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Cameroun : Voix de Paix promeut la bonne gouvernance dans les communes de Maroua à travers des débats publics

 

Dans le but d’améliorer la gouvernance locale et réduire la perception de la marginalisation dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord du Cameroun, le projet Voix de Paix financé par l’USAID a organisé avec ses partenaires des débats publics à l’attention des communautés mardi dernier à Maroua. Pour atteindre ses cibles, Voix de Paix travaille avec les radios partenaires et les alliances dans 10 localités prioritaires du Nord et de l’Extrême-nord, ainsi qu’à Yaoundé. A ce titre, le projet s’appuie sur ces radios qui concourent à la production et à la diffusion de programmes radiophoniques destinés à promouvoir la participation des citoyens à l’amélioration de la gouvernance locale. Ces radios partenaires de Voix de Paix encouragent également le débat public sur les questions de sécurité et de gouvernance. C’est dans le cadre de ce partenariat que la radio communautaire Sawtu Ngeendam de Meskine a organisé le mardi 16 juillet dans la salle de fête du complexe Woila à Maroua, un débat public qui a mobilisé plus de 500 personnes et portant sur les questions de gouvernance dans les communes de Maroua I, II et III.

Retransmis en direct sur les antennes la radio, ce grand débat était articulé autour de trois grands thèmes: la communication sur les activités de la commune, la collaboration entre les élus de la commune et le paiement des impôts. Six débatteurs, devaient soutenir leurs arguments à tour de rôle afin d’éclairer l’opinion et susciter leur adhésion à une meilleure gouvernance. « Ce débat est un exercice théorique destiné à sensibiliser et à faire participer les citoyens à contribuer à la coexistence pacifique, à une meilleure gouvernance locale et au développement de nos communes bien-aimées. Ce n’est pas un exercice politique », a rappelé Bombo Bendouang Robert, directeur de la radio Sawtu Geendam. Ce dernier a encouragé les débatteurs à être francs, constructifs dans leurs arguments, tolérants et utiliser un langage responsable. Les débateurs du premier panel ont échangé sur la communication autour des activités de la commune de Maroua 1er. Certains débateurs ont rappelé aux conseillers présents qu’une communication permanente entre le maire et les populations au sujet des réalisations de la commune peut avoir un impact positif sur le changement de mentalité des populations. Cette communication doit être menée avec l’aide des conseillers municipaux, car c’est à travers eux que les populations peuvent s’informer sur leur commune. Les débateurs ont recommandé à la commune de Maroua 1er déjà très présente sur les réseaux sociaux, de renforcer sa communication en multipliant les canaux car même si les réalisations existent, les populations ne sont pas assez informées. Le second débat était axé sur la collaboration entre les élus de la commune de Maroua 2, garantie d’une meilleure gouvernance. Certains panélistes ont déploré l’absence de collaboration entre le maire et quelques conseillers municipaux ainsi que la faible présence des femmes au sein du conseil municipal. En effet, dans cette commune, sur 35 conseillers ont dénombre seulement 3 femmes. Les panélistes ont donc encouragé l’engagement des femmes en politique tout en recommandant une plus grande implication de celles-ci dans la gestion des affaires de la Mairie. Les débateurs ont appelé à une symbiose entre le maire et les conseillers municipaux qui doivent être au cœur des activités de la commune.

Lors du troisième débat, les panélistes ont échangé sur le payement des impôts comme gage de la bonne gouvernance. L’impôt, a été décrit comme le « carburant » des communes car il permet aux collectivités décentralisées de fonctionner et financer les projets destinés aux populations. Payer ses impôts est donc un devoir civique, ont rappelés les panélistes. Cependant, certains citoyens réticents car d’après eux les réalisations effectué avec cet argent collecté ne sont visible nulle part. A cet effet, les panélistes ont recommandé une sensibilisation plus accrue des populations par les élus afin qu’elles comprennent l’importance de l’impôt et payent afin de contribuent aux charge de la commune. Satisfait de la qualité des échanges fructueux lors de ce grand débat public, les participants ont recommandé aux élus municipaux la traduction dans les faits de tout ce qui a été dit lors des débats : « Qu’on dise aux maires des trois arrondissement ce qui a été dit par les citoyens, leurs attentes et que les connaissances soient mis en pratique pour améliorer la bonne gouvernance et développer nos communes », a recommandé Boubakary Nouhou, conseiller municipal. « Pour nous c’est un pari réussi, car cet événement a permis aux citoyens de se faire une idée des activités des communes et de savoir le rôle que chacun doit jouer pour qu’on améliore la gouvernance locale », se réjoui pour sa part Bombo Bendouang Robert Par Ebah Essongue


Garoua 1er : 75 jeunes formés à la fabrication et à la pose des pavés

L’objectif de cet atelier de formation est de donner aux jeunes en difficulté de l’arrondissement de Garoua 1er des formations en vue de leur insertion-économique, ainsi que le renforcement de capacité professionnelle de ces jeunes.

« Cette formation est une aubaine pour réduire le chômage des jeunes en milieu urbain et faire reculer les fléaux sociaux en permettant à ses jeunes d’apprendre un métier. Elle favorise également l’insertion socio-professionnelle des jeunes en difficulté dans la réalisation des projets d’investissement public, et elle favorise l’auto-emploi des jeunes », explique Mohamadou Kaou, maire de la commune de Garoua 1er donc la municipalité fait partie des 6 communes pilotes retenues par le ministère de l’habitat et du développement urbain pour bénéficier de cette formation à haute intensité de main d’œuvres (Himo). Durant trois semaines, les 75 jeunes bénéficieront simultanément des cours théoriques et pratiques sur les techniques de fabrication et pose de pavés. Des pavés écolos fabriqué à base de certains matériaux comme les déchets plastiques. D’après des résultats du laboratoire du génie civil camerounais, ces pavés sont trois fois plus résistants que ceux qui sont faits à base de ciment. A l’issu de cette formation les apprenants pourront donc se mettre à leur compte et devront être capable de conduire de bout en bout les microprojets locaux dans leur domaine de formation, être manœuvre dans les chantiers et ateliers ou encore produire des biens et services à partir des connaissances acquises durant cette formation. La mairie de Garoua 1er a par ailleurs consentis des efforts afin que le ministère de l’habitat et du développement urbain puisse doter la Mairie des équipements de production professionnelle des pavés, ce qui d’après le maire Mohamadou Kaou permettra de monter au sein de la Mairie un atelier moderne de fabrication des pavés « et les jeunes formés pourront être engagés à temps plein ou partiel ». Le sous-préfet de l’arrondissement de Garoua 1, Ismaïlou Adama a exhorté les 75 jeunes bénéficiaires de la formations faire preuve d’assiduité et de tirer au maximum profit de cette formation qui est une illustration parfaite de l’adéquation entre le couple emploi formation, une formation qualifiante qui leur permettra d’être efficaces directement sur le terrain. « Elle traduit dans les faits, l’importance que les pouvoirs publics accordent à la jeunesse », a déclaré Ismaïlou Adama qui ajoute : « Les pouvoirs public ont fait leur part, nous attendons votre part à présent ».


Garoua : la musique urbaine à l’honneur pour la clôture des vacances

C’est sans doute le weekend le plus animé de ses vacances dans la capitale régionale du Nord. Un weekend qui verra défiler quelques têtes de proue de la musique urbaine camerounaise de divers bords, du 01 au 02 septembre 2018 à Garoua. Entre le concert de Tenor au carrefour Yelwa, celui de Minks en compagnie de Maitre S à la maison du parti ou encore le show exclusif de la jeune talentueuse Shura pour la finale régionale de la compétition Challenge Vacances ; Garoua connaitra une fin de vacances explosive.

Tenor en lever de rideau le 01 septembre…

Après son méga concert au palais des sports de Yaoundé de deux heures d’horloge et qui a réussi à réunir environ 6000 personnes dont de nombreux fans qui se sont déplacés de plusieurs villes du pays pour Yaoundé afin de ne point rater ce concert historique, l’artiste Tenor s’apprête cette fois-ci à électriser la ville de Garoua où il est attendu ce samedi 01 septembre 2018 pour un concert prévu à partir de 15 heures au carrefour Yelwa. « Garoua est une ville dont l’artiste TENOR affectionne beaucoup car elle est paisible et le public est extrêmement accueillant. C’est un plaisir renouvelé pour lui et son équipe d’y aller une fois de plus. Il est clair que les performances de cet artiste sont très électriques, donc ceux qui feront le déplacement ne seront pas déçus car on aura un spectacle haut en couleur comme au Paposy», déclare Isidore Tameu, alias Thaphis, manager de l’artiste Tenor.

Un concert offert aux populations par l’opérateur de téléphonie mobile MTN et que l’artiste camerounais devenu une fierté nationale, créateur du concept « le fiang, le way, le ya mo »,  place sur le signe de la promotion de la musique urbaine camerounaise et qui sera entièrement basé sur l’ensemble des titres phares qui ont marqué sa jeune carrière, lui le poulain de la maison de production internationale Universal et qui ne cesse de gravir les échelons

L’artiste promet de mettre le feu à Garoua en compagnie de King Kreol et des artistes locaux invités en première partie, pour le grand bonheur de ses fans qu’il appelle affectueusement les Tenorifies. Et on annonce déjà la présence à Garoua de nombreux jeunes venus des villes voisines pour vivre ce moment exceptionnel. « Comme au Palais polyvalents des Sports de Yaoundé, le carrefour Yelwa sera plein ce samedi 01 septembre 2018 à l’occasion de ce méga concert. Rendez-vous pour un show 100% camer », conclut l’artiste.

 

 

Mink’s, Shura et Maitre S, un duo explosif à la maison du parti

Pas de répit pour l’artiste camerounais Mink’s. A peine revenu de sa tournée américaine à l’occasion de laquelle il s’est produit dans la mythique salle du Fillmore Silver Spring à Maryland le 28 juillet 2018 pour le Made in Cameroon Music Festival, le prolifique rappeur artiste du label Ach4Life reprend la route pour cette fois-ci déposer ses valise à Garoua où il est attendu pour un méga show prévu ce dimanche 01 septembre 2018 à la Mais<on du parti à partir de 15 heures. Le concert qui est organisé par le label Kanao Entertainment sera également rehausser par la présence sur scène des artistes locaux à l’instar du très prometteur Spenso a.k.a Maitre S, Benken, Ergy, Incha Allah ou encore le talentueux Franco Dirène.

Comme à son habitude, Mink’s va à coup sûr enflammer le public du Septentrion qui est fan de l’artiste et de ses nombreux tubes à l’instar de ça va te tuer (ft Dj Keny), couper l’appétit (ft Fanicko), mon goût (ft X Maleya), toucher le plafond (ft Floby), Minbayeur (ft Blanche Bailley), ou encore le hit planétaire le gars-là est laid.

