Benedicta honyiglo


La perte des bonnes manières sur Internet

Quelque soit votre origine, si vous n’avez pas les bons codes de la décence, les notions de savoir-vivre, faites des efforts car Internet met le savoir à notre portée, entre nos mains. Internet nous oblige à avoir le nécessaire en matière de bienséances.




Quand mon cœur balance entre Nollywood et Bollywood

Pour me distraire après la lecture, l’écriture et la cuisine, j’aime aussi regarder des films. Que ce soient les séries policières (Columbo, Derrick, Monk,…) les télénovelas (que j’ai arrêté de regarder depuis plus de 5 ans maintenant à cause des histoires répétitives) ou les films à l’eau-de-rose (qui durent moins de 90 mn, lol), je m’intéresse aussi aux films nigérians – Nollywood et indiens – Bollywood. Il n’y a quand même pas que Hollywood dans la vie…





Lumière sur quatre artistes togolais

Il arrive qu’à l’évocation du nom de certains pays, l’on pense automatiquement à un artiste connu ou à un sportif célèbre. Au Togo, nous avons nos Toofan et notre Shéyi Emmanuel Adebayor. Pourtant beaucoup d’autres artistes togolais mériteraient aussi d’être connus pour leurs œuvres, félicités pour leur production afin qu’ils atteignent un public plus large et diversifié.





Ma cuisine confinée

Depuis le début de cette pandémie, beaucoup de nos habitudes ont changé. On se consacre un peu plus à certains loisirs pour lesquels on n’avait pas beaucoup de temps. Mon autre passion après la lecture et l’écriture, c’est la cuisine. Je partage ici avec vous quelques unes de mes recettes préférées.



Eradiquer la pauvreté : mythe ou réalité ?

Au nombre des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD),  le premier et non des moindres est l’éradication de la pauvreté.  Une pauvreté  présente sous plusieurs formes, comme dit dans la redéfinition des nouveaux objectifs du programme  de développement post-2015, intitulé « Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». Cependant, l’éradication de la pauvreté passe incontestablement par l’éducation. Lorsque nous parlons d’éducation, nous parlons de l’acquisition de…


Son homme !

Elle lut la notification du nouveau message reçu par son homme. On pouvait y lire : « c’était très bon, tout à l’heure. Merci pour ce délicieux moment ».
Non, non et non !! Ça c’était la goutte d’eau qui allait faire déborder le vase. Pascal ne pouvait se permettre cette ignominie envers moi. Moi, Caroline, l’héritière du seul et unique M. Gator. Moi qui l’ai sorti du ruisseau, l’ai façonné, lui ai ouvert toutes les portes de la bourgeoisie locale. Je vais lui rappeler aujourd’hui ses origines.
– Pascal ! Pascaaal !
Caroline ouvrit, avec fracas, la porte en bois immense de la salle de bain, taillée dans du mélèze, importé du Japon. Un bois pas du tout commun dans le pays.
Après une dure journée de travail, Pascal comme de coutume se prélassait dans son bain aux effluves de lavande et de musc boisé avant de prendre son dîner en compagnie de Caroline. Cela faisait déjà quelques années qu’ils étaient mariés avec deux mignons enfants : Anne-Sophie, 7 ans et Marc-Emmanuel 8 ans.
Elle était tombée sous le charme de ce bel homme, travailleur acharné et intelligent mais pauvre. Et comme tous les jouets que son père avait l’habitude de lui offrir, Caroline avait tout fait pour se marier à Pascal. Ils s’étaient rencontrés au dîner de bienfaisance et de charité que son père organisait chaque année pour récompenser les meilleurs étudiants de l’Université du Pacifique dont il était le parrain.

Crédit photo : Pixabay

Pascal, avait accompagné ce soir-là, un de ses amis, avec qui il avait l’habitude de jouer au basket dans l’équipe locale et qui était étudiant à ladite Université. Lui, parce que ses parents n’avaient pas les moyens, avait plutôt suivi une formation en électronique et jonglait entre plusieurs boulots. Tombée sous son charme, Caroline a tout fait pour que son père l’engage dans un de ses magasins de vente de matériels informatiques. Pascal a vite rattrapé les marches en mettant à profit ces opportunités à travers des cours en ligne.

