Barack Nyare Mba

Si j’étais une femme…

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Stephie Germanotta, une amie blogueuse gabonaise. C/P:Facebook.com/Stephie.germanotta

Après avoir lu l’article de la blogueuse Mireille Flore Chandeup dans lequel elle imagine ce qu’elle aurait fait si elle était un homme, une voix de la déesse Héra murmura à mon oreille me disant qu’il serait intéressant et instructif pour la gente féminine de m’imaginer le temps d’un article être une femme et dire ce que j’aurais fait ou pas en tant que tel. Une inspiration qui me parut d’abord farfelue mais tout compte fait je l’ai trouvée opportune.

…CE QUE JE NE FERAIS PAS

…Je n’élèverais jamais la voix sur un homme

Les femmes pensent très souvent que parce qu’elles élèvent la voix lors d’une discussion qu’elles ont raison. Je suis navré mais c’est tout faux. De plus cette façon de faire n’arrange pas les choses, elle les empire au point où l’homme se taie et sort prendre de l’air pour le repos de ses oreilles. Si j’étais une femme je n’aurais jamais élevé la voix sur mon homme par respect pour lui. J’aurais été calme, à l’écoute pour trouver une solution au problème au lieu d’en créer d’autres.

…Je comprendrais quand il ne rentre pas  pour travailler au bureau

La raison principale quand un homme dort loin de sa famille pour des raisons professionnelles est celle-ci : Bien faire son travail pour augmenter les revenus afin de subvenir pleinement aux besoins de sa famille. Comment reprocher à un homme une responsabilité aussi noble ? Si j’étais une femme je n’aurais pas eu des suspicions,  je voulais dire être jalouse quand mon homme reste au travail avec sa patronne pour travailler au contraire je serais compréhensive et sereine.

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C/P:inlandvalleynews.com

…Je serais heureuse d’avoir un autre bébé avec lui

En tant que femme africaine je suis sensée comprendre que les africains aiment avoir une grande progéniture car pour eux l’objectif est d’assurer la lignée. Comment pourrai-je refuser d’en faire un autre parce que je souhaiterai garder ma ligne ? Les salles de sport, un régime alimentaire et une hygiène de vie suffisent pour me redonner la forme après un accouchement. De toute façon en tant que femme, il n’y a rien de plus honorable et joyeux que d’avoir un énième enfant.

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Femme enceinte. C/P:dsr.sn

…CE QUE JE FERAIS

…Je comprendrais que les enfants ne suffisent pas pour être épousée

« Ils eurent des enfants se marièrent et vécurent très heureux »…Voilà une version africaine de la vie de couple. En effet en tant que femme moderne et attachée aux valeurs africaines, je pense qu’en dépit des années et des enfants que nous avons eus, plusieurs critères entrent en ligne de compte pour être épousée. Ma famille, mon comportement, mes ambitions dans la vie, ma vie de couple, ma façon de gérer le foyer, ma relation avec belle famille etc. Bref, autant de critères qui varient d’un homme à un autre. Le temps que je « perds » pendant ces 14 ans  de couple est le même que celui que perd mon ami, alors je devrais beaucoup plus penser à donner le meilleur de moi pour me donner toutes les chances.

…Je comprendrais qu’à chacun son bureau

Il est galant qu’un homme aide sa femme à faire le ménage ou certaines taches domestiques, toutefois nous en tant que femme devrons savoir que ce n’est point leur devoir mais le nôtre. Parce que le jour ou la plomberie aura un problème, nous ne les aiderons pas. Le jour où une ampoule sera grillée nous ne les aiderons pas, le jour où il faudra dépecer un animal ou abattre un arbre, nous ne les aiderons pas sauf par galanterie.

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…Je lui dirais que je l’aime

Comme l’amour est merveilleux surtout quand on le dit à la personne qu’on aime. Je le dit d’abord pour moi mais également pour lui témoigner mon amour. Ne dit-on pas que l’amour ne se dit pas mais se prouve. Alors à travers de petits gestes d’attention, des petits regards, de la bienveillance je le lui dis déjà ; C’est un genre de langage que seuls les amoureux comprennent.

A vous, femmes africaines que j’adore. Je vous laisse avec un classic gabonais de l’artiste Hilarion Nguema. Le titre est: Quand la femme se fâche.


Tour d’horizon du web après le #JeSuisFoutu #JeSuisMort

 

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Lors du journal Télévisé du lundi 23 Juin 2016 de GabonTélévison, une scène cocace dont nous sommes rarement témoins a alimenté toutes les conversations et suscité toutes les interprétations auprès des téléspectateurs mais surtout auprès des internautes.

Que s’est il passé ?

Pendant le journal de 20h la présentatrice donne la parole au Lieutenant Christel Mariem Moussodji pour lire une déclaration dont voici un court extrait :

« (…) Cette année le concours spécial d’entrée au Prytanée militaire de Libreville aura lieu le 25 Juin 2016 dès 7h au camp baraka de Libreville. Il s’agit d’une occasion singulière donnée aux jeunes gabonais des deux sexes pour poursuivre leur scolarité dans un environnement…épargné de grève. Mais également…Oh je suis foutu ! Je suis mort..Olala! »

C’est avec une expression grave sur son visage qu’il interrompit sa lecture pour dire « Oooh je suis foutu » suivi d’un rictus forcé. Son corps remuait comme si un insecte rampait sur sa peau sans parler de son regard qui cherchait une solution dans celui de la présentatrice. Il ajoute plus loin «  Oooh je suis mort…Olala ».

L’histoire est confuse. Certains disent qu’il a voulu improviser en parlant de grèves dans les établissements secondaires, avant de craindre des possibles représailles hiérarchiques. Or, à la fin du journal un colonel est venu lire la déclaration en parlant aussi de grèves. D’autres parlent de panique, de stress, d’autres de fétichisme et j’en passe. Je ne pourrai donner une explication à son acte toutefois je pense qu’il avait de bonne raison de le faire. Attendons une déclaration officielle des autorités compétentes.

Une déferlante d’interprétations a écumé les réseaux sociaux allant de la parodie, aux interprétations saugrenues en passant par les commentaires les plus apaisés.

 

1) SUR FACEBOOK

Yvann Yoann Sickout Iguendja

Sur son profil, l’auteur évoque le manque de respect des internautes à l’égard de ce soldat de haut rang, alors que nous devrions lui accorder notre soutien total. Une dénonciation qui trouva l’assentiment de plusieurs internautes.

Pahé est passé par là

Le célèbre caricaturiste gabonais n’a pas manqué cette occasion pour faire valoir tout son humour en parlant d’égalité des chances du Président Ali.

C!   Thybaut Adjatys

 L’activiste publie un poste qui renvoie à la remise en cause des élites de l’enseignement du Prytanée militaire. Sa publication n’a pas fait l’unanimité tant certains soutiennent l’idée du stress et d’une mauvaise préparation du Lieutenant.

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Flore Florzy Zita

La blogueuse parle de choc dans sa publication. Le choc au sens large du terme. Un choc pour l’armée, un choc pour la famille du lieutenant, un choc parce que cette histoire fait l’objet de moqueries. Un choc parce GabonTélévision n’a pas bien géré la situation.

 Cam Dibal Van Dibal et Coralie Padjis

Le jeune homme d’affaire et ancien grand rappeur et la danseuse pensent respectivement que la régie et la présentatrice pouvaient mieux faire afin d’éviter une séquence aussi dégradante pour le lieutenant.

Dafreshman Dafreshman

Le célèbre animateur de Urban Fm et de l’émission Le Dafresh Morning publie sur son profil que le Lieutenant à sûrement vu Chuck Norris. À ce moment, il s’est dit « Je suis foutu » . D’autres ont même dit qu’il a vu un esprit qui lui a demandé de sacrifier une personne et c’est à ce moment qu’il a dit « Je suis foutu…Je suis mort »

Citoyen Libre Gabon

Cette page d’activiste pense  que le Lieutenant aura besoin d’un psychiatre très bientôt et ajoute que nous aurons des explications lors de la cérémonie de promotion.

Il faut savoir qu’une page Facebook a même été créée dans la foulée en soutien au Lieutenant Moussodji, son nom : Soutien Au Lieutenant Moussodji. Jusqu’à publication de cet article, plus de 300 J’AIME étaient enregistrés. cliquez Ici

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  •  2) SUR TWITTER

Twitter n’est pas resté en marge de cette actualité. Les tweets étaient plutôt tournées vers la dérision et la parodie avec les hashtags #JeSuisFoutu et #JeSuisMort.

 @18Force

Ce tweettos pense qu’il ne faut pas en rire car cette histoire prouve selon lui la grande frustration et la peur qui règne au sein de l’armée.

@Dungeli_bonbon

La tweettos fait une dérision sur cette histoire : « Quand pendant le fight le gars se rend compte que la capote a pété »#JeSuisFoutu

@TracyDebs

La tweettos entre dans la danse : « Quand elle t’appelle et te dit Bébé il faut qu’on parle » #JeSuisFoutu

Elle tweet encore : « Quand tu dis que t’as rien à cacher et ton mec demande ton téléphone pour voir » #JeSuisFoutu

@OssingaG

Le jeune homme tweette : « Lorsque ta nga dit qu’elle a un retard » #JesuisFoutu

@241Flow

Le jeune Tweetos publie : « Quand tu fais le mur et que 2h plus tard en plein dans le show tu reçois un message de maman qui dit : Il faut dormir où tu es » #Jesuisfoutu

@Mbanyare

Le blogueur tweet : « Quand tu es limogé d’une société pétrolière à Port-Gentil alors que tu payais un loyé de 300.00FCFA avec 3 enfant »#JesuisFoutu

Comme vous pouvez le constater, la toile s’est emparée de cette histoire pour en faire ses choux gras.

  • 3) SUR WHATSAPP

Sur ce réseau social très répandu, un fictif communiqué du Ministère de l’intérieur circule, le Voici :

 Communiqué du Ministère de l’intérieur

« Compte tenu de la recrudescence des publication sur les réseaux sociaux du dérapage du Lieutenant, les forces de Police Nationale et de la Gendarmerie, informent l’ensemble des populations qu’un contrôle d’identité aura lieu dès demain. Si vous n’avez pas vos papiers, vous-même là-bas, vous êtes foutu, vous êtes morts. »

Ce n’est pas tout, une fictive conversation entre le Lieutenant et une personne circule également sur ce réseau social.

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  • 5) LES INFOGRAPHES NE SONT PAS EN RESTE SUR LES RESEAUX SOCIAUX

Plusieurs montages ont également été élaborés pour cette histoire qui a littéralement inondée les réseaux sociaux. Voici quelques images téléchargées sur la toile.

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Des Tee-shirt estampillés Je suis foutu Je suis mort. C/P Facebook
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Un prétendu procès du Lieutenant dont les juges sont le Président Ali et son Directeur de cabinet. C/P: Facebook

 

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Je suis Mort Je suis Foutu à la Une d’un journal fictif; C/P: Facebook

 

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Print Je suis foutu. C/P: Facebook

Je n’ai pas d’avis sur cette affaire. Je ne pourrais pas donner d’explication à son acte. Toutefois, je pense qu’il avait de bonnes raisons de le faire. Attendons une déclaration officielle des autorités compétentes.

Vivement que cette histoire prenne fin.


Portrait de Charly Tchatch, le créateur du Tchatching

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C’est sous une chaleur digne d’une fournaise que j’ai rencontré  un artiste pas comme les autres nommé Charly Tchatch. Je ne dirais pas qu’il est différent mais plutôt particulier tant l’originalité de son genre le positionne dans une catégorie encore inexistante sur la scène artistique nationale. Toujours coiffé de son chapeau noir et d’une veste de même couleur, Charly tchatch et moi décidons de faire l’interview dans une imprimerie où il se rendait au quartier Ancienne Sobraga. C’est avec amitié et humeur chaleureuse que nous entamions cette interview longuement attendue.

Esprit Africain : Quand je vous dis « Consonnes et syllabes »

Charly Tchatch : Ce sont des lettres et des sons qui ont une importance capitale pour une langue que j’ai créée qui s’appelle le Tchatching qui est simplement un mélange de consonnes et de syllabes qui ne respecte pas la logique de la syntaxe de la langue française et anglaise. C’est dans ce mélange que je trouve mon inspiration pour m’épanouir en musique, et avec ma voix j’essaie de transmettre une émotion. En somme consonnes et syllabes sont l’essence même du Tchatching.

