Chantal Faida

RDC : lettre d’une congolaise au Saint Père

Sa Sainteté, successeur de Saint Pierre, Apôtre de Jésus-Christ, 266 ème Pape de notre Église Catholique, je vous souhaite la bienvenue chez nous [Mille mercis pour ce geste très symbolique de compassion et historique], et partage avec vous mes trois problématiques sur la persistance des conflits violents en RDC sans tabous.





La paix, gage de développement

Participants au Forum de la paix 13 juin 2019 à Kinshasa #CohésionSocialePaixDurable

A l’aube de son 59ème anniversaire d’accession à la souveraineté internationale, la RDC demeure un Etat fragile d’un point de vue sécuritaire. Plusieurs personnes déplacées de guerre, des milliers de réfugiés, des personnes disparues, des infrastructures sociales de base détruites, une situation qui est à la base de l’extrême pauvreté des ménages.

La crise humanitaire qui secoue le Congo figure parmi les plus dramatiques de l’humanité. Près de 120 groupes armés locaux et étrangers s’improvisent en forces de défense dans plusieurs territoires. L’armée loyaliste manque les moyens suffisants pour traquer l’ennemi. Eu égard cette situation, de plus en plus des voix s’élèvent pour exiger le rétablissement de la paix dans les provinces affectées par les conflits en ce moment historique d’alternance pacifique au sommet de l’Etat.

Appuyé par le projet USAID, Solutions pour la Paix et le Relèvement (SPR) ; le Forum de paix a vécu à Kinshasa le 13 juin 2019

La Paix n’est pas une priorité mais une urgence !

; ceci en marge d’une mission de plaidoyer conduite par une délégation des cadres permanents de plaidoyer CPP des provinces du Nord et Sud-Kivu. Y ont pris part, plusieurs couches sociales de la population parmi lesquelles on peut citer : universitaires, acteurs politiques, leaders coutumiers et sociaux, représentation des jeunes et des femmes, peuple autochtone, personnes vivant avec handicap, personnes vivant avec albinisme.

L’approche du séminaire était innovante dans la mesure où des échanges directs entre les responsables politiques, leaders religieux, organisations internationales et missions diplomatiques ont eu lieu sur les causes des conflits et les pistes de solutions envisagées. La délégation était composée de chaque catégorie sociale ; une façon de transmettre fidèlement sans offusquer un détail les problèmes réels, conséquence du manque de paix. Car dit-on pour résoudre un problème, une nette analyse de l’origine ou la cause du problème est nécessaire. Ne peux mieux décrire un problème qu’une personne ayant vécu les conséquences de ce problème.

Le peuple autochtone a demandé aux décideurs, le respect des articles 11, 12, 13, 14 de la Constitution en ce sens qu’ils ont droit à la terre, à l’éducation et au pouvoir.

Les leaders coutumiers ont déploré l’usurpation de leur autorité par l’administration publique pour certains actes tels l’octroi des terres rurales et la désignation de leurs successeurs ceci en dépit des textes légaux démontrant les limites des compétences des uns et des autres.

Les défenseurs des droits des femmes ont plaidé pour l’application stricte des textes légaux en ce qui concerne la représentativité équitable des femmes dans les instances-clés, le soutien public à l’éducation des filles ainsi que la lutte contre les violences basées sur le genre.

Les personnes vivant avec handicap et albinisme ont demandé une intégration sociale en vue de bannir les préjugés non fondés qui se perpétuent sur eux. Ils ont demandé en outre, la prise en compte de leurs besoins spécifiques dans tous les secteurs vitaux de la vie.

Les leaders originaires de Béni ont lancé un appel de mobilisation de toute la communauté nationale pour une solution durable au manque de paix dans la région et depuis peu à l’élimination du virus Ebola qui ravage la région.

Les autres panélistes ont analysé les causes endogènes et exogènes de persistance de l’instabilité dans les provinces du Nord et Sud-Kivu et ont recommandé aux décideurs à tous les niveaux :

  • la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire,
  • la poursuite de la réforme des forces de sécurité,
  • le respect des engagements du processus Démobilisation, Désarmement, Rapatriement et Réintégration (DDRR),
  • l’intégration par nomination spéciale des groupes marginalisés dans les instances décisionnelles (femmes, jeunes, peuple autochtone, personnes vivant avec handicap, personnes vivant avec albinisme),
  • la lutte contre l’impunité et la corruption. Les assises se sont clôturées par la signature des actes d’engagement pour la paix par les participants, résolus de promouvoir la paix.

« La paix est synonyme de développement » disait le Pape Jean Paul II d’heureuse mémoire. Sans paix, il est difficile de vivre le progrès social. La vie humaine est sacrée, stop à la guerre oui à la paix.


Hassan Abdallah, un respectable défenseur des droits de la femme #RDC

Café Pédagogique Mars 2019 Kinshasa

Depuis peu, nombre d’hommes se démarquent et soutiennent la noble lutte pour la reconnaissance des droits de la femme en RDC.

Au mois de mars 2019, #HassanAbdallah a pris l’option de lancer par médias interposés des messages forts invitant la société congolaise en générale et de manière particulière les hommes à s’engager pour la cause de la moitié de l’humanité qu’est la gente féminine.
Au cours d’un café pédagogique organisée par la prestigieuse agence de communication française MP&C Média Presse Communication, j’ai eu le privilège et l’honneur d’interroger le Président Directeur Général de Congo Motors en RDC sur sa vision au sujet des droits de la femme.
Je résume ici les qualités qui, de mon point de vue, font de lui un homme engagé pour la cause de la femme.
Hassan Abdallah croit au géant pouvoir de la femme. Selon lui, la femme est capable d’accomplir n’importe quel métier vital si pas mieux, autant que l’homme. Sa pensée profonde se calque sur l’aspect de recherche de la perfection qui caractérise la femme. Il est naturel chez la femme de travailler avec le cœur à l’ouvrage, une espèce d’intelligence émotionnelle très indispensable dans tout accomplissement remarquable. En passant outre ceci, on a privé au monde, pendant longtemps, ce regard particulier d’invention et d’ingéniosité.
Mécène sportif, patron du DCMP (club de football masculin et féminin), philanthrope et promoteur de l’entrepreneuriat féminin dans le secteur environnemental, Hassa Abdallah prodigue un sage conseil à la femme congolaise.
La clé de tout succès est dans la plupart des cas proportionnelle à la valeur des sacrifices consentis. Il pense au fond de lui que l’immense potentiel de la femme doit être accompagné. Il ne suffit pas d’avoir un talent exceptionnel dans la vie pour être un modèle remarquable, encore faudra-t-il se former, se laisser guider et plus tard voler de ses propres ailes. Un bémol, Il n’est pas question ici de fixer des limites aux ambitions de la femme mais plutôt de soutenir l’esprit de l’excellence chez la femme par la triptyque formation-action-formation.
Un autre aspect majeur à noter pour cet homme d’exception. Hassan Abdallah est le dernier patron de la grande dame Marie Josée Ifoku. L’unique si pas la remarquable femme ayant présenté sa candidature à la magistrature suprême de la RDC du 30 décembre 2018. Elle était son ancienne directrice générale (Congo Motors) avant d’embrasser la politique.
Femme congolaise tiens bon, l’égalité des chances dans toutes les sphères sociales se matérialise avec les soutiens des grandes voix masculines comme celle de Hassan Abdallah.


Quatre règles pour voter utile

Photo de Habarirdc.net

La configuration actuelle des institutions issues des scrutins du 30 décembre 2018 présage un état de statu quo quant aux désidératas des électeurs. Effectuer un choix judicieux entre candidats aux différents niveaux des élections requiert une perspicacité sans pareille quand on vise le renouvellement de la classe politique pour bâtir le mieux être collectif.

