Y a-t-il une culture numérique au Tchad ?
Avec 5 % de Tchadiens connectés à internet et des autorités qui n’hésitent pas à couper le réseau, peut-on vraiment parler de « culture numérique » au Tchad ?
Avec 5 % de Tchadiens connectés à internet et des autorités qui n’hésitent pas à couper le réseau, peut-on vraiment parler de « culture numérique » au Tchad ?
Les acteurs tchadiens du numérique ont intérêt à trouver le plus vite possible un moyen pour dialoguer avec nos autorités et leur expliquer que cette censure internet n’est dans l’intérêt de personne. Sinon, j’ai peur que le Tchad devienne comme la Chine en matière de censure internet.
La première édition du Salon africain de l’agriculture s’est tenu à N’Djaména. L’occasion de promouvoir l’agriculture africaine, mais surtout de re-découvrir les produits tchadiens.
Il y a 3 ans, une vidéo de viol avait été postée sur les réseaux sociaux. La vidéo en question avait tellement choqué et indigné les internautes tchadiens que le président de la république, qui à l’époque n’avait que faire des réseaux sociaux, fut obligé d’y débarquer pour essayer de calmer le flot de haine qui se propageait. Malheureusement cette vidéo ne fut pas la dernière à choquer.
Au vu des chiffres du digital au Tchad en 2019, on peut être optimiste, pessimiste ou même relativiser. Quoi qu’il en soit, il y a encore beaucoup de chemin à faire.
Le parc national de Zakouma est situé à environ 800 kilomètres au sud-est de la capitale tchadienne, N’Djaména. Avant l’indépendance du Tchad, c’était une zone de grande faune où beaucoup de colons venaient chasser.
Du 22 décembre 2018 au 2 Janvier 2019, il s’est tenu à la place de la nation de N’Djaména, le Festival Dary. Avec pour slogan « Notre Pays, nos Merveilles », le festival avait pour objectif de valoriser le potentiel culturel et artistique tchadien à travers des danses, des expositions, des prestations artistiques, des jeux et de la gastronomie. 12 jours de festivités pour oublier et bien terminer l’année 2018 qui fut compliquée pour beaucoup de tchadiens.
À N’Djaména, le weekend, il est habituel de voir aux différentes sorties de la ville des marchands ambulants courir vers les voitures pour vendre du pain et différents légumes. Des voitures et pickups, le plus souvent bondés de monde, avec à l’arrière des moutons, des thermos, des boissons gazeuses, du bois de cuisson, des marmites, du matériel de grillade etc.
Toutes ces voitures qui défilent vont en « sortie ». Les sorties sont une sorte de pique-nique à la tchadienne. Les weekends, beaucoup ont pris l’habitude de quitter très tôt la ville pour passer la journée dans leurs vergers – ou ceux de particuliers – situés à quelques kilomètres de la ville, ou même sous les arbres situés au bord des fleuves environnants. Le but de ces sorties est simple : prendre du bon temps et oublier les problèmes de la ville.
Les sorties font partie intégrante de la culture populaire tchadienne. Tout le monde y va. Jeunes, vieux, hautes autorités… car, d’un côté, avoir un verger est assimilé à un signe de richesse, et de l’autre, c’est un investissement qui profite à tout le monde, car même ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir leur propre verger, peuvent venir passer la journée dans celui d’un parfait inconnu, à condition d’avoir l’autorisation du gardien des lieux.
Les sorties se déroulent généralement de la même façon.
Après installation et répartition des tâches, on procède à l’abattage et au dépeçage du mouton. L’équipe chargée de la cuisine va d’abord préparer le Marrara ou tripes qui seront servies en guise de petit déjeuner en attendant le repas de midi.
Au déjeuner, on consomme principalement de la viande grillée et du Djogdjoga (ragoût de mouton).
Entre les repas, on peut même profiter pour boire du lait frais de chamelle que l’on trouve dans les environs.
#Tchad : à Klessoum, à une vingtaine de kilomètres de N’Djaména, on peut trouver du bon lait frais de chameau 🐪. Le litre et demi coute 1000 Fcfa. #Adjib#MonLaitEstLocal pic.twitter.com/yhdlVoZsLv
— Annadjib Ramadane (@annadjib) 16 décembre 2018
Les sorties étant des moments de détente, on passe le plus clair du temps à parler de tout et de rien. On se raconte des blagues, nos souvenirs du quartier, l’essentiel étant de rire et d’oublier les problèmes de la ville. Quant à ceux qui n’aiment pas trop parler, ils s’occupent avec des jeux comme le Scrabble, le Monopoly ou les cartes.
