Arnaud BOCCO

Que la lumière soit…

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Comme toutes les semaines, les juristes en gestation de la Faculté De Droit de l’Université de Lomé, armés de leur courage indien et persuadés que le meilleur pour eux reste à venir, se sont encore empaquetés dans l’amphithéâtre A Droit, bravant la chaleur accablante et l’insoutenable inconfort pour suivre leur traditionnel cours des « entreprises en difficultés ».

A peine avait-on commencé par lire les premières lignes que piouf!!! Haut-parleurs et microphones se sont décidés à ne plus émettre de leur son. De quoi frustrer enseignant et apprenants contraints à partir de cet instant à jouer malgré eux au jeu de cache-cache auquel la Compagnie Énergie Électrique du Togo les obligeait. Cet état de chose a dû me rappeler un éditorial que mes oreilles ont surpris à la Radio France International il y a quelques années. Appréciez avec moi la faculté qu’ont les penseurs de ce continent de pouvoir rappeler par le simple coup de plume, à nos dirigeants, leurs incapacités et pourtant!

<< Que de pénurie de leadership! Disons éclairé, de ne pas entendre les messages de rugissement du fleuve Congo est tout au moins le signe d’une incurable surdité.

    Mais comment demander à des dirigeants qui n’ont rien su tirer de l’énergie et de la vitalité de leur jeunesse, de faire accoucher à la nature le courant pour y radier une économie qui en réclame pour décoller? Certes, il arrive à des États relativement bien gérés tels l’Afrique du sud, d’être durement atteints par les pénuries, et donc le délestage. Mais tous ne sont pas atteints de la même façon.

    Au fond, le taux de couverture d’un pays en termes d’énergie électrique permanente pourrait être un critère de mesure, sinon de bonne gouvernance, du moins, de la volonté des gouvernants de développer leurs nations.

    Dites-moi combien de barrages vos dirigeants ont construit et je vous dirai quels rêves ils nourrissent pour votre peuple.

    Dès 1961, Kwame N’KRUMAH à qui l’on reprochait beaucoup ses rêves de grandeur, a fait construire sur la volta dans les gorges d’Akossombo, le fameux barrage hydroélectrique du même nom. Les principaux voisins du Ghana dépendent encore aujourd’hui de l’électricité produite par cet ouvrage.

    Abidjan, Brazza, Dakar, telle une maladie honteuse, l’épidémie de délestage gagne les capitales africaines les unes après les autres. La présence du courant électrique devient un luxe dans les maisons et les entreprises surtout les plus petites n’en finissent pas de dépérir du fait de l’incapacité à produire de manière régulière.

    À quoi sert-il de parler de développement, si l’Afrique ne peut s’offrir l’énergie nécessaire à son industrialisation? Voilà cinquante ans que l’on nous vante le site d’Inga, dont le débit exceptionnel du fleuve Congo suffirait à alimenter toute l’Afrique sub-saharienne.
   
    Éternel projet dont le seul handicap est d’être situé en Afrique noire et pas en occident ou en Asie.

    INNNGA!!! Son nom résonne dans nos têtes comme une affligeante preuve de l’incapacité de nos dirigeants à réellement se mettre ensemble pour sortir leur peuples des ténèbres.>>

Jean-Baptiste PLACCA a dit!

Gbégnédzéanyi.


Gambie – U.S.A ou l’engrenage d’une démocratie groggy

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Il est de ces prises de positions qui donnent à sursauter de sa chaise au risque de s’écraser le fondement contre le sol. Il est ensuite de ces réactions pour lesquelles on a envie de s’interroger sur le statut du supposé plus intelligent de la classe. Il est enfin de ces nouveautés qui vous laissent pantois.
    Voici s’offrir à nous une autre variante de la démocratie portée à bout de bras par l’Amérique d’OBAMA.

Dans cette Afrique contemporaine où l’idéal tient au renversement des régimes autocratiques, où l’exaspération a poussé à bout les populations opprimés par tant d’années d’allégeance, on a presque toujours secrètement envie de féliciter les révolutions et d’encourager « l’irrévérence ». Rassurrez-vous, je ne viens pas vous réinformer de la tentative de putsch qui a raté Yaya JAMMEH. Je ne viens pas non plus vous exposer le tueur en série, desposte président de ce maigre État obstrué dans le ventre du Sénégal qu’est la Gambie. Je vous invite plutôt à analyser avec moi ce nouveau mode d’emploi du « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple »: j’ai nommé la démos-cratos.

De retour au pays, Yaya JAMMEH comme pour réaffirmer sa toute puissance à ses détracteurs, n’a pas manqué de citer certains États qui visiblement seraient impliqués dans la tentative de putsch qui l’a raté alors qu’il était encore en voyage officiel. Ainsi en a-t-il été des États Unis d’Amérique.

De fait, il a été révélé qu’à l’origine de la tentative de putsch, deux étasuniens d’origine gambienne ont été les « tireurs  de ficelles », que ce soit dans le recrutement des exécutants dans l’élaboration des combines ou dans la fourniture de la logistique. Même s’ils ont manqué leur cible, ces deux « salvateurs ratés » auront réussi à fuir la Gambie avec sûrement l’espoir de recevoir dans leur pays d’adoption, de chaudes félicitations et de la reconnaissance pour avoir au moins essayé de renverser le régime d’un Etats dont les citoyens en avaient sans doute marre. Mais peine perdue!!! Ces deux » archers » se sont vus arrêtés par le gouvernement américain en attendant d’être condamnés à au moins un quart de siècle de réclusion en vertu d’une loi qui punit les citoyens américains qui se seront rendus coupables d’immixion dans les affaires intérieures d’un État étranger. Même si le sort, de ces deux exilés semblent beaucoup plus enviable que celui des malheureux supposés complices restés en Gambie et qui vont devoir subir la furie du Président tueur, il conviendrait de s’interroger sur la position qui est celle des États Unis.

Eux qu’on savait attachés aux impératifs de démocratie comme nulle autre, eux qui les premiers félicitaient ceux qui réussissaient à arriver à bout des régimes dictatoriaux, eux qui partout faisaient l’apologie des institutions fortes, comment oseraient-ils donner l’air de cautionner un régime dont les populations semblent ne plus en pouvoir?

  Qui trompe qui???

Il me semble bien curieux, le fait que le gouvernement américain ait attendu d’être indexé par le Président Yaya JAMMEH de complicité d’atteinte à la sûreté de son État , pour le voir chercher à condamner les deux « naturalisés »! Chercherait-on du côté américain à prouver sa bonne foi au Président gambien? Si oui, à quelle fin, quand on sait qu’on est réellement la première puissance mondiale?

Ou alors, chercherait-on à réaffirmer au reste du monde que l’Amérique reste malgré tout attachée aux strictes valeurs de démocratie? Si oui pourquoi donc avoir applaudi le renversement de régime au Burkina Faso?

