cireass

Immigration clandestine : rien ne dissuade les candidats

Crédit photo : AFP

À cause de la pauvreté et du manque de perspective d’avenir, de nombreux jeunes guinéens se sont lancés dans l’immigration clandestine ces dernières années. Et beaucoup y sont morts sans pouvoir réaliser leur rêve d’atteindre l’Europe, l’eldorado pour lequel ils se sont jetés dans cette périlleuse aventure. Obnubilés par des connaissances ou parents ayant réussi la difficile traversée, ils sont déterminés à tenter leur chance, même s’ils devaient y laisser leur peau. Dans ce dangereux voyage, si certains réussissent, d’autres malheureusement meurent ou rebroussent chemin et rentrent au bercail après avoir subi toute sorte de mauvais traitement : torture, manque de nourriture et d’eau, exploitation physique comme travailler sans salaire, etc.

Un candidat à l’immigration clandestine qui a décidé de retourner au bercail raconte son calvaire : « Le voyage est très dangereux. Il y a même certains qui se ruinent dans le désert juste pour pouvoir boire de l’eau, parce qu’il n’y a rien là-bas. Ça ne va pas du tout ». Au cours des douze derniers mois, la Guinée a vu plusieurs milliers de ses bras valides prendre le chemin de l’exil. « Ce n’est pas seulement une question économique, maintenant c’est une question sécuritaire et de droits de l’homme. Cette année, on estime que 15 000 jeunes guinéens ont essayé de quitter leur pays pour l’Europe. Environ 10 000 sont arrivés à destination », commentait debut fevrier l’ambassadeur des États-Unis en Guinée.

Sur la route de l’immigration, il y a des tas de barrages où les voyageurs subissent des raquettes de la part de passeurs sans pitié. Les drames dans le désert ou la mer Méditerranée sont très fréquents. Mais ces images de personnes mortes de faim ou noyées n’arrivent toujours pas à dissuader les candidats. Si quelques uns se sont retournés, la majeure partie préfèrent continuer leur voyage.

Pour l’ambassadeur américain en poste à Conakry, il faut mettre en place un plan sécuritaire et de relance économique pour encourager les jeunes à rester dans leur pays. Cette option devrait être sérieusement étudiée par les autorités guinéennes, qui restent bras croisés devant le phénomène, afin d’éradiquer ce fléau qui endeuille chaque année des centaines de familles en Guinée.

Par @cireass


Guinée : autopsie d’un système carcéral qui attend d’être reformé !‏

Lundi, la prison civile de Conakry a été secouée par une mutinerie d’une partie de la population carcérale. D’après plusieurs témoignages recueillis auprès des riverains, c’est le système carcéral qui est mis en cause. Les mutins exigent en fait la tenue, enfin, de leur procès. À cette occasion, j’ai écrit un article que j’ai intitulé : «Tentative d’évasion à la Maison centrale : autopsie d’un système carcéral qui attend d’être reformé !», sur les conditions de détention dans les prisons guinéennes, pour le site Kababachir.com avec lequel je collabore depuis près d’un an. Une fois n’est pas coutume, j’ai décidé de le reprendre sur ce blog pour partager avec vous cette triste réalité.


 

Des gendarmes mobilisés aux alentours de le prison civile de Conakry. - Crédit photo :
Des gendarmes mobilisés aux alentours de le prison civile de Conakry. – Crédit photo : Binany Bah

À la surprise générale, une mutinerie a secoué lundi 9 novembre la Maison centrale de Conakry, la plus grande prison de la Guinée. Le porte-parole du gouvernement a indiqué en fin d’après-midi dans un communiqué qu’il s’agit d’«une tentative d’évasion de certains détenus». Dans la soirée, le ministère de la Justice par la voix de son porte-parole Me Ibrahima Béavogui a annoncé l’ouverture d’une «enquête pour déterminer les causes de cette tentative d’évasion».

Selon une source proche du dossier, plusieurs personnes ont été blessées dans les deux camps (mutins et gardes pénitentiaires) au cours des affrontements qui ont terrorisé les habitants des quartiers environnants de Coronthie et de Sans Fil. Cinq des blessés se trouvaient dans «un état grave». «Ces blessés ont été conduits à l’hôpital pour des soins, leur état s’est beaucoup amélioré, ce qui a permis à quatre des cinq d’être renvoyés à la Maison centrale», confie une autre source.

Selon des témoins, les prisonniers scandaient des propos réclamant la tenue de leur procès après plusieurs années de «détention provisoire». Si ces témoignages sont avérés, ils confirment la profonde réforme que le système carcéral guinéen a besoin. Nul n’ignore que celui-ci est loin d’être un exemple en matière de respect des droits de détenus. La prison civile de Conakry,  construite à l’époque coloniale, était prévue pour accueillir environs 400 personnes. Aujourd’hui, plus de 1 200 y sont internées, certaines sans jugement.

Evasion des prisonniers à ConakryEvasion des prisonniers à Conakry le 09/11/2015

Posté par Guinee360.com sur lundi 9 novembre 2015

Parmi les prisonniers de l’“hôtel cinq étoiles de Coronthie”, il y a des gens qui sont là-bas pour des petits délits (comme : vol de téléphones, dettes impayées, etc.) mais qui subissent les mêmes traitements que les auteurs de meurtres. Des détentions prolongées et des conditions de détentions inhumaines, les prisons de notre pays sont loin d’être des centres de rééducation, comme dans les pays respectueux de la dignité humaine. Pour de nombreux défenseurs de droits de l’homme, il s’agit tout simplement des mouroirs.

La périodicité des procès n’est pas respectée en Guinée, car «les moyens ne sont pas mis à la disposition de la Justice pour la tenue de procès, explique le juriste Mohamed Camara sur Lynx FM, alors que la loi prévoit la tenue de la Cour d’assises chaque quatre mois» afin de condamner les criminels et libérer les innocents. Et «les détentions provisoires ne doivent pas excédées 24 mois pour les infractions, et 6 mois pour le reste, renouvelable une seule fois», rappelle-t-il.

D’ailleurs, un fonctionnaire du ministère de la justice espère que cet événement «malhereux» amènera les autorités à doter le département les moyens nécessaires pour mettre les prisons guinéennes au même niveau que les autres. Pour Me Béavogui, cette mutinerie était prévisible après les problèmes enregistrés à Kankan et à N’zérékoré.

Mohamed Camara de son côté appelle les pouvoirs publics à mettre en application les recommandations issues des états généraux de la justice, notamment la construction d’édifices abritant la justice et d’établissements pénitentiaires.


A lire également : 


 

Par cireass


Guinée : le viol de trop ?

Dans la matinée du mercredi 28 octobre, la vidéo d’une jeune femme nue menacée avec un couteau par un homme a été largement partagée sur les réseaux sociaux en Guinée.

image

Dans la fameuse vidéo qui dure environ une minute, on y voit une femme, presque, entièrement nue tremblant de peur se faire terroriser par un homme qui lui exige un rapport sexuel. Son bourreau, rapidement identifié comme étant un jeune chanteur du nom de Tamsir Touré qui se fait appeler Petit Banlieuz’Art, brandit un couteau de la main droite alors qu’il tient la caméra (sans doute un smartphone) dans sa main gauche pour filmer la scène. On l’entend ordonner à la victime de se déshabiller. La femme lui supplie d’arrêter, elle essaie de résister mais la détermination de son agresseur ne lui donne aucune chance de s’en sortir. Il menace de la poignarder si elle ne fait pas ce qu’il lui demande. Finalement, elle se résigne et s’exécute. Dans les dernières secondes, on la voit ôter le dernier habit qu’elle avait sur son corps. La caméra s’arrête là. On ne verra pas le reste de la scène même si on peut imaginer que la suite ne se serait déroulée de la meilleure des manières.

Dès sa mise en ligne, la vidéo a choqué toute la webosphère guinéenne. Si, pour le moment, il n’est pas établi que le viol a effectivement eu lieu, les chefs d’accusation de «menace» et de «tentative de viol», eux, pourraient facilement être démontrables devant un tribunal. Vite, la toile se mobilise pour demander aux autorités compétentes de se saisir de l’affaire pour mettre fin une fois pour toute aux violences dont sont victimes les femmes en Guinée. Soutenue par des associations de femmes, la victime présumée a porté plainte contre son agresseur à la Direction de la Police judiciaire (DPJ) de Conakry. Depuis le jeune fugitif est activement recherché par les forces de police.

Foutaise

Alors que depuis l’éclatement de l’affaire le nommé Tamsir reste introuvable, celui-ci nargue la police vendredi en accordant une une interview au site Gnakrylive au cours de laquelle il dit : «on s’amusait et on se filmait». S’amuser le couteau sous la gorge, quoi ! Il poursuit : «Si vous observez bien la vidéo, vous comprendrez que la fille avait beaucoup plus peur de la caméra. Le couteau ne lui disait rien». Si on le comprend bien, une caméra effraie plus qu’un couteau !

Sur sa fuite, il explique : «Il fallait que j’assure ma sécurité dans un endroit sûr pour tirer les choses au clair», comme pour dire que “je m’en moque des textes de loi guinéens”. Pire, il charge à son tour son entourage : «J’ai été trompé par mes propres potes», assure-t-il. Autrement dit, le fautif c’est celui qui a diffusé la vidéo et non pas son auteur, Tamsir. Foutaise !

Pourquoi soutenir la victime 

L’indignation après la publication de la vidéo a été immédiate. Mais n’oublions pas qu’elle n’a fait que mettre à nu une pratique courante dans notre pays. Chaque jour, des viols ou d’autres formes de violences sont commis sur des femmes loin de la caméra, dans le silence le plus total. On le sait, un mois ne passe pas sans que la presse nationale ne rapporte au moins une affaire de viol, parfois perpétrée sur des enfants ou des jeunes filles, mais malheureusement la honte et la peur d’exclusion sociale font que la plupart du temps les familles de victimes préfèrent étouffer, elles-mêmes, ce genre d’affaires ; parce que trop honteux aux yeux de la société ! Aujourd’hui, les violences sexuelles en Guinée ont un visage qu’il faut s’en servir pour soutenir toutes ces victimes qui sont dans l’ombre et qui, probablement, auraient le courage de dénoncer leurs bourreaux afin qu’ils paient ce qu’ils ont fait subir à des innocentes, en position de faiblesse !   Nous devons soutenir cette victime présumée dont nous n’avons pas forcément besoin de connaître la personnalité. Nous devons la soutenir parce qu’en Guinée des femmes sont souvent violées dans l’impunité totale. Oui, nous devons la soutenir parce que nous avons des mères, des jeunes et grandes sœurs, des tantes, des nièces, des cousines, des amies et des femmes ou des petites amies que nous aimerions être en sécurité. Nous devons soutenir cette femme parce que les relations sexuelles doivent être un plaisir partagé entre les deux partenaires. Pour la première fois, il faut que ces hommes comprennent que le sexe ne se force pas mais plutôt se négocie, et qui parle de négociation s’attend à des réussites et/ou à des échecs. 