Le récent vote du président, des députés nationaux et provinciaux, était influencé par le gain individuel de l’électeur selon plusieurs observateurs. Mais pour quiconque rêve d’un Congo fort et prospère, dirigé par des politiques choisis objectivement suivant la trilogie compétence-valeur-vision, je vous propose quatre règles à se fixer par tout électeur avisé pour voter utile.

1. Ériger des standards

Il n’est pas interdit d’imiter une tendance en vogue. Nombre d’ambitieux politiques captivent la sympathie de l’opinion de par leur franc-parler, leur savoir-être ainsi que leur apparence. Ils deviennent célèbres. A ce niveau, l’électeur doit se poser la question de savoir pourquoi tout le monde s’offusque de croire que le candidat X ou Y est meilleur que d’autres pour le poste ? Qui de la masse ou de l’électeur a tort ? Si par hasard la masse a raison, alors passez à la deuxième règle ci-dessous. Si par contre c’est l’électeur qui pense vrai, dans ce cas, il établira un certain nombre de critères impartiaux et jugera seul sans contrainte si le candidat présélectionné convient.

2. Examiner la motivation du candidat

Parmi les candidats députés à tous les niveaux, il y avait ceux qui tentaient l’expérience pour la première fois, et ceux qui revenaient pour la nième fois solliciter le vote des électeurs. Le compteur repartait donc de zéro pour tout le monde, d’autant plus que chaque exercice électoral est une évaluation qui nécessite une préparation. Celle-ci comporte donc un discours qui diffère d’un candidat à un autre.

L’électeur averti interrogera donc le motif de chacun à devenir représentant du peuple d’une circonscription donnée. Sur ce point, on questionnera le parcours du candidat. Savoir si dans le passé pareil exercice avait déjà été entrepris par le requérant des votes. Ou s’il a déjà initié ou participé à une action communautaire sans intérêt affiché.

3. Comparer les projets de société

Il n’est pas sage de prendre position pour un candidat sans au préalable écouter, analyser et questionner les projections des autres candidats. Ceci en dépit du fait qu’il soit un membre de votre famille, un frère ou une sœur de l’Eglise, un camarade fidèle ou un pourvoyeur des fonds à des besoins individuels. Pour être correct, il faut au minimum sélectionner cinq projets de société ; évaluer la pertinence, le réalisme et l’opportunité de chacun. Et en dernier lieu, se renseigner sur les capacités du candidat à mettre son projet en application. La loyauté envers un camp n’est pas de mise tant qu’on ne sait pas exactement ce qui constitue la différence de l’un par rapport à l’autre. L’électeur est un électron libre, c’est au candidat de convaincre et de prouver qu’il est le meilleur.

4. S’engager à faire la différence

C’est l’étape cruciale. Quand l’électeur idéal a fait son choix intérieur, son implication de loin ou de près pour la victoire du candidat de son choix est presque obligatoire. Quand on est convaincu par une personne, la meilleure façon de le prouver c’est d’amener le plus grand nombre de gens à être au courant de la nouveauté que son candidat apporte. Se donner aussi le temps d’expliquer ses innovations et différences ; s’engager librement et sans intérêt à soutenir sa montée dans l’opinion. Et surtout si la victoire suivait, prendre soin d’évaluer chaque niveau de réalisation de ses promesses, et donner des  conseils quand l’échec s’annonce.

J’espère au plus profond de moi que ces conseils serviront à influencer les choix des électeurs aux prochaines élections directes ou indirectes, en vue de promouvoir l’excellence, l’intégrité et le changement pour l’intérêt général.

Publié précédemment ici et partagé avec la permission de l’auteure.


Voter utile ou ethnie : l’électeur congolais tergiverse

Le dimanche 23 décembre 2018, jour d’élections en RDC, il y aura assurément un matin et un soir. Les prévisions de la météo sont même déjà disponibles. À l’ouest du pays, la matinée sera ensoleillée ; de faibles averses dans la partie orientale au milieu de la journée et un ciel nuageux dans le sud du pays en début de soirée. Par contre, la météo politique s’annonce bien trouble en RDC.

Le citoyen congolais bravera la pluie ou le soleil – c’est selon – pour aller faire un choix déterminant dans l’isoloir le 23 décembre. En principe, le Congolais sait déjà en lui-même pour quel candidat il votera. Mais plus les jours passent, plus les tendances de vote peuvent changer. Nous vous proposons quelques conseils à même d’orienter l’électeur qui tergiverse sur le choix de son candidat président, député national ou provincial, étant donné que le 23 décembre, il y aura trois scrutins en un seul jour.

En votant utile, le changement est possible

Si la majorité des électeurs se conforme à l’éthique, au bon sens et à la raison, voici les résultats possibles qui suivront leur choix :

  • Renouvellement de la classe politique avec de nouvelles figures ;
  • Obtention même partielle du changement souhaité grâce à la concrétisation d’un bon projet de société ;
  • Renforcement des valeurs démocratiques en promouvant l’alternance, la compétence et la méritocratie ;
  • Organisation des groupes de pression pour rappeler les promesses électorales à chaque occasion de reddition des comptes ;
  • Préparation des échéances prochaines en mobilisant les groupes sociaux sur le profil d’un bon candidat ;
  • Vote sanction, preuve d’une maturité démocratique.

Voter pour l’ethnie c’est compromettre l’avenir du pays

Par contre si l’électeur cède à la fibre ethnique, c’est-à-dire qu’il porte son choix avant tout sur le candidat de sa région, de sa religion, de sa classe sociale, de sa tribu, alors il faudra s’attendra à :

  • Des élus défendant des intérêts ethniques au détriment de ceux de la nation ;
  • Frustrations et contestations électorales sans fin, germes de conflits sociaux, voire armés;
  • Fanatisme aveugle basé sur des critères ethnicistes et non rassembleurs ;
  • Recul démocratique, perte de confiance aux valeurs démocratiques, etc.

Bien sûr, nous n’avons pas tout dit sur l’éthique, le vote utile et l’ethnie. Ce billet est juste un cri de cœur d’une âme blessée par la mal gouvernance en RDC. Nous invitons l’électeur congolais à prendre son destin en mains et à ne pas se laisser emporter par un quelconque courant de populisme qui au finish accentue la misère au lieu de la réduire. En élisant ses représentants, le Congolais doit conserver son pouvoir de contrôle, d’interpellation et de retrait de confiance, en bannissant le fanatisme ethnique.

Sifa Ditalala

Publié précédemment sur habarirdc.net et partagé avec la permission de l’auteure.


L’essence d’un Prix Nobel de la paix en RDC

Dr Mukwege Denis,  dans son bureau de Panzi, le 6 février 2013, Par PINAULT/VOA, via Wikimedia Commons https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6b/Denis_Mukwege_VOA.jpg

Le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix. Une distinction qu’il partage avec Nadia Murad, militante irakienne contre les violences sexuelles, depuis le 5 octobre 2018.
La joie que je ressens est extrême. Le combat d’un compatriote valeureux reconnu internationalement. Il est vrai que la cagnotte versée aidera un tant soi peu l’action humanitaire entreprise par la fondation Panzi ; cependant des nombreux défis restent.

Stop à la guerre, Stop aux viols, Stop aux meurtres des innocents

On sait tous comment et quand une guerre commence, mais on ne sait jamais comment et quand elle prendra fin. La fin de l’histoire douloureuse de déplacements pénibles des populations, des viols ignobles perpétrés, des tueries de trop des Congolais est inconnue. Pourquoi ? Nous sommes tous d’accord que la vie est sacrée ; qu’en-est-il en RDC ?

Dans ma province d’origine, il y a quelques jours, la société civile de Béni a fait un décompte à dormir débout des meurtres commis depuis 2014 par le groupe terroriste des ADF-Nalu : 2700 personnes décédées, soit en moyenne 50 tuées par semaine ou encore deux morts enregistrés chaque jour.