Après quelques années, Pascal s’est vu offrir un poste de directeur au sein de l’une des entreprises de M. Gator.
– Je sais que je suis jalouse et je lui mène une vie d’enfer mais il n’a pas le droit de me trahir, il est à moi. Je l’aime trop. Je ne peux vivre sans lui. Jamais, il ne me quittera.
Caroline l’avait déjà prévenu à maintes reprises, si jamais il avait l’audace de la trahir, c’est dans un cercueil, six pieds sous terre qu’il se retrouverait.
Surpris par le bruit assourdissant de la porte, Pascal, sursauta dans la baignoire en marbre de Carare.
– Mais chérie ! Que se passe-t-il encore ?
– Je t’ai toujours dit que le jour où tu oserais me quitter, ce serait les pieds devant. Je viens de voir le message de ta maîtresse.
– Laquelle ? Qu’est-ce que tu racontes chérie ?
– Ne joue pas au mariole avec moi !
Caroline avait le téléphone dans la main gauche et un pistolet bien chargé dans la droite, qu’elle cachait derrière elle.
– Je vais te tuer, Pascal, je vais te tuer !
Il sortit de la baignoire pour attraper son costume de bain. Avant même qu’il n’eut le temps de saisir son vêtement, Caroline pointa l’arme sur lui. Au fait de la surprise, Pascal resta la bouche ouverte. Il reçut deux balles dans la poitrine.
Caroline pratiquait depuis des années le tir sportif de vitesse ou handgun. Elle ne pouvait rater son mari. Pascal s’effondra. Une autre notification apparut sur l’écran : « Désolée, je me suis trompée de numéro. Le message précédent n’était pas pour vous. Bonne soirée ! »
Effectivement, malgré toutes les apparences, Pascal était un homme fidèle et bon père de famille. Un immense cri retentit dans la maison.

NB : Ce billet est une réponse au challenge lancé par le blogueur Aphtal.


Portrait – La vie en batik avec Valery

Si je vous dis couleur, teinture et cire ? Vous pensez à quoi ? Je vous le donne en mille : le batik. Et oui ! Allons à la découverte de cette technique de teinture de tissu et surtout de ceux qui en ont fait un métier, pas trop commun.

On la retrouve parmi ses bassines, seaux et pots de teinture ainsi que des mètres de tissu en coton. Elle, c’est Valery, la trentaine, mère de famille. Avec sa marque ValBatik qui fait ses premiers pas, elle nous raconte l’origine de cette passion pour l’art et surtout le dessin qui l’ont conduit sur cette voie.

Une passion devenue un métier

En pleine séance de teinture. Source : Benedicta H.

« Très petite, j’étais intéressée par le dessin et la couture. Je m’exerçais sur la machine à coudre de ma mère et je dessinais aussi. Après ma maîtrise en Histoire Contemporaine à l’Université de Lomé, voguant de stage en stage, je me cherchais sans trouver mon chemin. Grâce au dessin et par des amis, je suis devenue membre de l’ASTAP[1]. Cela m’a permis de côtoyer des personnes formidables et de découvrir des nouveaux domaines du dessin dont le batik. Impressionnée par cette technique, j’ai décidé de l’apprendre et d’en faire un métier. Je me suis donc dirigée vers les artisans du village artisanal de Lomé pour être formée et avoir les ficelles du métier. » Une formation qui a  duré deux années, nous précise-t-elle.

Batik, un monde de couleurs et de courage

Le batik est une technique artisanale de décoration de tissus d’origine javanaise. Elle  consiste à teindre des tissus grâce à de la cire.

A la question de savoir, les qualités pour exercer ce métier, elle répond sans hésiter : la passion. Elle nous confie que le métier est plein de découvertes surtout au moment du mélange des couleurs  et de la confection des motifs.

Palettes de couleur. Source : ValBatik

Faire du batik, est aussi  synonyme d’endurance. Pour confectionner seulement 5 mètres de tissu, le minimum est 2 jours . Il faut d’abord concevoir le modèle à reproduire sur le tissu. Ensuite l’imprimer dessus à l’aide de la cire.  Puis vient l’étape du mélange des couleurs et la teinture du tissu. Et après le séchage .  Le rinçage à l’eau chaude ou au pétrole est l’étape suivante. Un deuxième séchage suit et enfin le repassage.

Notre question sur l’origine des motifs a reçu cette réponse : « Certains motifs sont déjà conçus en bois, d’autres me viennent sur le coup si je suis inspirée, j’essaye aussi d’autres que j’ai vu sur internet et que j’ai envie d’essayer. Parfois des erreurs de mélange deviennent de vrais chefs d’œuvre. Et c’est toujours une agréable surprise de découvrir le résultat. »

Dans son catalogue de fabrication  à part les pagnes, elle nous montre une variété de produits qu’elle conçoit de A à Z : des rideaux, des sets de tables, des tabliers, des taies d’oreiller. Finalement, Valery a aussi pris des cours de couture et elle coud elle-même tout ce qu’elle conçoit.

Rideaux et sets de table. Source : ValBatik

On peut ajouter qu’elle est une artiste complète car elle peint également des tableaux  en batik, mais aussi des t-shirts qu’elle achète et teint pour le bonheur de ses clients.

Que réserve l’avenir ?

Le projet de Valery, est de faire de sa marque, ValBatik une marque connue dans le domaine de l’habillement et du linge de maison au Togo, dans la sous-région et pourquoi pas dans le monde. Et de sortir dans quelques années, une ligne de vêtements pour hommes, femmes et enfants, avec la création d’emplois.  En attendant, elle développe un nouveau créneau, des écharpes en bi-matière : de la laine et du coton, soit en batik, soit en wax. « Nous savons tous  que le wax a pour origine le batik[2] indonésien », nous précise-t-elle.