Ce n’est pas une petite infraction 

En parcourant les commentaires relatifs à cette affaire, j’avoue que j’ai été choqué par le comportement de certains guinéens qui réclament tout et son contraire. Dans les heures qui ont suivi la diffusion de la fameuse vidéo, la condamnation de son auteur était unanime. Mais plus le temps passait on voyait des complotistes essayer de décrédibiliser la jeune femme en l’accusant tout simplement de vouloir casser la carrière naissante de ce chanteur en herbe. D’autres, plus pathétiques, estiment que trop de crimes sont restés impunis en Guinée. Par conséquent, pour lutter contre l’impunité encrée dans notre histoire, il faudrait commencer par les «grands crimes» politiques commis depuis l’indépendance. Scandaleux.


Le viol n’est pas une petite infraction. Selon l’Article 321 du Code pénal, «Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte ou surprise, constitue un viol. Le viol sera puni de la réclusion criminelle à temps de 5 à 10 ans. Toutefois, le viol sera puni de la réclusion criminelle à temps de 10 à 20 ans lorsqu’il aura été commis soit sur une personne particulièrement vulnérable en raison d’un état de grossesse, d’une maladie, d’une infirmité ou d’une déficience physique ou mentale, soit sur un mineur de moins de 14 ans, soit sous la menace d’une arme, soit par deux ou plusieurs auteurs ou complices, soit par un ascendant légitime, naturel ou adoptif de la victime ou par une personne qui a abusé de l’autorité que lui confèrent ses fonctions. La tentative de viol sera punie comme le viol lui-même».


Joignez-vous à l’Association de blogueurs de Guinée (ABLOGUI) pour dénoncer les violences faites aux femmes en général et le viol en particulier en postant vos messages avec le hashtag #HalteAuViol.

Par cireass
Retrouvez cireass sur Facebook ici


En Guinée, quelque chose est (vraiment) en marche

image
Dans deux semaines, le 11 octobre prochain, les Guinéens iront aux urnes pour élire celui qui dirigera leurs destinées au cours des cinq prochaines années. Comme dans la plupart des pays du monde, l’élection présidentielle est l’occasion de redessiner le paysage politique. Alliances inattendues, ruptures violentes, revirements spectaculaires, déclarations fracassantes, nous en avons connu par dizaines ces derniers mois.

Après plus d’un demi-siècle d’indépendance, la Guinée a enregistré sa première «élection libre et transparente» de son histoire en 2010, qui a abouti à la victoire du candidat de la coalition RPG Arc-en-ciel, Alpha Condé devenant le «premier président démocratiquement élu». Vu le retard que le pays a accumulé depuis son accession à la souveraineté nationale, les défis qui attendaient le [nouveau] président étaient immenses. Et naturellement, à la fin de son quinquennat, le gouvernement a l’obligation de présenter son bilan à la population en lui disant : voici ce que nous avons réussi à faire, voici ce que nous n’avons pas pu faire.

Sous le slogan «Le progrès en marche», les soutiens du président sortant et candidat à sa propre succession ne ratent pas l’occasion pour mettre sous les projecteurs les œuvres accomplies durant les cinq dernières années. Souvent à l’allure d’une propagande qui voudrait faire croire que la Guinée est passée, en seulement cinq ans, du statut de «champion du monde de la mauvaise gouvernance» au nouvel eldorado, où il n’y a que du bonheur à se partager. À chaque coin de rue de la capitale, Conakry, les affiches vantant la gestion «rigoureuse et exemplaire» du président Condé sont omniprésentes, au grand dam des autres candidats en course pour le fauteuil présidentiel.

La Guinée est l’un des pays où un scrutin présidentiel ou autre est capable de tout bouleverser : rapprocher des frères ennemis, précipiter le divorce entre alliés, brusque changement de discours. Le politicien guinéen est prêt à faire le tout et son contraire en l’espace de quelques jours, si son intérêt est en jeu !

Les propos récemment tenus par le leader de la Nouvelle génération pour la République (NGR) Ibrahima Abé Sylla, ancien candidat à la présidentielle de 2010 et nouvel allié d’Alpha Condé, sont illustratifs de cette bassesse de la classe politique de notre pays, capable de dire une chose un jour, et son contraire le lendemain. Selon ces propos, dévoilés par l’équipe de campagne du RPG Arc-en-ciel (parti au pouvoir) et relayés par plusieurs médias nationaux, « Même Angela Merkel, Sarkozy et Obama réunis n’auraient pas pu faire mieux qu’Alpha Condé en 5 ans ! » Une déclaration qui, aux yeux de nombreux internautes, dévoile le (vrai) visage de cet homme qui a fait l’essentiel de sa carrière aux États-Unis, avant de revenir dans son pays d’origine pour la conquête du pouvoir.

Dans ses propos, ce n’est pas son soutien au président sortant que je trouve anormal. Chaque citoyen est libre de soutenir celui qu’il estime bien placé pour amorcer le développement du pays, cela est un droit constitutionnel. Par contre, je trouve anormal que quelqu’un qui est susceptible de devenir un proche collaborateur d’Alpha Condé dans les années à venir au cas où ce dernier serait réélu à l’occasion de l’élection présidentielle s’exprime ainsi pour essayer de manipuler l’opinion publique. Je ne suis vraiment pas d’accord avec ceux qui voudraient faire croire à la population qu’en un quinquennat notre pays a décroché le soleil et la lune.

Certes, des actes ont été posés par le gouvernement sortant – ne pas le reconnaître serait de refuser l’évidence –, mais de là à prétendre que le monde entier réuni dans une seule équipe – Merkel, Sarkozy (pour reprendre M. Sylla) et Obama ne sont tout de même pas des petits dirigeants – ne pourrait faire autant me laisse perplexe. Cette comparaison “farfelue” m’a fait beaucoup réfléchir et m’a emmené à jeter un coup d’œil sur le bilan d’un président ouest-africain arrivé au pouvoir la même année que le locataire de Sékoutoureyah.

Puisqu’il est peu probable que Merkel, Sarkozy et Obama se retrouvent dans un même gouvernement, j’ai jugé nécessaire de comparer les œuvres du quinquennat d’Alpha Condé à celles d’Alassane Ouattara, à la tête de la Côte d’Ivoire depuis mai 2011. Mon intention n’est nullement de dire que tel bilan est positif, tel autre ne l’est pas. Je ne peux pas me prononcer à la place des citoyens. Donc, c’est au peuple de décider s’il faut continuer avec Alpha Condé ou opérer une alternance !

Dans le tableau ci-dessous, vous y trouverez une liste non exhaustive des réalisations de ces deux chefs d’État au cours de la période 2011-2015. Afin d’éviter toute prise de position en faveur d’un camp, j’ai demandé à un ami ivoirien de me citer quelques réalisations du président Ouattara. Côté guinéen, j’ai trouvé ces «quelques infrastructures réalisées par le président Alpha Condé en 5 ans», dressées par le service de communication du candidat Alpha Condé.
image
image

Une fois encore je rappelle que cette liste de “différentes réalisations” des deux présidents est loin d’être exhaustive. Mais elle nous permet d’avoir une idée sur le bilan que chacun d’eux présente actuellement à ses concitoyens afin de décrocher la confiance populaire pour les cinq prochaines années, et de surcroît procéder à l’appréciation de ce que nous disent ceux qui assurent qu’il n’y a (presque) plus rien à faire pour pays par ce que le progrès est en marche, alors que le chemin est encore long.

Plus loin :

Guinée : un projet chinois de 30 000 logements sociaux sur la table de Condé
Côte d’Ivoire : programme de construction massive
Après 4 ans de pouvoir, Ouattara fait le bilan et annonce des perspectives
Avec la centrale Azito 3, la Côte d’Ivoire augmente sa production électrique de 10 %
Électricité: Après Kaléta, Souapiti dans la ligne de mire d’Alpha Condé
Au cœur du changement : Le bilan infrastructures du Président Alpha Condé 

Surtout, il semble que comparaison n’est pas raison, hein !

Par cireass


Pourquoi nous devons tous nous mobiliser pour retrouver Chérif Diallo

Depuis plus de 10 jours, un journaliste reporter d’images (JRI) guinéen est porté disparu. Chérif Diallo travaille pour la chaîne privée Espace TV ; sa disparition inquiète sa famille, ses collaborateurs et tous ses confrères. Les recherches effectuées pour le retrouver sont toutes restées vaines.

image

On ne sait pas grand-chose sur les circonstances de sa mystérieuse disparition. Le jeune reporter, âgé d’une trentaine d’années, a été vu la dernière fois à la rédaction d’Espace TV le 23 juillet 2015 en début de soirée. Ce jour-là, il a confié à des collègues qu’il rentrait à la maison pour rompre le jeûne. Ce qu’il a effectivement fait selon les témoignages des membres de sa famille. Ensuite, il est allé à un rendez-vous qu’il avait avec des amis avec lesquels il travaille sur un projet d’impression d’affiches publicitaires. C’est là qu’une vive altercation aurait éclaté entre lui et ses « amis » à propos du partage du bénéfice rapporté par le marché.

Selon Moussa Moise Sylla, journaliste à la radio Espace FM et directeur de la télévision, ses « amis » sont repartis en voiture à l’issue de cette vive altercation. Chérif a suivi quelques minutes après sur sa moto. Depuis lors, on a aucune nouvelle de lui. Ses numéros de téléphone sont injoignables. Et l’inquiétude gagne ses proches.

Face à cette inquiétante situation, nous devons tous nous mobiliser pour retrouver Chérif. Qu’on soit homme de média (journaliste, cadreur, photographe, etc.), militant des droits de l’homme, web-activiste, fonctionnaire, étudiant , diplômé sans emploi, commerçant… tout le monde doit se joindre au combat pour le retrouver sain et sauf. Quelles que soient les raisons qui ont conduit à sa disparition, nous ne devons pas rester indifférents. En vérité, ce qui lui est arrivé peut arriver à chacun de nous. C’est pour cela que nous devons nous unir comme un seul homme pour dire NON à l’insécurité.

Sa disparition liée à son métier de journaliste ?

Pour le moment, aucune preuve ne peut appuyer cette piste. Mais dans un pays où les journalistes sont régulièrement agressés dans l’exercice de leur métier, on ne peut pas non plus l’écarter définitivement. Si tel est le cas, c’est tous les journalistes qui sont visés, car après Chérif on ne sait pas qui serait le prochain sur la liste à subir le même sort.

La liberté d’expression ne tombe jamais du ciel. C’est nous-mêmes, journalistes, blogueurs, artistes, écrivains et autres libres penseurs, qui la faisons imposer. C’est nous, que les uns et les autres n’arrêtent jamais d’insulter à longueur de journée, qui semons, arrosons et entretenons la liberté d’opinion dans notre pays. Si nous la laissons couler, c’est notre survie qui en dépend !

Une affaire – privée – qui a mal tourné ?

