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Faiblesses et opportunités africaines en opérations

Tout récemment, j’ai effectué certaines opérations qui expriment des faiblesses que nous avons en Afrique mais aussi des opportunités. Dans les lignes qui suivent, j’associe à chaque opération son interprétation.

1 Africain + 1 Africain = 0 Africain

Cette opération fait référence au nivellement vers le bas. Certaines mentalités africaines condamnent la réussite. De ce fait, lorsqu’un individu prospère, au lieu que ses proches s’inspirent de son succès pour faire pareil ou mieux, ils se battent pour lui nuire afin de le ramener à leur niveau.

Heure africaine = Heure GMT + …

Je pense que cette opération parle d’elle-même. Le souci de ponctualité que nous avons en Afrique témoigne d’une négligence dont nous faisons preuve dans ce que nous entreprenons. Au même moment qu’on cri sur tous les toits que « le temps c’est de l’argent », on n’est même pas fichu d’arriver à l’heure à un rendez-vous. Et il y a même certaines personnes qui prennent le retard pour une marque de respect.

1 individu au pouvoir = 1 ethnie au pouvoir

Cette équivalence fait référence au tribalisme. Lorsqu’un individu accède à un poste de responsabilité, les personnes de la même ethnie que lui pensent qu’elles sont sauvées. Parce qu’en Afrique, on n’a toujours pas compris que les dirigeants sont au service du peuple entier indépendamment des appartenances ethnique, religieuse, raciale et même politique.

1 Africain lambda + (Argent + Pouvoir) = 1 Dirigeant africain

Cela signifie que la cupidité que les citoyens africains reprochent à leurs dirigeants se trouve à l’état latent dans chaque citoyen africain et que le pouvoir et l’argent permettent de la révéler. De ce fait, si nous voulons de bons dirigeants nous savons où agir.

1 nouveau-né africain = 1 nouvelle chance pour l’Afrique

Cette équivalence signifie que chaque nouveau-né africain est une seconde chance que la nature accorde à l’Afrique. Voyez un nouveau-né comme un rabat de remplacement qu’on vous donne à un examen après que vous ayez fait des ratures sur l’ancien. Nos enfants naissent l’esprit vierge et c’est donc une opportunité pour nous de leur inculquer une bonne mentalité. D’où la nécessité d’investir énormément dans le secteur de l’éducation.

Voici ainsi présentée la réflexion que j’ai menée. Si vous avez des idées du même genre vous pouvez les partager en commentaire.


Les mendiants du boulevard

De nature pas très baladeuse, je me suis proposé de sortir me dégourdir les jambes dans ma ville, histoire de me changer les idées.

 

Je longeais le boulevard quand j’ai aperçu un vieillard au feu rouge. Il était tout sale, maigre au point qu’on pouvait compter toutes ses côtes et il était assis, privé de ses (2) deux jambes. Il quémandait, les mains tendues, auprès des passants, quelques pièces afin de se remplir le ventre avant que le soleil ne se couche.

Au feu stop, j’ai vu une grande voiture de luxe, aux pare-brises fumées avec à l’intérieur une dame vêtues d’un costume tailleur avec une montre de luxe au poignet. Elle ne quémandait qu’une chose : la paix du cœur à l’abri des regards accusateurs. Parce que dans la société où elle vit, son succès la rend coupable aux yeux de son entourage.

Au-delà du feu rouge, après avoir parcouru une centaine de mètres, j’ai aperçu une foule d’individus au bord du boulevard, le bruit de leur bavardage étant étouffé par celui d’une sirène. Une ambulance était garée au beau milieu de la voie, créant un embouteillage. Il y avait du sang partout et un individu sur un brancard, l’air d’avaler ses derniers souffles. Il ne quémandait qu’une chose : la chance de revoir une dernière fois sa chère et tendre épouse et le sourire aimant de ses enfants.

Juste à côté, dans l’embouteillage crée, il y avait une femme enceinte assise dans un taxi, poussant des gémissements. Elle ne quémander qu’une chose : que la circulation reprenne rapidement sur la voie afin qu’elle arrive à temps à l’hôpital pour accoucher dans de bonnes conditions.

