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Clap de fin : derniers instants à Karijini et retour à Perth…

Les deux derniers jours au Karijini National Park ont été les meilleurs en termes de randonnée. Routes sinueuses, difficiles d’accès, voire dangereuses à certains endroits mais toujours magnifiques, offrant les plus belles richesses que la nature peut offrir (cascades, panoramas, rivières…). Tout au long de cet article, entre textes et photos, venez découvrir les principaux treks de Karijini.

La traversée sportive d’Hancock Gorge

Comme peut l’indiquer le titre ci-dessus, les randonnées de ces gorges ne sont pas à la portée de tous. Avant de vous lancer, évaluez vos compétences sportives et physiques afin de juger vos capacités à traverser Hancock Gorge. Cela vous évitera des blessures inutiles voire pire… Et je peux vous dire que s’il faut appeler les secours, ces derniers n’arriveront pas avant plusieurs heures afin de rejoindre votre position (si, toutefois, vous pouvez les contacter car bien entendu le réseau ne fonctionne pas très bien dans les parages).

Mais tout d’abord, commençons par la première difficulté, à savoir la route menant du camping aux gorges. Je crois que c’est l’une des pires de Karijini. Durant des kilomètres, vous devrez emprunter un chemin de terre avec des pentes raides et des nids de poule de la taille de crevasses. Si vous avez un 4×4, vous n’aurez aucune difficulté. Pour les autres, évitez de rouler trop vite mais surtout vérifiez que votre voiture ne soit pas trop basse (afin de pouvoir passer certaines montées sans endommager le châssis).

Cette épreuve passée, les randonnées peuvent commencer. Pour démarrer, nous nous rendons à l’Oxer & Junction Pool Lookouts, un panorama où vous pourrez contempler, du haut d’une falaise, les gorges. Pour admirer la vue, vous n’aurez aucun problème, le chemin étant large et plat (même les voitures peuvent y passer).

Nous restons plusieurs minutes devant ces roches de couleur ocre où traverse une petite rivière, sûrement formée par les nombreuses averses durant la saison des pluies. D’ici, nous réalisons très vite qu’il va falloir descendre la falaise sur laquelle nous sommes afin de rejoindre les principaux treks. Pour ceux ayant le vertige, il va falloir dépasser votre phobie du vide. Seul chemin, un « escalier » raide, se finissant par une échelle en bois vous permettra de rejoindre les bas-fonds d’Hancock Gorge.

Oxer & Junction Lookouts
Panorama sur la vallée à Oxer & Junction Lookouts. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Panorama Hancock Gorge
Panorama sur Hancock Gorge. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Rivière Hancock Gorge
La rivière traversant la vallée d’Hancock Gorge. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien

Par la suite, nous devons traverser des sentiers parfois inondés où nous sommes contraints d’enlever nos chaussures et retrousser nos shorts pour éviter d’être trempés (enfin essayer de minimiser les dégâts). Pour ma part, j’opte pour un maillot de bain, solution la plus simple. À certains endroits, il est possible d’éviter la nage en escaladant la roche. Ceci est surtout faisable sur la dernière partie du trek menant à la première attraction d’Hancock Gorge : The Amphitheatre. Si vous n’avez pas la condition physique pour, vous devrez vous immerger presque entièrement. Donc, petit conseil, laissez vos affaires derrière vous avant de passer ce dernier obstacle.

Chemin immergé Hancock Gorge
Pour continuer la randonnée, il va falloir retrousser son pantalon… Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Escalade roche Hancock Gorge
Deux solutions pour traverser cette partie du trek… Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Escalade roche Hancock Gorge
Soit escalader la roche comme je l’ai fait. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Traversée Hancock Gorge Karijini
Soit traverser à la nage comme ce couple de chinois. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien

De l’autre côté, vous pourrez admirer The Amphitheatre, qui, comme son nom l’indique, à la forme d’un amphithéâtre tel que ceux construit par les Hommes à l’époque Gallo-Romaine. Avant de continuer, reprenez votre souffle car la suite est encore plus intense.

The Amphitheatre Hancock Gorge
The Amphitheatre. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Amphitheatre rivière
Le lit de la rivière traversant The Amphitheatre. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Amphitheatre Hancock Gorge
Vue sur l’Amphitheatre d’Hancock Gorge. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous suivons le cours de l’eau qui nous amène au Spider Walk (ou la marche de l’araignée en français). Cette partie de la randonnée vous demandera un peu d’adresse car ici pas de chemin. En effet, l’eau en dessous de nos pieds et l’accès étroit nous demandent de nous appuyer de chaque côté de la roche afin d’avancer dans ce dédale. À la force des bras et des jambes, nous traversons le Spider Walk qui n’est pas aussi compliqué que je me l’imaginais (mais pour des enfants ou des personnes âgées, je pense que c’est à éviter).

Spider Walk Hancock Gorge
Le fameux Spider Walk. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Spider walk traversée
Je vous montre la meilleure façon de traverser le Spider Walk. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien

Clou du spectacle (et du trek), nous arrivons à une piscine naturelle, baptisée Kermits Pool. Malgré l’eau très froide, je décide de plonger dedans pour me rafraîchir un peu avant de rebrousser chemin. Car oui, impossible de continuer droit devant puisque le Kermits Pool se termine en chute d’eau. Cette partie du trek est uniquement réservée aux personnes faisant de la varappe, ayant l’équipement adéquat et accompagnées d’un guide connaissant parfaitement Karijini.

Kermits Pool Hancock Gorge
Après le Spider Walk, place à Kermits Pool. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien

Du coup, nous partons en sens inverse, reprenons le Spider Walk, passons par The Amphitheatre, escaladons la roche et traversons les chemins immergés. Entre l’allée et le retour, il nous faudra plusieurs heures avant de retourner à la voiture et partir à notre deuxième destination de la journée.

« Peur » à Weano Gorge

Si vous pensez que la randonnée d’Hancock Gorge est difficile alors ne tentez pas celle de Weano Gorge ! Bon j’exagère un peu, le trek dans cette autre partie de Karijini est à la portée d’un grand nombre de personnes. Il faut juste faire attention où l’on met ses pieds et avoir les bonnes chaussures car le sol est extrêmement glissant. Ici, la randonnée est parsemée de piscines naturelles, les Handrail Pool, alignées les unes après les autres. Entre chacune d’elle, un chemin ressemblant étrangement au Spider Walk vous permettra d’accéder aux piscines. Profitez-en pour vous y baigner, après tout vous n’y reviendrez pas très souvent.

Randonnée Weano Gorge
Début de la randonnée à Weano Gorge. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Chemin Weano Gorge Karijini
Ce chemin à Weano Gorge me fait penser au Spider Walk. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Chemin weano gorge Karijini
Attention où vous mettez les pieds, un accident est vite arrivé. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Weano Gorge traversée
Passage obligatoire pour continuer notre trek à Weano Gorge. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Handrail Pool piscine Karijini
Les piscines naturelles d’Handrail Pool s’enchaînent les unes après les autres. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Handrail Pool Weano Gorge
Il s’agit de la piscine naturelle la plus importante de Weano Gorge. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Handrai Pool piscine naturelle
Une autre piscine naturelle à Handrail Pool. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien

Même chose qu’à Hancock Gorge, pour sortir de là, il faudra reprendre le même chemin en sens inverse. Sans se presser, profitant pleinement de ces paysages brutes et sauvages, nous terminons Weano Gorge en milieu d’après-midi ce qui nous laisse plusieurs heures pour profiter de notre dernière étape, beaucoup plus facile que les deux précédentes.

Baignade à Joffre & Knox Gorges

Après tous ces efforts, nous avons pleinement mérité de nous reposer un peu au bord de l’eau. Rien de mieux que les Joffre & Knox Gorges pour cela ! Bon, pour y accéder, il est encore nécessaire de descendre une falaise mais rien de bien méchant. En bas, une rivière permet de se poser pour bronzer. En amont de celle-ci, vous pourrez contempler une superbe cascade s’écoulant depuis le sommet, là où nous avons débuté notre randonnée.

Joffre & Knox Gorges panorama
Joffre & Knox Gorges du haut de la falaise. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
rivière Joffre & Knox Gorges
La rivière traversant Joffre & Knox Gorges. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Cascade Joffre & Knox Gorges
La cascade de Joffre & Knox Gorges. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Cascade Karijini Joffre & Knox Gorges
Un petit coin de paradis entre deux falaises. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien

Comme toutes les randonneuses et tous les randonneurs, nous nous installons sur une roche et partons nous baigner jusqu’à ce que le soleil annonce prochainement la fin de la journée. Sans plus attendre, nous repartons à la voiture et retournons à notre camping pour notre dernière soirée au parc national de Karijini ☹

Adieu Karijini…

Nous arrivons au camping au moment parfait afin de profiter du coucher du soleil. Ce dernier vêt une robe d’une couleur dégradée, partant du jaune pour passer à l’orange puis au rose pâle. Cette couleur atypique et apaisante créé un effet de relief sur les nuages que je n’avais encore jamais vu en Australie.

Coucher de soleil Karijini
Dernier coucher de soleil à Karijini. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien

Une fois ce spectacle terminé, nous partons nous coucher et nous remémorons tout ce que nous avons pu voir durant les jours passés à Karijini. Bien que je n’aie pas fait tous les parcs nationaux, je pense que celui-ci fait partie des incontournables. Ayant visité ceux de la Gold Coast, du nord du Queensland mais également celui de Sydney ou encore tous ceux de la côte ouest, Karijini National Park a une place à part qui vaut le coup de découvrir.

Le lendemain matin, il est temps de ranger les affaires et de quitter cet endroit magnifique. Mais avant de partir, nous redescendons rapidement aux Dales Gorge pour contempler une cascade que nous avions oubliée durant notre visite le premier jour. Il s’agit de Fern Pool, une petite piscine naturelle, située en aval de Fortescue Falls.

Fern Pool Dales Gorge
La piscine naturelle de Fern Pool. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Fern Pool
Dernières minutes et dernière photo au parc national de Karijini. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien

Ce dernier regard clôt en beauté notre aventure ici ainsi que notre road trip sur la côte ouest. Il est désormais temps de rentrer sur Perth, afin de rendre notre van.

Étant donné qu’il n’y a pas grand-chose à raconter sur le retour à la capitale du Western Australia, j’ai décidé de ne pas écrire d’article supplémentaire. Mis à part deux jours de route en plein désert où nous avons rencontré des kangourous (vivants et morts) ainsi que des convois spéciaux d’énormes camions utilisant deux voies, je ne vois pas ce que je pourrais ajouter d’autre.

Convoi Australie
Un convoi spécial en plein milieu du désert australien. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien
Camions route désert
Certains camions peuvent être longs… Très longs ! Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien

Ah oui, avant de retourner à l’agence de location du van, nous avons fait un détour de quelques heures au Yanchep National Park afin de voir une dernière fois les koalas du parc et être entourés de petits kangourous peu farouches. Juste après ça, nous disons adieu à notre van, Justin, qui nous a permis de découvrir la beauté de la côte ouest de l’Australie. Je n’oublierai jamais cette expérience incroyable, la meilleure partie de mon road trip, ayant débuté quelques mois de cela à Surfers Paradise.

Koala Yanchep National Park
Adieu les koalas de Yanchep National Park. Crédit photos : CHAN OU TEUNG Fabien

Et adieu l’Australie 

Qui dit fin du road trip, dit également fin de mon aventure australienne. Je savais que ce jour devait arriver mais je ne pensais pas qu’il viendrait aussi rapidement. Et oui, déjà deux ans, deux ans que je vis ici et où j’ai pu m’épanouir pleinement grâce aux diverses rencontres et aux nombreux voyages à travers le continent. Je me souviendrais plus particulièrement de certains temps forts tels que :

  • Mon arrivée à Sydney et la connaissance d’Aricia, la première personne que j’ai rencontrée ;
  • Ma rencontre avec Nina et Fabiolà à l’auberge de jeunesse ;
  • Mon expérience de travail industriel à Cairns où j’ai pu faire connaissance avec Adrien ;
  • Mon road trip sur la côte est avec Mathieu où nous avions visité des endroits paradisiaques, notamment Magnetic Island, Fraser Island, Noosa et surtout les Whitsundays ;
  • Le mois passé à surfer à Byron Bay ;
  • Mes six mois sur la Gold Coast ainsi que les bons moments passés avec mes collègues de travail et amies Peiling et Rafaela ;
  • Et enfin, le dernier road trip avec les lions de mer, les requins baleines, sans compter les paysages sauvages, jamais vu ailleurs.

Même si ça n’a pas été tout rose, je n’ai aucun regret si ce n’est de ne pas avoir été capable de rester de manière durable en Australie. Les entreprises proposant des « Sponsorship Visas » sont très rares. Je n’ai pas eu la chance d’en rencontrer une et je dois malheureusement rentrer en France, ma patrie d’origine. Bien évidemment, je suis heureux de retrouver ma famille, mes amis et la cuisine française ! Seulement, je suis très triste de quitter le mode de vie à l’australienne cool, sans prise de tête, avec un rapport avec le travail plus sain et moins stressant qu’en France. Enfin, c’est comme ça, il faut l’accepter et tourner la page comme je l’ai fait lorsque j’ai quitté la France.

Cet article clôt mon expérience australienne de deux ans. Mais n’ayez aucune crainte, je continuerai d’écrire sur ce blog. Je pense que les sujets auront principalement attrait à la thématique du voyage mais rien n’est sûr pour le moment. Pour ceux qui ne le savent pas, j’ai un autre blog que j’avais commencé avant d’intégrer la communauté Mondoblog. Sur celui-ci, j’ai décrit toutes mes aventures en Australie depuis le jour de mon arrivée là-bas. Si vous souhaitez en découvrir davantage, je vous propose d’aller y jeter un coup d’œil. L’adresse est : www.fabienaupaysdoz.com

Voilà, il ne me reste plus qu’à vous donner un dernier conseil : partez sans plus attendre en Australie, vous ne le regretterez pas !


Le parc national de Karijini ou la nature à l’état brut

Le séjour à Exmouth s’étant terminé en apothéose avec les requins-baleines, il est l’heure de reprendre la route pour nous rendre au parc national de Karijini. Il s’agit de la dernière étape de notre road-trip qui aura duré deux semaines. Afin de profiter pleinement de ces derniers moments sur la côte ouest, nous avons décidé de poser notre van à Karijini pour trois jours. Ce sera l’occasion de profiter pleinement des nombreuses randonnées dans l’un des plus beaux parcs nationaux que l’Australie a à offrir.

Une longue route nous attend…

640 kilomètres nous séparent du Karijini National Park, situé dans les terres de l’état du Western Australia. Nous quittons la côte avec ses falaises et ses plages pour une longue traversée dans un désert où les « villes » se comptent sur les doigts de la main.

Avant de partir, nous refaisons le plein d’essence à Exmouth pour éviter de tomber en panne en chemin. En effet, AUCUNE STATION-SERVICE n’existe entre notre point de départ et Tom Price, ville la plus proche (si l’on peut dire) qui se trouve quand même à 571 kilomètres d’ici ! À 69 kilomètres près, nous arrivons à notre destination finale… Un seul plein ne suffirait pas mais, heureusement, nous avons également deux bidons d’essence remplis au Billabong Roadhouse (vers Shark Bay) afin de palier à ce problème. Je vous déconseille de tenter votre chance sans deux voire trois jerricans, vous risqueriez de fortement le regretter. Être à sec, en plein désert, sans réseau pour appeler à l’aide risque de vous coûter cher. Et je ne compte pas le remorquage de la voiture puisque le garage le plus proche se trouve à Tom Price.

Sur ce, il est temps de partir pour huit heures de route, quasiment non-stop.

Tom Price, un arrêt bien mérité

Je vous épargne le trajet où il n’y a pas grand-chose à raconter et décrire mis à part le sable et les kangourous morts sur le bord de la route. Passons directement à Tom Price. Petite ville ou plutôt village d’environ 2700 habitants, Tom Price doit seulement son existence et sa survie à son activité minière (extraction du fer) et au fait d’être à quelques kilomètres de Karijini. Il sert également d’arrêt obligatoire pour les touristes et backpackers venus depuis Perth, Exmouth, Broome ou Darwin afin de remplir leur réservoir et faire quelques emplettes à la supérette du coin. Sinon, il n’y a pas grand-chose à dire de plus.

Hormis l’essence et la nourriture, nous profitons également de cet arrêt pour nous dégourdir les jambes et chercher l’endroit où nous allons passer les prochaines nuits. Seulement deux possibilités s’offrent à nous :

  • Dormir gratuitement (et légalement) à quelques kilomètres de l’entrée de Karijini ;
  • Payer 11$ (soit 7,10€) par personne et par nuit pour profiter du camping ainsi que des sanitaires, à l’intérieur même du parc et être à proximité des principales randonnées.

N’ayant pas eu l’occasion de le faire à Cape Range, nous optons pour la deuxième option, plus confortable et pratique pour un prix qui n’est pas très excessif.

La décision prise, nous repartons pour, une heure et demie plus tard, arriver à Karijini. La fin de journée approchant à grands pas, nous nous empressons pour rejoindre l’accueil du camping, le Dales Camping Area et obtenir une place où nous pourrons garer notre van.

Voilà, notre journée en transport est enfin terminée ! Demain, nous pourrons passer à une partie beaucoup plus agréable que la conduite dans le désert, à savoir la découverte du parc, de ses treks et ses cascades.

Première balade, les Dales Gorge

Notre camping étant situé juste en face, pour cette première journée de randonnée, nous choisissons de nous rendre aux Dales Gorge. Bien qu’il demande une certaine condition physique, ce trek ne fait pas partie des plus difficiles du parc national.

Nous commençons par longer les gorges du haut de la falaise, en nous arrêtant à différents endroits pour admirer le paysage. La roche ocre, semblable à de la terre battue, est traversée par une petite rivière, formant par-ci, par-là des piscines naturelles et des cascades où il est possible de se baigner. Pour y accéder, nous devons descendre la falaise en empruntant une passerelle aménagée par les employés du parc, permettant ainsi de ne pas trop se fatiguer.

Panorama Dales Gorge Karijini
Panorama sur les Dales Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Rivière Dales Gorge Karijini
La rivière traversant les Dales Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En bas, nous arrivons directement à Fortescue Falls, la première cascade des Dales Gorge. La roche glissante et polie par l’eau douce, permet à la rivière de s’écouler jusqu’à un petit bassin. La pierre de ces gorges est composée de différentes strates droites et régulières s’étant formées au fil des siècles.

Fortescue Falls Karijini
La passerelle nous amène directement à Fortescue Falls. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Fortescue Falls cascade
La cascade de Fortescue Falls. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
hauteur Fortescue Falls Dales Gorge
Vue en hauteur de Fortescue Falls. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Strates roche Karijini
On voit bien les strates qui composent la roche de Karijini. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Roche Karijini
La roche de Karijini est vraiment particulière. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous continuons notre balade en suivant tranquillement le cours de la rivière. À certains endroits, l’eau a envahi le chemin de randonnée, nous obligeant à nous accrocher à la falaise ou à sauter de rocher en rocher afin de ne pas mouiller nos baskets. Tant bien que mal, nous parvenons à rester au sec, ce qui n’est pas le cas d’autres randonneurs que nous croisons en route.

Rivière Dales Gorge
La randonnée longe la rivière. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Randonnée Dales Gorge
Calme et nature, maîtres-mots des Dales Gorges. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Randonnée Dales Gorge Karijini
La randonnée aux Dales Gorge commence à se compliquer. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Au bout de plus d’une heure, nous arrivons à la fin de la rivière où une piscine naturelle s’est formée. Ce lieu du nom de Circular Pool est l’une des attractions phares des Dales Gorges où l’on peut se rafraîchir après avoir crapahuté et bien transpiré. Voyant des personnes à l’eau, je tente moi aussi de prendre un bain mais la température froide, presque glacée, me dissuade de rester plus de cinq minutes à l’eau. J’ai passé une tête, juste histoire de dire que je me suis baigné à Circular Pool.

Randonnée Circular Pool
Chemin amenant sur le site de Circular Pool. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Circular Pool Karijini
La piscine naturelle de Circular Pool. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Circular Pool selfie Karijini
Selfie avant de piquer une tête à Circular Pool. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La baignade terminée, nous reprenons nos affaires pour rejoindre par un autre chemin le haut de la falaise et revenir à notre point de départ. Cette fois-ci, l’ascension via des marches raides, construites à même la pierre, est beaucoup plus intense que la passerelle utilisée à l’allée. Au bout de 20 minutes, nous parvenons à gravir la falaise, essoufflés et suant à grosses gouttes mais heureux de ce que nous avons pu voir tout au long de ce trek.

Un après-midi à Hamersley Gorge

La matinée aux Dales Gorge nous ayant bien boosté, nous décidons de partir vers un autre site, un peu moins connu mais tout aussi intéressant. Pour cela, nous devons prendre notre van, direction Hamersley Gorge.

La route pour y accéder n’est pas des plus agréables et pratiques, bien au contraire. Nous sommes contraints de sortir par l’entrée principale de Karijini, prendre la voie rapide comme si nous partions vers Tom Price avant de bifurquer et emprunter une route en terre, caillouteuse, truffée de nids-de-poule où il est conseillé de conduire à une allure réduite si vous ne possédez pas de 4×4. Du coup, freinés par l’état du chemin, nous mettons plus d’une heure (peut-être deux) avant d’arriver à destination.  Cependant, ça en valait vraiment le coup.

Entre deux falaises, une grande piscine naturelle permet aux visiteurs de passer plusieurs heures à se baigner et bronzer sur les rochers. Beaucoup moins étroits que les Dales Gorge, Hamersley Gorge est un lieu où les gens se posent pour pique-niquer et se détendre au bord de l’eau plutôt que de faire une randonnée pédestre.

Hamersley Gorge falaise
Hamersley Gorge du haut de la falaise. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Hamersley Gorge piscine naturelle
La piscine naturelle d’Hamersley Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous décidons de passer notre après-midi ici. Le soleil étant beaucoup plus intense et chaud que ce matin, nous rentrons à l’eau facilement. Muni de ma GoPro, je prends plusieurs photos de Hamersley Gorge au fil de notre balade aquatique.