L’hypothèse d’une affaire, à propos du partage du gain, qui a mal tourné est bien possible. Si ce sont ses amis qui l’ont fait disparaître, depuis treize jours maintenant, là encore il y a de quoi s’interroger.  Pour une police professionnelle, la première chose à faire dans une affaire similaire aurait été d’entendre les derniers à l’avoir vu.

Incapables de trouver les auteurs de la disparition du journaliste, les services de sécurité montrent une nouvelle fois leur incapacité à être au service de la population.

Malheureusement, ici, on se contente encore de simples déclarations du genre : “Nous avons ouvert une enquête” ou encore “les investigations se poursuivent pour retrouver les auteurs” ; alors que dans une affaire de disparition, chaque minute compte. Pierre Bellemare sait de quoi je parle !

Une forte mobilisation sur la Toile

Plus les jours passent, plus l’angoisse grandit et la mobilisation s’intensifie, notamment sur la Toile. Ce lundi, l’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui) a lancé une campagne en ligne, dénommée #TrouvonsChérifEspace, pour retrouver le reporter.

#TrouvonsCherifEspace : @ablogui sonne la mobilisation sur la Toile à travers un hashtag – (Déclaration) https://t.co/0dy8t4bniD

— Fodé S. Kouyaté (@sanikayi) 3 Août 2015

Le hashtag a été repris par plusieurs internautes ainsi que les comptes Twitter et Facebook du gouvernement guinéen.

#TrouvonsCherifEspace : mettons fin à 12 jours d’angoisse ! pic.twitter.com/1wom0pk6TR

— lamine nabe (@mnabe_m) 3 Août 2015

#GouvGN #Gn224 #TrouvonsChérifEspace pic.twitter.com/kH80fLHV3e

— Gouvernement GN (@GouvGN) 3 Août 2015

Pour mettre fin à l’angoisse de sa famille et nous permettre de savoir ce qui est arrivé à notre collègue, ami, camarade et/ou… compatriote, Chérif Diallo, la mobilisation doit être nationale. Comme on dit, quand un oiseau se pose sur la tête de ton ami, dit lui simplement de quitter ‘votre’ tête, parce que sinon après tu pourrais être le prochain à recevoir sa visite.

Chérif, reviens-nous maintenant ! Nous te cherchons partout avec l’espoir de te retrouver sain et sauf dans un bref délai.

Par cireass


Massacre du 28 septembre 2009 : Sékouba Konaté bientôt entendu

image
Les autorités guinéennes semblent [enfin] bien déterminées à rendre justice aux victimes des massacres de septembre 2009 à Conakry. En effet, quelques jours après l’inculpation de l’ancien chef de la junte militaire, Moussa Dadis Camara, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, a annoncé jeudi au cours d’une conférence de presse que le général Sékouba Konaté sera prochainement interrogé par le pool des juges en charge du dossier.

À lire aussi : Massacre du 28 septembre 2009 : quatre ans après, les victimes réclament justice

Pour cette première audition, l’ex-numéro trois du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) sera entendu en tant que témoin. Cependant, prévient Me Cheick Sacko, personne ne sera épargné dans ce dossier.

Il assure que les personnes impliquées (de près ou de loin) dans ce dossier seront entendues, dans un premier temps, comme des témoins. C’est par la suite que les magistrats décideront de les inculper ou non. En outre, Me Sacko salue le professionnalisme des juges.

Au moment du massacre du 28 septembre 2009 au stade éponyme de Conakry, le général Konaté était ministre de la Défense et [était] en voyage officiel au Liban. Après la tentative d’assassinat perpétrée contre Dadis Camara par le chef de la garde présidentielle, Aboubacar “Toumba” Diakité, c’est à lui qu’avait été confiée la seconde phase de la Transition (entre janvier et décembre 2010) qui a permis à l’organisation des premières élections “libres” de l’histoire de la Guinée.

A lire aussi : Violences à Conakry : la police dément l’utilisation d’armes à feu

Pour rappel, les violences perpétrées le 28 septembre 2009 et les jours suivants par les forces de sécurité et des éléments de l’armée ont fait 157 morts, des dizaines de disparus et au moins une centaine de femmes et filles violées. L’ONU et les organisations de défense des droits de l’homme ont conclu que les crimes commis ce jour-là étaient des “crimes contre l’humanité”.

Au total, près de vingt personnes ont été inculpées par la justice guinéenne depuis l’ouverture de la procédure. La dernière inculpation en date, c’est celle de l’ancien président de la junte Moussa Dadis Camara qui est poursuivi pour meurtre, complicité d’assassinat, pillage [ou encore] non-assistance à personne en danger.

Par cireass


Lettre d’un manguier aux Guinéens : consommez nos fruits à bon escient

Comme chaque année, entre février et juillet, c’est la saison de la mangue en Guinée. Une période au cours de laquelle des dizaines, voire des centaines de tonnes sont récoltées.  Mais par manque d’infrastructures de conservation et de transformation, une partie importante de cette quantité finit dans les poubelles.

Face à cette réalité de ‹ ‹pays si riche pourtant très pauvre ››, un manguier prêt à offrir davantage de fruits dénonce la médiocrité dont font preuve les Guinéens et leur conseille de profiter – pleinement – de ce que la nature leur a offert.

image
Gloire au Tout-Puissant Allah ! Il m’a donné cette chance de planter mes racines dans un sol riche et fertile. Ce sol guinéen qui réunit toutes les conditions pour mon épanouissement. Mes concitoyens et moi lui sommes reconnaissants. Oui, je Le remercie de nous avoir comblés de Sa grâce afin que nous vivions bien, sans que nous soyons obligés d’attendre l’aide de nos planteurs, qui ne se souviennent de nous que lorsque nos fruits tendent à mûrir.

Guinéens, vous aurez certainement compris ce que je ressens dans mon cœur. Je suis très fâché contre vous. Mais ce n’est pas à cause de votre comportement fissurwaliste. C’est votre façon de manger les mangues que je déteste. Je suis en colère contre votre refus d’aller de l’avant. Je suis en colère contre votre refus de moderniser la filière de mangue. Wallaye, je vous hais few. Oui, je vous haïrai longtemps que vous continuerez à sécher au soleil ce fruit bien sucré. Je vous haïrai aussi longtemps que vous continuerez à bouillir les mangues dans des jeunes marmites du dix-neuvième siècle, pour en faire de la ‘‘mangué sauce’’.

Cette année encore [comme toujours] depuis février, nos produits sont un peu partout dans les villes et villages du pays, sauf dans une usine de transformation. Entre vous et Dieu, est-ce qu’il est normal que vous continuiez à bouillir les mangues que nous portons pendant des longs dans l’espoir que vous saurez les utiliser à bon escient? Ah non. Nous sommes en 2015 quand même ! Où tout est [entré dans la] modernité.

Si j’arrive à vous parler aujourd’hui, c’est parce que je ne suis pas cardiaque. Sinon je serais mort depuis ce jour où profitant de l’ombre de mes branches, un groupe d’affamés réuni autour d’un bol de mangué sauce – préparé sous mes yeux –  armé de longues miches de pain noircies par le feu du four d’à côté, s’était régalé au mangué sauce + pain tappa lappa. Jamais dans ma vie de sexagénaire, je n’avais imaginé qu’un tel plat puisse exister. Fâché des racines aux feuilles, j’avais voulu larguer 1234567890 mangues non mûres sur tous ces crânes vides. Mais la vitesse à laquelle le vent soufflait ne permettait d’accomplir cette opération. Hélas.

Vous ne trouvez pas gênant de faire de sandwich à base de mangue alors que notre espace maritime abrite toutes sortes de poissons, nos fermes sont remplies de coqs, qui n’attendent qu’un couteau tranchant et nos brousses pleines de vaches, chèvres, moutons et de gibiers ? Ehh Dr Sakoba Keïta pardon j’avais oublié qu’Ebola n’a pas encore plié bagage. Wallaye, cuisiner les mangues comme le riz, les sécher au soleil ou au feu, les broyer avec un pilon ou je ne sais quoi encore, relève d’un autre âge. Et soyez sûr que ces techniques ne donneront jamais à la filière sa vraie valeur. Le régime sous lequel nous vivons n’est pas socialiste pour dire que les gens crèvent de faim, ou bien qu’il faut faire de provisions. Arrêtez de gâter nos produits.

Combien de litres de jus de fruits (ananas, banane… et mangue) la Guinée importe chaque année de Turquie, de Brésil, d’Argentine… et d’Asie pour ravitailler ses intarissables dennabbo et mariages? Pourtant, tous les ‘‘jus dennabo’’ que vous consommez quotidiennement peuvent être produits ici.

Vous dites que le virus Ebola a mis votre économie à terre. La vérité est qu’elle était déjà à genoux avant l’arrivée de cette épidémie. La situation du secteur auquel j’appartiens prouve à lui seul que la Guinée n’a pas su profiter de ses potentiels économiques. La filière mangue représente potentiellement des millions de dollars américains. Actuellement partout ou presque le slogan est ‘‘consommons ce que nous produisons’’ qui, lorsqu’il est suivi par les actes, aide la balance commerciale du pays à force de ne pays être excédentaire de tendre vers l’équilibre.

En tout cas la Côte d’Ivoire vient d’ouvrir son usine de transformation de cacao. Bientôt vos enfants mangeront du chocolat ‹‹Made in Ivory Coast››. Et si vous me dites que comparaison n’est pas raison, je vous rappelle qu’il faut toujours imiter ceux qui avancent.

Avec le lancement prochain du barrage hydroélectrique de Kaleta, j’espère que dans quelques années les mangues douces de Kindia, les bananes de la forêt… permettront aux Guinéens de boire leurs propres jus et d’en exporter d’autres. Et si ça ne se passe pas comme cela nous cesserons de produire de mangues qui brûleront dans une eau chaude ou finiront leur parcours dans les poubelles.

Vive l’industrialisation. Vive les mangues de Guinée. Vive le développement.

Notes
*Comportement fissurwaliste signifie qu’on ne connaît que notre intérêt.
**Dennabo signifie baptême dans plusieurs langues guinéennes.
***‘‘Jus dennabo’’, jus de fruits contenus dans des canettes de 320ML, très prisés lors des cérémonies ; la Guinée enregistrant énormément de naissances, on leur a attribués ce sobriquet.

Éditée par cireass


Violences à Conakry : La police dément l’utilisation d’armes à feu

image
Des affrontements ont éclaté ce lundi entre manifestants et forces de l'ordre à Conakry. Une trentaine de personnes a été blessée. Crédit photo : Cellou Binani - AFP

Dans un communiqué signé ce soir du ministère de la Sécurité et de la Protection civile dont j’ai obtenu la copie, la police dément formellement avoir utilisé des armes à feu lors de la manifestation contre l’insécurité organisée ce jour-ci à Conakry, par l’opposition républicaine.

Il rappelle que la police n’a, à aucun moment, été informée de l’organisation d’un quelconque rassemblement afin de pouvoir venir assurer la sécurité des manifestants. « Dès lors, les individus se livrant actuellement à des actes de vandalisme ne peuvent en aucun cas être assimilés à des militants pacifiques exerçants une liberté consacrée par la Loi », a-t-il précisé.