Les États-unis auraient-ils agi de la même manière si les deux instigateurs du soulèvement en Gambie avaient été des citoyens blancs américains?

Pour une Amérique qui tue les noirs désarmés et applaudit les assassins blancs, il faut vraiment en douter.

Gbégnédzéanyi.


CAN Ébola 2015: ça y est… c’est parti!!!

 

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Trentième édition de la Coupe Africaine des Nations, la compétition en vers et contre tout, aura finalement lieu.

« Ébolera », n’ « ébolera » pas? Voilà, l’ultime interrogation à laquelle l’on n’a pas encore trouvé de réponse.

Depuis que la Guinée Équatoriale, au pied levé a été portée à accueillir cette énième édition de la Coupe d’Afrique des Nations, l’on a semblé poussé un « ouf » de soulagement, plutôt un « ouf » de désintéressement, notamment du côté de la confédération africaine de la discipline.  Et depuis, comme pour feindre d’oublier ce pourquoi le Maroc s’est retiré de la chose, plus personne ne semble se soucier de la santé des vrais  acteurs du jeu, joueurs et supporters compris.https://arnaud.mondoblog.org/2014/11/17/ebolamment-parlant-soyons-plus-serieux/ ‎

On a presque envie de s’imaginer qu’un pacte de non-agression avait été signé entre Ébola et Issa.

Dans cette Afrique où la très vilaine tradition voudrait que l’on fasse toujours les choses en laissant derrière des détails qui ne se devraient pas d’être négligés, moi Arnaud, je voudrais bien espérer que les dispositions adéquates ont été prises, que l’on ne viendra pas s’apitoyer de n’avoir pas voulu laisser échapper cette trentième édition de la Coupe Africaine des Nations au nom d’un supposé risque de chamboulement du calendrier des des autres compétitions. Je voudrais pouvoir prophétiser, que la CAF et ISSA Ayatou, à l’issue du tournoi, pourront se gargariser d’avoir fait le bon choix en sanctionnant le Maroc.

Et en attendant???

En attendant, l’heure semble donc à la fête et face à toute cette émulation joyeuse, ce n’est pas moi qui vais jouer à l’oiseau de mauvais augure.

Plus qu’une simple compétition, ce tournoi reste et demeure une occasion pour toute cette jeune génération qui désire se faire une place sous le soleil du football. Nous espérons juste que de nouvelles pépites seront dénichées, qu’on n’entendra plus de bruit de primes non payées, de séances d’entraînement boycottés, ou encore d’insuffisance de rendement de la part des supposées stars.

Même si l’on va un peu regretter l’absence de quelques grands noms, entre autres ÉTO’O, DROGBA, M’PUTU et ADEBAYOR, on peut toujours se contenter de la présence de quelques « ancêtres » de cette compétition comme Claude LE ROY, Seydou KÉÏTA et KIDIABA Robert. Vivement donc le coup d’envoi, les dribbles, les feintes, les cous du foulard, les ponts (petits et grands), les belles parades, les lourdes frappes surtout et enfin beaucoup de buts.

Vivement ce soir, vivement Bâta!!!

Gbégnédzéanyi.


Et les « moutons » se taisaient

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Le plus haut degré d’inertie de l’espèce humaine, c’est le point de ne pouvoir faire respecter non pas ses droits les plus élémentaires, mais plutôt et seulement la bienséance.


À part le fait de devoir abandonner sa couchette à des heures pas imaginables pour espérer se tailler une place dans les escaliers des rares amphithéâtres de l’Université de Lomé, à part le fait de devoir partager journellement  leurs salles de cours avec des oiseaux de la basse cour venus en sporadiques ballades, à part le fait de devoir donner un coup de main à leurs bus quotidiennement en panne…,

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…les étudiants togolais se sont depuis un moment retrouvés à subir, sans mot dire, l’illustration du foutage de gueule.
En cette après midi de décembre 2014, alors que la canicule, en collaboration avec un léger vent d’harmattan se faisait encore tenir en respect, les juristes en gestation de la Faculté de Droit de l’Université de Lomé s’étaient empaquetés comme toujours dans « l’amphithéâtre A Droit » dépourvu de tout  système de ventilation,  pour suivre le cours du « Droit des entreprises en difficultés ». C’était à croire qu’ils étaient déjà eux mêmes à bout de leurs propres difficultés.

    Et l’absurdité fut…
C’est précisément en cet instant qu’un balayeur de la cour du campus a eu la très généreuse inspiration de rappeler au typique étudiant togolais qu’il était « mouton ». Oui! Mouton!
Le technicien de surface venait de terminer son balayage. Au lieu de s’échiner à ramasser le tas d’ordure qu’il venait de fabriquer, l’ouvrier indélicat a eu la très ingénieuse inspiration d’y mettre plutôt du feu, histoire de s’abréger les peines. Ce fut sans compter avec tout ce qu’il y avait autour de lui comme bâtiments, étudiants et personnel enseignant.
Pendant près d’un quart d’heure, l’atmosphère de la salle de cours de l’amphithéâtre A Droit s’est révélée invivable. Ici, on suffoque. Là-bas, on tousse. Plus loin, on s’indigne et on injurie comme seules savent si bien le faire les filles. Puis, quelques instants instants après, la fumée se dissipe, tout le monde se tait et le cours reprend comme si de rien n’avait jamais été.
    Puis après???
Euuuuh… puis après? Puis après, mais rien! Et c’est précisément ici que l’expression « étudiant mouton » prend tout son sens.
A la ferme agricole de mon père, il suffit souvent de faire un geste inhabituel, de faire venir un individu étranger, bref d’indisposer un temps soi peu les bêtes pour qu’elles se mettent à alerter le maître des lieux, qui de bêlements, qui de caquetages ou de chants très indisposants. Mais puisqu’en bon juriste, il ne faille jamais accuser juste pour le plaisir de le faire, je me suis donc promis d’aller voir, en fin de séance, s’il y avait créature meilleure que les bêtes de notre ferme.
Dans une société où chacun connaît ses droits, où chacun maîtrise les limites de sa liberté et où tout le monde sait jusqu’où ne pas aller trop loin, avant même que les autorités universitaires fussent mis au courant des écarts de conduite, ce technicien de surface indélicat aurait été interpellé et rappelé à l’ordre par n’importe quel étudiant, n’importe quel passant, ou n’importe quel enseignant. Mais puisque nous sommes en présence d’un genre de citoyen tout à fait particulier, personne n’a bronché. À la fin du cours, je suis allé chercher l’individu qui avait eu la très « ingénieuse » inspiration de nous faire fumer alors même que les conditions d’étude nous mettaient suffisamment bien à mal. J’étais allé voir s’il y en avait qui pouvaient rappeler le balayeur à l’ordre. Peine perdue! Sur les lieux, je n’ai pu voir, ni « fumeur » ni « fumés » et comble de la bêtise,…

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le tas d’ordure était toujours là, fumant à n’en pas finir, avec les étudiants qui faisaient leurs navettes quotidiennes avec l’air impertubable. C’était à croire que tout était normal, que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

    Heureux étudiants togolais, leaders de demain, dans la fumée plongés!

