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La vie en Oubangui-Chari (actuelle République Centrafricaine) avant la colonisation française. (Dernière partie)

– Coco Joël, dites-nous, comment les ancêtres se soignaient-ils, ne disposant pas de structures de santé telles qu’il en existe aujourd’hui.

– Sur le plan de la santé, on ignorait l’existence des microbes et donc aucune précaution visant à les éviter n’était préconisée. Cependant les maladies infectieuses étaient rares. A cause de leurs activités de chasse, de pêche, de cueillette, champêtres et guerrières, les populations étaient exposées aux blessures, aux morsures de serpents, aux piqûres des insectes, et ont développé des techniques efficaces en chirurgie traditionnelle et en traitements antivenimeux. Les grandes blessures et les fractures étaient guéries presque instantanément. Les pansements étaient faits avec des potions ou des poudres végétales. Les bandes et les compresses consistaient en des écorces de certaines espèces arbustives aux propriétés curatives et cicatrisantes. Les médicaments anti venimeux étaient également très répandus. Plusieurs plantes aux propriétés antiparasitaires étaient utilisées pour des déparasitages intestinaux et externes.

La pharmacopée traditionnelle était très développée et on trouvait de remèdes à presque toutes les maladies connues de l’époque. Les guérisseurs traditionnels spécialisés dans presque tous les grands domaines de la santé publique étaient très nombreux. La richesse et la diversité biologique de l’écosystème étaient maximales. La nature offrait des remèdes à tous les maux physiques de l’homme. Les ancêtres avaient une connaissance pratique de la botanique et tiraient profit des vertus de chaque espèce végétale existant sur leur territoire.

Ils observaient les comportements de certains animaux comme les rongeurs en particulier, pour s’instruire en matière de pharmacopée. Par exemple : « des chasseurs observaient les luttes entre serpents et mangoustes pour connaître les espèces végétales dont les mangoustes utilisaient les racines aux vertus anti venimeuses, pour résister aux morsures des serpents et venir à bout de ces derniers » .

Le taux de mortalité était bas. On croyait que la mort naturelle ne devrait survenir qu’avec la vieillesse et que tout décès précoce était causé par des sorciers dotés de pouvoirs surnaturels. Avant la levée du corps d’un enfant, d’un homme ou d’une femme valides, un tribunal siège au cours duquel on incrimine certaines personnes supposées être les auteurs de cette mort tragique. Ensuite ces personnes accusées étaient soumises à une épreuve de culpabilité en buvant debout, publiquement, un breuvage, un puissant vomitif préparé à base de jus d’écorce d’un certain arbre réputé anti-sorcier. Les coupables tombaient raides morts, avant d’ingurgiter toute la quantité prescrite de la potion, tandis que les innocents vomissaient immédiatement tout le produit absorbé et survivaient. Ces derniers étaient applaudis par la foule, accueillis avec joie par les membres de leur famille qui poussaient des cris de joie, entonnaient des chants de victoire, pour cette disculpation publique irrévocable qui met à l’abri, pour longtemps, leur lignée de toutes allégations de ce genre.

– Que répondriez-vous, Coco Joël, à ceux qui prenaient nos ancêtres pour des singes ou macaques ?

– Quel singe, même domestiqué et dressé, fabrique des outils, pratique l’agriculture et l’élevage, allume le feu, cuit ses aliments, construit son habitat parle et raisonne ? répondit-il en souriant. Quelques-uns des caractères qui distinguent les homo-sapiens des animaux inférieurs est que l’homme est en mesure de reconnaitre ses erreurs, de s’en excuser, de se corriger, d’apprendre et de se perfectionner. Sont moins hommes ceux qui ne manifestent pas ces caractères et persistent à croire à des théories complètement fausses qui prétendent que nos ancêtres étaient des singes qui vivaient dans les arbres, malgré d’innombrables preuves du contraire.

– Grand-père, à supposer que les blancs ne fussent pas venus découvrir nos ancêtres et donner une autre orientation à leur vie, Comment serions-nous aujourd’hui ?

– La traite négrière et la colonisation étaient instituées pour servir uniquement les intérêts des blancs. Elles ont détruit tous les acquis des sociétés traditionnelles et les ont déstabilisées, dépeuplées et désorientées. Les sociétés traditionnelles étaient précipitées à un plus bas niveau de vie par les pratiques tant esclavagistes que colonialistes et avaient subi de grandes pertes, d’insupportables et indescriptibles souffrances physiques, morales et affectives.

Si les blancs n’étaient pas venus les coloniser, elles seraient au moins épargnées de ces souffrances et humiliations inutiles et aux conséquences néfastes à court, moyen et long termes. Elles étaient bien organisées et disposées à connaître des progrès lents, mais sûrs. Qui sait, s’il pourrait se produire tôt ou tard un autre déclic, celui-là positif, qui les aurait propulsés en avant vers une autre forme de civilisation propre et meilleure ?

– Vous êtes formidable, Grand-père. La prochaine fois nous prendrons nos dispositions pour rester plus longtemps auprès de vous pour apprendre davantage. Pour le moment le temps fait défaut. Au revoir grand-père.

– Au revoir mes petits fils. Que Dieu vous protège au cours du voyage retour et vous ramène sains et saufs dans vos foyers respectifs. Saluez-moi mes arrières petits fils et vos épouses.

Ces récits ont émerveillé Yams qui est un enfant de la diaspora né et grandi en ville. Quant à moi, c’est un rappel, une révision, car j’en avais écouté maintes et maintes fois durant l’enfance passée au village.

De tout ce qui précède, on peut retenir que les sociétés traditionnelles menaient une vie simple et heureuse en harmonie avec leur environnement. Elles avaient fabriqué des outils et étaient à un niveau de connaissances techniques et technologiques permettant de satisfaire leurs besoins essentiels, notamment de santé, d’alimentation et de protection. Ils avaient également mis sur pied une organisation sociale favorisant l’éducation, la formation et l’intégration automatique de tous les jeunes à la vie active. Les notions telles que : chômage, délinquance juvénile, exode rural, diaspora étaient inconnues.

Le bonheur étant relatif et dépendant en grande partie, du niveau de satisfaction des besoins ressentis, on peut dire que les sociétés traditionnelles qui satisfont leur peu de besoin à un niveau maximum, goûte à plus de bonheur que nous aujourd’hui qui avons des besoins illimités et insatisfaits. Aussi il se dégage des récits par la tradition orale, et Coco Joël a confirmé, que les sociétés traditionnelles étaient dynamiques et prédisposées à des progrès lents, mais certains.


La vie en Oubangui Chari (actuelle République Centrafricaine) avant la colonisation française. (Troisième partie)..

– Et sur le plan technologique, Coco Joël?

– Au plan technologique, les générations qui ont précédé la traite négrière et la colonisation avaient développé des techniques adaptées à leurs besoins. Les ancêtres fabriquaient divers objets en bois, en argile et en fer pour des usages dans différents domaines. Ils ont conçu plusieurs sortes de briquets pour obtenir du feu. Le plus employé est le « Tawoye » composé d’une pierre, le silex, d’une petite masse en fer, le burin, d’une petite quantité de fibres très inflammables extraites du fruit du kapokier. La matière inflammable est maintenue solidaire du silex. En frappant le silex au moyen du burin de façon à provoquer un frottement, des étincelles jaillissent et embrasent instantanément le coton prêt à s’enflammer au moindre contact avec un courant d’air. Le feu sert à cuire les aliments, à se réchauffer, à faire la chasse, à pratiquer l’agriculture sur brûlis, à extraire le fer au moyen des hauts fourneaux, à fabriquer des outils en fer. Ils construisaient des habitations aérées et bien ventilées, adaptées au climat, en matériaux locaux.

– Qu’en était-il de la situation de nos ancêtres sur le plan économique, grand-père?

– Sur le plan économique, la monnaie consistait en des barres de fer d’une longueur d’environ vingt centimètres, sur environ un centimètre de largeur et quelques millimètres d’épaisseur appelées « Mbara ». L’unité monétaire était la barre de fer ou le Mbara. A titre d’exemple chez les M’Boum dans l’Ouham-Pendé, une botte ou une palette de lézards fumés coûtait un ou deux Mbaras. La dot d’une femme était évaluée entre trois et cinq bottes de cent Mbaras. Les Mbaras ou barres de fer ainsi accumulées servaient à fabriquer des armes de guerre, de chasse, de pêche et des outils agricoles. Le plus souvent on pratiquait le troc ou échanges des produits en nature. Les besoins n’étaient pas grands et étaient comblés.
– Et sur le plan social ?

