mes cousins Haïtiens qui étaient constamment kolé-seré). Mais est-ce de ma faute, si la mixité était le but du jeu? Comme ce fut la faute à Voltaire, c’est la faute à Manon-Méli ou… Méli-Manon. C’est elles qui m’ont « mis » dans le lit superposé de la chambre d’abord avec le Librevillois Jeff et le Taïwanais, (Tahoua-nais) Habibou, puis après avec les faroteurs ivoiriens. « Coincé » que j’étais entre quatre voire cinq (quand un des frères Koné(s) venait chez l’autre) gaillards d’Abidjan. Déjà qu’à Lomé, la musique ivoirienne nous « colonise, » alors entre quatre Ivoiriens que pouvais-je voir ? Rien. J’étais leur « otage » consentant (car j’ai trop aimé leur compagnie et surtout nos discussions sur la vie, la musique, la culture, la politique de nos pays etc.). Donc, si mes « maîtres » ivoiriens sortaient pour faire les cent pas sur la Route des Niayes que pouvais-je faire d’autre que les suivre ?
Durant cette escapade nocturne, pendant que je brûlais mes derniers calories en peinant à suivre mes « matons» ivoiriens (ils m’offriront quand même du café touba et… de la pastèque !), j’étais à dix kilomètres d’imaginer que mes propres frères et sœur se léchaient les babines, les doigts tout en discutant des saveurs de la cuisine sénégalaise. Ils passaient de bons moments post-thiep jén, alors que moi j’étais à jeun. Selon mes sources, ces frères et sœur ont auraient pour nom : Aphtal, « Le Salaud lumineux (LSL), » Renaud, Arnaud, Guillaume, Gilbert et… Djifa !
De toute façon moi, je leur ai pardonné mais non sans la mise sur pied d’une mini-CVJR (Commission Vérité Justice Réconciliation), comme nous avons pris l’habitude chez nous. Roger Mawulolo en sera le « Monseigneur Barrigah », c’est-à-dire le Président pour leur retirer le tiep jén et la vérité de la bouche. Parce que les explications données plus tard dans un courriel par LSL pour justifier cet «oubli » n’ont pas convaincu même Pinocchio aux dernières nouvelles :

« On t’a vraiment oublié, c’est pas qu’on a vraiment fait ça exprès. On s’est souvenu de toi en taxis et on a fait, oh merde, essayez de le joindre. Et c’était mal barré… »

En attendant d’être prochainement à Dakar pour mon tiep, vous n’avez rien su ni rien lu. C’était bien une cuisine interne entre Togolais car c’est connu, le linge salé se lave en famille. Et donc, ce n’était exclusivement que dans le cadre de notre joyeuse famille nombreuse… Mondoblog. Bonne année 2016 à toutes et à tous !

1Excusez-moi, je parle un peu ouolof !

2Épouse, en ouolof.

3 Les Togolais sont devenus trop avares !


Un Samuel Doe écologiste

Lomé, bel après-midi de juillet, périphérie ouest de la capitale. Sur la pelouse d’un terrain de football oublié dans la banlieue, je fais la connaissance d’un jeune élève de Cours moyen 2. Quelques jours après l’examen de passage en classe de 6e, le temps est plutôt à l’amusement. A l’opposé de ses petits camarades qui s’essaient à jouer aux Lionel Messi, Neymar et autres Zlatan Ibrahimotchiv, mon nouvel ami est plutôt calme, à l’écart. Je m’interroge. Qui est cet enfant censé jouer au foot mais ne semble pas s’y intéresser ?

Je ne sais par quelle alchimie le contact s’établit entre lui et moi. Très vite, nous crochons les atomes. Il a les yeux qui brillent, contrastant avec le vert du gazon. Ses yeux pétillent presque, quand je lui fais remarquer la tonte exceptionnelle de la pelouse en cette saison de pluies. Nous avons apparemment les mêmes préoccupations sur la nature. Il est encore plus intéressé quand je lui parle des sachets plastiques (d’eau) jetés par ses camarades insouciants sur le terrain de jeu. Et de m’expliquer dans son école, que tout rejet de déchets dans la cour, entraîne un avertissement puis une sanction. De nouveau exceptionnel. De là, nous entamons la genèse de ces matières.

Mon jeune interlocuteur ignore que je tiens un blog sur le plastique (un plastiblog donc). Je commence à lui expliquer les étapes de fabrication du plastique. L’enfant est un « petit écolier » exceptionnel, il comprend tout. C’est dire, s’il ne pouvait me donner un cours magistral sur l’osmose ou les couches géologiques quand nous abordons ces chapitres « pointus.» Le gosse est intelligent. Il y a définitivement de petits génies chez nous. Mélangeant le mina¹ au français, le petit surdoué se transforme tour à tour en prof de physique, de géologie et d’écologie pour m’en apprendre des choses. Et pas des moindres. La charte du blogging limite le nombre de signes d’un billet, sinon je vous en aurai plaqué ici une bonne couche. Pour reprendre le passage d’un évangile², le jeune collégien et moi avons tellement abordé de sujets que, si on les écrivait en détail, je ne pense pas que la plate-forme Mondoblog même pourrait contenir les livres qu’on écrirait…
Le soleil se fait déclinant. C’est l’heure de se quitter et c’est seulement à ce moment que, mon ami et moi décidons de faire les présentations ! Il me demande mon nom.
– Aristides, je réponds. Et toi ?
– Samuel.
– Samuel quoi ?
– Doe.
– Quoi, Samuel Doe le président libérien³ ? Sursaute-je. C’est fou ce que les parents peuvent associer certains noms. Toi, tu es un Samuel Doe écolo, en tout cas ! Conclue-je.

Il fait presque nuit. Samuel est sûrement rentré chez lui comme moi. Je suis content de m’avoir fait un nouvel ami écologiste. Plus nous serons nombreux à nous intéresser à l’environnement, plus le monde se porterait mieux. Cependant, je continue à m’interroger. Que faut-il faire donc pour avoir un environnement propre dans nos villes ? Que faire pour ne plus voir aucun déchet dans les rues ? Des rues où plus personne n’y jetterait un sachet plastique. Je pense, repense et je suis blasé face à tant d’indifférence. Dépité mais pas fatigué, je poursuis la réflexion…

 

¹La langue parlée à Lomé.