Et à sa descente d’avion, l’artiste n’a pas manqué d’invité ses fans à travers un joli message : « Rdv à la maison du parti de Garoua ce samedi 1er septembre pour le dernier concert des vacances. Toute la jeunesse du Grand Nord est conviée. Mes gens de Ngaoundéré, Maroua, je vous attends dès 15 à la maison du parti de Garoua. Nous ferons le show ensemble ».

 

Shura pour une clôture explosive des vacances le dimanche le 02 septembre…

Le dimanche 02 septembre 2018, à quelques heures de la rentrée scolaire 2018-2019, aura lieu la finale régionale Nord de la compétition sous régionale Challenge Vacances. L’évènement que organise la structure Planète Saladin du très réputé Idriss Saladin connaitra ce dimanche 02 septembre les représentants de la région du Nord à la grande finale nationale. Une finale régionale qui regroupera sur scène une belle brochette d’artistes de divers bords à partir de 14h à la maison du parti de Garoua. En plus des compétiteurs dans plusieurs disciplines, le public aura également en exclusivité la belle chanteuse camerounaise Shura qui est passé à la vitesse supérieure depuis la sortie de son dernier titre « allez dire ». Celle qui fait de plus en plus parler d’elle dans l’océan de l’afropop d’Afrique francophone partagera la scène avec Maitre S et de nombreux autres artistes locaux. Bonne fin de vacances !


Bienvenu dans la république des moutons présidents ! (Partie 1)

Encore appelée fête de l’Aïd el-Kébir ou Tabaski, sera célébrée par toute la communauté musulmane camerounaise le mardi 21 août 2018. Et les moutons présidentiels font fait parler d’eux en marge de cette fête célébrée cette année sur fond de vie chère.

Bouba posant fièrement avec Popol et Poutine
Bouba Weston pose fièrement avec Popol et Poutine

« Ils sont tous les deux âgés de deux ans et ils valent chacun 250.000f. Je vous présente Popol son homologue Vladimir Poutine ce sont les présidents de tous ses moutons», me lance fièrement Bouba Weston, vendeur à « loumo balii », le marché au bétail de Garoua. Des moutons présidents ! Pur Bantou largué en plein Sahel, je n’en revenais pas. Mais j’étais loin de me douter que je n’étais  qu’au début de mes surprises. Car comme Popol et Poutine j’allais découvrir plus tard qu’il existe de nombreux moutons présidentiables au Cameroun. Tels des hommes politiques pendant la campagne électorale, ces moutons imposants pour la plupart de par leur gabarit, profitaient alors de la Tabaski pour faire leur one man show, puisqu’ils deviennent d’office le centre de toutes les attentions. Leur palais, le marché au bétail. Dans ce marché situé sur les berges du fleuve Bénoué et dédié à la vente des petits ruminants, jusqu’à tard dans la soirée du lundi 20 août, l’heure sera encore aux négociations très houleuses entre les vendeurs et les fidèles musulmans qui voudront absolument avoir un mouton pour l’immoler le jour de la fête après la prière rituelle, comme le prescrit le dogme islamique.  Ceux qui n’ont donc pas encore acheté leur mouton feront des pieds et des mains pour l’avoir avant le jour j car, apprend-t-on chez les marchands de bétail, la règle est qu’au fur et à mesure qu’on se rapproche de la fête, les prix explosent. Et cette année la demande est particulièrement abondante malgré l’offre qui a du mal à suivre et les particulièrement élevés.

l'entrée du marché au bétail
L’entrée du marché au bétail de Garoua

Sourire aux lèvres, Abdoulaye, jeune démarcheur, se rapproche de moi et me présente Macron. Un jeune bélier aussi haut que la tour Effel et qui visiblement n’est pas à la portée de la première bourse. « 120 000F ou rien. C’est mon dernier prix, et de toute façon comme l’Elysée, mon mouton ne pourrira pas ». J’étais certes un peu scandalisé, mais curieux tout de même se savoir comment fonctionne ce milieu. A peine ai-je eu le temps d’échanger avec Abdoulaye qu’un client, donc le boubou grassement amidonné et le parfum qui prenait en otage vos narines après son passage trahissaient son aisance matérielle, s’approcha et pointa du doigt le costaud Poutine.  Une très courte discussion s’en suivi et quelques minutes plus tard c’est derrière le coffre d’une luxueuse Toyota Rave 4 que le mouton Macron élu domicile. Il avait été finalement vendu à 113.000 francs Cfa Lorsque nos regards se croisèrent je lus comme de la tristesse dans ses yeux, même si intérieurement je me disais qu’il devait être particulièrement appétissant une fois immolé et assaisonné le français Macron !

Décider à rencontrer tous les moutons président du marché, je fis par la suite la rencontre de Laurent Gbagbo, un bélier de taille moyenne, engraissé durant quatre mois et qui coutait 65000f. Son propriétaire m’expliqua qu’il était un fan de l’ancien président ivoirien et qu’en solidarité à ce dernier, il a baptisé un mouton en son honneur. A côté, un mouton turbulent attira mon attention. « Oooh lui c’est Donal Trump » me lançât le vendeur, un air sérieux. Après cette rencontre d’un autre genre je décidais de mettre un terme à mon investigation, car à cette allure je risquais de tomber sur Brigitte Macron ou encore Simone Gbagbo…. version mouton bien évidemment !Le prix d’une bête est fixé sur la base de certains critères tels que la taille, le poids, l’âge et l’apparence de la bête. Par exemple, si le mouton est bien entretenu et bien engraissé, son prix est loin d’être à la portée du premier venu. « Les plus prisés ce sont les moutons soudanais à cause de leurs tailles et leur physique imposant. Il y’en a qui coutent même 200.000 francs. Les moutons qui sont gras et âgés d’au moins deux ans se vendent chèrement parce qu’ils sont assez adultes », explique Alioum Mohaman. A l’ère des réseaux sociaux, les commerçants n’hésitent pas à mettre à contribution facebook ou wahtsapp pour vendre leurs moutons. D’ailleurs dans des groupes tels que « moutons moins chère » ou encore « venez me tromper », les marchands publient des photos de leur bétail ainsi que les prix puis les discussions se poursuivent en privé entre l’acheteur et le vendeur.

Un mouton chez un particulier
Un mouton chez un particulier…en attendant la fête

Selon le Coran, le mouton à sacrifier doit être sans défaut. Il doit avoir plus d’un an, il doit voir des cornes et il ne doit avoir aucune lésion corporelle ni de membres fracturés ou de cornes cassées. Malgré les prix excessifs, les fidèles résignés avouent ne pas trop avoir le choix, afin de fêter dignement la Tabaski. Certains confient qu’ils iront voir dans le réseau des « moutons d’occasion » pour avoir un mouton de « seconde main » le jour même de la fête. La journée du  21 août sera marquée par la traditionnelle prière qui sera présidé par sa majesté le Lamido de Garoua, Alim Hayatou,  à 8h15 au champ de prière de la grande mosquée située au quartier Marouaré, en présence du gouverneur de la région du Nord. Une communication du Lamido aux fidèles rassemblés en ce jour de fête et de piété est également prévue. Après le rituel de prière, les fidèles procéderont à l’immolation de leur mouton. Qu’est-il advenu de Popol, Obama, Gbagbo ? Probablement au fond d’une marmite voire même déjà au fond de l’estomac de leurs acquéreurs. Pathétique quand même lorsque je deviens sentimental. Vite, tournons la page, le Diable passe…. Vive les moutons présidents et bonne dégustation !

 


Les Griots, artisans de la parole

Un monde sans griots, c’est comme une bibliothèque sans livre.

Griots lors d'une cérémonie à Dembo
Griots lors d’une cérémonie à Dembo

Parce qu’il maîtrise le verbe et son instrument à la perfection, il est recherché pour animer les fêtes. Parce qu’il connaît tout de l’histoire des familles et n’a pas d’interdits, il est craint. Il peut chanter les louanges d’une lignée ou menacer d’en révéler ses secrets honteux. Lui, c’est le griot. On parle aussi de djeli, jasare, gesere ou même bambado.

Hayatou Ibbal, 52 ans, originaire de Belel dans la région de l’Adamaoua, est aujourd’hui l’une des figures de proue de cette caste de musicien, poète, historien, conteur et en même temps gardien des traditions. Il affiche à son compteur 32 ans de carrière. « On ne s’auto-proclame pas griot. On naît dans une famille de griots comme les Diabate ou les Kouyate au Mali ou on est formé par un griot comme ce fut mon cas », précise Hayatou Ibbal qui a été initié au griotisme par Hamidou Ma Mboullo à Mbanrey. « L’art de la parole est un héritage qui se transmet de père en fils, de génération en génération. C’est également un don s’agissant notamment de mon cas. Etant encore un enfant, pendant que je gardais le troupeau j’en profitais pour fabriquer ma garaya. C’est ainsi que j’ai commencé à en jouer jusqu’à mon initiation par mon maitre formateur », explique-t-il. « Etre griot c’est un métier à plein temps qui nous permet de faire face à certaines de nos obligations. Je suis un peu comme un chef d’entreprise car je dois m’assurer que les musiciens et les chanteurs de mon orchestre perçoivent une rémunération car certains parmi eux ont des bouches à nourrir », explique Hayatou Ibbal.

Conteur, poète, moraliste, instructeur, fidèle gardien de la tradition orale, le griot joue par ailleurs un rôle important dans la société. Son statut fait de lui le conseillé le plus éclairé et le plus proche des rois, des princes et aujourd’hui des autorités administratives. « Connaissez-vous une grande manifestation dans laquelle l’on ne convie pas un griot ? Donner à un griot est un geste de grandeur et un honneur en même temps, entendre chanter un griot éloigne momentanément les uns et les autres de leurs soucis. Nous sommes les conservateurs incontestés des mœurs ancestrales, le trait d’union entre la passé, le présent et le futur », lance le griot Hayatou Ibbal.

Griots du lamidat de Demsa lors d'une parade
Griots du lamidat de Demsa lors d’une parade

Mais malgré tous ses bons points, les griots font face à de nombreux problèmes. « Nous sommes exclu des activités culturelles d’envergure telles que la fête de la musique alors que nous sommes des chanteurs traditionnels. Nous ne sommes pas du tout considérés ou très peu, contrairement à nos autres collègues de l’Afrique de l’Ouest par exemple. Moi qui vous parle, depuis 2008 ma demande de subvention dans le cadre du compte d’affection spéciale est resté sans suite au ministère des arts et de la culture. Et comme si l’injustice ne suffisait pas, des griots pourtant membres des sociétés de gestion des droits d’auteurs, décèdent dans l’indifférence totale sans que l’on ne daigne lever le petit doigt pour une aide quelconque à leurs familles », s’indigne Hayatou Ibbal qui reste tout de même optimiste : « J’espère qu’un jour les choses vont évoluer positivement pour notre caste. J’entends par là une meilleure prise en compte lors des répartitions des droits d’auteurs, plus d’attention et d’encadrement de la part du ministère des arts et de la culture, une plus grande représentativité dans les manifestations culturelles officielles tant sur le plan régional que nationale ».