Baignade Hamersley Gorge
On part se baigner à Hamersley Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Hamersley Gorge baignade
Petit bain à Hamersley Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Hamersley Gorge nage
Le cours de l’eau nous amène entre les falaises d’Hamersley Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Cette journée est vraiment forte en émotion. Après avoir fait, Yanchep, Cape Range, le Royal National Park, Lamington, Springbrook… je peux vous dire que Karijini est le plus spectaculaire et le plus sauvage des parcs nationaux. On se croirait dans un film d’aventure tel « Indiana Jones et la dernière croisière » où la nature est à la fois belle et dangereuse. Ce n’est que le premier jour mais je suis déjà sous le charme. Et je peux vous dire que vous n’avez encore rien vu, les deux prochains jours réservent de nouvelles surprises.


À la rencontre des requins-baleines de Ningaloo Reef

Aujourd’hui, c’est enfin le grand jour ! Celui que j’attendais tant, dont je rêvais depuis des mois voire même depuis mon arrivée en Australie, en septembre 2015. Il m’aura fallu patienter un très long moment avant de pouvoir exaucer ce vœu : rencontrer des requins-baleines et nager à leur côté au milieu de l’océan Indien.

En route pour l’aventure !

Un peu avant 7h30, nous arrivons devant la réception de notre camping, point de rendez-vous avec l’agence Ningaloo Whale Sharks. Grâce à cette compagnie, nous allons partir en mer à la recherche des requins-baleines – Je ne reviendrai pas sur le choix de Ningaloo Whale Sharks (déjà expliqué dans un article précédent) mais pour ceux prévoyant de faire cette activité, je ne peux que vous conseiller fortement de partir avec eux.

Nous attendons environ 10 minutes avant qu’un bus ne s’arrête juste devant nous, sûrement la navette nous amenant au port de plaisance d’Exmouth. Une jeune Australienne sort du car et nous demande nos noms et prénoms afin de vérifier notre présence sur la liste des clients de la journée. Une fois le contrôle d’identité terminé, celle-ci nous invite à prendre place dans la navette où une quinzaine de personnes sont déjà installées.

Sur la route, l’Australienne, qui sera notre photographe et animatrice principale, nous explique le déroulement de la journée et nous propose de faire connaissance puisque nous sommes au complet. Notre groupe, de petite taille, est plutôt éclectique : entre 18 et 60 ans, australiens ou étrangers, seul ou en groupe, touristes lambda ou backpackers comme nous. À travers ces profils divers et variés, je comprends que la rencontre avec les requins-baleines est une activité intéressant tout le monde et connue dans le monde entier.

Les présentations faites, notre chef de groupe profite des dernières minutes en bus pour nous parler du requin-baleine, en nous en faisant une description détaillée. De la famille des poissons cartilagineux, cet animal est un requin à part entière mais prête certaines caractéristiques à la baleine d’où son nom. Il se déplace de la même manière qu’un requin, en mouvant sa queue de droite à gauche. Concernant son alimentation, celle-ci est composée principalement de plancton, d’algues et d’animaux microscopiques, un régime identique à celui de la baleine bleue. Pouvant atteindre 20 mètres de long et peser jusqu’à 34 tonnes, le requin-baleine est considéré comme étant le plus grand poisson vivant actuellement sur Terre. Son caractère dénué de toute agressivité en fait un animal totalement inoffensif pour l’homme contrairement à son « cousin » le grand requin blanc.

Malheureusement, c’est une espèce animale en danger dont les principaux prédateurs sont l’orques mais surtout l’Homme. Même si, aujourd’hui, seules la Chine et Taïwan consomment du requin-baleine, cela suffit à les menacer d’extinction. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le tourisme joue un rôle plutôt « positif » à la survie de cet animal. Certains pays comme les Philippines ont arrêté la pêche, se rendant compte que les requins-baleine rapportent plus d’argent vivant que mort dans une assiette. Beaucoup de voyageurs paient pour pouvoir nager avec ces gros poissons de l’océan, incitant d’anciens pêcheurs à se reconvertir en guides touristiques. Bien évidemment, ce n’est pas une solution miracle car même s’il s’agit d’un éco-tourisme, celui-ci entraîne des problèmes comme la perturbation de son habitat naturel. En Asie, la plongée avec les requins-baleines n’est pas aussi contrôlée et restrictive qu’en Australie mais bon c’est toujours mieux que de chasser et tuer cet animal.

Une plongée test avant le grand bain

Au port, nous attendons à peine 20 minutes avant d’embarquer dans le bateau où toute l’équipe nous accueille : le capitaine et son assistant, les deux animateurs de plongée et une personne chargée des petites tâches sur le bateau telles que la préparation du repas, le nettoyage ou encore le rangement du matériel de plongée.

Au démarrage des moteurs, notre photographe nous propose d’acheter un « pack VIP » nous permettant d’être prioritaire sur les photos qu’elle prendra durant les différentes plongées. Pour une cinquantaine de dollars, nous serons les « mannequins stars » et aurons accès à toutes les photos prises, en version HD bien entendu. Même si je suis muni d’une GoPro, je me laisse tenter par cette offre. Cela me permettra de me focaliser sur l’expérience du moment sans avoir à me préoccuper des photos souvenirs.

Puis, nous partons au large pour un premier « baptême » de plongée, en masque et tuba, afin d’observer le comportement et l’aisance de chaque client dans l’eau. Ceci servira de test avant d’essayer d’approcher un requin-baleine. Cette première plongée est obligatoire depuis que des personnes, ne sachant pas nager et n’ayant pas informer l’agence de ce « handicap », ont voulu tenter cette expérience. Je vous laisse imaginer la catastrophe que cela peut entraîner, d’autant plus que nous sommes à des kilomètres de la côte, en eau profonde, sans rien autour.

Le groupe est divisé en deux équipes dont la composition devra être respectée tout au long de la journée. Les animateurs nous expliquent une nouvelle fois que la nage avec les requins-baleine est très réglementée en Australie (ce qui est une excellente idée). Il ne doit pas y avoir plus d’une dizaine de personnes à l’eau et des distances de sécurité doivent être respectées pour ne pas gêner l’animal. De plus, les professeurs de plongée profitent de cette session pour nous habituer aux différentes règles et signaux qu’ils pourraient utiliser dans l’eau.

Règles plongée Ningaloo Whale Sharks
Explication des règles de plongée par le professeur. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Cours de plongée Ningaloo Whale Sharks
On écoute attentivement les recommandations des animateurs de plongée. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation

Nous nageons autour d’un récif corallien où des petits poissons tropicaux ont élu domicile. Comme promis, la photographe ne me lâche pas d’une semelle et me propose de prendre de nombreux clichés. Nous « pataugeons » pendant environ une demi-heure avant de retourner sur le bateau où les choses sérieuses vont commencer.

Première plongée Ningaloo Reef
Comme un poisson dans l’eau pour cette première immersion à Ningaloo Reef. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Plongée océan Indien
Non il n’y a aucun trucage ! Beau travail de la photographe. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Plongée Ningaloo Reef
Encore moi nageant sous l’océan Indien. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Corail Ningaloo Reef
Première plongée autour des coraux de Ningaloo Reef. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Etoile de mer bleu marine Ningaloo Reef
Une belle étoile de mer bleu marine. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Poisson Ningaloo Reef
Un petit poisson étrange se baladant seul au milieu des coraux. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Bénitier Ningaloo Reef
Un gros bénitier au milieu de nulle part. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Des rencontres inoubliables

Tout le monde à bord, nous recevons un appel de l’avion de l’agence, en train de survoler les environs, ayant déjà trouvé un requin-baleine. Les coordonnées reçues, le capitaine nous amène sans plus attendre à l’endroit où nous allons rencontrer notre nouvel ami.

Arrivés à destination, l’équipage arrête les moteurs, laissant la photographe plonger la première pour trouver la position exacte de ce gros poisson. Il ne lui faut que quelques secondes pour faire signe à la première équipe de venir la rejoindre. Faisant partie du deuxième groupe, j’observe du bateau, attendant impatiemment mon tour.

Au bout d’un quart d’heure, nous les voyons revenir. Enfin, c’est à nous ! Nous plongeons à l’eau et partons vers la photographe restée à proximité du requin-baleine. Et là, j’assiste à un des plus beaux spectacles que j’ai pu voir dans ma vie. Devant moi, un immense poisson, tacheté de blanc, nage librement, sans se préoccuper un instant de notre présence. Je suis impressionné par sa taille et la vitesse à laquelle il nage. Même s’il ne va pas à l’allure d’un bolide de Formule 1, il faut quand même une bonne condition physique pour arriver à le suivre pendant plusieurs minutes (je comprends pourquoi chaque session ne dure pas plus d’un quart d’heure).

Son énorme bouche reste constamment ouverte, sûrement pour aspirer la tonne de plancton qu’il doit ingurgiter par jour. Par ailleurs, le requin-baleine possède de tout petits yeux, ce qui est amusant par rapport à sa corpulence. Il dispose d’énormes nageoires, d’une grande gueule mais niveau optique c’est tout l’inverse. N’ayant pas beaucoup de prédateurs, il ne doit pas avoir besoin d’une vision extraordinaire pour faire face au danger.

requin-baleine Ningaloo Reef
Une superbe photo de face du requin-baleine rencontré dans la matinée. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Enorme requin-baleine Ningaloo Reef
Avouez que sa taille est impressionnante ! Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Requin-baleine Ningaloo Reef
Les photos prises avec ma GoPro rendent moins bien que l’appareil de la photographe… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
requin-baleine GoPro
Une autre tentative de photo avec ma GoPro. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Tout autour de lui, des dizaines de poissons-pilotes nagent en totale harmonie profitant ainsi de sa protection contre d’éventuels prédateurs. De plus, leur alimentation est constituée principalement des parasites se trouvant sur le corps du requin-baleine. On peut dire que c’est une association gagnant-gagnant où tout le monde y trouve son compte.

Poissons-pilotes requin-baleine
Une dizaine de poissons-pilotes suivent le requin-baleine. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
requin-baleine et poissons-pilotes
Le requin-baleine, chef de gang avec ses vassaux, les poissons-pilotes. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation

Au bout de quinze minutes, nous devons dire adieu à notre ami et repartir sur le bateau. Cette première expérience a été fantastique. Mais pas le temps de se reposer, notre avion nous informe qu’un autre requin-baleine se trouve à quelques kilomètres de notre position. Du coup, nous partons sans plus attendre pour trois autres sessions d’un quart d’heure, tout aussi inoubliables. Le deuxième requin-baleine, ayant une allure plus lente que le premier, nous permet de plonger à plusieurs reprises.

Requin-baleine Ningaloo Reef
On prend la pose devant le requin-baleine ! Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Requin-baleine Ningaloo Reef
Le requin-baleine et moi, une grande histoire d’amour. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation

Notre excursion en mer se termine en début d’après-midi. Nous déjeunons à bord du bateau qui est reparti vers la côté et s’est amarré dans une petite crique. Pour ceux qui le souhaitent, les animateurs proposent de faire une initiation de plongée en bouteille ou de faire du snorkeling autour du bateau. Le soleil n’étant pas au rendez-vous et le vent frais ont eu raison de ma motivation. Étant frigorifié et commençant à avoir les lèvres bleues, je ne repars pas à l’eau. D’ailleurs, les animateurs ayant vu que je tremblais depuis un certain temps, m’ont déconseillé de faire une autre plongée. Seulement une personne ira à l’eau durant l’après-midi, les autres restant à bord pour contempler les photos qu’elles ont prises. La photographe me propose de voir tous les clichés où je pose et je dois le reconnaître, ils sont bien mieux que ceux que j’aie pris avec ma GoPro. Je ne regrette absolument pas d’avoir acheté le pack VIP.

En milieu d’après-midi, nous repartons au port, heureux de ce que nous avons vécu durant cette journée. Je n’ai pas de mot pour décrire cette expérience qui a été forte en émotion et m’a permis de réfléchir sur la place de l’Homme sur Terre ainsi que notre pseudo « supériorité ». À côté de cet animal, je me suis senti tellement petit et insignifiant. Même si celui-ci n’est pas dangereux pour l’être humain, il n’en reste pas moins un colosse comparé à nous qui peut, s’il le souhaite, nous tuer d’un simple coup de nageoire.

Au fur et à mesure des rencontres animales, que j’ai eu la chance de faire en Australie, je me rends compte à quel point nous avons à apprendre des autres espèces et des responsabilités que nous avons par rapport à leur protection. Si vraiment nous sommes les êtres les plus « évolués » de notre planète, cela nous impose d’avoir des charges et des devoirs envers tous les autres êtres vivants. Nous devons avoir une chasse et une pêche responsable, bannir totalement de notre alimentation certaines espèces animales et limiter la pollution, les déchets inutiles. Je ne dis pas qu’il faut faire marche arrière et vivre dans le passé mais nous devons utiliser la modernité, les nouvelles technologies au profit de l’environnement. En Europe, je crois que nous commençons à aller dans le bon sens et ce serait merveilleux que d’autres emboîtent le pas (plus particulièrement l’Asie et les Etats-Unis, les plus gros pollueurs de notre planète).

Les voyages, les rencontres m’ont permis de réfléchir sur ça et de me remettre en question : peut-être est-ce la solution pour une prise de conscience massive ? Voir et observer d’autres cultures, en apprendre plus sur les animaux et les végétaux qui nous entourent pour se dire que nous ne sommes pas mieux que les autres, nous avons seulement eu plus de chance en termes d’évolution.


Les fonds marins de Cape Range National Park

Comme la météo l’avait annoncé, le temps s’est relevé depuis la veille. Les nuages bas, gris et menaçants ont disparu, laissant place à un soleil quelque peu timide mais bien présent. Seule ombre au tableau, le vent souffle assez fort en ce début de matinée et risque de nous gêner compte tenu de l’activité prévue. Aujourd’hui, nous avons décidé de faire du « snorkeling » au parc national de Cape Range où de nombreux spots sont disséminés tout le long de la côte.

Passage rapide au centre d’information

Pour ceux qui n’ont pas de matériel de plongée (comme nous), pas de panique, le centre touristique du parc met à disposition tout ce dont vous avez besoin pour observer les fonds marins. Pour un prix dérisoire (même si je ne me souviens plus du montant exact), vous pourrez louer à la journée masque, tuba et palmes. En plus du prix de la location, il vous faudra laisser une caution (en espèce ou directement avec votre carte de crédit).

Comme la veille pour les randonnées, nous demandons à l’employée de nous indiquer les principaux spots de plongée à faire en un jour. Une fois parés et prêts, nous retournons à notre van et partons tout au sud pour notre première baignade de la matinée.

Première découverte marine à Osprey Bay

Au total, quatre spots nous ont été conseillés afin de profiter au maximum de la faune et flore aquatique du parc. Normalement, avec de la chance, nous pourrions tomber nez à nez avec des tortues, des raies, peut-être des petits requins de coraux et autres animaux se cachant dans l’océan Indien.

Tout d’abord, notre programme nous amène à Osprey Bay. Ici, pas de plage de sable fin mais des rochers qui, à certains endroits, peuvent être coupants et glissants. Donc attention où vous mettez les pieds ! Enfin, quand je dis pas de plage, je n’en suis pas certain car étant arrivés à marée haute, peut-être que celle-ci était immergée lors de notre venue.

L’eau étant plutôt froide et le vent soufflant toujours, je choisis de mettre ma combinaison que j’utilise pour le surf. D’ailleurs, je vous suggère d’en avoir une avec vous car être saisi de froid tout au long d’une session de plongée, il n’y a rien de plus désagréable je pense. Après avoir mis plusieurs minutes à nous rapprocher du bord sans tomber, nous rentrons dans l’eau et pouvons enfiler nos palmes sereinement (oui, évitez de les mettre sur les rochers car vous aurez de fortes chances de chuter).

Autour de nous, seul un couple est à l’eau, ce qui nous laisse tout Osprey Bay pour nous, hormis également les deux pêcheurs restés sur la terre ferme. Muni de ma nouvelle GoPro, dernière génération, achetée à Perth, je commence mon observation marine afin de dénicher une tortue (mon objectif de la journée). Même si j’en ai vu à plusieurs reprises à la grande barrière de corail à Cairns et surtout aux Whitsundays du côté d’Airlie Beach, je ne me lasse toujours pas de ces mignonnes petites créatures.

Malheureusement, cette première session ne m’aura pas permis d’en rencontrer une. En revanche, j’ai pu voir des centaines de poissons aux couleurs argentées ou turquoises, à la robe tachetée ou bariolée, nageant tout autour de moi et vaquant à leur principale occupation : dénicher de la nourriture dans les coraux et les roches.

Poisson Osprey Bay
Un poisson bleu turquoise à Osprey Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Plongée et farniente sur les plages de Cape Range

Après plus d’une heure à Osprey Bay, nous partons pour notre deuxième étape, Sandy Bay. Nous quittons les bords rocheux et arrivons sur une petite plage de sable fin. Du coup, l’entrée à l’eau se fait assez facilement, sans craindre une quelconque écorchure.

Niveau faune et flore, nous constatons à peu près la même chose que lors de notre première plongée. Par contre, petite surprise, je croise furtivement une sorte d’anguille qui à ma vue, part se réfugier en dessous d’un rocher plat. Moi qui voulais le prendre en photo, je devrais me contenter uniquement d’une infime partie de son corps qui dépasse et reste à découvert.

Anguille Sandy Bay
Une « anguille » se cachant sous une roche à Sandy Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Si la faune est variée, on ne peut pas en dire autant de la « flore ». Malheureusement, comme dans beaucoup d’endroits en Australie, des coraux morts jonchent le sol sableux des fonds marins. C’est une catastrophe de voir ça et se dire que c’est de la faute de l’Homme si les récifs sont dans cet état. La pollution et le tourisme de masse ont entraîné cette situation qui est aujourd’hui irréversible…

Corail mort
Au fond de l’océan du corail mort jonche le sol. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Pendant que nous étions à l’eau, le vent a cessé de souffler, très bonne nouvelle ! Nous profitons du temps radieux et calme pour passer la fin de matinée à Sandy Bay à bronzer sur nos serviettes.

Début d’après-midi, direction Oyster Stacks. Nouveauté par rapport à Osprey Bay et Sandy Bay, je trouve un énorme bénitier entre deux coraux. Je croise aussi la route d’un banc de poissons n’ayant pas l’air d’être perturbé par ma présence ainsi que d’un animal non identifié (peut-être un requin) que j’ai du mal à approcher. Malgré tous mes efforts pour le rattraper, ce dernier nage trop vite pour que je puisse le suivre et prendre une photo correcte.

Bénitier Oyster Stacks
Un gros bénitier accroché à la roche d’Oyster Stacks. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Poissons océan Indien
Un banc de poissons nageant dans l’océan Indien. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Poisson requin
Un ONNI (objet nageant non identifié) devant moi. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Pour terminer cette journée, nous nous posons à Turquoise Bay où j’espère enfin atteindre mon objectif, trouver une tortue ! Un peu moins de cinq minutes à l’eau suffisent pour que j’ai le bonheur d’en voir une, posée sur le sable, au fond de l’océan. Au bout d’un moment, celle-ci commence à bouger mais reste à côté de moi, devant ma caméra comme si elle voulait se faire prendre en photo et être filmée.

Tortue Turquoise Bay
Découverte d’une tortue dans les fonds marins de Turquoise Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Tortue
La tortue a décidé de nager devant ma GoPro. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Sincèrement, je crois que je suis resté bien trois quarts d’heure à la suivre, la regardant remonter à la surface pour reprendre sa respiration, étendre ses « ailes » pour se mouvoir avec grâce dans l’océan… Puis, nous nous quittons tout simplement lorsque celle-ci décide de quitter la côte de Cape Range. Voilà une belle rencontre comme je les aime 😊

Tortue nager
C’est magnifique de voir une tortue nager. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

À peine ma recherche a-t-elle reprise que je trouve une raie couleur sable et tachetée de points bleus, essayant de se camoufler tant bien que mal. S’il n’y avait pas eu ces taches sur son dos, je crois que je serais passé totalement à côté d’elle sans l’avoir vu. Plus craintive que la tortue, cette raie ne se laisse pas trop approcher… Après quelques tentatives de photos, dont certaines ont quand même été fructueuses, je décide de la laisser tranquille, l’observant de loin.

Raie snorkeling
Une raie croisée lors de ma session de snorkeling. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Raie sable
La raie essaie de se terrer dans le sable pour passer inaperçue. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Voilà, la journée « snorkeling » à Cape Range est déjà terminée. Après 48 heures à arpenter ce parc national, je peux vous dire qu’il s’agit de l’un des meilleurs moments que j’ai passé depuis le début de mon road trip sur la côte ouest. En termes d’activités physiques, j’en ai vraiment eu pour mon argent ! Mais le clou du spectacle n’est pas encore arrivé. Celui-ci vous sera raconté dans mon prochain article. 😊


Trek sportif au Cape Range National Park

Malgré un temps maussade, nous décidons de partir visiter l’un des principaux parcs nationaux de la côte ouest à savoir le Cape Range National Park. Situé à quelques kilomètres d’Exmouth, Cape Range est un passage incontournable pour tous les voyageurs. De nombreuses activités « outdoor » sont accessibles à tous dont la randonnée, la plongée, la pêche, le surf… Tout ceci dans un cadre sauvage, magnifique et silencieux.

Les conseils judicieux du centre d’information

Le pass des parcs nationaux toujours en notre possession, nous faisons un court arrêt à l’entrée de Cape Range, histoire de vérifier les dates de validité de notre précieux sésame. Puis, afin de gagner du temps et optimiser notre planning, nous faisons un passage au centre touristique où nous pourrons glaner informations et conseils auprès des employés.

Arrivés les premiers, nous n’attendons pas longtemps avant d’être pris en charge par une très gentille dame. Nous lui expliquons être dans la région pour quelques jours et l’interrogeons sur les principaux sites à voir et activités à faire dans le parc. De son bureau, elle nous sort une carte et nous montre plusieurs randonnées avec à chaque fois le niveau de difficulté. En même temps, elle nous indique également les principales baies et plages où il est intéressant de faire du « snorkelling » compte tenu de la richesse de la faune et flore marine.