Ils n’ont pas que ça à faire! Ils doivent se dépêcher pour se tailler une place dans les escaliers! Faire la queue devant les rares photocopieuses du campus! Ameuter leurs camarades à coups de sifflet pour réclamer à l’autorité leur maigre ration d’allocation de secours!

Voilà un peu le genre d’intellectuel que le système éducatif togolais forme. Sur le plan politique non plus, le tableau n’est pas plus reluisant.

Allez demander aux togolais de réclamer la baisse des prix du carburant à la pompe, ou de réclamer à togocel une meilleure tarification de la connexion internet, ou encore d’aller rappeler à Faure GNASSINGBE que l’idéal démocratique de nos jours tient à deux mandats au plus,et vous entendrez de toutes les sottises et de toutes les âneries.

« Dans de nombreux pays, les populations sont hélas gagnées par une lassitude telle, qu’elles ne sont pas disposées à concentir de tels sacrifices, parce qu’elles estiment avoir déjà donné.« 

Jean-Baptiste PLACCA.

Gbégnédzéanyi.


Brasserie BB Lomé: un jubilé d’or à l’actif, et pourtant…

image À cinquante ans d’âge, on peut, sans craindre de se rendre coupable d’imposture, se faire appeler pépé; c’est-à-dire grand-père. Et un pépé, c’est quelqu’un qui doit pouvoir rassembler sa progéniture, et lui prodiguer des conseils. C’est un sage; quelqu’un qui ne peut pas plus se permettre certaines frasques. Mais si avec un jubilé d’or à l’actif, une firme de l’envergure de la brasserie BB LOMÉ se permet de se louper sur ses produits, je vous invite à vous désoler avec moi…

 

Regardez assez attentivement cette bouteille que voici. Elle est griffée « BRASSERIE BB LOME S.A. / PRODUIT DU TOGO.   Et quand moi j’entends BB LOME, je pense à cinquante années d’expérience. Je pense à un jubilé d’or. Je pense à une certification, synonyme de maîtrise de ce que l’on sait faire le mieux.

 

    Mais la bouteille que vous voyez, viens nous raviser que l’amateurisme garde malgré tout son mot à dire dans le fonctionnement de cette société.

 

À première vue, on crois savoir tout de cette bouteille. Mais je peux vous assurer que vous faites erreur; de cette même erreur qui n’arrange rien à l’image de la brasserie de mon pays.

 

Il y a quelques semaines, je faisais mon jogging hebdomadaire sur les aires de jeu du campus universitaire de Lomé, quand une jeune fille habillée aux couleurs de « youki » m’interpella. Je me suis arrêté et elle me tendis cette bouteille de consommable que vous voyez. Je lui demandai combien cela devrait me coûter. Elle m’a répondu assez gentiment que c’était un cadeau. Qu’il s’agissait d’un nouveau produit; d’une nouvelle trouvaille que la brasserie de mon pays venait de lancer et qu’elle s’était proposé de le faire goûter aux togolais; bref, ils étaient dans une phase de promotion. Je lui fis à mon tour, grâce de ma reconnaissance, puis nous nous séparons.

 

C’est seulement deux jours plus tard que je me rendis à l’évidence de ce qui était comparable à un foutage de gueule sans coefficient de réduction. À ma connaissance, un cocktail de fruit est un breuvage sucré, doux. Mais le youki cocktail de fruits auquel j’avais affaire n’avait rien de commun avec celui que les togolais ont connu jusqu’ici.

 

    Le liquide était fermenté,  agressif à la tempe et d’un parfum assez inhabituel. Cela me fit sursauter. Je retire alors le breuvage de ma bouche, pour m’assurer d’abord qu’il s’agissait réellement d’un cocktail de fruits, puis pour voir si le produit n’était pas avarié. C’est seulement à cet instant que le foutage de gueule se confirma à mes yeux. À aucun endroit de la bouteille, ne figurait de date de fabrication, et encore moins la date de péremption.

 

Quelle bêtise!!! Essayait-t-on de faire de nous des cobayes? Après cinquante années d’expérience?   Et dire que c’est cette même structure qui organise la fête de la bière chaque année dans notre pays… image

 

Avec, une publicité de ce genre, aurions-nous tort de nous interroger sur la qualité de la bière qui nous est servie à chaque année et dont petits et grands, mineurs et majeurs se délectent sur les plages de Lomé? Ce n’est qu’une simple question hein! Aussi, voilà que par les temps de fête qui courent, beaucoup de produits à la qualité assez douteuse circulent souvent sur les étales de nos marchés. Cette très vilaine publicité risque t-elle de faire faire à la BB LOMÉ d’assez bonnes affaires? Ce n’est également qu’une autre question aussi simple que la première hein!

 

Gbégnédzéanyi.


TOGO: le pied de nez du prince, à son opposition politique en attendant la gifle terminale

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Il ne doit sûrement pas faire bon être membre de l’opposition togolaise par ces temps qui courent. Il ne doit surtout pas être très aisé d’être partisan de la fameuse réforme constitutionnelle tant réclamée par une large frange du contre-pouvoir togolais.

Ces dernières soixante-douze heures, un nouveau bout de phrase lâché par le Président de la République défraie sérieusement la chronique dans le paysage politique de notre pays et pas seulement!
En effet, s’exprimant depuis le Ghana où il était en visite aux cotés de son homologue John DRAMANI MAAMA, dans le cadre de l’inauguration d’un centre commercial, Faure GNASSINGBE, comme pour mettre les points sur les « i », comme pour rappeler à ses « détracteurs » la position qui a toujours été la sienne et qu’il n’est pas prêt de changer déclarait ce qui suit:<< la constitution togolaise telle qu’elle est en vigueur sera rigoureusement respectée>>.
Dans cette Afrique où ces dernières années et à la faveur du bourdonnement récurrent de l’actualité sociopolitique il est très facile d’entendre à la bouche de n’importe quel môme l’expression >, cette déclaration du chef de l’exécutif togolais devrait être qualifiée de salutaire. Mais à y voir de plus près, et considérant la situation particulière du Togo, c’est l’ombre d’un foutage de gueule grandeur nature qui se dessine; un véritable pied de nez sans coefficient de réduction qui est adressé à l’opposition togolaise.
Depuis 1992, la constitution togolaise, remaniée à la mesure des ambitions du Feu Général Eyadéma ne prévoyant plus désormais la limitation des mandats présidentiels, l’on comprend aisément que GNASSINGBE fils feigne de s’aligner sur les aspirations d’autres peuples, aspirations qui sont tout le contraire de la volonté de certains togolais. On doit sûrement être très gêné du côté de l’opposition qui avait déjà refoulé une proposition de non rétroactivité des deux premiers mandat du Prince. Mais
puisque nul part non plus sur la terre des hommes, on n’organise des élections quelles qu’elles puissent être pour les perdre, la gifle risque d’être assez cuisante en 2015.
Plus qu’un appel à la clairvoyance, ce bout de texte n’est qu’une injonction, un petit rappel à tout le monde que la politique reste et demeure une plaisanterie, un sale jeu où on ne devrait pas mettre trop du coeur, mais plutôt la sagesse, et seulement la sagesse.
Gbégnédzéanyi.