S’ils conservent encore aujourd’hui leur statut prépondérant dans le grand nord, certains griots ont par ailleurs franchi les portes de la gloire grâce à leur musique. En faisant vibrer les sens lors des mariages et autres cérémonies, leur musique s’est aussi imposée dans le grand marché commercial et au fil des ans des noms s’imposent dans le paysage musical. On peut citer notamment Sali Yao Ngong, Hayatou Ibbal, Babba Sadou, Abba Djaouro ou encore Amadou Rasta et bien d’autres griots qui ont enrichi la musique traditionnelle sahélienne de nouveaux instruments plus modernes (guitares, batterie, cuivres) et lui ont apporté de nouvelles couleurs, de nouveaux rythmes pour le grand bonheur des mélomanes.

A travers leurs travaux artistiques de nombreux griots ont contribué à étoffer le patrimoine musical traditionnel du Cameroun. Mémoires de l’oralité, quelques noms figurent en pole position au panthéon des griots du grand nord. Notamment celui de  Boukar Doumbo. Analphabète, comique et bon vivant, il fut pourtant le griot le plus adulé de l’élite  Nordiste dont il chanta les louanges toute sa vie. Le feu président Ahmadou Ahidjo du Cameroun ou encore le président Gowun du Nigeria comptait parmi ses plus grands admirateurs. Sa voix aigüe et porteuse, sa spontanéité et l’ingéniosité de ses compositions constituèrent son capital. Tout comme Falama Dargala, Mal Adji Molorou, Doudou Béka, Maï Djidda Tchidal  ou encore Mama Bourtou de Rey Bouba. Tous des griots de légendes qui avaient l’art de façonner à leur manière la parole, leur manière première.

 


CINEMA: ÇA TOURNE POUR LES JEUNES CINEASTES CAMEROUNAIS !

A l’initiative de Maïmounatou Bourzaka, promotrice du site internet CinéCamer, la première édition de la JOURNEE DU JEUNE CINEASTE se tient ce samedi 10 février à Yaoundé.

Cameroun, pays dénué de salle de cinéma pourtant peuplé de cinéphiles et de nombreux praticiens du 7e art, talentueux mais en manque de visibilité et la légitimité. C’est dans ce contexte marqué par l’absence d’espace de projection et où les populations n’ont plus accès aux productions locales de plus en plus nombreuses et de qualité que la jeune Maïmounatou Bourzaka propose un début de solution à travers la Journée du jeune cinéaste, prévu ce samedi 10 février 2018 au centre de lecture (CLAC)  de Mimboman de 13 heures jusqu’à 20 heures.

Organisé par le site d’information dédié au cinéma camerounais CineCamer en partenariat avec le CLAC dans le cadre de la célébration de la fête de la jeunesse, l’évènement qui en est à sa première édition, a pour principaux objectifs de « promouvoir le cinéma camerounais, de distraire et donner à voir des films de qualité au public, de favoriser la rencontre de entre cinéastes et cinéphiles », explique Maïmounatou Bourzaka, promotrice de CinéCamer et qui à l’occasion de cette Journée du Jeune Cinéaste entend également réconcilier le cinéma camerounais et son public tout en favorisant l’accès des populations aux œuvres des cinéastes camerounais, participer au développement de l’industrie cinématographique camerounaise et enfin susciter des vocations et l’intérêt des jeunes aux métiers du cinéma.

Les activités dans le cadre de l’événement connaitront deux articulations majeures à savoir la projection de films de jeunes réalisateurs camerounais et une conférence autour du thème de l’évènement : Jeunesse et rayonnement du cinéma camerounais. La dite conférence sera coordonnée par Marie Nadège Tsogo et réunira autour d’une même table des réalisateurs, acteurs, promoteurs de festivals et producteurs et des projections de films essentiellement camerounais.

S’agissant des films qui seront projetés lors de la Journée du Jeune Cinéaste, « ce sont d’abord des films réalisés par des jeunes camerounais Films de qualités Films ayant été récompensés dans de nombreux fait festival », précise la promotrice. Et la programmation semble plutôt alléchante avec au menu des films courts métrages tels que Walls de Narcisse Wandji, Caesar de Dr Nkeng Stephens, Nyangono réalisé par Jean Marc Anda, Miranda de Blaise Option, Héritage de Yollande Welimoum, Mes Vampires de Lea Malle Franck ou encore Decoded de Enah Johnscott. Les cinéphiles présents au CLAC découvriront également en avant-première le film Surprise, encore en post-production d’Alphonse Ntep et Time de Hervé Moukoko en projection pour la première fois au Cameroun. Parmi les films sélectionnés, figurent également deux grands classiques du cinéma camerounais : Quartier Mozart de Jean Pierre Bekolo et Muna Muto de Dikongue Pipa.

 

Maimounatou Bourzaka: « Les acteurs camerounais sont classés parmi les meilleurs en Afrique »

« L’idée de proposer cet évènement est parti de mon expérience et de mon travail au sein du festival Ecrans Noirs. Étant responsable de la communication digitale, nous étions chargés d’élaborer le catalogue. Catalogue qui devait contenir les différentes informations sur les réalisateurs et les synopsis des films. C’était un véritable chemin de croix pour nous car il n’y avait à l’époque pas de sites consacrés au cinéma camerounais et la majorité des réalisateurs n’était pas encore présente sur les réseaux sociaux comme aujourd’hui. Aussi, après étude et observation, hé me suis rendue compte que le cinéma camerounais était méconnu du public. Ceci à cause de nombreux problèmes à savoir la fermeture des salles, la vulgarisation des espaces de téléchargement de films en ligne et la diffusion de mauvais films camerounais par certaines chaines locales. C’était très choquant, révoltant de savoir que nous avons des films de qualité qui remportent de grands festivals internationaux alors qu’ils sont méconnus des Camerounais. Les acteurs camerounais sont classés parmi les meilleurs en Afrique sans pour autant être connus chez eux. Je me suis donc dit que la projection de films de qualité serait un moyen de réconcilier le public camerounais et son cinéma »


Au Cameroun, la difficile réinsertion des repentis de Boko Haram

Malaise au Cameroun, où les communautés ne sont pas préparées à accepter le retour des ex-combattants de Boko Haram.

Des ex-combattants de Boko Haram |© Guibaï Gatama

Depuis le 20 octobre 2017, « les repentis », des ex-combattants de Boko Haram, déposent les armes et regagnent leur village. Baba Oumaté, Bana Yerima, Modou Alhadji Abba et Abba Oumaté sont les premiers noms inscrits dans ce cahier d’un retour au pays natal, le Cameroun. Ils ont rejoint la secte en 2014, d’abord comme otages, avant de prendre les armes pour combattre dans les rangs du groupe terroriste. Trois ans après, ils ont décidé de se rendre aux autorités afin de « regagner leur village et commencer une nouvelle vie ». Ils ont été réceptionnés par le comité de vigilance de Tolkomari, puis remis aux autorités pour être entendus. Ils ont par ailleurs jurés sur le Coran qu’ils ne collaboreront plus avec Boko Haram. Trois jours plus tard, le 23 octobre 2017, Garba Modou, ex-combattant de Boko Haram, a suivi la même démarche que ses quatre camarades et s’est rendu à son tour aux autorités de la localité de Tokolmari dont il est originaire.

Comme une trainée de poudre, la désertion dans les rangs de Boko Haram s’est poursuivie. Le 24 octobre dernier, Boukar Modou, Awana Modou, Aouza Modou et Zaram Pardama, quatre combattants du groupe terroriste, se sont rendus aux membres du comité de vigilance de Tokolmari. Après un passage par la gendarmerie de Tolkomari et la compagnie de gendarmerie de Mora, les quatre ex-combattants ont, comme leurs prédécesseurs, juré sur le Coran de changer radicalement de vie et s’interdire tout lien avec Boko Haram. Cette défection ne sera pas la dernière puisque deux jours plus tard, un ex-commandant de Bako Haram et son élément ont quitté le groupe terroriste. Baba Goïgoï et Ahmadou Oumaté ont officiellement quitté le groupe terroriste et se sont rendus aux autorités.

Pour les autorités camerounaises, c’est une victoire de voir des combattants déposer les armes et regagner leur village. C’est un nouveau chapitre dans la guerre contre Boko Haram qui s’ouvre. Cependant, le Cameroun ne dispose pas encore de programme officiel dédié à la réinsertion des anciens combattants de la secte terroriste et aucune politique assumée en la matière comme c’est le cas au Nigeria, au Tchad ou encore au Niger. Ce dernier a lancé en 2016 un programme d’amnistie et de réinsertion pour les anciens combattants de Boko Haram. Niamey propose l’armistice aux anciens combattants qui sont cantonnés dans le camp de transit de Diffa, où ils sont ensuite formés ou réformés afin qu’ils puissent retrouver une vie sociale et abandonner leurs idées extrémistes. Pour éviter la récidive des ex-combattants camerounais de Boko Haram, après un bref séjour chez les forces de défense et de sécurité où ils sont débriefés, ceux-ci sont ensuite conduits dans leur village où, en présence de la plus haute autorité religieuse, ils jurent sur le Coran couper tout lien avec Boko Haram. Difficile de se prononcer avec certitude l’efficacité de cette méthode que beaucoup estiment légère pour d’anciens combattants d’un groupe qualifié de plus meurtrier au monde en 2015 par le Global Terrorist Index for Economy and Peace.

Un ex combattants jurant sur le Coran |© Guibaï Gatama

Radicalisés hier et repentis aujourd’hui, pour les populations la pilule est plutôt amère et difficile à avaler. Car comment croire en la sincérité de son bourreau d’hier qui a égorgé, kidnappé, pillé et brûlé des villages entiers afin de prouver sa loyauté à la secte islamiste ? « Boko Haram profite de la religion pour embobiner les gens et tu ne fais que tuer tes parents, ton frère, tes amis », témoigne d’ailleurs un ex-combattant. Tout laisse donc croire que la relation entre les populations et les anciens combattants sera très conflictuelle, et si l’Etat du Cameroun ne prend pas rapidement des mesures, ces retours des ex-combattants pourraient engendrer d’autres problèmes sécuritaires.

L’urgence d’une action de réinsertion et pardon s’impose plus que jamais. « Malgré ce qu’ils ont fait, on doit les accueillir. Ils reviennent d’un endroit interdit, contre leur volonté très souvent, ils ont épousé des idéaux que nous rejetons. Les laisser dans la nature, pointer du doigt et stigmatiser, je ne pense pas que ce soit une bonne chose. Il serait plus bénéfique que l‘Etat fasse faire des suivis sur du long terme pour ces hommes, ces femmes et ces enfants qui reviennent », estime Geanette Nonga, humanitaire en service dans le Mayo Sava.

