AFFOKPE


Journée Mondiale de l’alimentation 2016 : le climat change, l’alimentation et l’agriculture aussi

Le changement climatique affecte sévèrement la sécurité alimentaire. Parmi les 800 millions de personnes victimes de sous-alimentation chronique dans le monde, beaucoup sont des petits agriculteurs, des pêcheurs ou encore des éleveurs. Ce sont également les premières victimes de la hausse des températures et des catastrophes climatiques dont la fréquence et l’intensité ne cessent d’augmenter, exacerbées par le réchauffement de la planète. Sans une action concertée visant à renforcer la résilience, il sera difficile pour une grande partie des populations les plus pauvres et les plus vulnérables, de produire des aliments et de générer des revenus suffisants pour nourrir leurs familles.

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Champ de riz détruit par la sécheresse à Toffo (Benin, 2015)

Il est impossible de parvenir à un développement social et économique sans sécurité alimentaire. Le changement climatique menace également la stabilité des prix des denrées alimentaires. L’irrégularité des précipitations et des températures et les phénomènes météorologiques extrêmes pourraient se traduire, d’ici la fin du siècle, par une forte baisse des rendements en ce qui concerne les principales cultures (maïs, blé, riz et soja), avec des effets généralisés sur la sécurité alimentaire et les prix des aliments.
Les secteurs agricoles tels que l’agriculture, l’élevage, les forêts, la pêche ou encore l’aquaculture – peuvent jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre le changement climatique. En adoptant des pratiques agricoles durables adaptées aux contextes locaux, les petits exploitants pourront augmenter leur productivité et leurs revenus tout en renforçant la résilience de leurs activités et de leurs recettes face à la variabilité climatique. Des stratégies d’adaptation de ce type sont essentielles pour combattre la pauvreté et la faim face au changement climatique.
Les secteurs agricoles consomment environ 70 pour cent de l’eau mondiale et ont un impact considérable sur la santé des sols, des forêts et des services offerts par l’écosystème. Les pratiques agricoles durables qui améliorent la santé des écosystèmes et la gestion des ressources naturelles sont susceptibles de freiner, voire d’inverser le processus de surexploitation des ressources et de dégradation des écosystèmes.
Les secteurs agricoles émettent de 20 à 25 pour cent des gaz à effet de serre (GES). Les pratiques agricoles durables peuvent accroître la productivité et la résilience, réduire l’intensité des émissions de GES, freiner la déforestation et améliorer la santé des sols, des paysages et des forêts – qui sont tous des piégeurs de carbone. Tous ces avantages induits par l’atténuation des émissions des gaz peuvent souvent être obtenus à un coût minime ou nul, sans entraver le développement agricole.

Source: www.fao.org


Le fonio au Bénin : une spécialité de l’Atacora.


Au Bénin, le fonio (Digitaria exilis) est produit dans la région de Natitingou, chef-lieu du département de l’Atacora, situé au nord-ouest du pays. C’est une zone de petites montagnes (la chaîne de l’Atacora culmine à 658 m) au climat soudano-guinéen, avec une saison humide de juin à octobre donnant une pluviométrie moyenne annuelle de 1 000 à 1 300 mm. Cette région, au fort potentiel touristique en raison du patrimoine architectural Somba, a une économie essentiellement agricole.

Champ de fonio
Champ de fonio à Natitingou au Nord Ouest du Bénin.

Elle produit du mil, du sorgho, du niébé, de l’igname, du manioc, de l’arachide et plus récemment du maïs et du coton. Le riz est cultivé dans certains bas-fonds et le fonio est encore présent dans quelques zones de l’Atacora, où il semble néanmoins en régression constante depuis l’introduction de variétés hâtives de maïs.

La pénibilité des tâches de transformation du fonio est l’une des principales raisons de son abandon progressif. Seule la commune de Boukoumbé assure l’essentiel de la production de la région, soit environ 1 500 t pour 2 500 ha cultivés, avec des rendements moyens voisins de 600 kg/ha.

Dans cette zone de piémont, proche de la frontière togolaise, le fonio représente encore plus de 20 % des surfaces cultivées, car il conserve une importance socioculturelle forte pour certains groupes ethniques somba, comme le peuple otammari.