– Au plan social les ancêtres menaient une vie simple, se réjouissaient ensemble à l’occasion des multiples festivités, compatissaient aux malheurs des uns et des autres, se contentaient de leurs humbles conditions et étaient plus heureux que nous aujourd’hui. La gouvernance était basée sur la chefferie traditionnelle avec de puissants chefs de clans et chefs de tribus qui garantissaient la paix, la sécurité et la stabilité. Ces chefs imposaient le respect des valeurs morales ancestrales, de la hiérarchie généalogique et veillaient à leur pérennité. Les sociétés traditionnelles assuraient une éducation adaptée, basée sur le courage, l’honneur, la solidarité, la bravoure, le travail et la défense des intérêts de la communauté.

Les enfants, tant les garçons que les filles, apprenaient très tôt l’endurance à travers les rudes métiers de leurs parents à la fois cultivateurs, chasseurs, pêcheurs et guerriers. A l’âge majeur ils étaient en mesure de se débrouiller seuls et entraient automatiquement dans la vie active. Avant cela, les garçons comme les filles devaient suivre séparément des stages d’initiation à la vie d’Homme et de Femme où ils apprenaient à être des adultes accomplis.

Les maux modernes de la société tels que le chômage, l’exode rural, la délinquance juvénile, la prostitution, est-il besoin de le dire encore, sont inconnus des sociétés traditionnelles. La valeur d’un homme se mesure à ses exploits guerriers contre les ennemis de sa communauté, au nombre de bêtes féroces tuées, aux superficies de ses champs, à la taille de sa famille, à la taille et au nombre de ses greniers.

Il n’y avait pas de place pour les traîtres et les lâches. Un étranger qui touche à un de ses membres défie la communauté toute entière et la réplique communautaire suit automatiquement. Un homme n’abandonne pas son frère en difficultés, aux prises avec une bête féroce ou entre les mains d’ennemis. Il doit combattre et mourir avec lui et non pas rentrer seul au village si ce n’est pour chercher du renfort et passer à la contre-offensive. La Communauté n’abandonne jamais un de ses membres en captivité quel que soit la raison. Elle privilégie les règlements à l’amiable, les négociations diplomatiques. En cas d’échec la guerre de libération s’impose.

Les femmes ne restent pas passives dans ce processus. Leurs lamentations, leurs pleurs excitent les hommes. Leurs chansons sont des messages d’encouragement adressés aux hommes, pour les pousser à mener des actions concrètes de libération ou de revanche. Les paroles touchantes des chansons composées pour la circonstance galvanisent les hommes et les déterminent à la victoire, coûte que coûte, sachant que les femmes, encore elles, s’attendent à un retour triomphal de leurs hommes partis en guerre.


La vie en Oubangui Chari (actuelle République Centrafricaine) avant la colonisation française. Deuxième partie.

– Grand-père, peux-tu nous dire comment vivaient nos ancêtres avant l’arrivée des blancs ? D’abord sur le plan agricole.

– J’étais né pendant la colonisation. J’avais beaucoup appris de mes parents et grands-parents sur la vie avant l’arrivée des blancs. Le pays avant la colonisation avait une population plus dense que celle d’aujourd’hui. Les villages étaient plus nombreux. Les populations étaient disséminées en petits groupes tribaux dans la nature, installés sur des terres fertiles. Les techniques agricoles étaient adaptées aux conditions de l’environnement naturel. On pratiquait une agriculture traditionnelle primitive qui est une association du système de protoculture, allant de la cueillette au jardin de case, et du nomadisme cultural avec de longues périodes de jachère permettant à la terre de se reconstituer. Les récoltes étaient abondantes et couvraient les besoins des populations toute l’année. On pratiquait également du petit élevage d’animaux domestiques pour la consommation familiale.

Cependant la source essentielle de protéines animales provenait du gibier, des produits de pêche et de cueillette. La brousse était giboyeuse. Le potentiel de destruction de la faune sauvage était limité aux pièges, à la chasse au feu de brousse et au filet. Les cours d’eau étaient nombreux et poissonneux. La sous-alimentation et la malnutrition étaient inconnues. Les centrafricains de cette période étaient plus grands de taille que ceux d’aujourd’hui. Ils avaient une force physique prodigieuse. A cause de la sous-alimentation au cours de la période coloniale et de nos jours, les centrafricains ont physiquement dégénéré.


La vie en Oubangui-Chari (actuelle République Centrafricaine) avant la colonisation française.(Première partie)

En 1983 mon frère Yams qui étudiait en France était revenu au pays natal pour des recherches sur les pratiques ancestrales du sport, des jeux, des danses ainsi que de diverses manifestations culturelles, dans le cadre de la préparation de sa thèse de Doctorat d’Etat en Sciences de l’Education. Il a procédé à de nombreuses interviews et réalisé des films dans les collèges et lycées de la capitale. Il lui faudrait également se rendre à Bassaï, son village natal situé à 35 kilomètres au nord de Bozoum dans la Préfecture de l’Ouham-Pendé, pour approfondir et compléter ses recherches. Je devais l’accompagner et l’assister, car étant né et ayant grandi ailleurs, il ne maîtrisait pas sa langue maternelle et sa culture, bien qu’il ne manquât pas d’effectuer de fréquentes visites au village à l’occasion de ses vacances scolaires. C’est le drame commun à la plupart des enfants de la diaspora centrafricaine.

A Bozoum le personnage principal rencontré qui nous avait fourni le maximum de renseignements est notre grand-père Joël. Nous l’appelions affectueusement grand-père Joël-ri ou encore Coco Joël. C’était presque un centenaire à cette époque, un vieillard de grande taille et manifestement très robuste dans sa jeunesse. Il était détenteur d’un grand savoir et il savait relater des évènements passés. C’était une bibliothèque vivante. Il suffisait de soulever une question et il vous donnait des éléments de réponses qui dépassent vos attentes. Il répondait à toutes les questions d’histoire des peuples de la région, en particulier et de l’Oubangui-Chari, en général.

Lorsque nous étions arrivés chez lui par surprise et avions décliné nos noms et nos filiations, car sa vue avait faibli et ne lui permettait plus de nous reconnaître de visu, il s’était étonné, nous avait pris tour à tour dans ses bras, s’était renseigné sur nos situations sociales. Puis il s’était mis à nous vanter les grandes qualités de nos défunts pères qui, selon lui étaient des hommes valeureux, des hommes de renom. Il nous avait vivement exhortés à nous surpasser pour être leurs dignes remplaçants. Puis il avait retracé rapidement le grand arbre généalogique de notre clan.

Ensuite Yams lui avait remis les cadeaux qu’il lui avait dédiés depuis la France. Celui-ci s’était encore confondu en remerciements et bénédictions, en invoquant sur nous la faveur des dieux de nos ancêtres. Nous avions dit au grand-père qu’il détient un grand savoir et que nous étions venus l’écouter et l’enregistrer sur des bandes magnétiques pour notre enseignement et celui de la génération future. A cet effet nous allions lui poser des questions auxquelles il voudrait bien répondre. Grand-père nous avait rassurés qu’il n’attendait que cette occasion avant de regagner ses aïeux. Les questions étaient posées par Yams dans son Karré approximatif et j’intervenais à chaque fois pour les reformuler, les rendre compréhensibles à grand-père. Inversement je traduisais les parties incomprises par Yams, du Karré authentique de grand-père.

(A suivre…)


Origine et causes du développement différentiel Nord-Sud. (Sixième et dernière partie)

Les différents groupes linguistiques avaient atteint les différents continents et les avaient peuplés avant qu’il se soit produit le phénomène géologique appelé « la dérive des continents » au cours de laquelle les continents se sont écartés et sont séparés les uns des autres par des océans. Par exemple, l’Afrique est séparée de l’Europe par la méditerranée. Il n’y avait donc pas avant cette époque des barrières constituées par les Océans, au déplacement par voie terrestre d’un continent à un autre. Le climat et le milieu avaient joué un rôle majeur dans la mutation de certains caractères phénotypiques tels que la couleur de la peau et des yeux, la forme du nez et l’aspect des cheveux, qui s’étaient à la longue fixés sur les gènes et les chromosomes et étaient devenus transmissibles génétiquement.

Les groupements linguistiques qui avaient progressé par étapes tout en gardant des liens étroits avec leur centre d’origine avaient valorisé l’héritage, culturel, religieux, technique et technologique du début de l’humanité qui était plus en avance. Ils avaient alors hérité des principes directeurs dans plusieurs domaines et pouvaient plus facilement les améliorer et les développer. Au bout de plusieurs millénaires, ils avaient plus progressé en sciences et en techniques et étaient en mesure de s’aventurer très loin de chez eux, même outre-mer, efficacement, et en particulier jusqu’aux confins du continent africain, pour chercher fortune.

Vraisemblablement ils ignoraient l’existence d’êtres humains, leurs frères qui les avaient précédés sur ce continent africain après la grande séparation à Babylone. Le climat et les épreuves de la vie dure dans la jungle africaine ont modifié les apparences de leurs prédécesseurs. Leur nudité et leur langage incompris par les nouveaux venus les rendaient proches des animaux, notamment des singes.