La partie de Monopoly fut terriblement longue, car beaucoup ne comprenaient pas bien les règles du jeu.
Il n’est pas compliqué d’organiser une sortie. La plupart du temps, les personnes intéressées cotisent selon leur nombre, leurs destination et leurs moyens. 2000, 4000, 5000 ou même 10.000 Fcfa. Des budgets qui sont à la portée de tout un chacun, de l’écolier au chômeur vétéran, en passant par le cadre moyen. Donc, si vous êtes fatigués par N’Djaména et que vous voulez vous changer les idées, vous savez quoi faire !
À N’Djaména, capitale de la république du Tchad, le blanchiment de la peau est devenu une pratique banale, comme dans beaucoup d’autres villes du continent africain.
Le blanchiment de la peau, pratique sans cesse décriée pour ses conséquences néfastes sur la santé de ceux qui la pratiquent, est devenue en quelques années un véritable phénomène de société à N’Djaména. Les produits éclaircissants, ou « ambi » comme ils sont communément appelés ici, se vendent comme des petits pains.
Le phénomène touche quasiment toutes les couches de la société. Riches, pauvres, jeunes et vieux. Bien qu’il est devenu banal, le blanchiment de la peau est un sujet tabou avec différentes causes.
Plaire aux hommes
Lors de ma petite enquête sur le sujet, la réponse qui revient le plus souvent c’est que les N’Djaménoises se blanchissent la peau pour plaire aux hommes. Car il faut l’avouer, à N’Djaména, pour beaucoup, c’est la couleur de peau d’une femme qui fait sa beauté. Les femmes à la peau claire, dites Hamra, sont celles qui rencontrent le plus de succès auprès des hommes. Elles sont présumées avoir plus de chances de se marier, et certaines familles peuvent même par ricochet réclamer une dot considérable contre la main de leur fille.
Complexe d’infériorité
Certains évoquent le complexe d’infériorité comme cause du blanchiment de la peau. La clarté de la peau étant devenu un standard de beauté, les femmes avec une peau d’ébène, mal dans leur peau, vont tôt ou tard se l’éclaircir. Plus étonnant encore, il arrive que même des femmes naturellement « claires » utilisent des produits pour s’éclaircir la peau, ce qui revient à un concours silencieux de beauté où la gagnante sera celle qui, à long terme, aura la peau la plus blanche. Peu importe les risques qui vont avec.
Un sujet tabou
Le blanchiment de la peau est un sujet tabou à N’Djaména. Les jeunes filles se blanchissent la peau sous le regard parfois complice de leur entourage, on se partage des conseils sur quel type de crème utiliser, quelle injection prendre pour détruire de l’intérieur les pigments de la peau et avoir une peau digne d’une métisse ou d’une blanche, sans se préoccuper des dangers de la pratique. Car, selon les médecins, cela cause des boutons, cicatrices, vergetures, mauvaises odeurs (de brûlé) et même des cancers.
Les hommes, présumés cause principale du phénomène, font semblant et n’évoquent que très rarement le sujet. Sûrement pour éviter de se faire traiter de « tapette », car ici un homme qui s’intéresse à ce genre de sujet est très mal vu. Alors qu’il suffirait de discuter sérieusement sur le problème pour faire changer les choses. Car ce ne sont pas tous les hommes qui fantasment sur les femmes à peau claire.
Quant à moi, j’avoue avoir une grande attirance pour les femmes qui savent cuisiner…
Il y a une question que je me pose depuis un moment. A-t-on des influenceurs au Tchad ? Ou juste des internautes très connus ?
Vendredi 5 octobre 2018, Airtel, second opérateur téléphonique du Tchad, a lancé officiellement sa 4G. C’est à cet effet qu’affiches et banderoles arborant les nouveaux forfaits sont visibles un peu partout dans la ville de N’Djaména.
Le giga de connexion internet qui coûtait avant 12.000 FCFA passe à 1.500 FCFA (environ 2,3 euros), soit 8 fois moins cher qu’avant. La <<pluie de MB>> comme annoncée sur les tracts est arrivée.
Les internautes tchadiens ont donc exulté et loué l’opérateur qui a enfin pris en compte leurs multiples plaintes et a fait un geste énorme dans la réduction des coûts de la connexion internet au Tchad.