²La Sainte Bible, Evangile selon Jean, chapitre 21 : verset 25.

³Ex-président du Libéria


Mon mandat

( A Monsieur Denis Sassou qu’enfant nous admirions et qu’aujourd’hui’ hui fait fi de l’avenir des enfants)

Voici mon mandat

Il a des passe-droits

J’abuse d’eux

Celui-ci le petit referendum

C’était mon dernier coup qu’il se nomme

Regardez mes soldats travailler

Chacun fait son petit tabassé

 

Aristides Honyiglo

(Lomé, 30-10-2015)

 


Les présidents africains sont-ils de gros paresseux ?

Qu’on se le dise et qu’on se le retienne une fois pour toutes. Quand on se dit chef d’État d’un pays, a-t-on besoin de faire 15 ans ou 25 ans à la tête de ce pays pour exécuter le programme que l’on s’est fixé avant la présidence ? Même en dormant, ma réponse est et restera toujours non ! Et pourtant, prenez un billet d’avion et allez visitez les « plats pays»  comme le Tchad, le Cameroun, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Togo, la Gambie… et vous reviendrez dire le contraire.

 

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Nicéphore  Soglo (Crédit: cappfm.com)
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Alpha O. Konare

 

 

 

 

 

 

 

 

Nicéphore Soglo et Alpha Oumar Konaré, des chefs d’Etat très travailleurs

Nicéphore Soglo le Béninois et Alpha Oumar Konaré le Malien, ont été élus pour la première fois président de leur pays, respectivement en mars 1991 et avril 1992. Soglo a fait un mandat de cinq ans, avant d’être battu à l’élection présidentielle suivante. Konaré lui, préside un premier mandat de cinq ans puis est réélu1 en 1997 pour un second et dernier quinquennat, selon la Constitution malienne. Notons que le président béninois Soglo n’a pas eu de répit juste après son élection. En effet, avant même d’être investi, il a subi une « attaque mystique»  au tchakatou2 ou fusil-mystique, qui l’a cloué et hospitalisé neuf mois durant. Toujours est-il qu’à leur prise de fonction, ils se sont mis au travail pour exécuter leurs programmes respectifs selon leur capacité. Après, ils sont partis tranquillement sans chercher à tripatouiller les constitutions. On garde au moins un bon souvenir de ces vrais hommes d’État.

Quant aux autres présidents africains, la plupart seraient-ils de gros paresseux qui préfèrent les coupes de champagne et les croupes féminines au gros travail ? #presidentparesseux

Leurs passe-temps favoris : le champagne et les femmes

A force d’avoir un goût trop prononcé pour le champagne et les femmes, ils voient passer cinq ou dix années comme un mois et n’ont même pas exécuté le tiers de leur programme électoral. Pas étonnant qu’ils tripatouillent ensuite les constitutions et veuillent s’accrocher au pouvoir. Le cas le plus patent et actuel est celui de Nkurunziza, Pierre de son prénom. Voilà un rebelle de maquis qui par un pur hasard, est propulsé au-devant de la scène politique. Et l’ancien ailier droit de Bujumbura se croyant devenu Ubu roi, n’a pas vu passer les dix longues années (2005-1015) à la présidence burundaise. Durant ces années, il a gracieusement profité des usufruits, au dos du contribuable burundais. Aujourd’hui, le temps venu de plier ses bagages, monsieur ne veut plus s’exécuter et inaugure un nouveau jeu étymologique, sémiologique entre un mandat et un mandat. Il se l’est joué en ex-footballeur tyrano avec le sang de ses compatriotes. Je voudrais lui poser une question, une seule. Peut-être que son truculent porte-parole, Willy Nyamitwe lit Mondoblog, on ne sait jamais. Il lui transmettra.

La question

« D’après l’article 96 de la Constitution burundaise, Monsieur Nkuruziza Pierre, vous dites que vous n’avez pas été élu en 2005 au suffrage universel et donc, ce n’est pas un mandat présidentiel.

Alors, Monsieur le « Président » le temps que vous avez passé à la tête de la République du Burundi entre les années 2005 et 2010, c’était quoi ? Un congé, une vacance, une villégiature, un repos, une promenade de santé ou un jackpot octroyé par les députés burundais? »

Ce ne sera pas moins un plaisir pour notre blog, de publier votre droit de réponse. (À suivre…)

A.H

1 La présidentielle en 1997, s’est tenue dans un climat de tension entre le pouvoir et les partis de l’opposition, ces dernières boycottant cette élection.

2 Ceux qui ne sont pas Africains ou ne s’intéressent pas au thème du mystique trouveront cela suspect. Mais, disons-nous la vérité qu’en politique et pas seulement en Afrique (souvent) des « moyens mystiques » sont usés et utilisés comme arme politique d’« élimination » des concurrents. Pour du moins, ce que j’en sais.


Une larme pour mes chers arbres

Depuis 1977, chaque 1er juin au Togo est l’occasion de la célébration de la Journée nationale de l’Arbre. « Arbres, forêts et climat » était le thème choisi pour cette année.

Au Togo, la Journée nationale de l’Arbre est devenue une institution, un événement durant lequel, officiels, ministres, administratifs, et même officiers de l’armée plantent des arbres de différentes espèces, comme le Khaya senegalensis1. Des milliers d’arbres ont ainsi trouvé une place en terre cette journée. Merci. Et pourtant, j’ai un pincement au cœur, la larme à l’œil.

1er juin 2015, des officiels mettent des plants en terre dans la banlieue de Lomé (Crédit photo :
1er juin 2015, le ministre de l’environnement met un plant en terre dans la banlieue de Lomé (Crédit photo : fullnews.com)

Ce qui me chagrine, ce n’est pas le petit pourcentage du couvert végétal (7 % de la superficie du Togo). Ce n’est pas non plus l’état dans lequel ces jeunes plants végèteront avant de croître. Car après les solennités, il faut que ces pousses « luttent » pour survivre. Parfois, ils ont la chance d’être plantés au bord de beaux boulevards ou de belles avenues. Presque quotidiennement, ils sont arrosés par les agents de la Commune ou de la Direction de la protection des végétaux. Généralement, un treillage en bois ou en fer les soustrait d’éventuels bêtes errants. Sinon, devant la devanture d’une maison de banlieue, pour passer le 1er juin prochain, il faut avoir la baraka quand on est un arbuste pour résister au manque de soin, d’entretien, à l’insolation et aux assauts quasi quotidiens des ruminants.