Les Noirs de leur côté, après plusieurs milliers d’années de séparation à Babylone, n’avaient plus le souvenir de leurs ancêtres à la peau blanche et aux cheveux lisses. Les blancs sont donc les ancêtres des Noirs et l’Afrique n’est certainement pas le berceau de l’humanité comme beaucoup d’Occidentaux croient et s’acharnent à faire d’interminables fouilles en Afrique Australe, à la recherche des inexistants et introuvables restes fossiles d’imaginaires Australopithèques ou grands singes d’Afrique Australe, ancêtres des noirs. Ce souvenir lointain d’homme blanc a subi des transformations au cours des temps et a survécu jusqu’aujourd’hui sous forme de légende de Mamiwata ou Sirène, la reine des eaux ayant la peau blanche, les cheveux longs et lisses et qui est moitié femme, moitié poisson.

C’est dans ce contexte, en pleine jungle africaine, qu’il y a eu la première rencontre entre blanc et noir, des frères qui s’étaient séparés depuis l’aube des temps à Babylone, qui ne se reconnaissent plus. Imaginez la suite ! C’est une rencontre étrange et mystérieuse pour l’indigène, car pour lui se retrouver face à face à Mamiwata est un signe de grand malheur pour sa communauté ! Pour l’européen c’est une grande découverte scientifique inattendue d’homme-singe qui confirme la théorie de l’évolution !

Comment cette situation va-t-elle se dénouer ? Les deux êtres vont-ils finalement comprendre qu’ils sont apparentés, des frères et s’entraider? Y aura-t-il un heureux dénouement ? Il est souhaitable qu’on mette à la disposition du public, pour la mémoire de l’histoire, le récit descriptif de cette première rencontre entre Blanc et Noir. On sait que la suite n’était pas élogieuse. Chaque camp avait considéré l’autre comme n’étant pas son semblable. Ne se comprenant pas comme à la Babylone antique, chacun jugeait que l’autre n’avait pas un langage articulé et émettait des cris et des grognements comme des animaux.

Les Blancs avaient utilisé abusivement leur avance technologique pour massacrer les noirs comme des animaux, pour les capturer et les vendre comme esclaves en Amérique, développant un commerce florissant d’êtres humains pendant des siècles, le commerce triangulaire : Europe-Afrique-Amérique. Et, à défaut de pouvoir déporter tous les noirs pour les exploiter comme esclaves en Europe et en Amérique, ils ont déplacé leurs cultures industrielles, leurs usines, leur résidence en Afrique où ils se sont installés en maîtres et ont eu pour main d’œuvre gratuite, toute la population autochtone réduite à l’esclavage et aux travaux forcés. De loin et de près les Noirs ont été les grands bâtisseurs de l’Europe et de l’Amérique.

Les Blancs avaient une supériorité technologique. Ils étaient plus avancés en connaissances et en sciences. Pour tout dire, ils étaient plus civilisés et donc mieux placés pour comprendre et faire preuve d’élégance, en étudiant d’abord ces êtres noirs qui leur ressemblent tant. Ils agissent ainsi à l’égard des animaux inférieurs, leurs animaux domestiques et les animaux des zoos. Mais pourquoi pas avec ceux-là qui leur ressemblent à plusieurs égards ? Ils avaient, au cours des temps, rassemblé des preuves qui indiquent que les Noirs sont des êtres humains à part entière, mais ils avaient préféré faire la sourde oreille au bon sens, aveuglés qu’ils étaient par le profit et l’esprit de domination raciale.

Au prix de grandes luttes et de sacrifices consentis par les amis de la liberté et de la justice, l’esclavage avait été aboli en 1850. Il a refait surface sous une autre forme : la colonisation. Celle-ci a encore sévi pendant plus d’un siècle contre toute volonté et aspiration des autochtones qui étaient contraints de se battre et de se sacrifier pour accéder à une prétendue indépendance, pire que la colonisation, un masque du néocolonialisme.

La réalité est que tous les êtres humains sont des frères et sœurs issus de mêmes parents originels globalement dotés des mêmes potentialités génétiques. Mais les vicissitudes de l’histoire avaient créé un développement différentiel de sorte que certains groupes avaient accusé du retard de développement par rapport à d’autres. Ce fait n’est pas compris ou accepté, d’où les pratiques de l’esclavagisme, du colonialisme, de l’apartheid et du nationalisme qui causent des divisions, des inégalités, des guerres et beaucoup de souffrances inutiles dans la famille humaine. Les Centrafricains ont donc dans leur globalité les mêmes potentialités physiques et intellectuelles que les autres peuples et doivent tout simplement se battre, s’atteler au travail pour améliorer leurs conditions de vie et rattraper leur retard.
(Cette série vous a-t-elle plu? Pour plus de renseignements sur le sujet, consultez mon livre: La République Centrafricaine après 50 ans d’indépendance, publié aux éditions Universitaires Européennes. ISBN 978-3-330-87995-9)


Origine et causes du développement différentiel Nord-Sud. (Cinquième partie)

A ce niveau d’éclaircissement il devient plus aisé de répondre à cette question. D’après le récit de la création dans le livre biblique de la Genèse, le point de départ de l’humanité est Eden, localité située dans les environs de Bagdag en Irak. Les premiers parents de l’humanité toute entière étaient créés directement par Dieu. Ils maîtrisaient une langue dès leur création, vraisemblablement l’hébreu, la langue originelle de l’humanité, pour se communiquer. Ils étaient dès leur création en mesure de procréer et étaient dotés de connaissances et de compétences en matière de religion, d’agriculture et de construction pour ne citer que celles-là. Ils avaient une intelligence très supérieure à la nôtre aujourd’hui pour étudier, comprendre et maîtriser la nature aux fins de pouvoir améliorer leur cadre de vie et l’étendre progressivement à toute la terre pour le bien-être de tous leurs enfants à naître. Ils vivaient plus longtemps. Ils étaient des multi centenaires. Et, d’ailleurs ils étaient faits pour vivre éternellement. Les connaissances dont ils étaient dotés au départ n’étant pas transmissibles héréditairement, ils devaient les enseigner à leurs enfants, les former et les éduquer.

Le livre biblique de la genèse nous renseigne encore qu’à un moment donné, lorsque les humains étaient devenus très nombreux sur la terre, ils avaient formé et mis en œuvre un projet contraire à la volonté de Dieu de remplir graduellement toute la terre d’humains. Ils voulaient bâtir une ville et construire une très haute tour, la tour de Babel qui puisse les contenir tous en un seul lieu et éviter leur dispersion sur la surface de toute la terre. Un projet insensé et suicidaire n’est-ce pas ? Oui, car il devrait avoir surcharge, surexploitation des ressources des localités environnantes, dégradation de l’environnement entraînant des pénuries alimentaires et des crises. Dieu décida de mettre fin à ce projet qui est en opposition avec son dessein originel. Il divisa les bâtisseurs au moyen des plus de 3000 langues environ, parlées aujourd’hui dans le monde entier.

Ainsi rendus incapables de communiquer entre eux, de se comprendre, et de collaborer dans l’œuvre de construction de la tour, ils étaient devenus très nerveux et, dans des mouvements de colère ils avaient abandonné les travaux, s’étaient séparés et avaient pris diverses directions par petits groupes linguistiques. Certains groupes ne s’étaient pas aventurés très loin et s’étaient installés aux alentours de Babylone. Ils gardaient des relations entre eux et leur centre d’origine. Ils étaient ainsi en mesure de conserver et de faire usage des connaissances pratiques acquises ainsi que des techniques développées dès l’origine de l’humanité. Ils pouvaient les améliorer et les enseigner à leurs enfants.

Ils avaient ainsi bâti des empires, des villes fortifiées entourées de murailles et comprenant des tours hautes. Ils avaient mis au point des outils et machines agricoles comme la charrue tirée par des animaux dressés. Ils avaient développé des techniques d’agriculture, notamment l’irrigation telle que « le jardin suspendu » de Nebucanedsar, roi de Babylone. Ils avaient fabriqué des matériels de guerre comme les chars attelés à des chevaux, les boucliers, les javelots, et mis en place des forces armées avec leurs équipements militaires, pour ne citer que ceux-là. Ils avaient atteint dans l’antiquité un niveau de développement supérieur à celui des sociétés traditionnelles africaines du 20ème siècle de notre ère.

Pendant ce temps d’autres groupes linguistiques étaient occupés à faire de longs déplacements, ayant rompu tout lien avec leur centre d’origine. Ils n’avaient pas le temps de mettre en pratique les connaissances et techniques acquises à Babylone, ni de les enseigner de façon pratique à leurs progénitures. Au cours de ces déplacements ils affrontaient des bêtes sauvages et se défendaient contre eux. Ils tournaient en ronds et traversaient des territoires appartenant à d’autres groupes linguistiques qui s’y étaient installés avant eux et qui les attaquaient fréquemment. Ils avaient enregistré de lourdes pertes matérielles et en vies humaines au cours de ces combats pour la survie.

