De Rocher Chembessi

Le nouveau visage de Patrice Talon

 

Patrice Talon, le nouveau Président élu du Bénin
Patrice Talon, le nouveau Président élu du Bénin

Octobre 2015, un voyageur particulier atterrit à l’aéroport international de Cotonou, Patrice Talon. L’homme d’affaires béninois, surnommé le « roi du coton »,  est de retour au pays après trois années d’exil plutôt discret en France. Finie la longue traversée de désert (2012-2015) aux raisons multiples, seuls quelques proches collaborateurs et hommes politiques sont présents à l’accueil. Patrice Talon avait fui le Bénin car il était accusé d’être le commanditaire d’une tentative présumée d’empoisonnement du chef de l’Etat alors en place, Boni Yayi. Arrêté en France, puis libéré, il est à nouveau accusé en 2013 d’être impliqué dans une tentative d’attentat à la sûreté de l’Etat. Sa longue traversée du désert s’achève fin 2014, lorsque le président Boni Yayi lui accorde le pardon et lui permet de rentrer de son exil parisien.

Un retour au bercail qui se dessine rapidement comme le début d’un nouveau défi pour Patrice Talon. L’homme a un parcours atypique, il se définit lui même comme « un compétiteur né ». A la tête d’un véritable empire, il fut longtemps un acteur incontournable de deux secteurs clé de l’économie béninoise : le coton et le port de Cotonou. Il commence à s’intéresser à la politique au début des années 90 et n’hésite pas à piocher dans son immense fortune pour financer des candidats à la présidence de son pays. C’est lui qui a mis en selle le président sortant Boni Yayi dont il a largement financé les campagnes en 2006 et en 2011, avant de devenir son pire ennemi. Patrice Talon, connu pour être un faiseur de roi, décide dès son retour en 2015 de se lancer dans la course à l’élection présidentielle de mars 2016. Le faiseur de roi veut devenir roi.

Commence alors un long parcours pour celui qui incarne le « nouveau départ » pour des millions de béninois. « Cette élection, j’y vais et je vais la gagner » affirmait-il avant même que ne soit lancée la course électorale. Qui l’eût cru ? Il se définit dès les premiers signaux électoraux comme le porte-étendard de la « rupture ». Rupture avec le système politique « malade » soutient-il. Une rupture axée sur des réformes institutionnelles profondes. Le mot « rupture » est devenu son leitmotiv, l’homme en fait son cheval de bataille.

Patrice Talon use alors d’une stratégie savamment travaillée pour se faire apprécier voire aduler par le peuple. Lui, accusé d’être responsable de la gestion « approximative » de Boni Yayi, pour avoir été le principal bailleur de l’élection de ce dernier, s’offre ainsi un nouveau visage. Sa volonté sans faille d’aller à la conquête de l’électorat béninois paye, il apparaît bientôt dans l’opinion comme l’homme « miracle ». Quel génie ce Talon ! s’exclame-t-on au Bénin.

Après avoir longtemps agi dans sa base arrière de Cotonou, Patrice Talon fait une grande tournée dans tout le pays pour sa campagne présidentielle. De sa campagne, on retient un homme proche du peuple, fin connaisseur du pays et de ses rouages politiques.Talon va au contact des béninois avec une éloquence digne d’un politicien accompli. Chose étonnante, il n’hésite pas à afficher des signes distinctifs de sa fortune. Sa réussite sociale et son goût du luxe font rêver une partie de la jeunesse béninoise qui voit en lui celui qui saura créer des emplois et de la richesse à l’échelle du pays. Souffle alors sur le pays le vent du changement.

Au cours d’une campagne épique, Patrice Talon, cet homme sans véritable expérience politique, révélé aux millions de béninois par les sulfureuses affaires avec le régime de Boni Yayi, se bonifie et se solidifie. Ses alliances en vue du second tour de la présidentielle renforcent son succès et lui donnent encore plus de poids. Le Bénin tout entier est balayé du vent de la « rupture » promise. Dimanche 21 mars, Patrice Talon devient le quatrième président de l’ère du renouveau démocratique du Bénin. Presque un plébiscite pour un homme « remède » qui soutient fermement que le « pays est malade».

Le nouveau Patrice Talon se revendique comme un homme de confiance au service des intérêts du peuple béninois. Ses adresses publiques, au terme du scrutin, symbolisent ce nouveau visage. Celui qui réitère son engagement solennel de ne faire qu’un mandat, donc de quitter le pouvoir en 2021, semble vraiment porteur d’une nouvelle ère pour le Bénin. Le nouveau président élu du Bénin sera-il véritablement l’homme des grandes réformes institutionnelles et des grands chantiers socio-économiques, l’homme de la vraie rupture et d’un nouveau départ ? L’unique chemin qui s’impose désormais à lui : que les rêves de tout un peuple se concrétisent en faveur de la rupture et du changement.

 


2015 et les présidents candidats à leur propre succession

L’Afrique amorcera-t-elle un nouveau virage dans sa gouvernance ? Le continent connaîtra-t-il une nouvelle élite dirigeante ? La gérontocratie indéboulonnable dans certains pays a-t-elle encore de beaux jours devant elle ? Où triomphera la démocratie en Afrique ? Ces questions auront certainement une réponse au cours de cette année 2015.

Une année qui se distingue dans la vie politique du continent comme celle de presque toutes les élections. Dans chaque région du continent, des joutes électorales, indécises dans certains pays ou jouées d’avance dans d’autres se dessinent à l’horizon. Selon certains recensements, c’est dans au moins quatorze pays du continent que les populations seront appelées aux urnes pour des consultations diverses. Elles sont locales, communales, législatives et présidentielles. Et ce sont bien les élections législatives et présidentielles qui ravivent les attentions des grands analystes politiques du continent.

En Afrique de l’Ouest, six pays sont sous les projecteurs pour les élections présidentielles. Et l’enjeu est presque le même dans ces six pays. Il s’agit pour le président sortant de réussir à se faire réélire et/ou pour l’opposition de s’offrir dans certains cas une victoire historique pour parvenir au pouvoir.

Dans ce stratagème politique, avantages presque favorables pour les présidents Faure Gnassingbé du Togo, Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire. Leurs compères Alpha Condé de la Guinée-Conakry et Goodluck Jonathan du Nigeria devront encore patienter jusqu’au dernier moment pour savoir si le verdict des urnes leur sera favorable. Quant au nigérien Mahmadou Issoufou, c’est une équation bien complexe même si l’homme a réussi à s’offrir (ou museler) presque l’opposition politique de son pays. Au Burkina Faso par contre, la chute inattendue de Blaise Compaoré a remis les compteurs à zéro ce qui a permis de redistribuer les cartes entre les potentiels candidats.

Les Présidents Alassane Ouattara de la Côte d'Ivoire et Faure Gnassingbé du Togo
Les présidents Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et Faure Gnassingbé du Togo

Les présidents sortants presque favoris

En effet, les soubresauts politiques actuels au Togo autour des réformes électorales semblent ne point ébranler le président Faure Gnassingbé. Le Chef d’Etat arrivé au pouvoir à la surprise générale de tous à la mort de son père président Gnassingbé Eyadéma surfe encore paisiblement sur les dissensions interminables au sein de l’opposition politique. Le presque désaccord entre les coalitions politiques de l’opposition autour d’un candidat unique dresse sans doute le lit à une victoire haut la main de Faure Essozima Gnassingbé.

En Côte d’Ivoire, bien qu’Alassane Ouattara soit sous les feux de critique de sa gestion politique du pays que d’aucuns jugent partisane (clanique) du pouvoir, et de la supposée implémentation d’une justice de vainqueurs au « pays des éléphants » après la crise post-électorale de 2010, le bilan économique et social d’ADO parle en sa faveur. Avec l’alliance indéfectible qu’il a établie avec l’ancien président Henri Konan Bédié, il y a très peu de chance pour l’opposition de déloger Alassane Ouattara du palais présidentiel. Et comme au Togo, la guerre d’égo au sein de l’opposition politique lui donne presque une carte blanche puisque Pascal Afi N’Guessan, tout en ne parvenant pas à rallier à sa cause les plus d’une dizaine d’autres partis de l’opposition ivoirienne, vient de s’offrir la foudre des partisans jurés de l’ancien président Laurent Gbagbo autour de l’invalidation de la candidature de ce dernier au poste du président du Front populaire ivoirien (FPI). Seules quelques forces de la société civile tentent aujourd’hui de titiller le pouvoir en mettant la pression autour de certains sujets délicats de la période post-électorale de 2010 et/ou réclamant des élections crédibles.

Les Présidents Goodluck Jonathan du Nigeria et Alpha Condé de la Guinée.
Les présidents Goodluck Jonathan du Nigeria et Alpha Condé de la Guinée.

Les présidents candidats en mal de popularité…

Dans cette cohorte de présidents sortants revêtus du manteau d’outsider, la palme d’or reviendrait bien au nigérian Goodluck Jonathan accusé de solide inertie dans la crise de la montée islamiste au nord du pays. Le mouvement Boko Haram, cheval de Troie de la gouvernance Goodluck Jonathan fera-t-il perdre la présidentielle à ce dernier ? Bien malin qui pourra le dire, mais il y a bien une évidence. Les seize années de domination du Parti démocratique populaire (PDP) au Nigeria sont menacées par l’émergence de l’All Progressive Congress (APC), une coalition des partis de l’opposition. Au même moment, le président est confronté à une rébellion interne au sein de sa formation politique. Contestant la volonté de Goodluck Jonathan de briguer un autre mandat, des cadres importants (parlementaires, gouverneurs…) du PDP sont partis grossir les rangs de l’opposition. Mais le grand risque pour les prochaines élections générales de février prochain au Nigeria est l’éclatement des actes de violence. C’est ce que redoutent nombre d’observateurs qui se souviennent des tensions post-électorales de 2011 ayant fait plus 800 morts.

Pour qui ceux suivent l’actualité africaine de ces huit derniers, le virus Ebola a fait et continue de faire la Une. Il a décimé des milliers de personnes, notamment en Guinée-Conakry. Et bien voilà, ce virus pourrait bien emporter le président Alpha Condé de son fauteuil présidentiel. En effet, la gestion faite de cette maladie par l’ancien opposant historique de la Guinée est fortement décriée au sein de l’opinion nationale. Et la vague de protestation atteint la sphère politique du pays. A cela s’ajoutent les récurrentes crises liées à l’électricité, l’eau, aux ressources forestières et minières. Et le retour en force sur l’échiquier politique de Celou Dallen Diallo constitue une autre paire de manches dans l’indéterminisme guinéen. Comme au Nigeria, la crainte des violences post-électorales pèse lourdement sur ce scrutin.

En dehors de ces pays où les présidentielles sont en ligne de mire, dans la sous-région de l’Afrique, il y a bien un pays dont la situation politique est suivie avec grand intérêt par ses voisins : le Bénin. Pompeusement appelé « label de la démocratie en Afrique », le Bénin est dans une impasse électorale sans précédent. Mais un dégel est annoncé depuis peu avec l’organisation des élections locales et législatives en milieu du premier semestre de l’année. Sauf que certains observateurs et même des acteurs politiques craignent toujours un nouveau report de ces élections en raison du retard dans la livraison de la liste électorale en cours de correction et d’actualisation depuis deux ans.