Selon plusieurs observateurs, les rangs du groupe terroriste Boko Haram se fissurent chaque jour encore plus et le nombre de combattants ne cesse de diminuer. La désertion des éléments du groupe terroriste enregistrée depuis peu au Cameroun illustre le mal qui ronge actuellement le mouvement terroriste, désarticulé par la montée en puissance militaire des Etats membre de la Force Multinationale Mixte. Sur le terrain, il est par ailleurs constaté une nette diminution des attaques terroristes dans l’Extrême-Nord depuis quelques temps, région qui était l’objet d’assauts quasi-quotidiens voici un trimestre encore.


Djaïli Amal, une plume engagée pour les femmes du Sahel !

L’écrivaine Peule veut illuminer l’avenir des femmes du Sahel grâce à l’éducation des jeunes filles. Un combat qu’elle mène avec comme seule arme sa plume, sur un terrain miné d’obstacles socioculturels et économiques.

L’écrivaine Peule Djaïli Amadou Amal à Maroua

Le visage radieux, la petite Rabiatou, élève en classe de 4e au lycée bilingue de Domayo, ne cache pas sa joie d’aller à l’école. Il y a deux ans, son entrée en 6e en poche, son tuteur avait pourtant décidé de la donner en mariage à un riche commerçant pour en faire sa deuxième épouse. Mais grâce à l’appui de sa grande sœur, infirmière dans une formation hospitalière, la fillette a pu être sauvée de ce mariage forcé et a poursuivi ses études. Si le cas de Rabiatou a connu un heureux dénouement, d’autres filles par contre ont vu leur rêve brisé par des parents qui voient en elles des marchandises. Or, la sous-scolarisation et la déscolarisation sont des problèmes importants qui entravent l’épanouissement et le développement de trop nombreuses jeunes filles. Aujourd’hui, la scolarisation des jeunes filles fait de timides progrès dans les régions septentrionales du Cameroun. Des efforts sont faits du côté du gouvernement camerounais et de ses partenaires dans ce domaine. Plusieurs rapports prouvent qu’une fille scolarisée pourra de manière plus efficace contribuer à son bien-être personnel, au bien-être des siens et au développement de son pays. C’est d’autant plus vrai que l’on connaît le rôle social et économique de la femme dans la société.

Parmi les mauvais élèves, la région de l’Adamaoua et la région de l’Extrême Nord. Selon l’Unesco, dans ces régions, on dénombre plus d’un million de filles âgées de 10 à 19 ans, qui sont analphabètes, cela représente 31,9 % des filles de la région (Institut de statistique de l’UNESCO, 2016).

Plusieurs facteurs expliquent cette sous-scolarisation des jeunes filles, ce sont principalement des obstacles socioculturels et économiques qui limitent leur scolarisation. En zone rurale les freins à la scolarisation des jeunes filles sont : la pauvreté, l’analphabétisme des parents ou encore les normes culturelles.

 

« L’éducation doit redevenir une des valeurs essentielles de notre monde, elle doit rayonner de nouveau, elle doit s’imposer comme une force de bonheur, d’épanouissement, d’espérance. » Nelson Mandela, 1996.

Djaïli Amadou Amal sensibilise les jeunes filles

Afin de faire bouger les lignes, l’écrivaine Djaïli Amadou Amal, sous le couvert de l’association Femmes du Sahel, a mené une campagne de sensibilisation dans les établissements d’enseignement secondaire dans les villes de Banyo,  Mayo darle,  Ngaoundere,  Garoua et Maroua. Cette campagne a duré un peu plus d’un mois, elle s’est déroulée du 10 septembre au 23 octobre, avec le soutien de l’ambassade des Etats-Unis. Le projet visait à «encourager les filles à poursuivre les études le plus loin possible afin de lutter contre les déperditions scolaires, les maux comme le mariage précoce et forcé,  les violences », explique Jaïli Hamadou Amal. Elle précise par ailleurs que «les filles constituent les couches les plus vulnérables dans la société, c’est là où le problème se pose avec urgence. L’objectif final était d’amener les jeunes filles à prendre conscience de leur place dans la société, une place centrale, une place active. Les jeunes filles doivent comprendre quel rôle elles peuvent jouer dans la société, un rôle important comme acteur social pour le progrès et pour le développement.»

Djaïli Amal est la première écrivaine de sa communauté, la communauté Peule du grand nord du Cameroun, elle est l’auteur des romans à succès Walaande l’art de partager un mari et Mistiriijo la mangeuse d’âme. Au total, elle a visité  13 établissements de la partie septentrionale du Cameroun pour faire passer le message de cette campagne. A chaque rencontre, elle donnait une conférence sur support Power Point autour du thème « Education des filles, vecteur de développement », sous le prisme de son premier roman.

Selon les responsables de l’association Femmes du Sahel, au terme de cette campagne les résultats sont plutôt satisfaisants en termes d’impact. « Toutes les rencontres ont été couronnées de succès, on a observé une forte implication du personnel des établissements qui ont bien accueilli cette initiative. Nous avons touché environ 7000 filles avec lesquelles nous avons établi un dialogue direct et soutenu. Nous nous sommes assuré que le message est bien passé», confie Djaïli Amadou Amal.

A travers cette action (et bien d’autres) qu’elle mène sur le terrain, l’association espère lever le verrou des obstacles socioculturels et économiques qui limitent la scolarisation des jeunes filles dans la partie septentrionale.

Femmes du Sahel est une association à but non lucratif créée en 2012 par Djaïli Amadou Amal. L’association, qui possède plusieurs antennes dans les différentes régions du Cameroun, est composée d’une cinquantaine de membres actives/actifs. Ce projet de sensibilisation dans les établissements d’enseignement secondaire rentre dans la droite ligne de ses axes opérationnels majeurs notamment celui de l’éducation et du développement de l’activité des femme dans le Nord Cameroun.

Elle mène en particulier des actions de promotion de l’éducation de la femme et de la jeune fille, de sensibilisation contre le mariage précoce et forcé et de sensibilisation contre toute forme de violence faite aux femmes.

Jeunes filles au collège Mazenod de Ngaoundéré lors de la campagne

Ce billet fait partie du #MondoChallenge sur le thème « Le monde n’est pas si sombre ».


Cameroun – Touroua: sur les traces des déplacés internes de Boko Haram

Les exactions de Boko Haram ont contraint des habitants des villages de l’Extrême-Nord à fuir vers l’arrondissement de Touroua, dans la région du Nord Cameroun.

Refugiés au camp de Minawao. © Reinnier KAZE / AFP
Refugiés au camp de Minawao. © Reinnier KAZE / AFP

Les attaques de la secte terroriste Boko Haram ne causent pas que des morts, des dégâts matériels ou encore des blessés. Ces attentats et autres incursions meurtrières dans les localités de la région de l’Extrême-Nord contraignent aussi et surtout de nombreuses populations à se déplacer vers des zones moins conflictogènes. Selon des estimations récentes, ce sont près  de 200.000 Camerounais de la région de l’Extrême-Nord qui ont fui leurs villages, situés à la frontière du Nigeria, redoutant les exactions de Boko Haram. Certains ont trouvé refuge dans des camps aménagés pour accueillir des personnes déplacées internes (PDI) tandis que les plus téméraires ont décidé de se laisser entraîner par l’espoir, en quête d’une vie nouvelle, loin de la terre de leurs ancêtres et de leurs villages, pillés et brulés par Boko Haram.

C’est le cas de Bouzara Hahad, Camerounais de 28 ans, originaire du village Mawa dans l’arrondissement de Koza. « Ce sont les exactions de Boko Haram, dans l’arrondissement de Mayo Moskota, voisin à mon village, qui m’ont poussé à partir. Je me suis dit que tôt au tard mon village allait aussi subir la furie dévastatrice et meurtrière des membres de Boko Haram, qui sont sans pitié car ils tuent, incendient des villages entiers, pillent et volent du bétail. C’est la peur au ventre que j’ai décidé, en mars 2013, d’abandonner mon village pour prendre la route de l’exil et me retrouver aujourd’hui à Hinga, à des milliers de kilomètres de mon village natal», témoigne, encore bouleversé, Bouzara Hahad.

Terrifié par les atrocités, Bouzara Hahad n’envisage pas de retourner à Mawa. « Je ne peux plus retourner à Mawa car désormais chez moi c’est ici, Boko Haram en a décidé ainsi pour nous les déplacés.  En plus, dans mon village, si tu n’as pas au moins deux hectares de terre cultivable, tu ne peux pas subvenir à tes besoins et encore moins à ceux de ta famille. Boko Haram a enlevé ma cousine en 2014 et, depuis lors, nous n’avons plus de ses nouvelles. Est-elle devenue une kamikaze ou épouse d’un membre de Boko Haram ? Est-elle décédée ? Dieu seul sait. Malgré la souffrance je suis contraint de demeurer à Hinga », explique le jeune-homme résigné.

Bouzara Hahad, déplacé interne vivant à Touroua. © Ebah Essongue Shabba
Bouzara Hahad, déplacé interne vivant à Hinga. © Ebah Essongue Shabba

Depuis 4 ans déjà, Bouzara Hahad vit à Hinga, un village situé dans l’arrondissement de Touroua, à des kilomètres de Garoua, la capitale de la région du Nord Cameroun. Il a abandonné ses études en classe de première, faute de moyens financiers, et il s’est reconverti dans l’agriculture. Marié et père d’un enfant, Bouzara Hadad vit grâce aux revenus qu’il tire de son exploitation agricole et de l’assistance du Codas Caritas, le comité diocésain de développement des activités sociales de l’archidiocèse de Garoua, à travers son programme « Justice et Paix ».

Badina Emmanuel, déplacé interne vivant à Banda. © Ebah Essongue Shabba
Badina Emmanuel, déplacé interne vivant à Banda. © Ebah Essongue Shabba

Badina Emmanuel est également un déplacé interne. Le jeune de 19 ans est originaire de Moskota, dans le département du Mayo Sava. Cependant, Badina résidait à d’Achigachia, un village de l’Extrême-Nord du Cameroun, frontalier du Nigeria et cible de plusieurs assauts des islamistes nigérians. Face à la récurrence des attaques du groupe, Badina Emmanuel retourne vivre à Moskota, avant de finalement se résoudre à fuir loin de cette zone à risques. C’est ainsi qu’en 2015 il dépose ses valises à Banda, un village enclavé de Touroua.