En fin de compte ils avaient tout perdu de la culture de la Babylone antique. Après plusieurs millénaires d’errements, les connaissances transmises par les traditions orales, de génération en génération, étaient tellement détériorées qu’elles avaient perdu toute leur substance et étaient devenues des légendes, des fables et des contes. Les jeunes générations s’étaient retrouvées sans expérience, sans équipement, ne sachant plus exactement d’où elles viennent et où elles vont et doivent se débrouiller en s’adaptant et en se confondant à la nature dans un parfait mimétisme. A la longue, ils avaient mis au point des organisations sociales adaptées, qu’on qualifie aujourd’hui de sociétés traditionnelles, et menaient une vie relativement simple et heureuse en harmonie avec leur environnement.
Les groupements linguistiques qui s’en étaient allés plus tôt et qui étaient les premiers occupants des contrées lointaines avaient beaucoup plus perdu de leur héritage historique colossale du début de l’humanité à Babylone et se confondaient presque totalement à la nature. Il s’agit par exemple des indiens d’Amérique, des pygmées d’Afrique Centrale, des boschimans d’Afrique australe, des aborigènes d’Australie.
(La suite à la prochaine séquence)


Origine et causes du développement différentiel Nord-Sud.(Quatrième partie).

Rien ne confirme ces prétentions des colons. Bien au contraire, Les Saintes Ecritures nous apprennent que l’humanité a connu un nouveau départ avec Noé et ses trois fils, après le déluge universel. Or d’après la Bible en Genèse 9 : 19. Tous les êtres humains sont des descendants de Noé, lequel descend de Seth, le troisième fils d’Adam, né après le meurtre d’Abel. Par ailleurs tous les descendants de Caïn avaient péri dans le déluge universel. Il est donc totalement faux, du point de vue biblique, de dire que les noirs sont des maudits fils de Caïn.

Les Noirs et les Blancs sont des descendants de Noé. Les colonisateurs avaient une mauvaise connaissance de la bible ou bien l’interprétaient faussement, à dessein. Ils claudiquaient entre deux opinions opposées : tantôt le Noir est un macaque ou singe, soutenant la théorie de l’évolution, tantôt ils font recours à la Bible en affirmant que le Noir est un maudit fils de Caïn ! Quelle contradiction !

Une autre malédiction dans la bible dont on se sert trop souvent à tort pour expliquer le retard du Noir sur le Blanc, est celle prononcée par Noé contre son petit fils Canaan, le plus jeune fils de Cham, l’un des trois fils du patriarche. Noé a prononcé cette malédiction à cause d’un incident qui s’était produit et dont Cham et son jeune fils étaient mêlés. Mais cela n’a rien à voir avec les noirs qui ne descendent pas de Canaan. Les noirs descendent de Koush un autre fils de Cham qui ne fut pas mêlé à l’incident, ni n’encourut la malédiction qui se réalisa quand les Israelites, des Sémites soumirent les Cananéens (descendants de Canaan) et que ceux-ci furent ensuite assujettis par les puissances mondiales Japhétiques (descendants de Japhet) que furent l’Empire Médo-perse, la Grèce et Rome.

Les prétentions des colonisateurs sont tout simplement des agressions verbales absurdes à l’encontre de leurs esclaves, de la même façon que les coups insensés qu’ils n’arrêtaient pas d’administrer avec des fouets en peau d’hippopotame qui laceraient des dos nus et innocents des oubanguiens. Par ces prétentions ils cherchaient des justificatifs et des consolations à leur mauvaise conscience tourmentée par leur cruauté bestiale. C’est un camouflage de leurs crimes contre l’humanité. Mais si le Noir est un être humain à part entière issu des mêmes parents originels de tous les humains sur la terre, si en plus il n’est maudit ni par Dieu, ni par Noé, comment se fait-il que sa race soit la plus maltraitée de la planète et qu’elle ait toujours été l’esclave de la race blanche ? (Réponses à la prochaine séquences)


Origine et causes du développement différentiel Nord-Sud. (Troisième partie)

Au demeurant, des tests et des expériences visant à montrer que les noirs avaient de moindres capacités physiques et de facultés intellectuelles inférieures à celles des autres races humaines ont prouvé le contraire en divers endroits.

Par exemple : en 1887 les italiens avaient enlevé TEBO et CHARELLAH, deux pygmées qu’ils considéraient comme des prototypes d’hommes-singes. Mais ces déportés ont fait preuve d’une supériorité intellectuelle dans des écoles au pays des blancs, parmi leurs collègues blancs. Ils étaient devenus de hauts cadres compétents dans leur pays de déportation, ce qui a forcé le respect et la vénération de leur mémoire, car leurs bustes trônent depuis et jusqu’à l’heure actuelle au muséum de Rome.

Ce qui précède n’a pas empêché à ce que le pygmée congolais du nom de OTA MBENGA soit mis en cage, assimilé à des animaux sauvages et présenté comme homme-singe à des expositions à travers le monde, dont l’exposition universelle de Saint-Louis aux Etats Unis en 1904. Fatigué et démoralisé d’être présenté partout comme un animal de foire et objet de curiosité de foules de Blancs, il a profité d’un temps d’inattention de son maître pour subtiliser son revolver et se tirer une balle dans la tête, après avoir exécuté avec nostalgie un rite pygmée, notamment la danse nocturne autour du feu.

A noter que de nombreux pygmées ont été enlevés de leurs milieux et déportés partout dans le monde pour être utilisés dans différents domaines d’activités dont la navigation maritime où ils servent de guetteurs perchés aux sommets des mâts des navires.

Mais si les Noirs ne descendent pas des singes et sont des êtres humains à part entière, pourquoi sont-ils toujours dominés par la race blanche ? Les colons prétendent encore que les noirs sont des maudits fils de Caïn, ce méchant premier fils d’Adam qui avait été maudit par Dieu pour avoir assassiné son frère cadet, Abel. Les Noirs subissent-ils les conséquences de cette malédiction?
(Suite à la prochaine séquence)


Origine et causes du développement différentiel Nord-Sud. (Deuxième partie)

Les biologistes classiques expliquaient la diversité des formes de vie répandues sur la terre par « la théorie de l’évolution des espèces » élaborée par Charles Darwin au 19ème siècle de notre ère. Selon cette théorie, la vie proviendrait d’une cellule simple qui serait apparue par hasard il y a des millions d’années, et qui aurait évolué pour donner toutes les formes très complexes de vie sur la terre y compris l’homme, en passant par un animal aux traits simiesques ou homme-singe, ancêtre de l’homme noir. Pour expliquer les différenciations toujours très nettes et complètes entre les espèces, observées partout sur la terre depuis toujours, et, à défaut de faits dans la nature indiquant des transitions progressives d’une espèce à une autre, les évolutionnistes avaient échafaudé d’autres théories telles que « la théorie des équilibres ponctués et de sauts évolutifs », « la sélection naturelle » et «la survivance du plus apte ».

Cette théorie de l’évolution qui était encore du domaine de l’hypothèse, de la réflexion philosophique, des rêves et de la science-fiction, avait été présentée hâtivement comme une découverte scientifique essentielle et révolutionnaire de l’époque. On contraignait à y croire en remplissant les manuels scolaires et universitaires avec cet enseignement qui affirmait que le singe était l’ancêtre des noirs, que l’Afrique était le berceau de l’humanité et qu’aucun scientifique sérieux ne pourrait contester ces faits. Des dessins de successions d’animaux évoluant à partir d’une musaraigne jusqu’à l’homme moderne ou l’homme blanc en passant par l’homme-singe et l’homme noir, remplissaient les livres de sciences naturelles des lycées et des universités.

Ces dessins d’homme-singe, est-il besoin de le dire, sont uniquement des fruits de l’imagination de l’homme blanc, car il est impossible à l’heure actuelle, à partir de seulement un fragment d’os fossilisé, de reconstituer avec exactitude jusqu’à la pilosité et sa couleur, un genre d’animal qu’on n’a jamais vu. Mais d’éminents professeurs de biologie avaient enseigné avec conviction cette théorie qui n’a aucun fondement scientifique et ne saurait résister à la moindre critique, faisant violence à leur bon sens et à leur probité intellectuelle.

Comme rien dans le monde réel ne corrobore cette théorie, finalement elle a été battue en brèche faute de preuves. Des recherches scientifiques, dans le but de prouver la véracité de « la théorie de l’évolution », ont plutôt abouti à une démonstration par l’absurde de la véracité de la thèse contraire, celle de la création prônée par la Bible et selon laquelle toutes les formes de vie sur la terre avaient été créées par Dieu, séparément, selon leurs espèces. La thèse de la création a l’avantage d’être en harmonie avec ce que l’homme observe depuis des temps immémoriaux, à tout moment et partout dans la nature.