Avant de la quitter, l’employée du centre nous propose de louer masque, tuba et palmes pour seulement 5$ la journée. La météo étant peu favorable, nous déclinons l’offre. D’autant que le temps devrait se relever dans les jours qui suivent (raison de plus pour décaler notre baignade).

Ci-dessous, la carte de Cape Range et ses principales randonnées :

 

Marche intensive dans les gorges et vallées

La carte de Cape Range en notre possession, nous partons à l’extrémité sud pour commencer notre premier trek à Yardie Creek Gorge. La plupart des routes du parc sont accessibles à tous types de véhicules, contrairement à François Peron où seuls les gros 4×4 pouvaient circuler : gros point positif car c’est assez frustrant de ne pas avoir la possibilité de visiter de superbes paysages à cause d’un problème de transport.

Sur la route nous menant à notre prochaine destination, nous croisons à maintes reprises des kangourous ainsi que des émeus. Du coup, sécurité oblige, nous restons très vigilants quant aux déplacements de ces animaux, un accident pouvant si vite arriver (et j’en sais quelque chose).

Kangourou Cape Range National Park
Un kangourou traversant la route au Cape Range National Park. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous arrivons aux abords d’un estuaire donnant sur l’océan Indien. La randonnée du Yardie Creek Gorge permet de remonter le cours d’eau tout en grimpant petit à petit une falaise pour admirer le désert du parc national ainsi que le lit du fleuve. Bien qu’il y ait un ou deux passages où la montée est un peu raide, le chemin reste quand même facile et accessible à toutes conditions physiques.  Le paysage, rocailleux et sec, fait penser à celui des films de Far West, à l’époque de la ruée vers l’or où les cow-boys munis d’un tamis s’agglutinaient au pied d’une rivière, recherchant gloire et fortune.

randonnée Yardie Creek Gorge
La randonnée du Yardie Creek Gorge commence tranquillement. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Yardie Creek Gorge photo
Instant photo à Yardie Creek Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Fleuve Yardie
Le lit du fleuve Yardie. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Environ une heure de marche suffit pour terminer le trek du Yardie Creek Gorge. Pour les moins sportifs, il est aussi possible de remonter le fleuve en bateau. Des croisières (bien entendu payantes) sont organisées tous les jours à partir de l’estuaire.

Nous reprenons le van pour nous rendre au Mandu Mandu Gorge pour une nouvelle marche. Celle-ci est, par contre, beaucoup plus physique que la précédente. Tout d’abord, nous traversons un chemin de galets, coincé entre deux montagnes, sûrement le lit d’une ancienne rivière, aujourd’hui asséché. Si vous prêtez attention aux falaises, vous pourrez apercevoir des Petrogale Lateralis, plus communément appelés wallabies des rochers. Ces petits marsupiaux, plutôt craintifs, vivent sur des falaises difficiles d’accès afin de se protéger de potentiels prédateurs. N’ayant pas peur du vide, ces derniers sautent de roche en roche pour se déplacer à plusieurs mètres de hauteur. Le moindre faux pas entraîne, à coup sûr, la mort mais tel est le risque à prendre pour vivre en sécurité (ce qui paraît très paradoxal, je vous l’accorde). Vous l’aurez compris, inutile d’essayer de les approcher, hormis si vous êtes un grimpeur aguerri et encore, le temps que vous escaladiez la falaise, les wallabies seront déjà partis depuis longtemps.

Mandu Mandu Gorge lit asséché
L’ancien lit d’un fleuve à Mandu Mandu Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Mandu Mandu Gorge Falaise
Les falaises entourent le chemin de randonnée de Mandu Mandu Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Wallabies des rochers
Un wallaby des rochers à Mandu Mandu Gorge (c’est la meilleure photo que j’ai pu faire). Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Au bout d’un moment, le sentier change de direction pour entreprendre l’ascension d’un col. C’est à partir de ce point que la randonnée devient plus intense. Sur le chemin, nous dépassons à plusieurs reprises des groupes de randonneurs fatigués ayant décidé de faire une pause pour reprendre leur souffle. Même si ce n’est pas d’une dangerosité extrême, il vous faudra faire attention où vous mettez vos pieds pour ne pas glisser.

Mandu Mandu Gorge trek
Marche sportive pour rejoindre le sommet à Mandu Mandu Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Mandu Mandu Gorge
Mandu Mandu Gorge depuis les hauteurs d’une falaise. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Vallée Mandu Mandu Gorge
La vallée de Mandu Mandu Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Arrivés au sommet, il est temps de redescendre pour rejoindre notre point de départ. Bizarrement, je trouve la descente plus compliquée que la montée mais, je vous rassure, celle-ci est faisable.

Parcours de santé sur la plage

Après deux treks dans les falaises, nous retournons au bord de l’eau, sur une surface plane. Direction, Mangrove Bay non loin du centre d’information. Comme son nom l’indique, cet endroit abrite des mangroves. Cependant, ces dernières ne sont pas assez denses pour constituer une forêt à part entière comme j’ai pu en voir lors de ma visite à Cape Tribulation dans la région de Cairns.

Mangrove Bay
Mangrove Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Mangrove Bay balade
Réflexion sur la plage de Mangrove Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Cette balade sur la plage est très agréable mais vite écourtée par une météo qui se dégrade de plus en plus. Le vent se renforce et des petites gouttelettes commencent à tomber…  De toute façon, le programme de la journée touchant à sa fin, nous quittons le Cape Range National Park que nous retrouverons le lendemain.

Sur la route nous ramenant au camping, nous faisons encore deux derniers arrêts. Tout d’abord au Jurabi Sanctuary Zone, un site protégé où les tortues viennent y pondre leurs œufs avant de repartir à la mer. Cela doit être un très beau spectacle à voir. Malheureusement, nous n’arrivons pas à la bonne saison. Du coup, nous nous contentons de lire les panneaux expliquant le mode de vie et l’habitat des tortues marines ainsi que d’une marche sur la plage où la ponte est censée avoir lieu.

Jurabi Sanctuary Zone
La tortue, emblème du Jurabi Sanctuary Zone. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Jurabi Sanctuary Zone
Balade sur la plage de Jurabi Sanctuary Zone. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous terminons notre visite par le phare, le Vlaming Head Lighthouse, situé juste à côté de notre camping et en profitons pour admirer la vue sur la côte où les vagues se déchaînent.

Vlaming Head Lighthouse
Notre camping depuis le Vlaming Head Lighthouse. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Cette première visite du parc national de Cape Range est un vrai émerveillement. La partie randonnée est très intéressante bien que nous n’ayons pas eu le temps de tout faire. Il existe un autre trek vers le Charles Knife Canyon mais son accès est à l’opposé de l’entrée principale du parc (pour cela, il faut reprendre la route comme si vous repartiez sur Coral Bay avant de bifurquer sur Charles Knife Road et rejoindre l’entrée est).

Si la météo le permet, demain, nous devrions découvrir un autre aspect du parc, plus aquatique et rafraîchissant.


Exmouth, une destination phare du Western Australia

Levés au milieu d’un désert de termitières, nous remballons toutes nos affaires pour reprendre la route. Aujourd’hui, pas de trajet en van interminable comme nous l’avons déjà vécu. Un peu moins d’une heure de voiture suffit pour atteindre la ville d’Exmouth, dernière étape avant de rebrousser chemin et retourner gentiment sur Perth.

Les principales attractions de la région

Exmouth n’a, en soi, rien de bien particulier. Une ville du Western Australia coincée entre l’océan et le désert où les habitants se comptent sur les doigts de la main (bon j’exagère un peu sur ce dernier point). Et pourtant, des milliers de touristes s’arrêtent chaque année ici ! D’ailleurs, le site attire tellement de monde qu’un aéroport a été construit à l’entrée d’Exmouth afin de faciliter l’accès aux voyageurs.

Une question se pose alors : pourquoi un tel engouement ? Eh bien, vous allez le découvrir à travers les prochains articles car un seul post ne suffit pas pour vous raconter tout ce qu’il y a à voir et à faire ici.

Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, attardons-nous un peu sur notre arrivée et la planification du séjour. Premier arrêt, le centre d’information touristique d’Exmouth, situé sur la rue principale (impossible de le rater). Même si j’ai une idée de ce que nous pourrions visiter, je préfère demander conseil auprès d’un expert de la région afin de ne pas passer à côté d’un lieu incontournable.

Niveau activités physiques, les sportifs en auront pour leur argent. Exmouth fait partie de la Ningaloo reef, un récif corallien de 260 kilomètres (l’un des plus importants d’Australie). Qui dit récif, dit forcément plongée pour découvrir une faune marine incroyable et atypique. Outre les gros poissons et tortues, Ningaloo accueille de manière saisonnière des raies manta, des baleines ainsi que des requins-baleines venant se nourrir au large de la côte.

Et voilà l’une des premières attractions attirant tant de touristes : la plongée afin de nager avec ces géants des mers ! Mais attention, il ne suffit pas de prendre masque et tuba pour avoir la chance de les voir. Une rencontre pareille nécessite de passer par une agence spécialisée dans ce type d’excursion en mer. Impossible également de faire une seule virée pour voir raies manta, baleines et requins-baleines. Chaque excursion est allouée à un animal particulier et ces derniers ne sont pas forcément présents au même moment. Par exemple, les baleines ne côtoient pas les requins-baleines (même si leur nom est plus ou moins similaire).

Baleine à bosse
Une baleine à bosse, fréquente à certaines périodes de l’année. Crédit photo : Skeeze via Pixabay
Raie Manta
Raie manta que l’on peut rencontrer sur la Ningaloo Reef. Crédit photo : Eychenne via Pixabay
Requin-baleine
Le fameux requin-baleine que j’aurais l’occasion de rencontrer dans quelques jours. Crédit photo : Skeeze via Pixabay

Ayant déjà prévu cette expérience deux mois à l’avance, j’ai réservé ma place avec la meilleure compagnie qui soit. Pour ceux que ça intéresse, il s’agit de l’agence Ningaloo Whale Sharks. Celle-ci est la seule possédant un avion personnel permettant de faire un repérage pour dénicher cet animal hors du commun. Une fois trouvé, le pilote communique sa position au bateau où attendent patiemment les plongeurs.

Toutes les autres compagnies se partagent un ou deux avions ce qui entraîne l’arrivée de plusieurs bateaux à un même endroit. Sachant que la plongée avec les requins-baleines est très réglementée, l’attente peut être longue avant que vous puissiez rentrer dans l’eau. Le fait que Ningaloo Whale Sharks ait son propre avion fait gagner du temps de manière considérable.

Pour ceux préférant rester plus près de la côte, il est aussi possible de faire de la plongée ou du « snorkeling » (terme anglais signifiant la plongée en masque, tuba et palmes) à proximité d’une plage. Pour cela, il faudra vous rendre dans le parc national de Cape Range où plusieurs spots sont ouverts au public.

Enfin, on ne peut pas parler de parc national sans mentionner les nombreuses randonnées que les touristes peuvent emprunter pour découvrir des gorges, rivières…

Bien entendu, tout ceci fera partie intégrante de mon programme pour ces quelques jours à Exmouth !

Installation et repérage

Après avoir discuté des loisirs qu’offre la région, il est temps de s’occuper du logement. Ici, pas de camping gratuit (le plus proche étant celui utilisé la nuit dernière). Mais ne vous inquiétez pas, il existe un grand choix d’hôtels, campings, auberges et autres résidences de vacances à Exmouth.

Toujours dans un souci d’économie, nous choisissons l’option la moins chère à savoir le camping Ningaloo Lighthouse situé à quelques kilomètres au nord, à l’extérieur de la ville. Très bien placé, ce dernier est quasiment aux portes du parc national de Cape Range ainsi que du port d’attache des bateaux organisant les excursions en mer à la recherche des requins baleines.

Niveau hébergement, si vous en avez l’occasion, je vous conseille d’utiliser un des campings situés à l’intérieur de Cape Range afin de dormir au milieu de la nature. En revanche, prévoyez à l’avance car la liste d’attente s’étale sur plusieurs jours. Du coup, impossible pour nous de tester ces campings…

La conversation terminée, nous partons avec toutes les informations nécessaires ainsi qu’une carte de la région et du parc national. Nous profitons d’être en ville pour marcher dans les rues d’Exmouth dont le cœur « économique » se résume aux supermarché, petits commerces et agences de croisières quasiment tous regroupés au même endroit. Nous passons par les bureaux de Ningaloo Whale Sharks pour confirmer nos places pour l’excursion en mer qui aura lieu dans trois jours. Un peu inquiet quant aux conditions météorologiques, je demande à l’employé de l’accueil si notre tour en bateau sera maintenu. Grand soulagement, la météo sera suffisante pour sortir ! Nous avons beaucoup de chance car pour ces deux prochains jours la météo est, par contre, calamiteuse. Il est annoncé de la pluie et un vent fort pour ces prochaines 48 heures.

Un ciel qui n’annonce rien de bon

En fin de matinée, nous partons pour le Ningaloo Lighthouse afin de prendre nos quartiers. Au pied d’un phare (d’où le nom de lighthouse), le camping fait face à l’océan. À la réception, nous sommes bien accueillis et prenons une place basique, sans électricité pour une trentaine de dollars par nuit et par voiture seulement, soit 15 dollars chacun. On ne peut pas trouver moins cher !

Au fur et à mesure que la journée passe, comme il était annoncé, la météo est de plus en plus mauvaise. Le vent souffle très fort, amenant avec lui quelques nuages gris. Avant que ça ne soit trop tard, je pars faire un petit tour sur la plage en face du camping et profiter du coucher de soleil. Durant cette balade, seul sur le sable, je commence à me rendre compte que mon aventure en Australie touche à sa fin. Déjà deux ans passés dans ce pays où j’ai vécu des moments formidables tout au long de mon parcours m’ayant amené dans des lieux emblématiques mais aussi des endroits dont je n’avais jamais entendu parler avant mon arrivée. Seulement 15 jours me séparent de mon retour en France que j’appréhende fortement. Mais avant que le rêve ne se termine, profitons de ces instants magiques dont les prochains seront riches en émotion.

Exmouth dunes de sable
Les dunes de sable cachent le camping situé juste derrière. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Exmouth Coucher soleil plage
Coucher de soleil sur la plage d’Exmouth. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien


Carnarvon & Coral Bay, l’eau dans tous ses états

Nous disons adieu à Shark Bay où nous avons passé une superbe journée pour reprendre la route en gardant notre cap (remonter la côte ouest). La fin de journée étant déjà bien entamée, nous ne roulons que deux petites heures avant de nous arrêter sur une aire de repos pour passer la nuit.

Un sommeil mouvementé

Contrairement aux autres campings gratuits et bondés où nous nous sommes déjà arrêtés, celui-ci n’est occupé que par une seule voiture, ce qui m’étonne fortement. Cependant, en y réfléchissant bien, cette désertification paraît plutôt logique. On ne peut pas dire que cette aire d’autoroute soit des plus confortables. Collée à la voie rapide, sans aucune commodité, dans un lieu sec et aride, vous avouerez qu’il y a quand même mieux comme endroit pour dormir.

Le seul avantage vient de sa situation géographique. Ce camping est le plus proche de l’une des « principales villes » (tout est relatif) de la côte ouest. De plus, l’obscurité approchant à grand pas, je préfère stopper la voiture maintenant pour éviter des accidents de kangourous inutiles, plus fréquents la nuit que le jour.

Nous profitons des dernières lueurs du soleil pour nous installer et préparer le repas. Nous parlons également avec le conducteur de la voiture d’à-côté, un backpacker allemand à la recherche d’une ferme pour faire ses 88 jours de travail dans le secteur agricole (obligatoires si l’on veut renouveler son visa un an de plus). Puis, épuisé par cette journée harassante, je pars me coucher pour une nuit dont je me souviendrai longtemps.

Camping Carnarvon
Camping en bord de route. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le fait d’être proche d’une ville accroît fortement le trafic routier, même à une heure du matin. D’énormes camions décorés de guirlandes lumineuses, ne cessent de défiler et font un boucan d’enfer lors de leur passage. Même avec les boules Quies, j’arrive encore à les entendre… Par ailleurs, je suis très incommodé par un problème gastrique qui s’est déclaré aux alentours de 23 heures. Ayant choisi un camping sans toilettes, je vous laisse imaginer les difficultés pour me soulager. Heureusement qu’il y avait un petit arbuste permettant un peu de s’isoler. Malgré les médicaments et mes nombreux passages dans mes cabinets de fortune, rien n’y fait, je n’arrive pas à fermer l’œil de la nuit.

Carnarvon, ville de backpackers

Bien évidemment, levé aux aurores, j’attends que Steven sorte de son sac de couchage afin de décoller le plus rapidement possible de ce camping dont je ne garderai pas de bons souvenirs. Heureusement, ce n’est pas un gros dormeur, ce qui me permet de ne pas attendre trop longtemps.

Fatigué et toujours patraque, je demande à mon compagnon de voyage de prendre le volant pour la matinée jusqu’à ce que nous arrivions en ville. Seulement, trois quarts d’heure nous sépare de Carnarvon, nom que j’ai déjà entendu à plusieurs reprises même si, en soi, cet endroit n’a rien d’exceptionnel.

Carnarvon est surtout connu pour être l’une des principales villes où les backpackers se rendent afin de trouver une ferme ou une usine pour effectuer leurs 88 jours. Étant moi-même passé par là, Carnarvon faisait partie de ma short-list avant que je ne choisisse de partir à Mareeba, dans la région du Queensland, vers Cairns. Lorsque vous êtes des backpackers, la moitié des conversations tourne autour des fameux emplois agricoles/industriels. Lors de ces discussions, des noms de ville fusent tels que Bundaberg, Gayndah, Darwin, Innisfail, Carnarvon ou Mareeba, représentant le Saint Graal pour beaucoup de jeunes en WHV (Working Holiday Visa). Cependant, ces villes sont aussi considérées comme des pièges et arnaques si l’on n’y prend pas garde. Des fermiers peu scrupuleux pourraient user de votre gentillesse et surtout de votre naïveté afin de vous faire travailler comme un forcené pour in fine ne pas être payé (pour ceux que ça intéresse, n’hésitez pas à lire mes articles sur ma recherche de fermes dans la Queensland).

Ma visite d’aujourd’hui a un tout autre objectif, beaucoup plus agréable. Bon, Carnarvon nous sert uniquement de ravitaillement. Après une visite rapide de la rue principale près de l’océan, des courses au supermarché, le plein d’essence et un nouvel arrêt aux toilettes, nous quittons Carnarvon sans regrets.

Les « geysers » de Quobba Blowholes

Non loin de Carnarvon, un site « pseudo » touristique nous incite à y faire un détour. Étant un jour en avance sur notre programme (dû à la fermeture du parc national de Kalbarry), nous pouvons nous permettre de prendre notre temps.

Les Quobba Blowholes sont des sortes de « geysers » naturels, offrant un spectacle amusant pour des voyageurs curieux, souhaitant partir hors des circuits touristiques les plus populaires de la côte ouest. Comme pour certains sites de la région de Shark Bay, le chemin de terre à emprunter n’est pas très agréable mais faisable pour tout type de voiture, du moment que vous ne rouliez pas à toute berzingue.

Attention, avant de vous y rendre, consultez l’état des marées de la région car ces geysers ne sont visibles qu’à marée basse. Je vous le dis car ayant oublié de nous en préoccuper, nous sommes arrivés une dizaine de minutes avant que les geysers ne disparaissent sous les eaux. Pour les apercevoir, il est nécessaire de s’approcher du bord des falaises où l’on peut observer, à certains endroits, des trous d’où jaillit l’eau. Les vagues, arrivant à pleine vitesse, s’engouffrent dans un réseau souterrain d’où elles en ressortent via des petits puits, créant ainsi des geysers.

Carnarvon Quobba Blowholes
Les falaises de Carnarvon. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Quobba Blowholes
Un trou par lequel sortent des jets d’eau. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Geyser Quobba Blowholes
Un « geyser » en action. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Geyser Quobba Blowholes
C’est assez impressionnant lorsqu’on le voit de ses propres yeux. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le spectacle terminé, nous nous promenons le long de la côte jusqu’à une petite plage où l’eau est d’un calme olympien. C’est surprenant de voir qu’à quelques mètres de distance, la fureur de l’océan laisse place à une baie silencieuse et reposante.

Plage Quobba Blowholes
Juste à côté des tumultes des Quobba Blowholes, une plage calme et reposante. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La plage de Coral Bay

En fin de matinée, nous quittons la région de Carnarvon afin de visiter Coral Bay et ses plages de sable fin. 270 kilomètres de désert plus tard, nous posons notre van en face de l’océan. Changement d’ambiance, Coral Bay a l’air d’être un lieu de villégiature pour les voyageurs venus découvrir l’Australie. Même si la ville est minuscule, elle n’en reste pas moins remplie de touristes et de commerces dont les activités sont principalement tournées vers les loisirs aquatiques. Locations de palmes et tubas, croisières en bateau, cours de plongée sont autant d’offres que proposent les habitants ou saisonniers de Coral Bay.

centre-ville Coral Bay
La rue principale de Coral Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Coral Bay plage
Vue sur la plage de Coral Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après être passé devant plusieurs agences touristiques, je commence à céder à la tentation. Je pars me renseigner sur une activité que je n’ai pas eu l’idée de planifier. Au large de Coral Bay, il est possible de nager avec des raies manta dont la taille de certaines est, paraît-il, impressionnante. Ces animaux marins ne sont pas d’un naturel agressif alors qu’ils ont la possibilité de l’être. En effet, leur dard possède un venin très puissant qui peut tuer un homme. Malgré ce danger, les raies manta sont fascinantes et incroyablement belles. Leurs grandes « ailes » donnent l’impression qu’elles volent sous l’eau et les rendent majestueuses.