Esprit Africain : Émotion ou message ?

Charly Tchatch : L’émotion va dans la conscience de l’individu pour produire un message. Je n’ai pas envie de me poser en donneur de leçon ou en prophète, j’ai juste envie de transmettre une émotion, laisser parler ma gestuelle, laisser parler mon ressenti, ainsi ceux qui me regardent arrivent à ressentir  à partir de ces éléments ce que je veux transmettre

Esprit Africain : Innovation ou reproduction ?

Charly Tchatch : (le regard rivé vers le ciel) Innovation et reproduction ? Je ne vais pas dire que je reproduis, je suis dans une coloration, Jazz  blouse soul RnB et opéra, qui sont des styles de musique qui existent. L’innovation vient du fait que les artistes chantent des morceaux que tout le monde comprend alors que moi je chante des morceaux que personne ne comprend mais dont tout le monde à besoin parce que ca produit de l’émotion. Toutefois il arrive que dans mon style de musique tchaching je peux employer des mots en français pour véhiculer un message aux jeunes. Innovation oui parce que je chante ce que personne ne comprend. Reproduction oui également parce que je chante sur des styles connus.

Esprit Africain : Hans Charly vs Charly Tchatch ?

Charly Tchatch : (il soupire) Hans charly évidemment comme vous le savez je suis très attaché à la parole de Dieu. Nous sommes dans un monde où certains sont musulmans, chrétiens, bwitistes (rite traditionnel gabonais). Quand on lit l’histoire de la Bible, on y apprend que Jésus avait choisi de nouveaux noms à ses disciples pour l’accompagner dans son ministère. Ok ! Et moi je me suis assis et remarqué que la plupart des artistes au monde choisissent des noms qui correspondent à leur personnalité artistique. Les prénoms donnés par mes parents sont Hans charly. Déjà Hans en allemand veut dire fort et Charly c’est quelqu’un qui a le sens de l’organisation. Donc quand j’ai découvert mon talent de prise de parole en public et la grâce que Dieu m’a donnée en me dotant de la voix parlé et la voix chantée, j’ai décidé tout simplement de me nommer Charly Tchatch. Voilà ! (rires)

C/P: facebook/charly tchatchEsprit Africain : Koulamoutou, peinture, Port-Gentil ?

Charly Tchatch : Koulamoutou, peinture, Port-Gentil (éclats de rires)…Je vais commencer par la peinture. En fait c’est en rapport avec mon père qui était peintre mais aussi grand joueur de football notamment un grand gardien. D’ailleurs c’était un grand ami à Germain Mendome (ancien gardien célèbre de  l’équipe nationale de Football). Je tiens ma passion de lui, quand je joue au foot je suis aussi gardien mais pas aussi bon que lui (rires). Koulamoutou c’est la ville où j’ai eu la chance d’apprendre et de grandir. Ok, j’y ai fais de la 6ème à la Terminal avec ma mère qui y était affectée en tant qu’enseignante. J’ai eu la chance de grandir dans cette ville car j’ai été épargné de beaucoup de choses. Koulamoutou m’a vraiment protégée, c’est pourquoi je garde un bon souvenir de cette ville.

Esprit Africain : Tu y as fais un tour depuis lors ?

Charly Tchatch : Oui mais ca fait trois ans, c’est à cause des activités que je n’y vais pas trop souvent. Le troisième mot était Port-Gentil !?  C’est la ville où je suis né, mon papa est de Port-Gentil, mam maman est également née à Port-Gentil, sauf que je n’y ai pas grandi mais plutôt à Koulamoutou.

Esprit Africain : La jeunesse ?

Charly Tchatch : Alors, la jeunesse est une partie de la société qui a une place de choix chez moi. Premièrement parce que je suis jeune, deuxièmement parce que je suis convaincu que c’est la jeunesse qui est à même d’assurer le développement d’un pays. Quand les revendications des jeunes ne sont pas prises en compte, quand elle n’est pas écoutée, quand on ne met pas un certains nombre de mécanismes pour qu’elle s’épanouie et bien il clair que dans ces conditions la société va droit au mur. Donc la jeunesse est le catalyseur de toute société éclairée ou qui se veut être éclairée pour ne pas plonger dans la pénombrité. La jeunesse c’est l’essence de ce que je fais, il faut que les jeunes prennent conscience du talent qu’ils possèdent. Il n’y a pas que des diplômes dans la vie, ni Chritiano Ronaldo ni Aubameyang n’en n’ont eu besoin pour réussir mais plutôt leur talent. C’est ça, les jeunes doivent prendre conscience de leur talent.

Esprit Africain : Le monde des médias

Charly Tchatch : Olala ! C’est un monde qui me passionne ! Pour la petite histoire, quand j’étais à koulamoutou en classe de 4ème Monsieur Thieryl Mbina était venu animer son émission « C’est Show devant » au CDI Paul Kouya. Ma mère ne me laissait jamais sortir mais ce jour-là elle le fit. J’étais vraiment fasciné par la façon de présenter de Thieryl Mbina, et à la fin je me suis approché de lui pour lui : « Monsieur  j’aimerai faire la télé avec vous un jour » et il m’a dit que nous ferions la télé ensemble quand je viendrai à Libreville. Quelques années plus tard, je suis à la télé pour représenter une artiste dans l’émission de Thieryl Mbina. Ma prestation sur le plateau était tellement réussie qu’il demanda à l’assistance de m’acclamer.  A la fin il est venu me proposer d’intégrer son équipe « Week-end loisir ». Ce n’est que 8 mois plus tard que je lui ai dis qui je suis et là il était content et surpris. Je pense que tout vient de là, tout est parti comme ça. J’aime la télé, être devant les caméras.

Esprit Africain : Le plus beau souvenir ?12006104_1128057847222444_1285210661063651422_n

Charly Tchatch : Le plus beau souvenir c’est…. (Il réfléchit)… c’est le New York Forum Africa (NYFA). Ce n’était pas prévu que je chante parce que je n’étais pas connu car n’ayant aucun album sur le marché ni même un clip. J’aime bien cette citation de moi : « Osez l’action et devenez influenceur ». J’ai osé en demandant le micro à l’un des organisateurs pour chanter une minute avant la clôture du forum. Après une longue négociation il accepte de me présenter à Monsieur Richard Attias, l’organisateur du forum. Celui-ci accepte et m’annonce auprès du maitre de cérémonie. C’est ainsi que  je me retrouve sur la scène  du NYFA, c’était comme un rêve, une consécration. Il faut toujours oser dans la vie, quand on a un rêve il faut rêver !

Esprit Africain : Et enfin l’avenir ?

Charly Tchatch : Je mets l’avenir entre les mains de Dieu. Je ne suis pas un homme fermé mais ouvert. Vous pourrez me retrouvez dans le monde de la communication, dans la musique ou dans la restauration. Comme l’arc-en-ciel j’ai plusieurs couleurs pour faire du beau.

Je vous laisse avec un best-of de ses prestations


QUATRE RAISONS POUR FAIRE DU BLOGGING

C/P: blog.act-on.com

Ne jamais dire « Je ne ferai jamais une entorse à ma ligne éditoriale ». En effet, pour les besoins d’une nouvelle émission dénommée « Le Grand Bandja »  sur GabonTélévision, je vais faire une exception en répondant à quatre questions posées par la charmante chroniqueuse Rufina au sujet du blogging et de mon engagement à travers ce moyen d’expression. C’est parti !!!

1) Comment t’es venu l’idée de créer un blog?

L’idée m’est venue lors d’une conversation avec des amis à Dakar. Nous débattions tous les jours sur les sujets d’actualité, l’Afrique, le Gabon, les faits de société, entrepreneuriat etc. A la suite des conversations, je remarquais que celles-ci se limitaient seulement entre nous et rien n’était fait ensuite. Du temps perdu en fait! Très porté sur le numérique, je décide de créer mon premier blog en 2012 : www.nouvelleconscience.blogspot.com . Ensuite je décide d’aller plus loin en mi 2013 en participant au Concours des meilleurs blogueurs Francophones organisé par RFI-Mondoblog avec le blog ESPRIT AFRICAIN. Un concours dont je fus lauréat et qui m’apporta une connaissance importante sur le blogging lors de la formation avec RFI à Abidjan en 2014.

2) Qu’est ce qui t’inspire pour tenir ton blog ?

L’observation de la société et ses comportements. En effet, pour mieux traduire ou retranscrire ce que l’on voit il faudrait avoir la capacité de bien observer ceux qui nous entourent. L’actualité africaine et gabonaise également est une grande source d’inspiration. Parfois je la commente et l’analyse parfois elle m »inspire d’autres sujets. Il y a aussi ma condition de vie, mes réalités, mes rapports humains qui me donnent aussi de l’inspiration.

3) Pour toi qu’est-ce qu’un « bon » blog?

Un bon blog est celui qui respecte sa ligne éditoriale. C’est celui qui reste fidèle à l’idée fondatrice même du blog. Un bon blog c’est celui qui est mis à jour à temps régulier. Un article par semaine ou toutes les deux semaines ou une fois par mois, surtout quand le blog n’a pas encore de notoriété. Un bon blog est celui qui apporte de la valeur ajoutée aux lecteurs. Quand un internaute finit de lire un article, il doit en repartir enrichi, satisfait, instruit. Je crois que nous devons tous contribuer à l’émancipation des internautes en partageant ce que nous savons sur tous les sujets.

4) Sur un plan personnel, que t’apporte ce blog?

Ce blog m’apporte beaucoup, certains penseront à l’argent mais pas encore. Il m’apporte beaucoup de connaissances, il m’ouvre des portes aux lieux que je n’avais jamais fréquenté avant de devenir blogueur. Il me fait rencontrer beaucoup de personnes super intéressantes, ceux qui cherchent à bouger les lignes, à créer, à innover. Une génération de gabonais  et d’africains qui croit en elle-même et en ses capacites. Il m’apporte du satisfecit, les commentaires des lecteurs, les encouragements, les félicitation mais aussi du respect. Autant de choses qui me poussent à faire mieux. C’est pourquoi dans bientôt vous aurez une nouvelle version plus complète de ESPRIT AFRICAIN.

Merci


  » JE SUIS EN COUPLE MAIS PAS COMME CELA S’ENTEND  » 

 

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C/P: lebabi.com

Des amis assis dans un bar appelé CNAMGS pour ses prix abordables, sont entrain de consommer de la bière après la journée de travail. L’ambiance est bon enfant, les sujets se succèdent comme les bières au fur et mesure que le temps passe. Parmi les sujets, un captive l’attention de la grande majorité des hommes présents autour de la table : les femmes, il s’agit de celles appelées « affectueusement » les « petites ».

De tous les sujets abordés aucun n’est aussi intéressant et captivant que celui-ci car procurant le même plaisir que celui ressenti sur un lit avec la « petite ». Face à ce sujet la politique n’est qu’une vue de l’esprit, la famille encore moins à cause des différents problèmes qui s’y trouvent, les projets restent enfouis dans le subconscient de tout un chacun, le travail on en parle plus la journée est finie. Que reste t-il alors ? Les « petites ».

Il faut savoir qu’en parlant de « petite » je parle bien évidement de maîtresse, celle avec qui on trompe sa femme ou sa compagne qui attend sagement son homme à la maison après lui avoir cuisiné son plat préféré.

J’ai fais à mes dépends un constat assez troublant dans notre société gabonaise. Les gabonais ont difficilement une seule personne avec qui ils sortent ou partagent leur vie. L’homme marié qui travaille aura presque toujours une ou deux « petites » qu’il gère savamment. Je ne sais pas si c’est une fatalité ou un karma, de toute façon les choses semblent établies de la sorte ici. C’est devenu comme une règle non écrite, un code pour prouver une pseudo virilité ou peut être l’expression d’une pauvreté d’esprit, j’en sais trop rien.

Du collège au bureau en passant par l’université, tout le monde sinon la grande majorité semble se ruée vers ce chemin qui mène entre les cuisses de la « petite ». Ici et là on entend : « La go là est trop bonne hein…j’ai envie de démarrer ça !!» ou encore : « Hier j’étais avec la go là au Motel, je l’ai abîmée hein !! ». Autant de choses qui me laissent perplexe et dubitatif d’autant plus que les férus de ce sport d’un nouveau genre s’efforcent à collectionner et à brandir fièrement leurs différents trophées sexuels.