La génétique a ensuite apporté les preuves que des limites infranchissables bornent les différentes espèces végétales et animales, qu’un gouffre infranchissable sépare chaque espèce et en particulier les simiens des hominiens. Les résultats de plusieurs années de recherche scientifique ont conduit d’éminents savants à conclure que l’Univers y compris toutes les formes de vie sur la terre a été conçu et créé par un Être supra intelligent, un scientifique de premier ordre qui a fait appel à des connaissances en mathématiques supérieures pour bâtir. De cette manière, la recherche scientifique établit que tous les êtres humains descendent des mêmes parents : Adam et Eve créés par Dieu, comme l’enseigne la Bible.

Il n’avait donc jamais existé d’homme-singe. Le Noir et le Blanc appartiennent à la même et seule espèce humaine. Si tel n’était pas le cas, des analyses chromosomiques l’auraient prouvé à notre époque moderne, et les tenants de la théorie de l’évolution claironneraient ces preuves sur les toits.
(La suite à la prochaine séquence).


Origine et causes du développement différentiel Nord-Sud. (Première partie)

(A l’attention du lecteur : Ce thème est développé en plusieurs séquences. Ne manquez pas une partie pour bien comprendre des choses importantes qu’on rencontre rarement.)

Un proverbe africain dit : « Si tu te perds et ne sais plus où tu vas, arrête-toi pour chercher à savoir d’où tu es venu ».

L’humanité a perdu ses repères. Tout au long de l’histoire cette grande question est restée posée: « d’où venons-nous ? ». C’est une question fondamentale qui vise à connaître l’origine de l’homme. Dans les temps anciens les gens avaient peu de préoccupations et avaient le temps de se poser des questions difficiles ainsi que d’engager des débats philosophiques autour des sujets métaphysiques. Aujourd’hui les occupations et les distractions sont nombreuses et prennent tout notre temps. Cependant quand il arrive une situation chaotique et désespérée, « la traversée du désert », Nous devenons tous philosophes et penseurs.

Les Centrafricains dans leur misère se posent tout naturellement et à raison ces questions : « Pourquoi sont-ils toujours les derniers de la planète sur le plan du développement humain» ? Sont-ils, réellement comme aimaient répéter leurs anciens colonisateurs pour les insulter, des descendants de singes, les « macaques », ou bien sont-ils plutôt, comme prétendent encore ces mêmes personnes, « des maudits fils de Caïn » ?

Il ne serait pas superflu de s’intéresser aujourd’hui à ce genre de questions qui reviennent toujours en temps difficiles. Des réponses satisfaisantes projetteraient quelques rayons de lumière et permettraient de mieux voir comment et pourquoi les centrafricains se trouvent dans leur situation malheureuse actuelle. Cela est impérieux car beaucoup d’anathèmes jetés sur les Centrafricains et sur les Noirs en général, font peser sur eux un complexe d’infériorité et une attitude défaitiste en face de l’avance vertigineuse des sciences et des technologies occidentales.

Lorsqu’au 19ème siècle de notre ère, le blanc et le noir se sont rencontrés en Oubangui-Chari (actuellement la République Centrafricaine) pour la première fois, le Blanc avait une avance technologique considérable sur le Noir. Le Blanc a utilisé abusivement cet avantage pour asservir le Noir. Aujourd’hui, le décalage est encore plus grand, voir irrattrapable. Cet état de chose soulève un certain nombre de questions : Pourquoi la race noire est-elle en retard de développement par rapport à la race blanche ? Les Noirs sont-ils des descendants des singes comme le soutiennent encore certains chercheurs évolutionnistes?
(Les réponses à lire à la prochaine séquence).


L’innocence : une bombe à retardement

Enfant, j’avais très peur de me battre et j’évitais, autant que faire se peut, la bagarre. Provoqué à l’excès, j’évitais l’affrontement, car dans mon état normal je m’estimais toujours plus faible que des adversaires même plus petits que moi. Lorsque les provocations injustes persistaient et devenaient insupportables, la colère me montait soudainement au nez, me serra la gorge, me fit sortir hors de moi et m’investit d’une puissance qui dépasse la force normale. Alors je fonçai sur mes provocateurs persistants et les mis hors d’état de nuire en un instant, sans savoir comment cela s’était produit et d’où la force m’était venue.
Certaines personnes partagent avec moi ce caractère et ont fait la même expérience. Ce phénomène que j’avais vécu à plusieurs reprises pendant l’enfance me sert aujourd’hui pour comprendre des faits similaires et extraordinaires qui se produisent sur une plus grande échelle autour de moi, en République centrafricaine, au cours de ces dernières années. Il s’agit de deux antagonismes :
– Les Zaraguina (Mot d’origine arabe emprunté par les langues locales de la République centrafricaine pour désigner les coupeurs de route ou bandits de grand chemin) face aux antizaraguina ou groupes d’autodéfense villageoise contre les attaques des Zaraguina.
– Les Seleka (Mot en langue nationale qui signifie mariage ou alliance. Il désigne la coalition des rebellions armées qui a renversé le pouvoir du président François Bozizé le 24 mars 2013) face aux anti-balaka (forme contractée de Anti-balle AK ou combattants invulnérables aux balles des fusils de l’ennemi, avec des méthodes traditionnelles symbolisées par la machette).

Les Zaraguina contre les antizaraguina :

Au cours des décennies 1980 à 2010 des bandits armés appelés localement Zaraguina avaient sévi et semé une grande terreur dans les campagnes de la République centrafricaine. Le phénomène zaraguina a fait son apparition dans ce pays vers le milieu de la décennie 1980. Il s’était intensifié d’année en année pour atteindre son paroxysme au cours des années 2002 à 2009, sous le régime du président Bozizé qui a ouvert la porte aux mercenaires tchadiens.
Le régime du président Patassé avait mené une lutte sans merci contre les coupeurs de route et a maintenu le phénomène à un niveau relativement bas. Après lui il y a eu recrudescence sans que personne ne vienne au secours des villageois sans défense. On croyait le sort des populations rurales scellé et qu’elles étaient ainsi vouées à l’extermination par les Zaraguina.
Alors les provocations injustices et gratuites accumulées pendant des années par ces « laissés pour compte » firent monter leur colère, les firent sortir hors d’eux-mêmes et les investirent d’une puissance qui inversa le rapport des forces. En représailles avec seulement des armes blanches et des armes de chasse de fabrication locale associées aux méthodes ancestrales de guerre, les villageois avaient anéanti tous les bandits armés et les avaient boutés hors de leur territoire. La grande base des coupeurs de route installée à Bilakéré dans la Préfecture de l’Ouham-Pendé a été détruite en un rien de temps en 2009.

Les armes lourdes, les Kalachnikov, les roquettes, les pistolets mitrailleurs, les chapelets de gris-gris et de minutions qui s’entrecroisaient et s’entremêlaient autour des cous, des bras, des ceintures et le long du buste de ces bandits de grand chemin ne leur servaient à rien devant les villageois débordés de colère et déchaînés, armés seulement de machettes, de gourdins, de flèches et de fusils de chasse de fabrication artisanale. Seules les jambes rapides de certains de ces malfrats leur avaient permis de s’échapper. Nombreux sont ceux qui avaient été massacrés. C’est alors qu’on saura à la grande surprise des populations que certains coupeurs de routes ou les commanditaires étaient des voisins de la même cité, du même village, oui de commerçants musulmans déguisés, des propriétaires de boutiques.

Seleka face aux anti-balaka :

Après cette vaste opération de neutralisation des coupeurs de route ou Zaraguina par les groupes d’autodéfense villageoises ou anti-Zaraguina, a suivi une période d’accalmie de trois ans environ, de 2009 à 2011, au cours de laquelle il n’a pas été enregistré de détonation d’arme de coupeurs de route dans les campagnes paisibles de l’Ouham-Pendé et de l’Ouham, notamment. Les populations avaient alors enterré leur « hache de guerre », s’étaient remises au travail et vaquaient paisiblement à leurs occupations champêtres, d’extraction d’or, de petit commerce, de transport en motos et de collecte des produits agricoles. Les plaies commençaient à se cicatriser et on tendait à tourner cette page sombre de l’histoire.