Il est vrai que le prix Nobel de la Paix a une voix internationale. Il est aussi vrai qu’il condamne les guerres à répétition à l’Est de la RDC dans toutes ses déclarations. Cependant, qui doit décider de l’action sur terrain pour définitivement faire les obsèques de la guerre ? Les dirigeants du monde sont les premiers responsables et garants de la paix partout où elle est menacée. Le peuple congolais est l’acteur majeur du retour à la paix dans son pays.

Je souhaite de tout cœur que cette reconnaissance jette les bases d’une réflexion profonde nationale et internationale sur les actions à envisager. Dorénavant, le Prix Nobel de la paix retrouvera sa blouse blanche de gynécologue ordinaire et non de sauveur de dignité des femmes violentées pendant les conflits violents.

La voix de l’espoir

Pour mémoire ce texte publié ici en 2013. J’avais trouvé une subtile idée pour consoler mes compatriotes activistes des droits humains congolais qui étaient déçus. Le gynécologue hors pair congolais était nominé pour le Prix Nobel de la paix mais que dalle, le comité Nobel avait désigné l’organisation défendant la fabrication d’armes chimiques à la place.


RDC : J’ai eu le privilège de voyager avec le brave Luc Nkulula

Citoyen exemplaire, d’une énergie positive incroyable, Luc Nkulula était un leader né et déterminé. On n’a pas fini de rendre hommage à cette icône de la lutte non violente en RDC.

La date du 10 juin 2018 est devenue mémorable : ce jour a vu la disparition physique d’un héros de notre temps, la naissance au ciel d’une âme généreuse. Les morts ne sont pas morts ils sont dans nos souvenirs fabuleux, vivaces et permanents !!!

Luc et ses compagnons lors de l’action de solidarité à la suite des pluies mortelles à Kalehe en 2014

Retour sur les faits qui resteront sacrés aux côtés d’un monument historique de notre lutte :
25 Septembre 2014, dans les Territoires de Masisi et de Kalehe, respectivement dans les villages de Bweremana et de Rambira. Des pluies diluviennes emportent une centaine de vies humaines, jettent à la rue près de 100 ménages et endommagent plusieurs écoles, hôpitaux et marchés. Une inondation tragique comme jamais on n’en avait vécue.

Luc Nkulula et quelques jeunes engagés pour le changement – moi compris – ne restent pas bras croisés. Ils décident de lancer une action de solidarité pour récolter une aide d’urgence pour les populations sinistrées. Une semaine après, le 1 novembre 2014, une enveloppe considérable de fonds est réunie, vivres et biens non périssables sont récoltés auprès les ménages de Goma et d’ailleurs grâce à des levées de fonds sur internet. Coordonnée depuis la ville de Goma, la société civile donne un pick up. Un mini bus est aussi loué, le tout pour transporter 36 acteurs de changement disponibles de Goma à Kalehe.

Luc est totalement impliqué. Le convoi part vers 9h, et tout au long du trajet, il rappelle l’objet de l’action à certains jeunes qui ont plutôt l’air excités à l’idée de faire un voyage touristique avec canne à selfie, de vivre un dépaysement inoubliable dans la campagne de Kalehe. Oh que nenni, répète Luc avec insistance : l’heure est au deuil et à la recherche des solutions pour la protection des citoyens, ainsi que de leurs biens.

Le voyage se transforme un colloque intello. Des auteurs scientifiques célèbres sont cités, un grand débat est ouvert à propos des grandes priorités environnementales du pays. Une petite pluie s’invite pour démaquiller les visages des filles – que dis-je, la petite pluie est venue renforcer la solidarité de ceux qui étaient à l’arrière du pick up, et qui ont demandé aux filles de se mettre à l’abri dans la cabine du véhicule. 7 heures de voyage sur une route en terre battue, nids de poule par ci et gros trous par-là… On n’a pas vu le temps passer grâce au grand débat patriotique qui a marqué nos esprits.

Arrivés sur le lieu, les 36 humanitaires de circonstance se sont inclinés devant la montagne de couches de sable et de pierres qui avaient enseveli 100 personnes de tous les âges. Une chorale était en répétition, le samedi du sinistre. J’imagine qu’ils chantaient en chœur quand des grosses pierres ont détruit la salle de classe où ils étaient réunis. Leur chant résonnait très loin aux abords du Lac Kivu, couvert de petites vagues et séduit par les couchers de soleil. Les larmes ont coulé dans nos cœurs. La minute de silence fut observée. Une courte prière, le temps de consoler les familles des victimes. Puis vint le moment de trouver où se reposer à la tombée de la nuit.

Arrivés dans le centre de Kalehe, nous sommes logés dans un motel de la paroisse catholique grâce à la diplomatie de certains d’entre nous. Il est 20h quand on nous informe qu’il n y a rien à manger sur place et qu’il nous faut préparer quelque chose nous-mêmes. Luc le brave accepte l’idée, et ensemble, accompagnés d’un guide, nous allons chercher à manger pour l’équipe d’humanitaires dont le ventre est creusé.

On nous conduit loin dans les collines acheter une chèvre et de la farine de maïs. Arrivés dans la maison du vendeur, quelle ne fut pas notre déception quand sa femme nous révèle que seul son mari était autorisé à effectuer une vente et qu’à cet instant, son mari était sorti. 20h, 21h, 22h, la patience s’impose… fatiguée d’attendre, je somnole dans la chaise tandis qu’au loin dans mes rêves j’entends Luc continuer à parler du Congo et de son avenir radieux avec la femme du vendeur. La langue de l’endroit lui est étrange mais il trouve des paraboles pour donner espoir qu’un Congo Nouveau est possible avec notre génération. 22h37, on m’annonce l’arrivée du vendeur des chèvres qui est surpris de l’achat tardif de sa marchandise. Explication rapide est faite, la chèvre nous est livrée. Sur le chemin retour, Luc revient sur sa pensée d’un Congo de Gloire avec la contribution de notre génération. Il développe des idées sur comment propager l’idée de la lutte pour le changement dans toutes les villes et tous les villages du Congo. Extrêmement fatiguée, je ne fais qu’acquiescer de la tête pour le rassurer de mon intérêt à ses énoncés.

De retour au motel vers minuit Luc et d’autres vaillants soldats de la démocratie ôtent leur casquette de juriste, médecin ou économiste pour mettre l’habit de cuisinier. Nous, les filles, on s’occupe de faire le Ugali, foufou de maïs mélangé au manioc, et ce n’est qu’à 2h que tout le monde se met à table. Tout n’est pas consommé sur le champ, une partie est gardée. Et à 5h30, tout le monde est de nouveau debout.

On déjeune. On se répartit les tâches. Une équipe est constituée pour aller désengorger la route sur le lieu du sinistre et une autre est désignée pour aller présenter les civilités aux autorités locales. Le Mwami, Luc le diplomate et moi sommes de la partie. Nous sommes reçus et tout le long de l’échange avec les autorités, Luc tient un discours de consolation et y glisse des propositions de prévention et de gestion des catastrophes à développer localement. Que pouvons-nous faire pour épargner les vies humaines lors des prochaines pluies, voilà sa question. Le mwami répond : il fau(t reboiser les montagnes et délocaliser les maisons vivant sur les chemins des eaux torrentielles.

A notre retour à Goma, Luc, le brave rappelle dans la réunion d’évaluation qu’il est temps de lancer la campagne 100 francs pour l’achat d’un arbre pour sauver des vies.  Plusieurs centaines de milliers ont été rassemblés et une équipe est redescendue sur le lieu, …

Je retiens de son parcours le dévouement pour la cause sociale des congolais en général, l’engagement déterminé et pratique pour l’action concrète.