Burkina Faso: la fibre de l’intégrité ne faiblit pas

 

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Plus d’un demi siècle « d’indépendance » tout au moins littérale, et jamais l’Afrique ne s’est sentie autant honorée par aucun de ses territoires. Écrasée par le poids d’une population assez respectable mais toujours inapte à vraiment tirer profit de l’intelligence de ses enfants, la mère Afrique semble ces derniers jours et pour une des rares fois, mise positivement au devant de la scène, et ce par la clairvoyance d’une frange de ses enfants: les burkinabés.

Alors que personne n’a encore oublié le moindre épisode de la nouvelle page d’histoire qu’écrit l’ancienne Haute Volta; alors que personne non plus ne semble visiblement en mesure d’expliquer les raisons de la célérité avec laquelle les choses se sont passées dans ce pays, revoilà déjà ce peuple qui donne pour une fois encore une autre leçon de gouvernance à ses autres camarades.
Tous debout comme un seul homme en ce jour du 30 octobre 2014, le peuple burkinabé a rappelé à tout apprenti juriste, cette définition que Abraham LINCOLN donnait de la démocratie sur le champ de bataille de Gettysburg un certain 19 novembre 1853: <<le gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple… >>

Voilà ce à quoi le régime de COMPAORÉ Blaise, alors président du Faso, n’a pu résister. Il payait ainsi le prix de vingt-sept années de règne sans partage sur un peuple qui s’exaspérait de ses oeuvres.
Et comme pour montrer aux bénis-oui-oui de ce continent que ce qui s’était passé sur leur terre n’avait rien de hasardeux, les « hommes intègres » ont pour une fois encore réalisé une autre opération qu’on pourrait qualifier comme étant de salubrité publique.
Un ministre du nouveau gouvernement de transition au passé manifestement trop pesant, avant même de s’asseoir, s’est vu relevé de ses fonctions. Monsieur Adama SANION, ancien Procureur de la République venait de se faire à l’évidence qu’il est de ces choses qui ne s’achètent pas. Ainsi du pouvoir, de l’unanimité et de l’amour d’un peuple.
En effet, en 1998, monsieur Adama SANION était Procureur de la République du Faso du temps de l’assassinat de ZONGO Norbert, journaliste de son État. Comme pour cacher quelque chose à l’intelligence populaire, M. SANION a du prononcer en 2006, un non-lieu pour ce dossier qui visiblement devrait emporter des têtes. Mais puisque « rien de nouveau n’existe sous le soleil », l’ancien Procureur n’a pu occuper son poste de ministre de la culture et du tourisme que le gouvernement de transition lui offrait. À peine deux jours de passées à son poste, et il a du  rendre le tablier face à la fureur des « hommes intègres ».
Ce geste que j’avais tantôt  qualifié comme étant de salubrité publique ne confirme que tout le bien que l’on pensait déjà de ce peuple.
Sur ce continent où l’on a presque toujours honte de l’agissement de la majeur partie des dirigeants, l’on se sent très honoré du réalisme dont fait montre le peuple burkinabé qui jusqu’alors, n’a de cesse de rappeler à tout le monde que <<quand on refuse, on dit non >>: Hamadou KOUROUMA.
Ce peuple n’a pas voulu de Adama SANION comme ministre de la culture. Aussitôt nommé, il a été relevé sans qu’on ait besoin de l’expertise d’un médiateur. Quelle maturité! Voilà le genre de réalisme dont l’Afrique a besoin.
Gbégnédzéanyi.


Ébolamment parlant, soyons plus sérieux

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Pour se souhaiter des voeux en début d’année, je me rappelle avoir toujours entendu cette expression revenir en boucle: « la santé avant tout, et le reste viendra ». Pour ma part j’ai toujours cru comprendre que l’essentiel à rechercher et à préserver, c’était la santé de l’homme! Mais depuis que des pères de famille ont commencé par inciter des gens à passer sous silence de sérieuses menaces à la santé, j’ai également commencé à m’interroger sur le sens dans lequel je vais désormais orienter mes voeux de nouvel an.

Comme si tout le monde avait oublié la psychose que Ébola nous avait foutu alors qu’il savourait encore ses heures de « gloire », le conseil exécutif de la Confédération Africaine de Football, faisant fi de la préoccupation sanitaire majeure de l’heure a choisi d’enlever l’organisation de la trentième édition de la Coupe d’Afrique des Nations au Maroc.
En effet, le royaume shérifien jusqu’ici épargné par le fameux virus, craignant donc d’éventuelles contaminations à la faveur de la grande messe du football continental a choisi de faire reporter l’événement en espérant une meilleure maîtrise de l’épidémie. C’était sans compter avec l’incurie du camerounais qui n’a jamais reculé devant quoi que ce soit quand il s’agit de sa compétition. On a même prévu coller des sanctions au Maroc qui visiblement n’avait plus le droit de protéger sa population. On lui demande donc de se laisser « éboliser » comme les États Unis, comme l’Espagne ou encore comme la Guinée.
Il est très facile de sanctionner un Etat qui ne cherche qu’à protéger ses citoyens, et partant d’autres peuples d’Afrique. Il est encore plus facile de se ranger du côté de la Confédération Africaine de Football pour estimer que le Maroc aura bien mérité ces sanctions. Mais le plus difficile, ce sera de trouver un pays suffisamment courageux et assez aguéri pour accueillir sur son territoire la menace « d’ébolement » que tout le monde semble éviter. Il s’agit en effet d’une question de santé publique.
Au pied levé et dans un semblant de dénouement, on a cité la Guinée équatoriale comme terre d’asile pour l’édition 2015 de la Coupe d’Afrique des Nations. Ce même État de ce continent qui a été quelques années auparavant jugé inapte à organiser à lui seul un événement de cette envergure là, s’est soudain trouvé adulé par le comité exécutif de l’instance africaine du ballon rond. Le pays de Théodoro OBIANGÉMA doit sûrement ce plébiscite à ses pétrodollars. Il transparaît assez clairement que le pari est peut-être financièrement gagné par Issa AYATOU. mais la Coupe d’Afrique des Nations ce n’est pas que cela. Il va falloir dans la foulée, trouver les moyens de bien tamiser les spectateurs qui vont franchir les frontières de ce petit État, trouver les moyens de contenir les éventuels cas de contamination qui pourraient se déclancher, puis protéger les populations des autres pays qui se déplaceraient pour la circonstance. Tout cela par contre n’est franchement pas un pari gagné d’avance pour le camerounais.
S’il m’était demandé un avis sur la question, je vous dirais que même deux cents ans sans la moindre trace de Coupe d’Afrique des Nations, cela ne tuerait absolument personne sur le continent! Mais deux cents ans de perpétuation de la menace du virus, ce n’est pas que l’Afrique qui va se décimer.
Pour ma part, je ne suis pas surpris de l’attitude de Issa AYATOU et sa clic. On se rappelle encore qu’en 2010 même devant la mort des membres de la délégation togolaise à Cabinda, l’homme a fait joué sa compétition sans un brin de ressentiment. Pour tout acte de compassion, ADEBAYOR Shéyi et sa suite ont écopé d’une sanction bien appliquée.

