Djarma Acheikh Ahmat Attidjani

Idriss Deby Itno: La réélection du mal

Après 26 ans au pouvoir, Idriss Déby est réélu pour un 5eme mandat. Durant tous ce temps, lui et son groupe ethnique se sont ingéniés à faire supplanter les normes d’un État normal par les us et coutumes de leur communauté tribale.

Cela s’appelle, dans le jargon prisé des chercheurs, « implémenter » ! Raillé, et avec lui son égérie de première dame, pour les fantaisistes titres de « doctor honoris causa  » à eux décernés, Idriss Déby Itno peut désormais se targuer d’avoir appliqué et généralisé les mœurs, us et coutumes Béri au Tchad entier. Donnant ainsi l’impression aux Tchadiens de vivre, non pas dans une jeune république plurielle tendant vers une nation, mais dans une république Zaghawa sortie tout droit de la féodalité. N’en déplaise à ceux qui se trompent des énormités fâcheuses, le pouvoir d’Idriss Déby Itno aura battu tous les tristes records dont cette implémentation, de loin le plus mauvais, qui consacre l’échec de la construction continue d’un Etat moderne. Les précédents pouvoirs, excepté la parenthèse anarchique du GUNT, ont œuvré, malgré leurs tares et avec les moyens de bord qui étaient les leurs – comparés aux énormes ressources disposées par le pouvoir MPS depuis 1990- à la difficile édification d’un Etat moderne et y ont préservé une marge nécessaire. Les décennies MPS auront servi, non pas à continuer cette œuvre en l’améliorant, mais à enterrer les acquis du jeune Etat tchadien. Lequel, depuis 1990, est voué à céder le pas à un Etat privé, insidieux, autrement plus féodal que moderne : celui des nouveaux princes Zaghawa qui ne font plus mystère de leur volonté de domination sans bornes sur le reste de leurs compatriotes et dont l’arrogance est sans commune mesure aujourd’hui.

Aussi péremptoire que cela puisse sonner, le Tchad républicain n’existe plus. De lui ne demeure que ce nom de baptême pour un « état » Zaghawa tenu par la parentèle des Itnos. Tout observateur, attentif et avisé de l’évolution cahoteuse du Tchad depuis l’avènement du MPS, aura noté la mise au pas de toutes normes républicaines d’Etat moderne. Lesquelles sont supplantées, au niveau institutionnel et plus largement, dans la vie politico-économique et socioculturelle du pays, par des règles féodales jadis en cours chez les peuples Béri des confins tchado-soudanais. Point d’élucubrations d’aigris, il faut convoquer quelques auteurs, essayistes politiques ou anthropologues, pour étayer ce que les Tchadiens expérimentent amèrement. De quoi ravir notamment une certaine Marie-José Tubiana dont les études sur le peuple Béri semblent ainsi généralisées par notre Itno national. Le Tchad, de 90 à aujourd’hui, donne, en effet, de la contenance à l’œuvre anthropologique de Marie-José Tubiana. Cette bretonne éprise du peuple Béri, nous donne éloquemment, dans « Des troupeaux et des femmes : mariage et transfert de biens chez les Béri (Zaghawa et Bidéyat) du Tchad et du Soudan »[1], une connaissance de nos princes d’aujourd’hui pour mieux comprendre la conduite de la destinée du Tchad entre leurs mains. Le titre de l’œuvre est assez illustrateur de ce qu’ils ont fait et font du Tchad jusque-là : le mettre sous coupe réglée, jouant de leurs liens matrimoniaux et ethniques pour s’accaparer le pouvoir et les richesses du pays.

Quand, les rezzous TGV du MPS fondaient courant novembre 90 sur la forteresse des FANT d’Hissein Habré pour la faire chuter le 1er décembre 90, les Tchadiens, euphoriques à l’idée d’être débarrassés de la dictature, ne se doutaient pas que la nouvelle ère promise était déjà chargée de désillusions. Sauf ceux qui savaient la nature et les mobiles des futurs maîtres à la tête d’un groupe à part qui s’est conjoncturellement allié aux autres (Mosanat, ex-FAP, etc.) pour forcer la porte du palais. Bien qu’ayant été toujours dans l’antre et l’ombre du pouvoir – de l’empire du Ouaddaï au royaume du Kanem-Bornou en passant par les pouvoirs postindépendance du Tchad- servant d’exécutants et de supplétifs aux princes, les Zaghawa sont restés un peuple à part tout en rêvant de l’entièreté du pouvoir. Leurs « difficultés et (…) réticences à s’intégrer dans un ensemble national », caractérisés qu’ils sont par « un irrédentisme toujours sous-jacent » [Tubiana ; 1985], ont contribué de fait à marquer leur mainmise sur le pouvoir – une fois l’objectif atteint- et creuser le fossé avec les autres composantes de la société tchadienne.

Tubiana, dans son œuvre qui privilégie «  l’alliance matrimoniale comme lieu de rencontre (…) de l’anthropologie de la parenté, de l’anthropologie économique et de l’anthropologie politique  » [Tubiana ; 1985 ; 355], nous donne une meilleure connaissance du peuple Zaghawa, permet de mieux saisir sa « complexe » articulation en « clans et lignages » ; une sorte de toile d’araignée qui semble tissée aujourd’hui sur tout le Tchad et donne du tournis aux Tchadiens agacés de les voir partout dans les rouages importants de l’Etat sans en présenter les compétences. De fait, structurant les jeux sociétal et politique, l’alliance matrimoniale est et reste, chez eux, l’indéniable moyen de transfert de biens. Au centre de tout et affaire de tous (père, mère, oncles, tantes, frères, sœurs, cousin(e)s, neveux et nièces), rendez-vous du donner et du recevoir, elle traduit dans les faits la solidarité familiale, étend ou renforce les liens communautaires. Les familles y acquièrent, accumulent ou grossissent leurs richesses. Aussi, tout bien appartenant à un des leurs et qui plus est au chef, appartient à toute la communauté qui peut en disposer comme bon lui semble. Ainsi le Tchad, sous Idriss Déby Itno qui ne fait rien pour qu’il appartienne à tous les Tchadiens, comme butin de guerre, est devenu leur bien exclusif. Par le fait du pouvoir, ils ont comme un sauf-conduit pour disposer de tout, de façon effrénée et en toute impunité. Il en est ainsi des fils et surtout neveux et nièces qui gravitent autour de leur père ou oncle de président. Chez les Zaghawa du Tchad, le rapport entre l’oncle maternel et son neveu est de loin le plus confiant pendant que chez les Zaghawa du Soudan, le rôle du père et de l’oncle maternel est indissociable. « (…) Si l’oncle est titulaire d’une position politique importante le neveu deviendra son homme de confiance, de préférence à ses propres fils », la croyance étant que ceux qui secourent l’enfant sont les frères de la sœur [Tubiana ; 1985 ; 243]. Mieux, ce sauf-conduit donne, par exemple, le droit au neveu de « s’emparer, en toute impunité, d’un certain nombre de bêtes dans le troupeau de son oncle » pour sa compensation matrimoniale. Les frères Erdimi auront ainsi été les éminences grises, ordonnateurs, dépositaires et « Raspoutine » du palais et du pouvoir. Ils auront disposé des sociétés d’Etat, de l’argent de l’or blanc et de l’or noir avant que leur grande envie du pouvoir les sépare de leur oncle.

Beaucoup d’autres Zaghawa, recyclés dans les affaires ou non, et qui roulent aujourd’hui carrosses, auront aussi disposé de toutes les ressources que leur confère le pouvoir tribal, clanique et familial. Les tout-puissants petits princes d’aujourd’hui jouent à fond leur partition de parvenus arrogants sans mérite. Les nièces ou sœurs, analphabètes, d’une ignorance et d’un obscurantisme maladifs, s’en donnent à « cœur-belliqueux ». S’autoproclamant transitaires attitrées de la République, installant leurs postes de douane parallèles, jusque dans la cour des douanes, elles arnaquent les autres tchadiens obligés de payer des droits hors normes et exorbitants. Aujourd’hui, comme achèvement de cette implémentation de leur anthropologie socio-économico-politique à l’échelle du Tchad et de l’Etat, ils sont à tous les postes « juteux » de la République et la plupart des sociétés ou entreprises sont entre leurs mains. Les postes de DGA de la plupart des succursales de banques étrangères au Tchad sont ainsi aménagés en partie pour eux. Qu’ils aient été instruits ou qu’ils soient d’illustres nullards ! Être Zaghawa étant un sauf-conduit suffisant et imparable !

Moyen de transfert de biens, l’alliance matrimoniale traduit aussi l’accommodation, par les Zaghawa, avec les pratiques répréhensibles. Le vol, le pillage, le crime, etc., sont, en effet, de loin des pratiques normales chez eux. Le bandit et les actes répréhensibles dans le monde moderne tels les razzias de bétail ou le rapt de jeunes filles ne sont pas condamnables chez les Béri. Ainsi, à défaut de pouvoir réunir les têtes d’animaux pour l’alliance matrimoniale, l’on opère des razzias de bétail dans ces contrées. Ces razzias, au-delà de la nécessité, constituent paradoxalement un fait d’héroïsme ancré dans les mœurs. Au point où les jeunes gens aspirant à l’union préfèrent organiser des expéditions pour voler du bétail chez les tribus ou ethnies voisines. « Les jeunes confèrent à ce genre de pratique un caractère héroïque et il suffit d’écouter les chansons des jeunes filles incitant les garçons au vol  » pour comprendre. Ce d’autant plus que « le voleur de chameaux n’est pas en rupture avec la société beri ; elle ne le blâme pas, au contraire. »[Tubiana ; 1985 ; 319]. Tous les moyens, répréhensibles soient-ils, sont bons pour accumuler les richesses et constituer la compensation matrimoniale. Même celle du bandit invétéré est reçue et acceptée. J.M Tubiana cite l’exemple du Mogdum Fodul qui donna en mariage une de ses filles à un bandit de grand chemin[2]. Condamné par la justice coloniale, ce genre d’individu est soutenu par la justice traditionnelle parce que « loin d’être au ban de la société, son courage, ses exploits aux dépens des populations étrangères et au profit de son groupe font de lui, au contraire, un personnage dont on veut rechercher l’alliance » [Tubiana ; 1985 ; 178]. Ceci semble un point non négligeable du système des « valeurs » Zaghawa. Il peut expliquer bien des comportements dans leur gestion des affaires publiques à un niveau plus large aujourd’hui. Bichara Idriss Haggar, intellectuel Zaghawa ayant occupé de hautes fonctions politiques et un des fils du patriarche Haggar, le confirme un peu. Il note que la razzia est une des activités favorites notamment du clan Biriyéra ou Biliat dont est issu le président actuel du Tchad : « C’est un groupe au sein duquel il existe un dédain de toute propriété d’autrui » et dont « les membres « tiraient gloire des vols au détriment d’étrangers » [Haggar ; 2003 ; 14-15][3].

Ceci expliquant cela, on comprend mieux pourquoi le pillage des ressources de l’Etat et le détournement des deniers publics sont impunis sous le pouvoir d’Idriss Déby Itno. Surtout quand ils sont le fait de ses parents Zaghawa. Tour à tour ou à la récidive, des barons du pouvoir auront connu les geôles de N’Djaména ou Moussoro. Mais aucun des parents du président Idriss Déby Itno, de loin grands pilleurs de l’Etat et nouveaux émirs argentés du pays, ne sera inquiété. Ainsi un certain Zakaria Idriss Déby Itno peut, par sa gestion singulière, calamiteuse et dispendieuse des ressources, mettre en faillite la compagnie aérienne nationale, Toumaï Air Tchad, sans que des comptes lui soient demandés. Et pousser l’outrecuidance à quitter l’oiseau en perte de vol pour atterrir au cabinet de son paternel de président ! Ou plutôt à en rester le pilote qui se ménage un poste d’atterrissage et de refuge au cabinet de son géniteur. Lequel ordonne simplement que le gouvernement renfloue les comptes déficitaires de la compagnie pour lui redonner de nouvelles ailes, les anciennes étant déclarées non sécurisantes. Pourquoi les siens ne doivent-ils pas rendre compte de leur gestion ? Sont-ils plus Tchadiens que les autres ? Atterrant et déconcertant… !