Puisque je ne supporte pas la vue du sang, je me suis tout de suite éloigné de la scène accidentée. Plusieurs mètres devant, juste en face d’une boutique, j’ai assisté à une dispute conjugale. Et d’après les murmures aux alentours, la femme avait trompé son mari. Dans le regard du mari, j’ai lu qu’il ne quémandait qu’une chose : la force de pardonner son épouse qu’il aimait encore de toute son âme et de toutes ses forces.

Soudain, mon attention a été détournée de cette scène émouvante par un projectile qui m’a effleuré la jambe. Il s’agissait d’un chien qui se faisait chasser par une revendeuse de riz. Ce chien errant ne quémandait que les restes des repas des clients de cette revendeuse.

 

Au crépuscule, sur la voie de retour chez moi, je ne quémandais qu’une chose : que toutes ces personnes que j’ai croisées le long du boulevard, obtiennent ce qu’elles quémandaient.


Non au tribalisme : différence positive

Tribalisme, tribalisme et encore tribalisme. C’est quoi le tribalisme déjà ? C’est lorsqu’un individu n’aime pas son semblable pour la simple raison qu’il est d’une autre ethnie ou lorsqu’un citoyen ne vote un candidat que s’il est de la même ethnie que lui ou encore lorsqu’un directeur de société n’embauche que les personnes de son ethnie sans tenir compte des compétences requises. Bref c’est une maladie de la différence.

 

Quelles peuvent bien en être les causes ?  

Elles sont essentiellement historiques. Le tribalisme est le résultat d’une haine entretenue suite à des guerres tribales, à de violentes crises politiques.

Mais comment est-ce que cette haine est entretenue ?

Suite à mes observations et quelques réflexions, j’ai compris qu’en Afrique nous commettons deux (2) erreurs dont le mélange est explosif : la généralisation et le transfert.

Généralisation

Je l’illustre comme suit : lorsqu’un individu « x » d’une ethnie « X » m’offense, je condamne l’ethnie « X » au lieu de l’individu « x ».

Transfert 

Après la généralisation, s’effectue le transfert : au lieu de garder cette rancune pour moi tout seul, je la transfert à mon entourage ou pire encore à mes enfants et donc à la génération suivante. Un individu dira par exemple à son fils : « Tu sais, les individus de telle ethnie sont mauvais, il ne faut jamais leur faire confiance ». L’individu ferait bien s’il mettait en garde ses enfants contre un individu particulier sans tenir compte de son ethnie.

Le fait d’associer l’offense subie à une ethnie puis de la transférer à la génération suivante, contribue à entretenir la haine tant que l’ethnie existe.

Suite à cette analyse nous savons ce qu’il y a à faire pour faire disparaître progressivement le tribalisme. On peut, dans un premier temps, éviter de généraliser, associer la rancune au coupable indépendamment de son appartenance ethnique. Parce que le fait de généraliser contribue à condamner des innocents ou pire encore des amis et des personnes auxquelles nous sommes redevables.

Ensuite, éviter de transférer cette rancune à notre entourage et surtout à nos enfants. Parce qu’en le faisant, on apprend à nos enfants à haïr une ethnie. Or ni la haine ni l’amour ne sont contrôlables. Du coup, on leur enseigne également à haïr leurs frères et sœurs de même sang. Transférer la haine crée la division entre les ethnies mais aussi entre les membres d’une même famille. Même si on ne veut pas pardonner, évitons de léguer à nos enfants cet héritage hideux qu’est la haine et ce, par amour pour eux.

Hormis ces deux (2) erreurs qui contribuent à entretenir le tribalisme, il existe une troisième qui joue un rôle catalyseur : la politisation.

On politise tout : la musique, le sport et surtout les ethnies. Le pouvoir est la propriété de l’ethnie à laquelle appartient le chef de l’Etat. Du coup on associe les déboires politiques à l’ethnie en question et l’on ne vote plus pour améliorer ses conditions de vie mais pour sauver sa peau.

La conséquence directe du tribalisme est la faiblesse du peuple face à l’oppresseur. La classe dirigeante n’a plus besoin de nous diviser pour régner puisque nous le sommes déjà. On ne peut pas, tous ensemble, dire non à l’oppression parce qu’il y a trop de coups bas.

 

Donc, je vous invite chers lecteurs à dire « NON » au tribalisme et « OUI » à une différence positive. Est-ce parce que moi je mange la pâte avec « yébécessi » et toi avec « kodoyo » que nous devons nous faire la guerre ? Au contraire, mettons-nous ensemble pour concocter une recette spéciale.