« J’ai eu raison de fuir car le jeudi 17 août 2017, Boko Haram a attaqué mon quartier, où vivent mes parents. Ils ont brûlé des maisons et j’y ai perdu tous les biens que j’avais laissés au village. Lors de cette sanglante attaque, ils ont tué mon voisin et ils ont enlevé ses six enfants devant leur mère impuissante. Comme si cela ne suffisait pas, quelques jours plus tard (le mercredi 6 septembre 2017, ndlr), ils ont attaqués le village voisin de Dzaba où ils ont incendié 46 cases, tués 3 personnes et enlevé 8 personnes », raconte Badina Emmanuel, horrifié par ses atrocités. « Je suis traumatisé, j’ai vu beaucoup des morts, je veux tourner la page », ajoute-t-il.

Fuyant l’horreur, ils sont des centaines de déplacés à avoir trouvé refuge dans l’arrondissement de Touroua. Ils ont bénéficié de l’assistance des autorités traditionnelles à leur arrivée dans chaque village. « A notre arrivée nous avons été accueillis par le chef de village qui nous a aussitôt donné des parcelles cultivables et nous avons aussi reçu l’aide alimentaire des âmes de bonne volonté par l’entremise du Codas Caritas », explique Bouzara Hahad, qui se plaint cependant de l’accès difficile à l’eau potable, ce qui expose les populations aux maladies hydriques.

« Une fois que les déplacés ont été identifiés par les autorités, nous prenons alors le relais en nous approchant d’eux pour leur apporter notre soutien psychologique et alimentaire. Nous faisons appel à la générosité des fidèles paroissiens,  auprès de qui on collecte de la nourriture, que nous leur distribuons ensuite », explique Haman Moïse, délégué paroissial « Justice et Paix » de Codas Caritas.

La cohabitation entre les personnes déplacées et les autochtones n’est pas toujours chose facile, en témoignent les tensions et autres conflits avec les éleveurs générés après l’arrivée des déplacés. « Il n’y a que le dialogue dans ce cas de figure. Celui-ci est mené par le comité local de règlement des conflits agro-pastoraux », explique Haman Moïse. Une méthode payante qui, jusqu’ici, permet de garantir la paix, la cohésion sociale et permet l’intégration des déplacés internes au sein de leur nouvelle communauté.

« S’intégrer en travaillant peut aider à contrer Boko Haram car ceux qui ne font rien vont grossier les rangs de Boko Haram qui les paye à coup de million pour mener des attaques terroristes et venir tuer leurs parents et leurs frères. A l’Extrême-Nord nous avons vu nos propres frères venir commettre des attaques, égorgés des populations et commettre des attentats suicides », témoigne Bouzara Hahad.

 


Nord Cameroun: l’Honorable Oumoul Koultchoumi Ahidjo rend compte aux populations de ses activités parlementaires.

La cérémonie s’est déroulée dans l’arrondissement de Baschéo, dans le département de la Bénoué.

C’est à une mobilisation de grand jour que l’on a assisté ce jeudi 23 juillet 2015 dans l’arrondissement de Bascheo à l’occasion de la cérémonie de comptes rendu parlementaires, de remise de dons aux centre de santé intégré (CSI) ainsi qu’aux associations et GIC agropastoraux par l’honorable député Oumoul Koultchoumi Ahidjo.

L'honorable Omoul Koultchoumi Ahidjo
L’honorable Omoul Koultchoumi Ahidjo

Et la place des fêtes de la sous-préfecture, site de la cérémonie, s’est très vite avérée petite pour contenir les populations venus nombreuses écouter ce à quoi s’est attelé celle qu’ils ont envoyée à l’assemblée nationale depuis bientôt 02 ans. Deux fastidieuses années durant lesquelles elle a participé aux travaux de la commission des finances et du budget. Elle a été également désignée par un arrêté du président de l’assemblée nationale comme membre de l’organe en charge du contrôle parlementaire des finances publiques dans les secteurs de la communication, de la culture, des sports et des loisirs. A côté des séances à l’hémicycle, l’honorable Oumoul Koultchoumi a également mené de nombreuses activités complémentaires. L’on peut citer ici sa participation au forum d’échanges entre les membres de la commission des finances de l’assemblée nationale et la chambre de la cour suprême. Féministe engagée, elle a également participé à la séance de travail avec la Minprofa dans le cadre du compte rendu de la plateforme d’action de Beijing en chine, 20 ans après.

S’agissant des activités associatives, Oumoul Koultchoumi Ahidjo a évoqué sa participation aux travaux de l’assemblée générale du réseau parlementaire « Espérance Jeunesse », aux travaux de l’assemblée générale élective du bureau du réseau des femmes parlementaires ainsi qu’à la réunion de création du réseau parlementaire du Septentrion dont le lancement a eu lieu à Belel dans l’Adamaoua. Quant aux missions à l’extérieur, l’honorable Oumoul Koultchoumi Ahidjo a participé aux travaux de l’Union Interparlementaire qui se s’est tenus au Vietnam, et le forum mondiale sur la transparence et l’échange des renseignements à des fins fiscales dont les travaux se sont tenus à Londres. S’adressant aux populations, l’honorable Oumoul Koultchoumi Ahidjo s’est reconnaissante et rassurante : « L’acte posé ce jour est le résultat de la confiance inébranlable que vous avez placé à ma modeste personne pour l’amélioration de nos conditions de vie. En dépit de la conjoncture difficile, je promets d’être toujours à l’écoute de tous, à la disposition de tous. »

Un responsable d'un Gic agropastoral recevant du matériel offert par l'honorable Oumoul Koultchoumi Ahidjo

La cérémonie riche également en animation proposer par des groupes de danse traditionnelle, s’est achevée avec la remise d’un important don aux centres de santé intégré ainsi que du matériel aux associations et Gic agropastoraux de l’arrondissement de Bascheo.


Nord-Cameroun : au revoir ma très chère burqa !

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Le port de la burqa est désormais interdit dans l’Extrême-Nord Cameroun après les attentats-suicide de Fotokol. Quel est donc ce fameux vêtement qui déclenche tant de tumulte, fait autant de vague sur la Toile et est si prisé des terroristes kamikazes ?

Fotokol, bourgade de l’Extrême-Nord camerounais a été la cible d’attaques terroristes. Dans cette petite ville frontalière du Nigeria, « deux attentats-suicide non revendiqués jusqu’à présent ont eu lieu dans la nuit du 12 juillet 2015. Il s’agissait des premiers attentats kamikazes en terre camerounaise. Ils ont causé 13 morts. Les deux kamikazes étaient vêtus de burqa. La seconde kamikaze s’est fait exploser derrière le camp militaire du bataillon d’intervention rapide ; sans faire de victime ». Vingt-quatre heures plus tôt, le samedi 11 juillet, à des centaines de kilomètres de là, à Ndjamena au Tchad; un kamikaze déclenchait sa charge explosive à l’entrée sud du plus grand marché de la capitale tchadienne tuant une dizaine de personnes et faisant de nombreux blessés. Points communs entre ses deux attaques, le modus operandi. Des kamikazes, parfois des hommes déguisés en femmes, se dissimulant sous une burqa (voile intégral) qui permet de camoufler par ailleurs la charge explosive. Un nouveau mode opératoire du groupe terroriste Boko Haram qui charrie panique générale et psychose au sein de la population.

Depuis le double attentat de Fotokol, un débat sur l’interdiction ou non du port de la burqa fait des vagues sur la Toile parmi les internautes camerounais. C’est à de véritables joutes oratoires par claviers interposés que se livrent les internautes. Car comme en France, ici aussi le voile intégral déchaîne les passions. Pour Mamoudou. M par exemple, « l’interdiction de la burqa est un impératif au regard de la situation sécuritaire, il rendra davantage fluides les mouvements en milieu urbain, permettra d’identifier les terroristes avant leur passage à l’acte en observant par exemple leur faciès ». C’est dans ce sillage que se rangent les autorités de la région de l’Extrême-Nord qui ont interdit le port du voile intégral  : « J’ai pris cette mesure en raison de la situation sécuritaire dans la région et nous avons demandé aux gendarmes, aux policiers d’interpeller toute femme qui porte le voile intégral », a déclaré le 15 juillet le gouverneur Midjiyawa Bakari. Mais ils sont également nombreux, à penser que l’interdiction du port du voile uniquement ne pourra pas juguler le problème des attentats-suicide. Les terroristes trouveront toujours d’autres moyens pour dissimuler leur charge explosive car ils changent de stratégie tout le temps. Les terroristes de Boko Haram avaient déjà eu recours aux mines antipersonnel. Des engins de la mort redoutables et qui ont déjà ôté la vie à de nombreux éléments de l’armée camerounaise ainsi qu’à des civils. 

Que dit l’islam sur le voile intégral ?

Au Cameroun environ 20 % des 22 millions d’habitants sont musulmans, selon l’Institut national de la statistique (INS). Contrairement à ce que pensent de nombreux fidèles musulmans, la burqa ou niqâb n’est pas du tout obligatoire, car le visage et les mains de la femme ne sont pas une ‘awra (nudité). Une règle reconnue chez les quatre écoles sunnites. Enfin, aucun verset du Coran ni texte de la sunna n’existe qui oblige le voile intégral à la femme musulmane.


Cameroun : mortalité maternelle, la tragédie silencieuse

Le déficit de professionnels qualifiés en soins obstétricaux ou encore le manque de structures d’accueil et de suivi de femmes enceintes ne permettent pas aux femmes du Cameroun d’accoucher en toute sécurité.

Imane et Ikrame, deux innocentes jumelles grandiront, et ne connaîtront jamais leur mère, morte en leur donnant la vie il y a quelques jours à l’hôpital régional de Garoua. Entre la douleur et la colère, les parents de la jeune Koultchoumi décédée à la fleur de l’âge sont inconsolables. Comme l’instruit la tradition musulmane, la jeune fille a été inhumée aussitôt. Cette dernière est décédée des suites de complications post-natales. Ces deux filles sont désormais entre les mains de leur grand-mère, un exercice loin d’être évident pour cette septuagénaire qui se voit ramenée bon gré mal gré à l’école de la maternité : « Je vais élever mes petites filles comme je l’ai fait avec mes propres enfants. C’est pénible à mon âge, mais l’amour d’une mère ne s’éteint jamais».

Au Cameroun, la mortalité maternelle est une tueuse silencieuse, mais à grande échelle : une femme meurt toutes les deux heures en donnant la vie. Soit 12 femmes qui décèdent chaque jour qui passe juste parce qu’elles ont voulu donner la vie ! La mort tragique de la jeune Koultcoumi comme celui d’autres milliers de femmes avant elle aurait pu être évitée si toutes les grossesses avaient été bien suivies et si tous les accouchements étaient sécurisés dans les hôpitaux camerounais. Ces derniers i s’apparentent à de véritables « couloirs de la mort » pour nos femmes.