Le ministère a en outre demandé aux médias de vérifier avec précision les informations entourant les événements se déroulant sur le terrain avant de les diffuser.

Ce lundi 13 avril plusieurs citoyens, essentiellement des militants de l’opposition guinéenne, ont bâti le pavé contre la montée de l’insécurité dans le pays. Selon des sources hospitalières et proches des organisateurs, une trentaine de personnes fut blessée lors des accrochages avec les forces de l’ordre déployées en grande masse dans les principaux carrefours de la ville.

Dans la journée, le gouvernement a reconnu qu’il y a eu effectivement des blessés par balle mais dit ne pas savoir l’origine des tirs. L’opposition appelle de nouveau à manifester ce mardi dans la capitale, alors que les violences d’aujourd’hui auraient fait deux morts.

Par @cireass


Le point sur la manifestation contre l’insécurité en cours à Conakry

image
L'opposition républicaine et ses militants sont dans les rues de Conakry. Crédit photo : Associated Press/Archive

Appelée suite à l’agression dont a été victime le porte-parole de l’opposition républicaine, le 4 avril dernier, la manifestation de ce lundi a bien commencé dans plusieurs quartiers de Conakry. Très tôt le matin, aux environs de 6 heures, les manifestants ont érigé des barricades sur la route Le Prince.

Sur l’axe Kagbelein – Hamdallaye, il n’y a pas de circulation. Les commerces et les stations services n’ont pas ouvert, les écoles libèrent leurs élèves. De nombreux citoyens sont obligés de marcher pour arriver à leur lieu d’occupations.

De pneus ont également été brûlés à Tannerie. Des échauffourées sont en ce moment signalées du côté de Hamdallaye.

Des coups de feu entendus dans la haute banlieue. Selon des témoins, trois jeunes manifestants auraient été blessés par balle dont un dans un état grave.

Sur l’autoroute Fidel Castro, la circulation n’a pour l’instant pas connu des perturbations majeures. Les forces de l’ordre sont déployées en grand nombre dans les différents carrefours de la ville.

A rappeler que la manifestation d’aujourd’hui n’a pas reçu le feu vert des autorités administratives de la ville de Conakry. A l’instant même, Soriba Sorel Camara sillonne les différentes mairies de la capitale.

Suivez mon live-tweet de l’événement ici

Par @cireass


Formation d’imams Guinéens au Maroc: le dernier convoi quitte Conakry

image
Cinq cents imams Guinéens sortiront bientôt de l'école marocaine © Yabiladi.com

Lors de le la dernière visite du roi
Mohamed VI en Guinée, en 2014, le royaume du Maroc a offert 500 bourses de formation aux imams Guinéens. Ce vendredi, un groupe de 50 personnes, a reçu les documents de voyage au Contre islamique de Donka, à Conakry, en présence des autorités religieuses guinéennes. Ce groupe est le dernier convoi qui devrait quitter Conakry dans les prochaines heures.

Ce geste du royaume chérifien s’inscrit dans le cadre du renforcement de l’amitié qui existe entre les deux pays. En effet, le Maroc et la Guinée ont toujours eu de bonnes relations. Des indépendances à nos jours. 

« L’islamodiplomatie »

Face à l’influence grandissante des monarchies du Golf (Arabie Saoudite et Qatar en tête) qui financent des associations islamiques dans le continent, le Maroc tente de se repositionner en exportant ses valeurs islamiques, souvent qualifiées de tolérantes. C’est dans ce cadre qu’il a proposé à plusieurs pays africains la formation de leurs imams.  
A travers ces différentes formations, Rabat espère trouver une bonne (voire renforcer son) image dans la région, où il dispose de nombreux investissements.

Le 27 mars dernier, le souverain marocain, Mohammed VI, a procédé à l’inauguration de l’Institut (portant son nom) qui formera des imams, morchidines et morchidates venus des pays arabes, africains mais aussi européens. Cet Institut se trouve au quartier universitaire de Madinate Al Irfane, dans la ville de Rabat.

D’après les autorités guinéennes, la formation des imams se fera par vague et portera sur les principes fondamentaux de l’islam.

Par @cireass


Comment expliquer l’engouement derrière le Sily national de Guinée ?

image

Inutile de vous rappeler que l’événement sportif qui attire toutes les attentions actuellement ici c’est la coupe d’Afrique des nations (CAN) qui se joue depuis le 17 de ce mois du côté de la Guinée-équatoriale.

Après une campagne de qualification délocalisée à l’extérieur du pays (au Maroc) pour cause d’Ebola qui frappe la Guinée depuis fin 2013, le Sily National de Guinée s’est qualifié non pas sans humiliation lors de ses déplacements dans des pays qui voyaient toute une nation porteuse du virus Ebola. De quoi ‘séduire’ plus d’un de ses supporteurs…

Ce samedi 24 janvier 2015, les équipes du groupe D jouaient leur deuxième match de la phase de poule. Comme à la première journée, tous les matchs se sont soldés par de nuls (1-1) maintenant par ce fait le plus grand suspense de la 30e édition de la compétition continentale sur les deux formations qui poursuivront l’aventure en se qualifiant pour les quarts de finale. En dépit de ce statu quo qui perdure, le Sily National de Guinée bénéfice de ce qu’on peut qualifier du soutien jamais enregistré lors d’une compétition internationale.

Quels sont les contours de ce soutien spontané et inconditionnel à notre onze national ?

Il ne faut pas l’oublier. En Guinée, d’habitude les amateurs de ballon rond sont plus prêts à s’engueuler derrière Messi ou Cristiano Ronaldo que d’accorder le moindre intérêt à l’un des joueurs de l’équipe nationale. Mais aujourd’hui, c’est le contraire qui semble se produire. Du moins pour l’instant car si à ce stade de la compétition rien n’est perdu dans le groupe D, rien n’est encore gagné…et tout est possible lors de la dernière journée prévue pour mercredi prochain. Et cet appui pourrait tomber brutalement au cas où l’aventure s’arrêtait là. Espérons que la malédiction qui a longtemps caractérisé les confrontations avec le Mali soit terminée…

Puisque nous sommes dimanche et non mercredi, jour du prochain match, laissons le temps au temps et analysons l’engouement qui a accompagné les deux rencontres disputées.

image

Sur les raisons qui pourraient expliquer ce grand engouement derrière le Sily, elles pourraient venir d’ailleurs loin même du football. Car l’équipe guinéenne de football de 2015 n’est pas plus performante que celles ayant disputé ses trois coupes d’Afrique des nations des dix dernières années (en 2006 en Égypte où la Guinée avait remporté ses trois matchs de poule avant d’être terrassée par le Sénégal, en 2008 au Ghana bien qu’elle fut lourdement battue en quarts de finale par la Côte d’Ivoire de Didier Drogba par le score de 5 buts à 0, ou près de nous en 2012 au Gabon quand elle fut éliminée au premier tour avec toutefois une écrasante victoire de 6 buts à 1 contre le Botswana).

L’équipe nationale, facteur d’unité nationale.

Ruinée par un repli identitaire qui a connu ces dernières année son paroxysme, la Guinée n’a plus que le sport (inévitablement le plus populaire, c’est-à-dire le football) pour retrouver son unité. Aujourd’hui le seul point sur lequel le Président Condé et ses opposants sont d’accord, c’est bien qu’il faut apporter un soutien inconditionnel aux joueurs du tricolore. Depuis l’annonce de la qualification, les politiques n’ont pas raté une occasion pour ‘féliciter’ les joueurs. Le leader de l’UFDG (union des forces démocratiques de Guinée) et chef de file de l’opposition guinéenne, s’est même offert un bain de foule après le nul face aux Éléphants de Côte d’Ivoire. Ce qu’aucun analyste politique n’a eu à relever jusqu’à présent, c’est que nous sommes à quelques mois de l’élection présidentielle. Et que les politiques espèrent qu’en se montrant comme étant le ‘supporteur numéro 1 du Sily national‘ qu’ils pourront recruter de nouveaux partisans. En effet, le leader qui ne manque pas de se féliciter de l’exploit de l’équipe nationale cultive l’image d’un homme d’État qui aime son pays… Cela peut s’avérer productif en cette année électorale. Sinon, les deux prestations de la Guinée ne sont pas aussi rassurantes que lors des éditions précédentes. La dernière fois qu’il a enregistré deux défaites consécutives en phase de poule d’une coupe d’Afrique des nations remonte à 1994 en Tunisie. C’était contre le Ghana et le Sénégal. Certes il a hérité cette année d’un groupe difficile, mais il ne faut pas se voiler la face : les Éléphants et les Lions indomptables de 2015 ne sont pas les mêmes qu’il y a quelques années, tout comme l’équipe du Sily national qui est en construction.

La discrimination dont la Guinée fait l’objet suite à l’apparition du virus Ebola

L’autre raison qui alimente cet engouement, c’est le virus Ebola. La Guinée, épicentre de l’épidémie, est le seul des trois pays sérieusement touchés présent en Guinée-équatoriale. Souvent discriminés et mal vus pendant ses déplacements pour la campagne de qualification, son billet de voyage a été pour ses compatriotes comme une revanche, une récompense divine.

A l’intérieur du pays, les Guinéens sont déchirés par des clivages ethniques instrumentalisés par des politiciens véreux. Mais une fois à l’extérieur, ces querelles disparaissent l’une après l’autre. Ce qui fait que maintenant en ce qui concerne le Sily national, on ne voit que la Nation. C’est en quelque sorte la règle : quand les autres nous haïssent, nous devons nous unir qui s’applique. La sélection nationale jouit plus d’une fibre patriotique que de l’adhésion à un style de jeu.

Les réseaux sociaux, notamment Facebook

La dernière raison qui pourrait expliquer cet appui, ce sont les réseaux ; précisément la tendance selfie. Oubliez la période où Internet représentait un luxe pour les Guinéens. De nos jours, en dépit du problème récurrent d’électricité, la plupart des personnes de la tranche 15-30 ans dispose d’un compte sur Facebook. Et la tendance du moment, c’est de poster un selfie de soi avec un dérivé du Sily (maillot, bracelet, bonnet, etc.) sur Facebook, Instagram ou Twitter. Ces milliers de photos donnent l’image d’une équipe soutenue par tout un peuple.


En clair, la Guinée n’est pas entrain de livrer sa belle coupe d’Afrique de nations de l’histoire – comme d’ailleurs tous les autres participants n’en font pas – mais certainement la plus belle union derrière son équipe nationale de football.

Quelque soit l’issue du match contre le Mali, notre participation à cette compétition restera comme le début du plus beau réveil patriotique à l’endroit du football guinéen.

Vive le Sily national, découragement n’est pas guinéen.
Allez gbin gbin so.