Médisance et irresponsabilité

Je vais vous raconter l’histoire d’un citoyen africain lambda, qui se nomme Lambda.

Lambda est né dans une famille africaine qui vit de moyens modestes. Tout petit, il a été nourri au sein de sa mère et protégé par les bras de son père. A deux (2) ans, lorsque Lambda se faisait mal en heurtant une pierre par exemple, sa mère le consolait en disant : « Craches dans ma main je vais frapper la pierre » ou « Tonton pourquoi tu as fait ça à Lambda ? Tu n’es pas gentille ». A dix (10) ans, chaque soir après le repas, Lambda écoutait son papa et sa maman, ses oncles, tantes, frères et sœurs médirent souvent. Ils parlaient mal des voisins, des membres de leur église, des dirigeants du pays et autres. A vingt-et-quatre (24) ans, Lambda avec ses frères et sœurs médisaient beaucoup. Ils parlaient mal de leurs oncles, tantes, parents éloignés et voisins. Aujourd’hui, Lambda a 35 ans, est marié et père de deux (2) enfants. Sa femme et lui médisent beaucoup. Ils parlent mal de leurs frères et sœurs et autres parents devant leurs deux (2) enfants. Lambda a la haine contre tout le monde. Il est convaincu que ses malheurs ont pour origine ses frères et sœurs qui seraient entrés dans des sectes, son oncle qui est aujourd’hui ministre et qui détourne l’argent de l’Etat.

Que faire pour Lambda ? Il a été nourri de médisance.

S’il y a bien une chose que nous savons faire en Afrique, c’est rejeter la faute sur les autres.

Pourquoi est-ce que les enfants à la maison sont impolis ? C’est parce qu’ils font la compagnie des enfants du voisin.

Pourquoi est-ce que tel individu est malade depuis plusieurs années ? C’est parce qu’il y a des sorciers dans sa famille.

Pourquoi est-ce que le pays va mal ? C’est parce que le chef de l’Etat et ses collaborateurs sont incompétents.

Tout le monde se plaint de l’autre. Je pense qu’il faut situer les responsabilités. Ce n’est pas parce que le chef de l’Etat est corrompu qu’un citoyen lambda a le droit de violer le feu rouge et mettre en danger la vie des autres. Le peuple se plaint de ceux qui dirigent le pays. Mais ceux-là qui dirigent le pays, sont-ils des Martiens ? Non, ils viennent du peuple. C’est parce que le bas est pourri que le haut l’est aussi. Ça me choque d’entendre certains de mes proches se plaindre de leurs dirigeants et tenir au même moment des propos du genre : « Si j’étais à leur place, j’allais voler plus que ça ! ». Comme dans le cas de Lambda, tout commence dans l’éducation de base. La maman de Lambda aurait pu lui dire tout simplement « doucement » ou « du courage » lorsqu’il se faisait mal. Aujourd’hui on s’assoit  ensemble pour médire des autres et demain, on s’assoit pour médire les uns des autres.

Mes frères et sœurs arrêtons ça ! Si nous pouvons éduquer nos enfants autrement, c’est maintenant ou jamais. Parce que ce sont eux les futurs dirigeants de demain.


Le pouce de la main

D’après « Le petit Larousse », le pouce est : « Le plus gros et le plus court des doigts de la main, opposable aux autres doigts chez l’homme et les primates ». Le pouce est donc l’unique doigt de la main dont l’orientation s’oppose à celle des quatre (4) autres doigts.

Vous vous demandez sans doute pourquoi est-ce que je m’intéresse au pouce. Je m’explique dans les lignes qui suivent.

Les quatre (4) autres doigts, bien qu’ils soient nombreux, ne suffisent pas à eux tous seuls à bander un arc du fait qu’ils sont tous orientés dans la même direction. Et vous pouvez ajouter autant de doigts que possible, tant qu’ils sont orientés dans la même direction, ils ne suffiront pas à bander un arc. Pour ce faire, il leurs faut un doigt qui s’oppose à eux. Ce doigt c’est le pouce.

Les quatre (4) doigts représentent la foule. J’entends par foule, ceux-là qui se conforment. Ceux qui n’osent pas penser autrement de peur d’être rejetés et qui trouvent leur confort dans le nombre. Qu’importe leur nombre, ils ne suffisent pas à bander l’arc, à changer le monde. Vous avez déjà une idée de qui est le pouce. C’est celui-là qui pense autrement, l’anticonformiste, qui s’oppose aux mœurs déjà établis depuis des lustres, qui voit d’un œil nouveau le monde.