Plaque indiquant la commune de Boukombé, principale région de production du Fonio au Bénin
Commune de Boukombé dans le département de l’Atacora : principal « grenier » du fonio au Bénin

Même si, à l’instar du mil, du sorgho et du riz, le fonio représente, pour eux, une graine à consommation « masculine », on observe une très forte implication des femmes dans les opérations culturales et plus encore dans les opérations post-récolte.
Comme dans la plupart des zones de production, les producteurs du village de Kouya, proche de la frontière togolaise, reconnaissent utiliser trois types de variétés selon la durée de leur cycle de culture : une variété précoce appelée Kouatnanfa ; une variété intermédiaire, Ipordawan ; une variété tardive, Ipo n’kouani ou « fonio lépreux », difficile à décortiquer, mais qui donne un fonio bien blanc. Une autre variété, Ikantoni,; extra-précoce, est moins fréquente. Ces différentes variétés, récoltées à des périodes différentes entre août et septembre, sont toujours stockées séparément. Le fonio, appelé « ipoaga » en langue ditamari, est en grande partie destiné à l’autoconsommation et reste, encore aujourd’hui, considéré comme une céréale de soudure. L’offre est, de ce fait, dispersée et relativement faible sur le marché car il n’y a pas de réels circuits de commercialisation.

Source : Le fonio, une céréale africaine, Jean-François CRUZ, Famoï BEAVOGUI avec la collaboration de Djibril DRAME, Éditions Quæ, CTA, Presses agronomiques de Gembloux, pages 39 et 40.


Le décorticage du fonio : de l’ombre à la lumière !

Le fonio est une céréale exclusivement cultivée en Afrique de l’Ouest. Il se distingue des autres céréales connues (maïs, riz, sorgho, mil, blé, etc.) par l’extraordinaire petitesse de ses grains. De plus, les grains de fonio qui, comme les grains de riz, sont pourvus d’une enveloppe extérieure non comestible (balle) doivent être décortiqués avant transformation, préparation ou consommation. Et c’est là que réside la difficulté avec cette petite céréale.

Extrémité dʼune gerbe de fonio (Source: Enda Pronat) et des grains de fonio fortement agrandis
Extrémité dʼune gerbe de fonio (Source: Enda Pronat) et des grains de fonio fortement aggrandis

 

En effet, le décorticage du fonio se faisait autrefois (et même dans certaines régions aujourd’hui encore, comme dans la région de Korontière au Bénin) au mortier et au pilon. Les femmes devraient procéder à trois ou quatre pilages successifs avant de disposer du fonio pour leur préparation. Et ça, c’était sans compter l’étape tout aussi harassante du lavage, compte tenu de la présence inéluctable de sable dans les grains – certaines femmes ajoutant même, au cours du pilage, le sable comme abrasif pour faciliter l’élimination des enveloppes protectrices. C’est cette pénibilité de la transformation artisanale qui a longtemps freiné la valorisation du fonio, qui pourtant est la plus ancienne céréale connue en Afrique de l’Ouest.

Heureusement, les chercheurs veillaient au « grain », et opinaient sur les améliorations techniques et technologiques en vue de faciliter la transformation du fonio.

Et le premier éclair de génie vint du Sénégal. En 1993, le professeur Sanoussi Diakité mis au point la première décortiqueuse spéciale pour le fonio.  Cette décortiqueuse, nommée du nom de son concepteur (Décortiqueuse SANOUSSI) a permis de réduire de façon considérable le temps de travail des femmes. En effet, elle était capable de traiter 5 kg de fonio en 8 minutes (comparé au décorticage manuel 2h de temps pour 2.5 kg) avec un taux de décorticage-blanchiment de 99%, un rendement moyen de 65% et un taux de brisure de 1%. Ceci permit alors d’améliorer le niveau de transformation et de mise en marché du fonio.

Décortiqueuses de fonio SANOUSSI
Décortiqueuses de fonio SANOUSSI

 

Cette innovation a valu plusieurs récompenses, tant nationales qu’internationales dont voici quelques-unes :

  • le Grand prix du Salon africain et de l’innovation, en 1997
  • Tech Awards des Etats-Unis en 2008
  • Prix de l’innovation sociale à l’occasion de l’édition 2013 du Prix de l’innovation pour l’Afrique (PIA)

Notons par ailleurs que l’invention est actuellement brevetée à l’OAPI.

Toujours dans cette dynamique, un projet d’amélioration des technologies post-récolte du fonio a été financé par le CFC (Common Fund for Commodities) de 1999 à 2004. Placé sous l’égide de la FAO, ce projet régional a associé les instituts nationaux de recherche du Mali (IER, Institut d’Economie Rurale), de la Guinée (IRAG, Institut de Recherche Agronomique de Guinée), du Burkina (IRSAT, Institut de Recherche en Sciences Appliquées et Technologie) et le CIRAD qui a été l’agence d’exécution. Les études techniques ont abouti à la mise au point d’une décortiqueuse-blanchisseuse «GMBF1», de type «engelberg» adaptée aux dimensions et aux particularités du grain de fonio.