Par cireass

Retrouvez cireass sur Facebook


Lettre d’un coq aux musulmans de Guinée

La fête de l’Aïd el-kebir, aussi connue sous le nom de la ‘fête de Tabaski’, a été célébrée du 4 au 5 octobre 2014. Autrefois considérée comme la fête des moutons, ce sont les coqs qui ont le plus payé les frais des festivités cette année. Dans un contexte économique d’extrême précarité et une crise sanitaire croissante – due à la persistance  du virus Ebola – , les bétails ont pu quand même se frotter les mains. Un coq ayant eu la chance d’échapper aux scènes d’horreur qui ont touché ses concitoyens a décidé d’écrire cette lettre pour non seulement dénoncer ces crimes et la négation des faits qui s’en est suivie, mais aussi annoncer les nouvelles dispositions prises pour se protéger à l’avenir.

image

Je remercie Allah, le Dieu des musulmans, de m’avoir donné la chance d’échapper à la ‘chasse à l’homme’ engagée contre nous. Je remercie Allah de m’avoir donné la possibilité d’adresser cette Lettre aux fidèles musulmans de Guinée, qui n’ont pas eu pitié de nous durant leur Aïd. Par les lignes qui suivent, je m’exprime au nom de tous mes concitoyens morts ou rescapés comme moi qui sont encore sous le choc, pour dénoncer les massacres dont nous avons été victimes le week-end dernier.

En effet, nous venons de traverser les pires moments de notre histoire, à l’occasion de la Tabaski 2014. La veuille, le jour et le lendemain de la fête, soient soixante-dix heures d’horloge, ont été cauchemardesques pour nous : poules et coqs. Vous allez certainement murmurer que nous n’avons rien à voir dans cette fête, puisque c’est la fête des moutons. Eh bien, détrompez-vous ! Les choses ont complètement changé. Ebola et la conjoncture économique à laquelle les anciennes rivières du Sud sont soumises sont passés par là ! L’édition 2014 de la deuxième fête des musulmans est avant tout une affaire des volailles en Guinée. Il est évident que les moutons, les chèvres et les vaches ont connu des assassinats (mais ciblés !) Alors que pour nous, ils furent indiscriminés ; ce qui nous a malheureusement placés de loin à la première place des victimes de l’Aïd. Entre vendredi après-midi et ce lundi matin, plusieurs centaines de milliers – si ça ne dépasse pas un million dans tout le pays – de mes concitoyens ont eu la gorge tranchée. C’est presque autant que le génocide rwandais de 1994, que le monde ne parvient pas à oublier. Pourtant, personne ne lève le petit doigt pour dénoncer ces atrocités. Moi-même qui vous parle, j’ai eu la peau sauve grâce au petit malin que j’ai fait : lorsque le premier véhicule parti de Conakry est arrivé à Maneah (la ferme où vit le coq protestataire, NDLR), j’ai senti que quelque chose de grave se préparait, par la suite j’ai fait le malin de n’ouvrir mes yeux que partiellement… En temps d’Ebola, ce comportement paie ! On m’a pris alors pour un malade. De ce fait, me mettre dans le lot des coqs destinés au ravitaillement du marché aurait rendu toute la marchandise suspecte. On m’a immédiatement mis en quarantaine.

À mon retour au dortoir après plusieurs heures d’isolement, surprise : la ferme est vide. Mes compagnons ont tous été envoyés à Conakry. Inna lillah wa inna ilayhi radjioun ! Ils sont allés dans cette agglomération où l’on ne tolère pas les coqs, nul doute que leur sort sera tragique. De toute ma vie, je n’ai jamais entendu un coq raconter son séjour dans cette zone, située pourtant à une quarantaine de km de notre ferme. On ne fait pas du tourisme à Conakry. Et si j’avais attendu jusqu’à mon arrivée dans cette ville avant de faire mon petit geste protecteur, hahan ??? Wallahi, j’aurais fermé mes yeux et chanté avec une voix prise.. jusqu’à ce que toute personne qui nous approche crie : monsieur, ces poules que vous vendez sont peut-être à l’origine d’Ebola !

Le nœud du problème ce n’est pas seulement le fait que nous ayons enregistré tant de morts dans nos rangs. Mais plutôt le fait que ces crimes aient été commis dans la plus grande injustice, dont l’humanité est championne envers les animaux. Si les moutons, les chèvres et les vaches immolés à cette occasion sont considérés être en ce moment même au paradis attendant leurs maîtres, nos morts ont déjà été transformés en poussière. Quels deux poids, deux mesures ! Non, vous ne devez pas être injustes jusqu’à ce point.

D’ailleurs, vous interprétez mal l’Islam. Hihi. Moi, j’ose le dire. Quand Allah avait ordonné à Abraham de sacrifier son fils unique, Ismael, c’est un bélier que l’ange Gabriel avait fait descendre pour le remplacer. Mais vous là dites-moi, depuis quand un coq remplace équitablement un bélier ?
À ma sortie de quarantaine, il y avait un seul vigile. Celui-ci, pour vaincre la solitude qui frappait la bourgade, avait allumé un petit transistor qui diffusait l’édition de 18 heures d’une station de radio locale. Largement consacrée aux préparatifs de la fête de Tabaski, elle avait donné la parole aux Guinéens de la capitale, les citadins, qui malheureusement ne se gênaient pas d’afficher leur pauvreté. Un début d’espoir pour moi. Car, ils avaient majoritairement jugé que les coqs et les poules sont hors de portée (entre 60 000 et 130 000 francs guinéens par tête), soit le prix d’au moins deux kilos de viande de bœuf… Je voyais déjà le retour triomphal de mes camarades, parce que j’estimais qu’on n’allait pas remplacer ces deux kilos par un coq dont le goût peut faire l’objet de débat. Hélas ! Vers la fin du journal, un boucher déplore la rareté de la clientèle, qu’il justifie par la présence du virus Ebola en Guinée. Selon lui, certains pensent que la viande de bœuf transmet Ebola. Eh Allah, le Guinéen est têtu quoi ! On lui dit d’éviter la viande de brousse, lui ajoute la viande de bœuf dans la liste des interdits, comme l’élevage pratiqué dans le pays est de type traditionnel, donc les bœufs vivent dans la brousse. Mon espoir s’effrite comme un château de cartes. Si on se plaint du prix d’un coq, ce n’est pas d’un bélier qu’on va s’offrir. On ne prendra pas non plus le plaisir risque de consommer la viande de bœuf si l’on croit qu’elle peut transmettre l’effrayant virus. De là, je comprends que les carottes sont cuites pour mes anciens compagnons.

Pire encore, vous les musulmans de Conakry vous refusez d’admettre votre responsabilité, préférant brandir la viande de moutons que quelques privilégiés ont pu sacrifier. Cela est d’autant plus inquiétant que vous n’éprouvez aucune compassion pour nous et affichez clairement par cette conduite intolérable votre volonté de refaire les mêmes actes lors des prochaines fêtes. Mais, je vous informe que nous entendons porter plainte contre vous devant la CPI, même si l’opinion publique est plus préoccupée par les décapitations que fait l’Etat islamique sur des Occidentaux que celles que vous faites sur nous, abandonnés à nous-mêmes. À côté des menaces, nous vous demandons humblement de penser à nous. Vous qui nous égorgez vous n’êtes pas différents de ceux qui tranchent la gorge des otages en Syrie et en Irak. Hihi. Vous aussi vous n’utilisez pas de l’anesthésie pour calmer la douleur. Mais, vous allez voir…

Je sais que dans moins de trois mois les chrétiens, eux aussi, célébreront leurs fêtes de fin d’année. L’état économique et sanitaire étant le même, ils pourraient suivre le chemin que vous avez défriché. Probablement, je servirais à la préparation d’un mauvais bon plat de Noël. Astakhfiroullah, j’adresserais une lettre aux chrétiens de Guinée.

Puisque nous ne savons pas quand la situation pourra s’améliorer, nous les survivants vous annonçons officiellement avoir contacté les chimpanzés et les chauves-souris pour qu’ils nous donnent leur secret pour qu’on assure notre autodéfense. Peut-être, vous avez une idée sur ce fameux secret, cette arme que nous allons bientôt nous procurer. Il s’agit bien entendu de l’une des cinq souches du virus Ebola. Comme on dit en Afrique, le moustique qui se pose sur les testicules d’un vieillard ne sera pas frappé de la même manière que celui qui se pose sur la jambe d’un adolescent. Nous comprenons maintenant à tel point que l’application de cet adage pourrait épargner notre population des massacres à répétition que vous nous envisagez dans le futur. Et inch Allah, nous serons le premier moustique.

À bon entendeur, salut !

Éditée par cireass



Conakry et les ordures, c’est une histoire de fidélité sans faille !

image

Il fut un temps, Conakry était appelée la perle de l’Afrique de l’Ouest. Au fil des années, la capitale guinéenne s’est forgée à devenir un dépotoir d’ordures à ciel ouvert. De nos jours, pas un seul carrefour, pas une seule ruelle, pas un seul caniveau n’est épargné par l’insalubrité. Conakry est sale. De Kaloum – la commune qui abrite les sièges des institutions républicaines et la plupart des grandes entreprises – à KM 36, des montagnes d’immondices ont fait leur apparition. Il n’est plus possible de respirer de l’air pur ; partout, l’on est accueilli par une odeur nauséabonde.

Au cours de la dernière décennie, les nominations intervenues à la tête du gouvernorat de Conakry n’ont pas pu apporter une solution à l’épineuse question de l’insalubrité. Les PME qui se lancent dans la collecte, le transport et le traitement (il n’existe toujours pas une usine de traitement de déchets) des ordures ménagères sont vite rattrapées par la réalité : les difficultés financières. Et le tout soutenu par la bénédiction de l’inconscience citoyenne. En effet, peu sont les ménages qui se souscrivent au service d’une de ces entreprises, car les prix de leur prestation sont jugés onéreux (généralement 40 000 GNF par mois, environ 4€).

Selon le SPTD (service public de transfert de déchets), les 2 500 000 habitants de Conakry produisent quotidiennement 8 000 tonnes d’ordures. Par manque de politique de salubrité, elles se retrouvent rapidement dans la nature. Dans les marchés, les produits alimentaires dont certains sont destinés directement à la consommation – sans aucune possibilité de les laver donc – cohabitent en parfaite harmonie avec les saletés. Rares sont les lieux publics qui sont à l’abri du phénomène. Conakry offre à ses visiteurs un visage hideux.

Cette situation de ville sale a favorisé l’émergence de toute sorte d’insectes (piquant ou non) : moustiques, mouches, cafards, etc. Mais aussi de chiens errants, de grenouilles et de chats se baladent partout. D’après les aînés, avant l’indépendance, on procédait fréquemment à la pulvérisation – eh pardon j’avais oublié que le mot pulvérisation est devenu synonyme d’exécuter les otages ! – des lieux publics pour les séparer de moucherons.