  Nous aimons tous quand ballon roule sur gazon vert hein! Mais si pour cela Ébola va gagner terrain sur notre continent qui lui-même est déjà aux prises avec trop de choses pas très gentilles, pardon ooo. Football là n’a qu’à s’asseoir.

Gbégnédzéanyi.


On a fêté la bière à Lomé: et après?

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Que ce soit à Hollywood ou à Nollywood, que ce soit à Fasofilms ou à Togollywood, le scénario qu’on nous présente le plus souvent est que quand un acteur est accablé de problèmes, il essaie de les noyer dans l’alcool. Mais quand c’est tout un Etat qui se met d’accord pour noyer sa jeunesse dans la liqueur, constatez avec moi qu’on ne pourrait pas tomber plus bas!

    Plus que quelques jours encore, et l’édition 2014 de la fête de la bière à Lomé s’en ira mourir définitivement de sa belle mort. En dehors du fait que l’on a beaucoup festoyé, que l’on en est arrivé à se saouler avec nos mômes autour de la même table et que les libidineux se sont arrangés, avec la complicité de la liqueur pour se tromper de partenaires, qu’en aurons-nous retenu? Sûrement pas grand-chose. Tel ou tel directeur de société a pu ne voir dans cet événement érigé en tradition qu’une occasion d’exhiber aux yeux de la jeunesse, sa capacité à la rassembler autour d’idéaux peu reluisants. Ailleurs, l’on est plutôt fier en général du nombre d’enseignants par dizaines d’étudiants ou de la qualité de la connexion Internet qui est servie aux apprenants. A chacun ses priorités. Ainsi va le Togo. Mais justement parce que la jeunesse togolaise ne peut continuer à voguer au gré de l’incurie et du cynisme de certains de ses dirigeants, il urge de rappeler les priorités qui importent plus à cette frange de la population afin que nul ne vienne prétendre un jour qu’il ne savait pas. Ces dernières années au Togo, on assiste à une avalanche d’événements pour captiver l’attention des jeunes. C’est ainsi qu’il est facile d’entendre sur nos chaînes radio et télé : sous le haut patronnage de tel ou tel, il est organisé ceci ou cela.  De l’élection de la plus belle tarée du pays au défilé du plus beau mouton de la Tabaski, tout y passe et des futilités en veux-tu en voilà. À la fête de la bière de cette année,on n’a pas fait que distribuer de la bière. On a également partagé des préservatifs à quiconque tendait la main. Comprenez par vous-même qu’après avoir bu un coup, il faudra en tirer un également! On a présenté la chose sous le vocable de…

image et une caravane a même été mise à contribution pour sillonner les artères de la capitale. image Plus qu’un appel au sursaut, il s’agit pour moi d’enjoindre impérativement à nos dirigeants de se rappeler qu’ils se trompent de programme de société si jamais ils voulaient que les rêves de notre nation cessent de se perdre dans l’estuaire de l’insouciance et de la gabegie… image Hounsrou est mon voisin. Il est étudiant en année de licence à l’Université de Lomé et fait partie de ces fêtards qui font le succès de l’évènement. Il n’en a presque pas manqué la moindre journée. Mais quand on lui demande un compte rendu de ce qu’il a pu tirer comme bon parti de la « fête », il balbutie à n’en pas finir. À l’instar de Hounsrou, nombreux sommes nous à ne pas savoir réellement le plus que cet événement nous apporte pour qu’on l’érige en tradition dans la capitale du Togo. Sans toutefois vouloir m’ériger en donneur de leçon, la seule question qu’il vaille à mon avis que chaque togolais se pose est celle ci: allons-nous encore fêter la bière l’année prochaine? Et à quelle fin? Gbégnédzéanyi.


La violence: un langage visiblement prometteur

image <<Si seulement vous pouviez imaginer combien cela fait du bien et pas seulement aux africains, de voir un Etat de ce continent se soustraire au club des cancres pour reconquérir sa dignité et son honneur>>.                                        Jean-Baptiste PLACCA. C’est l’agréable impression que donnent les burkinabés depuis l’introduction devant le parlement du fameux projet de révision de l’article 37 de la loi fondamentale .     Un parlement saccagé puis mis à feu, des voitures brûlées, au moins vingt manifestants tués et quarante blessés, un COMPAORE arrêté puis un autre introuvable, voilà un bien triste bilan et sûrement davantage pour cette journée du 30 octobre 2014. Voilà en effet ce dont les lâches du paysage politique burkinabé avaient besoin pour comprendre que le peuple ne voulait vraiment pas du fameux projet de loi déposé devant l’Assemblée Nationale. Il était visiblement temps pour ce peuple aux « hommes intègres » qui depuis l’assassinat de Thomas SANKARA, s’est soudainement senti avili par sa classe politique, de lever comme un seul homme pour reconquérir son respect et sa considération. Cette déconfiture dont les meurtrissures marqueront pour bien longtemps la diplomatie burkinabé devrait donner à réfléchir aux pairs de COMPAORE Blaise qui attendent que le vilain projet de société aboutissent pour en tirer une ignoble jurisprudence. Sans risquer d’aller trop vite en besogne, on a tout de suite envie de crier à ce peuple « félicitation!!! ». C’est là une bonne leçon qui est donnée par les burkinabés à toutes ces populations de bénis-oui-oui des autres États qui hésitent encore à se tirer du joug de leurs tyrans. La leçon est également bonne à apprendre par  nos dirigeants qui une fois installés à la tête du pays, semblent oublier qu’ils restent toujours à portée du peuple. Grâce à ce soulèvement, « les jours de ceux que l’on appelle les ignards triomphants semblent comptés et également dans ces pays où les populations n’en peuvent plus des dirigeants qu’ils n’ont pas choisis.«  Comment donc comprendre qu’il existe encore sur cette terre des individus qui ne comprennent pas le langage de la modération? Comment est-ce possible de se faire à l’évidence que des dirigeants ne comprennent toujours pas d’eux-même que leurs populations n’en peuvent plus de tant d’années d’autocratie? À ses dépens, COMPAORE Blaise venait d’apprendre qu’il est de ces choses qui ne s’achètent pas. Ainsi de la respectabilité, de l’amour du peuple.     « Il reste donc au président du Faso à faire preuve de retenue, à se faire discret et surtout à ne pas insister, à ne pas revenir donc à la charge. Mais pour cela il faut qu’il y ait dans son entourage, des personnes suffisamment honnêtes dans son entourage pour lui faire comprendre que insister pourrait lui valoir d’autres désagréments ». Gbégnédzéagni.