Il est des moments où il semble difficile de croire que les gabonais souffrent quand on voit leur rythme de vie. A croire qu’ils ont l’information sur la date du jugement dernier raison pour laquelle ils mènent une Vie à Grande Vitesse.

Plusieurs gabonais mariés ou vivant en couple et ayant un travail stable ou pas, louent à leur « petite » des appartements avec une sorte de pension alimentaire pour leurs besoins mensuels. D’ autres au lieu de leur louer des appartements, leur versent un montant substantiel proportionnel à la beauté et/ou aux formes envoûtantes de la « petite ».

Quand certains vont en mission à l’étranger, ils emmènent leur « petite » dans l’objectif de se procurer un plaisir semble t-il inexpérimenté avec leur femme ou compagne. D’ autres vont plus loin, ils entretiennent même des relations particulières avec la famille de la « petite » qui le considère comme étant le compagnon officiel de leur fille sachant qu’il est marié ou vit en couple. Tout cela pour miroiter la « petite » afin de la conserver pour soi et profiter seul de ses bons plaisirs.

Le portrait robot de ces « petites » est celui-ci : Jeune femme de la trentaine ou quarantaine qui est généralement plus jeune que sa « rivale », elle est étudiante ou employée d’une société de la place ou dans l’administration publique. Elle est exigeante, sûre d’elle, de sa beauté et/ou de ses formes physiques, très ambitieuse pour sa réussite, elle utilise tous les stratagèmes pour arriver à ses fins. Elle rêve de Paris, Dubaï, d’une belle maison et d’un 4X4 full option comme sa copine.

La plus part d’entre elles acceptent cette sorte de rivalité avec la titulaire en échange l’homme lui procure ce dont elle a besoin. C’est une sorte de contrat négocié implicitement avant ou après la partie de « jambes en l’air ». Certaines plus gourmandes et désireuses d’avoir une vraie vie de foyer incitent ces hommes à divorcer ou fomentent des plans pour détruire leur mariage ou concubinage. Une perfidie qui finit souvent dramatiquement.

Deux types de situation se présentent chez cette catégorie d’homme. Le premier est l’homme marié qui s’occupe parfaitement de sa famille, donne à sa femme tout se dont elle a besoin ainsi qu’aux enfants sauf la disponibilité l’amour et la fidélité. Pour eux tout se résume au matériel, ils considèrent à tord que c’est suffisant pour le bien-être de la famille.

Le second est celui qui ne s’occupe pas de sa femme, abandonne la maison conjugale et ses enfants pour s’installer chez sa « petite » qui profite de tout son argent. Pour ceux-là l’herbe est toujours plus verte ailleurs, ils semblent rechercher quelque chose qu’ils ne trouveront jamais. Un genre de Don Quichotte qui se bat contre les moulins à vent.

Certains me diront que ce comportement n’est pas l’apanage des seuls gabonais, d’autres peuples se comportent de la sorte. Je leur dirai qu’en dépit de cela, je ne vois pas en quoi cela justifierai ces comportements déviants. Il semble que lorsqu’ on décide de se mettre en couple c’est par choix et non par contrainte.

Nous ne sommes pas des hommes parfaits mais perfectibles donc capables d’être meilleurs surtout quand on est chef d’une famille et ayant des enfants en responsabilité. Quel exemple donnent-ils aux enfants si ce n’est les inciter à faire de même avec leurs futures femmes ?

La famille est la base de toute société, en dépit des milliards que l’Etat peut allouer au Ministère de l’éducation nationale pour l’instruction des enfants, il va sans dire que l’éducation que donnent les parents joue en rôle primordial dans la construction d’un citoyen responsable.

La société gabonaise est gravement malade, elle souffre de plusieurs maux et vit dans un vice né sur le lit de la pauvreté et de la recherche effrénée de l’argent et du matériel.

Que chacun assume ses responsabilités. A bon entendeur, salut.

 

 

 

 

 


JE VOUS INVITE A DIEUPPEUL

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Dieuppeul vu d’un coté. @mbanyare

Par amour pour ce quartier et pour ses habitants, j’ai décidé de republier cet article afin de les remercier pour leur hospitalité.

Les Nigérians disent « travel and see » en Français on dirait « voyage et tu verras ». C’est une citation pleine de sens car effectivement le voyage est une incroyable découverte.  Je suis persuadé que la compréhension du monde et de ce qui le compose ne peut se faire uniquement chez soi.

Si  un jour  vous avez la possibilité ou l’opportunité de voyager que se soit dans votre pays ou à l’étranger, faites-le et vous en  reviendrai riche. Promis!

Depuis 5 ans maintenant je vis dans un quartier de la ville de Dakar appelé DIEUPPEUL.  C’est un quartier cosmopolite où règne une ambiance prompte à la cohésion, au mélange et à la tolérance.

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Vue du balcon, des talibés Baye Fall en train de récolter la dîme. @mbanyare

De mon balcon qui donne sur la chaussée, je suis spectateur privilégié d’une pièce de théâtre que m’offrent  quotidiennement les « Dieuppeulois » et ceux qui traversent le quartier. Les klaxons matinaux des bus de la société DAKAR DEM DIKK (DAKAR VA ET VIENT) et ceux d’autres véhicules sonnent le début du balai.

Accompagné de ma tasse de café et de ma clope, je regarde du haut de mon étage les élèves qui marchent vite pour arriver tôt à l’école, les travailleurs en voitures ou qui arrêtent des taxis, les étudiants qui attendent les bus très souvent bondés de monde.

Pour ceux qui n’ont pas de voitures, les transports en commun existent pour sortir du quartier. Les bus de DAKAR DEM DIKK (150 FCFA), les bus TATA et les « RAPIDES » (minimum 50FCFA) et les taxis (minimum 500FRCFA).

Les rues et les ruelles du quartier sont goudronnées et bien aménagées. Des arbres sur les allées pour faire de l’ombre quand il fait chaud, des bancs publics pour profiter des courants d’air. Les soirs quand je cherche l’inspiration je me rends dans l’un des espaces aménagés par la Mairie pour passer le temps et côtoyer d’autres personnes avec qui on discute sur l’actualité ou des histoires du quartier.

A DIEUPPEUL il y a plusieurs églises et Mosquées. Le Vendredi les musulmans vont paisiblement à la prière idem pour les chrétiens le dimanche. Lors des fêtes religieuses, les invitations  et les présents sont réciproquement échangées. Comme quoi on peut ne pas être de la même religion et vivre ensemble.

Des « Dieuppeulois » comme moi  ne sortent pas trop de leur quartier pour faire les achats. On y trouve la plupart des commerces :

Les boutiques sont à chaque coin de rue, boulangeries et pâtisseries nous régalent en friandises, des pharmacies et cliniques (clinique RABBI), restaurants, prêt-à-porter (Nara Boutique), et des bars comme chez Prospère qui font vibrer les Dieuppeulois le week-end.

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Une écailleuse du marché Castor. @mbanyare

Le principal marché est celui de Castor, c’est celui où toutes les femmes vont faire les courses pour le déjeuner de 14H. C’est un milieu très effervescent. Plusieurs petits boulots y sont exercés : Vendeuses sur étables, écailleurs et écailleuses de poisson, pousse-pousse, vendeurs à la sauvette.

Dès 5h du matin des camions chargés viennent livrer les produits frais aux commerçants. Ce sont les choux, carottes, poivrons, légumes, poisson, viande, poulets etc. Avec des amis (es) nous y allons le dimanche pour acheter du poisson pour concocter un bouillon bien pimenté à la Tyson (Nom d’un grand lutteur donné à un type de piment). Rien de mieux pour nous requinquer après un samedi mouvementé chez Prospère!

La sécurité est bel et bien assurée à Dieuppeul. Il y a un commissariat qui couvre le quartier et ses environs avec une caserne de sapeur-pompier.

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Lors d’un match de basket avec des amis.@mbanyare

Le sport n’est pas absent des installations. Plusieurs terrains de football et de basket, un terrain de pétanque, des salles de gym et de musculation. Des compétitions y sont organisées régulièrement rassemblant ainsi tous les jeunes autour du sport.

Spectateur et acteur en même temps,  je participe aussi à cette pièce de théâtre en fréquentant mes amis Sénégalais et d’autres nationalités du quartier, j’assiste aux mariages baptêmes et décès pour marquer mon attachement aux gens du quartier qui m’ont accueillis bras et cœur ouverts.

Au Gabon mes proches m’appellent maintenant le Sénégalais, tellement j’ai adopté certaines de leurs habitudes et expressions. L’esprit africain c’est aussi cela, s’adapter quelques soit le pays car au fond nous vivons les mêmes réalités et partageons les mêmes valeurs. Bon séjour à Dieuppeul.


LE GABONAIS SOUFFRE T-IL DU SYNDROME DE STOCKHOLM ?

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montage Barack Nyare Mba

On a coutume de dire que «  Chaque peuple mérite ses dirigeants ». En effet, le peuple mérite ses dirigeants car c’est lui qui les choisit dans une démocratie tout comme dans une dictature. Dans une démocratie le choix se fait par le vote, mais dans une  dictature il se fait par le renoncement.

On reproche très souvent aux Gabonais d’avoir ce comportement défaitiste et égocentrique qui les enferme dans la caverne d’oppression d’un régime qui a vu naître et mourir de nombreux quadragénaires qui n’ont connus que le régime en place. D’ailleurs une nouvelle génération est née et grandit  et peut être mourra elle aussi avec ce même régime.

Bref, je disais que ce comportement défaitiste et égocentrique qui pour certains semble être naturel et pour d’autres acquis par la force de l’oppression, nous empêche de prendre le taureau par les cornes pour enfin avoir notre avenir en main.

De mon point de vue aucun peuple n’accepte l’oppression de son propre chef, nous sommes tous habités par ce besoin de liberté qui nous pousse dans nos derniers retranchements pour l’obtenir ou la préserver. Mais pourquoi dans ce cas le gabonais accepte-il passivement cette oppression alors qu’il sait combien elle est nuisible ? D’ailleurs il semble développé de l’empathie et de la sympathie pour son oppresseur, à croire que nous souffrons du syndrome de Stockholm.

Il faut savoir que le syndrome de Stockholm désigne le phénomène psychologique observé chez les otages ayant vécu durant une période prolongée avec leurs geôliers et qui ont développé une sorte d’empathie voir une sorte de sympathie vis-à-vis de ceux-ci.

Qu’est ce qui explique ce phénomène paradoxal chez le gabonais? Je crois que la méconnaissance de soi, de ce qui caractérise même la nature du gabonais en sont l’une des explications.

En effet à l’école on nous a appris un seul pan de notre histoire. Il s’agit de celle de ceux qui ont collaboré avec l’oppression c’est-à-dire les colons et omis volontairement celle de ceux qui ont lutté contre cette même oppression. Je veux parler de Nyonda MAKITA, Emane Etoule, Wongo, Bombè. Pas grand chose n’est également racontée au sujet de ceux qui ont lutté contre Léon Mba c’est à dire Jean Hilaire Obame, Kassa Mapsi, Gondjout voir même les putschistes du Coup d’Etat manqué de 1964.

La connaissance de son histoire renforce la personnalité d’un peuple par contre sa méconnaissance l’affaiblit.  C’est le cas du gabonais. Ainsi nous avons grandi au fil des années avec cette culture de collaborer inconsciemment avec l’oppression en étant dépourvu de la capacité de lutter contre elle.  Résultat nous développons même de la sympathie pour nos geôliers. En somme nous sommes souffrants.

La deuxième explication est selon moi la déception qui est née de l’histoire politique contemporaine. Plusieurs tentatives populaires pour le changement de régime ont vu le jour mais n’ont malheureusement pas connu le succès escompté.

En 1993 Mba Abessolo mène une opposition radicale avec le soutien d’une grande partie du peuple. Aux portes du pouvoir il fait une volte-face qui fut un coup de massue pour les gabonais. Ce fut une grande déception pour le peuple.

En 1998 Pierre Mamboundou mène à son tour l’opposition, malgré sa bonne volonté il ne parvient pas à renverser démocratiquement le régime à la suite d’un consensus post électoral.

En 2005 aucun homme politique n’a la carrure pour renverser  démocratiquement le régime en place malgré la candidature de Pierre Mamboundou pourtant populaire. Une énième déception pour les gabonais.

En 2009 le président Bongo décède et les élections anticipées sont organisées. Une fois encore, malgré les candidatures du sulfureux André Mba Obame et du cacique Pierre Mamboundou, l’opposition n’arrive toujours pas à prendre le pouvoir en dépit de tout ce qui a pu se dire autour des résultats. Sans oublier la volte-face d’Oye Mba qui avait retiré sa candidature le jour  même du vote. Nouvelle déception.