Si tu trouves aberrant de ne pas aimer une personne juste parce qu’elle est d’une autre religion, d’une autre ethnie ou d’une autre couleur alors tu es le pouce de la main.

Si on t’appelle « mouton noir de la famille » parce que tu es différent, tu réagis et penses autrement alors tu es le pouce de la main.

Si tu trouves anormal qu’une personne exige de toi que tu parles sa langue avant de t’accepter comme ami, alors tu es le pouce de la main.

Et tout comme le pouce de la main, tu dois être plus robuste que les autres doigts pour permettre à la main de bander l’arc. Tu dois faire preuve de détermination, rester fidèle à tes principes afin de servir de modèle à suivre pour les quelques individus de la foule qui prendraient conscience de leur bêtise.

J’adresse ce message à tous ceux qui rêvent d’un monde nouveau. Tenez bon dans la voie que vous avez choisie, ne vous laissez pas absorber par la foule car c’est seulement en pensent autrement qu’on peut changer le monde.


Education sans violence au Togo : Les mesures à prendre désormais

Au Togo, suite au mot d’ordre de la convention des droits de l’enfant et à la charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant interdisant la violence dans l’éducation à la maison comme à l’école, l’usage du bâton dans les écoles est désormais interdit. Par « usage du bâton » on entend toutes formes de sévices corporelles et de violences verbales en guise de punition. Des actes comme : fesser les élèves, leur tirer les oreilles, leur faire casser des pompes, les injurier… tout cela est désormais proscrit dans les écoles.

Sans surprise aucune, les avis sont partagés par rapport à cette décision. Certains parents demandent même qu’on fasse usage du bâton avec leurs enfants comme vous pouvez le lire sur ce lien qui cite certains témoignages sur ce point.
Certes punir par le bâton n’est pas pédagogique mais punir l’est. La question qu’on se pose tout de suite est de savoir si une solution de rechange a été prévue. Parce qu’il faut désormais penser à punir autrement.
C’est-à-dire :
Repenser le bâton
Il faut repenser le bâton. Ceci est nécessaire dans la mesure où l’absence de punition peut conduire à l’anarchie. On risque d’être à court terme confronté à des problèmes de discipline, de négligence des études et par conséquence de baisse du niveau scolaire qui se traduirait par de faibles pourcentages de réussite. Mais comment repenser le bâton ?
A cette question je réponds :
Rendre le bâton instructif
J’entends par là, rendre les punitions bénéfiques pour l’élève et l’école. Prenons l’exemple d’un élève qui est désordonné et qui laisse toujours son coin sale. On peut le faire mettre la salle de cours au propre tant qu’il ne change pas ses habitudes. On fait ainsi d’une pierre deux coups. Non seulement il met au propre la salle de cours mais il apprend aussi à le faire. Ce qui lui sera utile à l’avenir.
Il y a bien des exemples qu’on puisse proposer mais toujours est-il que cela reste bénéfique pour l’élève.
Mettre en place de telles punitions demande de mûres réflexions car il faut garder à l’esprit que les enfants sont assez fragiles et qu’on peut facilement déborder vers des formes de tortures mentales. Il faudra pour cela qu’il y ait une forte complicité entre le corps enseignant et les parents d’élèves. Il faudra multiplier les réunions entre ces derniers : réunions au cours desquelles ils pourront réfléchir sur une liste de punitions à adopter unanimement en tenant compte des cas exceptionnels (élève psychologiquement fragile, élève très têtu…). Ces réunions sont nécessaires dans la mesure où les parents d’élèves connaissent mieux leurs enfants.
Une chose est de punir ceux qui font mal, une autre est de récompenser ceux qui font bien.
Il faut pour cela :
Se servir aussi de la carotte
En matière d’éducation, le bâton et la carotte vont toujours de pair. Il faudrait donc, penser à récompenser les élèves qui sont disciplinés et qui travaillent bien. Cela serait un encouragement à faire plus pour ceux qui font déjà des efforts et une motivation pour ceux qui ne sont pas encore sur la bonne voie. Au Togo, l’ONG Crack qui récompense les meilleurs élèves aux différents examens chaque année, dans le but de développer la culture de l’excellence et du leadership est un exemple.
Mon avis sur l’usage du bâton
Pour ma part, je suis contre l’usage du bâton. Je me rappelle encore au cours primaire comment mes camarades et moi nous étions terrorisés à la simple vue du maître. Si la suspension de l’usage du bâton conduit à une négligence des études par les élèves, c’est bien parce qu’ils ont été longtemps habitués à travailler dans la peur avec pour seule motivation à étudier le bâton. Ce qui explique certains comportements aberrants comme des élèves qui sautent de joie par exemple lorsqu’on leur informe que leur enseignant est malade et qu’il sera absent. Puisqu’ils finissent par voir les études comme une corvée. Et il n’est pas surprenant de les voir négliger complètement les études une fois à l’université où on ne frappe pas lorsqu’on est indiscipliné ou qu’on sèche les cours.
Ca me choque d’entendre en ce 21ième siècle, certains de mes frères africains dirent que les enfants africains ont besoin de bâton pour apprendre. C’est la preuve que nous ne sommes pas mentalement indépendants. C’est à l’époque coloniale qu’on forçait les Africains à aller à l’école en faisant usage du bâton. Et je pense que pour un Etat africain qui se dit indépendant, la moindre des choses serait de laisser tomber ces pratiques archaïques.