Une « montagne de bois de chauffe » à Lomé (Photo : Lomeplastic)
Une « montagne de bois » de chauffe à Lomé (Photo : Lomeplastic)

Non, rien de tous ces faits ne m’émeut pas. Ce qui me trouble au point de laisser couler une larme pour mes chers arbres, c’est cette « montagne de bois » de chauffe que j’ai vue ce weekend. Alors que l’Arbre est célébrée cette semaine (jusqu’à la fin juillet), la vue de ce tableau m’a coupé le souffle. Il y a quelques années, adolescent, nous nous moquions de l’écologiste suisse Franz Weber qui venait pleurer à la télévision togolaise pour quelques singes abattus par les braconniers dans la réserve de faune de Fazao (300 kilomètres au nord de Lomé). Entre-temps, devenu militant écologiste, je comprends qu’on puisse pleurer pour des arbres et encore plus, pour des animaux.

Je ne nommerai pas le nom de la rue, ni n’indiquerai l’adresse de ce malheureux spectacle. Je n’ai aucun grief à l’encontre du propriétaire de cette « montagne de carbone » qu’il a bien fallu des années pour constituer. Peut-être que ces bois ont été acquis légalement à l’ODEF2, peut-être aussi qu’ils proviennent d’un terrain appartenant à leur propriétaire ou bien de l’abattage des arbres (que les entreprises BTP ont promis de replanter) sur les chantiers des routes en construction… Je n’ai pas voulu en savoir davantage. Tout ce que je sais, c’est que j’ai eu mal. Ce tableau de tas de fagots, de sacs de charbon de bois alignés, se voit plutôt le long des routes nationales. Maintenant, plus besoin de voyager à l’intérieur du pays. C’est en pleine ville qu’on le rencontre.

La facilité avec laquelle, on peut à l’aide d’une simple machette ou avec la terrible tronçonneuse, couper, découper, abattre des arbres décennaux voire séculaires. En même temps qu’on plante peu, on coupe plus. Dommage ! Pour faire de la cuisine qu’est-ce qui nous reste si la bouteille de gaz butane (12,5 litres) se raréfie, n’est plus subventionnée, et au prix de 6.500 francs CFA voire 7.500 francs CFA dans les circuits parallèles. Le bois de chauffe ? Quid des foyers améliorés3, de la production domestique du biogaz ? Quid aussi du reboisement ou du changement climatique ?

Selon le ministre de l’environnement et des ressources forestières, annuellement nous plantons 3.000 hectares d’arbres quand on en déboise 15.000 ! Et nous voulons atteindre 20 % en couvert végétal à l’horizon 2035. La tâche sera difficile à supporter, comme l’émotion qu’a suscitée la destruction récemment de la forêt classée de Bayomé (40 kilomètres au nord-ouest de Lomé) dans l’indifférence totale. Ni ministre, ni écologiste, ni activiste, personne n’avons eu mot à dire, n’avons pu empêcher ce crime contre la biodiversité. Car il n’y a pas d’autre mot pour qualifier ce suicide collectif. Je verse une larme pour mes chers arbres.

A.H

1 Khaya senegalensis : appelé Mahogen en éwé, arbre dont l’écorce est très utilisé dans la pharmacopée locale.

2 ODEF : Office de Développement des Forêts.

3 foyers améliorés : fourneaux écologiques, économiques en charbon de bois.

 


Présidentielle togolaise : Faure Gnassinbgé se retire de la course

La rumeur a circulé toute la soirée de mardi dans les milieux diplomatiques et dans les QG des partis politiques mais personne n’en revenait. Sûrement que les nouvelles en provenance du Nigeria [l’annonce de la victoire du candidat de l’opposition Muhammadu Buhari] ont joué dans la prise de cette décision et par ailleurs noyé l’information. Contactés, certains responsables politiques ont jugé bon d’attendre les éditions des journaux de la nuit de la télévision publique (TVT) pour confirmer ou infirmer cette annonce. Mais aucune nouvelle n’a été diffusée à ce propos. Au contraire, ce sont les images des audiences du président de la République qui ont été abondamment servies aux téléspectateurs.

Ce n’est que tard dans la nuit que la nouvelle a été confirmée par un communiqué laconique de la présidence togolaise, relayée par son site gouvernemental officiel « republiqueoftogo.com » Selon ce communiqué, « le chef de l’Etat togolais, vu la situation préoccupante du pays, vu les cristallisations qui se font autour de sa personne et de son bilan qui ne satisfait pas une partie de la population; a décidé dans un sursaut patriotique de se retirer de l’élection présidentielle prévue pour le 25 mars 2015 » « afin de préserver la paix et l’unité du pays. » La nouvelle été accueillie par une clameur en sourdine par le peu de citoyens qui ont eu l’information en pleine nuit. Les appels téléphoniques des togolais du pays vers et entre ceux de la diaspora togolaise ont fusé de partout. Un chassé-croisé a alors suivi cette annonce dans les milieux des journalistes. Beaucoup d’entre eux qui disposaient de moyens de communications se sont rués sur leurs terminaux numériques dotés de connexion à Internet. On a même signalé dans le quartier Kégué (banlieue nord-est de Lomé) le cas d’un journaliste qui est allé réveiller le propriétaire d’un cybercafé au beau milieu de la nuit, pour acheter seulement 3 minutes de connexion internet afin de vérifier l’information ! Manque de veine, l’électricité a été coupée à cet instant précis et crucial ! La bande passante a ainsi été si sollicitée qu’elle s’est saturée dans un premier temps. Beaucoup ont alors craint de connaître les situations récentes de Kinshasa ou celles de 2005 au Togo [quand les communications téléphoniques et Internet ont été coupées au lendemain du scrutin présidentiel]. Un porte-parole du ministère des Télécommunications et de l’économie numérique a démenti cette information, expliquant que la saturation de la bande passante était dû au nombre exceptionnel d’utilisateurs qui se sont connectés simultanément. La connexion internet s’est rétablie peu après, avant de se normaliser  vers 2 heures du matin ce mercredi.