Ce qu’il pensait être bien pour les autres, il le faisait et avait foi que ça marcherait en dépit de la modicité de ressources. Nous devons toujours faire quelque chose !!!

Un vaillant soldat a quitté la terre des hommes mais il a montré l’exemple par son engagement à aider par tous les moyens possibles ses concitoyens à vivre le bonheur sur terre. Flamme de la liberté léguée par les pères de l’indépendance…
#LucNkulula wa Mwamba n’est pas mort, il est vivant en nous. Nous te pleurons en poursuivant ton combat digne.
Nous exigeons une enquête indépendante immédiate pour donner la lumière sur les circonstances de la disparition tragique de notre soldat de la démocratie !!! Ch.F

sur ce lien plus de détails sur l’action SOS


Les trois larmes d’une congolaise passionnée du changement

Luc Nkulula, décédé à 33 ans dans un incendie flou. Les résultats de l’enquête sont vivement attendus par la jeunesse africaine.

Le 11 juin 2018 à Goma, j’ai eu la chance de dire bonjour à tous les dignes et valeureux citoyens, les acteurs de la lutte non violente pour la justice sociale et la dignité humaine.

Cependant, je ne cherchais pas le visage de ces personnes. Cet après-midi fut le début d’une douleur insurmontable, une fois de plus. Je réalisais qu’en définitive, je ne le reverrai physiquement plus sur la terre des hommes : Luc Nkulula, activiste, est décédé. Mon visage est devenu pâle, mon esprit a voyagé dans le passé, vers les souvenirs mémorables de ce héros, la bonté de son âme, son sourire unique, sa générosité incomparable…

D’aucuns compatriotes virent trois larmes couler de mes yeux … La première était l’expression d’une profonde douleur, alors que je réalisais qu’un repère, une icône, un modèle de notre génération venait de rejoindre le royaume céleste.

Un homme extraordinaire arraché prématurément à sa famille biologique et à celle des défenseurs des droits humains en RDC. Un cerveau frais, une mémoire de la lutte non violente, une référence extraordinaire surtout quand il s’agissait d’imaginer un Congo Nouveau, le Congo pensé par nos pères fondateurs.

La deuxième larme était celle d’une profonde admiration pour l’héritage précieux du monument des valeurs démocratiques qui venait de tomber.

Cet être ordinaire avait la vision d’un État où les textes étaient appliqués scrupuleusement sans discrimination aucune. Une perle rare de la nation, la fierté de la jeunesse congolaise. A chaque question qui lui était adressée au sujet de sa passion de la lutte pour le changement, il répondait en évoquant les dispositions pertinentes de la Constitution. Les articles 22, 23, 24, 25, 26, 27, 42, 58, 59, 60, notamment. Je le surnommais « Mr les articles de la Constitution ».

La troisième larme fût une promesse.

Elle représentait la ferme conviction selon laquelle cet héritage sera notre pain quotidien patriotique. Chaque jour que Dieu fera sur terre, de notre vivant, nous suivrons le modèle de cette figure emblématique du changement. La promesse qu’à la hauteur de nos possibilités nous consacrerons toute notre énergie, notre force et notre intelligence à bâtir une nation de paix, d’amour et de prospérité comme il la construisait grâce aux actions qu’il avait faites de son vivant. Une nation où aucun humain ne sera déshumanisé sans que cela ne suscite émoi et idées d’action de bon sens. Une nation où la conscience nationale sera enseignée et suivie par tout le monde.

Luc Nkulula wa Mwamba n’est pas mort, il est vivant en nous. Nous te pleurons en poursuivant ton combat digne. Auprès du Père Très Haut, là au Ciel, tu peux être fier de ce que tu as construit en nous. Aujourd’hui plus que jamais l’injustice recule et la dignité humaine se restaure grâce à ton courage, ta détermination et ton implication.

33 ans de lutte pour le changement = 33 ans de pure révolution des mentalités, de rejet de la fatalité et de culture de fraternité et d’unité car tous les humains sont des frères. Don béni #Congo Des Aïeux #Congo Debout Congolais… Nous exigeons une enquête indépendante immédiate pour donner la lumière sur les circonstances de la disparition tragique de notre soldat de la démocratie !!! Ch.F


#RDC 21 Janvier 2018: ciel limpide à l’aurore – ciel coloré au soleil couchant

21 janv 2018, marche dispersée des catholiques Photo, Droits tiers

Chers lecteurs, tout en vous transmettant nos vœux de paix et de bonté à vous ainsi qu’à vos proches, je partage avec vous ce récit décrivant un tout petit peu comment on a commencé l’année dans mon pays. C’est une période tumultueuse que nous traversons, cela dure mais qui sait? Tout douleur d’enfantement finit par créer un immense bonheur lorsqu’on scrute le sourire de tout nouveau-né.

Récit d’une fervente charismatique catholique Jeanne cirimwami
Eu égard ma grande piété pour la félicité ; il est des types de questions qui ne se posent pas chez moi, au jour d’aujourd’hui. Faut-il que j’aille à la messe aujourd’hui ou pas? Depuis belle lurette, à moins d’avoir un malaise gaillard de santé ; tous les jours que Dieu fait, je participe aux messes matinales. Un jour du Seigneur, de surcroît, rien ne pouvait m’empêcher de m’acquitter de mon devoir dominical ; louer Dieu pour ses bienfaits dans ma vie.
Ceci expliquant cela, je suis allée à la messe hier à la Cathédrale Notre Dame du Congo. La veille, ayant été briefée- j’ai fait comme tout le monde, acheter la margarine pour oindre le visage au moment M – mesure édictée par les marcheurs accoutumés au gaz exaspérant –coloré-asphyxiant des forces de police –
Un ciel clair, un air frais, les cris d’oiseaux au rendez-vous, la matinée était sans éclats et d’apparence sans histoire, hélas. Après une toilette rapide, à pieds, seule je commence mon chemin. Arrivée chez mon voisin (un protestant pratiquant), je toque-en vain- à sa porte. L’avant-veille, il était enthousiaste à l’idée de se joindre aux chrétiens de l’Eglise Catholique Romaine pour une célébration exceptionnelle. L’appel des Laïcs pour dire OUI à l’avènement d’un Etat de droit en #RDC.
En plein milieu de chemin, je me rappelle que je n’ai pas pris avec moi la carte dite d’identité chez nous (carte d’électeur). Sans vasouiller, je fais demi-tour à la maison et récupère ma carte. De nouveau sur mon chemin, je réalise le retard consommé, je me résous à prendre un transport souple (wewa). J’indique la destination au taxi-moto (wewa), regard examinateur de mon interlocuteur. Madame, aujourd’hui, il me semble que … je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase ; allons-y svp!
Je foule les pieds dans l’enceinte de la paroisse, un journaliste me reconnaît et me demande ; allez-vous arriver jusqu’au bout du programme du jour ? Mon esprit est lucide, je réponds : je suivrai les instructions des princes de l’Eglise (les célébrants de la messe). Aussitôt après, j’aperçois un ami médecin accourant parce qu’en retard comme moi. Je l’interroge, mais Dr tu es protestant, sa réponse est fascinante : ma chère ; le sacrifice ultime pour l’avenir de mes enfants c’est maintenant. Catholique ou pas, je me joins à la voix de la justice.