Ceci d’autant plus que la pratique semble, au contraire, encouragée, les voleurs et pilleurs de la République étant les plus promus. Au point où aujourd’hui, des plus jeunes aux plus grands, les Tchadiens n’aspirent qu’à accéder à un poste « juteux  » pour piller et détourner en toute impunité. Cela va sans dire, comme une gangrène, ce vice a gagné toute la société tchadienne. Avec cette différence que ceux, encore que mollement punis, pour illustrer le discours folklorique de l’assainissement public, sont les Tchadiens de second rang, ceux non Zaghawa. Comme quoi les règles sont faites pour ne s’appliquer qu’aux Tchadiens non parents du président. Ainsi la fin de la kermesse du désordre ou de l’impunité ne concerne que ceux-ci. Les Tchadiens n’ont jusque-là pas compris que les discours de Déby ne sonnent en bien que pour ses parents. Il en est encore le cas quand il prêche une certaine « renaissance » qui de fait est plutôt Zaghawa que nationale. Car dans son imaginaire et celui de ses parents, ils doivent renouer avec le temps des privilèges dans la cour des princes du Ouaddaï et du Kanem-Bornou dont ils étaient les supplétifs. Privilèges qui leur permettaient de contrôler le commerce de tout, du Sahara au Kordofan soudanais. On en est à constater que tout semble verrouillé à leur compte pour réaliser ce rêve de « renaissance Zaghawa », toutes les ressources de l’Etat pouvant être pillées par eux à cet effet.»»

Pour la petite histoire, le gouvernement et le parlement acquis à sa cause évitent, chacun, d’initier une loi contre l’enrichissement illicite et les biens mal acquis parce qu’elle ne toucherait en partie que les parents du président qui, à tour de bras, construisent des villas et immeubles à 500 millions ou 1 milliard de nos francs. La corruption n’est pourtant qu’un pan du problème et il faut ajouter au dispositif une loi contre ceux dont le train de vie et les investissements ne reflètent pas leurs salaires. Jamais pouvoir n’aura été aussi partisan dans l’histoire du Tchad ! Ce qualificatif qui aura valu à l’actuel communicant du Palais rose, ancien rédacteur en chef de N’Djaména Bi-hebdo, un passage à tabac, est plus encore vrai aujourd’hui que par le passé. Le pillage et le détournement des deniers publics ont donc encore de beaux jours devant eux…

Les auteurs de crime ne sont pas non plus au ban de la société béri. Aussi jouissent-ils, sous le pouvoir d’Idriss Déby Itno, plus que sous aucun autre précédemment, de l’impunité. Il n’est pas besoin, pour l’étayer, de rappeler les crimes et assassinats de tout ordre dont les auteurs, connus ou non, courent toujours… jusque dans les allées du pouvoir ! La République s’est même forgé un vocabulaire tout taillé pour les excuser et empêcher toute enquête criminelle : acte de bavure, crime crapuleux. Lequel vocabulaire rappelle à notre bon souvenir un certain monsieur « bavure », ex-tout-puissant ministre de l’Intérieur. Pis, comme la punition ne s’applique qu’aux autres, le prix du sang, la « diya  » a été élevée au rang de moyen républicain de coercition pour faire payer lourdement les auteurs d’acte de sang ou d’accidents mortels autres que Zaghawa qui, à l’inverse, ne payent pas grand-chose à leurs victimes d’autres communautés. Le prix du sang, la « diya » ou l’exil du criminel, moyens pour mettre un terme à la vendetta [Tubiana ; 1985 ; 179][4], s’imposent depuis à la justice républicaine. Ce qui se passe dans les cours de nos tribunaux l’atteste et dépasse simplement l’entendement.

Outre l’impunité qu’ils illustrent, ces rites répréhensibles, à travers l’alliance avec des bandits, traduiraient, chez les Zaghawa, une fonction politique : l’acceptation d’un personnage qui se met en marge de la légalité.

On comprend mieux pourquoi le pouvoir d’Idriss Déby Itno s’accommode bien des personnages sans scrupules qui courent les allées de son règne. Comme on le constate, le Tchad aurait évité cet énorme gâchis s’il était dirigé selon les normes de justice, de droit et de mérite qui caractérisent un Etat moderne impartial. Hélas, l’avènement d’Idriss Déby Itno au pouvoir en décembre 1990 a causé une cassure dans la continuité laborieuse de l’Etat impartial. Lequel est désormais supplanté par un « sultanat » Beri dont les us, mœurs et coutumes ont été transposés, en pratique, à l’échelle nationale et impriment dangereusement la marche d’un Etat devenu partial et injuste. Cela, avec la complicité d’une élite inféodée issue d’autres communautés, du sud comme du nord, qui, pour les miettes de la mangeoire, a donné de sa matière grise pour asseoir et pérenniser cette féodalité des temps modernes. De Mahamat Hissein à Nagoum Yamassoum, en passant par Mahamat Saleh Ibet, Mahamat Saleh Adoum, Kassiré Coumakoye, Guelengdouksia Ouaïdo, Mahamat Saleh Annadif, Emmanuel Nadingar, etc., ils sont nombreux à devoir se sentir responsables d’un tel recul.

A moins de revenir aux règles républicaines de l’Etat moderne, on ne voit pas comment la moralisation de la vie publique, clamée à cor et à cri, peut être possible dans ces conditions.

Sinon, l’on court droit dans le mur, vers l’implosion. Que l’on ne se méprenne pas, la militarisation à outrance du pouvoir, aux frais du contribuable, la reddition de toutes les rébellions aux confins du pays et la « bab-el-aziziation » du Palais rose tout au long du fleuve Chari, refrénée heureusement par les ambassades des Etats-Unis au sud et de France au nord, n’y feront rien. Après 40 ans de règne, Kadhafi et ses affidés ont quand même dû, comme des rats, s’effacer de la scène libyenne… Au sein de cette jeunesse pourrie par l’implémentation de l’Etat immoral et voyou, il y en a qui restent conscients des enjeux immédiats et globaux, prêts à porter le «  printemps » tchadien…

 

Tribune publiée sur le site Agoravox par Maxwell N. Loalngar

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[1] Tubiana, M-J., 1985, Des troupeaux et des femmes : mariage et transfert de biens chez les Béri (Zaghawa et Bidéyat) du Tchad et du Soudan, Paris, éd. L’Harmattan

[2] « Ambata », ainsi appelle-t-on ce bandit chez les Zaghawa, selon JM Tubiana

[3] HAGGAR, Bichara Idriss, 2003, Tchad : témoignage et combat politique d’un exilé, éd. L’Harmattan, Paris.

[4] Le prix du sang permet d’éviter la vengeance, au même titre que l’exil d’un meurtrier et de sa famille, chez les Zaghawa. P.179


Tchad : le cercle vicieux des processus électoraux sans démocratie

Les chefs d’Etat tchadien, Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 26 ans, congolais, Denis Sassou Nguesso, au pouvoir depuis 32 ans, djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, au pouvoir depuis 17 ans, avec sa famille depuis 39 ans, ont été « réélus », « sans surprise », au premier tour, selon les versions officielles. Vingt-six ans après la fin de la guerre froide et l’introduction du multipartisme, il reste convenu de faire comme si l’organisation d’élections était un critère suffisant de démocratie en se contentant d’émettre quelques réserves.

Ces trois chefs d’Etat n’ont pas été « réélus », et ils n’avaient d’ailleurs jamais été « élus » véritablement. Les régimes issus des partis uniques des années 80 se sont maintenus. En 2016 encore, les processus électoraux ont été détournés, comme les précédents. Le traitement de l’information au niveau international semble aussi « sans surprise », faute de considération pour les processus électoraux d’un point de vue technique. Les élections en dictature en Afrique sont toujours présentées selon la version de la communication officielle des Etats, en introduisant une seconde version apparemment dialectique mais reléguée au second rang, comme si en Afrique, la réalité du vote des électeurs, n’existait pas.

La nature du régime détermine la crédibilité du processus électoral. Mascarades électorales et dictature sont liées, comme processus électoraux corrects et démocratie sont liés. Il ne s’observe pas de présidentielles correctes en ‘dictature’, sans une ‘transition vers la démocratie’ préalable. Deux exceptions en 25 ans en Afrique, deux cas d’alternances acceptées par des ‘dictateurs’, le 7 décembre 2000 au Ghana, et, le 27 décembre 2002 au Kenya, le confirment. L’absence de processus électoraux corrects, entre autres, définit la dictature : si une élection correcte était organisée, le régime tomberait, sans pouvoir survivre à une alternance. La qualité des processus électoraux dépend beaucoup plus de la nature des régimes, que des données observables sur ces processus électoraux, mais, l’essentiel de ces processus électoraux se joue aussi en amont des scrutins en fonction du contexte. L’inversion finale du résultat d’une élection est la conséquence de l’ensemble d’un processus détourné.

Bien que la nature du régime, si elle est non-démocratique, ne permette pas en pratique d’atteindre une qualité de processus électoraux suffisante pour générer des alternances, la qualité partielle des processus électoraux détermine la suite d’un processus de démocratisation et l’évolution d’un équilibre de l’Etat de droit. Par exemple, la manière d’inverser le résultat de présidentielle, peut déterminer en partie le déroulement de législatives et un futur équilibre entre partis d’opposition. Un progrès dans la qualité des processus électoraux reste essentiel même en l’absence d’alternance. A ce niveau, les trois présidentielles affichent plus de régression que de progrès.

La qualité d’un processus électoral dépend de la nature du régime, d’un historique, du contexte et se juge en fonction de sa réalisation pratique, selon des étapes. Le 24 avril 2016, a eu aussi lieu en Guinée Équatoriale, un autre scrutin dans un contexte non-démocratique et ce scrutin a été boycotté par toutes les oppositions réelles, au contraire du boycott partiel qui a eu lieu à Djibouti. Le processus électoral équato-guinéen est en dessous de toute norme démocratique et ne donne pas lieu à interprétation sur une quelconque crédibilité. Les processus électoraux congolais, djiboutiens et tchadiens font, eux, l’objet d’une prise en compte dialectique.

Ces trois processus électoraux comportent des irrégularités qui participent à la modification de résultat final. Ils comportent un point commun principal, le trucage des résultats du premier tour, pour placer le président sortant au-dessus de 50%. Les présidents habitués des élections fraudés ne supportent pas les seconds tours qui risqueraient de les mettre face au regard des media et diplomates internationaux et face à la possibilité d’une normalisation du processus électoral.

Au Tchad, après le premier tout le 10 avril, le 22 avril, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a annoncé un score de 61,56% au premier tour pour Idriss Déby confirmé à 59,92% le 4 mai par la Conseil constitutionnel. Selon les candidats de l’opposition, un maximum de fraudes se sont déroulées dans les régions du Nord: «disparition (puis bourrage) de centaines d’urnes et de milliers de procès-verbaux (puis trucage), … trafic de cartes d’électeurs » qui s’ajoutent aux défauts du fichier électoral contenant mineurs et étrangers. Dans les régions du Nord, les délégués de l’opposition ont été chassés par les militaires et le MPS. Les scores y ont été montés entre 92 et 95% malgré l’évidence de la défaite d’Idriss Déby dans certaines villes et régions. Au Sud, la population et les partis ont, en partie, réussi à empêcher les fraudes.

Le 29 avril, 5 candidats d’opposition parmi les principaux ont annoncé des résultats nationaux à partir des Procès verbaux dans 9 régions : « Saleh Kebzabo (UNDR) : 33,15%, Laoukein Kourayo Mbaiherem (CTPD) : 25,82 %, Mahamat Ahmad Alhabo (PLD) : 14,89%, Idriss Deby Itno du MPS : 10,10 % », en précisant que si Idriss Déby avait 100% dans les 13 régions du Nord, alors en fonction des Procès verbaux au Sud, son score ne serait au maximum que de 42,12%. Malgré de légers progrès dans le processus électoral, au niveau du fichier électoral, le processus électoral reste hors des normes démocratiques. Les cinq candidats ont en vain demandé l’annulation du vote au Conseil constitutionnel.

Lire la suite sur===> Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique


Tchad: Après les élections, les tchadiens se préparent à la guerre

Au Tchad, le Conseil constitutionnel a approuvé le 3 mai, la réélection du président tchadien Idriss Deby, au pouvoir depuis 26 ans. Lors du scrutin du 10 avril, plus de la moitié de la population s’est présentée aux urnes pour élire pacifiquement leur futur président, et ce dans l’espoir de changer leur quotidien.

Sans grande surprise, Idriss Deby est déclarée vainqueur dès le premier tour par la CENI, malgré les nombreuses et graves irrégularités. A vrai dire, depuis plus de 50 ans de guerre civile et de conquête du pouvoir par les armes, cette élection apparait comme la première véritable expérience démocratique, qui a vu des tchadiens, y compris les militaires, braver le pouvoir en place par leur vote. En volant le suffrage des tchadiens, Idriss Deby leur a transmis ce message clair : le pouvoir ne se conquiert pas par les urnes mais bien par les armes !
D’abord la « célébration armée » des résultats provisoires du 22 avril en est une simple illustration.