Ajouter à ce rappel historique il y a les va-et-vient entre l’opposition et la majorité de certains hommes politiques pour bien entendu profiter des avantages du pouvoir.

En somme ce sont là quelques éléments qui entravent l’engagement des gabonais pour un changement véritable. Il est clair qu’il existe une véritable  crise de confiance et de suspicion entre le peuple et ses dirigeants. Ils sont vus comme des personnes malhonnêtes cherchant à préserver leurs privilèges, à accéder à la richesse ou à la conforter pendant que le peuple souffre. Résultat chacun s’occupe de soi à son niveau.

Le Gabonais est une personne trahie par non seulement ses gouvernants mais aussi par les leaders de l’opposition qui n’ont respectivement pas tenu leurs promesses pour des convenances personnelles ou politiciennes.

Personne si non pas grand monde ne veut prendre le risque de s’affirmer politiquement au risque de perdre son travail ou ses privilèges. Pourquoi le feraient-ils d’ailleurs? Pour ensuite être déçus une nouvelle fois  ou pour mettre en péril le travail qui nourrit leurs enfants? C’est difficile ! C’est pourquoi certains préfèrent le statu quo avec ce régime que d’essayer le changement avec l’opposition, et vice versa.

Dans un tel climat peu propice à l’engagement, sur quoi devons-nous fonder le changement tant attendu ? Je pense que nous devons le fonder sur deux principales choses : L’espoir en l’avenir et la confiance en nous-mêmes.

L’espoir parce que c’est lui qui nous fait vivre, c’est lui qui nous réveille tous les matins pour aller au travail, à l’école et à nos occupations en espérant que la journée sera pleine de réussite. L’espoir parce que nous n’avons pas le choix que de changer. Le monde change et nous devons nous arrimer à ce changement qui nous est imposé par la nature du monde et de l’homme. Espoir parce que la jeunesse représente 65% de la population, elle portera les changements que nous souhaitons pour ce pays qui nous est cher.

La confiance en nous-mêmes parce que personne ne fera ce changement à notre place. Nous sommes fiers d’être gabonais, nous sommes braves et intelligents. Nous sommes unis et nous nous connaissons tous. Avec un peu de volonté et de détermination, nous pouvons nous unir pour ensemble marcher  main dans la main vers cette destination qui changera à jamais le Gabon.

Union Travail Justice, telle est notre devise. Alors qu’attendons-nous pour nous unir afin de travailler ensemble pour un Gabon juste et démocratique ?

A bon entendeur salut.


« Maya Art », le premier make up bar du Gabon

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C’est en regardant ma timeline sur Facebook que j’ai découvert cette structure qui propose un autre cadre pour se faire maquiller. Rassurez-vous, ce nouvel espace m’intéresse, non pas en tant qu’homme, mais plutôt en tant que blogueur car je suis un féru de la nouveauté, du progrès, du dynamisme et de la jeunesse.

Après avoir pris rendez-vous avec la responsable pour en savoir un peu plus sur le concept, je me suis rendu la semaine qui suivait dans les locaux de MAYA ART situés dans une galerie jouxtant la station PETROGABON. Arrivé sur les lieux que j’ai trouvé agréables et sobres, il y avait des employés qui étaient de très belles femmes qui m’accueillirent avec un « Hello » auquel j’ai courtoisement répondu.

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Après ce court échange, elles me conduisirent dans la bonne humeur dans le bureau de leur patronne qui se trouvait juste à coté.

En entrant dans le bureau de la directrice, c’est deux autres belles femmes qui m’accueillirent chaleureusement. Après les présentations nous commencions à échanger sur la structure.

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Pour commencer il fallait que la directrice, qui se prénomme Maya, me dise pourquoi « Make up bar » et non « salon de beauté » ou « institut de beauté ». Très clairement, elle m’explique que le concept consiste à se faire maquiller dans un espace où vous pouvez commander un rafraichissement ou une boisson alcoolisée (un verre de vin, une coupe de champagne, une bière).

L’objectif est de mettre à la disposition des femmes un espace agréable pour non seulement se maquiller mais aussi échanger les expériences en maquillage. Il faut savoir que le concept est nouveau au Gabon car il n’existe aucun autre Make up bar dans le pays.

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Passionnée de maquillage, Maya suit aux Etats-Unis les cours d’une artiste gabonaise nommée Mélina qui jouit d’une expérience de quinze ans dans le métier. C’est à la suite de ces cours qu’elle s’est formée dans le domaine et a eu l’idée de créer au Gabon sa propre structure de Make up.

En ce qui concerne le maquillage en lui-même, Maya la directrice m’explique tout d’abord que « pour être belle on n’a pas besoin de maquillage, le maquillage que nous proposons permet de sublimer la femme. On fait ressortir les traits en ne chargeant pas le visage avec du make up». Comme quoi la beauté d’une femme ne ressort forcément pas avec un maquillage.

Toutefois l’objectif du make up reste tout de même celui de rendre la femme encore plus belle même si sans celui-ci elle peut l’être aussi.

FB_IMG_1450139326574[1]Le Make up Bar Maya Art propose un style assez light dans sa façon de maquiller afin de garder le coté naturel de la beauté de la femme en dépit de certaines clientes qui préfèrent un maquillage dramatique qui vise à forcer le trait avec les produits.

Hormis le maquillage qu’elle propose, les clientes ont la possibilité d’acheter les produits avec lesquels elles sont maquillées. Elles ont d’ailleurs la possibilité de commander d’autres produits de maquillage car la structure a des partenariats avec des fournisseurs.

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Pour aider les femmes à se maquiller toutes seules chez elles, la structure propose aussi des cours de maquillage nommés « Make up class ». Ces cours sont payants et viennent compléter les conseils gratuits qu’elle propose à sa clientèle en vue de leur donner les techniques pour réussir un bon maquillage.

D’ailleurs lors de son ouverture, deux make up artistes américaines ont donné des cours lors du premier « make up class » au grand bonheur des différentes participantes.

FB_IMG_1450140599882[1]C’est dans une ambiance bon enfant que nous discutions depuis une vingtaine de minutes. Maya la directrice, souhaite ouvrir d’autres structures de ce genre dans d’autres villes du Gabon.

Après le tour du propriétaire dirigé par Maya herself et un selfie amical que je garde pour moi, je suis reparti enrichi d’informations sur ce nouveau concept mais aussi avec beaucoup d’espoir en la jeunesse gabonaise et africaine car ce genre d’initiative féminine n’existait pas il y a encore quelques années.

Conseil, faites-y un tour.


Gabon-Afrique : Peut-on dire que nous marchons sur la tête ?

 

zorgblog.canalblog.com

Suis-je dans un cauchemar ? Si oui, s’il vous plait réveillez moi car il m’est impossible de continuer à le vivre tellement je souffre dans ma chair. Chaque jour est un lot de désarroi, d’incompréhension, d’amertume et de frustrations. Je me sens comme étranger dans un pays qui m’a pourtant vu naître, dans un continent qui a bercé toute ma courte vie. J’entends ici et là les gens dire que le monde évolue. Si seulement ceux-ci pouvaient savoir ce que ce mot porte comme charge dans ce monde qu’ils disent « évolué ».

Pourquoi tant de problèmes au Gabon et en Afrique ? Pourquoi une sorte de mauvais karma plane au-dessus de nous ? Avons-nous commis  dans l’histoire un crime que nous devons payer à travers tous les malheurs que nous connaissons ? Ou sommes-nous tout simplement perdu dans un monde dit « évolué » ? Ce sont autant de questions que je me pose quotidiennement.

Une citation que j’affectionne particulièrement ouvre une brèche dans ma quête : « Le corps humain est comme un Etat, les plus graves maladies proviennent toujours de la tête ». Et bien je crois qu’une partie du problème réside à ce niveau. Pourquoi le dis-je ?

L’illégitimité, la cupidité et l’absence de vision, tels sont les véritables criquets qui ravagent le champ dont la culture est le peuple africain.

L’illégitimité du chef

Comment peut-on songer « évoluer » si le peuple ne reconnait pas le chef établi ? Légalement, la Constitution le reconnait comme étant le chef de l’Etat mais pas le peuple, d’où son illégitimité. C’est l’une des plaies béantes du continent. Pensez-vous que le peuple s’impliquera totalement dans les réformes que ce chef illégitime engagera ? Pensez vous que l’administration collaborera comme cela ce doit pour la réalisation de ses projets ? Du tout pas.

Pourquoi cela ? Parce qu’en Afrique l’autorité du chef doit être incontestable, s’il s’avérait qu’elle soit contestée alors une fracture apparaîtra ouvertement. C’est sans conteste l’explication des nombreuses guerres civiles et coups d’Etat en Afrique en dépit de tout ce qu’on peut dire. Une partie du peuple considère illégitime le leader de l’autre partie.

Vous me parlerez de la loi, du suffrage universel ou de la démocratie. J’en suis conscient, mais croyez moi ces valeurs et principes nobles sont galvaudés car mal compris à cause de la collusion entre notre culture et ces valeurs prônées par l’Occident. Le mal s’accentue avec cette génération « has been » qui nous dirige  et qui n’est toujours pas entrée dans le XXIème siècle. Elle s’enferme dans la Françafrique, la Franc-maçonnerie et les réseaux obscurs pour diriger, oubliant que plus de la moitié de leur peuple est jeune donc défavorable aux anciennes pratiques.

La cupidité mère de tous les maux

Certains disent que la pauvreté est un état d’esprit, d’autres diront que quand on a de l’argent on en veut davantage. S’il faut entrer dans ce débat, nous n’en sortirons jamais. Toutefois, je m’appesantirai sur la première assertion car je pense que c’est l’état d’esprit qui commande en principe nos actions.

En Afrique, c’est la ruée vers l’argent, un nouvel âge sonna le jour où les blancs ont introduit ce nouveau moyen d’échange sur le continent plantant ainsi les germes de notre perte. Croyez-moi l’argent n’est pas un problème en soi mais c’est le rapport que nous avons avec lui qui en est un. Tout le monde veut se faire de l’argent mais à quel prix ?

La corruption et les détournements sont devenus une religion et l’argent leur prophète, des cancers qui rongent sournoisement nos consciences et vide les caisses de l’Etat.

Nous sommes tellement pauvres en esprit et en matériel que nous oublions l’essentiel dans nos vies. Les choses que nous voulons posséder finissent malheureusement par nous posséder, comble des combles.

Au Gabon par exemple, les plus cupides s’adonnent à des crimes rituels pour avoir de l’argent, les filles couchent avec le plus offrant pour s’acheter un sac GUCCI ou LV, les hommes se font homo pour avoir en retour des privilèges, des promotions, ou tout simplement de l’argent, les jeunes s’adonnent à l’alcool et aux drogues, d’autres invoquent tous les démons pour obtenir « facilement » de l’argent. Toutes ces choses me font dire que nous marchons vraisemblablement sur la tête. Pis l’histoire de nos peuples est inconnue du grand nombre parce que pas assez enseignée dans les lycées et collèges. Autant de raisons qui nous perdent et plongent dans l’aliénation.

Comment éduquer le peuple sur des valeurs pécuniaires ? Quel héritage comptons-nous léguer à nos enfants ? Quelles sont les valeurs que nous devons inculquer au peuple ? Voici des questions essentielles qui malheureusement semblent être le cadet des soucis d’une partie de la société gabonaise.

Sans vision, nous sommes perdus

La Bible dit ceci : « Sans vision, le peuple vit sans frein » . Elle dit plus loin :  » Là où il n’y a pas de vision, les peuples périssent ».  Sans vision, nous naviguons sans boussole dans un océan tumultueux. Je pense que l’une des tares de ceux qui sont censés nous diriger est le fait qu’ils n’aient aucune véritable vision qui s’inscrit dans le temps et qui s’impose à tous les régimes qui se succéderont au pouvoir. Quelle nation voulons-nous bâtir ? Quel rôle voulons-nous jouer dans le concert des nations ? Quelle économie voulons-nous avoir pour notre pays ? Quelle société voulons-nous construire et sur quelles valeurs ? C’est entre autre ces quelques questions qui fondent la vision d’un pays. Sans un vrai leader, aucune vision n’est possible.