Outre la région de l’Afrique de l’Ouest, il y a une série d’élections dans les pays tels que le Congo-Brazzaville et la République démocratique du Congo, mais sous fond d’une révision ou non de la Constitution.

Une question qui demeure aussi importante sur le processus électoral en Afrique est la manière dont les différents organismes de gestion des scrutins feront leur travail, de la crédibilité, de la transparence et de la qualité des élections.


Bénin : une démocratie qui se joue dans la rue ?

La trêve n’aura duré que quelques petites semaines. Après la gigantesque marche du 29 octobre 2014, opposition et mouvance politique du Bénin ont renoué avec leurs vieilles habitudes. Les marcheurs ont repris du service. En deux jours, ils étaient des milliers pour battre le macadam dans deux grandes villes du pays.

Porto Novo, capitale politique du Bénin fut l’épicentre de ce mouvement de colère pour certains et de soutien au président de la République pour d’autres. La ville capitale était noire de monde dans la journée du 10 décembre.

Les militants du Parti du Renouveau Démocratique (Prd) dans les rues de Porto Novo.
Les militants du Parti du renouveau démocratique (PRD) dans les rues de Porto Novo.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sous l’initiative du Parti du renouveau démocratique (PRD, un des partis phares de l’opposition béninoise, ils étaient plus de 50 mille militants et sympathisants à descendre dans la rue pour exiger,  du pouvoir en place le respect des normes démocratiques. Ces manifestants soutenus par d’autres formations politiques de l’opposition réclament de Boni Yayi l’organisation des élections communales et municipales. Une revendication bien légitime, puisque le mandat des élus locaux et communaux est arrivé à terme depuis mars 2013. Tous voudraient s’assurer que les élections législatives prévues pour mars 2015 se tiendraient à bonne date avant l’expiration du mandat des députés.

Ces différentes revendications sont les mêmes qui justifient la manifestation populaire prévue ce 11 décembre, date anniversaire de la Constitution béninoise. Cette fois-ci, sous l’impulsion d’une plateforme dite des forces démocratiques et sociales du Bénin, un océan de manifestants pourrait soulever des vagues dans les rues de Cotonou. « Une démonstration de force en avertissement à Boni Yayi dont les velléités en faveur d’une révision de la Constitution et la mise en mal de l’ordre démocratique ne seraient pas encore estompées »  affirment les leaders de la plateforme.

Quelques militants de Boni Yayi dans les rues...
Quelques militants de Boni Yayi dans les rues…

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais Boni Yayi, lui peut encore compter sur le soutien indéfectible de ces quelques fidèles lieutenants. Connus sous le nom des « fous du roi », ils sont restés, aux dires de leurs adversaires, fidèles à leur logique de « confusion » et d’ « affrontement ». En effet, la majorité présidentielle, éternelle habituée aux marches de soutiens et de remerciements au chef de l’Etat dans les rues de Porto Novo, se retrouve à Cotonou pour une partie de marche. Pour la mouvance, il s’agit d’une célébration du 24e anniversaire de la Constitution béninoise et d’un soutien indéfectible à Boni Yayi pour « ses efforts en faveur de la sauvegarde des acquis démocratiques ».

C’est désormais une certitude, la démocratie béninoise se célèbre dans les rues. Elle se joue à coups de marches populaires. Mais ces marches sont-elles suffisantes pour la sauvegarde des acquis démocratiques ? L’organisation des élections tant souhaitée par l’opposition politique ? L’instauration d’un réel dialogue politique ? Bien malin qui saura le dire.


Non ! Valérie ne mérite pas ces moments…

Nouvelle imageC’est le livre de la rentrée. Un «Merci pour ce moment» de l’ex-compagne du président François Hollande qui fait mouche. Déjà plus de 150 000 exemplaires distribués. Valérie Trierweiler a fait un tabac.

Avec mon rêve de personnage public voire même de premier plan, je ne pouvais en aucun cas me priver de ces moments uniques que je partage avec quelques bréviaires. Histoire de forger ma personnalité.

Grande fut ma satisfaction quand un ami m’envoya un exemplaire de ce livre dans lequel Valérie Trierweiler n’aurait pas fait dans la dentelle. En seulement deux petits jours, j’ai pu décortiquer les quelque 160 pages de ce mélange de vie publique, vie privée teinté par moment d’une vengeance sans pareille.

Hélas ! Je réalise juste après la lecture que Valérie ne méritait pas ces moments. Oui, la journaliste politique devenue amante d’un homme politique au bas des sondages à l’époque, qui enfin a porté le sacre de résident de la République, n’avait aucun mérite pour que son livre bénéficie de toute cette puissance médiatique.

Et la puissance médiatique, Valérie Trierweiler connaît.  Elle en a usé quand il le fallait et en a subi les affres au moment où elle s’y attendait parfois le moins. Et au fil de ses  320 pages , elle en a fait cas plus d’une fois.

Mais son livre a tout pour ne pas mériter cette puissance médiatique. Il n’a rien qui devrait le hisser au sommet des ventes, sauf que son mélange de vie publique et de vie privée avec une odeur de revanche contre un François Hollande au plus bas dans les sondages est de nature faire la joie de certains.

Qu’a dit cette dame pour jouir de cette flambée médiatique ? A mon sens rien, absolument rien. Moi je ne parlerais pas de mensonge comme l’a estimé François Hollande. Mais de la première à la dernière page du livre, on dirait des pleurniches de petite fille, non d’une ex -« First Girlfriend » revancharde d’une trahison.

Même mes « ex-copines » n’oseraient pas raconter à leurs amies nos histoires d’amour. Elles ne sont pas célèbres, mais ont une certaine maturité pour s’adonner à un exercice aussi salissant.

Que Valérie Trierweiler écrive qu’elle a vécu la séparation d’avec François Hollande comme une déflagration dans sa vie, c’est normal. Ségolène Royal en a vécu autant à l’époque, quand elle se laissait conquérir par Hollande. Et combien de millions de cas de séparation ne connaissons-nous pas au quotidien dans le monde ?

Que Valérie Trierwieller évoque « l’ironie du cycle d’infidélité » dans sa relation avec Hollande, je me surprends à réaliser que l’ex-« first girlfriend » est presque d’une naïveté étonnante. Quand elle se pose en défenseur de la cause féminine, de l’émancipation et autres, je n’ai rien contre. Mais dire tout de go qu’ « il n’est jamais facile de refaire sa vie avec un homme qui a un passé », que « ce sont des situations délicates, que connaissent des millions d’autres femmes, mères de familles recomposées », je réalise juste qu’elle s’est bien mélangé les pinceaux.

Valérie, merci pour ces moments !


Ebola m’a grugé !

IMG_20140712_135523L’expérience douloureuse de l’épidémie d’Ebola, je l’ai vécue. Cette fièvre hémorragique m’a bien fait saigner. Oui saigner mais bien heureusement seulement ma petite bourse.

Voilà plus de deux semaines que je me suis lancé dans la préparation d’un voyage sur l’Egypte afin de participer à la Conférence Ministérielle Africaine de l’Environnement (CMAE).

Cahin-caha, je m’y mettais. La tâche s’annonçait bien tortueuse. Plus de 1.000 kilomètres aller-retour et une nuit presque à la belle étoile, pour ma demande de visa. A l’ambassade comme il est presque de coutume sous nos cieux, gérer les humeurs des agents consulaires. Heureusement qu’au Consulat de l’Egypte à Cotonou, j’y ai pu rencontrer une ambiance très sympathique et bien accueillante.

Des agents consulaires égyptiens bien rompus à leur tâche et d’une exemplarité formidable. Même si suis encore dans l’attente du visa, il y avait de quoi me donner le sourire, pour avoir vécu d’autres expériences sur d’autres cieux. Mieux, l’agent consulaire s’est montré très rassurant. « Jeudi, on t’appellera pour que tu passes retirer ton passeport. Le visa, tu l’auras. Mais donnes-nous au moins une semaine ou 10 jours maximum » m’avait-il soufflé.

Il fallait maintenant résoudre une étonnante équation du billet d’avion. Si j’étais à ma première expérience d’achat de billet d’avion, certain que j’aurais renoncé. Trouver un vol assez simple, moins fatiguant (avec très peu d’escale donc), et au meilleur tarif sur Hurghada, petite ville paradisiaque en bordure de la mer rouge en Egypte, au départ de Cotonou, était aussi coriace qu’une épreuve de Fort Boyard. Il fallait s’en remettre aux bons conseils de mon ami bloggeur Djossè Tessy, le plus égyptien des béninois de ces douze derniers mois.

Presque cinq jours à recevoir les propositions abracadabrantesques de mon agence de voyage. Des vols qui vont dans tous les sens. Certains qui me feraient traverser toute l’Afrique d’un aéroport à un autre à l’aller comme au retour. D’autres qui m’auraient fait passer des heures d’escale dans un aéroport à l’aller comme au retour.

Mais à une semaine de voyage, il fallait bien que je me décide au plus vite. Je me résolus sur les bons hospices de mon agente de voyage à m’acheter un billet, non pas épuisant pour ma bourse mais relaxe pour ma personne physique.

Confirmation donnée de mon vol aux organisateurs de la conférence, je me suis lancé dans autre chose. Car pour moi, les prépas du voyage étaient bouclés. Rendez-vous la semaine prochaine à Hurghada pour parler environnement en Afrique.

EbolaMais patatra, changement de cadence le lendemain après-midi. Un mail lourd de sens qui annonça l’ajournement de la conférence. La raison évoqué est sans appel : Ebola, lui et encore lui.

« Dear Colleagues,

We are indeed very sorry to inform you that the Pre/AMCEN 15th Session which was scheduled to take place in Hurghada, Egypt from 6 to 12 September 2014 has been postponed. As you may be have known, the outbreak of Ebola in West Africa is now  a Public Health Emergency. The deadly virus has spread in some West African countries and lately Democratic Republic of Congo.

The postponement is in line with the information and advise we received from the AMCEN Secretariat. We will keep you posted on the development in due course.

We are very sorry for any inconvenience this postponement might have caused you.

Please bear with us.

PACJA Continental Secretariat,

Nairobi, Kenya »

Un mail qui lance ainsi une course contre la montre pour l’annulation d’un billet acheté seulement la veille. La partie fut sans repos. Pratiquement quatre heures à enchaîner les coups de fils avec l’agente du voyage d’une part, et la directrice de l’agence d’autre part. Et bien heureusement une fin heureuse. Un billet remboursé contre une « forte » pénalité. Et cela je pouvais bien comprendre.

Et dire que cet Ebola n’est pas presque de disparaître. Il y a bien un avenir qui s’écrit en pointillés sur le continent, du moins à l’incertain. Avec les pays touchés qui tournent déjà au ralenti en raison de cette épidémie, tout le continent pourrait prendre bientôt un gros coup si rien n’y fit.


