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Organiser une collation collective des grades académiques pour réduire les dépenses des universités en RDC

Ceremonie de collation de grades académiques en ville de Beni
Lors de la collation de grades académiques pour la promotion 2011-2012/Image I. Bora

Le secteur de l’enseignement supérieur, universitaire et recherche scientifique (ESURS) en République démocratique du Congo a besoin d’être revisité en profondeur pour être compétitif aux niveaux continental et international. Après plusieurs décennies d’abandon, il est temps que l’État y accorde un intérêt soutenu avant que l’université congolaise ne s’écroule complètement. Plusieurs maux rongent l’éducation dans ce grand pays, à tous les niveaux. Malgré les initiatives menées ça et là par certains acteurs étatiques et privés, une implication significative du gouvernement s’avère indispensable pour sauver l’avenir de la jeunesse qui ne sait plus trouver un cadre national qui la prépare à affronter les défis du développement de sa société. Les universités et instituts supérieurs naissent à chaque nouvelle année académique et appellent les jeunes diplômés d’État à s’’enrôler massivement dans les différentes filières qu’elles organisent. La plupart de ces établissements n’ont pas des locaux pour les enseignements, ni de bibliothèque pour la lecture ou des équipements informatiques pour la recherche en ligne, ni de laboratoire pour la pratique, moins encore des enseignants qualifiés dans chaque domaine pour une formation de qualité. Lorsqu’on n’obtient pas ce que l’on veut, on prend ce que l’on a, dit-on. « L’essentiel est de finir ses études et obtenir un diplôme. Le reste s’apprendra dans la vie professionnelle », c’est ce que disent certains étudiants désespérés. Si la responsabilité revient en premier ordre aux politiques qui gèrent le pays, une part énorme revient aux promoteurs des établissements qui mettent en priorité leurs intérêts plutôt que celui de la nation à travers cette jeunesse qui vient solliciter la formation dans leurs structures.

Prononce son discours pendant la ceremonie de collation collectives des grades 2012 - 2013
Le professeur SINDANI KOMANDA, Président de la Conférence de l’ESURS – Beni

Dans ces conditions, il est pratiquement difficile, voire impossible de faire bénéficier les jeunes congolais d’un enseignement de haut niveau. Pour tenter de résoudre certains problèmes, le ministère de tutelle a instauré un système qui permet aux établissements de chaque ville et territoire de travailler en synergie à travers une conférence de l’ESURS afin de trouver et/ou proposer certaines solutions. Depuis quelques années, la conférence des établissements de la ville de Beni, dans la province du Nord – Kivu essaie tant soit peu d’adopter des stratégies pour se conformer aux réglementations et instruction académiques de la RDC. L’une de ces stratégies qui a connu un succès durant les trois dernières années, consiste à l’organisation d’une collation collective des grades académiques pour toutes les institutions membres de cette conférence. Opération très bénéfique pour les différents comités de gestion qui se voient épargnés des gros budgets qu’ils devraient trouver si chacun organisait la même activité pour son établissement. La collation des grades est une activité importante pour une université parce qu’au delà du fait qu’elle soit une cérémonie marquant la fin d’un cycle de formation académique, elle constitue une opportunité de visibilité de l’école, de ses produit, de sa capacité organisationnelle aussi. Une cérémonie de collation de grades doit avoir une forme et un fond c’est – à – dire il faut lui trouver un contenu pertinent qui puisse tracer l’impact de l’université sur son environnement et ses perspectives. Même si sur le plan de l’esthétique les choses se passent souvent de la même manière, elles doivent différer dans le contenu pour marquer la différence entre établissements. Parce qu’il faut laisser chacun organiser son festin selon qu’il lui semble bon, pourvu que son plaisir s’y retrouve, la conférence de l’ESURS que préside le professeur SINDANI KOMANDA mérite qu’on lui jette des fleurs pour le succès incontestable de la cérémonie marquant la fin de l’année académique 2012 – 2013. Certes, c’est une façon intéressante pour les responsables académiques de diminuer le coût relatif à l’organisation de l’activité mais aussi l’image de tous les établissements de la ville était mise en valeur. Le souhait de la jeunesse congolaise est de voir le gouvernement venir au chevet des universités en leurs allouant des subsides et quelques exonérations des taxes pour favoriser le développement de l’éducation nationale.

Innocent Bora