Puis, des échos de bruits de bottes parvenaient des localités lointaines du pays. Ces bruits étaient causés par les hommes du rebelle ougandais Joseph Kony qui occupaient une partie du Congo démocratique, du Soudan et l’extrême Nord-Est de la République centrafricaine. Il y avait aussi diverses rébellions centrafricaines qui avaient infesté le Nord et le Nord-Est. Ces rébellions s’étaient ensuite coalisées pour faire un front unique. La coalition avait pris la dénomination de Seleka.
Les populations du Nord-Ouest centrafricain se disaient que cette nouvelle rébellion était très éloignée d’eux. Elles sont très à l’écart du chemin qu’emprunteraient les rebelles pour atteindre Bangui, afin de renverser le régime et prendre le pouvoir par la force. Elles ne s’inquiétaient pas pour des éventuels dégâts collatéraux.
Très rapidement les villes de province du Nord et du Centre sur le parcours des rebelles tombaient les unes après les autres entre leurs mains, sans résistance aucune. Malgré cela, Seleka semait la mort et la désolation, pour rien, au sein des communautés non musulmanes tout au long jusqu’à Bangui. La Seleka a pris le pouvoir sans réellement combattre. L’objectif revendiqué à cor et à cri étant atteint, le peuple en était soulagé et attendait que les victorieux réalisent leurs promesses de rétablissement rapide de la sécurité sur tout le territoire, de bonne gouvernance et de reconstruction du pays. Malheureusement la coalition montrera au grand jour et à la très grande stupéfaction du peuple centrafricain et de l’opinion internationale qu’elle a d’autres objectifs inavoués contraires.
Ainsi, comme de gros nuages noirs de criquets pèlerins qui s’abattent sur une vaste région et détruisent toute la végétation, ils avaient investi toute la République centrafricaine sans épargner la moindre parcelle du territoire. Ils avaient excellé, de façon ostentatoire, dans toutes les formes de violation des droits de l’homme, avec une intensité inqualifiable, dans le but de détruire numériquement, physiquement, économiquement et matériellement les communautés non musulmanes et de les asservir. Les populations avaient ainsi subi des massacres, des occupations forcées de leurs habitations privées, des pillages, des brimades et des traitements esclavagistes d’un bout à l’autre du pays, pendant de longs mois, et criaient sans arrêt au secours vers le pouvoir central à Bangui, sans suite, et vers la communauté internationale inerte.

Face à toutes ces provocations et exactions; des jeunes issus des communautés rurales qui avaient tout perdu (familles massacrées ainsi que biens et argent pillés, maisons et réserves de nourriture incendiées par la  Seleka, champs dévastés par les troupeaux de bœufs des éleveurs nomades tchadiens), avaient juré au nom de tous les leurs massacrés  et au nom de leurs ancêtres  de bouter toutes ces hordes de sanguinaires et leurs complices hors de la République centrafricaine.
L’excès de colère, la croyance au soutien des ancêtres décédés, doublé du sentiment d’innocence et de la légitimité de leur croisade contre leurs provocateurs pervers, confèrent aux jeunes révoltés une force qui défie tous les arsenaux de guerre de l’armée centrafricaine et de la Misca tchadienne utilisés par Seleka et les Tchadiens de la Misca, contre eux. Spontanément dans toutes les localités du pays, des groupes coalisés d’autodéfense et de lutte contre la Seleka au moyen d’armes blanches et des méthodes ancestrales de résistance aux razzias des Arabo-Berbères mercantiles, se sont constitués. Ils ont donné à leur mouvement la dénomination d’anti-balle AK couramment appelé anti-balaka.
Les anti-balaka avaient commencé par attaquer et massacrer les membres de la Seleka dans les différentes localités à travers le pays. Après ces opérations militaires éclairs, les anti -balaka retournaient à leur base en brousse avant que n’arrivent les renforts des Seleka en représailles maladroites et disproportionnées : massacres dans les communautés non musulmanes de femmes, hommes et enfants innocents, incendies des villages. Ces situations chaotiques causées par la Seleka dans les villages augmentent au maximum la colère des anti-balaka qui s’en prennent à leur tour aux communautés civiles musulmanes, créant ainsi un cycle infernal de violence : anti-balaka contre Seleka, Seleka contre les non-musulmans et anti-balaka contre les musulmans. Les anti-balaka avaient continué sans relâche à harceler les Seleka simultanément en divers lieux où se trouvaient leurs bases.

La Seleka à sa prise de pouvoir avait annoncé la fin définitive de la rébellion en Centrafrique et croyait ainsi jouir seule et pour toujours du monopole de la puissance et de la violence. Elle s’estimait infiniment supérieure et largement en mesure d’écraser toute résistance que toute entité, voire toute la population civile non musulmane pourrait tenter de lui opposer en réaction aux exactions subies. Elle se croyait tout permis, mais se trompait lourdement en sous -estimant la force invisible et invincible des populations rurales centrafricaines déchaînées. Elle ne s’attendait pas du tout à un soulèvement de grande envergure des jeunes Centrafricains révoltés, ceux-là mêmes qui étaient longtemps considérés comme des femmes, des lâches par leurs voisins tchadiens.
Quelle surprise pour les Seleka de se retrouver subitement et simultanément en face de nombreux fronts d’anti-balaka irréductibles, fermement décidés à les neutraliser et à les bouter hors de la République Centrafricaine, coûte que coûte ! Les Seleka ont beau déployer toutes leurs compétences militaires de guerriers invincibles du désert et un arsenal militaire effrayant contre les populations civiles centrafricaines non musulmanes, les anti-balaka ont continué irrésistiblement leur marche vers Bangui, la capitale, pour s’en prendre au mal par la racine.
Finalement ces jeunes ruraux ont convergé vers Bangui, parcourant à pied des distances de plus de 300 kilomètres pour la plupart, ont assiégé la capitale le 5 décembre 2013 et multiplié des attaques contre la Seleka, la Miscatchadienne et les intérêts des communautés musulmanes. Ils ont été rejoints à Bangui par les jeunes Banguissois et certains militaires de la Faca qui avaient été rejetés, pourchassés et massacrés par le nouveau régime de Bangui. De son côté la Seleka, la Misca tchadienne et la population civile musulmane, toutes détentrices d’armes de guerre, commettaient de multiples exactions sur les populations civiles non musulmanes. Ces dernières furent contraintes de quitter leur domicile pour se réfugier dans des « Ledger» (Nom de l’Hôtel 500 chambres qui a fait office de Présidence de la République et résidence du chef de l’Etat de transition, Monsieur Ndotodjia et ses proches, dès la prise de pouvoir par Seleka. Les dignitaires du régime y avaient également trouvé refuge pendant le règne sanguinaire de Seleka. Ce nom a ensuite été utilisé par les Banguissois pour désigner ironiquement les différents lieux de refuge que sont les paroisses, les monastères, les églises et les mosquées).
L’escalade de la violence avait finalement dépassé un seuil pour lequel l’inaction de la communauté internationale pourrait être considérée comme « non-assistance aux communautés en danger d’extermination ». Cette dernière, sous l’impulsion de la France, fut obligée d’intervenir pour l’interposition entre les deux camps et le désarmement des belligérants.
Le mercredi 25 décembre 2013, au cours de la bataille décisive de Gobongo, les anti-balaka avaient réussi à ébranler le tout puissant pouvoir de Seleka jusqu’à sa base, en calcinant deux véhicules de combat équipés d’armes lourdes et un char blindé de l’armée tchadienne, faisant de nombreuses victimes Seleka et tchadiennes de la Misca. C’est alors que Seleka a retrouvé la raison et s’est aperçue que le dieu de la guerre l’avait quittée depuis longtemps, pour se mettre du côté des humbles et paisibles paysans centrafricains provoqués et nargués à l’excès, les anti-balaka.
Dans les us et coutumes des sociétés traditionnelles centrafricaines, le respect du droit d’aînesse est un principe fondamental. Aussi, la terre appartient aux premiers occupants. Les nouveaux venus doivent du respect et de la reconnaissance aux autochtones qui les avaient accueillis et leur avaient cédé une parcelle de leur propre territoire pour s’installer. Conspirer contre ses bienfaiteurs pour les dominer et les écraser sur leur territoire par la force, est un insensé étalage ostentatoire d’ingratitude et une entreprise diabolique vouée d’avance à l’échec.

Aussi, le droit de la guerre dans les sociétés traditionnelles interdit de s’asseoir sur un adversaire qu’on a terrassé pour continuer à lui asséner des coups. L’adversaire ainsi vaincu et désarmé a l’obligation de reconnaître sa défaite et la supériorité du vainqueur. Alors, les deux belligérants peuvent s’accorder sur un pacte de non-agression et continuer de vivre ensemble en amis, prêts à se porter secours mutuellement en cas d’agression extérieure de l’un ou de l’autre. Malheureusement, les choses sont différentes dans l’autre camp, celui des Seleka, où la culture est de ne jamais s’avouer vaincu et de combattre jusqu’au dernier souffle du dernier combattant. Ceci complique évidemment le règlement de cette crise qui risque de durer longtemps, inutilement.
Il était inévitable que les deux parties centrafricaine et tchadienne s’affrontent et comparent leurs forces avant de se respecter et vivre ensemble en paix, vu les comportements très provocateurs, arrogants, violents et extrêmement agressifs de la communauté tchadienne en Centrafrique depuis l’année 2003. Maintenant que c’est chose faite, il serait possible, selon les traditions centrafricaines, de tourner la page de la rivalité et de continuer ensemble, dans le respect mutuel, prêt à s’unir pour combattre leur ennemi commun, chacun reconnaissant sa place et la place de l’autre dans cette société centrafricaine.