Ne me parlez surtout pas du pompeux concept de l’émergence qui est pour moi une véritable arnaque idéologique.

Quand je regarde nos pays, je me rends compte que chaque régime vient avec ses projets qui ne rentrent pas dans le cadre d’une vision républicaine. Résultat, chacun fait ce qu’il a à faire durant son mandat et s’en va (quand celui-ci est respecté), puis le second vient avec ses idées et s’en va comme le premier et ainsi de suite.

Prenons le cas de l’éducation nationale au Gabon. Depuis près de vingt ans, les mêmes problèmes resurgissent avec les mêmes causes et les mêmes effets. Pas assez de salles de classe, le nombre insuffisant des enseignants, le non paiement des salaires ou des primes etc. la même rengaine chaque année sans qu’elle ne trouve solution définitive. Ce constat est le même dans la santé, la sécurité sociale, la sécurité, l’adduction d’eau et électricité, le sport, l’agriculture etc. Tous ces secteurs sont à chaque nouveau mandat au cœur des préoccupations, c’est ma foi irresponsable et honteux. En somme,  je dirai que nous faisons du sur-place depuis de longues années parce que nous marchons sur la tête.

Rien de grand ne pourra être fait sur ce continent si une véritable prise de conscience collective n’est pas entamée. Un bilan de notre parcours s’impose pour voir nos erreurs et tenter de rectifier le tir pour les années à venir. Je crois en l’Afrique et au Gabon parce que malgré tout je crois en chaque fils et fille de ce continent. Un matin nous ne nous lèverons plus après un cauchemar mais nous vivrons notre rêve.


Juste un sourire pour les malades de cancer

 Dorcas 17 ans malade d'un cancer du coup. Avant et après son relooking
Dorcas 17 ans malade d’un cancer du coup. Avant et après son relooking

L’abbé Pierre disait une fois : «  Un sourire coûte moins chère que l’électricité mais donne autant de lumière », cette belle assertion m’interpelle toujours car  elle exprime parfaitement le bonheur que procure un sourire dans la vie de l’Homme.

Le sourire n’est pas le quotidien des personnes souffrantes de maladies assez graves ou mortelles car comme vous l’imaginer, on n’est pas souvent gai ou prompt à sourire quand on souffre. C’est le cas des  malades de cancer qui sont de plus en plus nombreux dans la société gabonaise. Des malades qui connaissent un cortège de maux qui leur fait perdre leur plus beau sourire.

Equipe AY Magazine
Equipe AY Magazine

Conscient de ce manque de sourire qui étiole  la vie des malades de cancer, AY Magazine a initié une campagne à laquelle  je me suis associé dénommée Projet C.A.S.E, qui signifie Confiance Amour Solidarité Entraide. Ce projet visait à redonner le sourire à 10 malades de cancer à travers un programme de remise en forme et de beauté.

Donnons le sourire

Ce projet a d’abord commencé avec une campagne virale sur les réseaux sociaux, elle consistait à demander aux internautes ce qu’ils pouvaient faire pour redonner le sourire à un malade de cancer. Cette campagne a connu un franc succès car plusieurs photos et réponses ont été postées par les internautes durant deux semaines.

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J’ai vraiment apprécié les commentaires qui étaient divers et variés. Certains reconnaissaient leur méconnaissance de la maladie, d’autres témoignaient leur solidarité aux malades, d’autres encore préféraient laisser un petit mot ou poème accompagné d’une photo d’eux entrain de sourire. Il faut savoir qu’au Gabon sur 1000 femmes dépistées sur le cancer 21,7 cas sont positifs pour une mortalité de 16 cas. Sachez aussi que 13,4% des cancers sont des cancers du sein.

  Le bus du sourire

Après la campagne virale sur le net, un bus brandé aux couleurs du projet CASE a circulé dans les rues de Libreville à la recherche des sourires mais aussi pour accompagner chaque jour les malades à Phénix communication, le partenaire du projet chargé de les relooker.

Le bus de la campagne CASE
Le bus de la campagne CASE

La particularité de ce projet est le fait qu’il s’adresse aux malades de cancer. Habituellement les campagnes sont souvent préventives donc adressées aux personnes qui n’ont pas encore été dépistées oubliant parfois ceux qui sont déjà malades. C’est cette approche qui a attirée mon attention et mon engagement dans ce projet.

Le Premier Ministre Daniel Ona Ondo et sa fille ont volontairement participé au projet

J’ai moi-même circulé dans ce bus durant un après-midi,ce fut une belle expérience riche en émotions et en rencontres. Savoir que des femmes se battent au quotidien contre le cancer m’a beaucoup inspiré et surtout appris le sens de l’humilité. Parfois nous nous plaignons pour des « banalités » pendant que d’autres ont de véritable raisons de le faire car ils ont un mal qui gâche leur vie.

Ce projet a vraiment redonné le sourire à ces dix femmes. Pendant un temps elle se sont senties toujours belles, elles se sont senties en pleine forme, en pleine possession de leurs charmes. Redonner le sourire à ces personnes fut une expérience qui visait à donner espoir à tous ces malades, d’ailleurs à travers leur sourire se lisait cette espérance.

Je pense que la prévention comme le soutien sont de belles initiatives pour lutter contre toutes les formes de cancer. C’est pourquoi j’exhorte toutes les femmes de se faire dépister au moins deux fois par an pour savoir leur statut. Cette simple action peut sauver votre vie. N’oubliez surtout pas de toujours garder le sourire quel que soit ce qui vous arrive.


Quid de l’identification des langues dans la Constitution

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ibinganaelle.wordpress.com

Un constat s’est imposé à moi à la suite des interventions des uns et des autres sur des questions constitutionnelles. Le plus souvent les gens font des réclamations relevant des dispositions que la Constitution accorde à la fonction du président de la République. Notamment la durée de mandat, les conditions pour être candidat, mais aussi le nombre de tours de l’élection présidentielle.

Les Gabonais parlent de ces points parce que les hommes politiques ont introduit ce débat en omettant volontairement ou involontairement les autres « carences » de notre Constitution. A y regarder de plus près, on remarque que très peu de Gabonais ont déjà lu la Constitution du pays, dans ce cas comment pourraient-ils savoir ce qui s’y trouve ?

Je pense que le changement de la Constitution n’est pas seulement une question de personne ou de poste présidentiel, c’est aussi une question culturelle, oui culturelle parce qu’elle seule donne aux hommes et femmes politiques et au peuple une conscience de nos origines, une conscience de notre histoire et de nos us et coutumes gage de leur protection et de leur promotion.

Je me suis une nouvelle fois amusé à lire la Constitution gabonaise et je me suis appesanti sur le titre premier : De la République et de la souveraineté. Grande fut ma surprise de constater que les langues vernaculaires du Gabon n’y étaient pas nommément citées. Il est écrit ceci en son article 2 :

« La République gabonaise adopte le français comme langue officielle de travail. En outre elle œuvre pour la protection et la promotion des langues nationales… »

La question que je pose à ceux qui ont écrit cette Constitution est la suivante : quelles sont les langues nationales dont vous parlez dans cet article ? Rien n’est écrit à ce sujet alors que la Constitution consacre tout ce qui constitue notre République, notre nation.

Je n’ai rien contre la langue française qui est devenue à cause de la colonisation une langue véhiculaire, toutefois je suis offusqué de constater que seule cette langue étrangère est citée nommément dans la Constitution de la République gabonaise. Bizarre comme c’est bizarre !

Pourquoi cette omission ?

Plusieurs pays africains ne mentionnent pas leurs langues nationales dans leur Constitution, je peux citer entre autres le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin, le Niger. D’autres par contre reconnaissent explicitement leurs langues nationales, il s’agit du Sénégal, du Burundi, du Zimbabwe, du Rwanda, du Congo, pour ne citer que ceux-là.

Il est attribué à Houphouët-Boigny une phrase qui traduit parfaitement cette omission : «  Soixante-cinq langues soixante-cinq partis politiques ». Je pense que la peur du tribalisme a motivé plusieurs présidents à l’orée des indépendances à ne pas reconnaître nommément les langues nationales, car ils pensaient que cela aurait été un frein à l’unité nationale.

De nos jours, cette position est selon moi passéiste, car dans un monde mondialisé seuls ceux qui affirment et protègent leur culture sortent gagnants du concert des nations. Doit-on penser actuellement que si l’on reconnaissait les langues nationales par ordre alphabétique dans la Constitution cela ne rendrait les Africains en général et les Gabonais en particulier plus tribalistes ou moins tribalistes ? Je ne crois pas. Le plus important selon moi est la reconnaissance par la République des langues parlées dans le  pays.

N’oublions pas nos origines

Je pense qu’il y a des questions qui méritent un véritable débat, il n’y a pas que les édifices, les ponts, les agrégats économiques, les immeubles, les aéroports, les mandats électifs qui construisent un pays, il y a aussi et surtout le patrimoine culturel. Nos hommes politiques n’abordent pas ces questions qui devraient prouver le caractère visionnaire de leurs projets de société. De plus la société civile doit jouer son rôle afin que nos langues nationales aient la place qu’elles méritent.

Comment peut-on prétendre promouvoir et protéger les langues nationales alors qu’elles ne sont même pas reconnues dans la Constitution ? Dans les faits cela s’explique parfaitement, il n’y a au Gabon ni conservatoire, ni un vrai musée, ni un théâtre national, ni l’apprentissage des langues nationales dans les écoles publique laïques, ni une académie de langues nationales ni ni ni la liste est longue.

A l’heure où on parle de renaissance africaine, de développement économique social et culturel, nous gagnerons à reconnaître nos langues nationales dans la Constitution du Gabon et dans celles des autres pays africains. C’est une question qui relève de notre affirmation culturelle.


Gabon : à quand un code de bonne gouvernance des entreprises ?

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Crédit photo : Libre-algerie.org

A l’heure où l’on parle d’émergence économique et sociale du Gabon à l’horizon 2025, un outil de contrôle et de gestion des entreprises est absent parmi ceux qui existent ;  Il s’agit du code de bonne gouvernance des entreprises que certains pays africains ont déjà élaboré pour leurs entreprises. Qu’en est-il du Gabon ?

L’économie mondiale a fortement changé depuis de nombreuses années, on parle aujourd’hui de globalisation des marchés et de mondialisation des investissements. Ces nouvelles réalités économiques incitent les entreprises et les gouvernements à normaliser ou encore à standardiser leurs pratiques gouvernementales afin de s’arrimer aux exigences actuelles pour être compétitifs sur le marché mondial.

Une solution de contrôle et d’équilibre des pouvoirs

 De son appellation anglo-américaine, la « corporate governance » ou la bonne gouvernance est une doctrine qui  tend à « s’assurer que les sociétés sont gérées et contrôlées dans l’intérêt commun de tous les actionnaires et non dans celui des particuliers des majoritaires ou des dirigeants ». Comme le dit si bien Patrice Badji enseignant à l’université Cheikh Anta Diop : « La bonne gouvernance s’apprécie par la gestion transparente de l’entreprise, l’équilibre des pouvoirs et des responsabilités au sein de l’entreprise ».

Certains pays africains comme le Sénégal, le Maroc, la Tunisie, l’Algérie ou encore le Kenya ont très vite compris cela. C’est pourquoi ils ont mis en place des codes de bonne gouvernance de leurs entreprises afin de mettre à la disposition des administrateurs cet outil nécessaire. Un outil gage d’un climat de confiance avec les investisseurs et d’une visibilité des activités des entreprises par l’Etat.

Des pratiques gouvernementales obsolètes

La gestion calamiteuse des entreprises parapubliques ou privées (SOSUHO, AIR GABON, GABON TELECOM, HEVEGAG, SEEG) pendant des années est révélée au grand jour. Instaurée par la Banque mondiale, la privatisation de ces entreprises n’a pas eu raison des vieilles et mauvaises méthodes de gestion de nos entreprises.

Certains dirigeants personnalisent encore l’entreprise comme si c’était la leur avec une opacité des informations financières et comptables, une confusion entre le patrimoine personnel et celui de la société,  une mauvaise répartition des responsabilités, une faible participation des ressources humaines dans la prise de décisions communes. Résultats : faillites successives, échec des privatisations, chômage, perte de confiance des parties prenantes, etc.