Assortiment d’écharpes. Source : Valbatik

« Le batik est un domaine sans fin qui n’a pas fini d’être exploité, nous sommes 7 milliards sur la terre, et tout le monde a au moins chez lui quelque chose en tissu », nous confie Valery avec le sourire. Une phrase pleine d’avenir et d’espoir, pour cette jeune marque. Bon vent à elle !

ValBatik Source : ValBatik

[1]ASTAP (Association Togolaise des Artistes Peintres)

[2]La technique du batik importée dans le monde par les hollandais, est l’ancêtre du tissu wax. Le wax signifie cire en anglais.

 


Portrait – Da Massan, la taxiwoman

Taxiwoman? Oui, monter dans un taxi avec une dame comme chauffeur, c’est un vrai délice. Place à Da Massan, la taxiwoman, dans les rues de Lomé la belle.

Note de l’auteur : ce portrait est une pure fiction. 

Dans les rues de Lomé. Source : Benedicta H.
La routine matinale

Du haut de ses 42 ans, Da Massan a déjà eu plusieurs carrières. Elle a d’abord été comptable dans une société de BTP de Lomé. Suite à son licenciement et n’ayant plus les moyens de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, elle eut l’idée de devenir « taxiwoman ». Elle a passé son permis de conduire. Son mari qui vit en Europe lui a envoyé une voiture de marque japonaise, très connue. Son aventure dans ce monde très masculin, a commencé voici 4 ans déjà.

« Mon réveil est à 5 heures. Après ma prière matinale, je m’occupe de ma voiture. Je procède aux vérifications habituelles : niveau d’huile, d’eau, du carburant, état de la batterie », explique-t-elle. Elle précise qu’elle en prend le plus grand soin car c’est son gagne-pain. Ensuite elle réveille ses enfants : Delali, 10 ans au CM1 et Mawuena 8 ans au CE2, pour les préparer pour l’école.

Taxi. Source : Pixabay.com
En voiture !

C’est après avoir déposé ses enfants à l’école que la journée de Da Massan commence. Elle habite à Adidogomé, un quartier en banlieue Nord-Ouest de Lomé. « Sur ce tronçon, il y a énormément de clients, mais aussi beaucoup d’embouteillages, compte tenu de la grande population qui y habite. »

Certains clients lui sont devenus familiers, car ils empruntent régulièrement son taxi. Le trajet habituel est Adidogomé-Assiganmé, qui coûte 400 francs CFA.  Parfois des clients ne font pas le trajet complet. Ce qui fait les affaires de Da Massan, le terminus étant Assiganmé, le grand marché de Lomé.

Les qualités de la bonne taxiwoman

Da Massan est devenue une experte du volant avec les motos taxi ou zémidjans qui pullulent à Lomé et font du slalom à tout vent. Elle est toujours sur le qui-vive.

Être conductrice de taxi, est aussi un véritable parcours du combattant : entre le harcèlement des policiers qui vous demandent « leur billet bleu[1] pour le café » à tout va, sans vérifier les pièces du véhicule ; l’achat des tickets de la mairie ;  l’achat des tickets des syndicats des chauffeurs de taxi et en dernier, ceux de la direction des impôts. Da Massan, avec le temps, est devenue patiente et courageuse pour affronter toutes ces tracasseries quotidiennes.

Les bons côtés du métier

Malgré le prix du carburant qui ne cesse de faire le yo-yo, la concurrence des taxis moto et les prix cassés des bus de la Sotral (Société des Transports de Lomé), Da Massan arrive toujours à tirer son épingle du jeu.

Et il y a aussi quelques belles rencontres. « Il y a 2 ans, j’ai pris une dame à bord de mon véhicule, qui accompagnait sa sœur à terme, à l’hôpital pour accoucher. Pressées qu’elles étaient et vu l’urgence de la situation, l’accompagnatrice a oublié son téléphone portable dans mon taxi. Par un coup de chance, j’ai récupéré l’appareil qui était celui de la future maman et sur lequel le mari n’arrêtait pas d’appeler. J’ai répondu à l’appel et rejoins le mari, pour l’amener à l’hôpital. L’accouchement se déroula sans problème. Ce fut une fille dont je devins même la marraine. Depuis, une belle amitié est née entre cette famille et moi. »

L’avenir du métier

Da Massan n’est pas pressée de quitter ce métier, car elle s’y sent bien. Il y a même un projet qui germe dans sa tête : celui de développer une entreprise de taxis privés. Elle se donne encore quelques années pour le réaliser. Mais en attendant, vive les rues de Lomé !

[1] La coupure du billet de 2000 FCFA (XOF) est de couleur bleue et équivaut à 3,075 Euros