Mais le hic dans cette histoire, c’est que le prix du giga a certes baissé mais les internautes tchadiens ne sont pas pour autant soulagés, car les prix des autres forfaits << abordables >> restent inchangés. Pour avoir 10 MB de connexion, il faut toujours payer 250 FCFA.
Alors, cette pluie de MB est-elle vraiment salvatrice, ou bien c’est encore une arnaque qui ne dit pas son nom ?
Des forfaits non adaptés aux internautes
Casser le prix du forfait c’est bien, mais mettre en place des forfaits adaptés et accessibles à tous les internautes c’est mieux.
Les nouveaux forfaits d’Airtel sont certes moins chers, mais pas du tout pratiques. Le délai de validité du forfait 1 giga passe d’un mois à une seule journée. Si on veut un forfait qui dure plus longtemps, il va falloir débourser 6.000 FCFA pour 4 gigas valables une semaine ou 20.000 FCFA pour 14 gigas valables 1 mois.
Les internautes sans pouvoir d’achat ne peuvent donc se permettre de dépenser jusqu’à 1.500 FCFA pour un simple giga de connexion valable une journée. Même dans l’urgence, même si on cotise, le jeu n’en vaut pas la chandelle.
La majorité des internautes va continuer à utiliser les anciens forfaits, ce qui n’est pas le cas de ceux qui utilisent internet à des fins professionnelles.
Des forfaits pratiques entrepreneurs du numérique
S’il y a un point sur lequel beaucoup sont d’accord, c’est que les nouveaux forfaits sont pratiques pour ceux qui n’utilisent pas internet comme un simple loisir.
Les médias en ligne, les entrepreneurs du numérique, les étudiants en ligne et autres voient dans le forfait 14 gigas à 20.000 FCFA valable 1 mois une aubaine. C’est plus pratique que l’ancien où on avait à peine 1,5 giga de connexion pour le même prix.
Quoi qu’il en soit, ces nouveaux forfaits ont le mérite de faire avancer les choses. On espère que l’autre opérateur téléphonique va riposter et proposer des forfaits plus abordables pour les internautes.
On ne le dira jamais assez, au Tchad la connexion Internet est l’une des plus chères du continent africain. Un pays où le taux de pénétration d’Internet est de 5 %, soit le plus bas de tout le continent, avec environ 250.000 utilisateurs des réseaux sociaux seulement, pour une population de plus de 15 millions d’habitants. Malgré ces chiffres ridicules, alarmants, voire tristes, les autorités tchadiennes n’ont pas hésité à restreindre…
N’djaména. On est au quartier N’Gabo, dans le 8ème arrondissement de la capitale tchadienne. Les rues sont inondées, au loin on voit une voiture bloquée dans la boue, un malheureux motard qui a surement glissé -sa djellaba est recouverte d’une mixture marron et visqueuse- on voit aussi une charrette qui transporte une moto et quelques personnes… En bref, c’est la saison des pluies.
Il y a une semaine, une violente averse s’est abattue sur N’Djaména. Certains disent dans mon quartier que c’est une pluie comme on en voit tous les cinq ans. En une nuit, le canal de drainage des eaux pluviales a été saturé au point de déborder dans les rues. Les eaux du quartier ne pouvant plus s’écouler, elles sont restées à l’intérieur du quartier, de sorte que le lendemain une étendue d’eau de près de 700 mètres est apparue dans la rue principale (qui est un peu basse). Beaucoup de maisons ont été inondées et les occupants ont été obligés de partir en attendant que l’eau s’écoule enfin.
#Tchad : notre quartier (Ngabo) après l’averse de ce matin. #Adjib pic.twitter.com/QHJLMx2hew
— Annadjib Ramadane (@annadjib) 23 août 2018
Difficile de sortir du quartier
Depuis que le quartier est inondé, il est difficile d’en sortir. Les bus et les taxis ne peuvent pas traverser l’étendue d’eau, ils attendent donc les clients tranquillement de l’autre côté.
Pour traverser, chacun se débrouille. Soit on y va à pied, en prenant le risque de se mouiller, de se salir ou même de glisser, soit on attend qu’une grosse voiture passe par là (un 4X4 de préférence) pour s’y accrocher vite fait. Mais on prend alors le risque de tomber parce que le propriétaire de ladite voiture a refusé de s’arrêter un moment pour permettre aux gens de monter…
Heureusement, il y a un moyen plus sûr et moins salissant de traverser l’étendue d’eau : les charrettes.