21 janv 2018, marche dispersée des catholiques Photo, Droits tiers

Parmi les cent choses que je rêve faire avant de mourir ; il y a au premier point la devise : vivre chaque jour comme s’il était le dernier. Un rêve, un idéal, une utopie créatrice d’énergies et de foi inébranlables que la minute qui t’es donnée à vivre est précieuse comme de l’or. Tous nous passerons, mais les actes que chaque humain fera dans l’intérêt commun resteront gravés les cœurs des milliers de génération. L’Evangile du jour ressemblait un peu à ma devise. « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1, 14-20) Mon intention n’est pas de prêcher, alors je continue en vous épargnant des commentaires sur le prêche, dans l’espoir que vous avez eu les mêmes lectures que nous, le dimanche 21.
La messe prend fin, les directives de la marche sont rappelées par le Curé, nous nous mettons en rang, visage reluisant de margarine, rameaux verts bordeaux frais, crucifix bois pimpant, bibles moyens grands, rouges ou bleus en mains…
150 à 200 mètres parcourus, chantant à tue-tête des cantiques d’espoir et de foi en la miséricorde divine. De mon for intérieur, je jubile, me disant mais personne ne nous dérange, c’est donc facile la marche de justice ; que nenni. (Soudain je vois les autres fidèles devant moi à genoux. Je ne sais décrire exactement l’état de mon âme ce jour là, mais j’étais physiquement là mais mon esprit ailleurs, où je n’ai pas de réponses).

Je fis la même chose quand je vis au loin la barrière des forces de l’ordre et en un clin d’œil une autre barrière de la police derrière nous. Encerclement stratégique. Mon cœur se met à battre, un sentiment de regret s’empare de moi, je le repousse promptement.
Mains dans la main, aux côtés d’une quadragénaire-légionnaire de marie, voix grave, taille imposante, corpulence d’une institutrice dévouée et de mon ami médecin, nous suivons à peine les échanges de l’officier de la police avec le Curé. Cinq, dix, quinze, vingt minutes après, le Curé s’adresse à la foule ;- qui dans l’entre-temps poursuit ses chants, par moment acclament, prient, s’agenouillent, se relèvent, bref chacun de marcheurs affichait un moral d’acier face à la cause- l’opprimé qui se lasse de l’oppression et manifeste dans la non violence- et déclare ; bien-aimés en Christ, retournons à la paroisse pour prendre d’autres directives ; vague de protestation des fidèles ; nous n’avons rien fait Monsieur l’Abbé, l’objectif c’est d’arriver au point de chute et lire le mémorandum laisse s’échapper une choriste habillée aux couleurs du cardinal Mosengwo.
Le temps pour le curé de dissuader les fidèles, la police lance plusieurs bombes lacymogènes en plein milieu des marcheurs. Gaaaaaaaaazzzzzzzzzzzz, vapeur, larmes, une toux nationale !!!!
Une sorte de black out, je ne me souviens pas très bien des moindres gestes, dans le monde où je me suis retrouvée en trois instants ; il eût un calme apparent ou du moins mes oreilles étaient comme bouchées, je voyais des gens courir ça et là, les gaz lacrymogènes jetés indistinctement, la débandade totale, les acolytes n’ont pas eu le temps de ranger le crucifix, la Bible, le sauve qui peut ! Mais qu’avons-nous vraiment fait pour mériter ça ?
Je repris conscience, le curé entouré des forces de l’ordre, mon ami médecin, je ne sais plus où, certains marcheurs téméraires protestaient, d’autres se sauvaient, ils passaient par-dessus ma tête, mon chapelet tombât, je le reprit du sol sans croix, oh quel dommage, l’instinct de protection, je pris la poudre d’escampette, la barrière érigée devant nous à ASSANEF était presque levée par certains policiers qui nous chuchotaient ; sauvez-vous !!! Ceux-là étaient vraiment patriotes car d’autres se précipitaient à chiper les sacs (dont la plupart contenaient les matériels liturgiques j’imagine) et les téléphones des marcheurs.
Dans l’intervalle de trois minutes, en groupe, on se retrouve dans une maison située juste à côté du commissariat de police de la commune de Lingwala, l’hôte, la cheffe du ménage est compatissante et dénonce la barbarie policière évitable … je me mets à assister une fille, la vingtaine blessée et qui avait eu l’outrecuidance de ne pas imbiber son front du vaseline patriotique, le beurre à gaz ! Vingt minutes plus tard ; on remercie notre hôte et on se décide rentrer à la maison ; c’est là que nous avons avions assisté à une très grave violation des droits humains. Nous nous sommes refugiés plus de trois fois dans d’autres maisons étant donné les tirs gaz lacrymogènes insoupçonnés aux coins des avenues où des familles se regroupaient observant et saluant le retour des marcheurs, des enfants, des personnes âgées ont été victimes depuis leurs résidences des jets de gaz, pourtant situés loin des Eglises.
La providence aidant, j’ai regagné la maison, deux heures plus tard, j’ai pris conscience que mon habit était déchiré et trois de mes côtes touchées, narines asphyxiées. Un ciel clair s’est donc assombri par des actes répréhensibles, soif de justice !
Morale de la leçon ; il y a plus d’honneur à être marcheur quand des libertés fondamentales sont menacées. Exiger le respect des engagements des serviteurs du peuple est la preuve redoutable de l’amour pour sa patrie. Manifester dans la non violence est constitutionnelle, réprimer sans lois est une grave violation des droits humains, laisser tolérer cette situation est aussi condamnable au même degré que ceux qui ignorent les droits basiques. La lutte a commencé ; plus rien n’arrêtera les fidèles surtout que leurs bergers sont dans la danse !
« Il passe, ce monde tel que nous le voyons » (1 Co 7, 29-31)
Récit d’une fervente charismatique

Jeanne Cirimwami

PS: Récit partagé en exclusivité sur notre blog avec la permission de l’auteure


Litige judiciaire de Vodacom-RDC, appel à la vigilance des congolais

Roger Masamba, définit la société commerciale comme une entité créée  par  deux  ou  plusieurs  personnes  qui conviennent,  par  contrat,  d’affecter  à  une  activité,  des  biens  en  numéraire  ou  en nature, dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter… ».

Pour le cas de Vodacom-RDC, un actionnaire refuse de partager les dividendes. 

Congo wireless network (CWN), ancien GSM, et Vodacom international, deux associés de Vodacom-RDC, sont en procès devant le Tribunal de commerce de la Gombe à Kinshasa.

Déficit de USD 600 millions, sur une durée de 11 ans. Refus d’audit de la part de l’accusé (Vodacom International, actionnaire gérant de la société) voici la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de Congo wireless network (CWN), 2ème actionnaire de la société Vodacom-RDC jusqu’à porter plainte au Tribunal de commerce de la Gombe à Kinshasa.

Deux raisons majeures qui expliquent l’indifférence des congolais dans le dossier :

Le manque de la couverture médiatique dudit procès,

En violation l’alinéa 1 de l’article 24 de la constitution congolaise, sans motif clair, 8 millions d’abonnés  soient 10% de congolais sont privés de l’information sur l’évolution du procès de deux actionnaires de Vodacom-RDC

Alors que l’économie congolaise souffre d’un marasme financier inquiétant (à la base l’absence de production locale et l’instabilité politique), une rétention d’information à la population sur la fragilité d’une télécom et banque mobile serait considérée comme un crime économique.

Difficile de mesurer les conséquences plausibles du jugement dudit procès sur l’économie.

Le silence assourdissant des organisations de protection des droits des consommateurs

En République démocratique du Congo, cinq réflexions sur le procès Vodacom Congo

Je me demande pourquoi les ligues des consommateurs s’arrêtent à dénoncer de façon irrégulière la qualité des services rendus par les Télécoms en RDC.

A mon avis, ces structures ne devraient pas se limiter à exiger réparation des dommages des sociétés commerciales que lorsque celles-ci sont en difficulté ou sont déclarées en cessation de paiement. Ceci ressemble à tuer le serpent par la queue avec le risque imminent de se faire mordre. On tue le serpent par la tête. C’est dire dans notre cas-type, interroger la santé financière des sociétés et alerter les clients ou abonnés d’éventuels effets négatifs ou positifs à l’issue des analyses financières et économiques régulières. Ceci permettra aux consommateurs de prendre des dispositions idoines.