Me voyant déjà dans l’eau, entouré par des raies, je discute avec l’employée d’une agence pour tenter de booker une place pour le lendemain. Malheureusement, mon enthousiasme va vite déchanter… Les conditions en mer vont être très mauvaises pour ces deux prochains jours. De fortes rafales de vent et de la pluie sont prévues, rendant toute excursion en mer impossible. Encore une fois, il faudrait attendre plusieurs jours à Coral Bay avant de pouvoir nager au large… Le temps étant un luxe que je ne peux m’offrir, je suis contraint d’abandonner cette idée et de reprendre les plans initialement prévus. Décidément, la météo m’aura fortement joué des tours durant tout mon road trip 🙁 Ça en devient même insupportable !

Du coup, nous utilisons le reste de notre journée pour nous balader sur la plage de Coral Bay, vrai havre de paix malgré le nombre de touristes qui, éparpillés, ne sont pas plus gênants que ça. Dans une baie sans remous, le soleil décline peu à peu, annonçant la fin de la journée. Nous rencontrons, encore une fois, un pélican posé sur le sable, face à la mer. Le temps d’une photo, ce dernier se laisse approcher facilement.

Coral Bay plage balade
Balade le long de la plage de Coral Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Océan Indien Coral Bay
Relaxation au bord de l’océan Indien. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pieds dans l'eau Coral Bay
Après avoir mis mes pieds, je peux vous dire que l’eau n’est pas si chaude que ça… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pélican Coral Bay plage
Un pélican en mode farniente à Coral Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Coral Bay plage soleil
Un beau coucher de soleil à Coral Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Les termitières du désert

Aucun camping gratuit n’étant présent aux alentours, nous préférons reprendre la route afin de trouver un endroit où passer la nuit. Bien entendu, Coral Bay propose un camping et des hôtels mais ces derniers sont pris d’assaut. De toute façon, n’ayant pas forcément le budget pour, nous ne nous serions sans doute pas arrêtés ici.

Néanmoins, même si ce n’est pas très correct, nous utilisons les sanitaires du camping situé en face de la plage pour nous doucher à l’eau chaude. Je sais, cette pratique n’est pas autorisée mais nécessaire compte tenu de notre petit portefeuille… Depuis le Billabong Roadhouse, nous n’avons pas trouvé de douches publiques et après mon trouble gastrique de la nuit dernière, j’ai fortement envie de me laver et me sentir bien propre.

La toilette terminée, il est temps de partir, un peu frustré de ne pas être resté plus longtemps. Pour les amateurs de plongée, cette partie de la côte ouest australienne est un arrêt incontournable que je ne pourrais pas tester 🙁

Sur la route, nous apercevons, des deux côtés, de gros monticules de terre alvéolés. Sachant ce que c’est mais n’en ayant encore jamais vu en vrai, je décide d’arrêter le van pour nous approcher de l’un d’entre eux. Il s’agit de grosses termitières comme j’ai pu en voir à la TV dans des reportages sur Afrique et l’Australie. C’est incroyable de se dire qu’un si petit insecte peut concevoir une telle structure. Ce qui est également incroyable (mais dans le mauvais sens), ce sont les détritus qui jonchent le sol, laissés à l’abandon par des touristes, camionneurs ou je ne sais quel autre imbécile. Dans un décor comme celui-ci, comment peut-on être aussi irrespectueux et polluer notre nature ? Il ne faut quand même pas sortir de l’ENA ou Saint-Cyr pour mettre ses déchets dans un sac en plastique et les jeter dans la première poubelle venue ! Parfois, je me dis que la fainéantise et la stupidité de l’Homme vont causer notre perte…

Termitières désert
Des termitières dans le désert australien. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Termitière ouest australien
Le soleil se couche derrière les termitières de l’ouest australien. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Enfin bref, nous faisons encore quelques kilomètres avant de trouver un camping entouré de termitières. Ce lieu atypique, comme je les aime, est parfait pour terminer cette journée. Demain, nous arriverons à notre principale étape de ce road trip où nous avons prévu de passer plusieurs jours et de faire énormément d’activités. Seul petit bémol, la météo devrait être assez calamiteuse ce qui risque de gâcher un peu notre séjour.

Désert fin de journée
Fin de journée dans le désert. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien


Shark Bay, la splendeur péninsulaire

Petit déjeuner, douche, rangement du van… Le cérémonial du matin terminé, nous repartons sur les routes désertiques. 200 kilomètres nous séparent de notre prochaine destination, située sur une péninsule célèbre pour sa faune marine et sa flore atypique.

Le soleil se lève doucement sur un désert ocre, donnant l’impression d’être seul au monde. Les broussailles, de part et d’autre de la voie rapide, sont les uniques éléments de relief d’un paysage sableux s’étendant à perte de vue. Cette nature, pourtant « hostile », produit paradoxalement un sentiment de calme, de plénitude et de bien-être alors qu’elle devrait nous inspirer tout l’inverse. C’est vrai, il n’y aurait rien de pire que de tomber en panne et mourir de soif sans avoir pu contacter qui que ce soit.

Un accident évité de justesse

Mis en confiance par une route où rien ne se passe, je relâche mon attention et conduis à la vitesse maximale autorisée, même si, en soi, je peux me permettre de la dépasser (les radars et les policiers n’étant pas légion). Malheureusement, la torpeur du désert cache bien des pièges pouvant surgir de nulle part dont l’un des plus fréquents que je vais expérimenter de près.

Accaparé par mes pensées, je redescends de mon nuage en un millième de seconde lorsque, tout à coup, j’aperçois deux kangourous traverser la route devant moi. À plus de 110 kilomètres par heure, je freine tant bien que mal, tout en me déportant sur la voie de droite, me retrouvant ainsi à contre-sens. Sentant certaines roues décollées du bitume, je braque une nouvelle fois pour revenir à gauche et rééquilibrer le poids afin d’éviter de dangereux tonneaux. Mon cœur bat à 100 à l’heure, je me gare sur le bas-côté pour reprendre mes esprits, conscient que nous nous sommes sortis indemnes de cette situation périlleuse.

Je vérifie le pare-chocs pour ne constater aucune éraflure, impact ou tôle froissée. Dans le feu de l’action, je n’ai pas réussi à ressentir si nous avions, oui ou non, écrasé ou tapé l’un des kangourous suicidaires. Steven, qui était placé côté passager, me raconte que je suis parvenu à les éviter de quelques centimètres à peine. La queue de l’un d’entre eux a littéralement frôlé le van ! Soulagé, je contrôle tout de même de part et d’autre de la route qu’aucun marsupial n’est en train d’agoniser. Sincèrement, à choisir, je préférerais avoir un accident que de tuer un animal et avoir sa mort sur la conscience.

Rien à signaler, le calme du désert a repris ses droits, ne laissant presque aucune preuve de l’incident, mis à part les traces de freinage sur le bitume. Avant de repartir, nous regardons également l’état de nos affaires à l’arrière du van qui ont dû être fortement chamboulées. Effectivement, c’est un vrai capharnaüm ! Mais plus embêtant, l’intérieur du van sent fortement l’essence, dû aux bidons renversés pendant le dérapage… Nous nettoyons et rangeons tant bien que mal mais rien à faire, l’odeur reste imprégnée. Une fois ressaisi, je reprends le volant et termine le trajet en restant sur mes gardes. J’ai bien appris la leçon : le désert de la côte ouest n’est pas aussi « désert » qu’il en a l’air

ROute désert
Une route pourtant si calme… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Les dauphins de Monkey Mia

À l’extrémité de la péninsule, constituant la région de Shark Bay (signifiant littéralement, la baie des requins en français), nous arrivons au parc de Monkey Mia. N’étant pas considéré comme l’un des parcs nationaux de la côte ouest, notre pass acheté à Yanchep ne fonctionne pas ici. Par conséquent, nous devons nous acquitter d’un droit d’entrée de 12$ par personne (7.5€) valable 24 heures.

Ci-dessous, la carte de la région de Shark Bay et ses principaux sites touristiques :

Après avoir payé, nous garons le van à l’entrée afin de nous rendre sur la plage principale où a lieu plusieurs fois par jour l’événement attirant tous les visiteurs de Monkey Mia. Le personnel nous invite à nous rapprocher du bord de l’eau pour faire connaissance avec des dauphins ayant élu domicile dans les parages. Deux animateurs, munis chacun d’un micro, nous racontent la naissance du parc de Monkey Mia, la présence des dauphins, leur mode de vie ainsi que leur alimentation.

Durant leur discours, nous pouvons apercevoir ces mammifères aquatiques nager et slalomer entre les employés, attendant avec impatience la fin des explications. En effet, en guise de conclusion, les dauphins ont droit à une petite récompense pour leur présence. D’autres membres de l’équipe de Monkey Mia nous rejoignent, munis de seaux contenant des maquereaux. Ce sont principalement des bénévoles, composés avant tout de backpackers.

Pour les personnes intéressées, sachez que la liste d’attente est très longue et qu’il vous faudra même payer certains frais pour avoir le bonheur de travailler dans le parc durant une semaine voire deux ou trois maximum.

Dauphin Monkey Mia
Un petit coucou de la part d’un dauphin de Monkey Mia. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Dauphin Monkey Mia Show
Un dauphin fait le show à Monkey Mia. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Dauphin Monkey Mia soigneur
Les dauphins se faufilent entre les jambes des soigneurs. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Spectacle étonnant et amusant, les dauphins, très disciplinés, s’alignent face à nous à un mètre du bord. Chacun dispose d’un soigneur attitré, se plaçant juste à côté d’eux. Sélectionnés au hasard parmi la foule, des spectateurs sont invités à nourrir ces charmants animaux. Étant près d’une cinquantaine, je ne me fais aucune illusion sur mes chances d’être pris… Mais, miracle, un soigneur me fait signe d’approcher. À cet instant, je repense à l’accident, évité de peu, et me dis que c’est sûrement le karma qui me récompense du fait d’avoir sauvé la vie d’un kangourou 😊

Monkey Mia Dauphin nourrir
Je suis l’heureux élu, autorisé à nourrir un dauphin de Monkey Mia. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le spectacle terminé, nous en profitons pour nous balader le long de la plage où des pélicans gambadent tranquillement. Peu farouches, ils se laissent facilement approcher, sûrement habitués à être nourris par les touristes. D’ailleurs, à chaque fois que nous nous approchons d’eux, par réflexe, ils ouvrent grand leur bec, attendant une petite friandise.

Plage balade Monkey Mia
Balade le long de la plage de Monkey Mia. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pélican Monkey Mia
Un des nombreux pélicans de Monkey Mia. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pélican Mouette Monkey Mia
Duel entre un pélican et une mouette. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pélican bec ouvert
La plupart gardent le bec ouvert lorsqu’ils rencontrent des touristes. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Monkey Mia Pélican bouche
Du coup, j’essaie d’en imiter un. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Hormis la plage, des boutiques souvenirs proposent peluches, cartes postales et autres bibelots à l’effigie des dauphins, stars de Monkey Mia. Elles proposent également des locations de masques et tubas car il est autorisé de se baigner à certains endroits de la plage où s’est déroulée l’animation de ce matin. Pour les plus chanceux, des dauphins peuvent rejoindre les nageurs et jouer avec eux. Malheureusement, l’air très frais, le vent et la température de l’eau me dissuadent de toute baignade.

Pause Monkey Mia
Une pause en face de l’océan au parc de Monkey Mia. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Les lieux incontournables de Shark Bay

La matinée à Monkey Mia terminée, nous partons de l’autre côté de Shark Bay pour visiter Denham, « chef-lieu » de la région. La petite ville côtière n’a rien d’exceptionnelle mais reste, néanmoins, charmante. La grande allée, en bord de mer avec une eau cristalline, est de toute beauté. Toutefois, notre halte à Denham est surtout l’occasion de prendre conseil auprès du Discovery Center sur les principaux sites touristiques de Shark Bay.

Denham Centre Information
Le Denham Discovery Center. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Denham allée
L’allée principale de Denham. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Denham plage
Balade le long de la plage de Denham. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Carte en main et écoutant les indications reçues, nous partons pour Eagle Bluff. Ce panorama sur l’océan Indien, au sommet d’une falaise, est accessible via une route en terre, très mauvaise. Donc attention, si vous n’avez pas un 4×4, mieux vaut rouler doucement. Effectivement, la vue est très belle. Il est même possible de voir des animaux marins nager. Cependant, avec la distance, nous ne pouvons distinguer s’il s’agit de tortues, requins ou raies. Tout ce que nous voyons ce sont deux grosses taches en mouvement non loin du bord de la falaise.

Falaise Eagle Bluff
Vue sur l’océan Indien depuis Eagle Bluff. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Eagle Bluff île
Une île au loin d’Eagle Bluff. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Par la suite, nous rejoignons l’une des plus belles plages que j’ai pu visiter de toute ma vie. Shell Beach n’est pas une plage de sable mais comme son nom l’indique, est composée de coquillages. Ces derniers, d’une couleur nacrée, jonchent le sol sur plusieurs kilomètres. Entre Monkey Mia, Denham, Eagle Bluff et Shell Beach, on ne peut être qu’émerveillé par Shark Bay et ses multiples facettes plus magiques les unes que les autres.

Shell Beach plage
Shell Beach, de prime abord, une plage comme tant d’autres. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Shell Beach coquillages
Mais en y regardant de plus près, le sable a été remplacé par des milliards de coquillages. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous terminons notre visite par Hamelin Pool. Comme pour Eagle Bluff, il vous faudra emprunter une route caillouteuse sur quelques kilomètres, moins désagréable que la précédente, je vous rassure. Sur le chemin, nous croisons un émeu beaucoup moins stupide que les kangourous de ce matin. Restant sur le bas-côté, ce dernier n’a nullement l’intention de traverser, bien au contraire. Cette fois-ci, mes sens étant éveillés, j’ai largement le temps de freiner de manière sereine. Personne sur la route, nous avons même le luxe de stopper totalement le van pour l’observer et prendre des photos avant qu’il ne déguerpisse dans le désert.

Emeu Shark Bay
Un émeu sur le bas-côté de la route. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Hamelin Pool est composé de trois maisons et d’un paysage digne d’un film d’horreur telle que La colline a des yeux ou Massacre à la tronçonneuse. Des voitures sont garées mais personne à l’horizon, la poste (seul commerce dans le coin) est fermée… J’ai l’impression que les gens sont partis en catastrophe, abandonnant leurs affaires ici. Les seules traces de vie que nous rencontrons sont un chien qui aboie et des poules en cage…

Hamelin Pool Maisons fantômes
Bienvenue à Hamelin Pool, une « ville » fantôme… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Malgré tout, nous décidons de continuer et empruntons à pied un petit sentier nous amenant en bord de mer. L’attraction de Hamelin Pool repose sur les stromatolites, des entités bactériennes, calcaires et sédimentaires, considérées comme les plus anciennes formes de vie organisée sur Terre (elles existaient déjà plus de 3,5 milliards d’années de cela). Aujourd’hui, il n’existe que peu d’endroits où l’on peut observer des stromatolites. Par ailleurs, Hamelin Pool est le site le mieux préservé du monde. Bien entendu, interdiction de se baigner, la baie étant une zone protégée.

Hamelin Pool Stromatolites
Hamelin Pool et ses bassins de stromatolites. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Stromatolites Hamelin Pool
Les stromatolites d’Hamelin Pool. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Hamelin Pool réserve Stromatolites
Hamelin Pool est la plus grande réserve de stromatolites du monde ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Voilà, notre circuit à Shark Bay est déjà fini :-(. Si nous avions eu plus de temps, j’aurais bien aimé rester quelques jours supplémentaires pour profiter au maximum de cette région. En effet, nous n’aurons pas l’occasion de visiter le parc national François Péron situé près de Monkey Mia (nom donné en hommage à un zoologiste français du XIXème siècle, vive la France !). Mais bon, l’accès n’est autorisé qu’aux 4×4 et aux pros de la conduite car le chemin est paraît-il très accidenté. Beaucoup de voyageurs s’embourbent ou crèvent un pneu en cas d’inattention ou d’erreur de manœuvre.

Au fur et à mesure que je découvre la côte ouest, je me rends compte qu’avoir un véhicule tout terrain est primordial pour ne rien rater. Néanmoins, je suis tout de même content d’avoir Justin qui nous a bien sauvé la mise après que Furiosa ait rendu l’âme à Perth. Voyager sur la côte est était une expérience incroyable mais je dois avouer que je vais de surprise en surprise en découvrant l’ouest australien. Plus sauvage, moins touristique et une faune surprenante, l’ouest a de beaux atouts qu’il est impératif de découvrir lorsque l’on voyage en Australie.


Entre océan et désert, le paradoxe australien

Je ne pouvais pas rêver mieux qu’un réveil au bord de l’océan Indien accompagné d’un lever de soleil aux couleurs orangées où seul les clapotis de l’eau résonnent. Parmi les premiers campeurs debout, nous admirons cette vue paradisiaque avant de ranger nos affaires et repartir sur les routes de la côte ouest.

Un « Pink Lake » pas très rose…

Une grande partie de notre matinée se résume uniquement à conduire sur une voie rapide rectiligne afin de rejoindre notre première étape de la journée. Après trois heures de conduite assommantes, notre GPS nous indique que nous sommes arrivés à destination. Le Hutt Lagoon fait partie du cercle très fermé des Pink Lake disséminés à travers le continent australien. Ces lacs salés peuvent changer de couleur et arborer une robe rosée en fonction des températures et du temps. Mon road trip précédent (de Surfers Paradise à Perth) m’avait amené à l’une de ces étendues d’eau singulières dans les environs d’Esperance. Malheureusement, le soleil et la chaleur n’étant pas au rendez-vous, la couleur de l’eau n’avait rien d’exceptionnelle comparée aux lacs d’eau douce.

Avant de pouvoir admirer le Hutt Lagoon, nous tentons de trouver l’entrée principale où nous pourrions garer notre van et continuer le chemin à pied. Malgré nos efforts, n’arrivant pas à la trouver, nous nous contentons de nous arrêter sur le bas-côté et empruntons un sentier de fortune trouvé totalement par hasard.

Devant le Pink Lake, je dois vous avouer que je suis un peu déçu par le paysage se présentant sous mes yeux. Une route traversant le lac d’est en ouest, interdite au public, nous empêche d’avancer plus loin. Disciplinés, nous restons à notre position pour tenter de déterminer si la couleur du Hutt Lagoon est bien rose. Encore une fois, on ne peut pas dire que ce soit le cas, les conditions climatiques n’étant pas suffisantes pour modifier le pH de l’eau. Cependant, en s’accroupissant un peu et en observant le côté sud du lac, nous parvenons à distinguer de légères nuances rosées, plus visibles sur les photos que nous prenons par rapport à la réalité.

Pink Lake Hutt Lagoon
Le Hutt Lagoon ou Pink Lake. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Rose Hutt Lagoon
La meilleure photo que j’ai pu avoir de la couleur rose du lac… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ce n’est pas encore aujourd’hui que je verrais un Pink Lake rose. Le seul endroit où j’ai pu en voir un, était du temps de ma jeunesse, lorsque j’habitais dans les Bouches-du-Rhône, dans le sud de la France (pour ceux que cela intéresse, il se trouve du côté de Fos-sur-Mer, sur la route menant à Istres 😉).

Une deuxième désillusion…

Sans plus attendre, nous reprenons notre route pour atteindre Kalbarri où nous allons faire une halte de deux jours. La ville n’a en soi rien de particulier mais ses alentours regorgent de richesse naturelle dont le fameux parc national de Kalbarri. Différent de Yanchep avec ses kangourous et ses randonnées boisées ainsi que Nambung avec ses Pinnacles, ce troisième national park propose de nombreux treks dans un décor de western. Gorges, falaises abruptes et rivières traversant des rocs de couleur ocre, proposent aux visiteurs de nombreuses activités « outdoor » telles que le canyoning ou le rafting.

Afin d’obtenir un plan du parc, nous entrons dans le centre d’information de Kalbarri où nous apprenons une mauvaise nouvelle. Le Kalbarri National Park est fermé pour plusieurs mois afin de sécuriser les chemins de randonnée non praticables… Cependant, en échange d’une vingtaine de dollars, il est possible de visiter l’attraction principale, le Nature’s Window, où l’on peut admirer le paysage rocailleux depuis les hauteurs des falaises. Pour cela, il faut réserver une place dans un bus mis à disposition par la ville, unique moyen de transport autorisé à circuler à l’intérieur du parc. Seulement deux trajets en bus par jour sont organisés ce qui crée une liste d’attente nous obligeant à rester cinq jours à Kalbarri pour avoir une place de libre. Ne pouvant rester autant, nous nous résignons à passer notre chemin et partir d’ici sans rien avoir visité.

Natures Window
Voilà ce que nous aurions pu voir au parc national de Kalbarri (Nature’s Window). Crédit photo : mariehalter via Pixabay

Un plan de substitution

Pour ne pas repartir bredouille, l’employé du centre d’information nous propose de découvrir la côte de Kalbarri s’étendant sur plusieurs kilomètres. Ce plan B, tombant à point nommé, nous permettra d’atténuer notre déception et profiter de cet après-midi ensoleillé.

Muni d’une carte détaillée de la côte, nous repartons vers le sud pour commencer par le premier point d’observation, le Natural Bridge. Comme j’ai pu déjà en rencontrer sur la Great Ocean Road, le Natural Bridge est un pont en pierre formé sous l’effet de l’érosion des millions d’années auparavant.

Natural Bridge Kalbarri
Le Natural Bridge de Kalbarri. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Chaque site inscrit sur la carte nous permet d’admirer un peu plus la houle des vagues qui s’abat sur les falaises de Kalbarri. Island Rock, Shellhouse Grandstand, Eagle Gorge, Pot Alley, Jake’s Point sont autant de panoramas où il est obligatoire de s’arrêter pour prendre de superbes photos.

Plage Kalbarri
Vue sur la plage de Kalbarri. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Panorama Côte Kalbarri
Panorama sur l’océan Indien à Kalbarri. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Rainbow Valley Kalbarri
Notre van prenant la pose sur la côte. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En revanche, tout au long de notre visite, nous sommes dérangés par de grosses mouches tentant de se poser constamment sur notre peau. Je ne sais pas si c’est la chaleur ou l’humidité ambiante (ou notre hygiène corporelle, même si nous faisons très attention) mais je dois avouer que je me serais bien passé de ces nuisibles… Je ne vous parle pas non plus des énormes cafards gambadant par terre que j’essaie d’éviter.

