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Lundi comme un autre sous les balles de mon pays

Et si je vous raconte l’histoire d’un lundi comme un autre sous les balles de mon pays ?

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LE RÉVEIL

Je me réveille sans trop de stress en ce lundi 15 mai en Côte d’Ivoire (mon pays), dans la ville d’Abidjan, dans la commune de Cocody et plus précisément, à la Riviera Bonoumin.

Il faut dire que, en tant que free-lance, j’ai un programme assez flexible et aujourd’hui c’est ma journée maison (à part des rendez-vous s’il y en a, je ne bouge pas de chez moi).

Depuis mon lit, j’apprends que les troubles qui ont commencé à l’intérieur du pays le vendredi (nouveau jour favori des fauteurs de trouble) se sont propagés sur la capitale.

L’on est tellement habitué à ces petits troubles que je ne prends pas cela pour argent comptant. J’ai un rendez-vous ce matin et je compte bien m’y rendre.

LE RENDEZ-VOUS

Je dois me rendre à Sofitel pour discuter avec la directrice du Spa. C’est pour moi un rendez-vous à ne pas rater.

Donc, je m’apprête et je prends la route de l’hôtel tandis que ma famille va faire les provisions (on ne sait jamais).

Sur la route, dans la zone de Cocody centre, les voitures circulent, il n’y a pas de troubles ou de tirs. Beaucoup de boutiques sont fermées par contre.

Ainsi, j’arrive à Sofitel et je suis rassurée de voir le hall sillonné par les clients qui discutent, prennent un café et s’informent de la situation. Mon rendez-vous se passe bien et je m’autorise à traîner un peu dans l’hôtel.

Depuis la terrasse du restaurant le Pavillon de Sofitel, je vois le trafic sur le pont de Gaulle. Les voitures circulent, mais c’est vraiment fluide. Je me permets de déjeuner avant de sortir.

LE RETOUR

Dehors, je constate que la situation s’est modifiée vu qu’il n’y a presque plus de voitures, encore moins de passants. Je me rassure en me disant que c’est devant un hôtel et que tant que je reste là à attendre un taxi, tout ira bien.

À côté de moi, une dame vend ses jus et ses galettes. Elle est la seule encore à tenir son commerce dans cet espace pourtant si animé il y a quelques heures à peine. Quelques rares woro-woro (taxis communaux) se rangent pour déjeuner avant de reprendre la route à la recherche de potentiels clients.

Moi j’attends. Finalement, un taxi se décide à me prendre pour la Riviera Bonoumin, mon quartier. Je lui demande ce qu’il pense de la situation. Il me répond que ce n’est pas si grave et que même au cœur de la grande crise il arrivait à travailler. Je suis heureuse de tomber sur un taximètre qui n’a pas peur. Je ne risque presque rien.

Devant l’école de gendarmerie, les plus jeunes gendarmes nettoient les gazons (sérieusement !). Je fixe cette scène surréaliste en me disant que sans doute, comme l’a dit le taximètre, les choses ne sont vraiment pas si graves.

À quelques mètres, devant l’université, un corps gît dans un état lamentable. Je pense qu’il a été battu à mort, au rein, il porte plein de gris-gris (des protections). Je me rappelle un post lu sur mon fil d’actualité Facebook le matin, parlant d’attaque de l’université par les microbes (gang de bandits adolescent semant la terreur et venant en majorité de la commune d’Abobo).

Est-ce l’un d’eux qui est étendu là sur le bord de la route ? Et si les choses étaient finalement plus graves que je ne le pensais ? 

CHEZ MOI

Je suis heureuse de rentrer chez moi saine et sauve. Enchantée je suis, de trouver ma famille réunie essayant de garder le sourire face à une situation où l’on n’a aucun contrôle et aucune information des sources officielles.

Pour mon pays, je prie parce que les heures sombres, je les ai connues, je les ai vécues. Je ne veux pas que notre sol soit imbibé du sang des innocents vu qu’il n’a pas encore fini de purger celui de ceux qui sont tombés durant la crise.

Ce que je ne veux pas, c’est que mon pays soit catalogué comme zone de tension et que tous les efforts pour se remettre sur pieds soient vains.

Enfin, mon souhait pour mon pays et pour ses enfants que nous sommes, c’est la paix. En ce lundi comme un autre sous les balles de mon pays, je veux juste que cela cesse et que cela cesse pour de bon.


Quand il pleut sur Paris, il grêle sur Abidjan

Quand il pleut sur Paris, il grêle sur Abidjan. Cette expression modifiée de l’originale « quand il pleut sur Paris, Abidjan est mouillée » exprime l’engouement excessif des ivoiriens pour ces élections françaises de l’année 2017.

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Un intérêt démesuré

Je ne découvre que sur le tard cet intérêt que je qualifie de démesuré pour ces élections. En effet, je tombe un soir (celui deuxième débat), en consultant mon fil d’actualité Facebook, sur les points de vue de mes amis en ligne qui s’alignent successivement faisant ressembler mon mur en une sorte de RSS d’un grand journal.