La nécessité de s’arrimer aux principes de transparence

Même si l’acte uniforme de l’Ohada traite de la question de bonne gouvernance qu’on considère comme support de contrôle externe, il n’en spécifie pas moins les détails comme dans un code de bonne gouvernance des entreprises qui est un support de contrôle interne.  L’arsenal de bonne gouvernance est seulement centré au Gabon sur les secteurs des mines du pétrole et du bois au travers les différents codes mis en place par l’Etat, alors que dans les autres secteurs de l’économie il n’existe pas (hormis l’Ohada) code garantissant la transparence dans la gouvernance des entreprises.

Les cas des conflits entre l’Etat gabonais et les sociétés ADDAX PETROLUM ou TOTAL Gabon, ou encore la publication du rapport d’audit qui a révélé le détournement de 400 milliards sur les 500 milliards alloués dans le cadre des fêtes tournantes, prouve la nécessité de mettre en place un code de bonne gouvernance des entreprises dans notre pays.

Ainsi l’Etat et les professionnels du management des entreprises gagneraient à mettre en place un code ou guide de bonne gouvernance qui permettrait aux entreprises d’atteindre les objectifs assignés par les propriétaires et/ou l’Etat. La particularité d’un code est qu’il a des avantages internes et externes : en interne parce qu’il implique les ressources humaines dans les décisions, partage le pouvoir, facilite la circulation des informations, améliore le rapport avec les actionnaires et pérennise l’activité.  En externe il donne confiance aux investisseurs, facilite l’accès à l’information fiscale et comptable par l’Etat et contribue au développement socio-économique du pays.


Décryptage d’une saga de promesses enfumeuses

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Crédit photo civilisation2.org

Bienvenue au Gabon, le pays des mille promesses; une multitude de promesses faites à une jeunesse qui désespère dans un environnement où toutes les conditions sont réunies pour tuer l’espoir.

Le défaut de ce régime est ne cesse de faire des promesses intenables. La preuve, l’histoire politique de notre pays est jonchée de plusieurs slogans pompeux. Parmi ces slogans nous avons en ordre d’apparition : La Rénovation, Le Nouvel élan, Le pacte national de solidarité et de développement, Mon projet des actes pour le  Gabon, et enfin L’avenir en confiance.

Autant de slogans sans suite. Je me suis amusé à visionner les trois dernières allocutions à la nation du chef de l’Etat Ali Bongo. Il s’agit de celles du 17 août 2015, de décembre 2014 et du 16 août 2014. Je ne souhaitais pas aller plus loin pour m’épargner certaines douleurs.

Il en ressort que le chef de l’Etat a toujours prétendu vouloir trouver des solutions définitives et adaptées aux problèmes des jeunes, ce qui ma foi présageait une bonne chose, mais dans les faits ce fut tout autre chose.

En août 2013 il promettait la construction de 400 salles de classe pour accueillir 20 000 élèves à travers le Gabon. Rien de concret jusque-là. Il avait également évoqué la mise en place d’un vaste plan pour l’emploi des jeunes à la sortie du forum national de l’industrie. Le chômage est de 35,7 % chez les 15-24 ans selon le rapport sur la croissance et l’emploi au Gabon réalisé par le groupe de la Banque mondiale et publié en 2013. Bien avant, il avait décidé la construction de trois universités à Oyem, Mouila et Port-Gentil. Aucune construction à ce jour. En décembre 2014 il a une fois encore annoncé la création des maisons de jeunes dans les différents arrondissements de Libreville et à l’intérieur du pays. Huit après mois après c’est toujours l’attente.

J’ai décidé (….) que ma part d’héritage sera partagée avec toute la jeunesse gabonaise

Tout récemment, c’est la cerise sur le gâteau, il est prêt à faire une donation aux jeunes. Le président «  va partager  avec la jeunesse sa part d’héritage qui sera versée dans une fondation ». Il s’agit de quelle fondation gabonaise ? Qui la dirige ou dirigera ? Ces fonds seront destinés prioritairement à quoi ? De plus il y a la cession de la somptueuse résidence de son père qui deviendra une université. Va-t-on démolir les résidences qui s’y trouvent ? Ou bien les cours y seront dispensés en l’état actuel de la résidence ?

Je me suis dit que si le président Ali arrive à ce niveau cela signifie tout simplement qu’il n’a plus rien à proposer aux jeunes, il nous a enfumés avec de multiples promesses. 

De plus je tiens à souligner qu’au lieu de parler de cession, le président aurait dû parler de restitution, car comme il le sait, ces biens n’ont pas été normalement acquis.

Pour revenir aux promesses, je pense que le président devrait arrêter de prendre les jeunes pour des demeurés. Les jeunes Gabonais, comme moi, souffrent énormément de plusieurs maux. La jeunesse n’est pas qu’un électorat, mais une frange forte de la population, le fer de lance de l’économie et du développement de notre pays. Il faut arrêter de vouloir nous infantiliser, de vouloir nous manipuler, de nous enfumer avec des promesses intenables.  Nous chérissons l’idée d’un Gabon où les jeunes ont leurs places comme dans tous les pays où ils sont pris en compte. Quand on voit que moins de 20 % des candidats au baccalauréat ont été retenus et que moins de 0 ,5 % ont eu la mention « BIEN » et « TRES BIEN » cela présage d’un avenir hypothétique pour cette jeunesse. Rien n’est fait pour régler cet échec du système éducatif gabonais qui dure déjà depuis bien des années.

Je pense que nous devons aller à l’essentiel, nous méritons mieux et largement mieux que ce que nous avons actuellement. La politique politicienne est d’un autre temps. Nous avons besoin d’actions fortes et continues dans le temps. Nous avons besoin d’un changement radical, d’une révolution de paradigme. Trêve de démagogie faites place au réalisme.


Au Gabon, la terreur devient un argument politique

 

Visite de la cache d’armes à l’île Nendjé au nord de Libreville. C/P gabonattitude.com

Depuis quelques semaines la vie politique nationale prend une tournure inquiétante. Les acteurs politiques, notamment ceux du pouvoir en place se laissent aller à des excès. Entre déclarations fallacieuses, campagne de terreur, stigmatisation, chasse aux sorcières, tout y est pour comprendre que le combat politique ne se joue plus sur les idées constructives, mais plutôt sur celles qui visent à détruire politiquement tous les rivaux

Croyez-moi ce n’est pas un poisson d’avril, mais le pouvoir au Gabon a décidé d’utiliser les plus mauvaises idées pour convaincre l’électorat en usant de méthodes les plus saugrenues pour justifier une forme d’acharnement qui ne dit pas son nom. Depuis l’annonce du décès de l’opposant André Mba Obame le 12 avril au Cameroun et l’incendie de l’ambassade du Bénin, les autorités en place multiplient les sorties malhabilement orchestrées. Ces sorties laissent un grand nombre de Gabonais dubitatifs, car des questions d’ordre judiciaire sont vraisemblablement récupérées à des fins politiciennes.

On n’apprend pas au vieux singe à faire des grimaces
https://www.youtube.com/watch?v=S5htBYuQ0Mw

Comme un air de déjà vu, les autorités en place usent des mêmes vieilles méthodes pour jeter l’opprobre sur les membres du Front uni de l’opposition et de l’UN en multipliant les sorties télévisées les discréditant. Pour commencer, les « penseurs » du pouvoir ont jugé utile de diffuser vers 20 h 30 sur Gabon Télévision la chaîne publique au service du pouvoir, la vidéo d’un jeune marginal drogué qui se fait appeler Bobo. Celui-ci déclare qu’il était présent lorsque les membres de l’Union nationale fomentaient l’incendie de l’ambassade du Bénin. Ces déclarations qui devaient en principe servir aux enquêteurs servent malheureusement une cause politique. Pourquoi l’avoir diffusée à la télé et à une heure de grande audience ? Qui a réalisé cette vidéo ? La police, l’armée ou les services de renseignement ? Pourquoi doit-on croire le témoignage d’une personne qui affirme se droguer ? Et la présomption d’innocence, qu’en fait-on ? Autant de questions qui nous laissent perplexes.

Dans le même ordre d’actions, l’arrestation de deux activistes Annie-Léa Meye et Georgette Toussaint a consterné l’opinion et les réseaux sociaux au point où une page Facebook a été créée pour exiger leur libération. Pendant plus de trois jours, personne ne savait où elles étaient incarcérées. Les multiples pressions ont poussé la très contestée procureur de la République, Sidonie Ouwé, à faire une déclaration télévisée pour rassurer l’opinion sur l’état de santé des prévenues et leur localisation. Pourquoi avoir caché pendant plusieurs jours le lieu de leur incarcération ? Pourquoi avoir empêché les avocats et leurs familles de leur rendre visite? Des questions sans réponses actuellement.

De la surenchère pour convaincre

Pour rajouter du piment à une sauce déjà piquante, les autorités ont tablé sur l’effet de terreur pour toucher les Gabonais sur un aspect qui leur ait très cher : la paix

Un « spectacle » télévisé a été diffusé au journal de 20 h dans lequel des membres du gouvernement, quelques généraux et le procureur de la République se sont rendus sur le lieu où une cache d’armes a été découverte par l’armée. C’est à la suite de cela que l’opération « NGUENE » a été lancée pour disent-ils, sécuriser le pays. La diffusion de ces armes de guerre dans la presse écrite et à la télévision avait semble-t-il pour but de montrer au Gabonais que certains parmi les compatriotes veulent faire la guerre alors que nous (PDG) voulons la paix. Comme par hasard, le week-end qui précède le PDG le parti au pouvoir, avait organisé une marche dite « Marche de la paix », car ses membres considèrent que ce parti est le garant de la paix au Gabon. C’est vous dire la manipulation du pouvoir et la récupération politique de ce qui peut se passer dans le pays.

Le fomenteur de cette violence est clairement désigné par le pouvoir : c’est l’opposition notamment les membres de l’UN et du Fopa. La preuve, quelques jours après cette découverte, des agents de la PJ accompagnés du fameux Bobo, ont arrêté le secrétaire général de l’UN, Ella Nguema Ce dernier dit après sa relaxe, qu’il a été formellement accusé de fomenter un coup d’Etat avec l’aide d’un colonel de l’armée Française. Pas croyable ! La France veut faire un coup d’Etat au Gabon ? Grave accusation qui fait des membres de l’opposition ceux qui veulent troubler cette paix « chèrement préservée » par le PDG. Des manœuvres qui prouvent malheureusement la politique politicienne du pouvoir sur des questions aussi sensibles.

Je ne sais pas où tout cela mènera, mais tout ce que je sais c’est que le Gabon prend un virage très dangereux et les Gabonais semblent ne plus savoir quoi penser. De plus, la dépouille de Mba Obame doit arriver à Libreville ce mardi 28 à une période déjà très tendue car la tension est presque perceptible entre les deux camps. Je pense que la raison doit reprendre ses droits dans le jeu politique, trop d’accusations sans preuves, trop de manipulation, le manque de dialogue et de tolérance nous plongent inexorablement vers la rupture. Nous voulons des idées et non de la violence encore moins la terreur.

 

 

 


Je suis un chômeur et je cherche un emploi

CP: fr.fotolia.com

Le chômage, c’est bizarre, mais ce mot me donne des frissons, car le vivre sous les tropiques est une chose à ne pas souhaiter à quelqu’un : une vraie canicule pour l’esprit et le corps. Quand j’étais au lycée, j’ai vu plusieurs grands de mon quartier perdre le nord à cause du chômage qui n’avait que trop duré. Certains de mes grand-frères ont également rencontré sur le chemin de leur vie ce mauvais compagnon qui ma foi leur a fait voir de toutes les couleurs. Comme si c’était un karma, aujourd’hui, c’est à mon tour de vivre cette situation.

Après les études, les jeunes diplômés rentrent dans le marché du travail avec beaucoup d’enthousiasme et de détermination pour faire valoir leur savoir-faire que ce soit dans le secteur privé que dans le public. Cet enthousiasme est d’autant plus important lorsqu’on a fait ses études à l’étranger, car on estime y avoir reçu une meilleure formation compte tenu des réalités universitaires au Gabon qui restent encore difficiles.

Opération dépôt des dossiers

Dès mon arrivée au Gabon, je n’ai pas attendu 5 jours pour déposer mes dossiers dans des entreprises sises à Libreville. Dans ma sacoche, une trentaine de demandes de stage et CV pour m’immiscer dans le monde du travail. Sans grande expérience dans mon domaine qui est l’Audit et le Contrôle de gestion, j’ai misé sur le stage pour commencer et compte sur mes performances pour être retenu à la fin de celui-ci. Hormis le dépôt des dossiers dans les locaux mêmes des entreprises listées, j’ai également envoyé par la poste d’autres demandes de stage afin d’augmenter mes chances de réponse. Trois mois plus tard, je conjugue toujours le verbe attendre. Aucune réponse par mail ni d’accusé de réception encore moins un coup de fil.