Ces âmes reposeront-elles en paix?

credit:borsalino.space-blogs.com
credit:borsalino.space-blogs.com

Saviez-vous que même après la mort, le cadavre a du souci à se faire pour le sort qui lui sera réservé? J’en doute pour vous. Saviez-vous également qu’il existe des sous-produits du genre humain qui ne méritent aucun respect ? Vous ne le savez non plus !
Humm ! Je ne vous ai rien dit ! Mais vous qui vous attardez dans mon blog là, il existe des déments dans votre entourage je suppose ! Des membres de votre famille qui ont disparu sans que personne ne sache où ils se planquent ; pas vrai ? Et tous ces individus qui tirent leur révérence dans les geôles de nos États ? Ces accidentés de la route rendant l’âme et dont personne ne connaît les parents ? Vous êtes-vous déjà demandé à quelle sauce on les “mange“ ? Ici à Lomé, on en a déjà fait quelque chose d’assez ahurissant sous mes yeux. Eh ! Dieu du ciel !
Nous sommes le 18 octobre 2011, et cela faisait exactement trois semaines que ma famille et moi avons aménagé dans notre toute nouvelle demeure au Nouveau Quartier de Bè-Kpota. Bè-Kpota est une vieille banlieue de Lomé que tous les mordus de l’actualité pourraient connaître en raison des événements qui ont accompagné la présidentielles de 2005 dans mon cher pays le Togo. Heureusement que tout cela est dépassé maintenant et que  » plus jamais cela n’arrivera sur la terre de nos aïeux « . C’est le président Faure qui a dit.
Il devait sonner 15 h (TU) ce soir-là. J’arpentais fièrement la voie qui traversait le cimetière quand j’entendais au loin des bruits de sirène invitant les passants à dégager le passage. Je fis diligence pour laisser passer la cargaison. C’est alors que deux camions destinés au ramassage de sable se sont glissés sur le chemin, tous remplis de plusieurs caisses en bois qui débordaient presque. A mon avis, c’était un stock de produits de consommation déjà avariés que les services compétents en matière de sécurité alimentaire allaient faire détruire. Mais pourquoi c’est dans un cimetière qu’il faille réaliser l’opération ? Mais cela ne pouvait pas non plus être des cadavres humains, qui aurait mis à mort tant individus, me suis-je demandé.
C’est dans le creux de ce sombre doute que je me suis décidé à aller voir par moi-même ce qu’il devait advenir du macabre colis. Que ne fut ma stupéfaction quand je rattrapai tout essoufflé et haletant de fatigue, les deux camions avec leur contenu d’un genre si peu commode ! Déjà des riverains, comme avertis par un présage commençaient à emplir les lieux pendant qu’une pelleteuse qui avait devancé tout le monde, creusait vaille que vaille un trou grand comme ça. Disons plutôt une fosse. Bientôt nos deux camions commençaient à se vider de leur contenu. Djaaa ! Ce sont des cadavres humains dont on se débarrassait. Qui sont-ils ? Et leurs parents ? Pourquoi ne pas les enterrer comme tout autre cadavre digne de respect et de considération ? C’était là autant de questions qui lancinaient ma petite tête déjà bien mise à mal par le trop plein de cheveux que j’allais faire tailler avant d’avoir fait la sacrée rencontre. Mais ce qui m’intriguait le plus est que j’étais visiblement le seul pour qui l’opération manquait de normalité. Mis à part la traditionnelle compassion qui anime chaque être humain à la vue d’un semblable trépassé, les riverains semblaient presque habitués de la chose.
Ce soir là, je dormi la tête bien chargée de multiples idées et d’images qui s’enchevêtraient et se bousculaient. Où était partie la dignité de l’HOMME ? Entre l’être humain et le petit chien errant qu’un véhicule venait de faucher, où se situait la différence ? Je ne la trouvais vraiment pas ce soir là. La Sainte Écriture n’a-t-elle pas dit « poussière tu es, et à la poussière tu retourneras ? » Depuis ce jour, je me suis fait à l’évidence que le genre humain n’est rien, que nous ne sommes que des récipients vils sur la terre exilés, mais à tort, gonflés d’orgueil et de toute sorte de légèreté. Dans le patois qui est le mien, on dit « gogbalo ». Mais pourquoi c’était en pleine journée qu’il faille réaliser une telle opération au vu et au su de nous autres riverains frustrant au passage des âmes sensibles à l’instar de la mienne ?

Gbégnédzéanyi.


Un drôle de médiateur

Dans notre établissement de l’école privée laïque  » les Abeilles « , je me rappelle que nous avions toujours eu un major général. Le plus souvent c’était un élève du cours moyen deuxième année (CM2). Il s’agit de l’élève qui se débrouillait le mieux en classe. C’était aussi le gars qui gardait toujours son uniforme scolaire propre et bien repassé du lundi au vendredi. Il avait les cheveux toujours bien coupés ; bref, c’était l’exemple à suivre par nous autres cartouchards et nous avions donc tous peur de lui. Le major général pouvait même jouer le rôle de médiateur entre deux mômes de la maternelle qui se disputaient un morceau de sucette. Seulement voilà, ce terme  » médiateur  » par ces temps qui courent, commence par revêtir un sens totalement différent de celui que je lui connaissais.

Moi je suis togolais, et depuis quelques années, le pouvoir de mon pays se trouve en mal d’amour avec son opposition politique. Pour réconcilier les positions, nous nous sommes donc proposés de nous offrir les services d’un médiateur. Mais celui que nous avons trouvé ne ressemble en rien à mon major général du cours primaire. Non seulement ses concitoyens n’ont plus peur de lui, mais il est constamment sous le feu des critiques. Il n’est pas bon élève au cours de démocratie, il aime les ratures et commence sérieusement par énerver de paisibles citoyens. Il est président d’un Etat dont la loi fondamentale en son article 37 interdit à tout locataire de la présidence d’occuper les lieux pendant plus de 10 ans. Ce médiateur s’appelle Compaoré Blaise.