Rois, chefs traditionnels, religieux et le business politique au Bénin !

Vue d'ensemble de quelques têtes couronnées du Bénin. Crédit Photo : 24haubenin.com
Vue d’ensemble de quelques têtes couronnées du Bénin. Crédit Photo : 24haubenin.com

C’est la nouvelle tendance politique au pays. Et elle prend bien de l’ampleur. Elle séduit même les cadres politiques du pays. Chacun d’eux joue pleinement le jeu. Un jeu qui s’apparente néanmoins à une profanation des valeurs ancestrales du pays.

Au Bénin, on connaissait les rois des palais royaux, les chefs traditionnels des couvents, les dignitaires religieux des temples et autres divinités endogènes. Mais aujourd’hui, ils se sont presque défaits de leurs palais royaux et temples. Leurs divinités dont ils assurent la garde, ce sont les hommes politiques du pays.Chaque jour qui passe, ils sont très nombreux ces hommes, précédemment investis d’une mission apolitique à serpenter les couloirs du palais présidentiel, des ministères, des sociétés d’Etat. Très nombreux à se faire quand ils se décident porte-voix d’un homme politique en difficulté ou non, ou aux aspirations politiques grandeur nature.

Le phénomène ne surprend plus. Il est même devenu l’activité politique la plus en vogue de l’été. Une nouvelle manière de faire la politique, qui pour certains a tout l’air d’une désacralisation des principes de royauté et de chefferie au Bénin.

L'honorable Claudine Prudencio à son arrivée au Palais Royal de Parakou: Crédit Photo: Claudine Afiavi Prudencio
L’honorable Claudine Prudencio à son arrivée au Palais Royal de Parakou: Crédit Photo: Claudine Afiavi Prudencio

D’abord, on se souvient de ces descentes à grand renfort médiatique d’une députée béninoise dans les cours et palais royaux du Bénin pour embarquer les rois, têtes couronnées et autres chefs traditionnels dans un bras de fer qui opposait un de ses proches à l’Etat béninois dans une affaire de passation de marché. Claudine Prudencio, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a fait le tour du pays pour disait-elle implorer la médiation des rois. Une stratégie qui aura sans doute payé puisque certains de ces rois n’ont pas hésité très publiquement à lui apporter leur soutien. D’autres sans doute, au prorata de l’estime qui leur a été accordée, ont même ouvertement dénoncé ce qu’ils appelaient « une cabale » contre un « prince » de leur royaume par le pouvoir. Et ils apportaient pleinement et publiquement leur soutien à l’homme d’affaires.

 

 

 

Suffisant pour que Boni Yayi prenne le taureau par les cornes. Adepte reconnu des pratiques de « théâtralisation », il fait convier toute la cohorte des rois, têtes couronnées, dignitaires religieux, et autres chefs de la République au Palais de la République. Une rencontre d’échanges, a-t-on dit. Mais elle était suffisante pour que les rois changent de langage. Sur le site du gouvernement, on pouvait bien lire que « les rois et dignitaires n’attendent pas marchander leur disponibilité face aux différents sujets qui agitent l’actualité nationale. »

Cet épisode de début de l’été politique a laissé place à un autre plus spectaculaire. En effet, il s’en suit une série de visites de courtoisie de proches du chef de l’Etat, ministres et députés de la mouvance présidentielle dans les palais royaux, et celle de certains potentiels candidats aux prochaines élections présidentielles. Et deux potentiels candidats sont coutumiers du fait.

Abdoulaye Bio Tchané et le roi de Toui, Credit Photo: Abdoulaye Bio Tchané
Abdoulaye Bio Tchané et le roi de Toui, Credit Photo: Abdoulaye Bio Tchané

 

 

 

Abdoulaye Bio Tchané, candidat malheureux à la présidentielle de 2011 usait déjà de cette stratégie pour sa campagne infructueuse. Et cet été encore, l’homme n’a pas rompu avec ses vieilles habitudes politiques. Difficile de se souvenir avec exactitude du nombre de palais royaux qu’il a fréquentés en cette année 2014. On sait tout de même que ce mois d’août, il a pu rendre visite aux figures de proue de la royauté du département des collines dans le centre-est du pays.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le probable candidat Robert Gbian aux présidentielles de 2016, Source: Acotonou
Le probable candidat Robert Gbian aux présidentielles de 2016, Source: Acotonou

L’autre potentiel candidat qui a fait des rencontres politiques avec les rois et têtes couronnées son tube de l’été, c’est le désormais très populaire général Robert Gbian (GRG). Il se distingue d’ailleurs comme le tout premier candidat affiché à la prochaine présidentielle pour laquelle il s’est lancé depuis plusieurs mois dans une précampagne qui ne dit pas son nom. A la surprise générale, il était le jour même où son frère cadet, Jonas Aliou Gbian se faisait débarquer du gouvernement par Boni Yayi aux côtés d’impressionnants et renommés rois et têtes couronnées du pays qui s’étaient retrouvé dans le département de l’Ouémé au sud-est du pays. Des déclarations agitées dans la presse, ces derniers n’ont pas tremblé pour apporter leur soutien au général Robert Gbian. Ils lui auraient même demandé et en lui accordant leurs bénédictions de se porter candidat à la présidence de la République.

Le ministre François Abiola avec quelques têtes couronnées...
Le ministre François Abiola avec quelques têtes couronnées…

Mais ce qui surprend plus encore, c’est l’inattendue visite de courtoisie que ces rois ont, dans leur grande majorité rendue quelque 72 heures plus tard au ministre d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur, François Abiola, pour le féliciter de son maintien dans le gouvernement. Ce dernier, pressenti comme candidat au scrutin présidentiel et dauphin supposé du président sortant, aura reçu de la horde des têtes couronnées les mêmes encouragements et bénédictions auxquels ont eu droit ces probables challengers de 2016.

Et c’est cette n-ième incursion politique des rois et têtes couronnées du pays qui a déclenché la vague d’indignations sur les réseaux sociaux et dans l’opinion nationale. Des commentaires qui vont bon train s’offusquent autant contre la politisation des trônes et royautés du pays et la participation publique des rois et têtes couronnées à la vie politique. Certains se demandent même à combien sont rémunérés les rois et têtes couronnées pour leur activité politique. D’autres par contre, tentent de justifier la position des rois qui se retrouvent ou s’affichent avec tous les hommes politiques comme le symbole de la neutralité du trône royal.

Mais puisque la pilule semble prendre, il serait bien difficile de mettre fin au spectacle assez vite. Car comme le dirait l’autre « chacun y trouve son compte ».


Bénin : au revoir les taxis-motos ?

Les conducteurs de taxis-motos au Bénin...
Les conducteurs de taxis-motos au Bénin…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils ont le charme des villes béninoises. Pas de cartes postales du Bénin sans ces valeureux hommes en jaune. Que vous entriez dans le pays par les airs ou la route, ils sont bien souvent les premiers qui vous accueillent pour vos courses express.

Les conducteurs de taxi-motos, affectueusement appelés « zémidjans » pourraient au fil du temps, du moins à la suite des réformes qui se succèdent dans le secteur de la sécurité routière au Bénin, faire leurs adieux.

Effet, les usagers de la route au Bénin sont soumis depuis quelques jours à un chapelet de réformes en matière de sécurité routière qui ne font pas pour autant les affaires de ces conducteurs de taxis-motos. Et le poids de ces réformes se ressentirait d’abord dans la cohorte des zémidjans de Cotonou puisque la plupart des nouvelles mesures sont pour le moment expérimentées dans la capitale économique du pays.

Des conducteurs de motos confinés sur la piste cyclable...
Des conducteurs de motos confinés sur la piste cyclable…

La toute première réforme de l’année qui imposait aux conducteurs de véhicules à deux roues (les motos), l’utilisation exclusive des pistes cyclables, avait déjà fait grincer des dents dans le rang des zémidjans. La Cour constitutionnelle en avait même été saisie par les usagers de la route. Mais sa décision donnera raison à la police nationale. Cette approche imposée par la police nationale a contraint ces hommes en jaune à réduire leur vitesse dans la circulation, car confinés dans une masse de motos dont les conducteurs ne sont pas toujours bien inspirés pour échapper aux embouteillages. Conséquence, le nombre quotidien de clients transportés par ces hommes est en baisse avec une paradoxale augmentation de la consommation en carburant; le temps de parcours pour toutes les distances ayant presque doublé.

Dans la foulée, ce fut l’immatriculation exigée à tous les véhicules à deux roues dont les opérations piétinent encore à la Direction des transports terrestres qui a secoué le monde des conducteurs des taxis-motos. Dans moins d’un mois, la police nationale devrait procéder au contrôle des immatriculations dans toutes les villes du pays. Et à quelques jours du début de cette opération, où moins de 10 % des motos en circulation au Bénin ont été immatriculées, il y a bien de quoi s’inquiéter pour les hommes en jaune. Sauf indulgence de la hiérarchie policière, Cotonou et ses environs seront bientôt vidés de ces engins.

Des usagers de la route avec leurs casques...
Des usagers de la route casqués…

L’autre réforme prémonitoire de la disparition douce du métier de conducteur de taxis-motos ou tout simplement, aux dires de certains de la réduction du parc motocycle au Bénin, c’est le port obligatoire de casque. Si cette mesure a fait jaser dans le pays en raison des infrastructures routières qui y seraient très peu adaptées, elle pourrait être suicidaire pour les conducteurs de taxis-motos. Bien qu’ils se soient pour la plupart conformés aux dispositions en acquérant leur casque et ceux des clients pour certains, c’est l’après-casque qui pose problème.

Les conducteurs portent au moins douze heures d’horloge leur casque au quotidien. Pas aisé ! Et selon certaines sources, le port de casque pour une longue durée aurait des conséquences sur la santé. D’autres parlent même d’effets neurologiques bien que cela reste à prouver par des spécialistes du domaine, qui pour l’instant, se refusent pour la plupart d’entrer dans la polémique.

Boîte à pharmacie ou pack de sortie de la profession de Zémidjans au Bénin?
Boîte à pharmacie ou pack de sortie de la profession de zémidjans au Bénin ?

Et s’il y a une mesure qui provoque stupéfaction, c’est l’arrêté interministériel du 31 juillet 2014 qui impose à tout conducteur de taxi-moto la possession d’une boîte de pharmacie (trousse de secours). Si avec moins de 10 000 F Cfa (moins de 20 euros), les conducteurs de motos peuvent se l’acheter, ce qui n’est pas le cas des zémidjans puisque les motos qu’ils utilisent ne possèdent pas un dispositif de transport de la boîte. Ils peuvent toutefois s’estimer heureux car la police et la gendarmerie nationale se seraient déclarées incompétentes pour le contrôle de la boîte de pharmacie. Reste à savoir si le gouvernement ne mettra pas en place un autre dispositif pour le contrôle.