Ensuite, selon les témoignages, Idriss Deby et son clan ont mis sur pied deux milices tribales au Nord-est, dans la région de l’Ennedi-Est. Selon les villageois, ces miliciens parlent l’arabe Soudanais du Darfour ; mai ils signalent aussi le passage de convois d’armes venant du Soudan en direction du nord ouest, vers la frontière Niger-Libye.

D’autres sources soudanaises confirment la présence des groupes armés au Soudan, mais qu’il s’agirait plutôt des réseaux de passeurs djihadistes de l’Etat islamique, qui circulent entre la Libye et le Soudan. Enfin, l’arsenal militaire déployé dans la capitale après les résultats du vote n’a laissé personne indifférent. Les jeunes  »zoulou » ont eu plusieurs concertations lors des sorties entre jeunes du clan sur l’idée d’une révolte citoyenne de masse contre eux. En cas de guerre, ils ne peuvent se refugier et se défendre que chez eux, en raison des bonnes relations avec le Soudan et de la présence militaire française dans le Nord, empêchant toute offensive venant de la Libye ou du Soudan.

La grande inquiétude reste du Sud et cela pour deux raison:

D’une part, le nouveau Président centrafricain est un électron libre et Deby n’a aucune emprise sur les nouvelles autorités centrafricaines. Avec le désordre en Centrafrique et le retrait progressif des soldats français, la RCA pourrait facilement favoriser une rébellion et représenter une menace sérieuse contre le régime. Et Deby le sait bien : un probable « septembre noir » aura un effet de cataclysme sur les dignitaires de cette région qui supportent à bout de bras le régime et la marche vers N’Djamena ne sera qu’une question d’heures. C’est pourquoi, après avoir annoncé la création d’un Etat au Nord-est de la RCA, Nourrain Adam, l’ex homme fort de la Seleka et bras droit de Deby, a été convoqué et sévèrement réprimandé par Deby.

Pour attirer l’attention et la sympathie de la Communauté internationale, il a été envisagé de faire croire que des éléments armées d’armes blanches a l’image des anti balada, se faisant passer pour des éléments pro-opposition, appellent a une guerre civile musulman-chrétien. Inquiet, les leaders de l’opposition se sont déplacés précipitamment à Moundou pour démentir leur implication dans un tel projet.

D’autre part, l’opinion nationale est plus que convaincue que la dictature qui les opprime est soutenu et maintenu par la France. Ce soutient freine par ailleurs toute avancée démocratique et de développement dans le pays. Désormais, il est clair pour la jeunesse désespérée du Tchad, que pour chasser Deby, il faut s’attaquer aux intérêts français. Surtout lorsque les militaires Français attaches a la présidence ne dissuadent ni ne dénoncent la disparition des militaires ayant voté contre Idriss Deby, se rendant ainsi complice, comme le 03 février 2008, ou des dizaines de tchadiens ont disparu sous leurs yeux.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Analyste indépendant, activiste politique


Tchad: la malédiction du lait d’ânesse

Depuis quelque mois, on observe une recrudescence des violences verbales sur les réseaux sociaux parmi les jeunes Tchadiens. Étonnamment, celle la plus utilisée ne vise pas les humains mais plutôt les ânes qui en paient le prix.

On entend souvent répéter dans les vidéos ou les commentaires, une reproche qui pour beaucoup de nos compatriotes  de la zone tropicale est assez surprenante. Nombreux sont les lecteurs qui s’interrogent sur le méfait de boire le lait d’ânesse.  Il est tout à fait incompréhensible et inadmissible d’en vouloir à une groupe de personne par rapport à ce qui se trouve sur leur assiette ou contient leur verre. Comme il est tout à fait absurde de se faire un jugement sur la base de la religion, de la culture ou du langage.

Buveur de lait d’ânesse. Mais qu’est ce que cela veut dire au juste? 

Le Tchad est un pays très vaste. Un carrefour de culture, de tradition et de civilisation. L’élevage et le commerce sont les activités principales des peuples sahariens et sahéliens. La survie de ces peuples est grâce au bétail et aux animaux qu’ils élèvent. C’est en même temps une source de richesse, de gloire et un repli d’identification.

Si certains préfèrent l’élevage des moutons, des chevaux, des vaches ou des chameaux, d’autres préfèrent tout simplement l’élevage des ânes. Cela semble être bizarre pour certains. Mais en vérité, il y a rien de tel. On peut ainsi prendre pour l’exemple l’idée que se fait l’éleveur nomade à l’agriculteur sédentaire ou à l’activité de la pêche. L’Être humain est conditionnée selon l’environnement qui l’entour.

Les bienfaits du lait d’ânesse

Le lait d’ânesse est le lait le plus proche de celui de la femme. Il est très nutritif car il contient plus de lactose et moins de matières grasses que le lait de vache.

On raconte que Cléopâtre, reine d’Égypte antique, prenait des bains de lait d’ânesse pour entretenir sa beauté et la jeunesse de sa peau. La légende dit qu’il ne fallait pas moins de 700 ânesses pour lui fournir la quantité de lait nécessaire à ses bains quotidiens.

C’est également le cas de Poppée, seconde épouse de l’empereur romain Néron. Elle croyait que le lait d’ânesse efface les rides du visage, rend la peau plus délicate et en entretient la blancheur. Elle s’en faisait même des bains et pour cela elle avait des troupeaux d’ânesses qui la suivaient dans ses voyages. Mais pour entretenir la beauté il faudrait se laver avec et non le boire comme le cas dans certains régions au Tchad.

En Afrique dans la partie tchadienne de la zone soudano-sahélienne, des tribus continuent toujours à l’élevage des ânes. Cette activité est pratiquée durant des générations en générations. Une ânesse peut donner jusqu’à environ trois à six litres de lait par jour. De quoi avoir un stock d’eau permanent en peine désert.

Le poids de l’islam

Comme la plupart des religions, l’islam contient un certain nombre de prescriptions alimentaires. L’islam est formelle en ce sens. Il est interdit de manger la viande de l’âne ainsi que de boire son lait. Dans certains société non musulmane au Tchad, l’âne est le symbole du malheur et de la malédiction. Chez d’autres tribus en Afrique, boire le lait ou manger la viande de l’âne rend bête. Chacun vas de ses croyances et traditions.

Ainsi, je pense apporter de réponse aux multiples questions que se posent certaines internautes  du reproche que se font les jeunes sur le buveur du lait d’ânesse. Si chez certains cella s’inscrit dans le cadre religieux, celle-ci n’en est pas plus que l’alcool, et autres interdit de l’islam.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjnai
Mondoblogueur


Le dictateur Idriss Deby, l’homme providentiel et indispensable de la France

Depuis l’indépendance, la France entretient des relations fortes avec le Tchad, d’un régime à l’autre, qui se caractérisent par leur dimension militaire dictatorial, par la corruption endémique qui fait de ce pays l’un des piliers de la Françafrique.

En Avril 2016, Idriss Deby est réélu frauduleusement pour un cinquième mandat après 26 ans au pouvoir. Roland Marchal est chargé de recherche au CNRS (CERI-Sciences Po) revient sur la personnalité du président Tchadien Idriss Deby, au pouvoir depuis 1990. Ses recherches portent sur l’économie et les conflits dans l’Afrique sub-saharienne. Il a publié en avril 2015 un rapport qui revient sur dix années de politique française et européenne au Tchad.

Interview réalisé par: Kalidou Sy

Télécharger le rapport « Petites et grandes controverses de la politique française au Tchad » :

 

 


Biométrie au Tchad : nouvelles technologies et vieilles recettes électorales

Depuis le début des années 2000, les technologies d’identification biométrique représentent un marché en pleine expansion en Afrique. Ces technologies, qui ont d’abord été développées par des multinationales du secteur de la défense et de la sécurité, sont régulièrement présentées comme une solution pour limiter les fraudes électorales. La tenue des premières élections «biométriques» au Tchad, les 9 et 10 avril derniers, montre que ces nouvelles technologies, extrêmement coûteuses, suscitent des espoirs mais ne modifient pas radicalement les règles du jeu politique.

Une liste électorale plus fiable

Pour la première fois au Tchad, les 9 et 10 avril, les électeurs et électrices ont voté en présentant des cartes d’électeur établies avec des données biométriques. Cette nouvelle technologie avait suscité de grands espoirs. Les opposants mais aussi les militants syndicaux et associatifs s’étaient massivement engagés pour le recensement biométrique: en 2015, ils avaient ainsi défilé pour la défense de la biométrie électorale lors de la traditionnelle manifestation du 1er mai.

Son introduction avait déjà été préconisée dans l’accord signé en 2007 par le gouvernement et la principale coalition de l’opposition sous l’égide de l’Union européenne. Huit ans plus tard, c’est une société française, Morpho, filiale de Safran, qui remporte un marché de plus de 22 millions d’euros, après qu’un cabinet d’études, lui aussi français, a rédigé la première étude de faisabilité. Un peu plus de 6 millions de cartes ont été fabriquées en France avant d’être acheminées au Tchad.

 

Le processus a connu son lot de retards, de blocages et de polémiques. Les opposants ont notamment regretté que la biométrie ne soit pas «complète». D’abord, parce que la distribution des cartes d’électeurs a dû se faire sans identification biométrique. Les cartes, pourtant bien rangées par ordre alphabétique dans leurs boîtes, ont été distribuées dans un grand désordre. Néanmoins, cette distribution s’est révélée – au final – relativement efficace, même s’il n’est pas exclu que certaines cartes n’aient pas trouvé leur propriétaire légitime.

Une biométrie «incomplète», ensuite, car si on a effectivement demandé aux Tchadiens souhaitant s’inscrire sur les listes électorales de présenter leurs empreintes digitales, le vote lui-même s’est fait avec de simples listes d’émargement. Il n’y avait dans les bureaux de vote aucune technologie pour relever à nouveau leurs empreintes.

L’enregistrement biométrique des électeurs a cependant permis la constitution d’une liste électorale plus fiable que les précédentes: chaque électeur ou électrice ne pouvait être inscrit qu’une seule fois. Une rapide comparaison des listes électorales de 2011 et de 2016 permet d’ailleurs de voir que certaines régions considérées comme des fiefs du président sont étrangement moins peuplées que quelques années auparavant…

La puissante machine clientéliste du MPS

Cette technologie ne garantit cependant pas des élections justes et transparentes – quand bien même la biométrie serait «complète» – de l’enregistrement au bureau de vote. Le 22 avril, après près de deux semaines d’attente, les résultats de l’élection présidentielle tombent enfin. Idriss Déby, le président sortant, à la tête du Tchad depuis 26 ans, est sans surprise réélu pour un cinquième mandat, avec 61,56 % des voix au premier tour.

Contrairement à la précédente élection présidentielle, en 2011, qui avait été boycottée par l’opposition, treize candidats – tous des hommes – ont fait campagne dans un climat tendu. Quatre leaders, militants des droits humains et syndicalistes, qui voulaient organiser des manifestations contre la candidature du Président Déby ont été arrêtés et emprisonnés. Ils ont finalement été relâchés après trois semaines marquées par une importante mobilisation – l’Union des Syndicats du Tchad avait lancé un appel à la grève, très suivi – mais ont été condamnés à quatre mois de prison avec sursis.

Face à l’opposition : le parti du président-candidat, le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), une puissante machine clientéliste présente dans toutes les régions du pays. Dans les rues de N’Djamena, de grandes affiches annoncent avant le scrutin qu’Idriss Déby ferait « un coup KO » – comprenez qu’il battrait ses opposants dès le premier tour. Dans chaque quartier, de petits abris ou de grandes propriétés ont été transformés en « bureaux de soutien » à Idriss Déby. Sur leurs murs repeints aux couleurs du MPS figure l’emblème du parti – une houe et une kalachnikov croisées auxquelles on a ajouté une flamme – qui rappelle que le président-candidat est arrivé au pouvoir par les armes en chassant Hissène Habré en 1990.

Désordres opportuns

Si le vote s’est déroulé dans le calme, il n’a pas été sans problèmes pour autant. Le vote des militaires, la veille du scrutin des civils, est le plus préoccupant. Des officiers contrôlaient que les hommes de troupe votaient «bien». Certains militaires ont été arrêtés et ne sont pas réapparus. Leurs familles dénoncent une disparition forcée. Les propos du ministre de la Sécurité qui affirment que ces militaires seraient partis en mission sans prévenir leurs proches ne sont pas de nature à les rassurer.

