Annadjib Ramadane

Santé publique : lancement de la campagne #RégléeCommeElle

Violences, mutilations, mariages précoces et humiliations sont le lot quotidien d’une partie des tchadiennes. Leur place dans la société, bien qu’on soit au 21ème siècle n’est pas de choix et certains domaines importants de leur éducation sont encore zappés par l’Education Nationale. Notamment l’éducation et l’hygiène sexuelle qui existent déjà dans plusieurs programmes scolaires des pays de la sous-région.
Ainsi parlant d’éducation sexuelle et principalement d’hygiène, un point important pour les filles est presque jamais abordé par les parents, que ce soit le père ou la mère, la question générale des règles est traitée à la va-vite. Le père, le frère et l’époux tchadien, même dans le pire des cas, n’abordent jamais la question des règles avec ses femmes avec qui ils partagent leur quotidien. Cet état de fait est dû au caractère tabou de « la chose ».

D’où surgissent des problèmes

La femme tchadienne est principalement ménagère, dans certaines tribus, elle ne reçoit les bases de son éducation et hygiène sexuelle qu’a l’approche du mariage. Mais le problème posé ici c’est que l’actuelle jeune fille tchadienne est principalement scolarisée et certaines ont eu « le malheur » d’avoir pour la 1ère fois leurs règles sur les bancs de l’école, suscitant ainsi mépris, dégoût de leurs camarades qui ne comprennent rien de ce phénomène inévitable.

La jeune fille recevra des conseils parfois avisés et malheureusement dans la plupart  des cas insuffisants pour gérer ses menstruations. L’important pour elle sera juste de savoir à quelle date se présentent les « bérets rouges » comme elles les appellent ici, et juste pouvoir stopper ce flux de sang par n’importe quel moyen, celles ayant un peu de moyens pourront utiliser les lingettes et cotons bon marché qu’on vend dans toutes les boutiques et d’autres des lingettes plus adaptées.

La provenance des serviettes étant inconnue, plusieurs problèmes se posent :

  • Ils ne sont pas adaptés à tous
  • Parfois ils causent des irritations et infections

La campagne #RegléeCommeElle

Affiche de la campagne #RegléeCommeElle . cc Entreprendre l’Afrique

En vue de répondre aux problèmes posés par le caractère tabou de l’éducation et l’hygiène sexuelle au Tchad, Entreprendre l’Afrique en partenariat avec WenakLAbs lance la campagne de collecte de produits d’hygiène intime pour les jeunes filles au Tchad#RegléeCommeElle, le but de la campagne étant de :

  1. Collecter des produits d’hygiènes intimes
  2. Faire une campagne de sensibilisation de masse dans les villes et les villages
  3. Plaidoyer pour l’introduction d’un programme « d’Education à la Vie Familiale » au collège (de la 6ème à la 3ème)
  4. Créer avec le soutien des ONG et autres bailleurs des centres d’écoute et de conseils des jeunes filles mais également des infirmeries dans les écoles publiques qui n’en ont pas

Cette situation étant source de nombreux problèmes de santé de reproduction, de troubles psychologiques et surtout un frein majeur à la scolarité de ces filles, la campagne espère avec l’aide de tous pouvoir assurer une meilleure hygiène de vie à toutes ses femmes qui nous sont si chères.

Pour nous contacter : contact@entreprendrelafrique.com

Vous pouvez aussi lire un autre article de la campagne ici

Annadjib


​Tchad : mes débuts à l’université

Décembre 2012, les étudiants de 1ère année sont enfin autorisés à commencer les cours, à la suite d’une histoire de re-correction et de 2ème tour du baccalauréat… la rentrée avait pris du retard car il était impossible de commencer les cours sans que tout les bacheliers soient fixés sur leur sort. L’université d’Abéché, située à 900 km de N’Djaména, la capitale, est célèbre. Son renom vient du fait que là bas les années élastiques sont rares, le calendrier y est respecté. Vu que j’ai beaucoup de famille à Abéché, il n’y avait pas beaucoup de suspens sur le début de mon parcours universitaire…
Alors que plusieurs de mes camarades du lycée étaient déjà sur place pour la première journée de cour, avec un cour de Droit Constitutionnel, moi j’étais encore à Ndjaména pour diverses raisons et je le harcelais par mes appels téléphoniques :

-Haggar, N’oublie pas de me garder une place !

– Haggar, est-ce que le prof a beaucoup écrit ?

– Haggar ! Vous êtes combien ? Vous êtes nombreux ?

En fait, ça ne servait à rien de déranger les gens à distance… finalement je suis arrivé à Abéché avec 3 jours de retard sur les cours.
Premier jour, premières désillusions

Université d’Abeché. Cc : Annadjib

La première fois que j’ai mis les pieds à l’université, j’étais escorté par un oncle, pour que je ne me perde pas et probablement aussi pour alimenter pour un temps la rubrique faits divers de mon nouveau quartier d’accueil…

Arrivé devant l’amphithéâtre, j’ai remarqué que le prof s’était absenté un moment, j’en ai profité pour entrer dans la  grande salle de cours, une salle pleine à rabord avec près de 300 étudiants. Quasiment toutes les places étaient occupées, j’avançais vers le fond où j’avais remarqué une table et un banc à moitié poussiéreux mais libre. Pendant mon entrée dans l’amphithéâtre, je remarquais que ça criait comme dans un stade de foot, avec des insultes : « Massas ! Massas* » et autres termes incompréhensibles pour le nouveau que j’étais .Puis le prof arriva et le calme s’installa enfin.
Pendant le cour je remarquais plusieurs choses :

  • Il fallait écrire très vite et même sauter des paragraphes entiers si on voulait rester à jour, car ici c’est pas comme le lycée où le prof répète et répète encore.
  • Quand un étudiant posait des questions, les autres criaient pour que le prof ne puisse pas répondre.
  • Concernant les filles, sortir et entrer pendant le cour est suivi de grands cris et d’insultes dignes de mâles surexcités.