Cependant, ça grogne dans l’univers des zémidjans au Bénin. Ils s’estiment harcelés et poussés vers la sortie. Pas de quoi apitoyer le gouvernement, cela fait bien des années que les différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays tentent vainement de réduire le nombre des taxis-motos. En attendant, les interrogations se focalisent sur le programme de reconversion de ces derniers puisque les taxis-motos, c’est le secteur qui emploierait le plus de main-d’œuvre au Bénin. Et s’ils arrivaient à raccrocher, il faudrait au gouvernement pouvoir gérer le flux des nouveaux arrivants sur le marché du travail. Il devrait aussi s’assurer d’une bonne politique de promotion du transport en commun, qui est loin d’être dans les habitudes du Béninois…


L’Obamanisation de l’Afrique ?

La philosophie "Obama" au coeur de l'Afrique, Crédit Photo : Alter
La philosophie « Obama » au coeur de l’Afrique, Crédit Photo : Alter

Ils étaient des centaines de jeunes Africains à se rendre cinq semaines durant aux Etats-Unis pour la Young African Leaders Initiative (YALI) du président américain Barak Obama. Occasion rêvée pour ces jeunes de vivre de près l’expérience du leadership américain autant dans l’engagement civique, le management public que l’entrepreneuriat.

Mieux encore, se souviendront-ils du Washington Fellowships Summit au cours duquel ils ont eu une rencontre exceptionnelle avec le président Obama. Ce dernier, ayant pendant 80 minutes dialogué avec ces jeunes du continent africain sur la sécurité, la bonne gouvernance, le renouvellement de l’AGOA ou l’effacement de la dette.

Après ces jeunes leaders du continent, cette semaine, c’est au tour des dirigeants africains d’aller à la rencontre, à l’école du premier président noir des Etats-Unis. Ils seront moins d’une cinquantaine de chefs d’Etat sélectionnés sur la base de certains critères liés à l’expression démocratique et la bonne gouvernance dans leur pays, mais aussi des relations entre ces pays et les Etats-Unis d’Amérique.

Obama et quelques Chefs d'Etats Africains, Crédit Photo : Tchad Pages
Obama et quelques chefs d’Etat africains, Crédit Photo : Tchad Pages

Cette rencontre entre les Etats-Unis et l’Afrique, la première du genre est pour la Maison Blanche une occasion de renforcer les « liens avec l’une des régions les plus dynamiques du monde ». Aussi, devra-t-elle permettre à l’administration américaine de convenir avec les dirigeants africains d’un cadre de coopération en matière de commerce, d’investissement, d’engagement vers la sécurité et la gouvernance démocratique sur le continent africain.

Et si ce sommet Etats-Unis/Afrique ressemble à plus d’un titre à de nombreux sommets bilatéraux entre l’Afrique et certains pays développés ou certaines régions du monde, il pourrait bien permettre à Washington de contrer l’offensive chinoise et de se repositionner comme un partenaire de poids. Mais l’autre chose qui attire l’attention autour de ce forum, c’est la grosse campagne médiatique déployée par la Maison Blanche et en prime la forte opération séduction du président américain.

Il fallait déchiffrer minutieusement son discours lors de sa rencontre avec les jeunes Africains pour y déceler les prémices d’une « Obamanisation » en vue du continent. Ce qui vient compléter avec ingéniosité l’enthousiasme du continent en 2008 à l’occasion de l’élection du premier président noir et d’origine africaine des Etats-Unis.

En effet tout en louant le talent, la motivation, et l’ambition des jeunes Africains qu’il a rencontrés, et notamment leurs grandes aspirations pour leur pays et le continent, Barak Obama leur a clairement  affirmé : « … Je veux être sûr que les Etats-Unis d’Amérique soient votre partenaire et ami tout au long du chemin. » Le ton est donné, Barak Obama ne lâchera pas ces jeunes pépites de l’Afrique.

Et pour que sa philosophie de la gouvernance qui devrait être celle de l’Afrique soit la mieux partagée et autant diffusée que possible, l’homme du « Yes, we can », promet la création sur le continent de quatre centres régionaux pour la formation au leadership des jeunes africains. Des centres qui seront basés au Ghana, Sénégal, Kenya et en Afrique du Sud dans lesquels les jeunes pourront apprendre le fonctionnement des institutions africaines et américaines.

Le Président Obama lors de sa rencontre avec les jeunes leaders d’Afrique. Crédit Photo : Maison Blanche

L’Obamanisation de l’Afrique, c’est désormais de nombreux programmes de stages et des opportunités professionnelles en faveur de la jeunesse africaine. Elle passe aussi par l’augmentation du nombre des boursiers du programme YALI, qui en 2016 atteindra 1 000 jeunes par année. Le credo du président Obama étant d’investir autant que possible dans la prochaine génération des jeunes cadres du continent pour une Afrique si convoitée par le monde qu’il veut « forte et autonome ». Et pour montrer son grand attachement aux valeurs positives du continent, Obama n’a pas hésité à rebaptiser son programme de mentoring des jeunes Africains Mandela Washington Fellowship for Young African Leaders.

Et cela, alors qu’il existe sur le continent d’autres initiatives de formation portant le nom ou dédiées aux grandes œuvres de l’ancien président sud-africain. Le plus connu de ces programmes étant le Mandela Institute for Development Studies (MINDS).

Autre point à souligner, le décalage d’esprit entre Barack Obama et ses pairs africains ou encore le déphasage de pratiques et d’esprit de gouvernance entre les Etats-Unis d’Amérique et les pays de l’Afrique. En effet, très peu de chefs d’Etat africains auraient suscité tant d’engouement. C’est aussi sans doute la conséquence directe de l’échec des programmes jeunesse développés sur le continent .

Et au rythme de l’engouement actuel des programmes « Obama » pour la jeunesse africaine, ils raviront sans doute la vedette aux quelques-uns, sporadiquement mis en œuvre par l’Union africaine, et dont les jeunes du continent ont d’ailleurs très peu connaissance.

Désormais, on peut se demander à quand l’arrivée au pouvoir ou au sommet des jeunes « obamanisés » du continent. Aussi, les programmes « Obama » pour l’Afrique pourront-ils vraiment permettre de définir avec précision les contours de la nouvelle Afrique prospère dans laquelle nombreux dirigeants sont obsédées par l’idée de s’accrocher au pouvoir.

L’Obamanisation est-elle suffisante pour sortir l’Afrique de sa léthargie actuelle et la libérer des vices de la mal gouvernance ?


Score de dictateur !

Abdel Fattah al-Sissi après avoir voté au Caire lundi. (Photo Amr Dalsh. Reuters), Source: Libération
Abdel Fattah Al-Sissi après avoir voté au Caire lundi 26 mai 2014. (Photo Amr Dalsh. Reuters), Source: Libération

Annonçant les résultats provisoires de la présidentielle en Egypte, la présentatrice d’une chaîne cryptée française déclarait sous un air un peu fougueux « Le maréchal Abdel Fatah Al-Sissi gagne l’ élection avec un score de dictateur ». Piqué au vif, je décide de me scotcher à la chaîne pour comprendre le contenu de ce score de dictateur. Et je découvre à travers le reportage que cela n’est rien d’autre que les faramineux 97 % obtenus par le maréchal Al-Sisi pour cette élection.

Je me posai une question. Les chiffres récoltés par le nouveau rais égyptien feront-ils de lui un nouveau dictateur sur le continent ? Y a-t-il un grain de prémonition dans le reportage ? Bien qu’il soit audacieux de prédire la connotation politique que donnerait Al-Sisi à son pouvoir, il y a bien des signes évidents qui inquiètent. Soupçonné être proche des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, pays dans lesquels il a fait ses études militaires, le président élu de l’Egypte, au nom de la lutte contre le terrorisme a lancé un mouvement de foudre contre certains adversaires politiques notamment « Les Frères musulmans » qui apeurent sur le futur politique du régime. Dans un billet de blog, un collège mondoblogueur se demande déjà si Al-Sissi ne légitimerait pas la répression par l’onction du pouvoir. La répression étant une fabrique des pouvoirs dictatoriaux, ça craint.

Curieux, je veux savoir combien sont-ils ces hommes parvenus au pouvoir avec des « scores de dictateur ». Le constat est effrayant. L’Afrique est toujours en pôle position. Mais pour une fois, je peux me réjouir qu’en dépit des « «fraudes massives » et autres « tripatouillages », le hold-up électoral en 2011 du président Boni Yayi au Bénin a été pensé à la juste limite d’un score de dictateur. Lui ayant remporté l’ élection au premier tour avec moins de 54 % des voix. Sauf qu’en souvenir de son score de 2006 pour son premier mandat, il était bien aux portes du cercle très rigide de ces hommes forts à légitimité étonnante avec un score de 75 % des suffrages exprimés.

Il y a trois ans, un classement du site d’informations Slate.fr, plaçait cinq chefs d’Etat africains dans le Top 10 des « dictateurs » élus avec les scores les plus élevés au monde. Mieux encore, la palme d’or revenait au président djiboutien Ismail Omar Guelleh élu avec « plus » de 100 % des voix au cours du scrutin de 2005. Dans ce palmarès, on y rencontre Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale, 95,4 % en 2009, numéro 3), Paul Kagame (Rwanda, 95 % en 2009, numéro 4), Pierre Nkurunziza (Burundi, 91, 6 % en 2010, numéro 5), Abdelaziz Bouteflika (Algérie, 90, 2 % en 2009, numéro 7) et enfin Hosni Moubarak (Egypte, 88, 6 % en 2005, numéro 10).

Et pour rappel, Hosni Moubarak se fera renverser en 2011 lors du « printemps arabe » ,Abdelaziz Bouteflika, quant à lui, se fait réélire même en fauteuil roulant en avril 2014 avec plus de 86 % des voix au premier tour.  Les autres du classement sont encore au pouvoir. Mais fort curieusement, ils ne sont pas les seuls à décrocher ou légitimer leur pouvoir par des scores « staliniens ».

Robert Mugabe (Zimbabwe), Yuri Museveni (Ouganda), Paul Biya (Cameroun), Blaise Compaoré (Burkina-Faso), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Idriss Déby Itno sont épinglés par le blogueur tchadien Makaïla. Autant d’éléments bien surprenants, car la plupart de ces pays se réclament être dans un système démocratique. Normal; la démocratie ici est du Nescafé ou on en sait très peu.

En attendant d’y voir plus clair, les projecteurs sont braqués sur le tout nouveau président égyptien pour sa conduite de pouvoir.


Démocratie Nescafé !

La démocratie en Afrique est-elle aussi noire? Source Photo : Contrepoints.org
La démocratie en Afrique est-elle aussi noire? Source Photo : Contrepoints.org

Plus de doute, les démocraties africaines sont à rude épreuve. Le label démocratique du continent s’effrite. Des pays encore considérés comme des temples de la démocratie basculent. Normal, pour une démocratie africaine bâtie sur du sable mouvant.