Repenser le bâton c’est ce qu’on peut et doit faire pour éviter une chute brutale du pourcentage de réussite dans les écoles. On ne peut toujours pas justifier l’usage du bâton dans la mesure où sous d’autres cieux où le bâton est interdit dans les écoles, l’on est développé.


Akwaa : si jeune et déjà mère

Salut chers lecteurs,

Je suis togolais et je vis dans un quartier de Lomé du nom de Bè-Klikamé, plus précisément à un endroit qu’on surnomme « Kpédévikomé ». Quel est le sens de ce nom ? L’histoire que je vais vous raconter apporte une réponse à cette question.

Voici l’histoire d’Akwaa, une fille de mon quartier.

Akwaa est jeune et très belle. Quand elle avait 11 ou 12 ans, sa mère l’envoyait souvent acheter de la glace chez nous. Je nous revois encore, mon grand frère et moi, faire des blagues à son sujet du genre : « Quand elle sera grande nous nous livrerons un duel pour savoir lequel de nous deux l’épousera » ! Comme toute fille de son âge, elle passait l’essentiel de son temps à jouer, le regard plein d’innocence et le sourire à redonner vie aux âmes en peine.

Mais depuis quelque temps, plusieurs semaines, Akwaa n’est plus venu acheter de la glace chez nous. Je me suis d’abord dis qu’elle était peut-être partie en vacances, mais cela n’était pas cohérent car on était en pleine période de cours. Je me suis ensuite dis qu’elle était peut-être gravement malade, mais je n’ai pas poussé la curiosité plus loin. Un jour, lors d’une discussion avec ma mère, celle-ci me fit part d’une nouvelle choquante. Elle s’exprima en ces termes : « Est-ce que toi aussi tu as appris que la petite qui venait acheter la glace ici est tombée enceinte ? ». « Non ! » répondis-je incrédule « tu parles de quelle petite fille ? » , « Akwaa ! » répondit-elle. A ce moment précis, je ressentis un frisson me parcourir des cheveux aux orteils. J’étais horrifié, scandalisé, j’ai essayé de nier la réalité en me disant que c’était une fausse rumeur ou une blague. Il est vrai qu’en Afrique on n’aime faire courir les rumeurs mais on évite de blaguer sur des sujets aussi sensibles. Après m’être informé auprès d’autres personnes dans le quartier, j’avais reçu confirmation : Akwaa était bien tombée grosse. Pour le cacher aux habitants du quartier, sa mère, qui était seule à s’occuper d’elle (le père étant absent), avait pris la décision de l’envoyer vivre chez son oncle jusqu’à ce que la grossesse arrive à terme.

Si jeune et déjà mère ! Un homme lui avait pris son innocence, elle qui était à peine pubère. L’homme en question n’a pas été retrouvé condamnant ainsi Akwaa à élever son enfant seule. Akwaa a finalement accouché d’une fille, par césarienne car elle était incapable d’accoucher par voie basse à son âge.Pourra-t-elle rêver du prince charmant un jour, comme elle le voit souvent dans les feuilletons des Tele Novelas ? Pourra-t-elle un jour confier son cœur à un homme ? Et est-il normal de se poser ce genre de question au sujet d’une une fille de son âge ?!