Tout le monde est coupable

Si Conakry est autant sale, c’est parce que tout le monde a laissé la situation pourrir. Tout d’abord, le gouvernorat continue à gérer directement la question, au lieu de jouer le rôle de superviseur. Ailleurs dans les grandes villes pendant que de structures – privées – se chargent de l’assainissement, ici c’est le SPTD, un service qui est rattaché à la première autorité de Conakry qui continue à valider l’image d’une ville insalubre… C’est cela qui doit changer.

La décentralisation des pouvoirs permettrait de retrouver l’image d’antan, dont les Conakrykois étaient fiers. En effet, en chargeant aux autorités locales (maires, chefs de quartiers, présidents de délégation spéciale) de veiller au maintien de leur environnement sain, où il ferait bon d’y vivre, le gouvernorat de Conakry pourrait débarrasser sa circonscription de toute saleté. Pour y arriver, il peut même mettre sur pied une forme de compétition entre les cinq communes qui composent la « zone spéciale de Conakry », décerner un prix chaque mois à la « meilleure commune », et sanctionner le (s) mauvais élève (s). Imaginez que le président d’une délégation spéciale apprend au journal de 20 heures 30′ de la télévision nationale qu’il est limogé à cause des ordures qui jonchent les rues de sa commune… Je ne pense pas que les autres resteraient bras croisés, ne serait-ce que pour garder leur poste.

Ensuite, les autorités locales ne se sentent toujours pas concernées par la question et préfèrent la laisser à celles du gouvernorat. Pourtant, au niveau de chaque marché, il y a une commission – sortie de nulle part – qui rançonne les vendeuses chaque jour pour officiellement financer le nettoyage dudit lieu. Mais aucune trace de leur travail n’est visible sur le terrain. Ces marchés dégagent une odeur pestilentielle.
L’attitude expectante des élus locaux ne cesse de croître.

Enfin, les citoyens – qui produisent ces ordures – ne se soucient pas de leur devenir. En toute saison, Conakry est sale. Ici, les caniveaux ne sont pas des canaux d’évacuation de l’eau de ruissellement, au contraire, ce sont des trous où l’on se débarrasse de ses ‘colis gênants’. En saison hivernale, on attend la pluie pour balancer les ordures dans les caniveaux dans l’espoir que l’eau qui y coule les traînera jusqu’en haute mer. Conséquence : beaucoup d’entre eux ont fini par boucher, donnant ainsi lieu à des inondations dans certains quartiers de la capitale. Pas surprenant quand on sait que la pluviométrie atteint 4 200 mm d’eau par an.

Un caniveau rempli de déchets à Conakry -Crédit photo : DR.
image
En saison sèche, les ordures accumulées sont brûlées dans les concessions ou les poubelles, offrant une image de volcan en activité avec une longue fumée qui monte vers le ciel, accompagnée de conséquences environnementale et sanitaire désastreuses. D’autres par contre attendent l’éclipse du soleil pour aller les déposer sur la chaussée. Aujourd’hui, il n’existe pas une rue propre à Conakry. Et la population ne semble pas se préoccuper du sort de leur environnement.

Des images d’automobilistes qui jettent leurs ordures par les vitres de leur véhicule ou des occupants d’immeubles qui se séparent de leurs déchets en les jetant par les fenêtres sont devenues de choses banales.

Une question juteuse

Contrairement à la stratégie de Sekou Resco Camara – gouverneur de Conakry entre 2010 et 2014 – qui favorisait l’emploi de la force, son successeur, Soriba Sorel Camara, nommé en mars dernier, a opté pour la distribution généreuse de billets de banque. Selon un rapport rendu public récemment, l’assainissement de la ville a coûté 7,5 milliards de Francs guinéens (plus dn million de dollars us) pour la simple période allant d’avril à juin 2014. La moindre action est récompensée par des millions de Francs. Des images de jeunes ou femmes balayant telle ou telle autre rue d’un quartier sont fréquemment diffusées à la RTG (radio télévision guinéenne) sans qu’il n’y ait de résultats concrets sur le terrain. Cela dit, un groupe de jeunes gens coincés dans le chômage peut se regrouper en une association de ‘balayeurs’ et demander aux autorités de lui venir en aide. Non seulement sa demande sera accédée dans un bref délai, mais aussi tous les supports médiatiques de l’État seront à sa disposition. Finit la galère !!!

Tant pis si on découvre au petit matin des ordures dans le quartier assaini la veille. L’important est que la propagande des autorités locales ait passé auprès de leur hiérarchie et – surtout – l’argent ait coulé à flot.

Malgré la quantité importante d’argent jeté dans la recherche d’une ville salubre, la capitale guinéenne ne semble pas être prête à offrir un environnement immaculé : Conakry et les ordures, c’est une histoire de fidélité sans faille !

Par cireass


La lutte contre le virus Ebola doit être l’affaire de tous

image
Un pavillon d’isolation pour les personnes suspectées d’être atteintes de la maladie d’Ebola à Conakry (Photo : AFP)

Selon l’OMS, le virus Ebola  qui ravage l’Afrique de l’Ouest depuis décembre 2013 a fait plus de 2 000 morts sur un total de 3 900 malades répertoriés, dont 823 cas et 522 décès en Guinée.  L’organisation onusienne prévoit à terme 20 000 cas.  Par ailleurs, deux nouvelles localités, en l’occurrence les préfectures de Kérouane et Coyah, ont été touchées par l’épidémie. Ce qui montre que loin du sourire affiché par les autorités, le virus apparu à la fin de l’année dernière au sud de la Guinée reste toujours d’actualité.
C’est pourquoi je pense que sa lutte  demande l’implication de chacun de nous  sans exception, pour son éradiquer une fois pour toute.
Sachant que la santé publique est le premier défi que l’humanité doit relever, j’ai décidé de rédiger ce billet  dans le but de me joindre à ceux qui sensibilisent les citoyens contre ce tueur impitoyable, afin de le bouter hors de nos frontières. 

Les citoyens ont droit à l’information

Certains accusent les autorités guinéennes de ne pas donner suffisamment à la population les informations concernant  l’épidémie d’Ebola ; ce qui contribuerait à sa propagation. C’est bien d’éviter la psychose et ainsi rassurer les ‘investisseurs’ que la situation est sous contrôle. Mais il faut comprendre que tant qu’Ebola existe, les investisseurs ne se bousculeront pas aux portes de la Guinée et des autres pays touchés. L’éradication de la fièvre hémorragique à virus Ebola passe absolument par une bonne information. En retour, la population doit se conformer aux règles édictées par les autorités sanitaires et leurs partenaires internationaux. Que chacun accepte de jouer, petit qu’il soit, son rôle et fasse preuve de patriotisme pour que le virus Ebola ne soit plus présent dans notre pays.

Arrêtons de politiser la situation

S’il y a une grande erreur  que certains de nos compatriotes – ce n’est pas propre qu’aux Guinéens – ont commise dans la lutte contre la fièvre rouge, c’est bien d’avoir politisé une situation qui n’a rien de politique. Dès l’annonce de la présence de l’épidémie, ils ont nié catégoriquement son existence, sans chercher à comprendre quoique ce soit. Résultat : les installations de MSF à Macenta ont été saccagées par des gens qui criaient au mensonge l’existence de la maladie ; tout récemment des émeutes ont éclaté à N’Zérékoré entre jeunes opposés à la désinfection du marché central de la ville et forces de l’ordre. D’autres sont allés jusqu’à accuser le gouvernement d’avoir inventé cette ‘histoire’ pour empêcher la tenue des élections présidentielles en 2015. Non arrêtons d’être la risée du monde, il est encore tôt de parler de ce fameux rendez-vous électoral. D’ailleurs personne n’a intérêt à inventer une telle histoire. Ni les autorités guinéennes, ni les ONG et les organisations internationales ne pourraient tirer profit en inventant une épidémie effrayante comme celle-ci. Nous ne devons pas voir la politique derrière tout ce que nous entendons. À force de continuer dans une telle aventure, nous risquons de poser des actes qui seront défavorables au développement de notre pays. Aujourd’hui à cause d’Ebola, la Guinée est complètement isolée sur le plan international. Des compagnies aériennes ont cessé de desservir l’aéroport de Conakry. Les musulmans qui souhaitaient accomplir le pèlerinage sont interdits de séjour dans les lieux saints de la Mecque. Les chancelleries occidentales nous ont diminué l’octroi de leur visas. Nos compatriotes vivant à l’étranger sont victimes de toute sorte de stigmatisations. Certains pays voisins nous ont fermés leurs frontières – on ne doit pas leur en vouloir – la meilleure façon pour nous de sortir de cette lamentable situation, c’est de combattre Ebola, notre véritable ennemi qui menace notre existence. À ceux qui disent qu’ils ne vont pas croire à son existence, car ils n’ont jamais vu des victimes d’Ebola, qu’ils arrêtent de s’inscrire dans ce mauvais raisonnement. Voir ses victimes, à moins qu’on soit allé à un centre de traitement spécialisé, résulte de la mort d’une personne proche. Et ça je ne pense pas que l’un de nous y souhaite. Heureusement, contrairement au Libéria et à la Sierra Leone où des cadavres pourrissent dans les rues, en Guinée nous n’en sommes pas encore arrivés à ce stade. Donc les sceptiques n’ont qu’à apprendre à croire ce qu’ils entendent sans forcément attendre la démonstration  tangible.

Ne cachons pas les cas suspects

Pour mieux participer à la lutte contre cette épidémie, les proches des malades suspectés d’avoir contracté le virus doivent porter à la connaissance des autorités sanitaires en charge du traitement des cas suspects. En prenant cette sage décision, on protège notre entourage. Ebola n’est pas effrayant plus que toutes les épidémies (sida, paludisme, tuberculose…). Ce qui le différencie des autres, ce sont ses modes de transmission. Pour limiter les risques de contamination, il ne faut pas  cacher les personnes affichant des symptômes similaires à ceux de l’effroyable virus. La mort en tant que telle n’est pas affreuse, puisque nul ne l’echappera. Mais par contre, personne ne souhaite mourir simultanément avec tous les membres de sa famille. Et  c’est cela même que notre présent présent virus fait. Ce n’est qu’en s’attaquant à la chaîne contamination qu’on pourra vaincre le virus Ebola.

Le monde ne doit pas nous abandonner

Certes l’épidémie d’Ebola ne ravage actuellement que quelques pays d’Afrique de l’Ouest (plus la République démocratique du Congo), mais cela ne signifie pas que les autres pays du monde ne sont pas concernés. Les problèmes actuels ne se limitent pas qu’à la crise ukrainienne et la progression de État islamique en Irak. Des millions d’enfants risquent de ne pas pouvoir aller à l’école cette année. Quand j’écoute ceux qui ‘incarnent la communauté internationale’, j’ai l’impression que le virus Ebola n’est pas une priorité. Pourtant, ce sont des millions de personnes qui sont menacés par cette épidémie. En plus de la crise sanitaire, la situation actuelle pourrait déboucher sur une crise alimentaire. Avec les mouvements migratoires, chaque pays est une cible potentielle d’Ebola. Ainsi, la communauté internationale doit se joindre aux gouvernements des pays touchés pour prendre les mesures idoines afin d’éradiquer cette menace. 