Démocratie Nescafé ! s’écria quelques mois après sa réélection en 2011 l’actuel président béninois Boni Yayi pour caricaturer la démocratie dans son pays. Pour lui, le jeu démocratique qui se joue dans son pays était bien fragile. Il était bien du goût sucré-amer ou sucré-salé comme le célèbre contenu de la boîte de Nescafé, le café.

Même si pour Boni Yayi, c’était la peur de voir s’estomper sans prévenir un beau matin la démocratie dans son pays, il y a bien d’événements qui s’enchaînent sur le continent qui illuminent assez bien que c’est l’hémisphère démocratique de l’Afrique qui est bien fragile.

 

Caricature sur la démocratie en Afrique, Source: La Revue de Lanack
Caricature sur la démocratie en Afrique, Source: La Revue de Lanack

Des exemples foisonnant de toute part inquiètent sur l’avenir du système démocratique sur le continent. Si dans certains pays, on est presque au bord de l’implosion sociale, d’autres flirtent avec la régénérescence d’une crise politique ou sociale, et d’autres sont encore incapables de surmonter les vestiges des crises passées.

En Afrique de l’Ouest, l’accalmie observée au Bénin ne tient encore que sur un fil. Sans doute, le mérite aux syndicalistes qui ont sursis aux mouvements de paralysie de l’administration publique. La faible activité politique de l’opposition y est certainement pour quelque chose.

Mais à quelques kilomètres de Cotonou, chez ses voisins du Nord, le Niger et le Burkina-Faso, nous sommes déjà dans une démocratie malade. Une démocratie moribonde qui fait sans doute resurgir dans les mémoires ce coup d’Etat dit « salvateur » pour la restauration de la démocratie. Un coup de force orchestré quelques années plus tôt par les militaires pour déloger le président Mamadou Tandja au Niger. Dans ce pays réputé pour son uranium, mouvance et opposition ne parlent que le langage du chat et de la souris. Des amis circonstanciels d’une élection présidentielle s’entredéchirent. Au  » pays des hommes intègres », le locataire du palais de Kosyma, le président Blaise Compaoré très peu bavard, regarde en œil de renard la guéguerre entre ses proches lieutenants et l’opposition autour d’une certaine modification de la Constitution qui lui permettrait de se maintenir au pouvoir en 2015. Mais il y a bien un goût de caféine dans la démocratie du pays.

Que dire de la Côte d’Ivoire où pro-Gbagbo (opposition) et pro-Ouattara (au pouvoir) se font peur à chaque instant. Des incompréhensions toujours menaçantes pour une démocratie fabriquée au crépitement des armes.

Cameroun, République démocratie du Congo, Congo, Tchad et Gabon dans l’Afrique centrale n’ont presque pas de leçons à enseigner aux autres. Le niveau de mercure n’est pas stable chez eux aussi. Le jeu démocratique est normal, car c’est le parti au pouvoir qui mène la danse. Car c’est les autres, c’est le diable qui s’annonce. Il faut s’en débarrasser au plus vite. Les nombreuses tensions politiques, crises militaires, et polémiques constitutionnelles dénotent bien du goût amer de la démocratie dans cette partie du continent.

Et je me garde de parler du Burundi où là-bas on ne voit que partout des actes d’atteinte à la sûreté de l’Etat. La démocratie est encore teintée de partis ethniques, du diktat d’anciens chefs de guerre et une société civile réduite bien souvent au silence. Mais le pays revendiquera qu’il est dans la Démocratie.

Et quand Joyce Banda fait son show et annule les élections générales au Malawi, ça sent la honte et une incompréhension totale. Si c’était un homme, on aurait tenté de comprendre, mais pour une femme portée sans élection à la tête d’un pays modèle de croissance économique et de stabilité politique sur le continent, cela sent mauvais, très mauvais même. Où est bien passé le cœur de femme ? L’autre n’avait-il pas tort de nous faire chanter tous en chœur qu’éduquer une femme c’est éduquer une nation. Heureusement qu’il y a encore les autres sous d’autres cieux (je ne parle pas de la Thaïlande) qui donnent encore espoir à la gente féminine.

Mais l’acte de Joyce Banda vient clairement rappeler que l’Afrique anglophone n’est pas pour autant exemplaire sur le jeu démocratique. Bien évidemment, nul n’avait dit le contraire. Avec l’Ouganda et le Zimbabwe dans la boue, le Nigeria, le Liberia, l’Afrique du Sud et les autres déchirés par les querelles politiques, la démocratie n’est pas encore sainte là-bas.

L’hécatombe, c’est dans le Maghreb. On peut se permettre d’extraire le Maroc des mauvais élèves pour système politique encore monarchiste, mais l’Egypte, l’Algérie, la Tunisie et bien subsidiairement le Soudan ne font pas rêver les démocrates bon teint.

La démocratie sous les tropiques, une grosse incantation ?


Justin Savi, l’autre légende du Bénin…

Justin Savi, un boxeur hors du commun...
Justin Savi, un boxeur hors du commun…

Pugiliste béninois aux coups de poings dévastateur, Justin Savi est un boxeur au talent pur. Évoluant dans la catégorie des poids plumes, ce champion hors du commun est indiscutablement l’un des grands personnages que le Bénin du sport en général et de la boxe en particulier aura connu.

Tout a commencé dans une rue de Cotonou. Habitant du quartier Agla, situé en face du Stade de l’amitié de Kouhounou, Justin Savi, né le 30 Octobre 1984 se laisse très vite séduit par le noble art. Il ne pouvait en être autrement pour lui qui, encore petit garçon, côtoyait au quotidien l’ancienne icône de la boxe béninoise, Aristide Sagbo dit « Sowéto ».

Malgré le refus des parents, Justin Savi brave l’interdiction. Il profite de ses week-ends pour aller s’entraîner avec des amis au Stade de l’Amitié sur des installations précaires encore bien loin d’un ring de boxe. Profitant du voyage de son père à Libreville (Gabon), Justin Savi se décide enfin de se révéler au grand public.

Et tout commence par un combat amateur face à son compatriote Sébastien Gouvidé. Sous le label « Indomptables Boxing Club de Cotonou », Justin Savi pulvérise son adversaire. Une rapide expédition de Gouvidé en quelques petites minutes qui lance une suite interminable de 27 victoires dont 18 par K.O. Repéré par nombre de spectateurs et d’avertis du noble art, Justin Savi fera les beaux jours du sport béninois. L’athlète enchaîne les combats qui l’emmèneront à tous les coins du globe. France, Allemagne, Etats-Unis, Ghana, Niger, Burkina-Faso, Nigéria, etc…, le pugiliste goûte aux délices d’un sport pathétique. Un rêve d’enfance…

Du coup, il se distingue comme le numéro 1 de ce sport au plan national. Mais un classement qui ne l’émeut point car pour lui, Aristide Sagbo « Sowéto » reste la légende.

Surnommé par ses pairs du noble art, « le Malin » ou le « Vodoun », Justin Savi est doté d’un sens de précision, d’une rapidité et d’une puissance monstrueuse. Et ses uppercuts, crochets, déplacements sur le ring séduisent plus d’un admirateur de ce sport. Avec son insigne de « danger de mort » sur l’épaule gauche, « Tintin » pour les intimes, figure dans le cercle restreint des boxeurs au palmarès impressionnant du monde entier et de son époque.

Mais la gloire mondiale, Justin Savi l’a connu dans son pays. Un 07 Juin 2008, il ne fait pas de détails devant le « taureau » argentin Pastor Maurin Humberto pour décrocher sa première ceinture mondiale International Boxing Federation (IBF) au palais des sports de Cotonou. Une victoire qui le propulse sur le toit mondial de la boxe où il sera sollicité pour la conquête du titre suprême WBC de sa catégorie.

Justin Savi lors de sa victoire face à Cyril Thomas...
Justin Savi lors de sa victoire face à Cyril Thomas…

Rude frappeur et agresseur de haut calibre, Justin Savi déjoue les pronostics. Le 16 Avril 2010, il rentre davantage dans l’histoire mondiale de la boxe en devenant le premier vainqueur de la « Silver Belt » du World Boxing Council (WBC) au palais des sports Saint Quentin en France. Un sacre acquis par K.O face au pugiliste français Cyril Thomas. Au terme de ce combat, les commentateurs d’Europosort n’ont pas manqué de faire l’éloge du boxeur béninois doté d’une violence tétanisante.

Mais contre toute attente commence une grosse galère pour le boxeur. A une victoire du titre suprême, un conflit opposant son promoteur Jean Marc Perrono de Dom King et la Fédération Béninoise de Boxe (FBB) dégénère. Le boxeur est déstabilisé. Quelques huit mois plus tard, il connaîtra la toute première défaite de sa carrière face au mexicain Alberto Garza à l’Arenna Monterrey au Mexico. Déçu et furieux, il est dépité, il accuse. Il veut renoncer. Mais solide guerrier, se relancera un an plus tard dans un combat qui a eu lieu à Cotonou.

Mieux, il décroche le premier trophée du Gala de Boxe de la Francophonie à Niamey. Mais toujours pas au mieux de sa forme en raison de la tension devenue persistante entre son promoteur , la fédé et lui, il connaîtra une nouvelle rechute. Cette fois-ci, son bourreau a pour nom Angelo Santana. Il tombe par K.O au cours d’un combat mortel.

Une fois encore, Justin Savi veut mettre un terme à sa carrière. Mais la passion plus forte que lui le ramène sur le ring. Malgré quelques tentatives de retour ponctuées par de retentissantes victoires, il décide enfin de faire un break. Mis en mal par le conflit qui se joue autour de sa personne, il préfère attendre la fin de son contrat prévue en 2015 avec son promoteur Dom King pour revenir à la compétition. Cette fois-ci, cela pourra être exclusivement dans le championnat français car malgré ses trente ans, le pugiliste reste encore très courtisé par de grands clubs français et américains et des promoteurs attitrés de boxe.

Mais pour lui, pas question de se précipiter. Car il faudra bien préparer l’après carrière. La prochaine destination sera donc celle de la confirmation et de la reconquête du temps et des titres perdus notamment le titre suprême WBC. En attendant quelques combats moins huppés dans la sous-région pour se maintenir prêts et compétitifs jusqu’en 2015. Des séances de formation dédiées aux jeunes pousses de l’académie « Indomptable Boxing Club » de Cotonou où lui-même s’est révélé.

Marié et père deux enfants, Justin Savi, qui rêve encore d’une nouvelle (seconde) et belle carrière internationale a déjà porté la boxe béninoise à un niveau planétaire jamais atteint auparavant. Il reste un exemple que les jeunes boxeurs rêvent d’imiter en attendant les honneurs de la République.