Entre les avis vindicatifs sur la candidate du front socialiste, les commentaires approbateurs sur les répliques cinglantes du nouveau président français ou encore des citations sur fond coloré (merci Facebook) des plus belles répliques de ce débat, je ne sais où donner la tête et surtout je me pose une question : ces intervenants sont-ils Français ?

Je comprends que l’on s’intéresse à la politique française, je comprends qu’en tant qu’ancienne colonie encore accrochée au giron « protecteur » de la nation colonisatrice l’on veuille se tenir au fait de ces décisions qui tout compte fait nous concernent quelque peu. Mais, quand on en arrive à analyser les relations de couples du nouveau président, la dentition de la candidate du parti socialiste, à se gausser de l’échec de l’un et faire l’apologie de l’autre, à ne retenir que la surface sans analyser le fond, à mon avis, on frise le falot.

Motus et bouche cousue

On s’exprime sur des événements qui ne changeront rien à nos vies. Parce que, qu’elle ait perdu ou qu’il soit président, cela n’empêchera pas les grèves à répétition, les revendications permanentes, le niveau en chute libre des élèves, les sommes pharaoniques dépensées pour la « lutte contre le chômage », l’insécurité qui ne cesse de s’accroître, les factures qui nous étouffent, le coût instable du carburant…

Nous fermons les yeux sur ces problèmes qui minent notre société et nous nous permettons d’être juges de la politique d’autrui.

Si au moins nous jugions bien. Mais non, plus c’est inutile (pour nous), plus cela est sujet à polémique.

Alors, en espérant que cette grêle cesse bientôt,

je vous salue.


Il tomba et…

Je suis aujourd’hui blogueuse pour Mondoblog. J’ai choisi pour ce concours, le thème : «Intriguée je me suis levée pour regarder par la fenêtre, j’aperçus alors…». Je ne savais pas trop quoi mettre ensuite et puis le texte m’est venu naturellement. Je lui ai donné le titre : il tomba et…

Ce texte ne peut être que le premier de ce blog, vu que c’est grâce à lui que j’ai été retenu. Je le partage avec vous juste en bas.

Il tomba et…

Il tomba et... nouvelle de cultik de bamba aida marguerite pour le concours mondoblog 2017,

Intriguée, je me suis levée pour regarder par la fenêtre, j’aperçus alors devant la cour des voisins un attroupement.

Curieuse de nature, j’enfilai une robe et mes sandales et je me rendis rapidement chez les voisins pour en savoir plus. Au fur et à mesure que je m’approchai, j’entendis les pleurs et les cris. Je compris sans même poser de questions ce qui venait de frapper nos voisins. La mort, la seule chose à laquelle pauvres et riches ne pouvaient échapper.

Je me dirigeai d’un pas de zombie jusqu’au portail de la maison des voisins où se trouvait aussi le gérant de cabine du quartier, un ami. Il m’apprit que c’était le père qui avait succombé à un accident. Il m’apprit également que toutes les personnes qui se pressaient dans la cour étaient les parents du défunt.

Je décidai d’entrer pour présenter mes condoléances à la famille éplorée que je connaissais depuis quelques années. Dans le salon, la veuve assise à même le sol sur une natte avait à ses côtés ses filles et ses fils qui la soutenaient du mieux qu’ils pouvaient dans leur douleur.

Je connaissais la famille depuis de nombreuses années et je me souviens du soutien immense qu’ils nous avaient apporté à moi et ma famille quand nous avions traversé la même épreuve. Je m’approchai de la famille éplorée et pris la main de la mère dans la mienne pour lui apporter mon soutien moral dans une épreuve qui ne faisait que commencer.

Dans la cour, la famille du défunt murmurait déjà regardant les biens avec convoitise et la famille avec une haine non voilée. Je savais ce qui allait suivre parce que chez nous l’après-décès est un processus universel sauf dans le cas où le défunt n’a aucune famille.

Ils allaient réclamer les biens, brimer la famille, se montrer cruels, faire fi des enfants du défunt. Je savais que ce n’était que le début et qu’ils avaient besoin de nous comme nous avions eu besoin d’eux à l’époque.

Les cousines, les tantes et les sœurs faisaient déjà ripaille de tout ce qui pouvait se manger dans la maison profitant pour critiquer le train de vie de la famille et se moquant des jours de dèches à venir.
– on leur prendra tout ! s’exclama une aînée en riant entre deux gorgées de Bissap.
– Elle a tué notre fils ! ajouta une autre.

Je les laissai à leurs piques assassines pour aller informer ma famille et nous préparer à faire front uni avec la famille du défunt dans cette épreuve à laquelle personne n’est réellement préparé.

Parce que chez nous, trop souvent quand un père s’en va, aux yeux de la famille paternelle, c’est une famille qui s’efface.