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Un spectacle sur la «paix» et la «tolérance» à l’ouverture de la Semaine nationale de la culture burkinabè

Bobo-Dioulasso, 23 mars 2014 – «Djatiguila», un spectacle du chorégraphe burkinabè Salia Sanou sur la «paix» et la « tolérance» a ouvert samedi la semaine nationale de la culture, le plus grand festival culturel du Burkina.

«Jatiguila » ou «l’hospitalité», dans une installation scénographique sobre, met en relief des valeurs comme la «paix», le «calme » et  la «sérénité», a expliqué M. Sanou.

Pour lui, c’est une «invite au dialogue» des différents acteurs de la société, alors que la succession du président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987 et dont le mandat s’achève en 2015, fait monter la tension dans ce pays.

Une tension également évoquée par l’artiste musicien Smarty, dont les paroles extraites de son titre «le chapeau du chef» évoquant la succession d’un monarque, a arraché les acclamations des quelques milliers de personnes présentes au stade omnisport Sangoulé lamizana de Bobo Dioulasso (320 km, ouest).

«Il faut savoir s’écouter, discuter ensemble pour une vision lointaine, grandir ensemble et se tolérer», a plaidé le chorégraphe.

La SNC, dont la 17ème édition est placée sous le thème « promouvoir l’économie de la culture pour une contribution au développement durable », a pour objectif de favoriser l’expression des potentialités culturelles du patrimoine national.

Des milliers de festivaliers pourront admirer, pendant une semaine, 2000 artistes -dont 1500 en compétition dans cinq catégories- représentants des troupes de danse et de musique traditionnelles venues des treize régions du pays et de la diaspora.

Créée en 1984, la SNC est un creuset de la culture burkinabè, contribuant à l’émergence et à l’essor de milliers d’artistes, écrivains, sportifs.

Armel Oscar


Plus de 33.000 réfugiés maliens vivent toujours au Burkina, selon le HCR

Ouagadougou, 4 mars 2014 – Malgré le retour à l’ordre constitutionnel dans leur pays, dont l’occupation de la partie nord par des djihadistes avait provoqué des départs, plus de 33.000 réfugiés maliens séjournent toujours au Burkina, selon un recensement du Haut-commissariat pour les réfugiés.

Sur 34.085 personnes réfugiées au Burkina Faso, recensés lors de l’enregistement biométrique mené conjointement par le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) et la Commission nationale pour les réfugiés (CONAREF), plus de plus de 33.000 maliens ont été dénombrés, principalement sur les sites de Mentao, de Goudoubo, de Sagnioniogo et dans la région urbaine de Bobo Dioulasso, a indiqué le coordonnateur national de la Commission nationale pour les réfugiés (CONAREF), Mamadou Sangaré.

Débuté en août 2013, cet enregistrement biométrique, qui a pris fin en février 2014, a consisté à collecter,  vérifier et mettre à jour les données individuelles des réfugiés et demandeurs d’asile au Burkina Faso en prenant leurs empreintes digitales.

Pour les initiateurs, il permettra  une meilleure protection et assistance aux réfugiés et aux  maliens d’obtenir des attestations de réfugié, valables pour un an.

L’opération a également permis d’enrôler 247 réfugiés originaires d’autres pays comme le Burundi, le Congo, la Centrafrique, la République Démocratique du Congo, le Tchad, en plus desquels 57 demandeurs d’asile.

Selon la représentante du HCR au Burkina Gogo Hukportie, on a assisté à une baisse sensible du nombre des réfugiés, soit environ 31% comparativement au chiffre de l’enregistrement de 2012.

L’étude a permis de costatés des départs spontanés de 1600 personnes, liés à l’effet de la transhumance.

Au Burkina Faso, 49.975 réfugiés avaient été enrôlés lors d’une phase dénommée opération biométrique de niveau II.

Armel Oscar


Le chargé des relations extérieures du MNLA Ibrahim Ag Mohamed Assaleh suspend ses activités au sein du mouvement

Le chargé des relations extérieures du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, a annoncé vendredi à Ouagadougou la suspension de ses activités au sein du mouvement.

Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, chargé des relations extérieures du MNLA
Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, chargé des relations extérieures du MNLA

« J’ai pris la décision de suspendre toute activité au sein du MNLA. Je suspends officiellement toute activité au sein du MNLA. Dans les jours à venir je ferai une déclaration plus officielle en dehors du MNLA », a déclaré M. Assaleh.

« Cela est dû au fait que le MNLA me taxe de faire beaucoup de concession dans le cadre de l’application de l’accord de Ouagadougou et de sa mise en œuvre à la médiation, à la MINUSMA et aux autorités de Bamako », a-t-il expliqué.

« Pour ce fait, le MNLA a pris la décision officiellement aujourd’hui de m’exclure en tant que membre représentant du  mouvement au sein du comité de suivi évaluation, tout en décidant de me laisser le poste des relations aux affaires extérieures. J’ai  à mon tour appelé le MNLA à me suspendre de ce poste », a poursuivi M. Ag Assaleh selon qui 90% des membres du MNLA sont prêts à se retirer du mouvement avec lui.

Selon lui, la décision a été prise il y a trois jours par le président du MNLA Bilal Ag Chérif et son vice président Mahamadou Djeri Maïga, précisant que la décision lui a été donnée officiellement vendredi à Ouagadougou.