Cafard Kalbarri
Attention aux cafards sur la côte de Kalbarri ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Bon, revenons à nos moutons. Pour les plus sportifs, il est possible de faire une petite marche à travers la Rainbow Valley (que je vous conseille). En prenant le sentier, vous descendez au niveau de l’océan pour arriver au Mushroom Rock, des rochers dont la forme ressemble à des champignons. Nous faisons une halte le temps de quelques photos avant de reprendre le chemin en sens inverse et revenir au parking.

Rainbow Valley Kalbarri
La Rainbow Valley. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Randonnée Rainbow Valley
Début de la randonnée dans la Rainbow Valley. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Mushroom Rock Kalbarri
Les Mushroom Rocks. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Kalbarri côte
Méditation à Kalbarri. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La traversée du désert

En fin d’après-midi, nous terminons le circuit sur la côte de Kalbarri pour commencer à conduire au milieu d’un désert sec et aride. J’appréhende un peu cette portion de route que personne n’emprunte hormis quelques backpackers et de gros camions. Comme la plaine de Nullarbor sur la côte sud, vous n’avez strictement rien à faire, si ce n’est tenir le volant durant des jours.

Désert côte ouest
Seul dans le désert… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Désert voiture côte ouest
Un long chemin nous attend à travers le désert. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Au bout de deux heures, nous arrivons à une station essence où l’arrêt est obligatoire. Le Billabong Roadhouse nous permet de remplir le réservoir de notre van ainsi que deux bidons par mesure de précaution. Tomber en panne dans le désert, sans réseau téléphonique pour appeler à l’aide, c’est une expérience que je souhaiterais éviter. Ayant prévu de repartir pour se rapprocher le plus possible de notre destination, j’en suis vite dissuadé. En discutant avec l’employée de la station-service, d’une grande gentillesse, celle-ci me propose de passer la nuit, gratuitement, sur le parking juste derrière (car il n’y a aucun camping avant des centaines de kilomètres). De plus, le Billabong Roadhouse propose aux voyageurs de se doucher gratuitement, un vrai confort pour des backpackers comme nous ! En entendant la conversation, une backpacker me suggère de rester ici également.

Billabong Roadhouse
On fait le plein de carburant au Billabong Roadhouse. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Écoutant toujours les bons conseils et après en avoir parlé à mon acolyte, Steven, nous nous installons sur le parking où des dizaines de voitures sont déjà garées. Après un bon décrassage et un rapide dîner, il est l’heure d’aller se coucher. Malgré l’impossibilité d’entrer dans le parc national et de voir la couleur rose du Pink Lake, nous avons tout de même passé une belle journée, sauvée par la visite de la côte de Kalbarri. Néanmoins, j’espère que notre programme ne sera plus trop bousculé car je vous avouerais que je commence à en avoir assez des déconvenues ponctuelles depuis mon départ de la Gold Coast.


Les Pinnacles et Jurien Bay, la nature à l’état brut

La première nuit à l’arrière de Justin, notre nouveau van, a été bien plus reposante et confortable que je ne l’aurais imaginée. Protégés du froid (contrairement à la tente) avec un espace suffisant pour ne pas être gênés par les bagages (contrairement à Furiosa), nous avons pu dormir d’une seule traite jusqu’au petit matin.

La plage déserte de Kangaroo Point

Le petit-déjeuner vite ingurgité, nous partons vers notre prochaine destination, située à une centaine de kilomètres au nord de notre camping. Après Yanchep et ses kangourous, place à Nambung, un autre parc national du Western Australia, célèbre pour son paysage très atypique. Néanmoins, avant de rentrer dans le vif du sujet, nous faisons un léger détour à Kangaroo Point, une plage sauvage face à l’océan Indien.

Comme son nom le laisse penser, ce site est connu pour ses kangourous se baladant au bord de l’eau à l’apparition des premiers rayons de soleil. Le parc national, à quelques kilomètres de là, n’ayant pas encore ouvert ses portes, nous en profitons pour tenter de rencontrer de nouveaux amis à poils sautant joyeusement sur le sable. Malheureusement, nous n’aurons pas cette chance… À notre arrivée, la plage est complètement déserte. Nous restons environ une demi-heure à observer cette nature paisible (même trop paisible) avant de prendre la décision de quitter les lieux. Sans kangourou, je dois avouer que Kangaroo Point n’a rien d’exceptionnel (du moins, lorsque vous avez visité des dizaines de plages auparavant). Pour ceux ayant l’intention de préparer un road trip sur la côte ouest, je ne recommande pas spécialement de vous arrêter ici, hormis si vous désirez voir des kangourous sur la plage. Si tel est le cas, il faudra vous armer de patience et arriver extrêmement tôt sans quoi vous repartirez comme nous, bredouilles.

Kangaroo Point plage
La plage de Kangaroo Point sans kangourou… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Océan Indien Kangaroo Point
Le calme de l’océan Indien. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En revenant à la camionnette, nous croisons une voiture de rangers faisant une ronde matinale, sûrement pour vérifier que personne ne campe dans les parages. Je l’avais déjà dit dans des articles précédents mais je vais me répéter : le camping sauvage est strictement interdit en Australie ! Pour ceux tentés de braver cet interdit, vous encourez jusqu’à 300$ d’amende par personne (190€). Les contrôles étant très fréquents, surtout dans les parcs nationaux, je vous déconseille de camper dans des zones non autorisées. D’autant plus qu’il existe des applications comme Wikicamps qui vous donneront une liste complète de campings gratuits en fonction de votre position. Certes, il vous faudra peut-être rouler plusieurs kilomètres avant d’en trouver un mais c’est toujours mieux que de payer une prune.

Le désert des Pinnacles

Quelques minutes après avoir quitté Kangaroo Point, nous arrivons à l’entrée du parc national de Nambung. Si vous avez pris le pass vous permettant de visiter les parcs du Western Australia, comme nous l’avons fait à Yanchep, vous n’aurez qu’à le montrer à la personne au « péage » afin qu’elle vous ouvre la barrière.

L’attrait majeur de Nambung réside en son désert particulier et fascinant. Un sable fin, de couleur ocre, s’étend sur des hectares, à perte de vue. Ce paysage sec et aride est situé à seulement quelques kilomètres de l’océan Indien, que l’on peut d’ailleurs voir en arrière-plan.

Vous me direz, en quoi ce désert a-t-il de si différent comparé aux autres ? Eh bien, sa particularité porte le nom de Pinnacles. Comme vous pourrez le voir sur les photos ci-dessous, des formations rocheuses, ressemblant à des menhirs, se dressent fièrement sur les dunes de sable jaune. Éparpillés un peu partout, ces piliers créent une ambiance très étrange, comme si nous n’étions plus sur la Terre. Datant de plusieurs millions d’années, les Pinnacles sont composés de calcaire ainsi que de coquillages et peuvent atteindre jusqu’à quatre mètres de hauteur. Alors qu’il s’agit uniquement d’une œuvre de la nature, j’ai la fausse impression qu’au contraire ils ont été sculptés par l’Homme, compte tenu de leur disposition.

Pinnacles Nambung
Bienvenue dans le désert des Pinnacles à Nambung. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous partons à pied observer de plus près les Pinnacles et bien entendu faire des photos. Disons-le tout de suite, oui ces rochers ont une forme phallique vous faisant penser à ce que vous savez… D’ailleurs, certains touristes s’en amusent en prenant des positions plutôt tendancieuses immortalisées par leur appareil photo. La faune, peu présente, est composée uniquement de mignonnes perruches roses dont certaines ont élu domicile au sommet des « menhirs ».

Menhirs Nambung
Les « menhirs » du parc national de Nambung. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pinnacles désert Nambung
Des Pinnacles à perte de vue. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Perruches Pinnacles
Deux perruches roses posées sur un pinnacle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous marchons jusqu’au sommet d’une dune afin d’admirer le panorama et repartir ensuite vers le parking. Avant de quitter le parc national de Nambung, nous empruntons avec la voiture un chemin de terre permettant de faire un circuit dans le désert des Pinnacles. La route, à sens unique, balisée des deux côtés par de gros cailloux est très agréable (d’autant plus avec le soleil et une petite musique en fond sonore).

Nambung panorama
Panorama du parc national de Nambung depuis une dune. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Route Nambung
La route du parc national de Nambung accessible en voiture. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Balade voiture Pinnacles
Balade en voiture entre deux menhirs. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Van désert Pinnacles
Notre van, Justin, dans le désert des Pinnacles. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après plus de deux heures à arpenter le désert en long, en large et en travers, nous disons adieu à cet endroit étrange pour retourner sur la côte. Le timing n’était pas adéquat durant notre road trip mais si vous en avez la possibilité, je vous conseille de visiter les Pinnacles en fin de journée pour profiter du coucher du soleil, puis observer les étoiles à la nuit tombée. Le spectacle est paraît-il incroyable.

L’eau bleu turquoise de Jurien Bay

Voulant en découvrir davantage sur cette région, nous nous arrêtons à Jurien Bay, une ville côtière non loin de Nambung. Nous faisons une rapide halte au centre d’information de la ville pour avoir quelques recommandations sur les attractions principales des environs. L’employée nous recommande de passer l’après-midi sur la plage à seulement quelques mètres d’ici.

Nous nous y rendons, histoire de passer une petite heure qui s’est avérée plus longue que prévue. La plage de Jurien Bay est très agréable pour une balade au bord de l’eau. Encore une fois, nous sommes quasiment seuls devant l’océan, d’un calme plat, où certaines personnes en profitent pour faire de la plongée en masque et tuba. Pour notre part, nous nous contentons de marcher sur le sable où nous croisons des cormorans et d’autres oiseaux marins plonger dans l’eau pour en ressortir quelques poissons.

Plage Jurien Bay
La plage de Jurien Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Plage déserte Jurien Bay
Une plage déserte avec un sable fin et une eau turquoise. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Ponton abandonné
Un ponton laissé à l’abandon à Jurien Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Jurien Bay ponton
Un cadre idéal pour une photo souvenir à Jurien Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Océan Indien Jurien Bay
L’océan Indien depuis la plage de Jurien Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ce cadre idyllique nous ferait presque oublier notre programme de la journée, loin d’être terminé. Avant-dernière étape, nous partons admirer la plage de Sandy Cape. Pour cela, nous empruntons une route de terre qu’il faut prendre avec précaution surtout lorsque vous n’avez pas de 4×4. Les nids-de-poule et les graviers auront vite fait d’endommager votre voiture si vous n’y prêtez pas attention. Malgré la mauvaise route, je ne regrette pas du tout d’avoir pris ce chemin. Des dunes de sable, une plage reposante et un coucher de soleil permettent de terminer cette journée en apothéose.

Sandy Cape plage
Sandy Cape, une plage parfaite pour se relaxer. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Coucher soleil plage
Le soleil commence à descendre à Sandy Cape. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Sur un camping, vous pouvez passer la nuit à Sandy Cape contre quelques dollars. Pour notre part, ayant un budget assez serré, nous préférons trouver un lieu où dormir gratuitement. D’autant plus qu’à quelques kilomètres de là existe un parfait free camp, lui aussi en bord de mer. Nous avons la chance de trouver une place, parfaitement positionnée, juste devant l’océan. Attention, les campings gratuits pouvant être vite pris d’assaut, je vous suggère d’arriver en début de soirée pour être sûr d’avoir un endroit où garer votre voiture. Dans la nuit, beaucoup de voyageurs sont arrivés mais ont dû faire demi-tour car plus aucune place n’était disponible. Bercé par le bruit des vagues, je m’endors comme un bébé, heureux de cette deuxième journée de road trip.

Camping gratuit plage
Un lieu parfait pour passer la nuit, juste devant l’océan. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Coucher soleil camping
Coucher de soleil devant la plage de notre camping. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien


Calme et convivialité au Yanchep National Park

Le jour J est enfin arrivé ! C’est aujourd’hui que nous partons à la découverte de la côte ouest pour un road trip de 3 310 kilomètres ! Mais avant de se lancer dans cette nouvelle aventure, nous devons finaliser les derniers préparatifs afin de quitter Perth en toute sérénité.

Bonjour Justin… Et adieu Furiosa

En début de matinée, nous rendons les clés de notre chambre à la réception de l’auberge de jeunesse que je recommande à tous les backpackers (pour plus d’informations, je vous invite à vous rendre sur leur site Internet).

Puis, nous mettons nos affaires dans le coffre de ma voiture Furiosa pour une dernière virée à son bord. Ce n’est qu’une voiture mais j’ai comme un pincement au cœur à l’idée de m’en séparer, sachant le sort qui lui est réservé… Cependant, pas le temps de se laisser aller et traîner, nous devons encore récupérer notre nouveau compagnon de voyage qui attend sagement dans le quartier de Northbridge.

Aux environs de 11 heures, nous voilà arrivés à Lucky Rentals, une agence de location de camping-cars ou plutôt de petites camionnettes aménagées. Ne restant que quelques minutes, le temps de récupérer notre nouveau moyen de locomotion, je choisis de me garer dans un parking non loin de l’agence, sans payer. Grosse erreur ! Notre camionnette n’étant pas du tout prête, nous attendrons près de deux heures à la réception, tout comme trois autres groupes de backpackers assis à côté de nous.

Pendant ce temps, nous en profitons pour remplir un formulaire classique de location, mentionnant l’assurance, notre responsabilité en cas d’accident… Deuxième surprise dont je me serais passé, j’apprends qu’une partie de notre trajet nécessite le paiement obligatoire d’une assurance complémentaire. Près de la moitié de notre route se situe dans une zone difficile d’accès pour un mécanicien, devant parfois faire plus de 1 000 kilomètres pour venir récupérer des backpackers malchanceux. Je ne l’aurais pas imaginé mais les collisions avec les kangourous, émeus (gros oiseaux australiens ressemblant un peu à des autruches), vaches et bien d’autres animaux sont des accidents très fréquents sur une route peu empruntée. La faune du désert de la côte ouest a l’habitude de traverser le bitume, n’importe où et n’importe quand compte tenu du trafic quasi inexistant. N’ayant pas tellement le choix, nous effectuons le paiement sans discuter. Vers 13 heures, notre mini camping-car est enfin prêt ! Il s’agit d’une Toyota Tarago de 1997 ayant déjà fait un grand nombre de road trips au vu du kilométrage inscrit sur le compteur.

La personne chargée de la clientèle nous explique le fonctionnement (très simple vu qu’il s’agit d’un boitier automatique) puis checke la présence d’une table et de chaises pliantes, d’un duvet, de vaisselle et autres ustensiles de cuisine compris dans la location. Tout ceci terminé, nous retournons là où nous avons laissé Furiosa afin de transvaser nos affaires à l’arrière de notre camionnette baptisée Justin. Sans surprise, sur le pare-brise, je trouve une belle amende de 75$ (47,50€) pour avoir stationné sans payer (troisième surprise de la journée). Ça fait toujours plaisir !

Les connaissances avec Justin faites, nous partons déposer Furiosa chez un « wrecker » (ou casse en français). Ne souhaitant pas nous attarder dans ce cimetière automobile, nous déposons mon amie, récupérons ses plaques d’immatriculation à renvoyer au département des transports ainsi que 150$ (soit 95€, meilleur montant que j’ai pu négocier après avoir appelé presque toutes les casses de Perth). Une dernière photo en guise de souvenir, me replonge dans mes aventures passées, jalonnées de bons et mauvais moments tels que la recherche d’un travail en ferme à Cairns, le road trip sur la côte est, ma vie à Surfers Paradise

Furiosa Adieu
Adieu Furiosa… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Yanchep National Park

Je prends le volant de Justin pour rouler en direction de notre première étape, le parc national de Yanchep, situé à une heure au nord de Perth.

Vous connaissez l’expression jamais deux sans trois… Eh bien j’en ai inventé une nouvelle : jamais trois sans quatre ! Sur la route qui nous mène à Yanchep, un voyant orange apparaît sur le tableau de bord de la voiture : problème d’huile de moteur 🙁 Nous arrêtons l’engin et vérifions le niveau d’huile qui à ma grande surprise est inexistant. Nous avons attendu deux heures à l’agence de location et ces bras cassés n’ont même pas vérifié qu’il y ait suffisamment d’huile pour un road trip de plus de 3 000 kilomètres. Passablement énervé, j’appelle Lucky Rentals pour leur faire part de mon mécontentement profond. Ces derniers s’excusent et me demandent de me rendre dans une station essence afin d’acheter un bidon d’huile qui me sera remboursé en intégralité à mon retour (c’est la moindre des choses). Profitant de cet incident, je demande à rendre la camionnette en fin de journée au lieu du début de matinée comme c’était initialement prévu. Gênés, ils acceptent sans broncher.

Le problème mécanique clos, nous arrivons enfin au Yanchep National Park. Contrairement aux parcs nationaux de la côte est, dont l’entrée est gratuite, ceux de la côte ouest nécessitent un pass payant. Les prix dépendent du nombre de parcs que vous souhaitez visiter ainsi que de la durée de votre voyage. Pour notre part, nous choisissons le pass de 45$ (28,50€) nous permettant d’entrer dans quasiment tous les parcs durant un mois.

À peine garés, nous utilisons un plan, donné par la personne à l’entrée, pour choisir un des chemins de randonnée. N’ayant plus assez de temps pour faire des treks de plusieurs heures de marche, nous nous rabattons sur celui faisant le tour de Loch McNess, l’étang du parc, ainsi qu’un circuit nommé Yanchep Rose.

Carte Yanchep National Park
Carte du parc national de Yanchep. Crédit photo : Google

Mais avant de débuter, nous passons faire un petit coucou aux koalas, résidant dans les arbres non loin de l’hôtel du parc. Comme à l’heures habitudes, nous retrouvons ces marsupiaux assis voire allongés sur les branches en train de faire la sieste ou de « chiller » (se relaxer). Même après en avoir vu je ne sais combien de fois, je ne me lasse pas de les observer à… ne rien faire. Quand on y pense, regarder quelqu’un dormir n’a rien de transcendant mais lorsqu’il s’agit d’un koala, cela prend une toute autre dimension. Ce qui est amusant, c’est qu’au moment d’entrer dans la partie qui leur ait dédié, tous les visiteurs se taisent ou parlent à voix basse pour ne pas les déranger dans leur sommeil, essayant de faire le moins de bruit possible. Bon, après c’est plutôt normal : si une personne dort, on ne va pas faire du boucan (enfin normal lorsque l’on a un minimum d’éducation, ce qui n’est pas le cas de tout le monde).

Sommeil koala
Un koala en plein sommeil. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Koala Yanchep National Park
Dur dur la vie d’un koala. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ce petit chemin qui sent la noisette…

L’observation des koalas nous ayant rendu amorphes, nous empruntons le premier sentier de randonnée afin de profiter de la nature autour du Loch McNess. À peine avons-nous commencé la marche que nous rencontrons un groupe de kangourous. Ni une, ni deux, je sors ma GoPro et mon téléphone pour tenter un selfie avec eux. Peine perdue, même s’ils ne sont pas effrayés par l’Homme, ces derniers restent méfiants. Ne pouvant les approcher de trop près, j’essaie tant bien que mal d’en avoir quelques-uns en arrière-plan. En revanche, j’arrive assez facilement à les avoir lorsqu’ils posent seuls sur les photos.

Gang Kangourous
Un gang de kangourous à l’entrée du parc. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Selfie kangourous
Tentative ratée de selfie avec des kangourous. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Kangourou Yanchep National Park
Le seul kangourou se laissant approcher de près. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Durant la randonnée, nous profitons d’une flore verdoyante avec un étang paisible où de nombreux oiseaux viennent profiter de ce calme sans se préoccuper d’un quelconque prédateur. À plusieurs reprises, nous croisons des kangourous qui ne sont pas du tout perturbés par notre présence.

Loch McNess
Calme et détente devant le Loch McNess. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Balade Loch McNess
Une balade autour du Loch McNess. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Kangourou Yanchep National Park
Un kangourou dérangé durant son déjeuner. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Kangourou Loch McNess
Dévisagé par un kangourou sur les bords du Loch McNess. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Revenus à notre point de départ, nous empruntons le mini trek Yanchep Rose. Comme son nom l’indique, les fleurs sont très présentes tout le long du sentier. Quand je dis les fleurs, il s’agit plutôt d’un type très particulier, le Diplolaena Angustifolia, mieux connu sous le nom de Yanchep Rose.

Marche Yanchep Rose
Marche sur le sentier du Yanchep Rose. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Yanchep Rose
Le Diplolaena Angustifolia ou Yanchep Rose. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Arbre Yanchep Rose
Un arbre avec des Yanchep Roses. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La fin de journée approchant à grand pas et le soleil commençant à décliner, nous quittons le Yanchep National Park pour passer la nuit dans un camping gratuit à environ une heure de route. Arrivés dans l’obscurité la plus totale, nous avons la chance de prendre la dernière place encore disponible. Seul bémol, le camping se trouve juste à côté d’un pont où des travaux de nuit sont réalisés. Malgré des projecteurs pouvant éclairer une ville entière, nous arrivons sans aucune difficulté à nous endormir pour découvrir, demain, l’une des merveilles de la nature de la côte ouest.


Éveil des sens à la Swan Valley

Si je vous dis Saint-Émilion ou Napa Valley, à quoi pensez-vous ? Bien évidemment, cela vous évoque des régions viticoles dans le sud-ouest de la France et en Californie ! Avec cet indice, vous commencez peut-être à comprendre où je veux en venir. Comme certains doivent s’en douter, cet article sera dédié à la culture du vin, agricole d’une région australienne réputée dans ce secteur d’activité.

Sans plus attendre, embarquez dans ma voiture, destination la Swan Valley pour un circuit « gastronomique » à ne surtout pas louper.

Mise en bouche, histoire de la région

Située à l’est de Perth, la Swan Valley longe le cours supérieur du fleuve Swan depuis la ville de Guildford. Divisée en 14 secteurs (Middle Swan, Herne Hill, Upper Swan, Baskerville…), la région a été découverte en 1827 par le capitaine James Stirling qui fut étonné par l’incroyable richesse des terres. Des arbres bien feuillus, une nature verdoyante et vallonnée, un fleuve, cœur et poumons, apportant fertilité et vie, offrent aux premiers colons une terre accueillante et propice à une sédentarisation.