La période correspondante au dépôt de dossiers dans les entreprises est un véritable parcours du combattant. Sachant que les entreprises sont disséminées à travers la capitale, que les bouchons sont nombreux sur les routes de Libreville sans parler de la cherté et des taxis, c’est en tirant le diable par la queue qu’on parvient à déposer toutes les demandes. Il faut sans aucun doute une grande volonté pour chercher le travail. Tout commence très tôt le matin et finit aux alentours de 13 h – 14 h. Durant ces journées, ce sont des va-et-vient dans différents bureaux, de longues marches dans les rues comme un soldat en mission commando. J’ai rencontré durant ces transactions des amis qui travaillaient dans des régies financières ou dans des sociétés privées. D’autres sous un soleil d’aplomb étaient aussi à la recherche d’un emploi comme moi, avec sur eux une chemise cartonnée remplie de demandes et de CV. C’est le prix à payer quand on n’a pas de « bras longs » dans son entourage.

La vie quotidienne d’un chômeur

Un chômeur n’a pas de sou, c’est un fauché cravaté comme un chef dans les artères de la ville. Il ne reçoit pas d’aide de l’Etat, il vit de petits business et des « dédicaces » de certains parents. Quand j’étais étudiant au Sénégal, je recevais chaque mois de l’argent pour payer mes charges et avais mon argent de poche et ce pendant cinq ans. Une fois rentré au pays cela a été terminé.  La raison est toute simple : les parents ont beaucoup dépensé assez quand j’étais à l’étranger dorénavant ce sont les plus jeunes qui doivent en profiter. Ce que je comprends parfaitement, toutefois la rupture est brutale. Comme quoi la vie est une roue qui tourne.

Les difficultés ou galères qu’un chômeur connaît sont supportables lorsque lui seul les subit, mais s’il a un enfant et une fiancée, à ce moment les choses se compliquent pour lui. Il n’est pas aisé de voir son enfant désirer ou manquer de quelque chose et être frappé d’incapacité parce qu’on n’a pas les moyens. Pis encore quand il s’agit de la fiancée, vous-même vous savez comment sont les femmes, elles sont très insistantes quand elles veulent quelque chose ! J’ai maintes fois été victime de ces situations, heureusement que j’ai jusqu’ici réussi à trouver une solution. Jusqu’à quand je pourrais tenir ainsi ? La particularité du chômeur, c’est l’irrégularité de ses revenus, c’est pourquoi beaucoup dépriment au regard des responsabilités qui leur incombent. D’autres plongent dans l’alcool, les femmes et les sorties de nuit sans se soucier du lendemain. Moi, je ne compte pas me laisser faire en dépit des difficultés.

L’initiative privée comme solution

Personnellement, je pense que le chômage n’est pas une fatalité, mais plutôt une source formidable d’inspiration. En période de chômage on a largement le temps de mettre sur papier des idées de projets qui taraudent dans notre esprit. Un pays comme le Gabon regorge de nombreuses opportunités, car presque tout est à faire et à proposer commercialement. Il y a de plus une croissance de la classe moyenne qui a besoin de services divers dans le cosmétique, les vêtements, la restauration, le divertissement, la découverte, les services à la personne, l’agro-alimentaire sans oublier le large éventail d’affaires qu’offrent les TIC, etc. Autant de secteurs qui restent à exploiter. C’est dans l’esprit entrepreneurial que je m’inscris, si l’emploi ne vient pas à moi alors moi j’en créerai. Je crois que tout diplômé à la possibilité et la capacité de créer une entreprise même petite . Nous sommes à une ère qui impose l’innovation et l’initiative privée, rien ne peut empêcher un jeune ambitieux de réaliser son rêve s’il le désire véritablement.

Le travail ou les opportunités de la vie ne se trouvent pas à la maison, mais dehors, il faudrait bouger et chercher les voies et moyens pour sortir du chômage. S’associer avec d’autres personnes qui partagent la même idée de s’auto-employer.  Il y a plusieurs institutions financières qui sont prêtes à accompagner des jeunes, avec un peu d’abnégation les choses peuvent aussi marcher pour nous. Je crois fermement en cette option d’auto-emploi c’est pourquoi j’invite chaque chômeur à y songer. L’entrepreneuriat est un bon moyen pour avoir aussi notre place au soleil.


Gabon : La classe politique a t-elle choisi la fracture ou la tolérance ?

1-DSC05207Après les événements de la semaine passée notamment les émeutes à l’université Omar Bongo et la manifestation interdite de Rio qui ont tout deux causées d’énormes dégâts  sur le plan matériel et humain ; La plupart d’entre nous s’interrogent sur l’attitude avenir de la classe politique à la suite de ces événements qui quoi qu’on dise, témoigne l’existence d’un « rideau de fer » entre l’opposition et le pouvoir.

 Au soir du samedi 22 Décembre  je me suis demandé : « Mais où allons-nous mon Dieu ? ». Lorsque les échauffourées ont débuté durant la manifestation  de Rio,  je ne croyais pas en mes yeux à la vue des Gabonais en treillis tirer des bombes lacrymogènes en direction d’autres Gabonais qui en réponse leur jetaient des pierres et vis versa. Le caractère répressif et l’importance en nombre et en matériel des forces de l’ordre ont fortement irrité les sympathisants de l’opposition qui voyaient dans ce dispositif une entrave à leur liberté de manifester ou de se réunir avec en bonus l’interdiction du meeting annoncée la veille à 20h.

Une fracture sociopolitique qui se dessine

Les affrontements entre Gabonais en civil et en treillis furent des scènes invraisemblables pour une jeune nation comme la notre qui forge une unité nationale encore fragile après plus de 50 ans d’indépendance. Ces scènes d’un autre âge commencent à être légion dans notre pays, la culture des affrontements s’installe sournoisement. on peut citer entre autre les émeutes récentes à l’Université Omar Bongo, celle de l’Université des Sciences et Techniques de Masuku, la marche pour le palais de justice interdite en Novembre passé et bien d’autres encore qui se sont déroulées durant les mois écoulés.

En dehors des violences physiques il y a aussi la violence des débats sur les réseaux sociaux et la télévision au sujet par exemple de la nationalité de plusieurs hommes politiques. Sans parler du repli ethnique et la xénophobie qui naissent pourtant sur le lit de la politique pour ensuite gangrener et diviser notre société.

Tous ces bras de fer et maux prouvent à suffisance que la violence est semble t-il le seul moyen, la seule argumentation, la seule plateforme, que les différents protagonistes de notre pays ont choisi pour trouver une solution à un problème politique sociale ou Universitaire. J’ai particulièrement apprécié l’intervention télévisée d’un étudiant dans un JT de 20H qui disait : « Nous devons choisir la stratégie la plus efficace pour obtenir nos revendications (….) la casse n’en n’est pas une» Ces mots m’ont interpellé car ce qu’a dit ce compatriote est valable pour les étudiants mais aussi pour les hommes politiques et autres acteurs sociaux.

Les deux bords doivent se tolérer

Il arrive que ceux qui se plaignent du pouvoir ou de l’Etat soient exacerbés par le mutisme, l’absence de promptitude ou l’attitude désinvolte et abusive des autorités au point d’en arriver aux genres d’événements qui ont fort malheureusement occasionnés samedi dernier plusieurs destructions de bâtiments , de commerces, de voitures mais surtout la mort d’un compatriote : Bruno MBOULO BEKA.  

 La répression n’est pas une solution pour garder le contrôle encore moins les appels à l’insurrection pour obtenir le changement. Le déni par le pouvoir de certains échecs des politiques gouvernementales ou encore la radicalisation de l’opposition concourent à entraver le jeu démocratique et menace les libertés. Le plus souvent entre majorité et opposition radicale, deux aspects ressortent à l’annonce d’un meeting à la suite d’un rassemblement ou d’une déclaration : le droit et la loi. Qui des deux bords respecte réellement le droit et la loi ? That is the question.

Nous devons reconnaître que chacun des bords politique devrait lâcher du leste et tolérer les-uns et les-autres afin que certains s’opposent (opposition) et d’autres gouvernent (pouvoir)  librement en attendant les élections présidentielles de 2016. C’est selon moi le chemin que nous devons emprunter pour maintenir et renforcer la paix et la cohésion sociale. Que l’opposition s’organise efficacement et librement sans être frappée par la censure ou la répression. Que le pouvoir accepte les reproches et l’existence d’une opposition qui ne collabore pas mais aussi les critiques si elle veut rectifier ses échecs. En plus il faut qu’il écoute les appels du peuple Gabonais en ce qui concerne sa préoccupante situation sociale et économique.

Chacun de nous selon ses convictions doit lutter pour sa cause dans le respect d’autrui et la préservation de l’unité nationale et le renforcement de la démocratie car nous sommes tous des Gabonais. Si nous commençons à stigmatiser certains parmi les nôtres cela engendrera les malheurs que nos frères Ivoiriens, Centrafricains pour ne citer que ceux-là, ont connu. N’oublions pas l’histoire et nous n’aurons pas à commettre les mêmes malheurs que l’Afrique a connu.

A toi Bruno MBOULO BEKA, mort pour le Gabon.


Quand l’ONEP se fâche, le Gabon est en panne sèche.

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Depuis une semaine Libreville connait une grave pénurie de carburant successive à la grève enclenchée depuis le 1er  Décembre par les membres de l’Organisation Nationale des Employés du pétrole (ONEP). Cette absence de carburant plonge la capitale Gabonaise et même le pays tout entier dans une léthargie  inquiétante car les populations et les automobilistes rencontrent toutes les difficultés pour vaquer à leurs occupations.

Ce lundi 15 Décembre au matin, plusieurs administrations publiques et entreprises privées auront vraisemblablement  d’énormes difficultés à travailler normalement pour la simple et bonne raison qu’il y a pénurie de carburant dans la grande majorité des stations services de Libreville et Port-Gentil principalement. En sortant ce matin j’ai pu voir des foules entières patientant sous la pluie l’arrivée des rares taxis qui ont encore du fuel. Une bonne partie des Librevillois étaient sur les trottoirs: les élèves, les travailleurs du privée comme du publique, des parents qui cherchaient à déposer leurs enfants à l’école, les chômeurs à la recherche d’emploie et les riverains. Le stationnement d’un taxi provoquait une ruée vers celui-ci pour proposer au prix fort une destination.

Depuis le début de la grève le 1er Décembre, ce n’est que la semaine dernière que les Gabonais ont ressenti les désagréments provoqués par celle-ci. A titre de rappel, il faut savoir que depuis le 18 Novembre les responsables du syndicat du pétrole avaient déposé sur la table du gouvernement quatre revendications qui ne semblent pas intéressées l’exécutif gabonais.  A savoir : « La suspension immédiate des prélèvements abusifs de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS) aux agents du secteur pétrolier et d’autres agents du secteur privé ; l’annulation de toutes les sanctions disciplinaires et la réintégration des deux délégués du personnel de la société Perenco ».

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Des riverains à l’attente d’un taxi pendant la pénurie de carburant. CP: Barack Nyare Mba

Autant de revendications qui depuis le lancement du mouvement de grève ne trouvent pas de dénouement mais plutôt un enlisement. Pendant ce temps les gabonais lambda continuent de souffrir car in fine ce sont eux les premières victimes. Ce week-end par exemple, on pouvait voir à l’entrée des stations de Libreville de longues files d’attente de véhicules (taxis et voitures privées) sur plusieurs centaines de mètres attendant chacun leur tour pour se ravitailler en carburant. De la station TOTAL de l’Octra en passant par celle de PETROGABON à la Pédiatrie ou encore ENGEN de IAI sans parler de la grande station PETROGABON après l’échangeur de Nzeng-Ayong, aucune d’elles n’a échappé à la ruée des automobilistes et usagers à la recherche de carburant.