Le vote des nomades s’est ensuite déroulé dans un grand désordre propice aux fraudes. Le vote des sédentaires a, lui aussi, été problématique : dans certains bureaux de vote, il manquait des bulletins, dans d’autres, des procès verbaux. Enfin, la coupure des SMS et des réseaux sociaux, qui est une façon d’empêcher la diffusion des résultats des dépouillements et de freiner les mobilisations, a alimenté toutes les rumeurs.

Il n’est pas aisé de distinguer des désordres qui relèvent de difficultés logistiques de véritables fraudes. D’autant plus quand la seule mission d’observation internationale est celle de l’Union africaine – organisation dont le président en exercice n’est autre qu’Idriss Déby lui-même… La trentaine d’observateurs déployée dans ce pays immense a relevé des anomalies mais a jugé malgré tout le scrutin «crédible et transparent».

Une mission d’observation nationale avait été mise en place par une puissante organisation de la société civile… connue pour être proche du parti au pouvoir. Elle avait installé son QG dans l’un des grands hôtels de la capitale. Certaines organisations, bien que dépourvues de financements internationaux, ne semblent pas connaître de problèmes de trésorerie!

Loin des yeux

Le MPS était le seul parti capable d’avoir des délégués dans tous les bureaux de vote. Les partis d’opposition n’étaient pas représentés sur l’étendue du territoire. À N’Djamena, le dépouillement s’est déroulé sous l’œil de militants et de citoyens vigilants. Dans les villes du Sud, ce fut également le cas. Mais une telle organisation est impossible dans des régions où il est coûteux et parfois risqué de s’afficher avec l’opposition ou la «société civile».

Comment surveiller le vote et les dépouillements s’il n’y a pas de représentants de l’opposition ? Comment contrôler que les urnes ne soient pas bourrées pendant la nuit  Que les procès verbaux des résultats envoyés dans la capitale pour être compilés sont bien les bons? Plus difficile encore : comment empêcher, en amont, les autorités locales de faire pression sur les électeurs ? Et surtout comment donner un sens à l’acte même du vote quand le parti hégémonique, issu d’un mouvement armé, gouverne en associant répression et cooptation depuis des années ?

L’introduction de la biométrie électorale n’aura pas seulement été une bonne affaire pour les industriels français. Idriss Déby s’en sort avec une élection (un peu) plus crédible que les précédentes, sans avoir eu à renoncer à ses vieilles recettes pour se maintenir au pouvoir.

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Par Marielle Debos, Associate professor in Political Science, Université Paris Ouest Nanterre, Institute for Social sciences of Politics (ISP), Université Paris Ouest Nanterre La Défense

Cet article a été publié sur The Conversation.

 


Notre Temps

Ces poèmes sont un cri

Le cri de la tragédie

Le cri qui nous vient du sang

Le sang vomi par la terre pour la PAIX

C’est le cri qui nous dépasse tous

A cause de la fumée constante de nos foyers enflammés

Ce cri est la voix d’un homme

C’est le cri de l’homme

Dans un cri adressé à l’homme

…/…

Un cri

Un cri ne se traduit pas

Un cri ne se comprend pas

Il est omnidirectionnel

Et comme tel il s’entend.

De ton tempérament optionnel

Il se moque depuis des temps

Un cri est une goutte d’eau

Comme elle, se répand sur 360 degrés

Tu le voudras rond comme un zéro

Lui, se disperse, et n’attend pas ton décret.

 

Mahamat LITASSOU Brahim: tchadien poète, socio-économiste. Après ses études primaires au Tchad, il est Diplômé à l’UNIVERSITE DU TCHAD. Il fait ses études professionnelles à SAINT-CYR à Coëtquidan dans la Bretagne puis à l’école Supérieure et d’Application de Génie à Angers en France.


Tchad: la foire du désordre électoral est terminée

Depuis les premières élections présidentielles de 1996, les tchadiens n’ont pas changé d’avis vis à vis du candidat MPS. Mais il est affligent de constater que les mêmes tchadiens n’ont pas encor compris les deals que certains dirigeants se le permettent sur leurs dos.
Lors que nous évoquions cette question à la veille du dernier scrutin, certaines incrédulités se dressent comme si, se poser de question sur l’opportunité d’aller à une telle aventure était une idiote réflexion.

Aujourd’hui, il n’y a rien à cacher. Le tout s’est déroulé au vu et au su de tous. Le film d’un médiocre tournage est joué sur un terrain dégagé devant une meute médusée.
Aussi la société civile et la jeunesse sont les seuls cocufiés de l’histoire. Ils était tellement claire dés le départ, que le pouvoir et ses complices dits partis politiques se gaussaient des tchadiens.
Il y a évidemment quelques braves qui, de bonne foie, ont embarqué leurs partis sur un terrains où les peaux de bananes sont légions.

S’il y a deux grosses erreurs commises par la société civile et la jeunesse, c’est d’avoir focaliser leurs actions sur une seule partie du duo: Échauder le pouvoir jusqu’au dernier de ces retranchement, et d’avoir soutenus des simples faire valoir. Et en conclusion chacun de duo a parfaitement joué son rôle.

En effet, qui peut penser un seul instant que ces grands commis de l’Etat, don certains comptabilisent plus de quarante ans d’expérience politique, et qui ont servis aux plus hautes fonctions de l’Etat puissent se faire gratuitement roulés dans la farine par Deby? Il serait naïve de se résoudre.

Quelques repères nous permettent de douter de la bonne fois de certains . Il serait fastidieux d’énumérer les turpitudes des partis politiques de l’opposition. A chaque étape de l’obscure accord du 13 Aout 2007, ou du fameux organes dit de concertation. Ils nous abreuvent des communiqués futiles juste pour amuser la galerie; et on continue comme si de rien était. Il n’y a pas une seule fois où ces partis sont arrivés a changer d’un iota les attitudes insolentes du MPS. Citons quelques unes:

– Le parti au pouvoir refuse le kit électoral, ça fait rien on va quand même. Alors que tout le monde sait que c’est le nœud gordien.
– Le pouvoir arbitrairement met en prison les leaders des associassions de la société civile; et on brandit des actes ostensiblement ridicule; mais personne ne menace d’arrêter le processus électorale qui se trouve déjà essoufflé et frappé d’énormes irrégularités.
-La société civile quitte la CENI, on dit ça fait rien, on continu quand même.
-Très peu de disposition prises pour pourvoir les bureaux de votes des représentants des candidat de l’opposition. Et les rares qui se présentent sont systématiquement refoulés dans certaines régions. On dit ça fait rien on continu quand même.
– Malgré les violations et les perturbations cyniques et grossières constatées dés le 9 Avril avec le vote des militaires, les représentants des partis politiques à la CENI continuaient a vaquer normalement avec leurs collègues du MPS jusqu’au 17 Avril avants de prétendre annoncer leur démissions. De qui se moque t-on?

Avant même que la CENI annonce le résultat provisoire, les douze candidats de l’opposition concluent un accord de partenariat pour le deuxième tour; et le challenger est évidemment Deby.
Qui leur a dit que le candidat à sa propre succession ne se reléguerait pas au troisième voir au cinquième rang du peloton, sachant que n’importe quel des candidats à lui seul, arriverait devant Deby comme c’était le cas avec le défunt Gl. Kamougué au deuxième tour en 1996.
Quelle est la signification donc de cet avance gratuite? Fait elle partie du deal, mais que Deby s’est empressé de l’enterrer dans un sarcasme olympien?

A douze, on prétend former un gouvernement de salut national si le suffrage du peuple est détourné. Puis on se trouve à cinq, à quatre, et certainement à aucun au final. C ‘était juste un subterfuge dés le départ? Ou parce que des sous marins se seraient introduits dans la demeure?

Et enfin sachant que la cour constitutionnelle est pire que la CENI départ ses prouesses légendaires, dont on prétend attendre son verdict; alors qu’ont rejette en bloc les résultats donné par la CENI. C’est sulfureux comme attitude politique non?
Le seul perdant dans cette mascarade est le peuple qui vivra avec la peur au ventre, sans voir le bout de tunnel de cinq années de dictature, de l’arbitraire et de l’obscurantisme.

Aussi, s’il y a un gain inestimable que cette mascarade électorale a réussi à introduire dans l’a-sphère de la vie socio-politique tchadienne, c’est bien l’énorme prise de conscience nationale qui se traduira désormais avec force sur l’ensemble de la donne politique au Tchad.

Rien ne sera comme avant. Il est claire que la jeunesse don son espoir a volé en éclat devant une illusion de changement miroité par certains leaders politiques pour se faire de la place au soleil au détriment des revendications légitimes du peuple. Cette jeunesse là, ne lâchera rien.  Devant la volonté de domination absolue , l’arsenal de l’intimidation et de la violence meurtrière, les chances de prétendre à un droits quelconque sont minimes. Ceci dit, il faut aussi comprendre que tant que les ayants des droits fondamentaux légitimes du citoyen resteront confisqués, il serait illusoire de penser que le pouvoir jouirait de l’étendu de son injustice, de sa gabegie et de ses frasques inconsidérées.

Devant la volonté de l’arbitraire qui impose un despotisme moyenâgeux, toutes les formes de lutte sont permises pour se libérer de son joug.

Mahamat Djarma Khatre, Aboulanwar


Acheikh Ibni Oumar revient sur le soutien de la France à la dictature de Deby

Interview de Acheikh Ibn-Oumar, opposant au président Tchadien Idriss Deby (au pouvoir depuis 1990). Ministre des affaires étrangères d’Hissène Habré en 1989-1990, il devient conseiller spécial du président Idriss Déby (1990-1991), après que celui-ci a renversé Habré. Il est ensuite ambassadeur du Tchad aux États-Unis, et haut-représentant auprès des Nations unies (1992-1993). Il rompt ensuite avec Déby et quitte le pays.
Dans cette interview, il se livre sur l’arrivée au pouvoir de Deby et le rôle de la France dans son soutien.


Thomas Dietriche se trompe-t-il de combat ou de pays?

Le lundi 18 avril, un ressortissant français a été expulsé du Tchad  vers le Cameroun après avoir été arrêté la veille peu après son arrivée à N’Djamena la capitale Tchadienne.

Politiquement, il se défini comme un opposant au régime tchadien d’Idriss Deby et prêt à le faire savoir même au péril de sa vie. Thomas Dietrich est un Français qui se dit avoir été tombé amoureux du Tchad. Ainsi, le jeune homme veut libérer les tchadiens de la dictateur d’Idriss Deby et sauver un peuple qui crie à famine selon ses propos.

Un combat aussi maladroit sur le fond que sur la forme. De quel droit M. Dietrich peut-il se permettre d’être «opposant» a un president de la république du Tchad? Une république au quelle il n’en détient pas la nationalité? Aurait-il par hasard confondu le régime de Deby à celui de François Hollande en chute libre dans les sondages? Ou cherche-t-il à perpétuer la tradition coloniale française en Afrique?

Diplômé en Science Po Paris, celui-ci part faire son stage à Bangui au ministère du commerce dans les années 2011. Très vite, M. Dietrich intègre le cercle du pouvoir en Centrafrique au temps de François Bozizé et devient presque incontournable aux chefs rebelles centrafricains de la Seleka. Il avait écrit un roman Là où la terre est rouge pour preuve d’amour pour la Centrafrique. Lors de la guerre civile et confessionnelle qui ravage le pays en 2012, Thomas retourne en France et se rapproche un peu plus des fils d’Ibni. Ils fondent ensemble le Mouvement du 3 février (M3F) référence à la date de disparition de l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh et se donnant objectif de renverser du pouvoir le tchadien Idriss Deby.
Il est alors invité en tant que conseiller et souvent spécialiste du Tchad sur les plateaux télé en France notamment sur TV5 monde et France 24. Sans blague.

Co-administrateur du site internet tchadenligne.com et centrafriquenligne.com, l’écrivain abandonne Là où la terre est rouge et tombe sous le charme des enfants des Toumaï. Un roman qu’il écrit sur le Tchad en 2016.
Après l’éclatement du mouvement M3F à la fin de l’année 2015, Thomas se démarque et passe de statut de conseiller à l’opposant. Il se rapproche ainsi d’un autre groupe des activistes tchadiens à Paris.

Si c’est un Tchadien qui se présente opposant à une autorité française en France, on l’aurait mis en prison pour entrave à l’autorité, interné dans un hôpital psychiatrique  ou traité d’humoriste du mauvais goût.