Décortiqueuses de fonio GMBF, à gauche la version Diesel, à droite la version électrique
Décortiqueuses de fonio GMBF, à gauche la version Diesel, à droite la version électrique (Cliché Claude MAROUZE_CIRAD)

 

Cette décortiqueuse est équipée d’un canal de vannage qui permet l’aspiration des sons à la sortie des grains. Les performances obtenues sont encore meilleures, tant en matière de débit (100-120 kg/h), qu’en terme de rendement au décorticage (66-72%) et de qualité de décorticage. Le taux de paddy ne dépasse pas 0,5%, le taux de brisures 5% et le taux de dégermage est voisin de celui obtenu avec le pilon.

Pour accompagner cette décortiqueuse, il a été également mis au point un Crible Rotatif Manuel Court CRMC afin d’éliminer les impuretés plus grosses ou plus petites que les grains à calibrer avant le décorticage. Le débit de cette cible est de 150 kg de fonio par heure.

Crible Rotatif Manuel Court
Crible Rotatif Manuel Court (Cliché Michel RIVIER_CIRAD)

 

Autrefois très fastidieuse, le décorticage du fonio est largement facilité aujourd’hui par les nombreux équipements mis au point par la recherche. Il est progressivement passé de l’ombre à la lumière et le fonio pourra dorénavant tenir toute la place qui lui revient dans le quotidien des peuples Ouest-africains.

 

 

1GMBF : initiales des noms des quatre pays ayant collaboré pour la mise au point de la décortiqueuse (G pour Guinée, M pour Mali, B pour Burkina et F pour France)

Pour plus d’informations, visiter le site wed du CIRAD sur le fonio.

 


Fonio : la céréale pour l’Afrique de demain

Les espèces alimentaires négligées et sous-utilisées (NUS) jouent un rôle crucial dans la lutte contre la faim et la sécurité alimentaire de millions d’êtres humains travers le monde. Elles représentent une ressource essentielle pour le développement agricole et la lutte contre la pauvreté, surtout dans les régions rurales. C’est le cas du fonio (Digitaria exilis, Staff), une céréale africaine de la famille des graminées qui malgré son potentiel tant sur le plan agronomique que nutritionnel reste très peu connu et exploité.

Le fonio : une céréale séculaire, mais sous-utilisée

Epis de fonio
Epis de fonio

Le fonio est une céréale dite « vêtue » dont le grain après battage reste entouré de glumes et de glumelles comme le riz. Ce produit est appelé « fonio paddy » ou « fonio brut ». Le fonio est bien plus petit que les autres céréales habituellement cultivées. Le grain paddy, de forme ovoïde, ne mesure en effet que 1 à 1,5 mm de longueur. La masse de 1000 grains de fonio est d’environ 0,5 g. En comparaison, 1000 grains de maïs, de sorgho ou de riz peuvent peser respectivement 330 g, 27 g et 22 g (Affokpe, 2013).

Le fonio parmi quelques autres céréales (JF Cruz, 2004)
Le fonio parmi quelques autres céréales (JF Cruz)

Cette très petite taille du grain rendait autrefois les opérations de  transformation longues et pénibles pour les femmes. Cette difficulté de transformation a longtemps réduit le fonio à l’état de céréale marginale. Mais aujourd’hui, des recherches ont permis de mécaniser plusieurs étapes de sa transformation pour mieux le valoriser sur les marchés urbains, où il est particulièrement apprécié. Ces améliorations portant notamment sur le vannage et le décorticage du fonio.

Le fonio : la céréale de l’Afrique

L’aire de culture du fonio s’étend du Sénégal au lac Tchad, mais c’est surtout en Guinée, dans les régions montagneuses du Fouta Djalon, qu’il constitue l’une des bases de l’alimentation des populations. On le rencontre également au Mali, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Nigeria, au Sénégal, au Niger, au Bénin, au Togo et en Guinée- Bissau.