Selon des indiscrétions, une ambiance de fin de règne a plané sur le palais présidentiel où le président sortant est venu précipitamment dans la grande nuit pour faire sa déclaration de « retrait de la course de la présidentielle de 2015. » Son service de communication a été débordé par les sollicitations des appels de l’étranger, et qui voulaient s’assurer de la véracité de l’information. Plusieurs collaborateurs du chef de l’Etat étaient au bord de l’émotion. Certains auraient même versé des larmes, sans doute craignant pour leur avenir aux lendemains incertains. « Je me demande, si l’on a travaillé de façon honnête et loyale pour son pays au sein d’un cabinet, pourquoi doit-on craindre pour son avenir au remplacement de ce cabinet ? » s’est alors demandé un journaliste des médias officiels réquisitionnés pour immortaliser l’événement. A ce sujet, le président sortant Faure Gnassinbgé a eu un dernier aparté avec l’ensemble du personnel de la présidence qu’il a rassuré sur son avenir. Des informations ont alors fuité sur les réseaux sociaux notamment Facebook et Twitter utilisés majoritairement par les internautes togolais. Selon ces indiscrétions, Faure Gnassinbgé aurait conclu un accord secret avec les autres candidats de l’opposition afin qu’en cas d’accession d’un des leurs à la présidence, ce dernier veille à conserver ses anciens collaborateurs de la présidence avec « tous les avantages de logement VIP et de transport en l’occurrence, une Mercedes Maybach attribuée à chacun.» Cela rassurera certains courtisans du président qui légitimement auraient craint de faire les frais d’affectations punitives, comme il est courant dans les administrations publiques africaines. Ecartée donc la peur de se retrouver à Mandouri, à 700 kilomètres à l’extrême bout du pays pour le seul fait d’avoir travaillé avec le président sortant.

Selon le magazine en ligne skateafrik.com le président sortant aurait confié un jour à l’un de ses proches qu’ «il était fatigué du pouvoir, et d’entendre dans ses oreilles à longueur de journées les contestations des opposants,»  « le fauteuil présidentiel est-il la seule finalité quand on s’engage en politique ? Les cimetières sont remplis de chefs d’Etats qui se croyaient indispensables à leur pays. Je voudrais me conformer à la volonté des togolais qui souhaitent à 85% la limitation du mandat présidentiel à dix ans. Je préfère terminer ma carrière dans l’action humanitaire internationale.  » aurait-il ajouté. Belle reconversion, observera-t-on. Voilà qui confirme qu’il y a une vie après la présidence ! Rappelons aussi que Faure Gnassinbgé 49 ans, est arrivé à la tête du Togo en 2005 dans la contestation. C’est après le décès de son père, l’ex-président togolais Eyadèma Gnassinbgé. Réélu en 2010, il a continué à faire l’objet de contestation dans le pays, notamment de l’opposition qui lui a prêté, jusqu’ à hier soir, l’intention de « vouloir mourir au pouvoir comme son défunt père.» Notons que c’est la première fois en Afrique qu’un président en exercice et en course pour sa propre succession, retire sa candidature de la présidentielle. Il le fait alors que la Constitution togolaise du 14 octobre 1992 (amendée en 2002 par l’Assemblée nationale acquise à l’ex-président Eyadéma) lui permet de se représenter indéfiniment. Il continuera néanmoins, d’assumer les charges de président de la République jusqu’à l’entrée en fonction de son successeur. Les partenaires du Togo devront prendre en compte cette nouvelle donne, pour ne plus reclasser ce pays ouest-africain dans la catégorie de ceux ne respectant pas les normes standards démocratiques.

A.H


« Présirendum¹ » pour réformes impossibles au Togo

En cette semaine de célébration de la Francophonie, je voudrais m’épancher un tantinet sur la politique dans notre pays : le Togo. D’aucuns se demanderaient qu’est-ce qu’ont en commun Francophonie, politique et un pays. Quand politique et linguistique se frottent, qu’est-ce qui en naît ? Un néologisme sans doute. Le texte est aisément compréhensible pour tout observateur de la politique togolaise, mais paraît sibyllin aux personnes étrangères à l’actualité de ce pays. A ces dernières, les longues « notes de bas de page, » sont là pour la compréhension. Mais le plus important, c’est le néologisme qui en résulte et que j’offre à la postérité, au monde francophone : le « présirendum. » Fera-t-il un jour, l’objet d’une entrée dans les dictionnaires ? Qui vivra verra…

Sur la situation politique du Togo

« Article 4 – La souveraineté appartient au peuple, il l’exerce par ses représentants et par voie de référendum. Aucune section du peuple, aucun corps de l’Etat ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice.

L’initiative de référendum appartient, concurremment, au peuple et au président de la République.

Un référendum d’initiative populaire peut être organisé sur la demande d’au moins 500 000 électeurs représentant plus de la moitié des préfectures. Plus de 50 000 d’entre eux ne doivent pas être inscrits sur les listes électorales d’une même préfecture. La demande devra porter sur un même texte. Sa régularité sera appréciée par la Cour constitutionnelle. » (Constitution togolaise du 14 octobre 1992, patouillée, tripatouillée et violée à la Saint-Sylvestre du 31 décembre 2002 par le groupe-choc RPT2 du célèbre « juriste à la barbiche3.»)

La proposition…

« Puisque les « fameuses réformes » sont un poids de plomb au cou, pourquoi Votre Majesté ne les couple-t-il pas avec la « présidentielle » d’avril (?) 2015 ? Question : « Voulez-vous que votre patelin établisse le nouveau record Guinness Book du plus long règne d’un monarque ? OUI / NON. » Cette question référendaire sera le sixième « candidat » aux côtés des « pions » qui vous accompagneront sur « l’autoroute à six-voies pour vous légitimer4

Le vote-ci n’étant pas censitaire, peut-être m’y rendrai-je. D’autant qu’ici les élections, à part avril 1958, ne servent pas et l’on n’aura guère l’impression d’être en dehors d’un royaume du Togo, Sire !

Votre très humble et obéissant serviteur.»

Lomé, le 25 mars 2015, royaume du Togo

 

Couronne royale (Crédit photo : canstockphoto.fr)
Couronne royale (Crédit photo : canstockphoto.fr)

 

¹ Présirendum© : néologisme pour une élection présidentielle couplée avec un référendum.