Ceci, explique-t-il en faite le silence de l’ambassade de France à N’Djamena face aux traitements dégradants infligé à l’un de ses ressortissants par l’ANS, la police politique? Serait-il aussi une approbation des autorités françaises aux procédés répressives du régime de Deby pendant 25 ans? Ou une approbation symbolique de plus au passage en force par Deby à l’élection présidentielle du 10 Avril?

Plusieurs journalistes, chercheurs, militants et associations de défense de droit de l’homme à travers le monde mènent un combat tous les jours au quotidien contre les systèmes totalitaires en les dénonçant dans le cadre de leurs métiers. Il est triste de constater que l’aventure malheureuse de M. Dietrich n’est pas plus qu’une opération de communication.

Doit-on lui rappeler la main mise de la France au Tchad depuis plus de 50 ans? Doit-on rappeler à Mr Thomas Dietrich que le régime barbare qu’il veut combattre est maintenu et soutenu par son gouvernement? A-t-il oublié que les cris de ce peuple qu’il qualifie d’affamé est de leurs maintien dans la misère par la France ? Les Tchadiens n’ont pas besoin d’un bouc émissaire de s’en apitoyer sur leur sort. Ne pas confondre certains activistes à Paris au reste des Tchadiens.

Le jour au vous aurez l’audace Mr Dietrich de combattre votre gouvernement et faire une excuse des crimes commis en Afrique et au Tchad en particulier, peut-être que les Tchadiens rêveront votre bonne volonté. Vous êtes beaucoup plus concernés par Nuit Debout que par Deby au Tchad. En vous souhaitant une bonne guérison.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste, Mondoblogeur


Bechir Madet: l’Alliance n’est que groupement de 100 personnes

La messe est dite. Cette fois-ci n’est pas par l’opposition, ni par la société civile moins encore par les activistes blogueurs. Le groupement de l’Alliance d’Idriss Deby Itno ne compte vraiment qu’un peu plus de 100 personnes. Au lendemain de l’élection présidentielle, les premières estimations des résultats de vote des CENI locales annoncent la défaite du président tchadien Idriss Deby dans plusieurs région du pays.

L’aveu est prononcé par Bechir Madet, ancien ministre de la justice et actuel Président des jeunes du MPS (Mouvement patriotique du salut) le parti d’Idriss Deby au pouvoir depuis 26 ans et candidat à sa propre succession.

Lors d’une conférence de presse, le magistrat et fervent militant du Mps Bechir Madet laisse entendre que les résultats ne sont pas très favorables pour le partie de l’Alliance. Il demande en conséquence de se mettre au travaille pour viser les prochaines élections faisant référence aux législatives et communales et  visé le prochaine présidentielle dans 5 ans.

L’ancien ministre écœuré par la défaite de l’Alliance, le parti au pouvoir, présente ce dernier pas plus qu’un regroupement de plusieurs 100 personnes.

En effet, le 7 avril 2016, 112 «partie politique» ont apporté leurs soutiennent au MPS pour élection présidentielle du 10 Avril. Des parties politiques montés de toutes pièces sans aucune forme juridique ni base populaires. Pour le partie au pouvoir, c’est une façon de faire montrer à la communauté internationale sa popularité.
Mais en vérité, chacun de ces parties politiques est incarné par un seul individu sans aucun militant. Dans les 112 partie politique allié du  Mps, ont compte en chacun au maximum deux personnes. Le president et son épouse et inversement.

Le groupement de l’Alliance qui se veut 112 parti politique, n’est qu’un groupement de 112 personnes comme confirme le président des jeunes du partie au pouvoir. Ceci étant un fait, il est logiquement impossible que 112 personnes puissent faire élire un president au milieu d’un peu plus de 6 000 000 d’électeurs.

Malgré les irrégularités et les cas de fraudes massives et  flagrantes, le Mps et les 112 personnes qui le composent n’ont gagné qu’une seule région, bastion d’Idriss Deby d’environs 20 000 âmes. Ennedi-Est.

Mais en toute état de cause, Deby serait-il assez sage pour accepter sa défaite, ou déclara-t-il la guerre à un peuple qui n’a plus rien à perdre? En tous cas, il semblerait que ses collaborateurs ne le suivront pas dans une telle aventure suicidaire.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, Mondoblogueur

https://www.youtube.com/watch?v=d4_cOKOxFZE&feature=youtu.be


Tchad : La répression des défenseurs des droits humains persiste

A quatre jours du premier tour de la pseudo élection présidentielle, où le Général président Sultan Déby, un féru hors pair des hold up électoraux tenterait sa 5ème forfaiture, une chape de plomb s’abat sur le pays. En effet, le 07.avril 2016, le Tribunal de première instance de N’Djaména a abrité un procès inique d’essence politique des 4 leaders défenseurs des droits de l’homme. Le procureur a requis à la cour de condamner ces derniers à six mois de prison ferme.

La légèreté déconcertante des chefs d’accusation, n’a pas résisté face à la Force du droit de la défense du panel d’avocats et à la mobilisation massive citoyenne, surtout des jeunes maintenus à distance par la police.
Le procureur et le juge percuteraient-ils dans leur subconscient la gravité d’un verdict si lourd et injuste, séance tenante contre des innocents ? Leur conscience assumerait-elle les conséquences gravissimes pour le pays ?
Le refus du juge de délibérer au siège en reportant la délibération pour le 14 avril 2016 serait-il une stratégie de concocter d’autres fausses preuves d’accusation car les premières frappées de nullité étaient atomisées par la solide défense dès le premier tour.

Au demeurant, rappelons que les leaders de la société civile Madame Céline Narmadji, M. Mahamat Nour Ibedou, M.Nadjo Kaina Palmer et M.Younous Mahadjir furent illégalement mis sous mandat de depuis le 21 mars 2016, sous les fallacieuses accusations : « tentative de trouble à l’ordre publique, opposition à une autorité légitime et provocation à un attroupement nonarmé ». Le parquet du tribunal de première instance de N’Djaména et la justice tchadienne en général exécutent servilement les ordres directs du Général président Sultan Déby, violant ainsi l’article 21 de la constitution qui stipule : « Les arrestations et détentions illégales et arbitraires sont interdites ».
Les articles 21 et 27 de la Constitution de la république du 31 mars 1996 garantissent les libertés fondamentales et
notamment la liberté d’expression et le droit de manifestation Est-ce un délit, d’appeler les citoyens à manifester pacifiquement contre un 5ème mandat du Général président sultan Déby à la présidence de la république ?
Les crimes contre l’humanité commis en 26 ans de règne absolu ont fait 30.000 morts selon les estimations des organisations des droits de l’homme. Pourquoi les masses populaires tchadiennes victimes de cette folie et tyrannie meurtrière, devraient elles accepter de reconduire au pouvoir l’Hitler tchadien ? Aucun peuple au monde n’accepterait de prolonger des telles souffrances.

Poursuivant sa terreur à l’égard des leaders de la Société civile, un 5ème membre, Dr Albissaty Al Assam parole de
l’Association « Ça suffit », fut arrêté le 04.04.2016 et incarcéré dans la même prison d’Amssinéné où les 4 autres
étaient détenus. A l’instar des ses camarades détenus, le Parti, ACTUS/prpe condamne avec la plus grande fermeté cette arrestation et embastillement illégaux et politiques. Nous réitérons notre soutien indéfectible et solidarité militante au Docteur Albissaty et aux 4 autres victimes de la dictature criminelle du Général président Sultan Déby.
L’arrestation du Dr Albissaty malgré la présence du Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale, Abdoulaye Bathily, constater la situation politique tendue au Tchad, est un signe que le despote décide briser toute velléité de contestation de son pouvoir.
Si le tyran est si adulé par son peuple, comme le répète inlassablement ses thuriféraires, comment justifierait-il sa propension maladive à réprimer dans le sang, tuer, ou embastiller les citoyens qui manifestent pacifiquement ?
Pourquoi le peuple devrait-il alors continuer à subir, les affres du despote Déby et son clan familial, prédateurs voraces des ressources nationales et rentiers du pouvoir ? Les assassinats, la corruption, les détournements des deniers publics, le népotisme, l’impunité qui caractérisé ce long règne absolu de 26 ans, ont pour conséquences la paupérisation exponentielle Mobiliser pour Construire des masses populaires et le maintien de la pathétique performance du classement du Tchad parmi les 10 derniers pays les plus pauvres (183ème sur 185 pays selon le rapport IDH 2015 du PNUD), malgré les milliards de pétrodollars et d’aides financières internationales.

Est-il besoin de rappeler que toute l’administration publique des Finances et d’Économie (Ministères, Directions générales, Douanes, Trésors, Télécommunications, entreprises para publiques, l’Armée, la Police, la Gendarmerie…), les entreprises privées (Transports, Btp, Import-export, Communications….) sont dirigées par les membres du clan présidentiel, parmi lesquels certains font preuve d’incompétence notoire, car semi lettrés ou analphabètes.

A titre d’illustration, citons le cas de l’Ex Directeur Général des Douanes du Tchad, M. Salaye Déby non titulaire d’un Baccalauréat et qui ayant détourné 136 milliards de FCFA, bénéficie de l’impunité.

Le népotisme et l’apartheid social pratiqué par le tyran Déby, ont exclu d’emploi dans la fonction publique des milliers de jeunes cadres diplômés et compétents. Les salaires, les bourses d’étudiants, les pensions des retraités… ne sont pas payés depuis plusieurs mois. Cette punition collective est un acte criminel du tyran.

Cela est révoltant et inadmissible pour un pays pétrolier Face cette tragédie que vivent les masses populaires depuis 26 ans, Les 5 Leaders de défense des droits de l’homme ont le droit et le devoir d’appeler à manifester pacifiquement contre une pérennisation au pouvoir d’une des dictatures les plus féroces du monde.

A la lumière de la tragédie de la dictature que vivent les masses populaires tchadiennes, le parti ACTUS/prpe
►exige du Général président Sultan Déby, la libération immédiate et inconditionnelle des 5 Leaders de la société civile et organisations de défense des droits de l’homme : Madame Céline Narmadji, M.Mahamat Nour Ibedou, M.Nadjo Kaina Palmer et M.Younous Mahadjir et Dr Albissaty Saleh Allazam.

►demande à la communauté internationale, et plus particulièrement à la France qui apporte son soutien multiforme depuis 26 ans au dictateur Déby, de cesser cette aide qui renforce la tyrannie contre le peuple tchadien.
Les interventions militaires françaises ont permis de sauver in extremis le dictateur Déby de l’offensive des forces de résistances nationale (bras armé du peuple). La dernière était celle spectaculaire ou les résistants avaient encerclé le palais rose du tyran. [Cf. La Croix du 7 février 2008]
Le silence du Gouvernement français face aux arrestations massives en cascades des défenseurs de droits l’Homme, n’équivaudrait-il pas à une assurance tous risques au tyran de continuer en toute impunité de violer les droits de l’homme ?

► demande à l’Union africaine et à l’Union européenne et à l’Onu de condamner sans contorsions diplomatiques les crimes du Général président Sultan Déby contre le peuple tchadien, car comme tous les autres peuples du monde, il aspire à la démocratie et au bien-être social.
Aucun peuple au monde ne voterait de son propre gré pour un candidat qui affame, assassine, humilie, détruit le pays…, par conséquent la bienveillance manifestée à l’égard du despote Déby malgré les hold up avérés des 4 scrutins précédents, exaspère le peuple et suscite un fort scepticisme sur la transparence de l’élection du 10 avril 2016.
Le peuple qui aspire à la démocratie n’acceptera plus jamais une reconduction frauduleuse du tyran avec l’onction complice de la communauté internationale. A cet effet, le préambule de la constitution l’autorise à passer à l’étape supérieure de la lutte pour conquérir ses libertés démocratiques et le bien-être social.
[ « – Proclamons solennellement notre droit et notre devoir de résister et de désobéir à tout individu ou groupe d’individus, à tout corps d’Etat qui prendrait le pouvoir par la force ou l’exercerait en violation de la présente Constitution ;- « Affirmons notre opposition totale à tout régime dont la politique se fonderait sur l’arbitraire, la dictature, l’injustice, la corruption, la concussion, le népotisme, le clanisme, le tribalisme, le confessionnalisme et la confiscation du pouvoir ; »]

►réitère son soutien militant au peuple tchadien dans sa mobilisation contre un 5ème mandat à la présidentielle du 10 avril 2016 du Général président Sultan Déby.

Vaincre le Général président Sultan Déby ou la mort, ensemble nous vaincrons car notre cause est juste.

07 Avril 2016
Le Secrétaire Général d’ ACTUS/prpe
Dr LEY-NGARDIGAL Djimadoum


Tchad: Deby prépare-t-il un massacre post-électoral  »Avril noir  » à Moundou?