« Il ya une divergence de vue entre le MNLA et moi car j’estimais qu’il faille aller dans le sens de l’accord de Ouagadougou, et que nous ne soyons pas une entrave à cet accord. Mais le MNLA n’y voit aucun intérêt », a-t-il soutenu.

D’après M. Assaleh, les autorités de Bamako,  la communauté internationale et le médiateur de la CEDEAo ne doit pas se faire berner par le discours du MNLA.

« Quel que soit le beau discours qu’il (MNLA) fera, ce n’est pas ce qu’il a derrière la tête. Les dirigeants du MNLA ont un autre agenda de va-t-en guerre. Mais je ferrai de mon mieux pour vider le MNLA de sa substance politico-militaire et du peuple de l’Azawad », a-t-il insisté.


Burkina Faso : Les réfugiés maliens au-delà des différends ethniques

Goudebou, (AFP) – Qu’ils soient touareg ou peuls, clairs ou foncés de peau, les réfugiés maliens vivent en bonne intelligence dans le camp de Goudebou, dans le nord-est du Burkina Faso, et prônent la réconciliation au-delà de tout différend ethnique.

Sur une petite aire de jeu, les enfants de toutes ethnies jouent ensemble sans aucune différence ethnique.
Sur une petite aire de jeu, les enfants de toutes ethnies jouent ensemble sans aucune différence ethnique.

Goudebou abrite 10.600 réfugiés, représentant diverses ethnies maliennes. Dans ce camp situé à une centaine de kilomètres de leur pays, la plupart sont en exil depuis dix-huit mois déjà.

Leur destin a basculé au printemps 2012 où une insurrection menée par des touareg secondés de jihadistes s’est attaquée à l’armée malienne dans le nord, jetant les bases d’une crise politico-militaire d’un an et demi.

Le conflit a fortement exacerbé les tensions et les violences entre les différentes communautés, Touareg et Arabes étant assimilés par certains à des insurgés jihadistes.

A Goudebou, rien de tout cela ne semble pourtant se produire. Dans le camp de tentes carrées blanches et dans des hangars en paille des enfants piaillent ensemble, toutes communautés confondues, sur une petite aire de jeu. Leurs parents cohabitent normalement.

Occupée à puiser de l’eau, Alhahi Ag Azar, une femme touareg, qualifie les relations intercommunautaires de « plutôt bonnes ».  « Il n’y a aucun problème avec les différentes ethnies (peul, tamashek et songhaï, ndlr). Vu que nous sommes tous réfugiés, nous essayons de ne pas en rajouter », lance-t-elle.

« Nous vivons en harmonie », remarque Adbdine Souleh, un peul. « Et même si des difficultés liées à la cohabitation se posaient, je pense que ce sont des choses qui se passent partout.

On règle ça entre frères », ajoute-t-il. Hamadou Mohamed, un songhaï, est plus sceptique. « On évite de parler de la question des castes, avec les Noirs qui sont perçus comme les esclaves des Touareg blancs » (clairs de peau), regrette-t-il.

« Les relations qui existaient au Mali se répètent ici », constate un encadrant d’une ONG internationale, relevant des incidents mineurs mais récurrents entre femmes de différentes ethnies devant le puits du camp.

Un gendarme de la zone, sous couvert d’anonymat, indique que les forces de sécurité interviennent  « une à deux fois par mois » à Goudebou pour « apaiser des tensions entre individus », parfois de même communauté.

Las d’être réfugiés

Quid d’une éventuelle réconciliation, une fois de retour au pays ? Assis à même le sol dans sa tente, le regard lointain, Mohamed Al Mahdi Ag Rhissa, dit Infonia, le président touareg du camp, affirme n’attendre qu’ »un mot » de la part des autorités maliennes pour rentrer à Haribomo, une commune proche de Tombouctou dont il est le maire.

Comme lui, plus de la moitié des réfugiés du camp, « ne pensent qu’au retour » et « ont déjà fait leurs bagages, prêts à rentrer au Mali du jour au lendemain », prétend-il.

« On veut la paix au Mali afin que si on rentre chez nous, on se sente vraiment en paix, en réconciliation avec toutes les populations », estime l’édile.  Depuis l’élection du nouveau président Ibrahim Boubacar Keïta, plus de 200 personnes ont quitté Goudebou pour le Mali.

Des partants avec qui ils demeurent en contact régulier, souligne M. Ag Rhissa. Pour Ayouba Al Alwaly, secrétaire général du comité directeur des réfugiés, le retour de la paix est lié aux discussions entre groupes armés et Bamako, ainsi qu’aux concertations intercommunautaires.

« Il y a de l’espoir pour des accords bons et définitifs. Mais à défaut on finira quand même par rentrer. L’appellation +réfugié+ commence à nous fatiguer », sourit-il.

D’après une étude menée par l’ONG Oxfam après 2.000 entretiens, « toutes les communautés, toutes tendance confondue, pensent en majorité qu’une réconciliation est possible, qu’elle est nécessaire » et que les solutions se trouveront « au sein des communautés ».

Depuis 2012, quelque 500.000 personnes ont fui leur domicile dans le nord du Mali pour d’autres localités ou des pays voisins. En prêtant serment le 4 septembre, le nouveau président malien a fait de la réconciliation nationale « la plus pressante » de ses priorités.

armeloscar