² Le Togo : 56 600 km2, Afrique de l’Ouest. 27 avril 1958, élections législatives et victoire des nationalistes en route pour « l’indépendance.» Le 27 avril 1960, proclamation officielle de l’« indépendance » de ce petit pays, avec comme premier président de la République l’intrépide nationaliste Sylvanus Olympio (1902-1963). 13 janvier 1963 : « coup d’Etat militaire » et assassinat d’Olympio par le sergent Etienne Eyadéma (1936-2005) et une horde de demi-soldes de l’armée coloniale revenus d’Indochine et d’Algérie. Le général de Gaulle lui dira des années plus tard : « Vous avez zigouillé Olympio, vous avez eu tort ! » comme si lui, le longiligne général n’en était pas au courant. Nicolas Grunitzky (1913-1969) beau-frère d’Olympio, prend la tête de l’Etat togolais. 13 janvier 1967, nouveau coup de force du même groupe de militaires, en manque de sensation sûrement. Le commandant Kléber Dadjo prend le pouvoir. 14 avril 1967, le lieutenant-colonel Eyadéma destitue Dadjo et devient chef du pays. 30 novembre 1969, création du RPT parti unique. 23 septembre 1986, un commando d’opposants dits « terroristes » (déjà ! Les Américains n’ont rien inventé le 11 septembre 2001) venu du Ghana, essaie de faire secouer Eyadema et son régime dur. 20 juin 1990 Conférence de La Baule (France), Mitterrand le président demande, somme presque les (principaux dictateurs)Africains d’instaurer (enfin) le multipartisme. Il sera bien écouté par les Togolais. 5 octobre 1990, après 23 ans de règne sans contestation, premières manifestations populaires pour rappeler à Eyadema et son pouvoir qu’ « un peuple amorphe, n’est pas toujours un peuple qui dort. » 10 avril 1991, instauration du multipartisme avec poursuite de la contestation populaire. 8 juillet 1991, début d’assises nationales dites « Conférence nationale souveraine. » 27 septembre 1992, référendum et adoption à la soviétique 98,11 % d’une Constitution prévoyant entre autres de limiter la mandature présidentielle à deux mandats de cinq ans chacun. 14 octobre 1992, promulgation de la Constitution adoptée… 25 août 1993, « réélection » d’Eyadéma. 4 janvier 1994, nouvelle attaque d’opposants « terroristes » contre le même régime presque trentenaire. 21 juin 1998, Re-«réélection» d’Eyadéma Gnassingbé, cette fois-ci, c’en est trop pour ses opposants. 9 juin 1999 Accord de Lomé sous l’égide de Chirac, oui Jacques devenu depuis l’anosognosique, entre les opposants togolais et général Eyadéma qui donne « sa parole d’ex-sergent de la Colo » de ne plus jamais, alors-là au grand jamais, se présenter de son vivant à une présidentielle sur la « Terre de nos Aïeux » dit Togo. Et pourtant, et pourtant le… 31 décembre 2002 l’assemblée uni-monocolore du RPT sous l’intelligence du célèbre avocat à la barbiche (qui ratera plus tard le coach le 5 février 2005 !) et ses camarades, fait voler en éclats le verrou constitutionnel en l’article 59 limitant le mandat présidentiel. A titre de comparaison, voici le texte des articles 59, originel de 1992 : « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats.»; et celui tripatouillé dix ans après, le 31 décembre 2002 : « (alinéa 1)Le Président de la République est élu au suffrage universel direct et secret pour un mandat de cinq (5) ans.(alinéa 2) Il est rééligible (alinéa3). Le président de la République reste en fonction jusqu’à la prise de fonction effective de son successeur élu. » Du beau travail donc! Ils ouvrent ainsi le boulevard à tout président de la République togolaise de rester au pouvoir ad vitam aeternam ou d’y mourir s’il le souhaite. Avec en bonus, sa succession par un de ses fils, si ce dernier le conçoit. Ainsi resurgit jusqu’à ce jour, ce qu’il convient d’appeler le « drame togolais. » Nota Bene : pour la suite de la chronologie, veuillez saisir « Crise politique togolaise » sur un moteur de recherche, si vous avez la connexion Internet…

3 Fambaré O. Natchaba, ex-président de l’Assemblée nationale.

4 D’après Abass Kaboua, président du parti Mouvement des républicains centristes (M.R.C.) sur Radio Kanal FM Lomé, 27 février 2015.

Aristides Honyiglo


Journée internationale des femmes, à toutes…

L’initiative est personnelle mais indispensable. La responsabilité grande et délicate, celle de présenter des excuses au nom de tous les hommes à toutes les femmes. Assumée.

A l’occasion de votre Journée internationale, Femme je voudrais te faire une confidence :

Au nom de tous les miens

Je te demande pardon

Pour toutes les infidélités

Pour tous les mensonges

Pour toutes les inégalités

Pour tous les abandons

Et tous les manques de tendresse

 

Dès maintenant

Je te promets

Encore plus de loyauté

Encore plus de sincérité

Encore plus d’équité

Encore plus d’affection

Et encore plus d’amour

© Lomeplastic
                                                  © Lomeplastic

 

A.H


«Mon coup de cœur pour la musique» du Sénégal (1/3)

En ce début du mois le plus martial de l’année, une nouvelle série vient s’ajouter à ma planche de billets mondoblogués. Entre canicule et hivernage, la série « Mon coup de cœur pour la musique…» sera un réconfort et porte-bonheur le long de ce mois de mars, palpitant. Point superstitieux, je sens néanmoins par intuition que ledit mois me sera très favorable sur tous les plans. Inch’ Allah !

Musicien moyen, je n’en demeure pas moins un grand mélomane. Mari de toute musique rythmique ou cadencée, pourvu qu’elle soit harmonieuse et fasse bouger. Qu’elle entraîne le mouvement des « devants » ou des « derrières » peu m’importe, la condition c’est que le rythme soit tant soit peu décent.  Mais comment concilier décence et expression de joie ? Manifestation de gaité et retenue ? Un bon thème de réflexion pour psys dont le docteur NathyK qui vit justement dans le pays inaugurant « Mon coup de cœur pour la musique… » : le Sénégal.