«En effet, des militaires lourdement armés ont été mobilisés en renfort de la Police pour les élections du 10 avril comme si c’était une guerre. Les premiers chars ont été aperçus à l’entrée de la ville hier vers 23 heures et les autres ce matin.

Progressivement, Moundou offre un autre visage, du statut d’une ville à multiples convoitises à une province de la Somalie. Aussi riche que Moundou, en ressources humaines et plaque-tournante des affaires économiques entre la RCA, le Cameroun et le Nigeria, Moundou a la réputation d’être le centre du pouvoir économique depuis toujours. Qui tient la ville, tient les affaires ! Peut-on dire de manière péremptoire.

Et comme telle, cette ville est dans l’œil du cyclone. Ils sont nombreux, les partis politiques qui voudraient « gagner » Moundou ou du moins, en avoir le contrôle. Pour le MPS, perdre Moundou, c’est perdre une grande partie du « Tchad utile » et enregistrer une deuxième humiliation après celle des municipales. Le CTPD de l’actuel maire de Moundou tient à « sa » ville pour maintenir son hégémonie voire sa « ngambayité ». Kebzabo est déjà élu Président par les moundoulais lors de son meeting dans cette ville. Le Président de l’UNDR jubile déjà pour avoir été plébiscité par les populations de cette grande ville avant l’heure. Dadnadji se bat pour prendre un « morceau » de Moundou… Toute chose qui fait dire que le 10 avril, c’est plusieurs coqs qui vont annoncer la levée du jour à Moundou. Le prochain scénario à craindre, et les signes sont déjà perceptibles dans les rapports des forces entre leaders politiques de divers partis.

Vers un Etat policier ?

Selon des sources proches des services de renseignements, les arrestations de certains militants et membres de la société civile sont déjà planifiées pour cautionner la mascarade qui se prépare. Deux (2) containers de grenades lacrymogènes sont arrivés en même temps que les chars à Moundou… D’autres sont convoyés vers les villes de Doba, Bébédjà et Goré, etc.

Selon le planning de l’Agence Nationale de la sécurité (ANS), la maison de Laokein Kourayo Médard, le siège de son parti ainsi que celui de l’UNDR seront sous haute surveillance avant, pendant et après les élections… A voir le cours des événements, il y a à craindre la « somalisation » de Moundou.

source : grat.over-blog


Tchad : aporie géopolitique et silence international avant la présidentielle

A quelques jours de l’élection présidentielle des 10 avril et 9 mai organisée sans processus électoral crédible, Idriss Déby tente d’empêcher la contestation. L’ancien chef d’Etat major de l’armée tchadienne sous Hissène Habré, arrivé au pouvoir avec l’aide des services secrets français, n’a jamais été réellement élu. Il a à son palmarès, 4 présidentielles, 3 législatives, et 1 référendum pour supprimer la limitation à 2 mandats présidentiels de la constitution. En 25 ans de pouvoir, Idriss Déby est devenu un spécialiste de la désorganisation de l’opposition, du vote multiple  et de la substitution des Procès Verbaux. Les conditions d’un démarrage de processus électoral, liberté d’expression, liberté de la presse, liberté de s’organiser pour l’opposition, n’ont jamais été accordées.

 

Après la suppression du nombre de mandats en 2005, les rébellions se sont multipliées, compliquant encore la poursuite du processus de démocratisation. L’Accord politique en vue du renforcement du processus démocratique au Tchad’ du 13 août 2007 portant sur l’organisation des élections, soutenu par Union européenne[1], n’a jamais été appliqué[2]. En février 2008, Idriss Déby a éliminé physiquement son  principal opposant, le mathématicien Ibni Oumar Mahamat Saleh, alors porte parole de la Coordination des Partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC).

 

Après le report des législatives de 2015, pour la présidentielle de 2016, Idriss Déby a accepté une partie de l’accord de 2007, introduire la biométrie électorale. Sans surprise, le gouvernement tchadien a choisi Morpho, filiale de Safran dont l’Etat français est actionnaire à hauteur de 15,4%, entreprise proche de l’armée française depuis l’élection en Côte d’Ivoire en 2010. Cette biométrie a permis d’améliorer le fichier électoral et devrait permettre de limiter les votes multiples. L’introduction de la biométrie ne s’est cependant pas faite de manière transparente. Après qu’une une clause du contrat de Morpho n’ait pas été respectée concernant l’authentification biométrique pendant la distribution des cartes biométriques, un conflit a persisté.

 

Des ministres et des dirigeants d’entreprises publiques et privées ont été mobilisés pendant le recensement électoral et ont distribué de l’argent. Selon le chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo, 200 000 mineurs ont dû être ensuite enlevés du fichier, et des fraudes ont été organisées à l’aide de faux certificats de naissance. Des réfugiés soudanais et centrafricains ont été enrôlés, à l’intérieur ou à l’extérieur des camps de réfugiés du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR)[3]. La population de plusieurs régions a été gonflée. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) est totalement acquise au président. La presse libre n’existe quasiment pas et les media publics font campagne pour le président sortant. Le parti au pouvoir, le Mouvement patriotique du salut (MPS) et l’armée contrôlent l’administration. De faux petits partis ‘alliés’, plus de cent, sont financés pour communiquer vers l’étranger. Des candidats ont été exclus, dont, pour des motifs saugrenus, Ngarlejy Yorongar, leader du parti Fédération action pour la République (FAR).

 

La population ne supporte plus le chef de l’Etat. Depuis début février et l’affaire du viol d’une adolescente, fille d’un opposant, par des proches du pouvoir, la peur commence à « changer de camp ». De nombreux petits rassemblements ont lieu, les marchés deviennent des espaces de débat, où les origines régionales se mélangent. La jeunesse tchadienne commence à sortir comme d’autres jeunesses africaines. En outre, le président est malade et fait des allers-retours entre l’hôpital américain à Paris (Neuilly) et le Tchad, ce qui accentue le rejet d’un cinquième mandat.

 

La société civile sait qu’une fois de plus le chef d’Etat n’est pas prêt à accepter les règles du jeu de la démocratie. Renforcée par l’Union des syndicats tchadiens (UST), elle se mobilise dans la non-violence contre le cinquième mandat, et le maintien au pouvoir à vie, par des opérations « villes mortes », synonyme de grève générale, ou des « journées sifflées », symbolisant le coup de sifflet final.

 

De 1990 à début 2016, le président n’a jamais autorisé les manifestations. En 2015 et début 2016, il a laissé a plusieurs reprises l’armée tirer sur des manifestants, montrant qu’il n’hésiterait pas à faire tirer quel que soit le nombre de morts. Le 23 février, la marche organisée par les partis politiques a été interdite et Idriss Déby a sorti dans les rues de Ndjaména la Garde nationale et nomade, alors que des dizaines de milliers de lycéens s’apprêtaient à rejoindre la marche. Malgré cela, le lendemain, la ‘ville morte’, organisée par le collectif ‘Cà suffit !’ a connu un succès populaire.

 

Le collectif ‘Cà suffit !’ appelle à la grève à partir du mardi 29 mars et à une marche 5 avril[4]. Craignant cette protestation inédite, Idriss Déby essaye de neutraliser la société civile. Les forces de l’ordre ont arrêté le porte parole de la coalition ‘Ça suffit !’, Mahamat Nour Ahmat Ibedou[5], le leader du mouvement citoyen Iyina (‘on est fatigué’), Nadjo Kaina Palmer, le secrétaire général de l’Union des syndicats du Tchad, Younous Mahadjir, et la porte-parole de la coalition ‘Trop c’est trop’, Céline Narmadji. En France, le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères et du Développement international (MAEDI), le 23 mars, s’est contenté sur cette question de rappeler un « attachement au respect, partout dans le monde, de la liberté de manifester pacifiquement. »[6]

 

Une fois de plus, la répression au Tchad se déroule sous les yeux des conseillers militaires français, nombreux en raison de l’opération Barkhane, dont des coopérants militaires travaillant par exemple à une « politique de ressources humaines »[7]. Le président de l’Union africaine en 2016 est resté très proches des militaires français depuis 25 ans. La lutte contre le terrorisme dans le Sahel lui a permis d’attendre du soutien en échange des services rendus aux gouvernements occidentaux. Depuis l’alliance militaire franco-tchadienne au Mali[8] et malgré l’aide d’Idriss Déby à la Séléka en 2013 en Centrafrique[9], le soutien occidental aux démocrates tchadiens est resté conditionné aux stratégies militaires. Ce choix univoque met en danger la stabilité du Tchad à plus long terme. Le président tchadien actuel empêche le développement d’une culture démocratique structurée dans un pays très marqué par les stratégies de résistance armée.

 

Idriss Déby veut s’imposer au premier tour par des résultats fictifs et le déploiement de la Garde présidentielle Direction Générale des Services de Sécurité des Institutions de l’Etat (DGSIE), comme Denis Sassou Nguesso vient de le faire en République du Congo. Des logiques identiques conduiront à des crises identiques. Une mascarade électorale de plus sera difficilement supportée par la population. Le Tchad ne peut plus être considéré comme une zone militaire et un réservoir de mercenaires pour des opérations de la paix.

 

Le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique demande au gouvernement français de :

–        faire pression sur le gouvernement tchadien pour que soient respectées les libertés constitutionnelles, en particulier le droit de manifester, et les droits humains pendant la période électorale, et que soient libérés les prisonniers de la société civile,

–        exiger, avec l’Union européenne, que le processus électoral, pour l’instant peu crédible, le redevienne en particulier le jour du scrutin et au moment du rassemblement des résultats et de la publication de résultats détaillés vérifiables, et que la fin du processus électoral soit accompagnée d’un dialogue inclusif avec les partis d’opposition véritables,

–        dénoncer toute fraude, tout manquement à la transparence garantissant la valeur des résultats, et toute inversion de résultat probable qui pourraient advenir au premier et second tour de la présidentielle,

–        considérer au niveau de l’Union européenne, la qualité du processus électoral, en vue d’adapter la coopération française et européenne à l’absence de démocratie au Tchad et d’aider le Tchad se démocratiser,
–        considérer et réviser la lutte contre le terrorisme en évitant le soutien d’un régime non-démocratique et la confusion entre personnalité au pouvoir et fonction présidentielle,
–        réorienter la politique française en Afrique dans le sens d’un soutien accru à la démocratie, en limitant l’influence de la politique de défense et sécurité et de ses acteurs, en particulier à Djibouti et au Tchad.

 

14 signataires : Forces vives tchadiennes en exil, Rassemblement National Républicain (RNR, Tchad), Union pour le Salut national (USN, Djibouti), Alliance Nationale pour le Changement Ile-de-France (ANC-IDF, Togo), Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD, Congo Brazzaville), Union des Populations du Cameroun (UPC), Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques de la Diaspora Camerounaise (CODE, Bruxelles et Paris), Conseil National pour la Résistance – Mouvement Umnyobiste (CNR-MUN/Cameroun), Mouvement pour la Restauration Démocratique en Guinée Equatoriale (MRD), Amicale panafricaine, Afriques en lutte, Parti Communiste Français (PCF), Parti de Gauche, Europe Ecologie les Verts (EELV).

Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique, Paris

____________________________________________________

[1] https://eeas.europa.eu/chad/accord_politique_2007_fr.pdf
[2] 24.12.8, Coordination des Partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC) https://ambenatna.over-blog.com/article-26159352.html
[3] Saleh Kebzabo en conférence à Paris le 27.2.16 + https://www.rfi.fr/afrique/20151228-tchad-saleh-kebzabo-appelle-dialogue-idriss-deby-pouvoir-etat-election
[4] https://www.rfi.fr/afrique/20160323-tchad-greve-emprisonnements-societe-civile-Iyina-suffit-deby
[5] Egalement secrétaire général de la Convention Tchadienne de défense des droits de l’homme (CTDDH)
[6]https://basedoc.diplomatie.gouv.fr/vues/Kiosque/FranceDiplomatie/kiosque.php?fichier=bafr2016-03-23.html#Chapitre1
[7] Amiral Marin Gillier, 5.2.14, https://www.assemblee-nationale.fr/14/cr-cdef/13-14/c1314033.asp#P8_269
[8] Tchad 2013 : la réhabilitation impossible d’un dictateur notoire, 15.12.13, https://electionsafrique.org/Tchad-2013-la-rehabilitation.html
[9] Influence et implication d’Idriss Déby en Centrafrique de mi-2012 à janvier 2014, 5 mars 2013, https://electionsafrique.org/Influence-et-implication-d-Idriss.html

 

 


Tchad: Le peuple Tchadien sacrifié au prix de la paix et stabilité régionale ?