En réalité Akwaa est un cas parmi tant d’autres dans mon quartier…. En effet, dans mon quartier il y a plein de jeunes filles mères, la majorité sont des d’adolescentes de 14 à 17 ans. Une des conséquences , c’est que mon quartier est bourré de petits enfants qui jouent sur les voies, d’où son nom de « Kpédévikomé » ou pouponnière.

A quoi peut bien être dû ce phénomène, ce nombre de jeunes mères qui ne cesse d’augmenter dans mon quartier ?

Après réflexion, j’ai trouvé quelques réponses :

  • L’absence d’éducation sexuelle dans la vie familiale et dans le programme scolaire (due au fait que le sexe demeure un sujet tabou dans la culture africaine).
  • Certaines mentalités africaines qui refusent toujours le port de préservatifs et l’utilisation des méthodes contraceptives.
  • La pauvreté qui pousse des jeunes filles à s’abandonner à des hommes fortunés plus âgés qu’elles mais qui malheureusement ne veulent prendre aucun engagement avec elles.

Pour ce qui est des conséquences :

  • Nombre de ces jeunes mères abandonnent les études et se mettent à la recherche d’un métier pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Dans mon quartier, elles sont nombreuses à être couturières, coiffeuses, revendeuses de nourritures…
  • Pour celles qui ne veulent pas travailler, la prostitution demeure une option rapide. Elles s’exposent ainsi encore à des grossesses non désirées qui pourraient les conduire à l’avortement ou encore à des MST.

Vu l’impact négatif qu’a ce phénomène dans nos sociétés, je me suis demandé s’il n’y avait pas des solutions de prise en charge des jeunes mères. Dans mes recherches, j’ai trouvé une association au Togo, « Les Enfants d’Avedji », qui a pour objectif de promouvoir le droit à la scolarisation et à la formation des jeunes filles touchées par des grossesses précoces, dans tout le pays et plus particulièrement à Lomé. Pour plus d’informations suivre le lien suivant. Juste à côté du Togo, au Burkina Faso, le Centre d’Accueil et de Réinsertion de la Mère et de l’Enfant CARMEN Kisito s’occupe de la prise en charge et de la réinsertion sociale des jeunes mères isolées et en difficulté. Pour plus de détails suivre le lien suivant

Et vous chers lecteurs, connaissez-vous le même phénomène dans votre pays ?

Avant de terminer cet article, je vous invite à porter dans vos cœurs toutes les femmes qui, comme Akwaa, ont renoncé à l’avortement et ont accepté de donner vie au prix de leur vie.Car, à mon sens, donner la vie à un être, que ce soit voulu ou non, demeure une grâce, un don de la nature et un sujet de joie.

 


La face cachée de l’iceberg : mentalité africaine

Quand on parle de l’Afrique, il y a des mots qui nous viennent tout de suite à l’esprit : guerre, corruption, tribalisme, maladies, famine, rebelles… Mais lorsqu’on regarde de plus près, on remarque que tous ces maux ne sont que les conséquences de causes plus profondes, ils ne sont que la face visible de l’iceberg, la partie la moins importante. Qu’en est-il alors de la face cachée ?

Cette dernière est constituée de choses qu’on croirait banales. Choses que je vais illustrer par des exemples :

  • Lorsqu’un fils demande à son père de lui acheter un vélo et que celui-ci lui répond : « Quand j’avais ton âge je me déplaçais à pied donc toi aussi tu vas faire de même ! »
  • Lorsque quelqu’un décide d’apprendre quelque chose ou entreprend quelque chose de nouveau, qu’il échoue et qu’il entend dire : « Tu ne sais pas faire mais tu veux faire » ou « Tu penses que les gens n’ont pas pensé à ça avant toi ? » ou encore « Tu es né quand pour changer ce qu’il y avait depuis là ?! »
  • Lorsqu’une mère dit à sa fille : « Tu n’es même pas capable de m’amener de l’argent à la maison. Tu me sers à quoi même ?! »

Vous remarquez que les exemples que j’ai cités portent sur l’individu et non une nation ou un continent. L’Afrique est malade tout simplement parce que chaque Africain est malade. Le principal problème est la mentalité africaine. Un mauvais arbre ne peut produire de bons fruits, de même l’Africain avec une mauvaise mentalité ne peut développer l’Afrique. Ceux qui se prétendent leaders et qui ne le sont pas, érigent des monuments un peu partout à défaut de bâtir des hommes.