Ma première « rencontre » avec la musique sénégalaise s’est faite il y a des décennies à travers le rythme mbalax. Cela avec le Maître Youssou N’Dour, digne représentant de cette musique, tant par sa grandeur que sa renommée à l’extérieur de son pays. Un de ses titres qui m’a marqué est « Dem dem » :

Le mbalax avec ses « ventilateurs » n’est pas le seul rythme du Sénégal, tout comme le ouolof n’est pas la seule langue parlée. Mais pour nous autres non-Sénégalais, ces deux éléments sont tellement liés dans nos têtes que ; lorsqu’on évoque la musique sénégalaise, on n’entrevoit qu’un bon mbalax chanté en ouolof. Mais d’autres registres musicaux sénégalais existent à l’instar du « courant » pulaar avec des tenants comme le Chef Baaba Maal. Je ne peux parler des « grands » du  Sénégal sans évoquer Ismael Lô, dont la musique me fait remonter à la « source » comme celle d’Ali Farka Touré. En tout cas, c’est l’impression que j’ai à chaque fois que je savoure ses morceaux. Incapable de faire un choix parmi ces chefs-d’œuvre, je m’en suis résolu à ne choisir qu’un :« Jammu Africa »  l’hymne du continent africain.

A la prochaine donc pour vous parler des autres représentants et courants de la musique du Sunu Gaal que j’aime. (A suivre)


Quitter ce pays, m’exiler à Internet ou Electric City

Petit pays longiligne, coincé entre la République du Bénin, le Ghana et le Burkina-Faso ; le Togo est le pays que Dieu a choisi (d’ailleurs sans mon avis) pour que j’y vois le jour. Il, Dieu doit avoir ses raisons (objectives !?) dont je ne voudrais pas discuter ici avec Lui. Un plaidoyer en parlera peut-être un jour. De mes pérégrinations et de ma vie, le choix pouvait être de résider ailleurs ou d’acquérir d’autres nationalités. Je ne l’ai pas désiré. Le fait est que je vis au Togo et n’en suis pas moins fier d’y vivre. Mais quand les conditions de travail, de vie ou de « survie » du pays ne suivent pas toujours (mes envies), je pense à envisager de le quitter.

J’aime beaucoup les musiques lusophones surtout cap-verdienne. Mais je ne comprenais pas jusqu’ alors, la mélancolie caractérisant cette musique insulaire notamment la morna. Peu à peu, j’ai commencé à comprendre Césaria Evora¹ et les siens ainsi qu’à découvrir mon empathie capverdienne. Le Togo est une « île » dans l’Afrique occidentale. A cause de ses particularités bonnes ou mauvaises mais toujours extrêmes, qui dénotent dans la sous-région. Rien à avoir avec la morna issue elle, comme on peut l’imaginer, des sentiments mornes et mêmes drôles des habitants de l’archipel aride du Cap-Vert. Ici au Togo, ce qui me plonge parfois dans la tristesse c’est la situation générale de la contrée. Voici un beau petit pays avec de grands potentiels pour réussir, mais qui n’engendre que stress et interrogation pour la majorité des ses habitants. Pays «dirigé » depuis bientôt cinquante ans par une « monarchie républicaine » ou comme une « république monarchique » c’est selon. Situation politique bloquée depuis un quart de siècle. Vie sociale morose avec des « smicards » pointant à 35 000 francs CFA (environ 50 dollars US). Vie économique poussive et ; des situations incompréhensibles comme l’absence récurrente d’Internet et maintenant… de l’électricité. J’aime les conditions meilleures de vie, avec tout le confort qui va avec. Je suis un épicurien qui ne conçois pas qu’au 21e siècle, l’on puisse encore vivre avec des conditions de vie semblables à celles des années 1940 ou 1950. Du temps où les colonisateurs européens finissaient d’explorer l’Afrique et son arrière-pays (tente de toile, poste à galène, lampe à acétylène, gramophone…). Nous sommes en 2015 et pour « vivre » comme tout mondialisé j’ai besoin du minimum : labtop Core Duo, smartphone, tablette, PC tour avec clavier bluetooth, chaînes télé satellitaires, connexion Internet haut-débit (avec Wifi si possible) et le comble… l’électricité.

Lomé, lundi 9 février 2015. Dans la matinée, par plus de deux fois surviennent des arrêts brusques du courant électrique pompeusement appelés délestages. Non content de faire payer l’éclairage public par le consommateur (cela j’espère le comprendre un jour) ; ceux qui ont en charge l’énergie au Togo et particulièrement l’électricité ne lui en assure pas une fourniture continue. Et pourtant la facture, elle arrivera à la fin du mois ou au début du suivant. En ce jour, c’est à peine si je puis travailler. Un de mes « informateurs » m’informe que les employés de la CEET² commencent un mouvement de grève pour « protester contre leurs conditions de vie » jugées en deçà du ratio bénéfices de la société/masse salariale. Décidément c’est tout le monde qui « proteste contre ses conditions de vie.»

Lomé, mardi 10 février 2015, 10h40. Délestage ! De nature apparemment calme, je tourne à ce moment-là, du vinaigre à la soupe au lait. J’exécre tous ceux qui s’occupent de l’électricité dans ce pays, du ministre aux compagnies en passant par les agents qui la coupent (les pauvres). Je tourne en rond et mes pouces avec. J’ai chaud. Je n’aime pas la clim mais un bon air frais de climatiseur me ferait du bien. 14 heures ??, le courant revient enfin. Remise en marche de l’ordinateur, des autres appareils et puis 15h00… patatra ! Le courant électrique est de nouveau « coupé. » Je reste calme cette fois-ci, je n’invective plus personne au risque de faire mon premier AVC³ à seulement la trentaine dépassée. A quoi aurait servi donc tous mes joggings, mes footings, mon abstinence intéressée d’alcool et de bon vin de Gironde? Non, jamais, que le non moins bon Dieu m’en préserve ! Je suis bien droit comme un « i » dans mes baskets, stoïque. Où trouver ce jus appelé électricité? Qu’en sera-t-il des probables dommages subis par mes appareils, sensibles? Tout ceci pour se voir, après plusieurs recours, notifiée dans un courrier par le service des réclamations de la CEET la phrase magique : « Nous déclinons toute responsabilité dans la survenue du préjudice subi par votre matériel… » Il y a de l’électricité dans l’air.