Aire de production du fonio en Afrique de l’Ouest (Vodouhè et al., 2007)
Aire de production du fonio en Afrique de l’Ouest (Vodouhè et al., 2007)

En 2012, la production du fonio avoisinait 600 000 tonnes (FAOSTAT, 2012), ce qui permettait d’assurer l’alimentation de plusieurs millions d’êtres humains durant les mois les plus difficiles du point de vue des ressources alimentaires. Les rendements moyens sont relativement faibles (600 à 700 kg/ha) en comparaison avec les autres céréales. Cependant, l’application suffisante de fumure organique et un désherbage plus récurrent accroissent le rendement moyen du fonio à 700-800 kg/ha voire 1t/ha (Vall et al, 2011).

Une céréale rustique et parfaitement adaptée aux défis climatiques

Le fonio est généralement cultivé sur des terres légères, sableuses ou caillouteuses, car il est peu exigeant et s’accommode de sols pauvres ou des mauvais terrains notamment pour les variétés tardives (Cruz, 2004). Cette petite plante est très rustique et résiste bien à la sécheresse et aux fortes pluies et de ce fait est parfaitement adaptée au contexte actuel de changement climatique et des défis environnementaux. Selon les variétés, le cycle cultural varie de 70 à 150 jours et celles à cycle très court (70 à 85 jours) permettent des récoltes précoces assurant ainsi la soudure jusqu’à la récolte d’autres productions (Cruz 2004). Ainsi, pendant les quelques mois critiques de « soudure », le fonio devient alors « la graine de vie », et permet d’assurer une transition alimentaire vitale pour les populations lorsque les autres céréales sont encore immatures et que les réserves de l’année précédente sont épuisées. Le changement climatique par ses effets affecte le rendement et donc la disponibilité des céréales majeures pour assurer la sécurité alimentaire.

Une céréale aussi riche, voire plus riche que le riz

Le fonio, qui a longtemps été considéré comme une céréale mineure, la « céréale du pauvre », connaît aujourd’hui un regain d’intérêt en zone urbaine en raison des qualités gustatives et nutritionnelles que lui reconnaissent les consommateurs.

Composition du fonio et de quelques céréales
Composition du fonio et de quelques céréales (Fliedel et al., 2004)

La composition du fonio est globalement voisine de celle des autres céréales et plus particulièrement du riz. Des études histologiques ont montré que le grain de fonio, comme celui de toutes les autres céréales, possède un germe qui contient l’essentiel des réserves lipidiques et un albumen riche en réserves amylacées, les protéines étant surtout concentrées à la périphérie au niveau de la couche à aleurone avec un gradient de concentration décroissant vers le centre. Par rapport aux autres céréales, le fonio est moins riche en protéines, mais il est réputé pour ses fortes teneurs en acides aminés indispensables comme la méthionine et la cystine.

Une diversité de modes de consommation

Le fonio est habituellement consommé sous forme de couscous ou de bouillies, mais de nombreuses autres préparations culinaires sont possibles (salades, gâteaux, beignets…). Le fonio est une denrée très appréciée au plan culinaire et diététique. Réputée comme une céréale très savoureuse, sa finesse et ses qualités gustatives en font un met de choix toujours servi lors de fêtes ou de cérémonies importantes. Très digeste, il est traditionnellement recommandé pour l’alimentation des enfants, des personnes âgées et pour les personnes souffrant de diabète ou d’ulcère. En pharmacopée locale, il est également utilisé dans les régimes amaigrissants pour traiter les cas d’obésité.

Une céréale qui devrait compter pour l’Afrique de demain

Selon le dernier rapport de la FAO sur L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde (SOFI, 2015), 795 millions de personnes dans le monde, soit près d’une personne sur huit, souffraient et souffriraient de faim chronique entre 2014-2016, c’est-à-dire qu’elles ne recevaient pas assez de nourriture de façon régulière pour mener une vie active. Pour la grande majorité, ces personnes vivent dans des régions en développement, notamment en Afrique subsaharienne où la prévalence de la sous-alimentation est estimée à 23, 2 % de la population, soit plus de 220 millions de personnes. L’insécurité alimentaire est l’un des principaux risques associés aux effets pervers des changements climatiques. La perturbation ou le déclin des approvisionnements alimentaires aux niveaux mondial et local dus aux changements climatiques peuvent être compensés par le développement de variétés de plantes adaptées à des conditions climatiques changeantes. En cette Année internationale des sols (IYS) les stratégies d’adaptation aux changements climatiques impliquent sans doute la valorisation des espèces culturales négligées, surtout quand elles présentent des potentialités agronomiques, technologiques et nutritionnelles avérées. Dans ce contexte, une culture comme le fonio devrait compter pour l’Afrique de demain.