Comment donc comprendre qu’une grande société et banque mobile soit en face de la justice et qu’aucune structure ne s’émeuve pour parer à toute éventualité de jugement qui irait porter préjudice à un grand nombre de la population ?

Un blog à lui seul ne peut éveiller la conscience de la population sur des effets futurs d’un séisme financier, il en va de la responsabilité des acteurs de la justice, des décideurs, de la presse et des activistes.


Envoyez promener l’incivisme!

Ma patrie, ma fierté.
Ma patrie, ma fierté.

Pour le respect des symboles d’Etat en RDC

La crise politique est vivace. De fil en aiguille, les frustrations croissent. A qui la faute ? Aux institutions ou aux animateurs de ces institutions. Le débat de fonds a une place de choix, mais moi je vise le devoir du citoyen.

Je m’interroge ce matin sur la valeur que le citoyen ordinaire accorde aux symboles d’Etat, aux dignes patriotes qui servent sous le drapeau, à l’héritage précieux de nos pères de l’indépendance. La nouvelle citoyenneté tant prônée dans nos pensées et paroles doit cesser d’être un vœu pieux mais une attitude ancrée dans notre imaginaire collectif. DEBOUT CONGOLAIS!

Un mardi qui commençait sans histoire singulière. Je me rends à l’arrêt de bus COHYDRO sur le boulevard Sendwe.

Entre temps la veille, l’émission du journal judiciaire que j’avais suivie occupait profondément mes pensées. La journaliste n’arrivait pas à comprendre comment le 19 et le 20 septembre, les manifestants pacifiques avait eu l’audace surprenante d’incendier le parquet de grande instance de N’DJILI. L’invité qui était Me Georges KAMPIAMBA, président de l’Association de l’accès à la justice condamnait fortement la destruction des archives qui constituent un patrimoine historique et remarquable nécessaires pour les générations présentes et futures. Attitude inacceptable car c’est la justice qui élève une nation.

 

Revenons à nos moutons …

Arrivée donc à l’arrêt, je prends le transport en commun en direction du centre ville. Quand l’heure fut venue de payer les tickets, une autre injustice se fait montre et donc une situation que je condamne et déplore énergiquement.

Tous les passagers à bord s’acquittaient normalement sauf un quadragénaire, d’une silhouette imposante et d’une voix grave. Il se présenta comme un militaire avec sa carte biométrique.

C’est courant à Kinshasa de voir des personnes exemptes des tickets de bus. Les secouristes, les préposés à la justice d’un certain rang, les policiers et quelque fois les élèves ou étudiants qui paient la moitié du ticket.

La convention remonte depuis des lustres mais n’a jamais été instaurée légalement si je ne m’abuse.

Le receveur ou convoyeur du chauffeur du bus qui nous transportait s’est mis à insulter le militaire qui exhibait sa carte. Prise de panique, j’ai senti comme une flèche traversait mon cœur. J’analysai le contexte. Ce jeune exalté ne savait à qui il s’adressait. Ne voyant pas les galons que portait l’officier des forces loyalistes, ignorait le lourd sacrifice que ce dernier faisait pour lui garantir une nuit si pas une journée apaisée. Tout ce qu’il trouvait à dire c’était de lui intimer l’ordre de façon intransigeante de payer la modique ou maudite 500 francs congolais.

Où sont passées les règles de politesses des cadets envers les aînés. Mieux, les valeurs de grandeur, de considération du prochain, le sens d’humanité et la dignité, le respect des symboles de la Nation.

La honte couvre mon visage. L’impuissance mes mains, une effluence mes pensées. En digne patriote, il eût fallu que je me lève pour dire non à une avalanche de paroles sordides et répugnantes qui jette l’opprobre sur un humain mais pas seulement, un compatriote hors pair qui a choisi le métier le plus noble que de servir sous le drapeau dans un Etat très fragile comme le nôtre. L’argent pour l’argent et après !!!

INDULGENCE

Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force. Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire… Ensemble, mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur. Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. Patrice Emery LUMUMBA

La terre de nos enfants, Congo-Kinshasa, trésor incroyable.
La terre de nos enfants, Congo-Kinshasa, trésor incroyable.

 


Cher journal, j’étais à Bruxelles

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Quand la participation des femmes est équitable dans une nation, sa croissance est saine et forte.

« Si les occupants de la planète Mars (martiens) venaient à nous attaquer, nous habitants de la planète Terre, nous exécuterons l’hymne universel de l’union fait la force pour éviter la catastrophe. Il n y a aura pas de factions orange-rouge, blanc-noir, immigré-autochtone, riche-pauvre. Toutes les Nations de la Terre auront une seule et même voix pour protéger l’espèce humaine », Je paraphrase les propos de Ronald Reagan, 40eme Président des Etats-Unis pour expliquer le substrat creux des crises évitables vécues dans notre millénaire.

Paix, paix, paix, équité, équité, équité, éducation, éducation, éducation, ces mots très simples à prononcer, pourtant pas. Quand il s’agit de leur mise en application dans notre vie courante. Des centaines de milliers de personnes de par le monde, ne demande qu’une meilleure chose avec obstination : LA SÉCURITÉ afin qu’ils puissent humer l’air frais du paradis sur terre.

… Vous recevez cette lettre parce que vous êtes une Femme et que le moment est venu d’ouvrir le vrai débat sur la place et le rôle de la Femme dans notre monde en plein désarroi. Quelques soient vos fonctions ou vos responsabilités, votre participation est primordiale alors que nous abordons ces problématiques au sein même du Parlement Européen… Introduction de la lettre d’invitation qui m’a été adressée par Monsieur Pierre-Emmanuel Quirin, Président du Forum Crans Montana et par Monsieur l’Ambassadeur Jean-Paul Carteron, Président d’honneur.

En Belgique, j’y étais pour penser la paix dans le monde.

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35% des accords de paix signés dans le monde, avec la participation équitable des femmes durent plus de 15 ans.

Il ne s’agissait pas de trouver une solution immédiate au manque de paix en Syrie, d’exiger la reconnaissance de la souveraineté du Kurdistan, de réunifier le Mali, de consolider la paix au Soudan, d’encadrer l’accueil des migrants sur les côtes de l’Italie, d’adapter la gouvernance démocratique en RDC ou de proposer une meilleure idée du vivre ensemble dans toutes les régions du monde.

Ce serait une prétention absurde de la part de ces chercheurs, activistes, anciens chefs d’Etat (SALI BERISHA de l’Albanie et ELY VALL ELEYA de la Mauritanie, pour ne pas les citer), des premières dames (Aisha Buhari du Nigéria, Aissata Issoufou MAHAMADOU du Niger), des écrivains, clergé, jeunes et femmes de bien, (j’en faisais partie), invités par le cadre de réflexion Crans Montana qui pense un monde plus solidaire.

Il était question d’examiner les avancées dans la construction de la paix, d’étudier les solutions durables à promouvoir pour maintenir la stabilité et de propager les valeurs de concorde et de cohésion sociales pour le bien-être de tous les citoyens du monde.

Ce qui m’a le plus marqué, était cette attitude de champion, de victorieux et de gagnants sur le mal que les acteurs du changement participants à ce forum ont affiché. Ils (nous) sont (sommes) tous d’avis que pour l’émergence d’un monde prospère, la société devrait compter avec l’effort de la femme et des jeunes.

Soutenir l’éducation pour tous, « les livres sont les armes les plus puissantes » dit-on, croire aux talents et dons des uns et des autres, combattre les inégalités sociales, promouvoir les valeurs de dialogue, tolérance, écoute et encourager le travail en synergie pour une efficacité d’actions.

J’ai écouté, j’ai échangé et j’ai beaucoup appris sur le sens de l’engagement pour la transformation sociale. Je vous encourage à vous inscrire pour la 19 ème session annuelle.