[…]

Je ne compte plus les jours et les heures où le courant est ainsi « délesté.» Après l’Internet qui marche à pas de tortue, voici l’électricité qui a de la peine à être fournie. Et les jours suivants, il en a été ainsi presque quotidiennement dans le mois de février. « C’est le Togo !» comme le disent des compatriotes.

Lomé, mercredi 25 février 2015, 07h08. Délestage…. Je croyais être le seul Africain à souffrir chroniquement de la délestopathie 4. Entre temps, le mondomédecin René Jackson a diagnostiqué les causes des « périodes sombres » que leur fait subir à Douala l’ENEO 5, la sœur jumelle de la CEET.

Post Scriptum. Lomé, samedi 28 février 2015, 13h32. Délestage… Au loin dans le ciel, le bruit pétaradant du générateur électrique d’une grosse huile parvient à mes oreilles acouphènes. A part les dernières obligations personnelles, j’envisage sérieusement de quitter ce mignon petit pays. Adeus ‏6 !

 

 

 

1 Césaria Evora (1941-2011) chanteuse Cap-Verdienne surnommée la «Diva aux pieds nus » qui a fait connaître dans le monde, la morna une musique aux accents nostalgiques.

2 CEET : Compagnie Energie Electrique du Togo, qui fournit l’électricité dans ce pays.

3 AVC : Accident cardio-vasculaire.

4 délestopathie : néologisme personnel désignant la névrose déclenchée à la suite des coupures du courant électrique en Afrique.

5 ENEO: la Société nationale de production et de distribution d’électricité du Cameroun.

6 Adeus : Au revoir en portugais.

 

A.H.


Harmattan bye-bye, on t’attendra

L’homme, cet éternel insatisfait, avec son alter ego de toujours : la femme naturellement. Des humains donc ! Que voulez-vous, c’est leur nature naturellement. Il et elle sont conçus portés et nés ainsi. Ils désirent ardemment une chose et dès qu’ils l’obtiennent, souhaitent avoir son contraire. Ici en Afrique de l’Ouest, durant neuf longs mois de février à novembre, il a fait chaud, très chaud. Sous les vêtements comme dans les corps. Et tout le monde demandait à sortir de ce carcan avec l’aide de la nature. On attendait donc l’ « hiver ouest-africain» sobrement désigné sous le vocable d’harmattan. D’ordinaire, il survenait au mois de novembre avec ferveur et toute sa « fraîcheur » pour soulager les corps endoloris de chaleur. Mais depuis quelques temps et compte tenu de certains changements dans le programme Climat, il ne vient qu’au Nouvel An. Parfois même en février.

Femme et homme (Image: Conv_Mar modifié)
Femme et homme (Image: Conv_Mar modifié)

Et en début de cette année, ne voulant pas déroger à la nouvelle règle, il a respecté son contrat. Cinq jours après les réjouissances du réveillon, il est effectivement venu, froid et sec. Avec dans son traîneau, son cortège de mal-être : rhume, grippe, toux, poussière… Et (re) toc ! Revoilà l’homme et sa femme qui se plaignaient auparavant de la chaleur, maugréant cette fois-ci contre le froid. Dur, dur d’être homme et femme. En tous cas, l’harmattan a compris les complaintes de ces deux humains. Il n’a fait qu’une quinzaine de jours et est parti. Mais moi dans mon coin et ma croyance, je croyais qu’il allait nous faire le coup du 13 janvier(1) ou bien celui du 5 février(2). Et j’attendais. Mais en me réveillant ce matin, j’ai compris qu’il- l’harmattan, ne reviendra plus ; sinon l’an prochain. Alors harmattan merci pour tout, ta fraîcheur, ta poussière, tes rhumes et aussi pour avoir prêté ton substantif à un semestre des étudiants loméens. À l’année prochaine donc harmattan. On t’attendra !

Semestre Harmattan (novembre à février), Université de Lomé
Semestre Harmattan (novembre à février), Université de Lomé

 

(1) Le 13 janvier 1963, jour de l’assassinat (revendiqué par Etienne Eyadema) du premier président du Togo Sylvanus Olympio (1902-1963) et d’après de nombreux témoignages, le ciel calme et ensoleillé de la capitale Lomé se voila soudainement provoquant un « harmattan » dans l’harmattan.

(2) Également le 5 février 2005, date de l’annonce du décès de l’ex-chef d’Etat togolais Gnassingbé Eyadema (1936-2005) ,un vent inhabituel suivi de crachin dans la soirée, déclencha un « harmattan » le lendemain. Phénomènes naturels ou événements mystiques post-mortem ? La « disparition » de dirigeants africains est toujours accompagnée de supputations.

A.H

 


Guerre des plumes dans les rues : 2 053 743 (Episode 2)

Vous vous rappelez l’épisode 1 ou le début de ce « combat » que les faiseurs de « plumes » ont livré au nom des élèves dont les écritoires, pouvaient être considérés comme leurs outils de travail. Et du paysan africain qui utilise la houe ou la daba comme un stylo pour faire de la culture. Vous vous souvenez aussi, sûrement du nombre de ces élèves : deux millions.

Plus exactement 2 053 743 élèves. Multiplions donc cette donnée par le prix moyen d’un « bic », 88 francs Cfa. A l’heure des cartes-mères miniaturisées et des ordinateurs intégrés, qui «s’amuserait » encore à se rappeler les règles de calcul mental ? Sortons calmement la pas très épaisse calculatrice, et pianotons sur son pavé numérique… Avec sa précieuse aide, le produit du prix d’un bic par le nombre d’apprenants donne (Prix d’un bic (X) Nombre d’apprenants =) 180.729.384 de francs Cfa potentiels. A repartir entre les principaux fabricants de stylos représentés localement. Et encore, chaque apprenant (e) n’utilise pas un unique stylo d’encre bleue ou noire par année scolaire. Il (elle) en perd, en change, en rechange et (aussi) en d’autres couleurs tout le long de l’année. Ce qui pourrait porter le multiple des 180.729.384 francs à 2, 3, 4 voire plus… Un juteux immense marché donc, vous convenez !