Protéger la mère, c’est protéger le futur enfant. © Anna Kari

Selon des statistiques, en moyenne 7 000 cas de décès sont enregistrés au Cameroun chaque année, en raison notamment de l’insuffisance d’une prise en charge obstétrique de qualité et l’accès difficile aux soins de santé. Héritage négatif des plans d’ajustement structurels, le Cameroun ne comptait que 129 sages-femmes qualifiées en 2011. Selon les normes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il faudrait au minimum 5 400 professionnels pour prendre en charge dans les conditions acceptables, les millions d’accouchements enregistrés dans les hôpitaux du pays chaque année.

La mortalité maternelle se définit comme tout décès de la femme qui survient pendant la grossesse, l’accouchement ou les 42 jours qui suivent l’accouchement. Plusieurs facteurs peuvent justifier la hausse du taux de mortalité maternelle au Cameroun. On a les causes directes telles que les hémorragies, les infections, les éclampsies, le travail obstructif, les avortements clandestins. A cela s’ajoutent aussi des causes indirectes. Il s’agit notamment des pathologies aggravées comme le paludisme, le sida, les anémies. Certains évoquent également des facteurs socio-économiques à l’exemple de l’ignorance, la faiblesse des services sanitaires, la culture et la pauvreté. Notons également les coûts des prestations dans les hôpitaux qui demeurent encore élevés. La césarienne, cette opération qui consiste à faire accoucher la femme par voie haute en cas de complications coûte encore au moins 40 000 F CFA au Cameroun. Trop cher surtout quand on sait qu’au Bénin ou au Congo-Brazzaville par exemple l’Etat a instauré la gratuité de la césarienne (En 2009 pour le Bénin et 2011 pour le Congo). Des mesures qui portent déjà leurs fruits dans ces pays.

Pour le Cameroun en retard sur l’atteinte des Objectifs du Milliaire pour le Développement (OMD) dans ce domaine alors que nous avons atteint l’échéance de 2015, le défi s’annonce grand. D’ici 2018 le gouvernement camerounais veut réduire de 25 %, le nombre de décès lié à la naissance. Le 9 mai 2014 a été lancé à Yaoundé un Programme national multisectoriel de lutte contre la mortalité maternelle, néonatale et infantile chiffré à 30 milliards de F CFA par an pour sa mise en œuvre. Le 3 Juin 2015, le ministre de la Santé André Mama Fouda a procédé au lancement du programme chèque-santé en vue de la couverture sanitaire des femmes enceintes dans la ville de Garoua. Une batterie de mesures dont l’objectif est d’impulser l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant en rendant, entre autres actions préconisées, les soins obstétricaux disponibles à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Car comme l’a si bien dit la princesse Rabiatou Njoya, « Aucune femme ne devrait perdre sa vie parce qu’elle veut donner la vie. La vie est le bien le plus sacré […] Il ne peut y avoir renouvellement de la vie, si nous ne protégeons pas la mère, en rendant les accouchements plus sûrs. »


Cameroun – Sport équestre : Quand le cheval fait foule et fascine au Nord Cameroun

Une grande course hippique a rassemblée les grandes écuries du Septentrion ce weekend à Garoua, au Nord du Cameroun.

wp25fa40ae_05_00Plaisir et émotion étaient au rendez-vous du lancement de la 2eme édition du championnat national hippique 2014 – 2015 par l’Association du Club des amis du cheval, Cac Galop Cameroun, ce samedi 15 novembre 2014 à Garoua. Amoureux des chevaux, des courses et de la culture s’étaient tous retrouvés au stade municipal Ahmadou Hayatou afin de marquer d’une pierre blanche cet évènement mobilisateur à l’occasion duquel le stade hippodrome a été pris d’assaut par une foultitude de personne. Cette journée mettait en compétition les écuries de Garoua, Ngaoundéré, Maroua, Demsa, Dembo, Touroua et Bibémi. 49 chevaux au total on prit part aux quatre courses sur les distances de 1200, 1500, 1800 et 2000 mètres.

La première course d’une dotation de 119 000 FCFA, s’est courue sur une distance de 1200 mètres. Douze étalons étaient sur la ligne de départ. Au terme d’un duel de haut vol, c’est finalement Gargadjia (2) qui se hissera sur la première marche du podium, suivi de Bidi (9), Facture (12), Lamingua (3), et Tchekara Doubou (1). La deuxième course quant à elle, a connu la participation de treize chevaux, une dotation de 159000 FCFA pour une distance de 1500 mètres. Naim, l’étalon venu de Ngaoundéré a arraché haut la main la première place devant Adamaoua (10), Sergent Tchadien (13), Turkish (8) et Deby (1) ; respectivement à la 2eme, 3eme et 4eme place. S’agissant de la troisième épreuve, douze compétiteurs y prenaient part. Et sans grande surprise, le cheval Providence (5) a été le plus fort de cette épreuve couru sur les 1800 mètres. Les chevaux Harir (8), Kounfa Yakoun (10), Salam (6) de Demsa et Hercule (7) de Dembo se sont classés respectivement 2eme, 3eme et 4eme de l’épreuve. Pour la quatrième course, douze redoutables montures et leurs jockeys étaient sur la ligne de départ pour une dotation de 245 000 FCFA. Le cheval Touraki (4) a fait une démonstration de sa puissance devant les autres chevaux, en terminant premier de l’épreuve. Emergence, Zara, Mme Ambassadeur et Electronic viendront compléter le quarto gagnant de cette course.

Le côté culturel a été marqué par les prestations de quelques groupes de griots et des chanteurs de musiques tradimodernes qui ont régalé le public en liesse du stade hippodrome de Garoua. Le président du CACGalop Cameroun, Souaibou Bello Bah, qui n’a pas caché sa joie à l’issue de ce lancement, a par ailleurs indiqué que « cette 1ère journée inaugurale sera suivie de plusieurs autres compétitions équestres qui meubleront cette saison. Reparties en onze journées au total, les courses seront organisées respectivement dans les villes de Maroua, Garoua et Ngaoundéré. »

Hippodrome de Guider, quand les arbres font offices de tribune...Vip
Hippodrome de Guider. Quand les arbres deviennent des tribunes…Vip

Le cheval, un symbole millénaire dans le Septentrion

Les populations du Grand Nord Cameroun vouent un culte depuis la nuit des temps au cheval, cet animal de compagnie qui a été durant des générations un bien précieux et l’objet de multiples attentions dans les Lamidats du Sahel. Autrefois utiliser pour un usage guerrier, le cheval semble être devenu de nos jours un animal de parade pour les grandes fantasias organisées au gré des évènements qui meublent la vie dans les Lamidats. Certains l’utilisent pour des travaux champêtres. Tout de même, l’animal préserve toujours sa splendeur. Aujourd’hui encore, l’importance de son écurie demeure comme par le passé le signe extérieur de la prospérité du territoire d’un chef traditionnel appelé aussi « Lamido . Le Lamido de Demsa, localité situé non loin de Garoua, a d’ailleurs ouvert un musée du cheval dans sa propriété et entretien plusieurs chevaux. Le cheval est également l’objet de certaines croyances relevant de l’ordre du mystique. Contrairement à ce que l’on croit, les performances sportives d’un cheval ne sont pas toujours les critères les plus importants. Dans les grandes familles traditionnelles, l’achat du cheval se fait avec l’assistance d’un marabout ou un grand connaisseur. En effet, en fonction de sa robe, de ses apparences, de sa démarche et de son hennissement, un cheval peut protéger la famille des mauvais sorts, accroître la fertilité du bétail ou la prospérité commerciale de son propriétaire.

La fantasia, Une histoire entre le guerrier et le cheval

L’histoire de la fantasia naît dans le nord de l’Afrique c’est la rencontre entre l’homme et le cheval. C’est un terme qui désigne différents spectacles équestres traditionnels simulant les assauts militaires pratiqué essentiellement au Maghreb et dans les pays sahéliens parmi les populations musulmanes.

Fantasia du lamida de Guider

Dans la partie sahélienne du Cameroun, la fantasia est l’occasion de la démonstration de la puissance d’un Lamido lors des célébrations festives ou à l’occasion de la réception d’un dignitaire, ou d’un invité de marque dans la chefferie. Juchés sur des chevaux richement harnachés, des guerriers simulent un assaut brandissant épées et sabres et scandant la lignée du  Lamido, scandant des louanges en son honneur.

Griots du Nord Cameroun
Griots du Nord Cameroun


Burkina Faso – Transition : L’armée comme un cheveu dans la soupe !

Le lieutenant-colonel Zida a annoncé qu'il assumait le rôle de chef de l'Etat de transition au Burkina Faso. | Burkina24
Le lieutenant-colonel Zida a annoncé qu’il assumait le rôle de chef de l’Etat de transition au Burkina Faso. | Burkina24

Dans un communiqué lu ce dimanche 02 novembre 2014 par le Colonel Auguste Barry, l’armée à travers son porte parole burkinabè affirme : « Le pouvoir ne nous intéresse pas, seul l’intérêt supérieur de la Nation prime ». Tel un disque donc on maîtrise à la perfection le contenu, on a très vite envie de répondre qu’on connaît la chanson. Un refrain qu’ont fredonné en leur temps Moussa Dadis Camara en Guinée Conakry et Amadou Sanogo au Mali, deux militaires dont l’ivresse du pouvoir a fini par embrumer le cerveau. La suite on la connait, pour ces deux cas qui pensaient pourvoir abuser à satiété du pouvoir du peuple.

Pour être honnête, depuis l’annonce du renversement de Blaise Compaoré par la rue, j’avoue que j’ai commencé à cherché l’erreur dans cette révolution, un sursaut d’orgueil patriotique qui est à mettre grandement à l’actif du vaillant peuple Burkinabé. Des civils qui ont dû faire face aux balles sans gilets pare-balles, aux gaz lacrymogènes sans masques à gaz et à l’armée du dictateur déchu, les mains nues et avec pour seul bouclier le courage. C’est leur victoire. Une victoire acquise à coup de balais, de spatules et du sang versé.

Eurêka !! Après cogitation, l’erreur se dessine d’elle-même. Bien évidemment, ce sont ces militaires ! Soldatesque à la solde du régime et qui visiblement est décidée à conserver le pouvoir deux jours après la démission du président. Rien de surprenant jusqu’ici, car en vérité il fallait être sot pour croire que l’armée aurait déroulé le tapis rouge à un civil pour prendre les rênes du pouvoir. La situation est d’autant plus embarrassante quand on constate qu’un Lieutenant-colonel et un Général se disputent le pouvoir pendant que l’opposition n’a que sa voix pour crier à la confiscation du pouvoir. Ironique, j’ai même posé la question à un ami burkinabé à Ouaga sur Facebook :

– Qui est finalement le président de la transition au Burkina ?

– Un communiqué nous le dira, ou alors on verra qui de Zida ou de Traoré s’installera en fin de compte au palais présidentiel. En tout cas j’attends, m’a-t-il répondu.