Dès le premier jour de l’inondation, l’esprit entrepreneurial des tchadiens s’est manifesté. Une douzaine de charrettes tirées par des chevaux sont apparues dans les rues du quartier. Les charrettes transportent en moyenne sept personnes, et le prix est de 100 FCFA pour un passager. Les charrettes transportent aussi des motos, des meubles etc.
#Tchad : sortie du quartier en charrette. #Adjib pic.twitter.com/FR5N5teD7I
— Annadjib Ramadane (@annadjib) 27 août 2018
Certains au quartier considèrent les charrettes comme une humiliation, un retour vers le passé, mais comme on n’a pas le choix, on fait avec. Il y aurait eu des pirogues, on serait quand même monté dessus.
#Tchad : depuis que notre quartier est inondé, on se déplace comme on peut. #Adjib pic.twitter.com/FXgmQEbVQc
— Annadjib Ramadane (@annadjib) 25 août 2018
Et la mairie dans tout ça ?
Deux ou trois jours après l’inondation du quartier, des agents de la mairie sont venus faire un état des lieux. Aux dernières nouvelles, un Caterpillar est enfin sur les lieux et creuse tant bien que mal un caniveau pour évacuer l’eau. En attendant, on utilise toujours les charrettes !
#Tchad : un Cheval de trait. #Adjib pic.twitter.com/8idSgp37T4
— Annadjib Ramadane (@annadjib) 28 août 2018
Etre un blogueur au Tchad, c’est raconter ce qui se passe dans ce magnifique pays. Même si c’est compliqué et perçu comme inutile.
Voilà 5 mois que le Tchad est sous le coup d’une censure internet. Plus aucun site ne passe par les réseaux normaux. Résultat, les habitudes des tchadiens évoluent.
Dans la salle de conférence de l’hôtel Le rocher de Dandi – une petite ville située à 101 kilomètres de N’Djaména, la capitale tchadienne – un homme, la vingtaine, se tient debout devant un public composé de près d’une trentaine d’individus. Cet homme, c’est Cheikh T. D, chef de projet au Tchad, de Social Change Factory, un centre de leadership citoyen fondé en 2014 au Sénégal. Centre ayant initié le concours Voix des Jeunes – Tchad.
Avec le programme Voix des jeunes, #SoyonsSolutions
#SoyonsSolutions, tel est le mot clé qui résume la philosophie de Voix des jeunes, un concours télévisé de solutions ouvert aux étudiants. Après le Sénégal, la Guinée Conakry et la Côte d’ivoire, le concours acceuille cette année le Tchad et le Burkina.
Le concours « ambitionne de favoriser l’éclosion d’une génération de jeunes qui partagent de fortes valeurs citoyennes, économiques, environnementales et sociales. ».
Ceci à travers une compétition télévisée où les différentes équipes sont regroupées en poules. À Chaque poule est associé un thème, et dans chaque thème, une problématique particulière est attribuée aux différentes équipes de la poule. Les équipes devront alors analyser la problématique, y trouver une solution et une stratégie pour la mettre en oeuvre.
Pour cette première édition, les étudiants tchadiens ont 4 thèmes pour se départager : Environnement, Emploi, Protection des enfants et Éducation.
« 1 Concours, 10 Universités, 1 Aventure, 1 Vainqueur. »
Au lancement du concours Voix des jeunes – Tchad, il y avait dix équipes en compétition. Une a été éliminée lors du premier Boot Camp organisé dans la ville de Dougia – situé à moins de 100 kilomètres de N’Djaména – la seconde, lors des quarts de finale de la compétition, dont le tournage en public a eu lieu au centre Al Mouna à N’Djaména.
Ce sont les 8 équipes restantes qui ont pris part au second Boot Camp de Dandi.
Les Boot Camps, ou formations intensives
À chaque étape du programme, les participants toujours en compétition sont conviés à prendre part à un Boot Camp organisé dans une ville du pays.
Formations, conseils, retours sur l’évolution de la compétion et diverses activités marquent les Boot Camps. Ceci pour « apporter une valeur ajoutée à la formation classique des etudiants. ».
Lors du Boot Camp de Dandi, il y a eu des seances de coaching animées par des experts de l’Unicef et autres facilitateurs, des formations sur « La gestion de projets », « Réussir sa présentation Power Point » etc. Dès le debut du Boot Camp de Dandi, l’accent a été mis sur la « Prise de parole en public » car, malgré une première formation sur le sujet lors du Boot Camp de Dougia, beaucoup d’étudiants ont eu de serieux problèmes lors des premiers matchs de la compétitions. Trac, mauvaise gestuelle et panique ont faillit gâcher leurs présentations.