Références

  1. Cruz, J.-F., 2004 : Le Fonio : Petite Graine, Gros Potentiel ! LEISA, 20 (1), 16-17.
  2. Affokpe, C., 2013 : Optimisation de la Technologie de Production du fonio précuit par la méthode des surfaces de réponses. Mémoire de fin de formation pour l’obtention du diplôme d’Ingénieur de Conception en Technologie Alimentaire, EPAC, UAC, Bénin
  3. FAO 2012 : Les cultures sous-utilisées sont essentielles pour relever les défis agricoles et alimentaires du futur, souligne M. Graziano da Silva. Consulté à l’adresse : https://faostat.fao.org/DesktopDefault.aspx?PageID=339&lang=fr le 26/03/2014 à 22h 47.
  4. FAOSTAT, 2012 : Production mondiale de fonio. Consulté à l’adresse https://faostat.fao.org/site/339/default.aspx le 31 Octobre 2013 à 11h 54.
  5. Fliedel, G., M. Ouattara, J. Grabulos, D. Dramé, J.-F. Cruz 2004 : Effet du blanchiment mécanique sur la qualité technologique, culinaire et nutritionnelle du fonio, céréale d’Afrique de l’Ouest. In : Brouwer Inge D. (ed.), Traoré Alfred S. (ed.), Trèche Serge (ed.), Voies alimentaires d’amélioration des situations nutritionnelles en Afrique de l’Ouest : Le rôle des technologues alimentaires et des nutritionnistes : actes du 2e Atelier international, Ouagadougou, 23-28 nov. 2003. Ouagadougou : Presses universitaires de Ouagadougou, Burkina Faso. p. 599-614.
  6. Vall E., Andrieu N., Beavogui F., Sogodogo D., 2011 : Les cultures de soudure comme stratégie de lutte contre l’insécurité alimentaire saisonnière en Afrique de l’Ouest : le cas du fonio ( Digitaria exilis Stapf). Cahiers Agricultures. Volume 20(4), 294-300.
  7. Vodouhè, R.S., Achigan Dako, G.E., Dansi, A, Adoukonou-Sagbadja, H., 2007: Fonio : A treasure for West Africa. In Plant genetic resources and food security in West and Central Africa. Regional Conference, Ibadan, Nigeria, 219-222.


Elections au Bénin : tout ça pour ça !

Les élections communales, municipales et locales étaient attendues depuis 2013. Mais le nouveau système électoral informatisé a perturbé ce rendez-vous.

Attendues depuis 2013, on pouvait penser que les élections communales, municipales et locales béninoises qui se sont tenues cette année serait un véritable succès. Pourtant ce qui s’est passé ne donne pas l’impression d’une élection attendue depuis si longtemps.

Pour rappel, le Bénin s’est engagé sur le chemin, a priori, merveilleux de la décentralisation en 2003. Ainsi, en cette année, les premiers conseillers communaux ou municipaux et les conseillers locaux ont été choisis pour expérimenter le pouvoir à la base. Les conseillers municipaux étant pour les villes à statut particulier (Cotonou, Porto-Novo et Parakou), et les conseillers communaux pour les 74 autres communes du pays. C’est à ces conseillers que revient la responsabilité d’élire le maire pour un mandat de 5 ans. Les conseillers locaux quant à eux sont choisis au niveau des quartiers ou villages, c’est-à-dire ce qu’il convient d’appeler le niveau le plus décentralisé de la gestion des affaires publiques.

L’élection de ces divers conseillers a été donc fait en 2003 pour la première fois avec beaucoup d’enthousiasme. Après 5 ans, en 2008, nous nous sommes retrouvés aux urnes pour renouveler, s’il y avait lieu, les équipes communales ou municipales et de quartier ou village, toujours avec autant d’enthousiasme et avec notre bonne vieille liste électorale manuelle. Tout allait bien jusque-là.

Un nouveau système aux insuffisances criantes

Mais à l’avènement de la Liste Électorale Permanente et Informatisée (LEPI) le mandat de 5 ans est passé subitement à 7 ans. Non pas à cause d’une loi prolongeant le mandat des conseillers, mais à cause des élections qui n’ont pu se tenir depuis 2013. En effet, à l’issue du fiasco électoral de 2011, ponctué par le KO retentissant du chef de l’Etat BONI YAYI, au premier tour des élections présidentielles, il avait été convenu par l’ensemble des acteurs politiques, y compris le président de la République, de porter des corrections au fichier LEPI. Ce qui n’a été fait qu’au début de l’année 2015.