Il y a quelques mois, monsieur le président avait promis à son peuple qu’il ne briguerait pas un seul mandat supplémentaire. Mais puisque le ridicule ne tue pas l’Africain, Blaise vient seulement maintenant de se rendre compte qu’il a un alléchant programme pour son pays et qu’il est le seul intellectuel capable de mener à bien ce projet. Il a donc décidé de faire toiletter la Constitution, d’y appliquer ses ratures et d’user du tipex. On est gêné. Très très mal à l’aise. « Il est des circonstances qui imposent de ne pas craindre de déplaire, de ne pas chercher à complaire, de ne pas se taire»; dirait Jean-Baptiste Placca éditorialiste de Radio France Internationale.

Un suicidaire projet de société

Cette très vilaine publicité que Blaise offre de son pays n’augure rien de recommandable pour la démocratie africaine et on imagine combien ses pairs sont à l’affût quant à l’issue de son suicidaire projet de société.  » Tiens ! Tiens ! Ce truc marche malgré tout ! «  diraient les autocrates. On a juste envie de dire à ce peuple à l’instar du laboureur mourant, à l’adresse de ses enfants, « creusez, fouillez, bêchez. » Ne laissez nul moyen qui puisse vous aider à contrer le vilain projet. Le phénomène  » démocratie «  sur notre continent en sortira grandi. Il s’agit ici en effet d’ôter aux cancres les arguties au nom desquelles les médiocres s’accrochent au pouvoir comme s’ils étaient les seuls capables de faire le bonheur de leur pays.

Au Togo, la chose semble beaucoup plus facile pour Faure Gnassingbé. La Constitution avait déjà été raccommodée à la mesure de ses ambitions et son médiateur ne peut plus lui faire le reproche de ne rien faire pour satisfaire son opposition. Il est lui-même tombé dans les travers qu’il est censé devoir corriger. On se sent tout perdu et désorienté avec la folle envie de crier merde à la fin !!!

Nos dirigeants n’ont visiblement pas encore compris que cette Afrique-là n’a aucunement besoin d’hommes forts, mais plutôt, et seulement d’institutions fortes. Ils n’ont pas encore compris qu’ils ont chacun un devoir d’exemplarité vis-à-vis des autres nations. Enfin, ils ne semblent pas vouloir comprendre que ce qui les ferait grandir aux yeux de tous, c’est d’établir un système tel que même si le diable en personne venait à accéder à la magistrature suprême, qu’il soit obligé de faire seulement ce que le peuple lui demande et qu’il puisse se retirer impérativement le moment venu sans devoir emporter avec lui en enfer des âmes de citoyens exaspérés par des années d’autocraties. C’est à ces petits détails qu’on distingue une vraie démocratie d’une démocratie de façade.

Gbégnédzéanyi.


Couardise d’un griot: le zèle pour ta mangeoire me dévore, chef

 

Quand on vous dit que le Togo est un pays atypique où le ridicule ne tue pas nos intellectuels, vous avez toujours l’impression d’avoir à faire à des garçons belliqueux.
Quand on vous dit qu’ici chez nous, dans la « République du Golfe » comme l’appelait affectueusement Hamadou KOUROUMA, dans son oeuvre En attendant le vote des bêtes sauvages, l’impensable peut du jour au lendemain être érigé en principe avec la désinvolture qu’on connaissait à « SARKO », vous nous avez toujours cru à peine.
Voici ici le zèle d’un griot qui a manqué d’intelligence.

Je zappais la bande fm de ma radio hier soir quand mon attention fut attirée par une émission animée sur une chaîne locale. Voici ce que mes modestes oreilles ont pu capter: <<nous irons dire au boss que d’ici à janvier de l’année prochaine, nos cadavres ne trouveront plus de place au cimetière de Bè-Kpota>>

Faudrait-il vous rappeler que je suis un riverain du Nouveau Quartier de Bè-Kpota; un tout nouvel arrondissement de la ville de Lomé!
Dans le cours de l’émission que je venais de saisir au vol, j’ai pu me rendre à l’évidence que le griot qui s’époumonait à attirer sur lui l’attention de l’auditoire, déplorait le fait que le plus grand cimetière du Togo dit-on, tombait en manque de place. Bref, « zotorités » de mon pays ne pourront plus inhumer leurs parents trépassés dans le plus recommandable des cimetières du Togo.
Je me décidai donc à aller creuser le fond des inquiétudes de l’homme de la radio et voici ce que j’ai pu comprendre: il avait été prévu un espace de soixante-quinze hectares pour abriter le cimetière de Bè-Kpota. À ce jour, l’espace occupé et qui s’emplit déjà ne couvre que vingt-cinq hectares. Ce sont les cinquante hectares restants qui ont été morcelés  par les autochtones du quartier de Bè puis vendus aux riverains pour faire office du Nouveau Quartier dont je vous parlais plus haut.

Selon ces autochtones, les cinquante hectares ont été exploités parce qu’ils n’avaient même pas encore perçu la totale indemnisation pour les vingt-cinq premiers hectares déjà occupés par le cimetière. À quelle sauce seraient-ils mangés en laissant encore le reste de leur « héritage » à l’Etat togolais? Ainsi se questionnaient -t-ils.
À travers cette affaire, un griot de la République a cru devoir trouver le moyen de s’attirer les faveurs du chef de l’Etat en plaidant la cause des cadavres. Selon le « poète », la solution serait de démolir les habitations construites par les riverains…

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et électrifiées par l’Etat togolais lui-même et d’établir à leur place des sépultures…

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Quelle intelligence ! <<L’indifférence vaut mieux que la couardise>>; dirait Jean Baptiste PLACCA, éditorialiste à Radio France Internationale.
Je me suis donc évertué à chercher quelles pourraient être les raisons de l’excès de zèle dont cet agent de l’Etat de mon pays a fait preuve.
À mon humble avis de simple riverain et peut-être futur « sans domicile fixe », un cadavre n’a pas besoin de gésir dans un cimetière digne de Beverly Hills pour espérer s’attirer la clémence de Dieu.
Entre loger un cadavre et loger un vivant, le choix raisonnable s’impose de lui-même à tout individu en pleine possession de ses facultés.
Et même dans sa vaste campagne d’urbanisation, l’Etat togolais s’est déjà mis à dos trop de citoyens pour devoir manquer une occasion de se montrer courtois.
Bref, s’il m’était permis de donner un conseil, messieurs les citadins, commencez par vous tailler une place à la campagne pour vous et vos êtres chers.

                                    Gbégnédzéanyi.