Pour avoir plus de détails sur le virus Ebola, je vous recommande:

. Le virus Ebola,  plus facile à éviter que le paludisme

. Transmission, symptômes, traitements: comprendre le virus Ebola

. Virus Ébola : quelles sont les précautions à prendre pour l’éviter?

. 115 est le numéro vert mis à la disposition des citoyens pour la circonstance.

(*) Hommage à tous les agents de santé (médecins, infirmiers ou  bénévoles) décédés en tentant, malgré les grands risques de contamination auxquels ils étaient exposés, de sauver de vies !

(**) Félicitations aux religieux qui ont pris l’affaire à bras le corps et se sont lancés dans la campagne de sensibilisation. Par exemple, le sermon de la grande prière de vendredi a porté à plusieurs reprises sur les dispositions à prendre pour éviter de contracter le virus mortel, même si leur message n’est pas tombé forcément dans des bonnes oreilles.

Par cireass
Retrouvez cireass sur Facebook


Affaire des 10 milliards de FCFA saisis par la douane sénégalaise : pourquoi les explications de Conakry ne convainquent pas

image
Photo d'illustration

L’affaire des 10 milliards de FCFA saisis par la douane sénégalaise se serait passée inaperçue en Guinée n’eût été la loyauté des douaniers et le professionnalisme des médias sénégalais. Début août, le 8 précisément,  un aéronef  en provenance de Conakry se pose sur l’Aéroport International Léopold Sedar Senghor de Dakar, avec un bagage d’une grande valeur : des devises étrangères (euro et dollar américain) estimées au début à 4 milliards de Francs CFA, avant d’être rallongées à 10 milliards de Francs CFA (soit plus de 110 milliards de Francs guinéens). 

L’argent devait être embarqué à bord d’un avion de ligne de la compagnie Emirates à destination de Dubaï où il servirait à « l’approvisionnement des comptes de correspondants pour couvrir les opérations de transfert des banques primaires», se justifie -t-on à la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG). Le  problème ? La cargaison n’était déclarée ni à l’entrée ni à la sortie du territoire sénégalais ; ce qui va naturellement attirer l’attention des autorités sénégalaises, qui mènent une lutte sans merci contre le détournement de fonds publics et le blanchiment d’argent.. Après avoir reçu confirmation de paternité de la part de Conakry et pour éviter une « crise diplomatique» entre les deux « pays frères », le Sénégal libère le colis. Bienvenue les spéculations…

Depuis la révélation de cette affaire par Le Quotidien, Conakry souffle le chaud et le froid.  Durant tout le week-end dernier, les autorités guinéennes par la voix de Louceny Nabé, le gouverneur de la BCRG, ont tenté de contrôler cette situation  qui semble bien partie pour échapper à leur contrôle.

En effet, pour justifier ce transbordement, M. Nabé explique que les devises interceptées par la douane sénégalaise n’appartiennent à aucune autorité politique ou administrative, et que le colis est une propriété de la Banque Centrale de la République de Guinée. Que son voyage vers Dubaï est le fait que c’est là-bas que l’avion de la compagnie Emirates va faire escale avant de rejoindre New York, à City Bank où le précieux voyageur serait attendu…

Des questions qui restent sans réponses

Beaucoup de bruit autour de cette affaire, mais les vraies  questions n’ont toujours pas de réponses. Pendant que la technologie connaît  son essor, difficile de comprendre la démarche des autorités guinéennes. Pour quelle raison embarquer dans un avion de ligne une somme aussi faramineuse pour un pays pauvre, à la merci des épidémies (comme Ebola), alors que de nombreuses banques internationales y évoluent, sachant qu’un simple virement  bancaire aurait tout réglé ; et en toute sécurité ? Au cas où cet avion aurait crashé, quelle serait la ligne à suivre pour se justifier auprès du peuple de Guinée ?
On dit que ce transfert n’a rien à voir avec les autorités politiques ou administratives, l’administration étant centralisée, difficile de me convaincre que Sekoutoureyah n’était pas au courant.
Si c’est vrai que tout devrait se dérouler dans la transparence, pourquoi alors n’a-t-on pas informé les autorités sénégalaises de la venue de l’aéronef ? Ce sont là quelques-unes de multiples questions que nos gouvernants doivent répondre. Sinon, #BringBackOurMoney ou #RendezNousNotreArgent !

Pourquoi les explications de Conakry ne convainquent pas

En 2010 lorsque le candidat Alpha Condé se battait pour remporter les élections présidentielles, il s’était engagé à mettre fin au détournement de fonds publics et à la corruption qui gangrenait l’administration si on lui portait confiance. Une promesse que la majorité de Guinéens ont crue. C’est ce qui l’a porté à la tête du pays. Mais une fois élu, le Président Alpha Condé s’entoure des caciques du régime de Lansana Conté. Conséquence immédiate : il  ne réussira pas à appliquer sa promesse. Son régime sera plusieurs fois éclaboussé par des scandales financiers ou de corruption.

Depuis l’avènement du Président Alpha Condé au pouvoir, plus d’1 milliard de dollars américain a été utilisé dans des conditions qui restent à élucider… Les scandales, en dollars américains, qui sont désormais ancrés dans la mémoire collective sont entre autres : 700 millions versés par Rio Tinto en 2011, 25 millions par une société sub-africaine du nom de Palladino, 26 millions versés par la société de téléphonie MTN-Areeba, un prêt angolais de150 millions, 400 millions injectés dans les caisses d’Électricité de Guinée pour mettre fin à l’obscurité dans la ville de Conakry, en attendant l’arrivée du courant électrique du barrage de Kaléta, en construction.

Et, c’est sans oublier les tentatives de détournements que l’on a répertoriés au cours des quatre dernières années, dont certains ont coûté la vie à des cadres intègres du pays comme la regrettée Mme Aissatou Boiro

Avec toutes ces affaires non-élucidées, vous vous demandez encore comment 20 millions $ ont pu prendre un avion à destination de Dubaï New York ?

Par cireass
Retrouvez cireass sur Facebook


Violence faite aux enfants : la Guinée tourne en rond !

Enfant en larmes – Crédit photo : Ndarinfo

Ce  1er  juin 2014, comme les vingt-trois dernières années, marque le début du mois de l’enfant guinéen. Depuis 1990, la Guinée dédie le mois de juin à ses enfants. L’occasion pour les défenseurs des droits de l’enfant d’encourager les citoyens à respecter les droits de cette couche vulnérable de la société. Mais vingt-quatre ans après la première célébration, les enfants guinéens ne sont toujours pas protégés de cette pratique qui se transmet, semble-t-il, de génération en génération. La Guinée tourne en rond.  En Guinée, maltraiter un enfant fait partie de son éducation. 

 Il y a quelques jours, j’étais en compagnie d’un ami. Nous nous promenions dans un quartier populaire de la banlieue de Conakry. Il était peu après 19 heures, heure locale. Non loin d’une villa, nous entendions une fillette hurler de douleur. Elle pleurait avec sa dernière énergie, sans que  personne ne lui vienne en aide. Ses cris se succédaient les uns après les autres. Entre eux, les bruits du fouet qui servait à la torturer résonnaient à plusieurs mètres à la ronde. Mon ami et moi cherchions à comprendre ce qui se passait, et ce qui se pavanait dans la tête de cette femme enragée déversant sa colère sur la petite. Elle avait laissé s’évaporer la pitié que l’on attribue à la gent féminine souvent sans en douter même une seconde. Ainsi, nous nous dirigions vers les pleurs. Étonnement, nous trouvâmes que la tortionnaire ne vivait pas seule dans la fameuse villa, malgré l’inertie de ses  colocataires à l’endroit de la pauvre fille, qui appelait corps et âme aux secours. Près du portail, on croisa une jeune femme qui  nous a fait savoir que la fille en pleure était corrigée par sa sœur, sa tutelle ; celle qui a l’autorité de décider tout ce qui concerne l’enfant. Donc, pas d’immixtions externes dans les affaires de la famille. Déception et colère m’envahirent. Pour éviter d’entrer en conflit avec une personne que nous n’avons jamais connue jusqu’ici, nous décidâmes de quitter le lieu, laissant la petite fille en larmes même si les coups avaient cessé. Sa sœur ayant fini d’administrer ses supplices.

 Malheureusement en Guinée, lorsque c’est le père, la mère, une sœur ou toute autre personne de la famille qui se transforme en bourreau de l’enfant, ça devient une pratique banale. Normale, diront d’autres. La violence contre les enfants se fait le plus souvent au sein de la même famille : c’est un couple qui n’arrive pas à faire d’enfant qui sollicite un enfant auprès d’un parent ou bien un oncle qui décide d’envoyer un neveu auprès de lui en ville pour « poursuivre ses études ou apprendre un métier ».

Un couple stérile décide d’adopter un enfant – une fille de préférence – qu’il s’engage à traiter comme son enfant biologique. Si certains honorent leur engagement, d’autres par contre se transforment très vite en bourreau de l’enfant. Si financièrement la famille s’en sort mieux, la petite fille devient alors la bonne. Celle qui nettoie désormais la maison, les WC, lave les habits, parcourt de longues distances à la recherche d’eau. Tant pis si elle a des problèmes de santé. Tant qu’elle peut se lever, elle aidera sa tante dans ses travaux ménagers. Elle devient voleuse, menteuse… vagabonde. Celle qu’il faut « corriger » tout le temps. Si la famille vit sous le seuil de la pauvreté, la petite devra travailler pour apporter un peu de sous. Elle devient une marchande ambulante, traînant avec un plateau de fruits sur la tête ou un panier rempli d’eau glacée le long des grandes artères de la ville. Gare à la pauvre de faire perdre la marchandise.

Un oncle se rend au village et constate que son frère a un gosse qui est en âge d’aller à l’école, mais faute d’infrastructures dans le bourg, le gamin se livre à la chasse aux écureuils après ses travaux domestiques. Interpellé par son frère, il accepte de repartir en ville avec « Mamadou ». Il est convenu que le petit prendra le chemin de l’école dès leur arrivée à… Conakry. Mais dans d’autres cas quand il débarquera, le petit verra le contraire se produire, il sera vendeur à la sauvette pour participer à combler les trous financiers de la famille, mécanicien… au pire coxeur. Mais ce qui lui fera du mal ce n’est pas le fait qu’il ne soit pas allé à l’école. Au contraire, les sévices de « tantie », la femme de son oncle. Pendant que ses cousins – s’il en a – se préparent  à aller à l’école, le jeune Mamadou aide tantie dans ses travaux ménagers : il doit faire quasiment tout. Plus souvent, sans que l’oncle – qui lui a trouvé un plan B – ne soit au courant de sa situation puisqu’il sort à l’aube pour rejoindre son lieu de travail et rentre tardivement le soir.