Pour une première, le nouveau fichier a été expérimenté pour les élections législatives du 26 Avril dernier et avait déjà exposé ses insuffisances. Pour ces élections communales municipales et locales, les mêmes erreurs se sont répétées et même amplifiées. Voici quelques-unes des incohérences qui ressortent de ces élections :

  • Entre décembre 2014, date d’arrêt du fichier et juin 2015, 400.000 Béninois qui ont gagné la maturité n’ont pu recevoir leurs cartes d’électeurs pour exprimer leur vote. Pourtant, nombre de candidats ont axé leur campagne sur le thème de la jeunesse.
  • Les élections qui devaient se tenir au mois de mai, ont été repoussées en juin, en pleine saison des pluies. Et évidemment, cette dernière ne s’est pas faite prier pour s’inviter au rendez-vous ce dimanche 29 Juin, bloquant de nombreux électeurs à leurs domiciles. Ironie du sort, les problèmes d’inondation en temps de pluies étaient au menu de la campagne électorale dans les grandes villes comme Cotonou et Abomey-Calavi.
  • Un taux de participation squelettique, voire ridicule. Certains postes de vote ayant même enregistré 60 votants sur 486 inscrit à Abomey-Calavi, environ 12 % de participation.

Tout ceci traduit une sorte de désintéressement, tant de la classe politique, que des populations pour ce genre d’élection car pour un scrutin attendu aussi longtemps, on aurait pu faire bien mieux.


Législatives 2015 au Bénin : une série de ratés

Au Bénin, les élections législatives pour le choix des députés de la 7e législature se sont déroulées le 26 avril 2015, et il a fallu attendre le 1er mai, soit cinq jours plus tard pour avoir, de sources officielles, les grandes tendances et, tenez-vous tranquille, le taux de participation.

A une époque où, la publication des résultats d’un scrutin se fait quasi immédiatement après l’enregistrement des votes, et ce même en Afrique, le Nigeria en est l’exemple le plus récent, mon pays, le Bénin, pourtant réputée “grande démocratie d’Afrique” ne semble pas encore avoir pris le bon pli.

La Commission électorale nationale et autonome (Céna) en charge de l’organisation du scrutin et le Conseil d’orientation et de supervision de la liste électorale permanente et informatisée -COS Lépi-, dont la mission est d’éditer le fichier électoral, se sont associés pour ramener le peuple béninois un demi-siècle en arrière.

Pour rappel, depuis les élections de 2011, le fichier électoral manuel a été remplacé par une liste électorale dite “ permanente et informatisée-Lépi”. Et depuis, ce fut la descente aux enfers, du moins par rapport à ce qui était promis.

La liste qui devrait nous mettre à l’abri des fraudes électorales a servi à orchestrer la plus grande magouille de l’ère du renouveau démocratique : une élection remportée au 1er tour, un KO comme on aime si bien le dire ici. Un KO tellement improbable qu’il a été décidé de porter des corrections au fichier Lépi.

C’est là qu’a commencé, le second épisode, tout aussi amer que le premier, d’un feuilleton électoral rocambolesque. Les travaux de correction ont tellement traîné que les élections municipales, communales et locales prévues pour l’année 2014 ont été reportées.

La première expérience avec la nouvelle Lépi est la tenue des élections législatives de 2015, et pour l’instant, ça ne se passe pas mieux qu’il y a 4 ans.

  1. Déjà, la phase de distribution des cartes d’électeurs a déçu plus d’un. Prévue pour se tenir sur 15 jours, conformément au code électoral, elle n’a duré que 5 jours, privant ainsi de nombreux citoyens de leur droit de vote. Dans certaines régions, les cartes d’électeurs ont été distribuées le jour même du scrutin.
  2. Les cartes d’électeurs dans leur conception et leur présentation ont également déçu. Une carte aux dimensions monumentales (ne pouvant tenir dans une poche de chemise), imprimée en noir et blanc sur une simple rame de papier A4, mal plastifiée. Le “fruit” de nombreux mois de travail et de milliards de francs CFA engloutis.
  3. Le déroulement du vote s’est aussi heurté à des difficultés, liées notamment à l’acheminement du matériel de vote et au retard dans l’ouverture de nombreux bureaux de vote. On n’a même pas eu droit à une dispute, en direct sur nos chaînes de télévision, entre le président de la Céna  et un coordonnateur d’arrondissement qui avait peine à retrouver ses agents.
  4. Mais ce qui est le plus ahurissant, c’est l’incapacité de cette commission électorale à nous donner le taux de participation dans un court délai. Dans quel pays, faut-il attendre la fin du dépouillement avant de donner le taux de participation ?
  5. Enfin, la Lépi s’est encore montrée incapable d’éliminer les votes multiples. Le président de la Céna a lui-même admis qu’il y a 4 arrondissements dans lesquels, le nombre de votants dépasse le nombre d’inscrits.