Bénin: Le Pardon ambigu de Yayi à Talon…

Boni Yayi et Patrice Talon
Boni Yayi et Patrice Talon

C’est la grosse actualité au Bénin. Le Chef de l’Etat s’est prononcé dans la soirée de ce mercredi en direct à la télévision nationale sur les supposées affaires d’atteinte à sa vie privée et à la sûreté de l’Etat. Des affaires qui défraient la chronique depuis Octobre 2012 et dans lesquelles l’homme d’affaires Patrice Talon est abondamment cité comme principal commanditaire. Contre toute attente, Boni Yayi renonce à sa plainte contre Talon et consorts et par la même occasion leur accorde son « pardon ». Mais un message truffé d’incompréhensions

Boni Yayi a-t-il sifflé la fin de la récréation ? Quelle mouche a-t-il bien piqué le Président de la République ? Qui a pu bien le convaincre de sa déclaration?

Ces questions, des millions de béninois se les posent depuis la retentissante sortie médiatique du chef de l’Etat à la télévision nationale dans la soirée de ce mercredi. Boni Yayi, légendairement connu au pays pour ses écarts et invectives a fait preuve d’une sagesse « mandelanesque » dans ces conflits judiciaires qui l’opposent à certains de ses compatriotes dont notamment l’homme d’affaires Patrice Talon. Ces derniers inculpés dans des affaires de « tentatives d’empoisonnement du chef de l’Etat » et «d’atteinte à la sûreté de l’Etat ».

Après maintes procédures judiciaires au retournement spectaculaire (mais pour la plupart du temps en défaveur du chef de l’Etat), Boni Yayi semble avoir pris de la hauteur. Au nom d’une « médiation » qu’auraient menée de hautes personnalités internationales dont notamment le Secrétaire Général de la Francophonie, Boni Yayi renonce à sa plainte. Il pardonne !

Et il s’engage publiquement à œuvrer pour que la justice puisse mettre un terme à ce long feuilleton devenu « insupportable » pour le pays.  Il exhorte d’ailleurs la clémence de l’appareil judiciaire pour que les conséquences se ressentent assez rapidement. Ce qui va s’en dire qu’on pourrait assister à la libération des détenus dans cette affaire et probablement (reste encore à ce que les conditions soient réunies) le retour au pays des personnes exilées dans le cadre de cette affaire.

Des mots qui ont semé comme on pouvait s’y attendre des sentiments de satisfaction dans l’opinion nationale. Enfin ! Ont crié les béninois au terme de ce discours du Chef de l’Etat car cela fait bien longtemps qu’ils espéraient la fin de ce feuilleton devenu asphyxiant pour le pays.  Le bras de fer Yayi-Talon aura été fatal autant pour l’économie nationale (l’opérateur économique détenant de grosses parts dans les secteurs vitaux de l’économie nationale), la quiétude nationale (car il a donné un lieu à un activisme politique assez dur et parfois violent des deux parties). Mais ce pardon comporte encore quelques zones d’ombres.

Les analyses…

Quelques instants après le discours télévisé de Boni Yayi, l’euphorie était à son comble. Normal car on peut crier au dénouement d’une affaire longtemps paralysante pour le pays. Mais est-ce l’épilogue. Tout dépendra de la justice. Mais certaines questions méritent d’être soulevées.

Il y a d’abord la grandeur d’esprit des deux hommes que certains médias ont qualifié de la « paix des braves ». En effet, Boni Yayi aurait pris sa décision en réponse à un regret exprimé par Patrice Talon « par écrit » auprès du Secrétaire Général de la Francophonie. Mais c’est bien à ce niveau que se posent les grosses interrogations ?

Que regrette Talon ? Nulle part dans sa déclaration, Boni Yayi n’a évoqué un regret explicite d’une tentative d’empoisonnement ou de coup d’Etat. La seule phrase dans laquelle il fait part du regret de Talon, l’homme aurait écrit « … je vous informe aujourd’hui, mes très chers compatriotes que Monsieur Patrice TALON a adressé à son Excellence le Président Abdou DIOUF, une correspondance dans laquelle il regrette sincèrement et profondément le fait qu’il ait pu nuire d’une manière ou d’une autre au Président de la République dans sa tentative de défense de ses intérêts. Il dit aussi regretter l’activisme politique qui a été le sien durant cette situation et s’engage à y mettre fin…» C’est donc bien loin d’être un aveu. D’ailleurs, les avocats de Patrice Talon ont bien précisé que leur client n’a jamais reconnu avoir intenté à la vie du chef de l’Etat.

Il y a eu aussi le son de cloche du député Eric Louis Houndété sur une radio locale du nord du Bénin. L’honorable très en verve dans l’opinion publique soutient que Boni Yayi avait le dos au mur.  « Il n’avait pas le choix. C’était le seul moyen pour lui d’espérer la participation des investisseurs à la Table Ronde sur l’Economie Béninoise qu’organise très prochainement le gouvernement en France. »

Des béninois sceptiques comme le député, il y en a eu aussi. D’autres préfèrent attendre les actes pour s’assurer que Boni Yayi a effectivement été conquis par l’esprit du pardon. D’ailleurs, ils espèrent deux choses : une rencontre entre Talon et Yayi lors de la prochaine visite du chef de l’Etat en France, la publication de la lettre que Patrice Talon aurait envoyée au Secrétaire Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Il y a aussi ceux qui pensent que Boni Yayi a voulu s’éviter la honte sur plusieurs plans. Il y a d’abord la procédure judiciaire qui ne lui sourit pas et cela pourrait bien être le cas malgré la dernière décision de la Cour Suprême. Ensuite, les soucis économiques du pays. Yayi a besoin de l’apport de Talon (du moins de ces nombreuses usines en cessation d’activité) pour l’égrenage du Coton, vital pour la survie de l’économie nationale.

Enfin il y a les proches de Boni Yayi qui célèbrent à leur manière le « Gandhi » béninois.


Bénin : Top 10 du vocabulaire politique sous Boni Yayi…

Dans le monde entier, chaque formation politique a son identité. Chaque homme politique, son style. Chaque régime présidentiel, sa marque de fabrique. Et chaque chef d’Etat, sa gouvernance politique. Boni Yayi, le président de la République du Bénin ne se déroge pas à cette tradition aussi vieille que le monde. Alliant démocratie, populisme voire même la « dictature du développement », le locataire du Palais de la Marina[1] tient à son rythme le pays depuis 2006. Une gouvernance à polémiques qui aura le mérite d’imposer au quotidien des Béninois certains mots abondamment utilisés dans la politique locale. Coup d’œil sur dix de ces mots (maux) qui font la gouvernance politique de Yayi.

Logo de l'Alliance Politique soutenant les actions de Boni Yayi.
Logo de l’Alliance politique soutenant les actions de Boni Yayi.

1-      Cauris : Coquillage originaire de l’océan Indien ayant servi de monnaie dans l’ancienne Afrique tropicale et encore utilisé dans les rites divinatoires, le cauris symbole de la richesse et de la prospérité, est usité par Boni Yayi pour la première fois lors de sa campagne en 2006. C’est aujourd’hui le logo de l’Alliance politique du chef de l’Etat inscrit dans un fond vert pour marquer le renouveau « espéré » du pays. Une manière pour l’ancien banquier qu’est Boni Yayi de montrer sa provenance professionnelle et d’afficher des ambitions de création effrénée de richesse pour le Bénin à sa prise de pouvoir. Qu’en est-il aujourd’hui ?

2-      Changement : Concept politique popularisé par Boni Yayi lors de la campagne présidentielle de 2006, le changement devrait permettre au pays au lendemain de sa première prestation de serment du 6 avril 2006 d’amorcer son développement socio-économique. Boni Yayi était le candidat de la rupture et de l’espoir. Mais ce changement aura-t-il été dans le sens positif ? Aura-t-il comblé les attentes ? Boni Yayi lui-même a été le premier à donner la réponse en mettant en vogue pour l’élection présidentielle de 2011 un nouveau concept politique

3-      Refondation : Ce fut sans aucun doute le grand aveu d’échec de Boni Yayi pour son premier quinquennat. Avec un régime, des collaborateurs et lui-même cités et impliqués dans nombre de scandales au sommet de l’Etat, Boni Yayi s’empresse de proposer aux Béninois un nouveau type de gouvernance politique. La Refondation qui devrait être pour le leader des Cauris le moyen d’amorcer enfin (après 2011) le réel Changement du pays. Trois ans après, les choses ont-elles vraiment évolué sous le régime ?

4-      Scandale : Sous le premier mandat de Boni Yayi, la tasse de thé des Béninois a été ces nombreux scandales qui éclaboussaient sans cesse le régime. Scandale politique, économique et financier, le régime aura battu, selon nombre d’observateurs le record. Des scandales qui à la lecture de la situation politique actuelle du pays connaissent encore des heures de gloire sous le régime de la Refondation. Suffisant pour qu’on chante au Bénin que du Changement à la Refondation, c’est du pipe au même.  Et pour s’en sauver, la solution magique de Boni Yayi reste depuis 2006 des limogeages presque fantaisistes.

5-      Limogeage : S’il y a un régime qui bat les records de limogeage au Bénin, c’est celui de Boni Yayi. En huit ans de présidence, Boni Yayi aura essayé plusieurs cartes et personnalités à la tête des institutions publiques, au sein de son cabinet et dans ses différentes équipes gouvernementales. Mais presque à chaque fois, les mêmes remarques de mauvaise gestion et des scandales qui accablent ces derniers et la suite tout le monde la connaît : un limogeage pur et simple. Champion des limogeages, Boni Yayi n’aura eu aucun scrupule en limogeant en juin 2013 tous les membres de son équipe gouvernementale. Une première dans l’histoire politique du Bénin. Des limogeages et des remplacements sans cesse qui sont bien loin de conduire le pays à la terre promise.

6-      Emergence : Faire du Bénin un pays émergent d’ici 2025, c’était la grosse promesse de campagne de Boni Yayi en 2006. Mais une promesse, encore loin d’être tenue au regard de tout ce qui fait le régime, semble bien être une grosse utopie. Même si le régime semble convaincu de son projet, le doute persiste. Ce qui justifie la guerre des chiffres autour des résultats économiques que le pays aurait réalisés ces deux dernières années. Mais pour le régime, l’émergence promise est aussi sous le signe de la prospérité partagée.

7-      Prospérité (partagée) : Si pour les soutiens du chef de l’Etat, l’émergence ne serait qu’une question de temps, il y a bien des signes évidents qu’elle n’est pour demain. Du moins, tous les Béninois ne vivent pas cette émergence de la même manière. Comme Boni Yayi lui-même l’a maintes fois reconnu, elle devrait être soutenue par une prospérité partagée. Tous les Béninois devraient jouir de cette émergence au quotidien mais hélas ! Seuls quelques projets sociaux lancés sous fond de populisme politique sont agités par les chantres du changement et les thuriféraires de la refondation comme des réalisations de la prospérité partagée. Et bien curieusement, le grand coupable de toute cette parodie managériale de Boni Yayi a un nom.