Demeurons des instruments de paix afin que là où il y a de la Haine, nous puissions apporter l’Amour, et, là où il y a la Discorde, nous puissions apporter l’Harmonie, disait Saint François d’Assise.

https://www.cmf.ch/fr/

 Forum pour un monde humain et impartial .

Il était question d’examiner les avancées dans la construction de la paix, d’étudier les solutions durables à promouvoir pour maintenir la stabilité et de propager les valeurs de concorde et de cohésion sociales pour le bien-être de tous les citoyens du monde.

Ce qui m’a le plus marqué, ce que ces acteurs du changement dans le monde sont d’avis que pour l’émergence d’un monde prospère, la société devrait compter avec l’effort de la femme et des jeunes. Soutenir l’éducation pour tous, « les livres sont les armes les plus puissantes » dit-on, croire aux talents et dons des uns et des autres, combattre les inégalités sociales, promouvoir les valeurs de dialogue, tolérance, écoute et encourager le travail en synergie pour une efficacité d’actions.


Hausser la voix des femmes pour organiser la société autrement, IIème partie

Susciter des vocations politiques chez les femmes
Susciter des vocations politiques chez les femmes
Alors qu’elles représentent 52% de la population congolaise, les femmes demeurent toujours dans l’ombre quant il faut parler affaires publiques.
Pourtant, leurs contributions dans la quête du bien-être social n’est plus à démontrer dans nombre de domaines vitaux à ce jour. Education, santé, économie, social. Le seul terrain où la compétition n’a pas sa place c’est quand on veut faire le bien.

Sur les 500 députés nationaux, seules 43 sont des femmes, sur les 108 sénateurs, seules sont 6 sont des femmes, sur les 40 membres du gouvernement, seules 4 sont des femmes, sur les 9 membres de la cour constitutionnelle, aucune femme, très peu de femmes chefs d’entreprises, une seule femme gouverneure de Province sur les 26 que comptent le pays.

Il faut donc équilibrer l’échelle décisionnelle congolaise. La majorité ne devra pas continuer à subir les décisions de la minorité. La prise de conscience, ensuite la formation.

Suite de l’introduction du précédent billet

Les jeunes femmes congolaises développent le goût du pouvoir pour changer, Ière partie

Susciter des vocations politiques chez les femmes

La meilleure intention du 1er congrès des jeunes femmes politiques était d’améliorer la participation politique des jeunes femmes à l’aube de la tenue des élections générales en 2016 non seulement comme électrices de qualité mais également comme candidates de la différence.

Hausser la voix des femmes pour organiser la société autrement. Réfléchir sur comment mettre fin aux inégalités sociales avec l’implication politique des femmes ; casser l’idéologie infériorisante de la femme à qui on demande de bien s’occuper de « son diplôme-mari » et de se taire ; déconstruire la pensée phallocratique selon laquelle, la femme doit agir comme un homme, avec ses clichés, compliments habituellement usités, là tu as agis comme un homme. Comme si l’œuvre de la perfection était exclusivement masculine. Halte.

Les résolutions majeures

Au gouvernement de la République de mettre en œuvre les instruments juridiques de promotion des droits civils et politiques des femmes et des jeunes. Rien à inventer, tout est à appliquer.

Article 14 de la constitution « Les pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme et assurent la protection et la promotion de ses droits. Ils prennent, dans tous les domaines, notamment dans les domaines civil, politique, économique, social et culturel, toutes les mesures appropriées pour assurer le total épanouissement et la pleine participation de la femme au développement de la nation. Ils prennent des mesures pour lutter contre toute forme de violences faites à la femme dans la vie publique et dans la vie privée. La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L’Etat garantit la mise en oeuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions. La loi fixe les modalités d’application de ces droits. » la Loi n° 15/013 du 1er août 2015 portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité, le code de la famille révisé.

Aux partenaires techniques et financiers de poursuivre la capacitation des organisations des femmes et des jeunes dans le domaine des droits civils et politiques pour voir se développer des vocations politiques et des valeurs civiques chez des jeunes un Congo fort.

Aux jeunes femmes

  • D’aimer leur pays et de se préparer à travailler pour son émergence comme actrices majeures,
  • De croire en ses capacités, d’oser ses idées, de se considérer en héritières privilégiées du patrimoine Congo,
  • De forger son caractère et de viser la crédibilité dans ses actions et non la visibilité,
  • De travailler en réseau tout visant la culture de l’excellence dans toute initiative,
  • De trouver des alliés solides, d’être disponible pour le travail communautaire de l’engagement civique,
  • De préserver sa personnalité par une discipline prônant l’intégrité, la probité et l’émulation des valeurs morales,
  • D’influencer positivement la communauté au travers des actions d’envergure pour l’intérêt général,
  • De poursuivre la formation politique et renforcement en leadership auprès des partis politiques et organisations citoyennes efficaces sur terrain.
Le temps fort de l’atelier

Près de dix personnalités politiques engagées se sont succédées sur la chair en vue de parler de leur parcours, motivations et réalisations dans la sphère politique en vue d’inspirer les congressistes passionnées de suivre leur chemin.

Nous citons, l’honorable EVE BAZAIBA, Députée Nationale et Secrétaire Générale du Parti Politique de l’opposition MLC, Angèle Makombo, candidate présidente de la République aux élections 2016, Pétronille Vaweka, première femme Administratrice de Ituri, Esther OPANGA, présidente du parti politique des femmes rurales, etc.

Pour lier la théorie à la pratique, des travaux en carrefour ont été organisés dont la recommandation principale est le renouvellement du leadership au sein des institutions et la lutte contre l’impunité sur les thématiques suivantes, PAIX ET SECURITE, EDUCATION NATIONALE, INFRASTRUCTURE, ENERGIE ET ENVIRONNEMENT, INSERRTION DES  FEMMES A TOUS LES ECHELONS, EMPLOIDES JEUNES ET ENTREPRENEURIAT.

« La promotion de la femme, et l’égalité entre hommes et femmes sont des aspects des Droit de l’Homme ; c’est une condition de la justice sociale ; c’est un objectif qui ne doit être considéré comme intéressant exclusivement les femmes. C’est le seul moyen de bâtir une société viable, juste et développée. Le renforcement du pouvoir d’action des femmes et l’égalité entre les sexes sont des préalables essentiels à la sécurité politique, sociale, économique, culturelle et écologique de tous les peuples. » conférence mondiale femme Beijing 1995. 

 


Les jeunes femmes congolaises développent le goût du pouvoir pour changer, Ière partie

 

Un autre Congo est possible, davantage de justice.
Un autre Congo est possible, davantage de justice.

Du 29 au 31 Août, Kinshasa a accueilli le 1er Congrès Régional des jeunes femmes politiques. Sur le thème : « Je me lève, je donne une forme a cette Nation ; Monkuwa ya mboka, l’os, le socle, la fondation de la Nation en lingala ».

A l’initiative du consortium de promotion des Droits civils et politiques de la femme en RDC, une plate-forme d’organisation citoyenne de la société civile congolaise qui œuvre pour l’amélioration de la participation politique des jeunes femmes au travers des sessions de renforcement de capacités, et pour le respect de l’égalité des sexes à des hautes sphères décisionnelles pour besoin de justice sociale.

Composé du Congrès International Congolais CIC ASBL, de la Jeunesse pour une nouvelle société JNS ASBL, du Cadre de récupération, d’encadrement pour l’épanouissement intégral des jeunes CREEIG ASBL, de Avenir Citoyen Avec ASBL, de Femme Jeune, Elections et Justice FJEJ.

Le peuple mérite mieux, il nous faut donc une préparation idoine pour affronter la vie publique. Une petite victoire notée.