Plus de 5 ans qu’on nous parle de la liste électorale permanente et informatisée, plus de 5 ans qu’on nous annonce les milliards engloutis dans cette liste. Et, nous attendons toujours des résultats à hauteur de ce qui était annoncé. Les élections législatives de 2015  sont une série de ratés. Vivement que les élections municipales, communales et locales se déroulent mieux.


Louis : alcool, cigarette et… vélo !

Par ces temps modernes où le moteur vrombit sur tous les moyens de déplacement, il est un monsieur qui ne jure que par le vélo. Son nom est Louis ; mais de nombreux sobriquets lui collent à la peau : « hounhoun », « koutouï », « nimangoho », sans doute à cause de son physique assez grêle et de son amour inconditionnel pour la fumée des cigarettes et ce petit verre à boire « talokpémi » utilisé pour la consommation du « sodabi », eau de vie locale obtenu à partir du vin de palme.
Louis a quitté, il y a presque vingt ans de cela son « adja » natal pour s’installer, seul d’abord puis avec toute sa famille, à Abomey-Calavi, l’actuelle ville la plus peuplée du Bénin. Mais au contraire de beaucoup d’autres de ses frères du village, il ne s’est pas laissé corrompre par la ville et ses “merveilles”. Certes, il s’est intégré, il s’est fait de nombreux amis çà et là, passant même de son ancien boulot de paysagiste (boulot qui paie très mal ici) à celui de concierge à la grande Université d’Abomey-Calavi.
Mais Louis se singularise par trois choses : son amour pour la cigarette, pour le sodabi et surtout son vélo. Jamais je ne l’ai vu se déplacer autrement qu’avec ce vélo. Un vélo bleu, au métal rouillé par endroit. Un vélo dont le chiffon de la selle est mainte fois déjà sorti de sa couverture. Parfois un des pneus est crevé, parfois il doit la renverser pour arranger la chaine mais chaque jour c’est sur ce vélo que Louis effectue les cinq kilomètre de distance séparant son domicile de l’Université, son lieu de travail. Chaque matin et chaque soir, depuis déjà un certain temps, je le vois pédalant, vêtu de sa blouse bleue et très souvent d’une culotte lui descendant sous le genou.
Il peut fumer à en perdre les dents, il peut boire à en perdre la tête, mais jamais Louis n’oublie de pédaler, encore et encore.


L’heure béninoise

Je suis béninois, et ici au Bénin, notre conception de la ponctualité est à part,

Si tu as un rendez-vous, attends toi à ce que ton interlocuteur soit en retard ;

Pour les gens, c’est normal, c’est naturel, ça n’a rien de pervers ;

C’est comme-ci nous appartenions au 25ème fuseau horaire.

 

Le retard, c’est bien ça le mal dont souffre ma société,

C’est un peu pour ça que par rapport aux autres nations, on est autant arriéré.

Chaque heure, chaque minute, chaque seconde perdu, comme dirait l’autre ne peut être rattrapé

Et chaque jour, nous voyons d’autres nations, de nous, un peu plus s’éloigner.

 

L’heure béninoise, c’est cette manière que nous avons ici de ne jamais être à l’heure.

L’heure béninoise, c’est quand tu dis « je viens à 8h » et tu n’apparais qu’à 10 voire 12 heures

La pratique règne en maître un peu partout ici mais surtout dans notre administration publique ;

Et les quelques rares à être ponctuels sont perçus comme des gens d’un autre monde, d’une autre époque

 

Pourtant un de mes enseignants au secondaire m’appris que « l’heure après l’heure n’est pas l’heure »

Surement que beaucoup de mes concitoyens n’ont pas eu sur le banc un tel professeur

Car si comme un champ de maïs, de manioc ou de haricot nous pouvions cultiver la ponctualité,

Certainement qu’à la récolte, nous amasserons pour nous et notre pays fortune, bonheur et prospérité.