CENTRAFRIQUE : Les religions et les grandes crises de 2002-2003, 2012-2014. Première partie: l’animisme et la Chrétienté.

Les auteurs de la grande crise centrafricaine de 2012 à 2014 se justifient en fournissant, entre autres, des raisons d’ordre religieux. D’autre part, au début et tout au long de la crise la Séléka composée à plus de 90% de musulmans s’en est pris violemment aux centrafricains non musulmans uniquement. En réaction les victimes discernent une agression musulmane et s’attaquent à leur tour à cette communauté. Dans la confusion la plupart des gens y ont vu une guerre de religion. Pour comprendre cette situation il conviendrait de faire un recul dans le passé religieux de ce pays et examiner les principales religions qui sont : l’animisme, la Chrétienté et l’Islam. Dans cet article nous examinerons l’animisme et la chrétienté.

L’animisme : les ancêtres des centrafricains adoraient de nombreuses divinités. Pour cela les colonisateurs les avaient qualifiés d’animistes. Leurs croyances étaient fondées sur le dogme de l’immortalité de l’âme et le culte des ancêtres. L’auteur Birago Diop a bien résumé la croyance populaire de l’époque, qui est la même en Afrique et chez presque tous les peuples du monde, en écrivant : « les morts ne sont pas morts ». Ils sont partout dans ce qui nous entoure et sont à l’origine des malheurs et du bonheur des vivants qui doivent continuellement rechercher leur faveur.
A défaut de voir ces divinités, les adorateurs les représentaient sous forme de figurines taillées et placées dans des lieux sacrés de leur résidence que sont les forêts, les grottes, les montagnes, les arbres, les cours d’eau. Il était courant en se promenant dans la campagne de trouver des représentations des dieux, des poteaux sacrés, des marmites contenant de la nourriture offerte aux dieux. Dans ce cas il faut passer outre, jeter le regard ailleurs pour ne pas s’attirer la colère des dieux et des malheurs.
L’animisme a été ensuite combattu par la chrétienté. Il est aujourd’hui réduit à seulement quelques îlots de pratiquants irréductibles représentant environ 5% de la population.

La Chrétienté : Les religions étrangères s’étaient rapidement répandues, notamment le catholicisme et le protestantisme, qui s’étaient imposées aux oubanguiens comme étant les seules vraies façons d’adorer Dieu. Ces branches religieuses de la colonisation, précédaient les administrateurs coloniaux et préparaient les populations à être pacifiques, dociles, à accepter la domination française et à « être soumises à leurs maîtres ». Ce faisant, « leurs récompenses seraient grandes dans les cieux », leur avait-on souvent rabâché.

Les prêtres catholiques étaient les premiers religieux de la chrétienté à fouler le territoire de l’Oubangui Chari en avril 1894 , d‘abord comme aumôniers militaires dans l’armée française, puis comme chefs religieux.
Les missionnaires américains protestants de l’église évangélique des frères n’étaient arrivés que plus tard en 1921 aider la France à la pacification des régions encore hostiles à sa domination : Il s’agissait pour la France de trouver une solution à la dernière résistance á la pénétration coloniale dans l’Ouham Pendé ,

Le catholicisme avait précédé l’administration coloniale et les commerçants européens et prodiguait des conseils flatteurs afin d’extirper l’esprit de révolte des noirs. Les prêtres étaient des agents de renseignements à travers la pratique religieuse appelée « confession des péchés ». C’était un outil au service des colons pour obtenir des renseignements sûrs . Les missionnaires américains de l’Eglise Evangélique des Frères et les prêtres catholiques ont convaincu une bonne partie de la population autochtone à rejeter et à détruire leurs idoles, fétiches et pouvoirs guerriers surnaturels, afin d’avoir l’approbation et la protection toute puissante du « vrai » Dieu. Les musiques traditionnelles étaient remplacées par les cantiques religieux de la chrétienté. Certaines fêtes et manifestations joyeuses traditionnelles ont disparu au profit des fêtes dites chrétiennes. Des prénoms tels que André, Pierre, Jean étaient ajoutés aux noms des chrétiens indigènes nouvellement convertis.

D’autres formations religieuses à connotation chrétienne ont ensuite afflué en grand nombre après la colonisation. La chrétienté dans son ensemble représenterait environ 80% de la population totale du pays.

L’islam serait apparu sur le territoire de la République Centrafricaine vers le 17ème siècle de notre ère. D’après l’histoire par la tradition orale, des musulmans Foulatah, Haoussa, arabo-berbères, Bornou en provenance du Cameroun, du Nigeria et au-delà, faisaient fréquemment des razzias, lançaient des attaques contre des villages du Nord-Ouest centrafricains pour piller, capturer des esclaves, emporter femmes et enfants qu’ils adoptaient, épousaient, réduisaient à l’esclavage et convertissaient à l’islam.
Dans le même temps au Nord-Est, un puissant guerrier musulman du nom de Rabah, en provenance du Soudan, à la tête d’une troupe de nombreux guerriers musulmans, multi ethniques, armés jusqu’aux dents et montés sur des chevaux lançaient des incursions militaires contre des villages et les occupaient. Arrivée à N’délé le chef ayant fui devant la progression de sa troupe, Rabah n’aurait trouvé dans le village qu’un commerçant musulman ambulant du nom de Sinossi, venu de la Région de Baguirmi au Tchad et l’aurait investi sultan de N’délé. D’autres sources rapportent que Sinossi serait le neveu de Rabah. Ce dernier lui aurait remis une forte somme d’argent, une importante quantité d’armes et des hommes pour l’aider à asseoir son règne et islamiser les autochtones du nord-est centrafricain.

L’histoire moderne des musulmans en Centrafrique remonte à l’époque coloniale. Originaires de plusieurs pays ils se sont installés progressivement en République Centrafricaine depuis plusieurs décennies. Des éleveurs Peul de confession musulmane étaient arrivés en République Centrafricaine et précisément dans la sous-préfecture de Bocaranga en 1921. Ils y avaient introduit l’élevage de bovins. Les éleveurs Peul ont été rejoints plus tard par les éleveurs arabes nomades transhumants tchadiens et soudanais qui pratiquaient également le gros élevage. Les bonnes conditions d’élevage, la faible densité de la population, et la bonne politique d’accueil des éleveurs migrants, transhumants et nomades ont favorisé le développement rapide de l’élevage du gros bétail en RCA.
Parallèlement des musulmans originaires de divers pays et exerçant le commerce, avaient afflué progressivement vers la République Centrafricaine. Ces dernières années ils y avaient afflué plus massivement, les portes leur étant grandement ouvertes, car le pays était un terrain favorable à leurs activités préférées de commerce, d’élevage, d’exploitation et de trafic de pierres précieuses.

Dans les années 60 les musulmans étaient peu nombreux, basés en ville, mais très actifs en milieu rural où ils pratiquaient le commerce ambulant derrière les équipes d’achat de coton, de village en village. Les plus fortunés transportaient leurs marchandises sur des bicyclettes : des étoffes pour femmes étaient installées sur le guidon jusqu’à une hauteur qui laisse à peine la possibilité au cycliste de regarder devant lui. Des vêtements usagés et divers articles sont emballés et attachées sur le porte bagage arrière faisant un chargement qui dépasse la tête du cycliste.

A leur arrivée progressive en Centrafrique, ils étaient très pauvres, totalement démunis. Ils transportaient sur leur tête le peu de marchandises dont ils disposaient et se déplaçaient à pied de village en village. D’autres exerçaient le métier de marabout et proposaient des remèdes à toutes sortes de maladies et d’énigmes. Ils sont sollicités pour la guérison des malades ou pour connaître les causes cachées de certains problèmes sociaux qui se posaient aux individus et aux communautés, ainsi que pour jeter ou enlever le mauvais sort.
Jusqu’à un passé récent les musulmans refusaient d’inscrire leurs enfants à l’école française. Même sous la pression des autorités locales, compte tenu du caractère obligatoire de la scolarisation des enfants, rares étaient les parents musulmans qui laissaient leurs enfants franchir le cap du primaire pour entrer au secondaire. Ils privilégiaient l’école coranique et initiaient leurs enfants au commerce.

Ils se distinguaient très nettement de la population autochtone par leur façon de s’habiller toujours en longue robe blanche appelée Djélabia, en arabe et leur manière de se coiffer en chéchia blanc. Ils sont également caractériser par le port obligatoire de couteaux attachés au coude et à la ceinture, armes blanches qu’ils n’hésitaient pas à en faire usage aux moindres désaccords. Ils portaient des chapelets de gris-gris au bras et à la hanche.