8-      Talon : Homme d’affaires béninois et ancien proche du chef de l’Etat, Patrice Talon a été cité plus d’une fois ces deux dernières années par le régime comme le grand coupable de la difficile situation économique et sociale du pays. Aujourd’hui en conflit avec Boni Yayi, c’est lui le grand démon du pays. Vilipendé de toute part par les indéfectibles soutiens de Boni Yayi, Patrice serait le talon d’Achille du régime.  Et le 27 janvier 2014, Boni Yayi aura lui-même déclaré qu’ « …avec 1 % de la fortune que dispose l’homme d’affaires à l’étranger, tous les problèmes du Bénin seront résolus… ». Est-ce qui justifie toutes ces tentatives supposées ?

9-      Tentative : Le premier des Béninois qui aura échappé à maintes tentatives ces dernières années a un nom. Boni Yayi, puisque c’est de lui qu’il s’agit devra rendre grâce à Dieu. En tout cas, ses proches l’ont si bien compris qu’ils ne cessent de multiplier les séances de prière presque au quotidien sur toute l’étendue du territoire en sa faveur. Boni Yayi, c’est d’abord l’homme qui aura échappé à une tentative de braquage (je dis bien braquage et non attentat comme l’ont raconté certains médias) moins d’un an après sa prise de pouvoir. Il est vrai que cette attaque des coupeurs de route jamais identifiés contre le convoi présidentiel en pleine campagne législative aurait pu tourner et mettre « le pays à feu et à sang », mais trop juste pour ces campagnes de compassion et de prière organisées plus tard dans tout le pays. Et les tentatives, Boni Yayi s’y échappe bien. Du moins, à en croire les jacassements du régime. Les dernières en date sont celles d’ « empoissonnement » et de « coup d’Etat » qu’auraient commanditées l’homme d’affaires Patrice Talon. Mais bien malin, Boni Yayi sait convaincre plus d’un Béninois de ces affaires. La stratégie, elle est bien simple.

10-  Populisme : C’est encore appelé au Bénin, la méthode Yayi. Cette trouvaille du chef de l’Etat lui profite si bien qu’il ne peut s’en défaire. Depuis 2006, l’homme contrôle d’une main de fer les médias publics qui n’ont d’autres choix que chanter les mérites et les réalisations très souvent en promesse du régime. Voyages, audiences, Conseils des ministres, décrets présidentiels, arrêtés ministériels, et même des histoires loufoques sont diffusés et repris à longueur de journée sur les médias publics et quelques privés « achetés » à prix d’or par le régime. Et au même moment, Boni Yayi lui, ses ministres et autres proches ne se lassent point d’aller prendre le bain de foule dans tous les coins de rue du pays. Dernière trouvaille en date, un Conseil de ministres tournant qui crée le buzz au pays.

Il n’y a donc point de doute, Boni Yayi est bien loin d’accomplir à moins de deux ans de la fin de son dernier mandat constitutionnel ses nombreuses ambitions pour le pays. Même si ses partisans le présentent comme le président qui aura le plus contribué au développement du pays, les faits ne lui donnent toujours pas raison. Et l’opposition ne cesse de menacer (même si le ton a baissé) d’une retraite calamiteuse sur fond de poursuite judiciaire pour celui qu’on appelle au Bénin, le Buffle de Tchaourou.



[1] Nom donné au Palais de la Présidence du Bénin


Abidjan, je me souviens !

Pour mes lecteurs qui s’en doutaient encore, je me permets par ces lignes écrites dans une pleine émotion de vous rassurer que mon séjour à Abidjan restera mémorable dans mes pensées de pigeon voyageur. Pour moi qui ai eu la chance de visiter une quinzaine de pays sur le continent africain et dans le monde, la Côte d’Ivoire ne devrait plus attendre longtemps.

Photo de Famille des Mondoblogueurs présents à Abidjan..
Photo de Famille des Mondoblogueurs présents à Abidjan..

De la formation Mondoblog, de mes petites virées entre amis ivoiriens et autres découvertes, le voyage au pays des éléphants aura tout son sens dans ma vie de blogueur et d’amoureux de fortes sensations.

Abidjan, je me souviens comme une de ses belles occasions qui s’est offerte à moi pour découvrir le monde francophone dans toute sa diversité. Ces francophones venus de partout même des endroits incroyables du globe comme Arthur et Stéphane qui m’ont convaincu que tout n’est pas autant perdu pour la langue française. Elle s’exprime encore à plusieurs bouts du monde.

Abidjan, je me souviens comme un instant de retrouvailles entre une famille planétaire de blogueurs francophones. Et pour une fois, une famille presque au grand complet. Ah oui ! Même le patriarche était passé nous voir et partager avec 67 de ses enfants que nous étions sa longue expérience. Aussi nous a-t-il exprimé sa fierté de nous voir honorer au quotidien son œuvre.

Abidjan, je me souviens comme un moment de partage et d’immersion encore plus poussée dans un monde nouveau, mais déjà vieux pour certains de la blogosphère et des médias sociaux. Chose qui n’aura été possible que par le génie de cette formidable équipe de Radio France Internationale et de Mondoblog conduite par le chef d’orchestre Ziad Maalouf.

Abidjan, je me souviens comme un territoire par excellence de la conception. Là-bas, on est souvent bien inspiré. Du Zouglou au Mapouka, du Coupé décalé au Yorobo, Abidjan n’a pas manqué de me convaincre qu’elle reste une terre de l’innovation, de la création des tendances. La preuve avec ce free jumping lancé par le blogueur ivoirien Cyriaque Gbogou qui séduit plus d’une personne dans le monde. Et les mondoblogueurs ne se sont pas empêchés de s’y essayer.

Le blogueur centrafricain Baba Mahamat au Free Jumping...
Le blogueur centrafricain Baba Mahamat au free jumping…

Abidjan, je me souviens comme une ville de la gaieté, de la bonne ambiance. Là-bas, le bonheur pouvait se lire aisément sur le visage des populations. Que dire de leur fierté de s’affirmer Ivoirien et de surcroît Abidjanais. Même le nouchi seul suffit pour vous en convaincre.

Abidjan, je me souviens comme une destination touristique par excellence. Dans les airs, comme à l’aéroport, vous pourriez déjà vous donner le goût de ne point quitter ce pays aussi fabuleux que l’ivoire. Stéphane Hüet ne pourra me dire le contraire.

Abidjan, je me souviens comme une ville qui m’a vu élever au rang d’ambassadeur de bonne volonté de l’Office national de Tourisme de Côte d’Ivoire. Des honneurs symboliques pleins de sens et teintés de la grande marque d’hospitalité des Ivoiriens.

Autant de souvenirs sur Abidjan qui font chanter depuis à mon esprit « Côte d’Ivoire, je reviendrai ! »

Et suffisant pour dire comme l’autre « … Même Paris connaît, Abidjan est le coin le plus doux au monde ».


Bénin : Boni Yayi et l’obsession des minerais !

Boni Yayi, président de la République du Bénin, Source: Jeune Afrique
Boni Yayi, président de la République du Bénin, Source: Jeune Afrique

S’il y avait des démons qui hantent la quiétude du chef de l’Etat béninois, celui des ressources minières et pétrolières y figurerait. Et Boni Yayi ne manque pas d’en donner la preuve

Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, le président de la République du Bénin s’est fait un lourd pari. Il a même juré à maintes reprises y arriver. Sous son règne, le Bénin doit enfin retrouver « ses ressources » minières qui lui y échappent depuis de longues années.

En effet, à l’exception de quelques pseudo-ressources minières que les Béninois découvrent et apprennent dans leur cursus scolaire, le pays ne dispose vraiment pas d’un réservoir minier à l’instar des autres pays de la sous-région. Même le calcaire qui existerait en abondance au sud-est du pays ne permet pas encore de couvrir la consommation locale en ciment. Et nombre de Bbéninois sont encore contraints à l’achat du ciment importé.

Il n’en fallait pas plus pour que Boni Yayi, à la faveur de sa tumultueuse réélection de 2011 lance tout le pays dans une vaste opération d’exploration minière. Des milliards de francs Cfa engloutis dans la création d’un ministère de Recherche minière et pétrolière, dans une opération de scanning géophysique et géostatique du sous-sol national, d’exploration des gisements pétroliers offshore en haute mer, d’évaluation du potentiel minier du pays.

Des opérations qui durent depuis des mois déjà sans résultats convaincants à l’exception de quelques shows médiatiques à la télévision nationale ou au palais présidentiel. Et les Béninois se souviennent tous de ce gobelet présenté au chef de l’Etat par le ministre du Pétrole et des Mines supposé contenir un échantillon du pétrole repéré au large des côtes béninoises.

Pour Boni Yayi, le Bénin n’a commis aucun crime divin pour être privé de ressources minières. Mieux encore, il ne peut avoir pour lui de justificatif qu’un pays qui, avant la tectonique des plaques, est rattaché au continent américain notamment au Brésil ne puisse posséder un gisement offshore de pétrole dans son bassin marin.

Sans jamais se relâcher, il a même fait organiser illico presto une conférence internationale d’investissement dans le secteur des mines, de l’énergie et du pétrole au Bénin. Et son discours à l’ouverture des travaux de cette conférence en dit long sur une conviction inébranlable que le Bénin est un réservoir minier pour lequel des investisseurs (en tout cas ceux ayant le goût du risque) de s’intéresser au sous- sol du pays.

Mais cette folle course engagée par le gouvernement ne fait pas autant l’unanimité au sein de l’opinion publique. Chacun y va de son analyse, mais tous semblent dénoncer une opération onéreuse aux lendemains incertains.


Pour son retour au Sénégal, Qui pour résoudre l’équation « Abdoulaye Wade »?

Wade en pleine campagne électorale en 2012, Source: Le Figaro
Wade en pleine campagne électorale en 2012, Source: Le Figaro

Plus de doute, le vieux arrive ! Sauf retournement de dernière minute, l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade foulera ce 25 avril 2014 le tarmac de l’aéroport international de Dakar. Un retour à multiples inconnues !

Il aurait pu être à Dakar depuis mercredi dernier. Mais Abdoulaye Wade devra attendre ce vendredi pour retrouver sa terre adorée du Sénégal. Un retour qui agite le débat public dans le pays de la Teranga. Un retour après plus de 22 mois d’absence du pays qui fait monter le mercure dans toutes les arènes du pays.

Mais pourquoi un retour si « médiatisé » de l’ancien président au Sénégal ? Abdoulaye Wade ne manque pas une seule occasion pour faire de son retour l’événement le plus populaire de l’année au Sénégal. En attendant bien sûr le Sommet de la Francophonie. Mais un retour de « pop star » à multiples inconnues.

Si « Gorgui » (le vieux en wolof) annonce que son retour est hautement politique, la situation de son fils Karim Wade emprisonné depuis octobre 2012 fait de ce retour un casse-tête pour nombre d’acteurs publics du Sénégal.