Un pays, trois présidents en moins de vingt-quatre heures, entre vendredi 31 octobre et samedi 1er novembre 2014 ! Au-delà de la surprise, j’avais surtout honte. Honte car une fois de plus l’Afrique se livrait en spectacle. Une révolution si bien menée mais qui se termine en queue de poisson entre les différents acteurs. Bizarrement, comme en Égypte, un Abdel Fattah Al-Sissi, version Burkina, est sorti du lot et semble avoir sifflé la fin de la récréation. Le lieutenant-colonel Issac Zida, puisqu’il s’agit de lui, numéro 2 de la garde présidentielle, s’est autoproclamé chef de l’Etat, dans un communiqué diffusé sur les ondes d’une radio burkinabé. « J’assume les responsabilités de chef de cette transition et de chef de l’Etat pour assurer la continuité de l’Etat », affirme-t-il dans cette déclaration et il promet une transition « dans un cadre constitutionnel »

Des manifestants protestent contre l'accession au pouvoir du lieutenant-colonel Zida. Photo: AFP/Issouf Sanogo
Des manifestants protestent contre l’accession au pouvoir du lieutenant-colonel Zida. Photo: AFP/Issouf Sanogo

Et la société civile dans tout ce mélodrame ? Elle va devoir supporter encore une nouvelle fois le diktat des militaires héritiers de Blaise Compaoré, le temps d’une « transition », cette fameuse métaphore qui est en réalité une confiscation bien déguisée du pouvoir. Les militaires qui n’était pas attendus au bal, sont finalement ceux à qui profite le coup de balai citoyen. Trop occuper par les luttes de positionnement, personne ne parle des victimes, ceux qui ont été lâchement abattus par les soldats. Personne ne réclame justice pour ces pauvres victimes innocentes. L’Ebola politique fait des ravages.

Cet imbroglio au Burkina est surtout une leçon pour les partis d’opposition en Afrique. L’opposition burkinabé dans la précipitation, la guerre de leadership n’a pas compris que la « solidarité de corps » devrait plutôt primer car elle seule peut aboutir à la désignation d’un leader consensuel. Le nouveau Burkina Faso sera alors le fruit d’une concertation et d’une union de toutes les forces de l’opposition qui doivent faire bloc pour ne pas être prises au dépourvu et se faire voler « leur victoire » par les soldats de la 25e heure. Espérons seulement qu’au finish la volonté du peuple sera respectée et que les Burkinabé auront enfin un soleil radieux et sans tâche !


Otages de Kolofata et de Waza : Ils sont libres !

 

Après  de longs mois de captivité entre les mains de la secte islamiste Boko Haram, les 27 otages respirent l’air de la liberté depuis le samedi 11 octobre 2014.

Les otages chinois au départ de l'aéroport de Maroua samedi matin (crédit photo: Célestin Tabouli Succès)
Les otages chinois au départ de l’aéroport de Maroua samedi matin (crédit photo: Célestin Tabouli)

Scènes de liesse et moments d’émotion ce samedi 11 octobre dans la ville de Maroua, capitale de la région de l’Extrême Nord. Ici, l’on se réjouit de la libération des 10 otages chinois et les 17 camerounais détenus par le groupe terroriste Boko Haram et qui ont été rendus aux autorités camerounaises dans la nuit de vendredi à samedi à la frontière, dans un point frontalier en l’Etat du Borno et le Mayo-Sava. La nouvelle annoncée d’abord sur les réseaux sociaux tard dans la nuit par des journalistes et par certains proches des otages, a été ensuite confirmée dans un communiqué lu samedi matin sur les antennes de la radio d’Etat, la CRTV.

En mission commandée à Maroua depuis quelques jours, c’est au secrétaire général de la Présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh que les ravisseurs ont remis les 27 ex-otages. Ils ont été présentés à la presse à Maroua avant leur départ pour Yaoundé à bord du C130 de l’armé de l’aire camerounaise affrété spécialement pour la circonstance. Bien qu’amaigris par de longs mois de captivités, les ex-otages semblaient visiblement en forme. A leur arrivée à Yaoundé, ils ont été accueillis au bas de la passerelle, par leurs proches et de nombreux membres du gouvernement. Tous en larmes, les Chinois ne vont pas manquer l’occasion d’exprimer leur joie de respirer enfin l’air de la liberté, tout comme Madame Amadou Ali qui a fondu en larme dans les bras de son époux, le vice premier ministre.

Le lamido-maire de Kolofata après sa libération (crédit photo: Célestin Tabouli)
Le lamido-maire de Kolofata après sa libération (crédit photo: Célestin Tabouli)

Les dessous d’une libération d’otages

Comme lors de précédentes prises d’otages d’étrangers attribuées à Boko Haram, les autorités de Yaoundé n’ont fourni aucune indication sur les conditions de la libération des 27 otages. Le ministre de la communication Issa Tchiroma Bakary a laissé cependant entendre que « Le gouvernement à mis tous les moyens ». L’on sait également que député du Mayo Sava, Abba Boukar Malla, était au centre de la médiation entre le Cameroun et les ravisseurs. Ce « négociateur » avait auparavant joué un grand rôle dans les négociations pour la libération de la famille Moulin-Fournier, le prêtre français Georges, les prêtres italiens et la sœur canadienne. Par ailleurs, le sémillant journaliste Gubaï Gatama de l’œil du Sahel, pour sa part croit savoir sur sa page facebook que : « En échange, le Cameroun a entre autres, libéré des membres de cette secte détenus sur son territoire. » Il s’agirait d’une trentaines de prisonniers détenus dans les prisons camerounaises. Une information que corrobore le journal L’Oeil du Sahel dans sa parution de ce lundi 13 octobre. Le journal que dirrige Guibaï Gatama croit savoir que le gouvernement camerounais aurait versé « une rançon de 3,2 milliards FCFA versés à la secte dont 1,5 milliards FCFA pour les dix chinois.»

La Une de l'Oeil du sahel du 13 Octobre 2014
La Une de l’Oeil du sahel du 13 Octobre 2014

Dans la nuit du 16 au 17 mai, des hommes armés avaient attaqué un campement d’ouvriers chinois à Waza, où se trouve un parc naturel connu pour la richesse de sa faune, avant de tuer un militaire camerounais et d’enlever dix Chinois. Les autorités camerounaises avaient attribué le rapt au groupe islamiste nigérian Boko Haram, mouvement qui mène une insurrection dans le nord du Nigeria voisin depuis 2009.

Le 27 juillet, deux attaques simultanées, également attribuées à Boko Haram, avaient visé la résidence locale du vice-Premier ministre chargé des relations avec le Parlement, Amadou Ali, dont l’épouse avait été enlevée, et le Palais du Sultan de Kolofata, Seiny Boukar Lamine, qui avait lui aussi été kidnappé avec son épouse et leurs cinq enfants. Au moins 15 personnes avaient été tuées lors de ces attaques.

Les enlèvements à répétition d’étrangers dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun ont obligés les chancelleries occidentales à classé cette région dans la « zone rouge », dont à haut risque pour leurs ressortissants qui ont dû quitter la région. Les quelques téméraires encore présents sont basés à Garoua dans le Nord ou à Ngaoundéré dans l’Adamaoua. Le départ des occidentaux et l’impossibilité d’accueillir de nouveaux touristes ont donné un sérieux coup de frein à l’activité touristique et ses autres dérivés. Par ailleurs, du fait du kidnapping des 10 travailleurs chinois à Waza, le chantier routier entre Waza et Dabanga exécuté par une entreprise chinoise a été interrompu et le dossier renvoyé au calandre grecque.

Depuis le début du conflit opposant la secte Boko Haram aux forces de sécurité nigérianes et camerounaises, des milliers de Nigérians craignant les exactions de Boko Haram sont réfugiés dans l’est du Niger (une zone aride en crise alimentaire récurrente), mais également dans l’extrême-nord du Cameroun où plusieurs milliers de Camerounais des villages frontaliers sont quant à eux partis vers l’intérieur du pays.

 


Fête de l’Aïd-el-kebir au Nord : Boko Haram et Ebola au menu des prédications !

Dans les mosquées les prêches n’ont pas esquivées la menace Boko Haram et la propagation du virus Ebola. Vigilance et collaboration avec les autorités administratives ont été prescrites aux fidèles par les leaders religieux de part et d’autre de la région du Nord.

Le lamido de Garoua, Sa Majesté Alim Garga Hayatou, à la grande mosquée de Garoua.

Les fidèles musulmans de la région du Nord se sont retrouvés le samedi 4 octobre pour célébrer l’Aïd-el-kebir. Communément appelée Fête du mouton ou encore Fête de la Tabaski, c’est la plus grande fête de l’islam, après celle qui sanctionne la fête du Ramadan. A cet occasion, hommes, femmes et enfants de la région sont tous aller unir leurs prières adresser à Allah le tout puissant.

Rattrapé par l’actualité, la célébration de la fête de la Tabaski cette année n’a pas échappé aux sujets brulant de l’heure dans la partie septentrionale du Cameroun. Notamment, la lutte contre la secte islamiste Boko Haram et la propagation du virus Ebola, qui étaient inscrites au menu des prêches dans les différentes mosquées de la région.

Dans le canton de Lam par exemple, la fête de la tabaski a été célébrée dans le recueillement et la ferveur. Modibo Haman Aroumzani, Iman de la grande mosquée de ce canton situé dans le département du Mayo Louti a axé sa prédication sur la promotion des prières au profit des jeunes et des personnes âgées. Sa Majesté Célestin Singaï Kangou dans une communication spéciale a invité les fidèles à dénoncer tout individu suspect pouvant appartenir à la secte Boko Harama et à éviter tout acte susceptible de perturber la paix au Cameroun.

Dans le lamida de Demsa, à quelques kilomètres de Garoua, la fête de l’aid el kebir s’est déroulée dans le calme et la sérénité. Les fidèles musulmans de cette localité à la suite de l’iman Abdoulaye de la grande mosquée de Gashiga, ont aussi prié pour le Cameroun. Conscient de la menace qu’elle fait peser sur la paix sociale, le lamido de Demsa a réitéré tout l’engagement des populations de son lamidat à soutenir les autorités camerounaises dans leur bataille contre la secte islamiste Boko Haram. Il a également sensibilisé les populations sur la nécessité de scolariser les jeunes mais surtout adopter des comportements hygiéniques sains en vue de prévenir le virus Ebola, mais également le choléra et d’autres maladies hydriques.

À Garoua, capitale régionale du Nord, la prière s’est déroulée à la grande mosquée de Poumpoumré en présence du gouverneur, du gotha administratif de la région du Nord et avec un déploiement impressionnant des éléments de force de l’ordre et de défense. Ici comme à Maroua dans l’êxtrême-nord, l’on craint d’éventuels attentats suicides que pourrait perpétrer la secte dans ce lieu de prière où près de mille personnes s’étaient retrouvé. L’imam Abdoulaye Modibo Marafa qui dirigeait la prédication a dans sa prière invité les fidèles à s’abstenir de faire du mal. Alim Hayatou, lamido de Garoua, dans son message a recommandé aux populations la paix, l’entente et le pardon.