Son Excellence la Ministre Provinciale du Genre, famille et Enfant, Mme Therese Olenga a tenu personnellement à ouvrir officiellement les assises et a promis son soutien total à toutes celles qui décideront de servir sous le drapeau. Un privilège, un moment inoubliable et marquant un début de partenariat solide. 

87 jeunes femmes, dont l’âge est compris entre 18 et 35 ans se lancent avec détermination et courage dans l’art de gérer la cité. Le sacerdoce, l’apostolat de servir les autres, un métier noble car la récompense est divine.

Un atelier de renforcement des capacités animé par d’éminents professeurs d’université et experts locaux sur la question de l’émergence de la RD Congo.

Le recrutement s’est fait en ligne au travers d’un formulaire contenant les questions renseignant sur la motivation et la vision exprimées par les candidates pour affronter la vie publique. Sur les 26 provinces que comptent la RD Congo, 5 ont été représentées. Kinshasa, Equateur, Nord-Kivu, Kongo Central et Kwilu.

Pourquoi les femmes devraient-t-elle s’intéresser à la politique ?

Le malheur persiste en RD Congo. 56 ans après son accession à la souveraineté, le bien-être des congolais n’est pas totalement garanti.

Une souffrance indescriptible par manque de paix et de stabilité à l’est, près d’un million de déplacés internes, plusieurs vies supprimées, des violations graves des droits humains, une pauvreté innommable, 19 millions de personnes qui ne savent ni lire ni écrire, un système de santé sous perfusion avec un déficit de couverture médicale, un enclavement sans précédent avec une quasi inexistence de voies de transports modernes, un chômage des jeunes criant, 5% de la population active est employée ; le tableau est plus que sombre.

Il est de temps de changer de fusil d’épaule, donc les méthodes de gouvernance.

A suivre


La paix en RDC, « je ne l’ai pas connue en 24 ans »

Journée Internationale de la Paix, billet collectif des blogueurs congolais.

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La paix : que faut-il en dire en République démocratique du Congo où, depuis 20 ans, la guerre déchire de nombreuses familles et les endeuille ? Qu’est-ce qu’il faut en dire devant le chômage toujours plus fort et les épidémies encore invaincues ? La liste est longue ! A l’occasion de la célébration de la journée internationale de la paix initiée par l’ONU, des jeunes congolais expriment ici leurs pensées sur la paix.

Le journaliste et blogueur Fidèle Bwirhonde de Lubumbashi perçoit les enjeux de paix bien au-delà des tirs des canons. Il faut, en plus, des écoles pour les élèves et des emplois pour les parents. En bref, une paix sociale. « La paix, promesse éternelle, ne devrait plus être que l’absence de la guerre. Sinon, on dirait que Lubumbashi est en paix ou que telle femme violée par sa propre armée serait en paix plus qu’un réfugié qui a fui la guerre. Non, ce fils de Beni ne verra pas la paix tant que deux camps s’opposeront au nom de la paix. Cette paix, nous la connaîtrons quand le dirigeant comprendra qu’il n’est pas éternel ni indispensable et qu’il prêtera enfin oreilles aux vrais cris du peuple. »

A 24 ans, il n’a pas connu de paix

Le journaliste et blogueur Blaise Ndola de Goma, dans la très meurtrie province du Nord-Kivu, donne un témoignage poignant : « J’ai 24 ans et incarne le sentiment de toute une génération marquée par le manque de la paix. » Il poursuit, désespéré :

« Etouffée par les bruits des balles, des bottes des militaires, des pas et cris des réfugiés et déplacés, la paix est une affaire d’autres pour toute ma génération. Là où les balles ne crépitent pas, la famine et les maladies tuent aussi que les armes. Si nous avons hérité de l’absence de paix de nos parents, nous n’avons pas le droit de faire la même erreur pour nos enfants. Nous avons tous le droit de vivre libre dans un pays où tout le monde aura le droit de rêver, de planifier pour le long terme et de bâtir fort et durable sans crainte d’un lendemain troublé. »

Mais Blaise croit en un lendemain qui chante et écoute encore cette parole de Patrice Lumumba, premier chef du gouvernement de la RDC : « Les rives du grand fleuve, pleins de promesses sont désormais tiennes. Cette terre et toutes ses richesses sont désormais tiennes,… et tu feras du Congo, une nation libre et heureuse, au centre de cette gigantesque Afrique Noire ».

Jean-Chrysostome Tshibanda, slameur et enseignant de français, a l’âme en peine lorsqu’il faut dire paix. Bien plus, c’est l’explosion de révolte au fond de son cœur lorsqu’il pense à la paix qui manque :

J’aurais voulu prier, mais si grande est ma peine
Que, bien au contraire, j’ai envie de pleurer.
Dix millions de morts, est-il vrai que c’est rien dans la pensée humaine ?
Dix millions de morts, qu’est-ce que c’est ? C’est rien,
Ce sont des Congolais, qui n’ont pas les moyens
De réclamer vengeance à la face du monde
qui, d’ailleurs, se moque de pareille demande.
Dix millions de morts, qu’est-ce que c’est ? C’est rien.
Ô pauvres Congolais, qu’on prend pour des vauriens !
S’il faut satisfaire la soif de la richesse
D’un seul individu, faudra-t-il que sans cesse
plusieurs fanatiques s’entretuent bêtement ?
Or même les bêtes agissent autrement.
Les animaux qui sont d’une semblable espèce
ne s’entretuent pas : ont-ils plus de sagesse ?
De quelle espèce es-tu, toi qui tues des humains,
toi qui tues tes semblables sans être plus malsains ?
C’est pas la frontière qui divise les hommes.
C’est le manque d’amour qui provoque les drames.
Il faut concilier tous les pays voisins.
C’est un gage de paix, nous en sommes certains.
Enterrer les conflits s’impose à cet effet.

« On est habitué à vivre sans paix »

Presque lassé, Thierry UWAMUNGU de Kigali au Rwanda rappelle que la paix est un droit pour l’homme. « Des plus belles paroles ont déjà été dites contre la guerre et des grands hommes de paix ont servi de très bons exemples. Mais chaque jour, on attend des nouvelles tragiques des pays en guerre, des affrontements, des bombardements, etc. On est habitué à vivre sans paix. Où est donc passé notre droit à la paix? Travaillons tous à son émergence par le respect de la dignité de chaque être humain, de chaque peuple, de chaque nation, de chaque État. Et si on commençait par son prochain? Collègue de travail, voisin du quartier ? Moi j’ai décidé de commencer et toi? »

« Transformons nos peines en forces »

On ne présente plus Chantal Faida Mulenga-byuma, journaliste et blogueuse, présente dans plusieurs actions de jeunes pour la paix et le progrès social. Malgré la peine que lui inspire l’absence de paix – deux décennies déjà! – elle n’éteint pas la flamme d’espoir et invite au courage. « Transformons nos peines en forces. » Voici son propos : « Un millier de déplacés internes vivent le calvaire innommable à cause des conflits violents en RD Congo, il y a deux décennies. De Masisi en passant par Rutshuru et Béni, la paix durable, gage du progrès social, est loin d’être un mode de vie pour les habitants de ce territoire. Ces échecs sont pour nous des leçons précieuses. Pour moi, la paix c’est le symbole de gloire, car elle rend la dignité jadis arrachée à l’humain. J’invite à la tolérance dans l’échange d’idées, l’émulation dans l’action pour la paix.»

Concluons avec cette pensée de Paola Nzey, Congolaise qui vit en Afrique du Sud depuis un an : « La paix est un petit mot mais d’une grande valeur et, plus qu’indispensable dans la vie humaine. Nos familles, nos sociétés en ont besoin! En cette année de Miséricorde (Eglise catholique), nous voulons et désirons, de tout notre cœur, vivre cette Paix en RDC! »

Publié précédemment sur le Blog hors pair de Didier Makal