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Longue fil d’attente à la station PETROGABON DE NZENG AYONG CP: Barack Nyare Mba
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Station ENGEN de IAI bondée de monde pendant la livraison de carburant.CP: Barack Nyare Mba

 Il pouvait s’écouler plusieurs heures, voir des jours avant de se voir servir dans une station. Certains ont  même laissé leurs voitures dans les fils d’attente pendant des jours pour garder  leur place. Un grand nombre d’usagers était obligé d’apporter leurs bidons  de 20 Litres pour s’approvisionner en carburant. Des embouteillages monstres ont naturellement été causés par ces fils d’attentes composés de poids lourds, de véhicules, de bidons entraînant malheureusement d’importants désagréments durant de très longues heures. Certains journaux de la place affirment que l’Etat arrive à fournir le carburant en achetant du carburant au Cameroun et en Cote d’Ivoire  en attendant que le problème soit résolue. Info ou intox j’en sais rien.

Dans certaines stations, les pompistes ne fournissaient pas plus de 18,5 Litres d’essence ou de gasoil à chaque véhicule pour permettre au plus grand nombre de se ravitailler. Une chasse aux citernes avait même été lancée ; Dès la vue d’une citerne, les automobilistes se mettaient à sa poursuite pour savoir dans quelle station elle se rend pour livrer du carburant. Une rareté qui a suscitée  une solidarité circonstancielle entre automobilistes et usagers afin que chacun puisse trouver son compte. On n’a pas enregistré d’échauffourées  durant cette pénurie mais plutôt des états d’âmes et coups de gueule comme ce Monsieur dans le taxi qui dit : « On est vraiment dans l’énervence, plus rien ne marche. Avant on avait quand même de quoi manger même sans argent aujourd’hui c’est fini. Avant on arrivait à s’approvisionner en carburant , aujourd’hui ce temps-là est fini »

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Fil d’attente pour remplir des bidons. CP: Barack Nyare Mba
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Embouteillage à la station de IAI durant la pénurie CP: Barack Nyare Mba

Il faut dire que cette situation entrave fortement le quotidien déjà difficile des Gabonais. Les autorités doivent impérativement rentrer en négociation avec les responsables de l’ONEP afin qu’une issue favorable soit trouvée. Déjà qu’il existe une importante crise sociale au Gabon, une énième grève et pas des moindres empirerait l’atmosphère sociale qui est déjà étouffante à plus d’un titre.


Papa Elvis : « Nous vivons des ordures de la décharge publique »

Une vue de la décharge pendant le travail de récolte CP: Barack Nyare Mba

La pauvreté n’est plus un vain mot au Gabon, mais toute une réalité visible et observable quotidiennement. Depuis mon arrivée au pays, j’ai constaté avec amertume et désolation plusieurs faits qui brisent mon cœur mais renforcent ma détermination à faire comprendre à chacun de nous et aux gouvernants les responsabilités qui nous incombent en tant que citoyen gabonais. C’est dans cet esprit que Jeudi et samedi passés, je me suis rendu à la décharge publique de Mindoubé  située dans le 5ème arrondissement de Libreville pour voir et comprendre comment des compatriotes y vivent « grâce » aux ordures ménagères.

Il n’a pas été aisé pour moi de me rendre à la décharge publique de Mindoubé, mais la seule volonté de mettre en lumière la misère que d’autres Gabonais vivent, a largement suffit pour m’encourager. De plus, nous avons souvent des a priori sur le comportement de ceux qui y vivent alors qu’il n’en ait rien si le respect d’autrui demeure.

En route pour  la décharge

Le jeudi 27 Novembre je décide de me rendre à la décharge publique de Mindoubé aux environs  de 14H. En prenant le clando de IAI au carrefour poubelle, plusieurs idées fusaient dans ma tête car je n’avais aucune idée de ce qui m’y attendait ni comment ceux qui y vivent allaient me recevoir. La première chose qui m’a frappée dès ma descente du clando, c’est le goudron qui s’arrêtait à près de 500 mètres de la décharge. C’est un tronçon  qui semble être en latérite mélangée avec du gravier, rien de bien praticable pour ceux qui habitent dans les parages. Sans perdre foi, je me mis à marcher en direction de la décharge tout en observant l’environnement qui habillait se triste endroit.

Après une quinzaine de minute, me voici dans un carrefour qui fait office de marché. On y voit des hommes et des femmes s’affairant à ranger des affaires étalées à même le sol et sur des étables. En regardant autour de moi, j’ai aperçu  dans un bistrot deux femmes et un homme qui se rafraichissaient en buvant des bières. Je me suis approché d’eux, fit les salutations et déclina mon identité et bien sûr l’objet de ma venue. Au début il eut des difficultés à comprendre ma démarche, après une bonne heure de négociation, ils acceptèrent enfin de m’expliquer comment ils vivent dans cette décharge, leur travail et les dangers qu’ils rencontrent. C’est à la suite de cet accord qu’ils me donnèrent rendez-vous pour samedi matin.

Des personnes fouillant dans les ordures CP: Barack Nyare Mba

Au cœur de la décharge publique

Le samedi matin c’est avec enthousiasme que je me suis levé pour me rendre à la décharge publique en dépit de la forte pluie qui s’était abattue la veille nuit sur la capitale. J’avais eu un sacré bol le jeudi parce que le monsieur qui était dans le bistrot avec les deux dames était l’un des plus anciens de la décharge. Il se nomme NGUEMA EYI Jean alias Elvis et est âgé de 52 ans marié et père de plusieurs enfants. Papa Elvis est donc celui qui devait me servir de guide dans cette décharge.  A mon arrivée au bistrot à 10H, papa Elvis était déjà là et n’attendait plus  que moi pour débuter la journée ; Dès qu’il m’a vu, sans perdre une seconde nous sommes sitôt allés à la décharge elle-même.

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Une femme et ses deux enfants travaillant dans la décharge CP: Barack Nyare Mba
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Des travailleurs à la décharge publique de Mindoubé CP: Barack Nyare Mba

C’est une colline qui nous a menée vers la décharge, une fois au sommet le désolant spectacle qui a été offert à mes yeux était plus que révoltant : Des compatriotes s’acharnant à récolter les ordures ménagères déversées par les bennes et rangées par les bulldozers de la société CLEAN SERVICE AFRICA (Ancien SOVOG). Ce sont des hommes des femmes des enfants, jeunes moins jeunes et vieillards qui y travaillaient avec tous les dangers que cela impliquent. La décharge de Mindoubé est une immense montagne d’ordures qui surplombe et pollue gravement le fleuve  KOMO qui se jette dans l’océan atlantique ; C’est l’estuaire du Gabon, c’est d’ailleurs le nom de la province.

Papa Elvis m’explique que plus de 500 personnes y travaillent quotidiennement, La majeure partie de ces personnes vit aux alentours de la décharge créant ainsi un quartier, non, un village de plusieurs milliers de Gabonais. Hormis ces personnes, d’autres viennent des quartiers de Libreville comme NKEMBO, NTOUM, Les PKs, LALALA, MONTAGNIER, OWENDO etc, mais aussi des Ouest Africains. Ce sont des chefs de familles entières qui subviennent aux besoins quotidiens des leurs  à partir de la vente des ordures publiques.

Saviez-vous que plus de 300 navettes effectuent 24h/24 les camions de la société CLEAN SERVICE AFRICA, sans parler des autres prestataires. Un véritable balai continuel de bennes d’ordures qui ne règle malheureusement pas le problème d’ordures ménagères à Libreville.

« De la ville à la décharge et de la décharge à la ville »

 Le travail de ces gabonais à la décharge de Mindoubé n’est autre que le recyclage des certaines ordures ménagères ou industrielles telles que : les chaussures, les sacs, les canettes de jus, les bouteilles cassables, les papiers administratifs, les bouteilles d’eau plastique, les pneus de voitures, la ferraille, les flacons de médicaments, toute sorte de plastiques, les vêtements, le cuivre,  l’inox, le bronze etc.  Le travail commence par la récolte de ces ordures ensuite le tri et l’exposition sur les étales situées au carrefour transformé en marché.

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Le petit marché de la décharge publique de Mindoubé CP: Barack Nyare Mba
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Des bocaux recyclés et étalés pour la revente CP: Barack Nyare Mba
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La femme de papa Elvis en train de trier les papiers CP: Barack Nyare Mba

Papa Elvis m’explique que les ordures viennent de la ville pour la décharge mais ensuite repartent de la décharge pour la ville sous la même forme mais pas forcément pour le même usage. Exemple, les papiers administratifs servent à l’emballage des gâteaux qui sont revendus dans les quartiers. Pas tous mais une partie. Les canettes de jus sont revendues aux vendeurs de jus comme le Bissap (jus d’oseille) ou le lait caillé. Les bouteilles plastiques pour l’eau vendue à la sauvette dans les carrefours de Libreville, etc. Hormis les produits qu’ils vendent, eux-mêmes s’y fournissent largement en matériaux de construction, en meubles, vêtements, en téléphones, montres et autres accessoires.

Dans le décharge de Mindoubé plusieurs dizaines d’accidents ont été enregistrés  durant cette années, et mêmes des morts. Comme accident, papa Elvis m’a présenté un jeune homme d’une vingtaine d’année qui avait un bras coupé, un autre qui est son jeune fils qui avait le bras gauche complètement déboité. Ou un autre encore qui est devenu borne. Les décès surviennent lors de la récolte de jour comme de nuit, les bulldozers sont généralement responsables de ces accidents. Le dernier décès enregistré est survenu il y a quelques semaines, pendant que le jeune homme récoltait les ordures, les chenilles du bulldozer ont roulé sur le garçon ce qui lui a laissé aucune chance de survie. En plus de ces accidents, les maladies sont courantes chez ceux qui travaillent dans la décharge, les infections pulmonaires, les cancers, les problèmes dermatologiques, le paludisme et autres infections.

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Le jeune fils de papa Elvis qui a le bras déboîté CP: Barack Nyare Mba

Dans la plupart des cas, ces gabonais ne sont pas couverts par la CNAMGS. En demandant à papa Elvis pourquoi certains ne sont pas assurés, à lui de me répondre que ces personnes n’ont parfois pas de moyens pour se rendre dans les centres d’enrôlement avec leurs nombreux enfants, le manque d’information ou la perte de confiance en l’administration. Autant de raisons qui écartent ces gabonais de la couverture médicale.

La vie autour de la décharge

La décharge de Mindoubé est comme une montagne dont le versant Nord-Ouest est habité par les travailleurs de la décharge, au Sud se trouve le marché, l’Est est baigné par le fleuve KOMO, et l’Ouest par le cimetière. La route conduisant au quartier des travailleurs de la décharge est jonchée d’une marre polluée par les eaux usées déversées par les sociétés de vidange des fosses sceptiques. En suivant la route on arrive en plein cœur de ce quartier pauvre où vivent des familles entières dans des maisons de fortune et dans une atmosphère polluée constamment par les produits chimiques et les odeurs nauséabondes de la décharge. Certains des enfants qui y habitent apprennent dans les établissements primaires et secondaires de Libreville.

Deux jeunes travailleurs de la décharge CP: Barack Nyare Mba
Camions de vidanges des eaux de fausses sceptiques CP: Barack Nyare Mba
Des employés déverssant à meme le sol les selles et autres eux usées des fausses sceptiques CP: Barack Nyare Mba
Une marre polluée par les eaux usées déversées. CP: Barack Nyare Mba

En visitant ce quartier j’ai pu constater la pollution du fleuve KOMO et de la rivière par les sociétés de gestion des ordures et celles chargées de vidangées les fausses sceptiques. Sur place j’ai pu voir des enfants se laver dans ces eaux, la plupart utilisent cette eau polluée pour faire la lessive et la vaisselle augmentant ainsi les risques de maladie. Après une forte pluie, une grande partie de ce quartier est inondée de toute part, ce qui ma foi empire la situation déjà difficile de ces compatriotes.

Un jeune en train de péché près d’une eau polluée CP: Barack Nyare Mba
Papa Elvis en train de parler avec son beau-père percher sur le toit. CP: Barack Nyare Mba
Une vue du quartier des travailleurs de la décharge CP: Barack Nyare Mba

Cette visite a véritablement et profondément marqué mon esprit, je n’imaginais pas une seule seconde que des Gabonais vivaient dans une aussi importante pauvreté mais surtout dans l’indifférence totale. Parfois quand nous nous plaignons de certains manquements, je pense que d’autres comme ceux qui vivent à la décharge de Mindoubé ont davantage de plaintes à faire. J’en appelle à la conscience de tous, à la solidarité de chacun de nous, à la responsabilité de l’Etat et de la municipalité afin que ces gabonais à part entière obtiennent l’aide et le soutien nécessaires pour vivre dignement.

Une vidéo de la rivière polluée par les sociétés de vidange et de gestion des ordures urbaines.