Par ailleurs, des enfants subissent de mauvais traitements sous leurs parents biologiques. Jusqu’à un passé récent, je croyais que toutes les mères sont comme celle que Section d’assaut nous a présentée dans son titre Avant qu’elle ne parte : « même quand tout le monde est contre toi, elle reste ta meilleure amie ». Je pensais qu’une femme pouvait être méchante envers tout le monde dans ce bas monde sauf envers son enfant. Hélas. A côté des bonnes femmes, il y a les mauvaises. En 2013, j’apprenais sur les ondes d’une radio locale qu’une femme avait versé de l’eau bouillante sur sa fille. Prétexte invoqué, selon des témoins, l’enfant aurait fait perdre 200 GNF lors d’une transaction d’échange monétaire. Il y a quelques mois, Sally Bilaly Sow m’a montré des photos du dos déchiré, par des chaînes, d’un adolescent dans la région de Labé. Son bourreau n’était autre que son propre papa.

La dernière catégorie de personnes qui maltraitent les enfants, c’est le donneur du savoir : l’enseignant et le chef d’atelier (menuiserie, soudure…) ou de garage. Entre l’enseignant et l’élève, entre le maître menuisier, le chauffeur et l’apprenti, c’est la victime face à son bourreau. A l’école, les bêtises commises sont corrigées par le fouet, peu importe le cycle. Je me rappelle d’un chauffeur de camion qui s’était venté d’avoir descendu une partie du véhicule sur les mains de son apprenti qui refusait de reconnaître le vol dont il était le principal suspect.

En dépit de la mise en place du ministère en charge de la Promotion féminine et de l’Enfance, la violence faite aux enfants persiste. Certainement à cause de l’indifférence collective sur le sujet, mais aussi la non-application des conventions internationales relatives à la protection des enfants dont la Guinée est signataire.

Par cireass 


FAT BNT : « Toute petite même quand je faisais des bêtises et qu’on me frappait, seule la musique pouvait me consoler »

FAT BNT – sur son profil Facebook, avec l’accord de l’intéressée

A ce jour, Fatoumata Bintou Bah – FAT BNT sur scène – est inconnue du public guinéen. Pourtant cette compatriote, âgée d’une trentaine et vivant en Côte d’Ivoire depuis quinze ans, a un talent musical annonciateur d’une carrière musicale prometteuse. Elle espère mettre son premier album dans les bacs avant la fin des vacances prochaines. Après avoir écouté quelques-unes de ses chansons en ligne, j’ai sollicité une interview avec elle. Dans cette interview, FAT BNT parle de ses activités artistiques ainsi que de sa Guinée natale. Je vous propose de la lire dans les lignes qui suivent.

RDS : Bonjour Fatoumata Bintou Bah, présentez-vous aux lecteurs de Rivières du sud 

FAT BNT : Je m’appelle Fatoumata Bintou  Bah à l’état civil.  Mon nom d’artiste est FAT BNT  (FAT qui signifie Fatoumata  et BNT qui signifie Bintou).  J’ai un diplôme BTS en informatique.  Je suis une ex-membre du groupe  NGM  – le premier groupe de RAP féminin de Guinée –  ;  actuellement à cause de la distance j’évolue en solo, depuis 2000 et  je suis à mon tout premier album qui sortira pendant les vacances prochaines.  Je fais tout genre musical, j’y vais où mon inspiration m’amène sans rien forcer. Je suis en Côte d’Ivoire depuis 1999 et, avant  je vivais   à  la  Belle vue (un quartier de Conakry, NDLR).

RDS : Pourquoi avez-vous choisi de chanter ? 

FAT BNT : Au début,  je voulais devenir une danseuse car j’aimais beaucoup danser  et un jour j’ai un ami qui m’a  écouter chanter  et m’a demandé pourquoi danser seulement alors  que j’ai une belle voix.  C’est là  que j’ai commencé à chanter.

RDS : Que représentait la musique dans votre enfance ? 

FAT BNT : J’aime la musique depuis toute petite. Même quand  je faisais des bêtises et qu’on me frappait, seule la musique pouvais me consoler.

RDS : Quelles sont vos sources d’inspiration ? 

FAT BNT : Je m’inspire beaucoup de mon entourage et de ma vie.

RDS : Quelle place la Guinée occupe dans vos chansons ?

FAT BNT : La place de la Guinée dans mes chansons est très importante ; c’est pourquoi je chante en langues nationales (pulaar et soussou, NDLR) quelque soit le style de musique que je fais.

RDS : Quelles sont vos ambitions ? 

FAT BNT : Mes ambitions, c’est de représenter mon beau pays, la Guinée, partout où je vais, vu que je suis aussi actrice de cinéma. Je rêve avoir mon propre studio et un jour  devenir  producteur.

RDS : Rencontrez-vous de difficultés dans la préparation de vos chansons ? Si oui lesquelles ? 

FAT BNT : Ben non,  pas du tout parce que je ne force rien ! Ça vient tout seul.

RDS : En cette période où notre pays est confronté à un climat de suspicion et de repli identitaire, quel appel avez-vous à lancer à nos compatriotes pour ne pas que la politique nous emmène au point de non-retour ? 

FAT BNT : D’abord nous devons comprendre que nous sommes condamnés à  vivre ensemble et que personne ne peut chasser son prochain, donc nous devons aussi accepter nos différences. Notre pays est riche mais on est en retard dans presque tous les domaines. Pourquoi ne pas se battre pour construire notre cher pays au lieu de nous tirailler pour des futilités ?

RDS : Vos mots de la fin 

FAT BNT : J’encourage toute les femmes et filles chanteuses ou qui veulent devenir  chanteuses car, c’est n’est pas du tout facile. Mais si vous le voulez  vraiment accrochez-vous et ne laisser personne atteindre votre dignité. Tout ira bien ensuite.  Merci  à tous les  lecteurs de Rivières du sud.

Découvrez deux de ses chansons ci-dessous :

Propos recueillis par cireass 


Pouvoirs mystiques : porteurs de bonheur ou véritables causeurs de malheur ?

Crédit photo : jeuneafrique.com 

Comme de nombreux pays d’Afrique, la Guinée a une multitude de coutumes et traditions, dont la portée au sein de la société demeure mitigée. La croyance aux pouvoirs mystiques est veille de plusieurs siècles. Malgré une population croyant à des religions monothéistes (environs 85 % de musulmans et 8 % de chrétiens) qui considèrent la pratique de la sorcellerie comme une hérésie, des personnes issues de toutes les couches de la société consultent un « voyant » avant de s’engager dans une aventure (création d’une entreprise, officialiser des fiançailles, etc.).  Ainsi, ceux qui prétendent détenir de pouvoirs mystiques, qui peuvent changer le destin d’un individu, se frottent les mains. Si ces personnes avaient l’habitude d’exercer leur activité dans l’ombre, cette période semble être révolue. De nos jours, les marabouts et les guérisseurs traditionnels -il n’y a pas de grande différence entre ces deux corporations- n’hésitent plus à acheter des temps d’antenne sur des radios privées, et à ériger par endroits des panneaux publicitaires dans l’espoir de gagner plus de clients.

Services qu’ils revendiquent et mettent à la disposition du public 

Il faut tout d’abord savoir que le vrai féticheur -qu’il soit capable de quelque chose ou non- dit toujours être apte à répondre aux souhaits de la personne qui se confie à lui. Il est capable de tout ; même traiter un cas confirmé d’Ebola ! On peut apprendre, par exemple, à travers sa communication qu’il traite toute une panoplie de maladies que même de médecins chevronnés du monde entier n’ont jusqu’à présent pas pu  éradiquer : hémorroïdes, stérilité, diabète, faiblesse sexuelle, constipation, syphilis, gonococcie, paludisme… et tout dernièrement Ebola, qui ravage en ce moment certains pays de l’Afrique de l’Ouest dont l’épicentre se trouve en Guinée. Bref, toutes les maladies qui rappellent aux Guinéens le manque de système de santé opérationnel dans leur pays. Ils revendiquent en outre le pouvoir d’aider tout individu voulant bâtir un empire financier solide, pourvu qu’il s’acquitte du « prix de cola » (celui-ci peut atteindre des dizaines de millions de francs guinéens) ; consolider une relation conjugale durable, peu importe le degré d’amour qui existe entre les deux partenaires -c’est là que certaines dames s’endettent pour remplir les poches de leur « karamoko » (marabout) ; permettre aux diplômés qui, depuis près d’une décennie, attendent désespérément leur première embauche, de trouver enfin un emploi, et non le moindre : celui qu’ils ont toujours rêvé ; aux plus chanceux qui ont déjà trouvé où porté  leurs espoirs de décrocher de promotions de temps en temps auprès de leur employeur, même s’ils n’apportent aucun bénéfice à l’entreprise ; aux demoiselles qui n’ont jamais connu même une drague sérieuse à plus forte raison un mariage, la tendance s’inversera dès qu’elles feront un tour de ce côté. Et mêmes les assoiffés du pouvoir, qui, pourtant ne peuvent même pas relier leur propre famille (l’épouse et les enfants) derrière leur programme de société ont également leur place chez le marabout.

Derrière ces assurances se cachent de véritables problèmes 

Loin des propos ensorcelant, bien que ce phénomène  arrange parfois, il faut reconnaître cependant qu’il cause de sérieux problèmes dans la vie de ceux qui le pratiquent. Près de nous dans nos foyers ou nos voisinages, on assiste aux disputes dont la source n’est autre que la « révélation »  d’un marabout annonçant à l’une des dames du sieur le polygame que sa coépouse s’apprête à jeter un mauvais sort sur elle. Ou encore l’échec de son enfant à l’école n’est pas un fait du hasard ; c’est sa coépouse qui a orchestré cela ; et même si le malheureux jeunot  n’a rien appris durant l’année écoulée. En exposant un problème à un marabout, il faut toujours s’attendre à la désignation d’un bouc émissaire. Et souvent l’accusé ne viendra pas de loin. C’est généralement un cousin, un frère, une soeur, un oncle… qui sera pointé du doigt.  Malheureusement, ceux qui n’accordent pas la présomption d’innocence aux personnes suspectées d’avoir commis tel ou tel acte de fétichisme se laissent emporter par la colère ; d’où la situation tourne au vinaigre. Il n’est pas surprenant de voir toute une famille se déchirer à la suite du verdict d’un diseur de bonne aventure.

On enregistre des crimes crapuleux attribués aux actes de sacrifices humains. Chaque année, ce sont des dizaines de corps sans vie  manquant d’organes (oreilles, yeux, parties génitales, etc.) sont retrouvés. La sphère publique n’est pas en reste du phénomène. « Ce n’est pas par hasard qu’on devient puissant », dit-on. Récemment, un observateur de notre vie politique m’a confié que si l’on constate que c’est (toujours) les mêmes personnes qui se succèdent à la tête de l’État depuis des décennies c’est parce que leurs fétiches n’ont pas dit leur dernier mot. Analyse à vérifier.  Mais ce qui est sûr, c’est que la gestion du pouvoir en Guinée fait depuis longtemps appel aux pouvoirs invisibles.

Par cireass