Le paysage de la Swan Valley est d’autant plus surprenant, qu’il s’oppose à celui de la région de Perth plutôt sec et aride. Rappelez-vous, l’emplacement de la prison de Fremantle (située à quelques kilomètres au sud) avait été choisi pour son côté désertique, ne laissant que peu de possibilités de survie aux hypothétiques évadés. D’ailleurs, à la naissance de Perth, au XIXème siècle, Stirling développa trois principaux points d’ancrage : le port de Fremantle, le centre de Perth (aujourd’hui le CBD et ses quartiers alentours) et la Swan Valley. Ainsi, la capitale du Western Australia s’était développée intelligemment en fonction des secteurs d’activité vitaux pour la pérennisation d’une société :

  • Activités maritimes, pêche, import/export avec Fremantle ;
  • Tertiaire, commerce, politique avec le centre-ville de Perth ;
  • Agriculture avec la Swan Valley

Aujourd’hui, la Swan Valley est bien plus qu’un domaine viticole, qui par ailleurs ne produit pas uniquement du vin mais bien d’autres denrées telles que les fruits et légumes, le chocolat, le café… Elle est devenue un haut lieu touristique où les voyageurs peuvent découvrir et déguster toutes les spécialités de la région dans un cadre bucolique et chaleureux.

Entrée, planification de la journée

En un peu plus de trois quarts d’heure, nous arrivons dans la ville de Guildford, point de départ de notre tour dans la Swan Valley. Nous nous arrêtons au centre d’information afin d’obtenir des conseils sur la meilleure manière d’optimiser notre journée et voir les principaux sites touristiques. Munie d’une carte de la région, la personne à l’accueil du centre nous indique le chemin à suivre et les arrêts obligatoires qui en réalité dépendent de vos envies. En effet, certains touristes souhaitent uniquement visiter des domaines viticoles tandis que d’autres, comme nous, préfèrent avoir une vision globale des cultures de la Swan Valley.

Concernant le chemin à emprunter, celui-ci est très simple puisqu’il s’agit de suivre la route principale qui forme une boucle, partant de notre position actuelle. Les commerces et fermes sont répartis de chaque côté de la route et sont très bien indiqués.

Swan Valley carte
Carte de la Swan Valley. Crédit photo : Google

Désormais, ayant toutes les informations nécessaires, nous pouvons entamer, dans les meilleures conditions possibles, notre circuit touristique sur-mesure.

Je me répète souvent à ce sujet mais je recommande fortement à tous les voyageurs et backpackers de faire un tour par ces centres qui permettent de vous aiguiller sur les endroits à voir afin de ne pas perdre votre temps à chercher constamment votre direction.

Plat principal et dessert, les richesses de la Swan Valley

Premier arrêt, Sandalford Wines pour une dégustation de vin. Il s’agit d’un des principaux domaines de la région dont la qualité des produits est, paraît-il, très réputée. Étant loin d’être un expert en œnologie, je veux bien croire ces avis.

Après avoir franchi les grilles d’entrée, nous sommes mis rapidement dans l’ambiance. De part et d’autre du chemin en terre, s’étendent des hectares de vignes, plantés de manière parfaitement rectiligne. N’ayant jamais visité de vignobles, hormis lors de reportages à la télévision ou dans des magazines, c’est exactement l’image que je m’en faisais !

Vignes Sandalford Wines
Les vignes de Sandalford Wines. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Sandalford Wines vigne
Un beau cadre pour une balade gourmande. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après avoir admiré ces ceps robustes, nous nous dirigeons vers l’accueil et la boutique où l’on nous invite à goûter certains vins selon nos envies. Rouge, blanc, moelleux ou sec, tout le monde peut y trouver son bonheur. En fonction de votre choix, le sommelier vous propose une sélection de vins en vous décrivant pour chacun d’entre eux les arômes plus ou moins fruités, les sensations procurées au niveau du palais… Une fois la dégustation terminée, vous pourrez alors acheter une ou plusieurs bouteilles de votre vin préféré. Si vous ne souhaitez rien acheter, vous devrez payer la dégustation (qui est gratuite en cas d’achat) entre cinq et huit dollars selon le domaine que vous visitez.

Boutique Sandalford Wines
La boutique de Sandalford Wines. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Sandalford Wines dégustation vin
Dégustation de vin à Sandalford Wines. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Alors que je bois très peu d’alcool, je me laisse tout de même tenter par un vin blanc moelleux. Puis, nous quittons Sandalford Wines en passant par le restaurant dont la terrasse extérieure, abritée par une petite pergola en bois, propose un joli cadre sur les champs de vignes.

Restaurant vignoble
Le restaurant du Sandalford Wines. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Deuxième arrêt, la coopérative de café Yahava. Comme je l’avais dit précédemment, la Swan Valley ne se résume pas aux vignobles. Ici, vous pourrez vous arrêter pour déguster une grande diversité de café venant des quatre coins du monde et plus particulièrement d’Amérique Latine. Contrairement à Sandalford, la production ne se fait pas en Australie, la matière première étant importée. Par contre, la torréfaction est réalisée par la coopérative qui transforme les grains en un délicieux breuvage pour les amateurs de café, ce qui n’est malheureusement pas mon cas.

Entrée coopérative Yahava
L’entrée de la coopérative de café Yahava. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Yahava Café vente
La partie Coffee Shop de Yahava. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Machine torréfier café Yahava
Une machine à torréfier exposée dans la boutique Yahava. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Hormis la dégustation de café, le Yahava propose également de petites douceurs afin d’accompagner votre boisson chaude. Vous pourrez ainsi prendre votre petit-déjeuner ou votre brunch dans l’effervescence de la boutique ou en terrasse pour profiter du calme, juste devant une petite étendue d’eau.

Yahava Café
Du café en vrac en libre service. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Boutique Souvenir Yahava
Produits vendus dans la boutique Yahava. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Pour les plus pressés, il est possible de s’arrêter à un drive, installé à l’entrée, pour acheter votre café et repartir sans plus tarder sur les routes de la Swan Valley.

Troisième arrêt, les chocolats de Providore. Il s’agit du meilleur moment que j’ai passé pour le fan de chocolat que je suis. Étape gourmande phare du circuit, celle-ci est prise d’assaut par les touristes. D’ailleurs, arrivés au parking, impossible de trouver une place. Nous sommes obligés de nous garer à l’extérieur du domaine, sur le bas-côté comme une dizaine d’autres voitures.

En rentrant dans la fabrique, une odeur sucrée me met l’eau à la bouche. Outre l’odorat, la vue est également sollicitée avec des milliers de chocolat, de toutes sortes, exposés devant mes yeux. Enfin, pour m’achever, une dégustation gratuite de chocolat est proposée à toute la clientèle qui s’agglutine devant le stand. Du coup, tous mes sens mis en ébullition, je ne peux résister à la tentation (ce qui est le cas de 90% des visiteurs). En vitrine, de belles friandises m’attirent tel un aimant et je me laisse tenter par des noix de macadamia et des noix de cajou enrobées de chocolat au lait. Un vrai délice ! Ne voulant pas prendre 10 kilos et perdre tout l’argent que j’ai dans mon portefeuille, je préfère quitter rapidement ce lieu de plaisir. D’autant plus que mon regard commence à se porter sur une boite de mignons petits quokkas en chocolat (marsupiaux rencontrés lors de ma visite à Rottnest Island).

Providore Chocolat
De délicieux chocolat chez Providore. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Chocolat Providore Swan Valley
Trop de chocolat chez Providore ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Providore Quokka
Des quokkas en chocolat chez Providore. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Machines Chocolat
Des machines produisant le chocolat. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Dans une autre aile de la fabrique de Providore (ressemblant fortement à celle de Willy Wonka), a été installée une épicerie fine proposant vin, moutarde, vinaigrette, miel et autres produits nobles que vous pouvez également déguster gratuitement. Étant restés plus longtemps que de raison, nous préférons mettre un terme à ce supplice de regarder, goûter et sentir sans rien n’acheter hormis deux petits sachets de chocolat.

Epicerie Providore chocolat
L’épicerie fine de Providore. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Produits épicerie Providore
De délicieux produits vendus dans la partie épicerie fine de Providore. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Bon, je ne vais pas vous décrire tous les stops que nous avons fait sur la Swan Valley mais je peux vous dire qu’ils sont tout aussi intéressants que les trois décrits ci-dessus. Distillerie de rhum (the Kimberley Rum Company), fabricant de glace (Oggies Icecream Cafe), d’autres vignobles dont un à la particularité de proposer également huile d’olive et fromages artisanaux (The Cheese Barrel), une superbe chocolaterie et mes deux préférés : la maison du nougat et des noix (Mondo Nougat & Morish Nuts) ainsi que la maison du miel (The House of Honey) !

The Kimberley Rum Company
La distillerie de rhum. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Fûts de Rhum
La cave où sont entreposés les fûts de rhum. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Glacier Oggies Swan Valley
L’entrée du glacier Oggies. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Bonbons Oggies Swan Valley
Des bonbons vendus chez le glacier Oggies. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Dégustation vin Swan Valley
Une deuxième dégustation de vin dans un autre domaine. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Fromage Swan Valley
Une boutique de fromage. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Types de fromage
Des fromages d’origines diverses et variées. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Boutique Chocolat Swan Valley
Une deuxième chocolaterie à la Swan Valley. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Chocolat sculpture
Une oeuvre en chocolat dans une chocolaterie. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Mondo Nougat Swan Valley
La maison du nougat. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Morish Nuts Swan Valley
Une grande variété de noix vendue chez Morish Nuts. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
The House of Honey
Bienvenue à la maison du miel. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Miel vente
Les amateurs de miel y trouveront sûrement leur bonheur. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En milieu d’après-midi, nous terminons notre circuit, s’avérant être une belle surprise, où tous mes sens ont été en éveil. La Swan Valley est un véritable enchantement qui n’a rien à voir avec mes visites précédentes dans la région de Perth. Cette culture gastronomique, généralement peu présente en Australie, m’a fait penser en certains points à la France qui reste le meilleur pays du monde dans ce domaine (sans chauvinisme aucun).

Tout ça pour vous dire que Perth recèle une grande diversité d’activités, de paysages et d’histoires. Cette ville a été une découverte incroyable dont je n’aurais jamais imaginé la richesse et la culture à mon arrivée. Cependant, toutes les bonnes ont une fin et bientôt une nouvelle aventure va commencer à travers les routes de l’ouest de l’Australie.


Découverte des banlieues de Perth

La visite instructive de la prison de Perth terminée, nous profitons d’être dans les alentours pour découvrir le quartier de Fremantle. La météo clémente avec un ciel ensoleillé, sans l’ombre d’un nuage à l’horizon, nous incite à déjeuner dans un parc, à proximité de la marina.

La côte et le centre-ville de Fremantle

Ce pique-nique improvisé nous permet de nous reposer des deux heures de marche à l’intérieur de la prison et d’être d’attaque pour la fin de la journée.

Après un bon repas, nous partons du côté de la promenade qui longe la côte de Fremantle. Nous arrivons sur une petite plage où les gens profitent de la vue sur l’océan, assis à la terrasse d’un restaurant.

Balade plage Fremantle
La promenade près de la plage. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Plage Fremantle
La plage de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Plage Fremantle
Balade sur la plage de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Puis, nous empruntons un chemin menant à une jetée dont la vue donne sur le port et les quais où j’avais pris un ferry pour me rendre à Rottnest Island.

Vue marina Fremantle
Vue sur la marina de Fremantle depuis la jetée. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Port Fremantle
Le port de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En revenant sur nos pas, nous arrivons très rapidement dans le cœur du quartier qui me fait penser à celui d’Adelaïde (capitale du Southern Australia). De petits immeubles au style victorien abritent boutiques souvenirs, bars/pubs/restaurants ou encore auberges de jeunesse/hôtels. Tout est fait pour satisfaire touristes et backpackers venus passer quelques heures ou jours à Fremantle. Cette « banlieue » de Perth est plutôt un bon compromis pour ceux ne souhaitant pas s’installer dans l’effervescence des quartiers tels que Northbridge, sans en être trop éloignés. En un peu plus d’une demi-heure de train, vous arrivez dans le CBD et avez tout le temps pour découvrir le cœur économique de la ville.

Immeuble Fremantle

Un immeuble typique de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Commerces Fremantle
Des commerces installés dans des immeubles victoriens. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous terminons notre visite par l’église, située dans une rue piétonne, et la découverte de quelques peintures murales au style très similaire à celui de Melbourne, dans le quartier de Fitzroy, qui, mis à part cette caractéristique pseudo-commune, n’a rien à voir avec Fremantle. Ce dernier a un esprit traditionnel et paisible tandis que Fitzroy est plutôt arty, jeune et dynamique.

Eglise Fremantle
L’église de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Tag Fremantle
Tag sur un mur à Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Changement de backpack

Nous reprenons la voiture afin de rentrer à notre auberge de jeunesse pour notre dernière nuit dans l’un des pires backpacks que j’ai connu. D’ailleurs, j’ai découvert que, depuis ma visite, ce dernier a définitivement fermé ses portes, ce qui ne m’étonne guère.

Le lendemain, à peine levés, nous rangeons rapidement nos affaires pour larguer les amarres dès neuf heures du matin. Deux jours plus tôt, j’ai trouvé sur Booking une auberge à quelques pâtés de maisons, toujours dans Northbridge, ayant de très bonnes critiques. Le Beatty Lodge dispose d’un grand parking, d’un Wifi gratuit, de grandes chambres modernes et propres, d’une cuisine avec tous les ustensiles nécessaires, d’une piscine ainsi que d’une salle de sport.

Quelques minutes après avoir fait nos adieux à Paolo, le concierge flippant et mentalement « dérangé », nous arrivons au Beatty Lodge où nous sommes accueillis très chaleureusement par le réceptionniste. Même si les chambres ne sont disponibles qu’à partir de 14 heures, ce dernier a l’aimable gentillesse de nous donner les clés aux alentours de 11 heures pour avoir notre après-midi de libre. À la vue de notre chambre, je suis entièrement réconforté par le choix de cette auberge. Nous passons de l’enfer du Palmerston Lodge à ce paradis.

Les plages de Perth

Une fois installés, je propose à Steven de nous balader dans les banlieues ouest de Perth, sur les plages de Cottesloe et City Beach. En dehors de Scarborough, il existe d’autres endroits où il est possible de se baigner. Pour vous situer géographiquement, Scarborough est la plage la plus au nord. Juste en dessous, vous avez City Beach suivi de Cottesloe.

Quelques minutes de voiture suffisent pour se retrouver les pieds dans l’eau. Une promenade côtière permet de longer les plages et d’observer les surfeurs. Des sculptures faisant face à l’océan ont été installées sur le chemin. L’art allié à la beauté de la nature donne des photos qui deviendront de magnifiques souvenirs.

Promenade Cottesloe
Promenade le long de la plage de Cottesloe. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Cottesloe surf
Cottesloe, un des spots de surf de Perth. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Cottesloe Fremantle
Depuis Cottesloe, on peut voir le port de Fremantle tout au fond. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Sculpture Cottesloe
Sculpture installée à la plage de Cottesloe. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Art Cottesloe
L’art moderne en face de l’océan. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Seul hic, le temps nuageux n’incite pas à s’installer sur le sable pour prendre un bain de soleil. Du coup, une demi-journée suffit pour visiter Cottesloe et City Beach.

City Beach plage
City Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Désert plage City BEach
La plage de City Beach déserte. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Voilà, je pense avoir visité les principaux quartiers de Perth, une ville dont je ne regrette pas du tout mon arrêt prolongé. Il reste encore un dernier endroit à découvrir où il est nécessaire d’avoir une voiture pour s’y rendre et parcourir le circuit dans son ensemble. Cependant, ce lieu que j’ai beaucoup apprécié sera le sujet d’un prochain article. Mais chut, je ne vous en dis pas plus.


Dans les couloirs de la prison de Fremantle

Depuis mon arrivée à Perth, j’ai eu l’occasion de pratiquer divers types de tourisme : balnéaire avec Scarborough, citadin avec le CBD & Elizabeth Quay ou encore vert avec Rottnest Island & Kings Park. Pour cette nouvelle journée dans la capitale du Western Australia, il est temps de s’intéresser à la culture et l’histoire de la région. Rien de mieux qu’une visite dans la plus célèbre prison d’Australie pour satisfaire cette envie irrépressible !

L’histoire de Fremantle

Le centre pénitentiaire se situe à Fremantle, au sud du centre-ville de Perth où j’avais pris le ferry pour rejoindre Rottnest Island. Le quartier s’est développé grâce à la prison, principale activité économique au XIXème siècle. Ironie de l’histoire, ce sont des bagnards qui ont construits eux-mêmes leur future résidence d’une surface de 60 000 m².

Le choix du site n’est pas le fruit du hasard bien au contraire. Afin d’éviter au plus possible les évasions et les courses poursuites, la prison a été érigée dans une « impasse » où le prisonnier en cavale a deux options :

  • Tenter sa chance en traversant l’océan Indien (encore faut-il être muni d’un bateau et arriver indemne en Afrique du Sud ou en Indonésie, pays les plus « proches » de l’Australie) ;
  • Partir dans le désert aride pour rejoindre la côte Est (une des seules régions habitées à l’époque et située à des milliers de kilomètres de Fremantle) avec de grande chance de mourir de déshydratation.

Face à ce choix cornélien, mieux vaut rester dans la prison. Néanmoins, la vie au sein du pénitencier est loin d’être un long fleuve tranquille avec encore une fois la mort comme seule échappatoire. Mourir enfermé ou mourir en liberté, c’est un sujet philosophique sur lequel les prisonniers de Fremantle ont dû réfléchir quotidiennement dans leur cellule.

Une visite guidée en deux parties

En milieu de matinée, nous arrivons, Steven et moi, devant un grand édifice, austère et lugubre, encerclé par une enceinte infranchissable, décoré de barbelé et morceaux de verre très aiguisés. Rassurez-vous, plus personne ne purge de peine dans cette prison depuis longtemps (le 7 novembre 1991 pour être exact). Au début des années 90, les criminels ont été transférés dans un autre centre pénitentiaire, celui de Casuarina, à 30 km au sud de Perth. Ouvert au public depuis 1992, Fremantle est désormais un musée attirant des milliers de visiteurs chaque année.

Bienvenue prison
Bienvenue à la prison de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
barbelés murs prison
Les barbelés entourent les murs de la prison. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous franchissons la porte d’entrée et sommes accueillis chaleureusement par un employé qui nous explique tous les tours proposés par les guides. Outre la visite classique de l’enceinte, il est possible de traverser les souterrains de la prison à pieds et/ou en bateau mais aussi de faire des tours à thème. Voulant en connaître davantage sur ce lieu, regorgeant d’histoires et de légendes, nous choisissons de compléter la visite guidée classique par celle des évasions (ou tentatives) les plus spectaculaires et des prisonniers les plus célèbres.

Bienvenue à Fremantle

Le groupe de visiteurs au complet, le guide nous ouvre les portes, en fer forgé, et commence la visite par la « salle d’accueil » des futurs résidents de Fremantle. Pour nous mettre dans l’ambiance, il nous explique que la majorité des personnes, entrant dans ce centre pénitentiaire, allaient certainement y mourir soit lors d’une échauffourée entre prisonniers, soit par peine capitale, soit par suicide, soit lors d’une tentative d’évasion… À Fremantle, vous avez une multitude de possibilités pour partir de cet enfer les pieds devant.

La population pénitentiaire, âgée au minimum de 12 ans, arrivait boulet au pied, en file indienne, attendant qu’on les appelle pour une fouille intégrale et recevoir la tenue qu’ils porteront jour et nuit jusqu’à la fin de leur peine. Je n’imagine même pas le traumatisme d’un pré-ado, assis dans cette pièce, entre un serial-killer et un pédophile…

Nous quittons cet endroit, qui me donne des frissons, et passons quelques instants par la cour intérieure pour rentrer dans un des nombreux bâtiments où se trouvent les cellules. Dans les couloirs, le guide nous explique que les prisonniers étaient classés par division en fonction de leur âge et/ou de leur crime. Par exemple, la première division rassemblait les mineurs de 12 à 17 ans, les rares à ressortir de Fremantle vivants. La deuxième division, séparée de la première par un mur en béton, regroupait les pédophiles, mis à part des autres prisonniers pour leur propre sécurité. Puis, au fur et à mesure que l’on augmente de division, on trouve des personnes de plus en plus dangereuses, commençant du « simple voleur » pour finir au tueur en série.

Entrée cour intérieure
La grande cour intérieure à l’entrée de la prison. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
étages cellules
Les cellules d’une division réparties sur plusieurs étages. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Les femmes, absentes à l’ouverture de la prison, sont entrées à Fremantle des années plus tard. Il a alors fallu aménager un bâtiment rien que pour elles, situé à l’opposé des dortoirs masculins. Éloignées des hommes, ces dernières étaient toutes mélangées quel que soit leur crime. La petite délinquante pouvait se retrouver à côté d’une tueuse impitoyable. En effet, certaines détenues étaient loin d’être des jeunes femmes frêles et sans défense.

La vie à Fremantle

Dans chacune des divisions, les cellules sont réparties sur deux étages avec un filet en métal séparant le rez-de-chaussée du premier niveau. Pourquoi ce filet ? Eh bien, pour éviter que les prisonniers ne meurent, soit en se jetant afin de se suicider, soit poussés par un autre repris de justice.

Filet sécurité prison
Les filets de sécurité entre le rez-de-chaussée et le premier étage. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Couloirs division
Dans les couloirs des divisions. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Les cellules, très rudimentaires, ne sont pas forcément les mêmes. Certaines sont individuelles, d’autres peuvent accueillir deux personnes, avec des surfaces variant du simple au double, munies de lits classiques ou hamacs.

cellule prison Fremantle
Une cellule individuelle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Cellule partagée prison Fremantle
Plus spacieuse, par contre il faut partager sa « chambre ». Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Bien que toute décoration murale soit interdite, des prisonniers se sont improvisés décorateurs d’intérieur avec plus ou moins de succès. Une cellule attire plus particulièrement mon attention avec de splendides peintures. Ces dernières, représentant uniquement des paysages, sont très réalistes et reflètent sans aucun doute le mal être de la vie carcérale où ces personnes, enfermées entre quatre murs, rêvent d’évasion, de revoir les splendeurs que nous offre la nature. C’est étrange d’admirer des œuvres d’art d’une beauté époustouflante et de ressentir à travers elles l’horreur du quotidien à Fremantle. Bon, je ne vais pas non plus pleurer sur leur sort. Je n’oublie pas que beaucoup d’entre eux étaient des criminels avec de dangereux troubles psychologiques.