Serment d’hypocrite ou serment d’Hippocrate?

credit photo: assurance-conseil.ch
credit photo: assurance-conseil.ch

Quand j’étais encore au cours élémentaire, mon maître me répétait sans cesse : « fais bien tout ce que tu fais, et sans oublier. Car dans cette vie tout dépend de ta volonté.» Il en a même fait une chanson que nous répétions en boucle chaque jour. Et franchement, je n’ai jamais su percer l’idée de mon maître jusqu’à cette aube d’octobre 2011 où j’ai assisté à la bêtise de l’espèce humaine.

Avant tout chers lecteurs, permettez-moi de m’apitoyer un temps soi peu sur mon propre sort.
Donnez-moi l’autorisation d’emprunter quelques vers à un grand de l’Afrique. J’ai nommé Camara LAYE.
« O Daman, ô ma mère, toi qui me portas sur le dos, toi qui m’allaitas, toi qui gouvernas mes premiers pas, toi qui la première m’ouvris les yeux aux prodiges de la terre, je pense à toi. Comme j’aimerais être enfant près de toi. Ma pensée toujours se tourne vers toi, la tienne à chaque pas m’accompagne, ô Daman, ma mère, comme j’aimerais encore être dans ta chaleur, être enfant près de toi… »
Je reviens à vous, le cœur bien gros.
Nous sommes à la veille le 18 octobre 2011. Françoise (maman) revient du service toute joyeuse et en plus bonne santé que jamais. Secrétaire de direction de son Etat, elle ne tarda pas à se muer en ménagère accomplie afin de satisfaire la gamelle de sa petite famille. N’étant pas du genre à s’attarder dans la nuit, maman prit ensuite un bon bain et regagna son lit. Dans la nuit profonde, un petit malaise de sa part ameuta la petite famille. Rapidement nous nous affairons à son chevet. Il fallait qu’elle aille mieux afin de pouvoir retourner au service le lendemain. Son poste à l’Organisation Mondiale de la Santé était bien trop stratégique pour être laissé vacant. Qui a dit qu’elle y retournerait d’ailleurs ?
Bientôt, accompagnés de papa, nous nous mettons en route pour l’hôpital. Il devait sonner 02heures du matin quand nous arrivions à la polyclinique internationale Saint Joseph de Lomé, alors que tout, sauf la santé de maman invitait au sommeil. Papa et moi, commençâmes par taper au portail de la clinique qui restait fermée. Il n’y avait pas de système de sonnerie et la guérite censée garder l’hôpital était vide de ses occupants. L’on se résolut à téléphoner à la réception. Peine perdue. Où trouver le numéro ? Même la gigantesque enseigne lumineuse qui culminait dans le ciel et brandissant fièrement le nom de la polyclinique Saint Joseph de Lomé ne portait pas le numéro à cette époque là. Une clinique « INTERNATIONALE » s’il vous plaît !

entrée de la polyclinique St Joseph credit:arnaud
entrée de la polyclinique St Joseph
credit:arnaud

Comme par enchantement, c’est maman qui prenant son mal en patience, a pu se souvenir du numéro. A plusieurs reprises, l’on sonna en vain et depuis le portail nous pouvions tous les trois entendre pleurer le téléphone ; des pleurs qui curieusement se révélaient bien trop faibles pour troubler le sommeil de l’immense centre de santé. Ironie du sort ! Papa se décida à aller bousculer l’autre portail par lequel se faisaient les évacuations d’urgence, pendant que moi je ne me lassais point d’ameuter tout un quartier à grand renfort de tambourinage d’un portail qui se refusait toujours à nous laisser passer. J’en suis arrivé à me demander si on ne se serait pas trompé d’endroit. Si on n’aurait pas confondu la clinique à une maison abandonnée, tant le vacarme que nous faisions était grand, et notre patience avait dépassé le seuil de l’acceptable.

C’est alors qu’une infirmière fut tirée de son sommeil et depuis le balcon, elle se dressa, puis d’un ton insolent, me lança :« qui va là ? Que veux-tu ? » Appréciez par vous-même chers lecteurs. Pour ma part, je dois aider maman à atteindre les urgences car elle faiblissait déjà. Je lui répondis alors : « il y a un malade. »
Bientôt, le large portail de notre clinique internationale s’ouvrit et nous eûmes accès à la salle d’attente. Quel spectacle nous y attend ! Les fauteuils qui devraient servir à accueillir les patients avaient été rassemblés et transformés en lit pour nos vigiles qui dormaient à points fermés. Extraordinaire et ahurissant à la fois ! Maman pour sa part ne se fit pas prier pour se diriger vers les urgences ; étant elle-même une habituée des lieux. Un jeune stagiaire l’aida à se coucher et alla appeler le médecin de garde. De cet instant commença mon calvaire. Notre médecin de garde, jetant son serment d’Hippocrate à l’arrière-cour de sa conscience professionnelle, prit tout son temps pour se tirer du sommeil. Le temps de commencer quoi que ce soit, notre infirmière n’eut point le temps de faire ne serait-ce qu’une simple piqûre à la jeune dame qui déjà se débattait dans les spasmes de la mort. Tout ce qu’elle put nous dire se résume comme suit : « c’est fini. » Qu’est-ce qui est fini ? Demanda vainement mon père.
Rocambolesque manière d’annoncer la plus indésirable des nouvelles à des patients. En termes plus clairs, comprenez que maman était morte. Qui pouvait le croire ? Et pourtant le fait était là dans sa plus poignante réalité.
Moi je ne vais pas m’attarder à situer des responsabilités, mais je vais vous exposer toute ma frustration.
Regardez la qualité de l’accueil ! Appréciez le laxisme ! Notez avec moi le je-m’en-fichisme ! Enfin, jaugez le manque criard de professionnalisme dont a fait preuve tout un hôpital de classe internationale dit-on !
Maman n’aurait-elle pas pu être sauvée si l’on s’était affairé autour d’elle avec beaucoup plus de diligence ? Aujourd’hui, cela fait exactement trois ans que la jeune dame a été rappelée à son créateur. Mais au-delà, combien de personnes devront encore payer de leur vie le prix de l’inertie de nos agents de santé ? Combien de fois devrions-nous encore nous époumoner à rappeler à nos médecins que « la santé du malade devrait être la première de leurs préoccupations ? » Combien de familles de patients devront encore boire jusqu’à la lie le calice de l’incurie de nos agents de santé ?
Voilà autant de questions qui lancinent encore l’esprit de la petite famille désormais amputée de l’une de ses valeurs ?
Si l’on s’acharne autour du système de santé dans les hôpitaux publics de nos Etats au sud du Sahara, il reste à noter que celui du secteur privé n’est pas des plus reluisants ; illustration faite avec la polyclinique Saint Joseph de Lomé qui elle-même se dit internationale.

Gbégnédzéanyi.