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Ecolier africain (Crédit photo: Avec l’aimable autorisation du mondoblogeur et mondofrère William Fonkam, lepetitecolier.mondoblog.org )

Ces fabricants de « plumes » ont été plusieurs à s’être impliqués dans cette guéguerre de « plumassiers. » Les stigmates de cette bataille concurrentielle sont encore visibles sur le terrain. Les rues de cette modeste capitale portent encore les marques des vendeurs de « pennes. » A savoir les légendaires « français » Conté…, les « anglais » Reynolds…, les nigérians et ivoiriens OK Pen, les « allemands » Schneider, Staedtler, le « chinois » Beifa, tout récemment les « indonésiens » Cello, etc. A l’occasion de la dernière rentrée, ils se sont volés dans leurs plumes. Dans les rues, sur les murs ou sur les panneaux publicitaires, tout a servi à montrer ses couleurs. Les « plumes » ont fait le paon sur les avenues et les boulevards.

Pub de stylos....
Pub de stylos….

Tenez, tel fabricant qui « … vous en donne toujours plus. » Quoi ? De l’encre et encore de l’encre ! Dans un stylo qui « écrit jusqu’à la dernière goutte. » Car pour l’autre « les détails sont plus importants. » J’en passe et des meilleurs. Vraiment ces entrepreneurs possèdent l’art de la vente. Ils pourraient même vous vendre des pennes à la place d’un poulet en entier, rien que pour faire de vous une plume.

Pub de stylo, Lomé (Crédit photo : A. Honyiglo)
… Dans les rues de Lomé (Crédit photo : A. Honyiglo)

Il y a parmi ces plumiers, un qui mérite qu’on s’y penche. Tellement sa « plume » a tellement accompagné nombre d’entre nous, qu’ils doivent être une forte minorité (s’il s’en trouve) qui n’ait  jamais tenu ce « pistolet » entre leurs doigts.. Point est-il besoin de renommer ici, le célèbre stylo aux trois lettres dont le nom est rentré dans le langage au point de désigner « tout stylo à bille, quelle que soit sa marque (Larousse) ». Un politique togolais, El-Hadj Coubadja Touré, déclara un jour lors de la Conférence nationale souveraine : « Notre arme, c’est le bic.» Tout est dit et vous l’aurez compris, cette « arme » c’est le Bic. Le crayon ou le stylo sont de redoutables armes de combat (d’idées).

                                      … bleue si possible (Crédit photo : A. Honyiglo)
                   … bleue si possible (Crédit photo : A. Honyiglo)

Tellement ce « bic » a mes entiers suffrages et m’a permis de (m’exprimer) et d’exprimer mes idées, mes états d’âme. [Que j’en suis presque tombé « amoureux.»] A l’heure où tablettes, écrans tactiles, claviers intelligents tentent de le substituer. Pourquoi et comment je suis « tombé » amoureux dans cette histoire de bic ? Cela, utilisez tout le matériel mental pour y cogiter, et je vous en parlerai prochainement… (A suivre).


Guerre des plumes dans les rues : 2 053 743 (Episode 1)

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La guerre de Troie eut peut-être eu lieu, mais celle des oies est en train d’être lieu. Bien lieu à des milliers de lieues de la célèbre ville antique grecque. Pas spécialement la guerre des canards, mais de leurs plumes et de leurs encres. Elle a commencé ici chez nous en septembre dernier, à l’occasion de la rentrée académique.

Alors qu’il n’y a pas longtemps, les élèves et les étudiants ont entamé le deuxième trimestre de l’année académique, voici racontée, cette bataille que les fabricants de « plumes » se sont livrée en leurs noms_ceux des élèves. Heureusement, il n’y a eu (n’y aura) ni mort ni blessé. Seuls les portes-monnaies des parents

Credit : thinkstockphotos.fr
Credit : thinkstockphotos.fr

 

Cette année scolaire 2014-2015 n’a pas connu de report. Ni pour cause d’inondations, ni pour le cholera, encore moins pour Ebola. Des grèves de personnels enseignants et la fermeture d’écoles confessionnelles ne sont survenues qu’en décembre dernier (et encore sporadiquement récemment). Les écueils, ce sont les parents d’élèves qui l’ont connus, pour payer les multiples fournitures scolaires à leurs enfants. On s’est arraché les cheveux, on s’est serré la ceinture, on s’est endetté pour la bonne cause : celle de l’avenir des élèves. Le matériel scolaire n’est pas hors TVA (je crois) et un stylo ou « bic » s’achète entre 75 et 100 francs CFA. Vous n’aimez pas les chiffres. Bien. Vous allez en baver tout à l’heure !

Donc, prenons le prix moyen d’un stylo de 87, 5 arrondi à 88 F CFA. Puis, ne tenons pas compte des 6 925 001 personnes habitant actuellement le Togo selon le T.A.N* de 2010. Puis ne tenons pas compte encore du gros lot des étudiants dont le nombre fluctuent en fonction du caractère public, privé, des dates de rentrées, des semestres… des universités. Pointons plutôt le spot sur les élèves et les lycéens du Togo qui, d’après le ministre des enseignements primaire et du secondaire, seraient « deux millions cinquante-trois mille sept cents quarante trois(2 053 743) » précisément, à avoir pris le chemin des classes en septembre dernier. Tenons-nous en donc à ce chiffre. Une aubaine pour les fabricants de matériels scolaires et leurs distributeurs locaux. Tous les élèves ne peuvent pas avoir tous les matériels scolaires : instruments de mesure (règles, compas…) crayons, feutres, gomme etc. ; mais chaque élève a au moins un cahier et une écritoire.

Une personne a dit qu’ « un agriculteur ne peut aller au champ sans son outil aratoire.» En Afrique, il y a peu de moissonneuse-batteuse. (Nous) Plutôt le paysan, n’utilise pas assez de tracteurs, pas beaucoup la charrue. Même si cela a fait dire à « Quelqu’un » que « le paysan africain n’est pas assez rentré dans l’Histoire » ; c’est donc avec la houe et la daba qu’il_le paysan, cultive la terre et arrive à réaliser les productions excédentaires exportées et prisées dans le monde. Le pauvre ! D’accord. Et maintenant, un(e) élève qui irait en classe sans un stylo ressemble-t-il (elle) au paysan qui va au champ sans sa houe ou sa daba ? Avec quoi feront-il (elle) de la culture, au sens propre comme au figuré ? Énigmatique ? Non, pas vraiment comme la suite de cette histoire le montrera (A suivre).

credit: jacques-lacour.blogspot.com
Crédit: jacques-lacour.blogspot.com

*T.A.N : Taux d’accroissement naturel (2,84 % en 2010)