Peinture détenu Fremantle
Des peintures faites par un détenu de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
cellule peinture
Une peinture aborigène dans une cellule. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Fresque cellule
Des fresques religieuses dessinées par un prisonnier. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Passant devant le planning de la prison, je m’arrête pour lire et connaître l’organisation classique d’une journée. Levé à 6h45 du matin, puis, une heure pour prendre son petit-déjeuner et se laver avant de commencer le travail (souvent en cuisine, à la laverie et autres parties communes de la prison) pour les moins dangereux bien évidemment. Les autres restaient en quarantaine dans leur cellule jusqu’au déjeuner. L’après-midi se déroulait comme la matinée avec une extinction des feux à 23h15.

Planning Fremantle
Le planning de la semaine en prison. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En parlant des parties communes, nous visitons les cuisines et petites cours intérieures bétonnées où se prennent les repas. Très vite, nous arrivons à la chapelle de la prison où sont affichés les 10 commandements, sur une fresque, derrière l’autel. Petite anecdote, le sixième commandement « Tu ne tueras point » a été modifié par « Tu ne commettras point de meurtre ». La peine capitale étant pratiquée au sein de Fremantle il n’aurait pas été logique d’avoir ce commandement tel qu’il est mentionné dans la Bible.

Cuisine Fremantle
Les cuisines de la prison. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Repas Fremantle
La « salle » de repas. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Chapelle prison Fremantle
La Chapelle de la prison. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Christ Chapelle
Représentation du Christ sur l’un des murs de la chapelle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
10 commandements
Les 10 commandements. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Pour ceux que cela intéresse, il est possible de se marier dans cette chapelle en s’y prenant à l’avance (comme pour un mariage classique, la liste d’attente et de réservation est assez longue).

La mort au bout du couloir

Maintenant, passons à la partie morbide de la visite. Nous rejoignons une cour où des prisonniers recevaient des châtiments corporels pour mauvaise conduite. Afin de « mater les mauvais élèves », les gardiens pouvaient avoir recours au fouet, punition douloureuse et interminable. Debout, les mains attachées à une structure en bois, le prisonnier pouvait recevoir jusqu’à 100 coups de fouet en fonction du crime commis au sein de la prison. Les bourreaux étaient tous volontaires car certains matons ne pouvaient supporter les hurlements poussés par les détenus, retentissant dans le centre pénitentiaire.

Chaque coup de fouet était compté méticuleusement car le châtiment pouvait durer sur plusieurs jours. Très souvent, les prisonniers tombaient dans les pommes avant la fin. Ils allaient alors à l’infirmerie où ils étaient soignés avant de reprendre, les jours suivants, les coups de fouet. Pour désinfecter les plaies béantes et sanguinolentes, de l’alcool et du gros sel étaient jetés sur le dos du malheureux (je vous laisse imaginer la douleur). Certains ne survivaient pas à cela et finissaient leur vie dans d’atroces souffrances.

Fouet prison Fremantle
Démonstration d’une séance de flagellation. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après nous avoir expliqué tous ces détails, le guide nous montre une petite maisonnette juste à côté et nous invite à y entrer. Il s’agit de la salle de pendaison où étaient exécutés les condamnés à mort. De 1889 à 1964, 43 hommes et une femme ont été pendus dans cette pièce (pour info, la peine de mort en Australie a été abolie en 1984). Les plus chanceux mourraient la nuque brisée à l’ouverture de la trappe, située sous les pieds du criminel, tandis que les autres mourraient étranglés lentement.

Potence Fremantle
La potence de la prison. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Voilà les principaux temps forts de cette visite qui aura duré environ une heure. Nous revenons à l’entrée de la prison où nous attend le deuxième tour sur les plus illustres prisonniers de Fremantle.

Les évasions ratées et réussies dans la prison

Un nouveau guide nous prend en charge et nous ramène dans l’enceinte du centre pénitentiaire. Cette fois-ci, nous allons nous immerger dans la peau des grands criminels ayant tenté de s’évader de cette forteresse. Je ne vais pas vous raconter l’histoire de tous ces personnages mais sachez qu’en un siècle et demie, seulement une dizaine de prisonniers ont réussi cet exploit.

Le plus célèbre d’entre eux est Joseph Bolitho Johns, surnommé Moondyne Joe. Il a réussi à quitter Fremantle à cinq reprises, ce qui a créé sa légende d’artiste de l’évasion. Le gouverneur lui a même construit une cellule spéciale d’où il s’est encore évadé avant de se faire capturer une nouvelle fois par les forces de police, deux ans plus tard. Une autre histoire passionnante est celle des six « Fenians » (nationalistes irlandais) ayant réussi l’évasion parfaite de quitter l’Australie pour les Etats-Unis à bord d’un baleinier en 1876.

Le guide nous parle également des plus grands serial-killers d’Australie tel qu’Eric Edgar Cooke, surnommé « The Night Caller » ayant avoué l’assassinat de huit personnes (sans compter les cambriolages, viols et tentatives de meurtre). Ce dernier fut exécuté en 1964 et est le dernier condamné à mort de l’Etat du Western Australia.

Le centre pénitencier a également été victime d’une mutinerie, causant un grand incendie en 1988. Anecdote « amusante », les prisonniers ayant pris en otage plusieurs gardiens, avaient négocié une libération, à condition d’être livré de 700 burgers Hungry Jacks (que l’on connait dans le reste du monde sous le nom de Burger King).

Des personnalités connues ont aussi fait un tour par la case prison de Fremantle dont Bon Scott, le chanteur du groupe AC/DC, mort en 1980 d’un coma éthylique.

Après toutes ces histoires fascinantes, nous sortons ravis, ne regrettant absolument pas d’être venus. La prison de Fremantle est un passage obligatoire lorsque l’on voyage dans les environs de Perth. Cela change des visites classiques. Les guides s’improvisent acteurs et vous racontent de manière vivante et ludique tout ce que vous avez besoin de connaître sur le plus légendaire centre pénitentiaire d’Australie.


Promenade au jardin botanique de Perth

Après cette magnifique journée à Rottnest Island, nous repartons, fatigués mais heureux, à notre auberge de jeunesse. Dans la soirée, coup de théâtre, Jennifer m’apprend sa décision de quitter le Western Australia pour rejoindre une de ses amies à Melbourne. La voiture hors service et le fait de devoir louer un camping-car l’ont dissuadée de s’engager dans un road trip sur la côte ouest.

Celle-ci m’avoue que depuis la visite chez le garagiste, elle réfléchissait beaucoup à la suite de son aventure. Elle avait alors contacté une amie, habitant dans la capitale du Victoria, qui lui a proposé de voyager sur la Great Ocean Road durant quelques jours. Elle a sauté sur l’occasion et a décidé de quitter Perth dès demain matin.

À cette nouvelle, je ne peux qu’acquiescer et lui souhaiter un bon voyage et une bonne continuation pour la suite de son périple. Je comprends son choix mais pour ma part, je n’aurais pas laissé tomber aussi facilement. J’ai déjà eu à surmonter des difficultés beaucoup plus compliquées que celle-ci (notamment dans le Queensland avec Fabiolà et Nina) et je n’ai jamais abandonné.

Rencontre avec mon nouveau compagnon de voyage

Après avoir appris la décision de Jennifer, je pars me coucher afin d’être en forme pour le lendemain, riche en visites et découvertes.

Au petit matin, je me lève et rencontre dans le salon mon autre partenaire de road trip, Steven, un français arrivé quelques mois de cela en Australie. Ce dernier vient de finir ses 88 jours de travail dans le secteur agricole, obligatoires pour rester une année supplémentaire au pays des kangourous (pour ceux qui n’auraient pas suivi mes aventures depuis le début, je vous invite à lire mes articles concernant mes jobs en usine et le bilan de cette expérience).

Steven est resté plus de trois mois dans la région de Canberra où il a travaillé dans un abattoir de bovins (ça donne envie). Ce travail physique et éprouvant lui a permis d’économiser pas mal d’argent afin de s’offrir des vacances sur la côte ouest. Ce genre de boulots étant peu attractif, la main d’œuvre est très recherchée, d’autant plus que la moitié des nouveaux arrivants abandonnent dès la première semaine. Du coup, les salaires sont assez élevés afin de compenser le manque de candidatures.

Déjà informé du problème de la voiture, je lui explique le choix de Jennifer qui ne fera pas partie du convoi. Malgré cela, Steven préfère rester et trouver une location de camping-car.

Une cérémonie à Kings Park

Ayant déjà visité le centre-ville de Perth, je propose à Steven de découvrir le jardin botanique de Kings Park situé non loin d’Elizabeth Quay avant de se promener dans les rues du CBD. Sans plus attendre, nous prenons nos affaires et partons à pieds. Rien de mieux que la marche pour prendre le temps de visiter une ville à moindre frais.

Sur la route, nous passons par l’Arena, une des plus grandes salles de concert de Perth. Manque de chance, nous arrivons au moment où les gens sortent du spectacle de « La Reine des neiges »… Nous devons slalomer entre les parents et leurs enfants, habillés en robe bleue et tenant à la main baguettes magiques, ballons de baudruche et tous accessoires à l’effigie de ce personnage de Disney.

Arena spectacle
L’Arena, principale salle de spectacle de Perth. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La foule s’étant éparpillée dans les rues de Perth, nous reprenons notre route sans plus aucun ralentissement. Arrivés à destination, nous avons la surprise de constater que Kings Park se trouve sur les hauteurs d’une colline. Pour s’y rendre, nous devons emprunter un chemin plutôt pentu où beaucoup de joggeurs montent et descendent les escaliers en pierre afin de se muscler les jambes. N’ayant pas la tenue adéquate, nous préférons marcher tranquillement jusqu’au sommet.

Comme je m’y attendais, nous avons droit à une superbe vue sur le CBD de Perth ainsi que le fleuve qui traverse la ville. Focalisé sur le paysage, il me faut quelques minutes pour me rendre compte que juste derrière moi a lieu une cérémonie en l’honneur des soldats morts durant la guerre de 1914-1918. Comme j’ai pu le constater à Sydney, Melbourne et dans bien d’autres villes, les Australiens sont très attachés à rendre hommage à leurs combattants ayant pris les armes pendant les deux Guerres Mondiales. Avant d’arriver en Australie, je n’aurais pas pensé que ce pays, si éloigné de l’Europe, s’était autant engagé dans les batailles en France et au nord de l’Afrique. Dans mes souvenirs d’école, on nous parle toujours de l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la France ou encore les Etats-Unis mais je n’ai jamais entendu parler de l’Australie. Certes, ils ne faisaient pas partie des principaux acteurs mais ils étaient quand même présents. Il ne me semble pas que nos livres d’histoire fassent référence aux soldats venus d’Océanie.

Vue CBD Kings Park
Vue sur Perth depuis les hauteurs de Kings Park. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
CBD Elizabeth Quay
À gauche, le CBD et Elizabeth Quay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Fleuve Swan
Le fleuve Swan traversant Perth. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous observons de loin la cérémonie où participent d’anciens militaires, des écoliers de tout âge ainsi que des personnes arborant les tenues et maquillages aborigènes. Une fanfare, composée d’instruments classiques (trombones, tambours…) mais aussi de trois didgeridoos (instruments de musique aborigènes) joue après chaque discours à la gloire des personnes mortes sur les champs de bataille. Nous voyons également des gens déposer des gerbes sur l’estrade ainsi que des bougies avant la traditionnelle minute de silence.

Cérémonie Kings Park
Cérémonie d’hommage des soldats australiens. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
obélisque hommage
Un obélisque érigé à la mémoire des soldats. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Promenade dans le jardin botanique

L’hommage terminé, nous empruntons un petit sentier permettant aux visiteurs de faire le tour de Kings Park. Nous avons alors la chance de découvrir un très beau jardin :

  • Des statues de grands personnages de l’histoire australienne trônent fièrement sur un gazon parfaitement tondu,
  • Des bassins aménagés hébergent poissons et canards, dérangés de temps à autre par des jets jaillissant de l’eau,
  • Des arbres et fleurs disséminés sur plusieurs hectares de terrain,
  • Des ponts en bois permettant de passer au dessus du vide et de profiter de la vue sur le fleuve Swan…
John Forrest
Statue de John Forrest, un explorateur australien. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Kings Park jets d'eau
Des jets d’eau au cœur du jardin botanique. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Kings Park
Kings Park. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Il nous faudra plusieurs heures avant de faire un tour complet et quitter Kings Park pour revenir sur les rues goudronnées de Perth.

Déjeuner à Chinatown

Après avoir fait un tour du CBD et d’Elizabeth Quay, nous décidons de chercher un restaurant pas très cher. Qui dit prix bas, dit nourriture asiatique ! Du coup, nous partons dans les rues du Chinatown de Perth où un grand choix de restaurants s’offre à nous.

En passant devant la vitrine de l’un d’entre eux, je découvre avec joie que les assiettes sont plutôt copieuses. Je propose à Steven de déjeuner ici. Installés à une table, nous sommes très rapidement servis. Les plats ne sont pas d’un grand raffinement mais compte tenu du prix, je suis satisfait de la qualité et la quantité de mon assiette.

Déjeuner Chinatown Perth
Un bon déjeuner à Chinatown. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Durant le déjeuner, je règle enfin le dossier de la location de camping-car. Je ne vous en avais pas parlé dans les articles précédents mais depuis trois jours, je cherche sur Internet et dans des agences de voyage pour backpackers une solution pas trop chère qui nous permettrait de visiter la côte ouest et d’aller jusqu’à Darwin. Malheureusement, le coût de la location pour s’y rendre est beaucoup trop cher et je dois me rabattre sur un plan B : louer un camping-car deux places, aller jusqu’à Exmouth (où j’ai organisé une journée en mer) et revenir sur Perth. Cette solution me permettra d’économiser plus de 500$ comparée à un trajet Perth-Darwin.

Déçu de devoir renoncer à une partie du voyage, je suis tout de même soulagé d’avoir trouvé une solution plus que satisfaisante. La partie Perth-Exmouth est celle où est située la majorité des sites incontournables sur la côte ouest. En y regardant de plus près, je ne raterais que 10% du programme que j’avais planifié il y a quelques semaines de cela. Seul petit problème, le camping-car ne sera prêt qu’en début de semaine prochaine alors que nous aurions dû partir dans deux jours. Qu’à cela ne tienne, ce contretemps nous permettra d’explorer les alentours de Perth. D’ailleurs, j’ai déjà en tête quelques idées de visite qui nous feront patienter jusqu’à notre départ.


Balade à vélo à Rottnest Island

Cinq heures du matin, l’alarme de mon téléphone retentit, m’indiquant qu’il est temps de me lever. Tel un zombie, je me dirige vers la salle de bain pour prendre une douche, me brosser les dents puis je pars  dans la cuisine, sans plus attendre, afin de préparer le casse-croûte de ce midi. Trois quarts d’heure plus tard, je retrouve Jennifer dans le salon de l’auberge, prête pour partir en excursion.

Temps fort de notre séjour à Perth, nous partons visiter Rottnest Island, une île située à environ 19 kilomètres de la côte australienne. Pour s’y rendre, nous devons prendre un ferry au port de Fremantle, un des quartiers sud de la ville.

La traversée en bateau

Nous prenons la voiture car le port n’est pas tout prêt d’ici. Traverser la ville du nord au sud, devrait nous prendre une demi-heure si le trafic est fluide. Vers six heures du matin, je ne pense pas qu’il y ait des kilomètres de bouchon, car les gens partent un peu plus tard pour rejoindre leur lieu de travail.

Nous arrivons, sans aucun problème, au terminal de notre ferry, qui partait vingt minutes après. Ne voulant pas tourner trop longtemps dans Fremantle pour trouver une place gratuite, nous préférons nous garer sur le parking du port et payer environ 8$ la journée. Au moins, nous sommes juste à côté du ferry, dans un lieu gardé et sécurisé.

Afin de valider nos tickets (achetés la veille sur Internet) nous nous arrêtons au guichet du terminal pour Rottnest Island où l’agent, à la réception, nous donne une carte de l’île ainsi que deux bons pour récupérer des vélos à l’arrivée. Pour faire le tour de l’île (d’une surface d’environ 19 kilomètres carrés) en une seule journée, il est nécessaire de se munir d’un moyen de locomotion. Il faut savoir également que la voiture est interdite, à l’exception des rangers, des pompiers et des agents de propreté afin de protéger la faune et la flore de Rottnest Island. Du coup, les touristes ont le choix entre deux modes de déplacement (en dehors de la marche) : le vélo ou le bus. Contrainte de ce dernier : celui-ci ne s’arrête qu’aux spots principaux. Désirant être libre de nos mouvements, nous avons préféré la première option, plus écologique et sportive.

Il est temps d’embarquer à bord du ferry et de traverser les quelques kilomètres qui nous séparent de cette île mystérieuse. En attendant, j’en profite pour vous raconter, en quelques lignes, l’histoire de Rottnest Island :

« À l’origine, peuplée par les aborigènes, l’île est rattachée au continent avant que la montée des eaux ne les sépare définitivement, il y a 7000 ans de cela. Déserte pendant des milliers d’années, ce n’est qu’au XVIIème siècle  que des marins hollandais décident d’en explorer les terres et ils y découvrir des indigènes plutôt accueillants : des marsupiaux, encore inconnus, les quokkas. Ces derniers donneront l’idée à Willem de Vlamingh, un capitaine hollandais, de nommer l’île, Rottnest, signifiant littéralement « nid à rats » en néerlandais.

Au XIXème siècle, Rottnest Island fut habité par un colon britannique et sa famille qui exploitèrent le sel se trouvant dans les lacs et les exportèrent sur le continent. Enfin, durant cette même période, l’île servit d’établissement pénitentiaire (comme cela a été le cas avec le château d’If à Marseille, dont je vous conseille la lecture du livre d’Alexandre Dumas, le Comte de Monte Cristo) pour les aborigènes, condamnés pour vol et/ou incendie, puis les soldats Allemands, Autrichiens et Italiens durant les deux guerres mondiales.

Aujourd’hui, environ 300 habitants vivent à Rottnest Island, principalement grâce au tourisme. L’île est connue pour ses balades, ses spots de plongée, de surf et de pêche ainsi que ses quokkas, animaux réputés être les plus heureux du monde, du fait de leur faciès naturellement souriant. »

À la découverte de l’île

Après cet interlude historique, nous voilà arrivés à Rottnest Island. Sans plus attendre, nous débarquons, prenons nos vélos et commençons notre visite. Après avoir étudié la carte sur le bateau, nous avons préétabli notre parcours qui est assez simple : faire le tour de l’île en empruntant la voie numéro numéro trois, la plus longue (environ 22 kilomètres).

Carte de Rottnest Island. Crédit photo : Site Internet Sealink Rottnest Island

Nous partons au sud pour découvrir de magnifiques dunes et plages de sable fin dont le vent marin a dessiné des ondulations sur le sol, donnant une impression de légèreté et volupté. Nous nous arrêtons quelques instants pour profiter d’un magnifique spectacle d’une mer calme, relaxante et d’un soleil en pleine ascension.

Matin Rottnest Island
Un début de matinée prometteur. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Plage sable fin
L’une des nombreuses plages de sable fin. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Puis, impatients de rencontrer les fameux quokkas, nous reprenons nos montures pour longer la côte.

De belles rencontres

Passant devant des toilettes publiques, nous en profitons pour faire un petit arrêt avant d’entamer plusieurs kilomètres de pédalage. En sortant, j’ai la grande surprise de tomber nez à nez avec deux magnifiques paons, s’approchant très près de moi. Sûrement habitués à la présence humaine, ces derniers doivent attendre que je les nourrisse. Malheureusement, ne connaissant pas leur régime alimentaire, je préfère ne rien leur donner. Je n’ai pas envie de rendre malade ces splendides animaux dont l’un deux déploie sa queue sous mes yeux.

Paons Rottnest Island
Les paons de Rottnest Island. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Voulant les caresser, j’approche doucement ma main vers eux et la pose sur le dos du paon le plus proche. Observant la manœuvre, le deuxième court vers nous et me mord la main, le plus fort qu’il peut. Heureusement, les oiseaux n’ayant pas de dent, je ne ressens qu’un léger pincement. Par contre, ayant compris le message, je prends mes distance et décide de les laisser vaquer à leurs occupations.

Quelques mètres de vélo plus tard, nous faisons encore une halte. Pourquoi cet arrêt précipité ? Eh bien, nous venons d’apercevoir un petit groupe de quokkas sur le bas-côté ! Ni une, ni deux, nous faisons une tentative d’approche, les mains bien visibles pour qu’ils sachent que nous venons en amis. Méfiants au départ, ces derniers viennent à notre rencontre ou plutôt à la rencontre de nos sacs à dos d’où émanent, certainement, des effluves de nourriture. Sur leurs deux pattes arrière, ces marsupiaux nains, nous regardent avec de grands yeux et un large sourire, les rendant complètement irrésistibles. On a envie de les prendre dans nos bras et leur faire de gros câlins.

Quokka
Le sourire de notre première rencontre avec un quokka. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Plages, baies et panoramas

Nous empruntons une route vallonnée qui met notre endurance à rude épreuve. Malgré le changement de vitesse de nos VTT, nous avons des difficultés durant certaines montées.

Route Rottnest Island
Sur la route de Rottnest Island. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nos efforts sont récompensés lorsque nous arrivons à Parker Point, où l’on peut contempler un superbe panorama dans une baie avec des bateaux amarrés, profitant d’une session de plongée. Une nouvelle fois, nous croisons un quokka qui nous salue juste avant de partir trouver un endroit au calme.