Les exactions commises par le président Tchadien Idriss Deby et son clan passent sous le silence total de la communauté internationale. L’arrestation arbitraire des membres de la société civile sous le regard impuissant de la dite communauté est un message fort pour le peuple Tchadien.

Tant que Deby s’agitera par-ci et là sur les questions du terrorisme dans la sous-région, les ténors de la démocratie internationale qu’il s’agisse d’Obama, de Hollande et de Ban Ki-moon assisteront dans un silence complice à la violation flagrante des droits de l’homme et des libertés dans ce pays. Cette critique vaut aussi pour les dirigeants chefs d’Etat africains qui sans attendre le verdict des urnes au Tchad ont confié la présidence tournante de l’UA pour 2016.

Doit-on en conclure ainsi que les prochaines élections au Tchad n’est qu’une formalité qui aboutira à la réélection certaine de Deby?  Le message est en conséquence clair pour les Tchadiens. Nous devons prendre notre destin en main et empêcher la réélection de Deby.

Quant à la France, c’est désormais claire: Pourvu que Deby entretient ses relations Francafricaines obscure, à la France de fermer les yeux sur les exactions les viols massifs par des enfants de dignitaires, les arrestations arbitraires, les tortures et sa réélection après 26 ans de pouvoir.

Mais le peuple Tchadien doit comprendre que la lutte contre le terroriste concerne ne nous concerne principalement pas. Il ne faut pas se tromper de cible. Et chacun doit savoir balayer devant sa cour. Si les terroristes frappent les pays africains c’est d’abord pour atteindre et menacer les intérêts des Français. Et si Deby feint de lutter contre les terroristes c’est pour garantir et préserver son poste de président au Tchad. Nous ne devrons plus accepter d’être le bouc émissaire de l’un ou de l’autre. Notre destin nous devrons le prendre en main sans plus attendre.
La lutte sera difficile mais si longue que soit une nuit d’hiver le soleil la suit toujours. Frantz Fanon disait que sans le froid et la désolation de l’hiver, il ne saurait exister la chaleur et la splendeur du Printemps.

Nous devrons persister dans notre lutte. Et notre lutte est claire et précise. Il faut une alternance politique au Tchad. Un président qui a pris le pouvoir par les armes en 1990 ne peut pas continuer à gouverner en 2016.

Après 26 ans au pouvoir voici le bilan en 2016 :
– Le Tchad est l’un des pays les plus pauvres du monde, classé 194ème sur 196 pays selon l’Indice de développement humain (IDH). La moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté et l’espérance de vie n’y est que de 50 ans.
– Les indicateurs de santé du Tchad sont parmi les plus médiocres du monde. Le taux de mortalité infantile parmi le plus élevés : 150‰
– La mal gouvernance, la corruption, l’impunité totale pour le clan de Dedy, l’injustice sociale et le népotisme : Le Tchad se classe parmi les six pays cloués au bas du classement de l’IIAG (Ibrahim Index of African Governance)
– La famine touche 2 millions de personnes, soit 18% de la population est « en situation d’insécurité alimentaire »au Tchad.
– Le Tchad compte 78% d’analphabètes en 26 ans de dictature.
– Etc……..
Il est temps que cette situation s’arrête. CA suffit, Trop c’est trop, Iyina.
Nous devrons tous nous mobiliser pour cette marche du 5 Avril.
Seule la lutte libère


Un dictateur liberticide à la tête de l’Union Africaine

Au Tchad, quatre militants de la société civile ont été arrêté et déféré en prison parce qu’ils appelaient à manifester contre la candidature du président sortant, Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 1990. Ces leaders de la société civile ont été inculpés pour « atteinte à l’ordre public » et « refus d’obéir à l’autorité légitime ».

L’acharnement du président Deby contre tous ce qui est liberté, et sa répulsion face à une constitution qu’il a pourtant lui-même taillé à sa mesure, est tout simplement consternant.

Arrêter les militants de droit de l’homme et les leaders de la société civils pour avoir programmer une marche pacifique est un acte pervers, révélateur d’un esprit anti-démocratique et anti-constitutionnel.

Les discours prononcés par le président Deby au cours de sa campagne dite présidentielle  révèlent  l’énorme angoisse de Deby et son appréhension maladive face à la nouvelle donne politique et sociale du Tchad, malgré les pratiques frauduleuses parfaitement maitrisées après moult expériences passées.

Au delà de propos irresponsables comme « IYINA MINKOU » «Nous sommes fatigués de vous»,  le président  Deby ne peut pas se dérober de sa responsabilité devant les étudiants Tchadiens au Burkina-Faso qui occupent leur ambassade depuis deux semaines parce qu’ils sont renvoyés  de leurs universités par le faite que leur gouvernement refuse d’honorer ses engagement de payer les bourse des frais de scolarité.
Le pouvoir de Deby quant à lui estime que ces étudiants auraient de penchant pour l’opposition. Quelle gauchie!

Pour mémoire, en 1973, les étudiants Tchadien boursier en France et en Belgique avaient été soupçonnés d’avoir distribuer à plusieurs reprises des tractes jugés diffamatoires par le gouvernement de Tombalbaye à l’époque. Ils sont accusés de soutenir les critiques contre le système de Tombalbaye diffusées par un supposé mouvement appelé » Corbo averti » dirigé par le défunt Dr.Outel Bono.

Sans informer le conseil exécutif du MNRCS, le Président Tombalbye prends la décision de couper la bourse à tous les étudiants en Europe.

La commission de réflexion du parti composé du Pr. Gayo Kokongar,  Palaye Gaston, Sékimbaye Bessané, Mahamat Idriss Ouya, Pr. Fekoua Laurent, Ngakoutou Ngon Ngakoutou, Abakar Youssouf et Mahamat Djarma, a jugé inadmissible de laisser ces étudiants Tchadiens sans bourse à l’étranger.

Nous nous sommes arrangés pour que les  militantes du parti organisent un meeting des femmes pour réclamer le rétablissement des bourses à leurs progénitures qui sont à l’étranger loin de leurs parents. Le meeting présidé par la défunte  Mme Brahim Seid, Hawa Nagaye fut retentissant.  Parmi les membres de la commission, ma position du maire de la ville de N’djamena et président du comité régionale m’a permis d’assister à ce meeting.

Le lendemain le président Tombalbye convoque immédiatement le conseil exécutif.

Les membres de la commission de réflexion qui sont membres aussi du conseil exécutif ont fait semblant d’être surpris comme tous le monde  par la tenue du meeting des femmes du parti.

En ma qualité du maire j’ai expliqué la colère  des mamans face à la décision de couper la bourse à leurs enfants.

Le conseil après un long débat a décidé de demander à tous les étudiants de regagner le pays , pour avoir droit au renouvellement de leurs bourses. Ceux qui ne répondront pas à l’appel ne peuvent pas prétendre au renouvellement de leurs bourses.

Effectivement une semaine après, la grande majorité des étudiants a regagné le pays. Après une rencontre publique entre le C.E du MNRCS et l’ensemble des étudiants venus de France et de Belgique, les étudiants sont repartis poursuivre leurs études. Sauf les stagiaires sont retenus pour effectuer leurs stages de formation au Tchad.

Les étudiants qui ont refusé de rentrer avec les autres et pour lesquels les bourses restent coupées, ont décidé d’entamer  un dialogue avec le gouvernement afin que leurs bourses soient rétablies.

Après une discussion avec l’ambassadeur défunt Moussa Ngarnim, ils ont accepté de venir au Tchad rencontrer le Conseil Exécutif. Ils ont  exigé de garantir leurs sécurité quelque soit l’issue de leur mission.

C’est ainsi qu’une délégation dirigée par Mr Acheikh Ibn-Oumar avec comme membres Salibou Garba, Pierre Koulatoloum et Bassinguet Nadji sont venus discuter avec le Conseil Exécutif. Le Débat fut poignant, à l’exemple de l’échange entre les défunts Abbo Nassour et Nadji. Ce dernier répète qu’il est inadmissible que le gouvernement coupe la bourse aux étudiants alors que se sont les revenues de la sueur de leurs parents qui cultivent le Coton. Abbo Nassour qui ne supportait plus déjà les propos parfois acerbes de cette délégation profite de l’occasion pour lancer en direction de Nadji: «t’ais toi ton père n’a jamais cultivé une seule corde de coton».

M. Acheikh Ibni-Oumar avec un esprit conciliateur intervient pour éviter que Nadji enchaine sur le même ton.

C’est en ce moment que le président Tombalbaye intervient pour demander à Palaye Gaston et Garandi Dikoua ministre de l’éducation pour reprendre la discussion avec la délégation afin de rétablir les bourses de tous et aussi améliorer la gestion de celle-ci gérées à l’époque par deux organismes français.

Étudiant tchadien de 2ei dans les locaux de leurs ambassade à Ouaga
Étudiant tchadien de 2ei dans les locaux de leurs ambassade à Ouaga

Le philosophe Allemand Friedrich NIETZSCHE(1844-1900) développait la théorie selon laquelle » l’existence humaine est un éternel retour ». Et nous voici il ya 40 ans passé, comment en toute responsabilité un Etat gère les intérêts de ses citoyens.  Il est inadmissible que de nos jours sous prétexte que certains de ces étudiants soutiendraient une quelconque opposition, le pouvoir MPS leur fasse payé le prix, les abandonnant à leur sort  loin de leur pays sans un moyen de vivre surtout que c’est l’Etat qui s’est engagé pour les envoyer à l’extérieur.

Il est temps que cette gestion calamiteuse de notre pays prend fin. La jeunesse Tchadienne don l’avenir est gravement compromis n’accepterait pas la poursuite du calvaire programmé par un nouveau mandat de pillage, de gabegie et du désordre.

Si la pression engagée depuis bientôt un mois n’atteint pas son but, l’avenir de notre pays connaitra un tournant imprévisible.

Le dévergondage, l’incurie et l’inconscience de Deby et compagnie leur obstruent toute possibilité de traiter les questions nationales au delà de leur égocentrisme maladif. D’où toutes les directions du vent sont ouvertes. De ce faite, il est à craindre que le plus imprévu de cas puisse nous imposer sa logique.

Aboulanwar M. Djarma


L’échec de l’islam politique

En 2012, des millions de personnes en Afrique du Nord et au Proche-Orient se sont levées pour obtenir la démocratie, politique mais aussi économique. Certains annoncèrent alors que l’islamisme touchait à sa fin . De même, à la suite de la chute du gouvernement du Frère musulman Mohamed Morsi, provoquée par le soulèvement de 20 millions d’Egyptiens, réapparaît cette question : s’agit-il de la fin définitive d’un mouvement avide de pouvoir ? Il est étonnant qu’un an à peine ait suffi pour que les Egyptiens « musulmans » tournent le dos à une organisation qui, cantonnée dans l’opposition depuis 80 ans, apportait une aide sociale aux plus démunis. Mais ceux qui appellent à la patience un peuple affamé ont, eux, la peau du ventre bien tendue.

Les Printemps arabes sont condamnés à échouer, en partie en raison de la nature des groupes islamiques qui s’en sont emparés et les ont détournés .

Dresser une analyse de la situation dans cette partie du monde qui serait uniquement axée sur les aspects religieux serait aussi absurde que d’aborder la crise économique en Europe au travers du christianisme. En Iran, la grande révolution nationale démocratique de 1979 a aussi été qualifiée à tort de « Révolution islamique », comme si ce que 30 millions d’Iraniens réclamaient au péril de leur vie était plus de mosquées et de spiritualité.

Le verset 9:38 du Coran nous montre que le bien-être personnel est primordial, même pour les militaires religieux qui refusaient d’aller à la guerre : « Ô vous qui croyez ! Qu’avez-vous à rester cloués au sol, lorsqu’on vous dit : « Allez combattre pour la Cause de Dieu ? » Préférez-vous la vie présente à la vie future ? Mais les plaisirs de cette vie ne sont-ils pas bien peu de chose, comparés à l’au-delà ! » Le verset 9:81 nous donne la raison de ce refus : la chaleur ! « Dis-leur : le feu de l’Enfer est bien plus ardent encore », leur rappela Dieu d’un ton menaçant.

À l’époque en Iran, comme en Egypte actuellement, les révoltes d’une telle ampleur sont profondément liées à la situation économique et politique. Mais face à l’absence de partis politiques (persécutés sans pitié) qui les représentent, la religion devient l’élément fédérateur unissant les peuples.