Hommage à François MENSAH

François MENSAH est décédé et toute la presse béninoise est en deuil.
Non seulement la presse, c’est tout le peuple béninois qui est en deuil.
Il s’en est allé, nous plongeant à nouveau dans l’incompréhension de la mort et de son mystère,
Il s’en est allé, nous laissant, collègues, auditeurs et téléspectateurs, dans le vide de son absence ;
Il s’en est allé avec sa verbe acerbe quand il s’agit de dénoncer les maux de la société et des politiques ;
Il s’en est allé avec sa promptitude à accoucher l’information sportive quels que soient l’époque, le lieu et les circonstances.
Qui, pour nous donner sans bégayer les résultats de compétitions sportives datant de « l’époque de Mathusalem » ?
Qui, pour nous dire les anecdotes sur Shaquille O’neal, Wilt Chamberlain ou Karim Abdul Djabar ?
Qui, pour nous raconter la légende de Bjorn Borg, Suzanne Lenglen ou René Lacoste ?
Qui, pour nous décrire les chevauchés de Jesse Owens, les sauts de Javier Sotomayor ou de Serghei Bubka?
Qui, qui, qui…
Les interrogations sont nombreuses et le souvenir de FM ne cessera jamais de nous hanter.
Il nous a instruits et nous à donner envie de nous instruire encore plus.
Il nous fasciné, il nous a émerveillé, il nous a sidéré…
Il nous a rendus fier du journaliste sportif béninois.

François, quoique court fut ton séjour parmi nous, tu as accompli de grandes choses ;
Et pour tout cela, nous te disons: « Repose en paix »
François MENSAH -RIP


A la guerre des langues !

Lorsque les langues pour une raison ou une autre en arriveront à ne plus se supporter ;
Lorsque pour des intérêts égoïstes elles ne vont plus dans leur cœur se porter,
Elles commenceront tels de vilains hommes à se témoigner des comportements belliqueux,
Qui, à coup sûr, les conduiront sur le terrain de la guerre, un terrain dangereux.

Alors français, anglais, portugais, allemand, espagnol, italien mobiliseront leurs soldats et leurs armes ;
Point n’est besoin de parler de latin, cette langue a déjà rendu l’âme ;
A cette guerre, anglais et chinois auront des soldats nombreux,
Soldat arabe ne badinant pas, il se fera sauter, tout heureux.

Alors le français, que fera-t-il ?  lui, qui n’a ni soldats nombreux, ni kamikazes fous,
Lui, qui n’a que du cœur et non des bombes qui détruisent tout.
Le français ira à cette guerre non avec des armes, mais des mots,
De beaux mots, de belles expressions qui se tiendront au milieu des champs de bataille tels d’inconscients marmots

Argot et verlan, calembour et rhétorique, rime et rythme, registre soutenu et familier,
Se donneront la main pour le triomphe de la plus belle des langues.
Cette guerre, dès aujourd’hui se prépare et nous en sommes les premiers appelés ;
Car que nous le voulions ou non, le français c’est aussi notre langue.
Apprenons donc à mieux le parler, tâchons de mieux nous exprimer,
Pour que Molière, dans l’au-delà, de tout ce qu’il a fait, soit fier.


Heureux de rejoindre Mondoblog !

Salut à tous !
Mon nom est AFFOKPE et je viens du Bénin, bel Etat d’Afrique de l’Ouest (Il y a qu’à voir la carte de mon pays pour s’en convaincre). Peut-être que je me ferais connaître sous d’autres pseudonymes prochainement mais retenez déjà ceci : je m’appelle AFFOKPE, ce qui veut dire en langue Fon, principale langue vernaculaire du Bénin : « nous sommes tous réunis ».
Et croyez-moi, je suis heureux de rejoindre la communauté Mondoblog. Le privilège que confère l’appartenance à la grande famille Mondoblog est tel qu’avoir été sélectionné est pour moi, non seulement un bonheur mais également un honneur. Et je tacherai à travers chacun de mes mots, chacune de mes photos, chacune de mes vidéos, de mériter cet honneur et ce privilège.
Il est un proverbe chez moi qui dit : « lorsqu’on est sous un arbre et qu’on ne parle, ce sont les oiseaux qui vous chient dessus ». Et moi, même si par le passé j’ai eu à recevoir sur moi des fientes d’oiseau, je suis certain que dès aujourd’hui, ce ne sera plus le cas. La famille Mondoblog m’a ouvert la bouche et je ferais savoir les évènements de chez moi, les évènements vus de chez moi, les évènements vus par moi. Dorénavant, je ne me tairai plus, ET VOUS ALLEZ M’ENTENDRE…