Que celui qui veut bâtir une maison, pense d’abord à bâtir ceux qui vont habiter la maison. Parce que s’il ne le fait pas : certains vont s’entre-tuer pour s’approprier la maison, d’autres habiteront la maison mais n’en prendront pas soin, d’autres encore voudront vendre la maison.

Les leaders africains doivent s’investir plus dans l’éducation (familiale et scolaire) des jeunes enfants car la force d’un peuple se trouve dans les générations. Quand je parle d’éducation, je ne parle pas du système éducatif de l’époque coloniale que nous avons gardé jusqu’à présent et qui a fait ses preuves ; je parle d’un système éducatif nouveau, adapté aux réalités actuelles et qui est fondé sur le développement personnel.

Il est vrai que changer les mentalités demande énormément d’effort mais cela reste possible.

J’adresse ce message à tous ceux qui veulent d’un lendemain meilleur pour l’Afrique, qu’ils prennent conscience de la face cachée de l’iceberg et qu’ils luttent pour couper le mal à la racine.

Merci de m’avoir lu.


Notre première rencontre

Le coq avait chanté, ensuite le muezzin et pour finir l’alarme de mon réveil. C’était une nouvelle journée qui s’annonçait. Et qui dit nouvelle journée dit nouvelle corvée. Mais ce jour-là, je n’allais pas comme d’habitude revêtir mon uniforme scolaire. J’avais décroché un rendez­-vous avec un neurologue à l’hôpital après avoir reçu un choc au dos pendant mon entrainement de football. Le neurologue commençait le service à 08h. Mais je devais y être déjà à 06h pour éviter de faire trop la queue. Vous l’aurez compris, les neurologues ça ne pullule pas chez nous, donc pas d’heure africaine. Heureusement pour moi, j’étais huitième dans la queue.

Nous avions attendu pendant près de deux heures et voici une femme qui longea notre queue jusqu’à la porte du neurologue qu’elle ouvrit à l’aide d’une clé. C’était l’assistante du neurologue, du moins c’est ce que je m’étais dit. A l’instant, le premier patient de la queue se leva, cogna à la porte et entra. Une inquiétude me vint tout de suite à l’esprit : je me demandais si l’assistante du neurologue avait les compétences nécessaires pour bien s’occuper de nous, d’autant plus que c’était une femme. Mais pourquoi m’inquiétais-je ? Il fallait juste attendre pour constater.

Après une éternité, mon tour arriva enfin et apparemment je n’allais pas avoir la chance d’être reçu par le neurologue lui-même. Je fis donc comme tout le monde, je cognai à la porte et j’entrai. Une voix douce m’accueillit : « Soyez le bienvenu, prenez place » me dit-elle. Tout de suite, je remarquai qu’il était inscrit sur un morceau de carton posé sur son bureau : « Madame Djaria CISSE – Docteur Neurologue ». Et d’après le voile qui couvrait ses cheveux, je m’étais rendu compte que j’étais en face d’UNE NEUROLOGUE ! Grande était ma surprise, car il est rare dans nos milieux qu’une femme fasse de longues études. Pour une première rencontre, elle était vraiment spéciale. Je pris place comme elle me l’avait suggéré. Elle me posa une série de questions à propos de mon état, de ce que je ressentais. Elle avait une forte personnalité, aucun complexe d’infériorité et elle me donnait la sensation de partager ma douleur. Elle était plus une mère qu’un neurologue. J’étais complètement séduit et tout ce que je souhaitais étais de décrocher un nouveau rendez-vous avec elle ; toujours dans le cadre de mon traitement bien sûr. Heureusement pour moi, je n’avais rien de grave. Elle me prescrivit donc des antidouleurs et trois jours de repos. Elle me dit ensuite au revoir et me souhaita un bon rétablissement.

Je quittai l’hôpital avec le sourire aux lèvres. D’abord parce que je n’avais rien de grave, ensuite parce que je disposais de trois jours sans école et surtout parce que je venais de vivre un moment formidable, une rencontre palpitante, notre première rencontre.