L’islam politique est une idéologie récente. Auparavant, l’absence d’un pape puissant, la diversité des centres religieux et la séparation des pouvoirs temporel et spirituel permettaient aux rois de mener la belle vie. L’islam politique apparaît dès 1978 en pleine Guerre froide (l’année où Jean-Paul II, polonais, est nommé Pape). L’objectif était d’encercler l’URSS d’une barrière religieuse. En Afghanistan, les Etats-Unis créent les moudjahidin, qui avaient pour mission de renverser le gouvernement marxiste du docteur Najibullah.

En Iran, les hommes en noir se mêlent aux manifestations après 6 mois de protestation et obligent les femmes à porter le tchador. Ils prennent le pouvoir sans même posséder la base sociale dont se vantent les Frères musulmans en Egypte. Pourtant, un des fondements du chiisme était de rester en marge du pouvoir jusqu’à l’arrivée de Mahdi, leur Messie. L’ayatollah Khomeini change ce principe avec son Velayat-e faghih (Gouvernement du docte) et devient chef de l’Etat théocratique d’Iran, une terre regorgeant de pétrole, voisine de l’URSS et occupant une position stratégique. Une réunion du G4 en Guadeloupe avec les représentants de l’ayatollah fait le reste : il fallait éviter que l’Iran tombe aux mains de forces progressistes. Ces dernières seront éliminées , ainsi que les généraux de l’Armée et les islamistes modérés et libéraux – le premier président de la République islamique, Hassan Bani Sadr, fuira le pays, imité par cinq millions de personnes.

La répression est si terrible qu’Hossein Montazeri, le successeur de Khomeini, démissionne en signe de protestation. Les Iraniens s’opposent tellement à la « réislamisation » du pays qu’un an plus tard, il quitte complètement le pouvoir et réintègre l’école théologique de Qom, laissant la politique aux politiciens. Pris de regrets, il fera ensuite son retour.

Plus tard, après plusieurs révoltes contre cet extrémisme, et probablement dans une tentative d’en corriger les excès, cette forme de gouvernement est rebaptisée « démocratie religieuse » par le président Khatami qui, en huit ans d’inefficacité, démontrera à quel point il était illusoire de vouloir réconcilier les urnes et le divin. Le nouveau président de l’Iran, l’ayatollah Rohani, aura également pour tâche de prolonger cette chimère.

En Irak, la guerre sectaire déclenchée par le gouvernement installé par les Etats-Unis continue de tuer des dizaines de personnes chaque jour. Un gouvernement moyenâgeux dans un pays arabe développé, voilà qui est venu compléter l’œuvre de Bush. Mais ensuite, en 2010, les élections parlementaires ont vu la coalition laïque l’emporter, le Conseil suprême islamique n’obtenant plus que 8 petits sièges sur 325.
Ces différentes formes d’islam politique issues des laboratoires islamiques ont donc échoué.

Une crise existentielle

Marx disait que « tous les grands faits et les grands personnages de l’Histoire universelle adviennent pour ainsi dire deux fois […] : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce ». Prétendre imiter le prophète Mahomet, reproduire la vie des tribus bédouines de l’Arabie du VII siècle et introduire la charia (centrée sur le comportement moral des sujets) comme norme étatique, voilà, à des degrés divers, l’essence des idées de l’islamisme.

-Comme leurs homologues chrétiens, les islamistes affirment que l’immoralité – et non l’accumulation aberrante de richesses par quelques privilégiés – est la source de tous les déséquilibres sociaux. Après plus de trente ans d’expérimentation, que ce soit en Iran, en Afghanistan, en Arabie saoudite, au Yémen, en Irak, en Turquie, en Tunisie, en Egypte ou au Soudan, on peut constater les résultats suivants :

-Les islamistes ont une approche aveugle des questions complexes propres aux Etats modernes. La maxime surréaliste selon laquelle « l’islam est la solution » à tous les problèmes est non seulement simpliste, mais aussi dangereuse.

-Le Coran est leur constitution, parole divine, figée et infaillible. Un ordre à exécuter. Aucune critique, aucune remarque, aucune modification n’est permise.

-Les citoyens n’y sont pas égaux en droits devant la loi, puisque celle-ci se base sur le Coran, dans lequel est, par exemple, inscrite au verset 4:34 la préférence de l’homme sur la femme. Pourtant, tous sont égaux devant Dieu !

-Leur conception de l’économie : l’ayatollah Khomeini disait en s’adressant aux travailleurs que « l’économie ne devait préoccuper que les animaux », tandis que les hommes devaient rechercher la spiritualité. Mais cette incapacité à venir à bout de la pauvreté ne serait-elle pas à l’origine des jeûnes religieux et de la sanctification de la faim, ou des promesses de mets exquis au Paradis, dans le but d’éviter les révoltes des peuples affamés sur terre ? L’échec économique mène à l’échec politique. Au final, les islamistes défendent le modèle capitaliste du XIX siècle qui ne reconnaît aucun droit aux travailleurs.

-Ils ne reconnaissent pas le droit à la santé et à l’éducation universelle et gratuite pour tous. Il y a des différences de classe, avec l’aval du Seigneur. Ils laissent le désir d’une société égalitaire aux marxistes.

-Ils méprisent la dignité humaine et l’intégrité physique via le système juridique appelé « Hodud », basé sur la loi du Talion œil pour œil, dent pour dent, vieille de quatre mille ans. La torture et la peine de mort sont par exemple toujours en vigueur actuellement. Même le « modéré » Erdogan envisage de réintroduire la peine capitale.

-Par crainte du pluralisme de la pensée et du savoir, ils interdisent certaines études ou réduisent la diversité des orientations proposées en sciences humaines (droit, histoire, sciences politiques, journalisme, sociologie, etc.) Darwin, Shakespeare, Kant, Rousseau ou Voltaire disparaissent des salles de cours, laissant place à un grand vide dans ces disciplines et à une piètre façon de gouverner. En Iran, les représentants du peuple, souvent médecins ou ingénieurs, ne parviennent pas à détecter l’origine des problèmes et manquent de connaissances pour y apporter des solutions. Cette réduction du choix d’études explique que l’Iran est un des premiers exportateurs de nanotechnologie, ou qu’il gagne année après année l’Olympiade internationale de mathématiques.

-Leur système politique est totalitaire : ils suppriment non seulement les libertés politiques, mais aussi les libertés individuelles ; ils sont obsédés par le contrôle de chaque individu. Ils réglementent jusqu’à la couleur des vêtements, et punissent par de très sévères châtiments les démonstrations de joie comme s’embrasser, rire, danser, chanter. Ils détestent que chacun affirme son individualité singulière ; c’est ainsi par exemple qu’ils imposent un uniforme à leurs femmes.

-Ils créent des groupes civils de répression pour effrayer la population. Leurs tribunaux rappellent parfois ceux de l’Inquisition chrétienne et les sceptiques y sont accusés de blasphème ou d’athéisme. Tandis qu’ils envoient des patrouilles pour surveiller la moralité des gens, ils commettent les atrocités les plus immorales, tout en exhibant sur leur front l’empreinte du Mohr, petit disque d’argile sur lequel ils posent le front pour prier.

-Ils disent rendre compte devant Dieu, pour ne pas avoir à se justifier face au peuple. Ils sont la nouvelle oligarchie, sans scrupules.

-Ces islamistes revendiquent leur indépendance vis-à-vis des grandes puissances pour n’avoir à rendre compte de leurs actes à personne et pour empêcher que les structures du pouvoir traditionnel ne soient affaiblies par les influences de la modernité. Leur pays est leur “fief”. Cela ressemble au national-catholicisme. Ils ne reconnaissent en général aucun traité international relatif aux droits des femmes, des enfants et des travailleurs.

Rien qui soit mortel

L’expérience de la mort ne peut se comprendre qu’en y étant confronté personnellement. Ces groupes islamistes continueront d’obtenir le soutien des milieux pré-capitalistes, des exclus, des défavorisés, de certains milieux prolétaires (pas les travailleurs dans le sens capitaliste du terme), puisqu’ils représentent une idéologie primitive, tribale, voire pré-feodale, et par conséquent réactionnaire, à 1000 lieues des besoins et des revendications des « pauvres modernes ».

La leçon la plus importante que les Frères musulmans peuvent tirer, c’est de ne pas s’être entourés d’une armée fidèle, comme les Gardiens de la révolution islamique en Iran. Ils ne réalisent pas que s’ils ne rencontrent pas les besoins et les désirs des citoyens, ils disparaîtront.

Il n’y a pas de guerre contre l’islam, mais contre son utilisation par les opportunistes, habiles manipulateurs de la foi aux dépends de peuples appauvris et désespérés. L’alliance entre la religion et la politique n’a pas fonctionné. Mais pourtant, elle aura encore de beaux jours devant elle, tant que les Etats-Unis continueront à utiliser des groupes religieux comme leur cinquième colonne contre la Russie, la Chine et l’Inde.

Nazanin Armanian
Traduction : Collectif Investig’Action
Source : Publico


Tchad-Arabie Saoudite: Deby envoie 5000 soldats tchadiens au Yémen

Au Tchad, le président tchadien Idriss Deby a envoyé discrètement des troupes militaires au Yémen combattre au coté de l’Arabie Saoudite. Chose faite, les autorités tchadiennes entretien un mutisme mystérieux sur le sujet. Interrogé par la Radio France International – Rfi, le gouvernement tchadien répond qu’il n’a aucun commentaire à faire.

Et pourtant, c’est un secret de polichinelle. Dans l’article «pourquoi Deby tient tant à intervenir au Yémen?» du 18 Avril 2015, il y a de cela un an presque, est expliqué comment les soudanais ont joué un rôle déterminant pour la participation des troupes tchadiennes dans la guerre au Yémen.

En novembre 2015, un mois après sa visite au Soudan, le président tchadien entreprend une visite officielle controversée en Arabie Saoudite accompagné de son ministre de la Sécurité et celui des Affaires étrangers pour négocier les modalités de la participation des militaires tchadiens dans la coalition des pays arabe et musulman à l’initiative des Saoudiens.

En Mai 2015 après l’annonce de la participation du Tchad dans cette coalition, Idriss Deby avait donné l’ordre de recruter environs 15 000 jeunes issus principalement des trois ethnies au Tchad pour soi-disant les intégré dans l’armée.  Trois camps de recrutement et de formation sont alors ouverts dans trois région: au Batha, au Chari-Baguirmi et dans le Wadi-Fira. Parmi ces trois élus, figure les arabes. Plusieurs jeunes réfugiés issu de la communauté arabe fuyant la guerre en Centrafrique ont été enrôlé dans ce sanctuaire de désolation. Sauf que le Tchad n’étant ni un pays islamique, moins encore un pays arabe, sa participation dans cette coalition est au titre de mercenaire. D’autant qu’aucun accord de défense ne lie le Tchad et le royaume wahhabite.

Une troupes des musulmans et arabes

Le milieu ultra-conservateur Saoudien avait exigé que les troupes des pays étrangers non arabe et non musulman c’est-à-dire les mercenaires qui participent dans la coalition doivent être issu de la religion musulmane et mieux du milieu extrémiste, des tribus arabes et en fin pouvant parler l’arabe. Car l’Arabie Saoudite étant un pays musulman et une terre sainte, sa guerre au Yémen s’inscrit dans le principe du «djihad» pour la protection des lieux saintes de l’Islam. Les soudanais ont ainsi pensé à leur ancien collabo et l’ancien Chef d’Etat Major de Deby.

L’ex Général rebelle de production soudanaise monté de toute pièce, repenti au régime dictatorial d’Idriss Deby en 2008, ce dernier l’envoya en France pour quelque semaine pour nous montrer à la Télévision nationale au début de cette année dans une propagande pour la circonstance, le Général de Brigade Hassan Saleh  Aldjinedi. Il est à la tête des 5 000 soldats tchadiennes en Arabie-Saoudite depuis le 28 février 2016 (voir vidéo) pour une intervention au Yémen.

Connu des politico-militaires tchadiens, Hassan Saleh  Aldjinedi est un ancien chef rebelle de tribu arabe. Il est originaire du Batha. Le régime lui reproche d’être un djandjawid pour son penchant radical au panarabisme. Islamiste agissant à la solde du Soudan et d’Arabie-Saoudite, il œuvrait selon Deby à instaurer un régime islamiste au Tchad avant sa repenti.

Le Jeudi 10 mars, le président tchadien Idriss Deby a assisté à une importantes manœuvres militaires baptisées « Tonnerre du Nord » en Arabie-Saoudites en raison de l’engagement de soldats tchadiens dans la coalition élaborée l’année dernière par l’Arabie saoudite. En violation des normes constitutionnelles, au mépris de l’assemblée nationale et du peuple.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste, Analyste politique

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