Le Boot Camp de Dandi s’est achevé par le service communautaire
Il est coutume de terminer les Boot Camps par un service communautaire.
Lors du service communautaire, diverses actions sont menées pour répondre à des problèmes communautaire en impliquant les membres de la communauté ( chefs de carrés, associations de jeunes…).
Pour le lieu d’exécution du service communautaire, l’école de Dandi a été choisie.
Des équipes se sont formées et ont eu pour différentes tâches de planter près de 200 arbres, refectionner les tables et bancs de l’école, remettre à neuf les tableaux et tout nettoyer.
À la fin du Boot Camp qui a duré 3 jours, les équipes ont regagné leurs différentes universités, parfois lointaines comme celle d’Abeché à plus de 900 kilomètres de la capitale, pour préparer les démis finales du concours.
En attendant, à N’Djaména, dans les bureaux de Social Change Factory, le staff s’active pour préparer le prochain match et régler les derniers détails pour la diffusion à la Télé Tchad des matchs du concours.
« Il n’y a pas de monnaie ». Depuis quelques mois, cette phrase est devenue récurrente à N’Djaména.
Pas de pièces, pas de petites coupures. Trouver de la monnaie est devenu un véritable problème à N’Djaména. Les commerces disent ne pas en avoir et ne servent que ceux qui en ont, ou bien ils vous servent et gardent avec eux votre billet jusqu’à ce que vous achetiez plus, pour en sorte que vous l’ayez complètement dépensé.
Quant aux transporteurs publics, ils sont plus ou moins capricieux. Parfois il y a une ralonge de 50 FCFA sur le prix du transport de la personne qui ose sortir un billet sans avoir prévenu… avec insultes si affinités. Et en fin de journée c’est : soit vous avez de la monnaie et vous prenez le transport, soit vous dégagez. Et pas la peine de discuter ni même de supplier.
Alors, où est passée la monnaie ?
Depuis un moment, cette question alimente les discussions dans les quartiers, bureaux et transports publics.
Les économistes et autres personnes ayant quelques notions en économie, feront certainement un parallèle entre la crise économique qui secoue le pays et la diminution du flux d’argent en circulation. Le N’Djaménois lambda, non instruit et rempli de préjugés, quant à lui, a réussi à trouver des réponses à cette question, réponses plus ou moins tirées par les cheveux, mais des réponses quand même.
La faute aux jeux de hasards
Ces derniers temps, j’ai souvent pris les transports en commun. À chaque fois que quelqu’un dans le bus ou le taxi se plaint du problème de manque de monnaie, il y a toujours quelqu’un qui donne cette explication : « c’est la faute aux jeux de hasards ».
Selon les usagers, les jeunes (qui en sont devenus accros) ramènent là bas toutes les pièces qu’ils trouvent. Et plus encore, les chinois qui sont présumés êtres les cerveaux de l’affaire, envoient toutes les pièces qu’ils peuvent récupérer en Chine car selon les usagers, c’est « une richesse chez eux ».
S’en suit la plupart du temps de longs réquisitoires contre les chinois. Ils sont traités de « voleurs d’ânes », « voleurs de grenouilles » et même responsables du manque de pluies. Sacrés chinois !
Mais d’autres, plus réservés, pensent que c’est parce que beaucoup de grands commerçants préfèrent garder leur argent chez eux.
Les commerçants tchadiens n’ont pas confiance dans les banques
Même si ça change petit à petit, il est vrai que beaucoup de commerçants tchadiens ne gardent pas leurs sous en banque. Parfois par manque de confiance, parfois pour raisons réligieuses, car pour beaucoup, la banque c’est illicite. Un ami me confiait que dans leur quartier, ils ont une grande commerçante qui garde tous son argent chez elle. Elle aurait même des bassins remplis de pièces équivalent à 500.000 FCFA. C’est pratique car les termites ne peuvent pas ronger les pièces, et on imagine mal un bandit dérober un bassin rempli de pièces et pesant près de 30 kilos !
Quoi qu’il en soit, pour l’instant à N’Djaména, les banques ne manquent ni de monnaie ni de petites coupures. C’est peut-être quand elles en manqueront aussi qu’il faudra vraiment s’inquiéter.
Au Tchad, le domaine de la communication a vu naître par ordonnance une nouvelle autorité la régulant ; autorité qui encadre aussi les blogs.