Parker Point Rottnest Island
Parker Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Eau bleu turquoise Parker Point
L’eau bleu turquoise de Parker Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Quokka caché
Un quokka à Parker Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après Parker Point, nous posons nos vélos à Little Salmon Bay, une petite crique où nous profitons du soleil pour nous relaxer et prendre quelques photos sur les rochers devant une eau bleu turquoise. Cela me donne envie de me baigner mais les températures ne sont pas assez élevées pour mettre un doigt de pieds dans l’eau et ne pas ressortir frigorifié. Il faudra se contenter de la vue.

Route Rottnest Island
Quelque part entre Parker Point et Little Salmon Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Little Salmon Bay
Little Salmon Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pose Little Salmon Bay
On admire l’océan à Little Salmon Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Quelques mètres plus loin, nous voyons, sur la plage de Salmon Bay, deux pêcheurs, accompagnés d’un pique-assiette, quelque peu gênant. Trop éloignés pour voir ce qu’il se passe, nous les rejoignons afin d’assister à un spectacle très amusant. Un pélican s’est posé entre les deux pêcheurs et attend patiemment que ces derniers sortent des poissons. Opportuniste, cet énergumène, arrive à en arracher un, en plein vol, encore accroché à l’hameçon, provoquant la fureur des vieux pêcheurs. Après quelques insultes, ces derniers, bons joueurs, préfèrent se concentrer sur leur ligne plutôt que de chasser le pélican (d’autant plus qu’il reviendrait sûrement quelques secondes plus tard). En nous voyant, les pêcheurs nous sourient et nous disent, en haussant les épaules, « that’s life » (c’est la vie) d’un air résigné. Je ne peux m’empêcher de rire à cette boutade avant de leur souhaiter bon courage et bonne chance pour la suite de leur partie de pêche.

Salmon Bay vue
Vue panoramique sur Salmon Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pélican petit-déjeuner
Le pélican attendant son petit-déjeuner. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pélican Salmon Bay
Le pélican de Salmon Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le phare de Rottnest Island

Nous arrivons à un carrefour où deux choix s’offrent à nous. Continuer le tour de l’île sur une route plane ou visiter le Wadjemup Lighthouse, le phare de Rottnest Island situé, bien évidemment en haut d’une colline. Sans hésitation, nous prenons la deuxième option. Nous sommes ici pour une journée seulement donc autant en profiter le plus possible.

La montée est, comment dire, très pentue et il nous faudra utiliser toutes nos forces pour nous hisser en haut de la colline. Arrivés au sommet, nous avons droit à une vue à 360 degrés sur Rottnest Island. Le phare se situant au centre de l’île, nous pouvons apercevoir les plages, les baies alentours ainsi que les lacs que nous verrons de plus près cet après-midi.

En attendant, nous nous arrêtons au pied du phare, gardien de l’île et protecteur des navires, passant au large, pour rejoindre Fremantle. Pour les touristes que cela intéresse, il est possible de visiter le Wadjemup Lighthouse pour quelques dollars. Cependant, nous préférons l’admirer gratuitement d’en bas.

Phare Rottnest Island
Le phare de Rottnest Island. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Wadjemup Lighthouse
Le phare sur la colline Wadjemup. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Une balade en bonne compagnie

Nous reprenons la route empruntée pour rejoindre le phare qui, en sens inverse, est beaucoup plus facile. Vous décrire tous les arrêts seraient beaucoup trop long mais je peux vous dire qu’il y a des dizaines de spots à voir et à admirer : Nancy Green Island où un quokka s’est amusé à fouiller mon sac à dos et à balancer certaines affaires sur le sable, Mary Cove, Wilson Bay, Eagle Bay, des lacs comme le Pink Lake qui comme son nom l’indique arbore une couleur rose pâle…

Plage Rottnest Island
Admirez des paysages magnifiques. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pont rocher
Un rocher en forme de pont comme sur la Great Ocean Road. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Nancy Green Island
Nancy Green Island. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
côte sableuse
Les côtes sableuses de Rottnest Island. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Points de vue
Des points de vue magnifiques. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pink Lake Rottnest Island
Le Pink Lake. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

À chaque arrêt, nous rencontrons des quokkas avec qui nous faisons des selfies (pour ceux qui le veulent bien). Je ne sais combien de photos j’ai prises avec ma GoPro. Moi qui avais peur de n’en croiser aucun, mes craintes ont très vite disparues.

Quokkas Déjeuner
Deux quokkas attendant un petit bout de notre déjeuner. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Quokka plage sourire
Un beau sourire pour la photo ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Selfie
Un selfie réussit ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Quokka sac à dos
Un quokka fouillant mon sac à dos. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
GoPro Quokka
Un quokka curieux par ma GoPro. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Retour sur Perth

En milieu d’après-midi, nous terminons notre boucle et arrivons au quai du ferry qui nous ramènera d’ici une heure à Perth. Je profite de ce temps libre pour acheter des cartes postales, faire des dernières photos avec mes amis les quokkas et me poser avec Jennifer sur l’herbe fraîche d’où nous pourrons apercevoir le ferry accoster.

Cette journée à Rottnest Island a été incroyable ! Ce sera, sans nul doute, l’un de mes meilleurs souvenirs en Australie. Si vous passez par Perth, vous devez obligatoirement visiter cette île merveilleuse où j’aurais bien aimé dormir une nuit. Je pense que pour profiter pleinement de ce lieu, deux jours sont nécessaires. Un pour faire le tour de l’île à vélo et un autre pour faire de la plongée et découvrir la faune marine que je ne verrai pas. Cependant, mon road trip étant loin d’être fini, il y aura d’autres occasions pour prendre masque, palmes et tuba et partir à la découverte de l’océan Indien.


À la découverte de Perth

À peine réveillé, Paolo vient vers moi d’un air furieux. Ce dernier n’a pas du tout apprécié que Jade l’appelle dans la nuit, celle-ci n’arrivant pas à rentrer dans l’auberge (la serrure de la porte d’entrée étant un peu rouillée). Suite à cet incident, dont je ne suis pas responsable, il me menace de m’expulser de l’hôtel, sans me restituer ma caution. Après avoir parlementé de longues minutes et  lui faire entendre raison, il me donne un « simple » avertissement. Cette discussion irréelle me met dans de bonnes conditions pour entamer cette première journée en mode solo. Je n’en reviens pas d’avoir été sanctionné pour une faute que je n’ai pas commise. Dire que j’ai payé pour plusieurs nuits, je vais devoir prendre mon mal en patience… Petit conseil aux backpackers séjournant à Perth, évitez à tout prix le Palmerston Lodge qui me donne la sensation d’être à l’asile d’Arkham dans Batman. En effet, outre le concierge fou furieux, les personnes vivant ici depuis un long moment sont, comment dire, très bizarres (gentilles mais pas très nettes).

Visite du centre-ville

Ce matin, j’ai pris rendez-vous chez un garagiste afin de procéder à la révision de ma voiture. Avant d’entamer un parcours de plus de 4000 kilomètres, pour rejoindre Darwin, située dans l’état du Northern Territory, il est primordial de faire un check-up complet. D’autant plus que j’ai déjà bien roulé depuis mon départ de la Gold Coast, avec un peu plus de 5500 kilomètres au compteur.

Je laisse ma voiture au garage Kmart (une chaîne de grandes surfaces discount, proposant également un service réparation pour les voitures) où le mécanicien me propose de me téléphoner avant de procéder à toute réparation. Cela me permettra d’avoir une estimation des coûts et des pièces à changer.

En attendant, je décide de partir découvrir le centre-ville de Perth. Comme dans toute grande métropole australienne, je commence ma visite par le Central Business District (CBD) ou quartier des affaires en français. Au milieu des buildings appartenant à de grandes banques, fonds d’investissements et autres géants du secteur financier, je déambule sans destination particulière, empruntant les rues au hasard.

CBD Perth
Vue sur le CBD de Perth. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
CBD Perth
Maison au style alsacien dans le CBD. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Très rapidement, je me trouve à proximité des grands centres commerciaux et boutiques de prêt-à-porter, électronique, souvenirs… J’en profite pour acheter une nouvelle GoPro ainsi qu’une perche qui flotte à la surface de l’eau. Les occasions de découvrir la faune marine ne manquant pas sur la Western Australia, je préfère m’équiper convenablement et remplacer la caméra perdue dans les profondeurs de l’océan à Port Lincoln.

Je décide de prendre la toute dernière version, en n’oubliant pas d’acheter une carte mémoire et une perche en plastique flottante et fluorescente. Je demande au vendeur de me donner deux factures afin de me faire rembourser la TVA à l’aéroport. Pour ceux qui ne le savent pas, lorsque vous faites un achat de plus de 300$ (environ 190€), vous pouvez récupérer la TVA, correspondant à environ 9% du prix. Ce n’est pas grand chose mais c’est toujours ça de pris. Pour ma part, ce sera 50$ (soit 30€) d’économie.

La GoPro en ma possession, je continue la visite du CBD en empruntant des rues piétonnes où je croise, de temps à autre, des sculptures en plein air, dans un style assez proche de celles de Brisbane. D’ailleurs, je trouve que Perth ressemble sur certains aspects à Brisbane : un CBD adjacent à un fleuve traversant la ville, de grands jardins botaniques où les habitants font leur jogging matinal, un quartier spécifique pour faire la fête… L’une des différences majeures entre les villes est la présence de plages à Perth alors que Brisbane doit se contenter d’un « lagoon » artificiel.

Statues CBD
Des statues éparpillées dans le CBD. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Une mauvaise nouvelle

La visite du CBD terminée, je pars me balader à Elizabeth Quay sous un grand et beau soleil. Je dois dire que cette partie de la ville est très agréable. Je traverse une grande esplanade où trône une immense sculpture en arc de cercle, traversée par les rayons éblouissants du soleil. Sur le côté, un espace avec des jets d’eau a été aménagé. Ce dernier, encerclé par des bancs et des parasols, permet aux familles de se rafraîchir les jours de forte chaleur.

Esplanade Elizabeth Quay
Esplanade à Elizabeth Quay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Sculpture Elizabeth Quay
Le soleil illumine la sculpture qui trône sur Elizabeth Quay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Jets d'eau Elizabeth Quay
Un espace avec des jets d’eau permettant de se rafraîchir en été. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Juste en face, à côte de terminaux où plusieurs ferrys attendent patiemment que les voyageurs aient fini d’embarquer, j’aperçois une petite île que l’on peut rejoindre grâce à un pont sinueux. Je décide d’y jeter un œil et découvrir ce que celle-ci cache. Une aire de jeux pour enfants et un restaurant proposent aux passants de faire une halte avec une vue sur les immeubles du CBD. Chose inhabituelle, devant la terrasse du restaurant, des oiseaux ont un comportement des plus étranges. Sorte de cormorans, ces derniers plongent dans l’eau, tête la première, puis reviennent sur le rivage où ils étendent leurs ailes et « bronzent » au soleil, attendant que leurs plumes soient complètement sèches.

Ile ferry
Vue sur l’île à côté des terminaux de ferry. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Oiseau bronzage
Après une petite baignade, il est temps de se sécher. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Oiseaux Elizabeth Quay
Un peu de farniente pour ces oiseaux. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Pendant que je les observe, je reçois un appel du garage où j’ai laissé ma voiture en début de matinée. Au téléphone, j’ai la surprise de discuter avec un mécanicien français qui me donne de bien tristes nouvelles sur l’état de santé de ma Furiosa. Outre les quatre roues à changer et la vidange, il m’informe que les suspensions et les freins doivent être remplacés. Pour couronner le tout, une fuite d’huile dans le moteur, dont il ne trouve pas la provenance, est plutôt inquiétante et n’augure rien de bon si je décide de ne pas m’en occuper. Il finit de m’achever par le coût des réparations qui s’élèverait au minimum à 1500$, sans la réparation du moteur pour laquelle il faudrait rajouter au moins 2000$ à la facture initiale. Sachant que j’ai acheté ma voiture pour 2350$ (frais partagés avec mon ancienne coéquipière Fabiola, au début de mon aventure à Cairns), sa réparation me coûterait largement plus que l’achat ! La mort dans l’âme, je demande au garagiste de ne rien toucher. Je viendrai la récupérer en début d’après-midi. Avant de raccrocher, il m’explique qu’il faudra que je paie 50$ de check-up (normal) mais également 150$ pour la vidange alors que j’avais explicitement demandé de ne rien toucher tant qu’il ne m’avait pas contacté. Me sentant quelque peu arnaqué, je lui fais part de mon mécontentement qui me permettra seulement d’avoir une remise de 50$ sur le coût total…

Rencontre de ma première coéquipière

Sonné par cette fâcheuse nouvelle, je rentre déjeuner à l’auberge avant de me rendre au garage. Sur le chemin, je réfléchis à une idée me permettant de rejoindre Darwin et surtout de visiter la côte Ouest. Une seule solution me vient à l’esprit, louer un petit camping-car pendant un mois, temps nécessaire pour arriver dans le Northern Territory.

Aux alentours de midi, j’arrive au Palmerston Lodge où je tombe nez à nez avec Jennifer, ma nouvelle coéquipière de road trip. Ayant fait quelques Skype, nous n’avons pas trop de mal à nous reconnaître. Cette dernière, après avoir séjourné à Nouméa et visité Sydney, vient d’arriver à Perth.

Avant de lui expliquer la situation, je lui laisse le temps de s’installer dans sa chambre et de faire la connaissance de Paolo qui, comme à son habitude, a un comportement extrêmement étrange. Puis, une fois Jennifer débarrassée de ses affaires, je me lance et lui parle de l’état de la voiture. Véritable poubelle ambulante, j’ai pris la décision de l’amener à la casse, avant de quitter Perth avec un camping-car dont il faudra discuter du coût, ensemble, avec notre dernier acolyte, arrivant le lendemain en soirée. Je m’excuse du désagrément mais Jennifer me rassure et ne m’en tient pas rigueur. Ce sont des aléas, indépendants de ma volonté.

Après un rapide déjeuner, nous partons récupérer la voiture, qui nous servira à nous déplacer tout au long de notre séjour dans la capitale du Western Australia. Délesté de 150$, je propose à Jennifer de visiter, demain, Rottnest Island, une île au large de Perth, accessible uniquement par ferry. Étant l’une des attractions principales de la région, elle accepte volontiers. Du coup, nous achetons un ticket aller-retour pour Rottnest Island auquel nous ajoutons la location de vélo, nécessaire si nous voulons faire un tour complet de l’île. Ce sera aussi l’occasion de faire plus ample connaissance avant d’entamer un voyage de plusieurs semaines où nous serons ensemble 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.


Une page se tourne

Cette nouvelle journée est assez spéciale puisqu’elle sonne le glas de la première partie de mon road trip. Dernières heures passées avec Jade dont le vol de retour en France est prévu tard cette nuit (ou très tôt dans la matinée). Cependant, avant ces au revoir, il est l’heure de dire adieu à Margaret River ainsi qu’à notre hôte, Guillherme.

Un trajet dans la joie et la bonne humeur

Toutes les affaires rangées dans la voiture, nous partons en direction de Perth, capitale du Western Australia. Quatrième ville d’Australie (après Sydney, Melbourne et Brisbane), sa population s’élève à plus de deux millions d’habitants. Il s’agit de la seule et unique grande métropole sur la côte Ouest. Celle-ci est assez désertique comparée à la partie Est de l’Australie.

L’ambiance dans la voiture est vraiment positive même si nous sentons que la fin est proche. Musique à fond, nous avalons les derniers 270 kilomètres sans nous en rendre compte. Durant le trajet, nous discutons un peu de la suite de nos aventures. À son retour à Annecy (sa ville d’origine), Jade désire trouver un travail en Suisse, comme beaucoup de français habitant près de la frontière : les salaires y sont plus attractifs qu’en France.

Pour ma part, j’ai déjà organisé la deuxième partie de mon road trip. Changement d’équipe, j’ai trouvé deux nouveaux coéquipiers pour remonter la côte Ouest jusqu’à Darwin. Jennifer, une bordelaise, actuellement en voyage à Nouméa et Steven, un français en Working Holidays en Australie depuis quelques mois. Cette fois-ci, pas de nationalité étrangère. Loin d’être une volonté de ma part de rester entre français, mon choix s’est fait au feeling après avoir discuté avec plusieurs candidats. Je souhaitais trouver des personnes simples, ouvertes d’esprit, respectueuses et n’ayant aucun problème à partager les frais communs (essence et alimentation principalement).

Tout le voyage est d’ores et déjà programmé. Après de multiples recherches, j’ai sélectionné les principaux sites touristiques à visiter, très différents de ceux présents à l’Est et au Sud. Les attraits de l’Ouest se portent avant tout sur des parcs nationaux gigantesques. Le Western Australia et le Northern Territory sont très sauvages, avec de grandes parties désertiques, inaccessibles à certaines périodes de l’année, à traverser. Les orages et les pluies diluviennes inondent les routes non goudronnées, transformant la terre en une mélasse boueuse. Heureusement, ce ne sera pas le cas durant le road trip : la saison actuelle est plutôt sèche et aride.

Premier aperçu de Perth, Scarborough

Sur la rocade de Perth, notre attention se focalise désormais sur la route ponctuée de multiples sorties. Une simple erreur pourrait rallonger notre temps de manière exponentielle, comme cela avait été le cas à Sydney.

Nous devons rejoindre Scarborough, la plage principale de Perth, où nous avons rendez-vous avec un ami de Jade. Contrairement à Sydney, Melbourne ou Brisbane, la conduite en ville n’est pas tellement compliquée. Moins de voitures, des voies rectilignes sans ces embranchements visibles au dernier moment, c’est une véritable partie de plaisir.

Nous arrivons en début d’après-midi. L’allée en bord de mer est en travaux. Jade m’explique qu’un grand projet a été mis en place afin de rénover cette partie de la ville pour en faire une voie piétonne et commerciale. Nous profitons du soleil, d’une ambiance calme et reposante pour nous balader sur la plage immense où seuls quelques surfeurs sont à l’eau.

Balade Scarborough
Balade sur la plage de Scarborough. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Surf Scarborough
Les surfeurs de Scarborough. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Lifeguards Scarborough
Pose avec les lifeguards de Scarborough. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En milieu d’après-midi, l’ami de Jade nous rejoint sur la plage. Thiago habite à Perth, où il travaille dans l’informatique pour une grande entreprise. Cette dernière lui a offert un sponsoring, ce qui lui permet de rester de manière permanente en Australie, tant qu’il travaille pour eux. Le rêve pour un grand nombre de backpackers ! Pendant son temps libre, il s’improvise tatoueur, facturant ses services moins chers que ceux des salons traditionnels. D’ailleurs, c’est un peu pour cette raison que nous passons cette fin de journée avec Thiago. Jade souhaite se faire tatouer une citation sur son bras. Elle a demandé les services de son ami, qui lui offre une large réduction sur le prix de sa prestation. Nous suivons Thiago pour une séance de tatouage dans son appartement : celui-ci se situe dans un immeuble juste en face de la plage. Il lui faut environ deux heures pour réaliser celui de Jade, qui est ravie du résultat.

Tatouage Scarborough
Préparation de la zone à tatouer. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Concentration tatouage
Concentration extrême pour le tatoueur. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

De mon côté, j’en ai profité pour trouver une auberge de jeunesse non loin du centre-ville, et offrant des places de parking. Après un tour rapide sur Trip Advisor et Booking, mon choix se porte sur le Palmerston Lodge, dans le quartier de Northbridge. C’est là que sont concentrés la plupart des bars de Perth.

La séparation

Aux alentours de 20 heures, nous quittons Thiago pour rejoindre notre backpack qui nous réserve bien des surprises. À l’entrée, Paolo nous accueille et nous fait un rapide tour de l’auberge qui est plutôt bien entretenue (ce sera l’un des seuls points positifs de cet hôtel avec le Wifi gratuit). Durant la visite, j’apprends que le parking est en fait une toute petite cour derrière la maison où seules deux voitures peuvent rentrer. Heureusement, l’hôtel est à moitié vide et j’ai la chance d’avoir une place jusqu’à la fin de mon séjour. Nous revenons à la réception où il nous explique chaque point du règlement de manière assez sèche, avant de le terminer par la phrase suivante : « à la moindre incartade, vous serez virés de l’auberge, sans aucun remboursement ». Après nous avoir montré notre chambre et donné les clés, Paolo nous quitte précipitamment. Je commence à regretter d’avoir réservé ce backpack pour plusieurs nuits…

Fatigué et devant me lever tôt pour accompagner Jade à l’aéroport, je pars me coucher sans plus attendre. Pour sa dernière soirée en Australie, celle-ci a prévu de rejoindre ses amis à Scarborough pour une fête d’adieu. Elle me propose de l’accompagner mais je refuse poliment son invitation. Je lui prête ma voiture afin qu’elle puisse circuler facilement car à cette heure-ci, les transports en commun sont déjà fermés.

En plein sommeil, je suis réveillé par un bruit bizarre provenant de la porte d’entrée de la chambre, donnant sur le jardin. Encore endormi, je m’approche et trouve Jade dehors. Elle n’arrive pas à ouvrir la porte. Elle m’indique avoir essayé de me téléphoner, ainsi qu’à Paolo, mais sans succès. Le problème désormais réglé, je repars me coucher pour seulement deux petites heures.

Quatre heures du matin, il est temps de partir pour l’aéroport de Perth. Durant le trajet, je prends conscience qu’une page se tourne. La première partie de mon road trip ayant duré un mois est déjà terminée. Que le temps passe vite ! J’ai l’impression d’avoir quitté la Gold Coast la veille… Plus de 5000 kilomètres parcourus, des dizaines de sites visités, des temps forts incroyable (notamment avec les lions de mer) et des obstacles franchis… Je pense qu’il y a de quoi être fier.

Devant le guichet d’enregistrement des bagages, je quitte Jade avec un sentiment de mélancolie. Nous nous sommes très bien entendus tout au long de la route, avec juste de petits accrochages (normal lorsque l’on vit H24 ensemble), vite oubliés. Malgré la tristesse de la séparation, je suis impatient et excité de voir ce que l’avenir me réserve. Et je peux vous le certifier, ce ne sera pas de tout repos, bien au contraire.