Du côté de Gouna dans l’arrondissement de Lagdo, la fête de la Tabaski a été marquée par la prière pour la paix au Cameroun. L’imam Modibo Issa Abba qui a rappelé à l’assemblée que c’est Dieu qui décide de tout sur la terre. Le lamido de Gouna, Sa Majesté Yaya Aboubakari, a saisi l’occasion pour inviter les fidèles à la préservation de la paix et la sécurité. Il leur a par ailleurs recommandé la patience, la tolérance et la prudence face aux manipulateurs qui tapit dans l’ombre veulent à tout prix déstabiliser la Cameroun.

Comme il est de tradition, un mouton a été immolé en sacrifice à Allah dans les différents lieux de prière. La fête s’est poursuivie dans les familles et autres lieux de réjouissance populaire.


Sommet Etats-Unis/Afrique : à chacun son sommet !

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Sommet Etats-Unis/Afrique : le secrétaire d’État John Kerry sermonne les dirigeants africains

Entre les sermons de John Kerry et les protestations des associations de la société civile, certains chefs d’Etat Africains en voyage aux Etats-Unis étaient entre le marteau et l’enclume.

Ce n’est pas chaque jour qu’un remue-ménage de la taille du sommet américano-africain se produit au pays du hamburger. Et pour cause, le président Barack Obama et son gouvernement accueillent pendant trois jours une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement africains, dont plusieurs foulent le tapis rouge de Washington malgré de mauvais bilans en matière de droits de l’homme. Les dirigeants africains, qui pour une fois ont eu plus fort qu’eux, se sont fait sermonner publiquement par le secrétaire d’État John Kerry: « Nous presserons les dirigeants de ne pas modifier les Constitutions pour leurs bénéfices personnels ou politiques », a-t-il déclaré. Ainsi, les Etats-Unis  qui ont légalisé la torture, les enlèvements, les arrestations et emprisonnements sans jugement, qui n’ont cessé de guerroyer sur tous les continents et de créer des monstres comme les terroristes islamistes veulent donner des leçons ? C’est le monde à l’envers ! « Qu’ils commencent par condamner les atrocités commises par Israël et balayer devant leur porte d’abord », a déclaré un chef d’Etat recalé.  Ne dit-on pas que la raison du plus fort est toujours la meilleure ? Qui parmi les chefs d’Etat présents à ce sommet pouvait riposter ?

Même si le secrétaire d’État a préféré ne pas évoquer de cas précis, notons cependant que parmi ces chefs d’Etat africains invités à ce sommet, certains s’illustrent par leur longévité au pouvoir, au point d’avoir privatisé le fauteuil présidentiel dans leur pays respectif. Il s’agit par exemple de la Guinée équatoriale, du Tchad, du Burkina Faso, de l’Angola, du Congo ou du Cameroun et de leurs indéboulonnables présidents Teodoro Obiang Nguema, Idriss Déby, Blaise Campaoré, Eduardo dos Santos, Denis Sassou-Nguesso et Paul Biya. Ce voyage aux Etats-Unis n’a donc pas été un fleuve tranquille pour certains chefs d’États africains. Outre la leçon de démocratie et de bonne gouvernance infligée à eux par John Kerry, ils ont également dû faire face aux  protestations de certaines organisations de la société civile.

Diaspora tchadienne : sit-in anti Déby devant la Maison Blanche

Présent à Washington  en cette occasion, les Tchadiens des Etats-Unis et du Canada ont protesté contre « le régime sanguinaire de Ndjamena, sa gestion clanique et sa diplomatie corruptive qui ternissent l’image et l’honneur du Tchad sur le plan international ». Toute la diaspora tchadienne était invitée le 5 août devant la Maison Blanche, à participer à cette journée de contestation contre la dictature, la corruption, les tortures et les éliminations physiques au Tchad. Pour Abdallah Chidi Djorkodei, président du comité d’organisation de cette protestation contre le président Déby : « Le tourbillon du Maghreb atteindra le Tchad pour libérer ses populations innocentes et victimes d’injustice et de répression ».

Manifestants tchadiens à New York
Sommet Etats-Unis/Afrique : manifestants tchadiens protestants contre le président Déby

Code et UFDC : Biya 32 ans au pouvoir c’est trop !

Le président camerounais Paul Biya a également goûté à la foudre des manifestants. Âgé de 81 ans et au pouvoir depuis 32 ans, le « chaud gars de Mvokmeka » qui avait ses quartiers au Four Season Hotel à Washington est sorti de son hôtel, le mercredi matin, dans une ambiance de confusion. Ce 6 août, en face de l’hôtel ses partisans et ses adversaires manifestaient. Une dizaine de membres du collectif des organisations démocratiques et patriotiques de la diaspora (Code) et de l’Union des forces démocratiques du Cameroun (UFDC) brandissaient des banderoles et des pancartes tout en criant, mégaphone à l’appui, des messages hostiles au président camerounais. Les manifestants ont également protesté devant le département d’Etat américain.

Manifestants camerounais à Washington
Sommet Etats-Unis/Afrique: manifestants camerounais à Washington.

Mon frère, il y a des jours où la fonction présidentielle n’est pas du tout un long fleuve tranquille. En plus du voyage et son côté « patate chaude », les chefs d’État africains ont dû s’accommoder, impuissants, des manifestants hostiles à leur pouvoir, et qui réclamaient leur départ des affaires. Faut pas se fâcher chers présidents, bienvenue au pays de la liberté d’expression !

 


Cameroun : les populations du Grand Nord sous le choc après l’attaque de Boko Haram

Après l’attaque de la ville de Kolofata, dans le nord du Cameroun, par les membres de la secte Boko Haram, c’est une population choquée et meurtrie qui témoigne cependant son soutien aux familles des victimes.

La nouvelle est tombée et a fait l’effet d’une bombe ce dimanche 27 juillet. « L’épouse du vice-premier ministre Amadou Ali enlevée au cours d’une attaque de sa résidence par des éléments de la secte Boko Haram. Le sultan-maire de Kolofata, Seini Boukar Lamine, son épouse, ses quatre enfants et sa nièce ont également été enlevés lors de cette attaque de Kolofata, faisant 16 morts. » 


Telle une traînée de poudre, la nouvelle s’est d’abord répandue sur les réseaux sociaux avant d’être reprise par les rédactions. Chacun y allant de sa version des faits, de son analyse et des commentaires de toute nature pour qualifier cette attaque « spectaculaire » qui survient dans une République où le chef suprême des armées et chef de l’Etat, Paul Biya, a déclaré la guerre à Boko Haram lors du sommet de l’Elysée, le 17 mai à Paris.

 Au centre de cette image le leader de Boko Haram, Abubakar Shekau.
Au centre de cette image le leader de Boko Haram, Aboubakar Shekau.

Des témoins affirment que l’attaque est survenue aux environs de 5 heures du matin dimanche. Les assaillants, lourdement armés, auraient d’abord attaqué le domicile du vice-premier ministre où sept personnes ont été tuées, avant de se déporter chez le maire de Kolofata où ils ont abattu quatre personnes.
Les témoins du drame font état de 16 morts et une dizaine de personnes enlevées. Des sources bien introduites indiquent par ailleurs que les assaillants étaient venus enlever le vice-premier ministre, Amadou Ali, et sa famille. Sur les raisons de cette attaque, les versions divergent.
L’Etat du Cameroun a réagi à travers la voix de son ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary dans l’après-midi du dimanche 27 juillet : « Il s’agit d’une agression brutale et d’une violence inqualifiable… Pour l’heure, nous ne disposons pas de toutes les données nous permettant de fournir une information plus complète sur les circonstances et le bilan exacts de cette attaque. » Une sortie médiatique « vide et moqueuse » de l’avis de nombreux Camerounais qui voient à travers cette communication de crise moyenâgeuse, une volonté du gouvernement de cacher la vérité à son peuple en tronquant les faits. Mais selon Oumarou Moktar, il s’agirait d’un problème de rançon promise et payée en partie aux terroristes. En effet, « les assaillants qui ont opéré ce matin avaient prévenu à l’avance l’entourage du vice-premier ministre qu’ils séviront ce week-end à Kolofata si jamais Amadou Ali ne leur restituait le solde de la rançon qui a abouti à la libération de la famille Laurent Fournier », affirme le président de la Jeunesse Arc-en-ciel du Septentrion et membre de la société civile.

               L'hebdomadaire L'Oeil du sahel - N° 622 du 29 juillet 2014
L’hebdomadaire L’Oeil du Sahel – N° 622 du 29 juillet 2014

L’émotion et la solidarité à l’égard des familles et des victimes…

Difficile de rester insensible face à une telle nouvelle. A Garoua, capitale du Grand Nord Cameroun, le sujet alimente toutes les conversations. Malgré le peu d’informations dont disposent les gens ici, l’on est tout de même sous le choc. La nouvelle de l’enlèvement a un peu assombri les festivités marquant la fin du jeûne du ramadan. Noura Sali Goni, l’épouse du sultan de Kolofata enlevée, se trouve être la fille de Elhadj Sali Goni, un richissime homme d’affaires basé à Garoua. Parents et amis se sont dont mobilisés à travers des prières afin qu’Allah lui vienne en aide ainsi qu’aux autres kidnappés, tout en saluant la mémoire des personnes civiles et militaires décédées lors de l’attaque. A Kolofata, la tristesse a pris la place des réjouissances le jour de la fête. La compassion a également gagné les réseaux sociaux où circule une chaîne de solidarité sur Facebook et sur Twitter.

Dans un contexte d’insécurité caractérisé par des attaques d’assaillants sur les villages de certaines hautes personnalités nordistes, de nombreuses élites du Grand Nord ont préféré ne pas rentrer pour effectuer la prière de fin de ramadan dans leurs villages respectifs comme à l’accoutumée. Ainsi, Bello Bouba Maïgari le ministre du Tourisme et leader de l’UNDP (Union nationale pour a démocratie et le progrès) ou encore le lamido de Moulvoudaye ont effectué la prière à Garoua. Amadou Ali a pour sa part fait sa prière à Maroua, les autorités lui ayant déconseillé de se rendre à Kolofata. La situation est extrêmement tendue dans la région de l’Extrême Nord, notamment dans les zones frontalières au Nigeria considéré comme une zone de refuge par les éléments de Boko Haram qui y multiplient des enlèvements d’étrangers, des attaques contre les militaires et les civils.

Boko Haram au Cameroun: Voici un petit résumé des attaques de la secte répertoriées au mois de juillet 2014 au Cameroun (Cliquer ici pour ouvrir le lien).