Les centrafricains de cette époque étaient des taquins et des moqueurs. Ils avaient l’habitude de sous-estimer, d’éprouver et de brimer les nouveaux venus dans leurs communautés. Par exemple un villageois en ville ou un élève muté dans un nouvel établissement scolaire doit endurer les railleries et les brimades des vétérans de cet établissement. C’est selon cette tradition que des surnoms étaient attribués sarcastiquement aux musulmans : « arabo » et « grand boubou » à cause de la langue arabe que la plupart parlaient et de leur habillement invariablement en robe longue, «Djélabia ». Il suffit d’être persévérant pour faire ce premier pas difficile en peu de temps et s’intégrer au milieu. Certains ne supportaient pas ces traitements et n’hésitaient pas à poursuivre les moqueurs, généralement des enfants, le couteau dégainé et brandi, prêt à un usage certain s’ils parvenaient à rattraper les fuyards. Pour cela on assimilait les musulmans à la criminalité facile et l’on s’en méfiait. Bon nombre de musulmans avaient surmonté cette épreuve et étaient devenus des chefs de villages, des maires de communes et de grands commerçants importateurs et exportateurs très respectés de la place. La communauté musulmane représente environ 10% de la population totale du pays.

D’autres groupes religieux : A côté de ces deux grandes tendances religieuses, la Chrétienté et l’Islam, il existe d’autres groupes religieux tels que les Témoins de Jéhovah, la Foie Bahaïe, le Vaudou, etc., qui représentent dans leur ensemble 5% de la population totale.

Jusqu’à la crise de 2002-2003 il n’a pas été noté de problème inter communautés religieuses en Centrafrique. Sauf les Témoins de Jéhovah, qui à leur début, étaient victimes de préjugés et de persécutions religieuses de la part de la majeure partie de la population. Le gouvernement a même interdit deux fois de suite leurs activités. Depuis bien longtemps, les choses sont entrées dans l’ordre et toute la population jouit d’une liberté de religion de sorte que les différentes communautés vivaient ensemble en harmonie.

Après le coup d’Etat du 15 Mars 2003, avec l’aide de combattants Tchadiens et Soudanais, « les Arabo » ont commencé à se démarquer «des Congo ». En effet jusqu’alors, les musulmans étaient appelés « les Arabo » et les non musulmans étaient appelés « les Congo ». Les notions : « Chrétiens » et « musulmans » étaient inconnues de la majeure partie des Centrafricains. La division du peuple centrafricain en deux groupes religieux opposés « Chrétiens » et « musulmans » est clairement apparue très récemment avec l’aventure des Séléka. Cette innovation sélékiste ne reflète pas la réalité centrafricaine. C’est un produit étranger qui provient de la dangereuse rivalité internationale entre l’Islam et la Chrétienté assimilée à la civilisation occidentale. Des Centrafricains aveuglés par le profit et manipulés de l’extérieur, ont importé dangereusement ce gros problème dans leur pays déjà vulnérable et aux prises avec de nombreuses difficultés.


CENTRAFRIQUE : L’expatriation et ses conséquences

L’exode rural et l’expatriation, sans perspectives de retour, constituent des forces d’inerties opposées au développement. Avant la colonisation la population était plus dense. Les villages étaient plus nombreux. Les populations étaient disséminées en petits groupes tribaux dans la nature. Les sociétés traditionnelles avaient mis sur pied une organisation sociale favorisant l’éducation, la formation et l’intégration automatique de tous les jeunes à la vie active. Les notions telles que : chômage, délinquance juvénile, exode rural, diaspora étaient inconnues.

Les conquêtes esclavagistes et la colonisation avaient causé un dépeuplement du pays. Après l’indépendance et à la fin du régime de          «laissez passer», pour aller d’un endroit à un autre, l’exode rural et l’expatriation ont vidé les villages et le pays de leurs ressources humaines de valeur. Le reste de la population subit la dégradation dans le domaine de la santé et de l’éducation, et est peu qualifié pour mener efficacement des actions de développement durable de leurs localités. Le pays ainsi affecté est devenu vulnérable, sans protection et est l’objet de convoitise des étrangers qui tentent de l’arracher par la force des mains des autochtones. L’exode rural et l’expatriation sont des phénomènes naturels inévitables. Il s’agit de l’évolution lente et naturelle d’un désordre méconnu comme tel.

En effet tous les évènements du monde physique se conforment aux deux principes fondamentaux de la thermodynamique et sont déterminés par ces deux principes. La méconnaissance et la non prise en compte par les planificateurs, les économistes et les décideurs, des manifestations de ces principes aux effets visibles dans la vie quotidienne, est à l’origine des problèmes sociaux, économiques et environnementaux dont souffrent particulièrement les pays sous-développés dont la République Centrafricaine.

Le Premier principe est le principe de conservation de l’énergie  mis en évidence par les expériences d’Antoine de Lavoisier, chimiste, philosophe et économiste français : « Rien ne se perd, tout se transforme ». Selon ce principe l’énergie totale de l’univers demeure constante.

Le deuxième principe établit que l’entropie ou désordre de l’univers augmente. L’entropie est l’état désordonné de l’énergie, de la matière, incapable de fournir un travail. L’entropie ou désordre de l’univers augmente toujours suivant une évolution irréversible. Il en résulte que l’énergie totale de l’univers subit une dégradation constante vers une forme qui ne peut plus effectuer un travail. Voici trois exemples pour comprendre  ce phénomène :

  1. Le soleil diffuse continuellement de l’énergie dont une partie est interceptée par la terre. C’est d’ailleurs le premier facteur de la vie sur la terre. Le soleil, ressource de basse entropie ou ressource ordonnée, capable de jouer son premier rôle en diffusant continuellement de l’énergie, se dégrade, diminue dans le même temps, tandis qu’à l’échelle de l’univers, l’énergie diffusée n’est pas perdue, mais se trouve dans un état désordonné inutilisable comme tel, stockée dans les matières organiques et dans les combustibles fossiles (ressource de haute entropie). On estime que la vie active du soleil durera encore quelques 5 milliards d’années.
  2. L’érosion des sols : Un sol érodé ne subit aucune perte au niveau de la biosphère, mais ses éléments constitutifs se trouvent, contrairement à ce qu’on observe dans le cas d’un sol en place, dans un état de désordre, dispersés dans le réseau hydrographique, dans les retenues des barrages, au fonds des lacs, des mers et des océans. Un sol érodé dont l’entropie est devenue maximale ne peut plus être utilisé comme terre agricole (par exemple). C’est une ressource de haute entropie.
  3. L’exode rural et l’expatriation : Les villages traditionnels de la période précoloniale sont des ressources de basse entropie. Les éléments constitutifs de la population restaient en place et contribuaient tous à la pérennisation des lignées et au développement des villages. Les mutations étaient relativement rares et isolées. Le contact avec l’Occident a déclenché ou accéléré un processus d’érosion des populations. A l’échelle de l’humanité les villages ne subissent aucune perte, car les éléments de leurs populations qui les avaient quittés sont tout simplement dispersés et existent à travers le monde, mais dans un état désordonné, incapable de participer au peuplement, à la cohésion, à la vie du village, à son développement et à sa pérennisation. Le processus se poursuivant, les villages se dégradent quantitativement, qualitativement et finissent par disparaître comme groupes organisés ou ressource de basse entropie.

Fort heureusement dans certains cas, l’augmentation de l’entropie peut être inversée artificiellement. Il est possible d’y opposer des mécanismes néguentropiques. Les actions de défense et restauration des sols pratiquées en agriculture durable sont des mécanismes néguentropies qui s’opposent à l’érosion des sols.

Ces dernières années des membres de la diaspora interne se sont organisés en associations à travers le pays  pour contribuer au développement local, en y opposant des mécanismes néguentropiques. C’est le cas de l’Association dénommée « Centre d’Initiatives et d’Appui aux Actions de Développement durable (CIAADD) dont le but est d’offrir un cadre approprié permettant aux populations, tant celle de la diaspora interne et externe, que celles restées en place dans les villages, de contribuer ensemble à la survie et au développement de leurs villages, même si ces deux catégories de population sont séparées par d’énormes distances.

La responsabilité de développement d’une localité donnée incombe en premier lieu aux personnes qui en sont issues, tant la population locale que sa diaspora. C’est pour avoir manquer d’assumer cette responsabilité que les centrafricains récoltent aujourd’hui les fruits amers de leur négligence. Il faut donc agir maintenant et efficacement. Mises ensemble, bien organisées et encadrées, les populations locales et leur diaspora constituent une ressource colossale de basse entropie, capable de venir à bout des problèmes dont elles souffrent.