Abdoulaye Wade et Macky Sall
Abdoulaye Wade et Macky Sall

Même si l’actuel gouvernement du Sénégal se montre imperturbable face à ce come-back de Wade père, les nombreuses restrictions faites aux militants du « vieux » sur les différentes activités publiques prévues pour marquer le retour de ce dernier en montre toute une autre facette. Abdoulaye Wade ferait bien « trembler » la famille politique de Macky Sall. Et elle semble en panne d’inspiration pour contrecarrer le réveil politique qui naîtra la présence de Wade au pays. Surtout que celui-ci, resté longtemps silencieux depuis sa défaite de 2012 ne manque pas depuis quelques jours d’attaquer « violemment » et « directement » le régime de son successeur. Mais ce retour profite-t-il autant aux militants du parti politique de Abdoulaye Wade ?

C’est bien l’autre interrogation que suscite le come-back « politique » de Abdoulaye Wade. Il est vrai que l’expérience et la fougue politique populairement connues au « vieux » pourraient être bien utiles à sa famille politique en forte hibernation. En effet, le Parti démocratique sénégalais (PDS) enchaîne depuis 2012 des échecs politiques qui lui ont totalement fait perdre du terrain. Et il avait besoin d’un nouveau souffle pour sa régénération.  Mais est-ce celui de Abdoulaye Wade ? Pas si sûr, car les pratiques de gouvernance politique de Wade n’ont toujours pas fait l’unanimité au sein du parti. On se souvient tous au PDS de sa tentative effrénée d’« imposer » les responsables du parti, d’assurer une succession héritière à la tête du pays à son fils Karim Wade. Autant d’éléments qui ont été à l’origine de la débâcle politique du parti. Mieux encore, ce retour en triomphe de Wade pourrait bien ravir la vedette à ceux qui depuis sa « fuite » de Dakar travaillent inlassablement pour le maintien en vie du parti. A eux aussi, difficile de résoudre l’équation Abdoulaye Wade.

Abdoulaye Wade et son fils à Dakar, Photo d'Archives AFP
Abdoulaye Wade et son fils à Dakar, Photo d’Archives AFP

Et plus étonnant, c’est dans l’entourage de Abdoulaye Wade que le retour du « vieux » inquiète. En effet, ceux-ci qui s’impatientent très peu de son retour s’inquièteraient qu’il fasse « obstruction »  à la procédure judiciaire dans laquelle son fils Karim est mis en cause. A quoi jouera Abdoulaye Wade sur ce délicat dossier ? Aux avocats publics de son fils ? Juste à un père qui pourrait rendre visite à son fils en prison ? C’est encore tout le grand mystère dans la gestion de ce dossier par Abdoulaye Wade. Une chose est certaine, il serait bien difficile que Wade ne se prononce pas sur le dossier, lui qui clame haut et fort l’ « innocence » de son fils victime d’une « chasse aux sorcières » et d « un règlement de compte politique ». Du coup, on se demande si la défense de Karim Wade pourrait bien arriver à canaliser la fougue du « vieux » sur ce dossier. Difficile équation !

Autant de choses qui démontrent clairement que l’homme est resté égal à lui-même depuis son départ du pouvoir. Car Abdoulaye Wade, c’est un enchaînement de mystère, de déclarations tapageuses, de populisme légendaire et même de provocation directe depuis des années…


Pourquoi tant d’avocats « blancs » pour nos « diables » africains ?

avocatssL’Afrique, c’est un continent d’élites. C’est un continent d’intellectuels et de cadres émérites. Ils sont bien des milliers ces enfants qui font la fierté du continent « noir » dans les grandes académies et universités occidentales. Nombreux sont ces enfants du continent qui ne cessent de rehausser l’image d’un continent toujours en quête du souffle positif.

Mais hélas ! Tous ces sacrifices et mérites ne sont toujours pas reconnus à leur juste valeur de la même manière sur le continent. S’il y a bien un domaine dans lequel les compétences des Africains sont méchamment ignorées par les Africains « les plus forts », c’est bien la justice.

En effet, ils ne cessent d’augmenter le nombre de leaders africains (peu importe le secteur) qui se dérobent des compétences des avocats africains. Une pratique en vogue qui « entache » la réputation de centaines d’Africains formés pour la plupart dans les mêmes conditions que leurs confrères « blancs ».

Et la frange de la population africaine qui excelle dans le recours à des avocats-conseils ou de défense venus de « chez le blanc », est bien tristement celle des gros bonnets du continent. Ceux-ci qui devraient montrer l’exemple en soutenant le mérite de leurs compatriotes.

Politiciens, hommes d’affaires africains ont un goût très poussé pour le luxe occidental. Un amour aliénant dont ils ne sont pas encore prêts à se débarrasser.

Dans les palais de présidence en Afrique, les avocats qui ont la cote sont ceux venus de l’Occident. Pour les pays francophones d’Afrique, le consortium international d’avocats des chefs d’Etat se réduit assez vite à un conglomérat d’avocats français. Et le trompe-œil parfait est juste d’y infiltrer un avocat « africain » pour jouer assez tristement et bien souvent à la « figuration » ou au « communicant » du palais au pays pour des affaires loufoques.

Les affaires juridiques « Talon-Yayi » auront permis aux Béninois de découvrir la triste réalité d’un système de défense d’Africains verrouillé par des « barreautiers » blancs en général et français de surcroît. Chacune des deux parties ayant systématiquement recours à des avocats français pour assurer sa défense.

Même si dans le cas de ces affaires, il existe un bémol puisque la bataille juridique se jouait autant en France qu’au Bénin, on réalise qu’il y a bien des affaires africano-africaines où tout est confié à des consortiums d’avocats français.

Une grosse aberration ! Et c’est un secret de polichinelle que les honoraires de ces avocats « blancs » s’évaluent à des milliers d’euros bien devant ceux de leurs confrères d’Afrique. A chacune de leur visite sur le continent, billet d’avion, chambre d’hôtel, primes de séjour sont assurés par leurs « clients » africains.

Et pourtant, rien ne fait changer la roue. Dans sa livraison N° 680 du 9 avril 2014, La Lettre de Continent a fait la liste de ces affaires africaines qui font jaser les robes noires de France. Mieux encore, ils sont bien nombreux ces leaders africains à se bousculer aux portes des cabinets d’avocats français. « L’Afrique est tout simplement devenue le nouvel eldorado des avocats français » renseignait l’Express…

Ce grand intérêt des grandes figures africaines pour les avocats occidentaux est-il le signe de l’impérialisme de l’Occident en Afrique ? Et pourquoi ce recours systématique et massif à des étrangers ? Est-ce le symbole de la grande méfiance entre Africains ?

Une chose est bien sûre, il a tout d’une insolence envers les blouses noires africaines que le prix d’une certaine « incompétence » de ces derniers. Heureusement que de célèbres, intelligents et incontournables avocats, l’Afrique en a connu et en connaîtra toujours…


Vieux, malades et présidents…

Photo de famille des présidents africains, Juin 2009, Source: Afriscoop.net
Photo de famille des présidents africains publiée en Juin 2009, Source: Afriscoop.net

En Afrique, la liste des chefs d’Etat de troisième âge ne cesse de s’allonger. Peu importe la région où l’on se trouve sur le continent, il y a au moins un dans la catégorie des chefs d’Etats ou de Gouvernement qui flirte avec la mort. Et pourtant ils s’accrochent au pouvoir.

Avec son cuir-chevelure singulier, Abdoulaye Wade se distingue comme un recordman des chefs d’Etats les plus vieux du monde. Le Gorgui (Vieux en Wolof) ne s’en plaignait sans doute pas. A plus de 85 ans, l’ancien président du Sénégal avait encore nourri les intentions de se maintenir au pouvoir. La suite, tout le monde la connait.

Mais au grand jamais, il n’aura été le seul sur le continent à jouer dans la cour des plus vieux chefs d’Etat. Une vieillesse qui s’accommode assez parfaitement avec une longévité étonnante au pouvoir.

Le Président Abdelaziz Bouteflika votant dans fauteuil roulant.. (Alger, Avril 2014)
Le Président Abdelaziz Bouteflika votant dans fauteuil roulant.. (Alger, Avril 2014)

Malgré sa « jeunesse » par rapport à d’autres dinosaures du continent, l’algérien Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, rentre dans l’histoire. Mieux encore, dans le livre des records de Guinness. Sauf catastrophe, il sera le premier chef d’Etat élu depuis un fauteuil de « malade » dans le monde. Certes, le vénézuélien Hugo Chavez en avait fait presque autant d’un lit d’hôpital mais le leader de la révolution bolivarienne avait le mérite d’avoir battu campagne pour sa réélection. Ce que ne fit guère Abdelaziz Bouteflika pour les élections présidentielles en Algérie. Sa campagne étant conduite intégralement par ses proches lieutenants.Mais en attendant, la palme d’or de la « vieillesse » revient incontestablement au très controversé président zimbabwéen Robert Mugabe. A 90 ans, l’homme fort de Hararé est le doyen des chefs d’Etat du continent. Une position qu’il détient depuis plusieurs années.

Dans cette cohorte de « vieux » présidents, on distingue nombre de chefs d’Etats de l’Afrique Centrale et de l’Est. Le Camerounais Paul Biya, aujourd’hui âgé de plus 80 ans est en « lead » position dans le classement des papys au pouvoir en Afrique.

En Afrique de l’Ouest, c’est à une femme, la toute première élue présidente du continent que revient la couronne. A 76 ans, Ellen Johnson-Sirleaf assure vaille que vaille son rôle de président-mémé du Liberia. « Vaincu » par le poids de l’âge mais « résistant », l’ivoirien Alassane Dramane Ouattara « ADO » qui a subi tout récemment une opération de sciatique en France répond bien logiquement avec ses 72 ans à l’appel des plus vieux chefs d’Etat du Continent. Un contraste puisqu’il n’est arrivé au pouvoir qu’en 2010. Dans le Maghreb, c’est un vrai mélange bien loin d’être homogène. Si la Tunisie et le Maroc peuvent se prévaloir d’avoir à leur tête des présidents « jeunes », l’Egypte doit faire avec le retour en force des vieux barons du régime Moubarak de la période d’avant révolution. Le soudanais Omar El-Béchir a aussi toute sa place sur la short liste pour ses 70 bougies.

Bien avant ces derniers, le continent a toujours connu plusieurs présidents de plus de 70 ans ayant régné sans partage sur des décennies sur leur pays. Dans ce registre, le gabonais Omar Bongo est un illustre monument avec 41 ans passés à la tête de son pays. L’ancien locataire du palais de bord de mer à Libreville est mort à 73 ans. Chassé du pouvoir par le printemps arabe, l’égyptien Hosni Moubarak qui aura passé vingt bonnes années aux commandes de son pays, l’aura quitté à 83 ans.

Et comme si dans le monde, il faut être vieux pour mieux gouverner, la moyenne d’âge des Chefs d’Etats et de Gouvernement est de 61 ans. Une belle alchimie qui « empoisonnerait » les rêves de la jeunesse dans nombre de pays où la sagesse « rétrograde » de la gérontocratie a fini par conduire ces pays dans l’abîme.

L’autre point commun de toutes ces « momies » qui gouvernent l’Afrique est leur étant de santé défaillant. Du coup, ce sont des millions de francs des contribuables qui sont dépensés chaque année pour leurs soins de santé.