Le cour se termina enfin, après sept longues heures d’écriture !

Un vieil ami du lycée  m’approcha et me révéla quelques secrets :

  1. À l’Université on a pas de place réservée et fixe. Le premier arrivé  s’asseoit où il veut.
  2. Les cris suivi de « Massas » à mon entrée s’adressaient en fait à moi.

Familiarisation avec le nouvel environnement

Il ne m’a pas fallut beaucoup de temps pour me familiariser avec l’environnement universitaire.
À force d’observations j’ai remarqué que dans l’écosystème universitaire il y avait plusieurs espèces, voici les principales  :

1- Les tomes :

Avec nous, il y avait beaucoup d’anciens, les « tomes » comme on les appelle. Plus ils redoublaient, plus les galons venaient s’ajouter à eux. Ainsi il y avait des Tome 1, des Tomes 2 et ce jusqu’aux plus redoutables, les Tome 4 et 5 . Les tomes sont respectés par leurs confrères, ce sont eux qu’on retrouve au fond des amphithéâtres à faire du bruit et à perturber les profs.

2- Les killers :

Les Killers sont des profs réputés être cruels, ils lésinent à donner des points aux étudiants, ils sont surtout connus pour la dureté de leurs épreuves et la rigueur de leurs corrections. Les 5/20 et 4/20 sont courants avec eux.

3-Les nouveaux : 

Les nouveaux sont reconnaissables à leur grand sourire, leur présence à tous les cours et surtout à leur look de lycéen : cheveux bien peignés, habits repassés. Attitude qui disparaîtra dès les résultats des premiers examens pour laisser place à des cheveux ébouriffés et à des yeux hagards.

4-Les étudiants chercheurs :

Les étudiants chercheurs sont ceux qui, comme les nouveaux, viennent tous les jours à l’université, qu’il y ait cours ou pas. Ils passent la plupart du temps à la bibliothèque à lire, relire ou photocopier des livres qu’ils ne comprennent parfois même pas.

Le temps est passé, je me suis familiarisé avec les notes catastrophiques, le rythme universitaire et je séchais même les cours.

À la fin j’ai compris que les anciens avaient raison quand ils disaient :

À l’Université c’est pas l’intelligence qui compte, mais l’endurance.

 

*Massas : signifie « sorcier » en arabe tchadien.

Billet dédié à toute la promotion de 2012 de l’Université d’Abéché.

Annadjib


Tchad : brûler nos diplômes et ensuite ?

Un petit fait divers de l’actualité tchadienne a attiré mon attention : l’opération, brûler les diplômes
Je vous explique le concept : des étudiants et quelques diplômés au chômage, depuis 10 ans pour certains, toujours dans leurs revendications se sont attroupés près de l’assemblée nationale et ont décidés de brûler leurs diplômes car selon les mots du leader du groupe :

« Les jeunes diplômés sont abandonnés à leur triste sort »

Des diplômés délaissés par l’Etat il y en a partout, surtout en Afrique où le chômage est quelque chose de banal. Mais des diplômés qui brûlent leur diplômes justes parce qu’ils n’ont pas trouvé de travail, c’est la 1ere fois que j’en entends parler.

Le reflet du désespoir d’une jeunesse désorientée 

La jeunesse tchadienne a toujours eu pour rêve de travailler dans la fonction publique. Jusqu’à aujourd’hui, la fonction publique a toujours été considérée comme l’unique aboutissement naturel de toutes nos études. Ainsi, on a beau travailler dans le privé, en freelance, c’est toujours considéré comme zéro par l’entourage qui est persuadé que l’avenir, c’est la fonction publique. Moi par exemple, parfois des proches me demandent si j’ai déposé pour l’intégration à la fonction publique, je dis que Oui, et tout d’un coup ils sont soulagés alors que personnellement je ne sais pas où en sont mes dossiers car je n’ai pas déposé par ambition, juste pour faire comme tout le monde, pour qu’on me laisse tranquille.

Ainsi le 1er réflexe de la majorité de nos diplômés c’est de déposer à la fonction publique puis attendre.  Attente qui pour les moins chanceux est de 2, 3, 5 ans. Et pour les malchanceux jusqu’à 10 ans. Parce que faut l’avouer, chez nous si on n’est pas pistonné, faut être sacrement chanceux pour être à la fonction publique.

Ces derniers temps avec la crise, l’Etat étant incapable de payer le salaire des fonctionnaires à décidé de geler l’intégration à la fonction publique. Ce qui est, pour ceux qui attendent l’intégration depuis un bon bout de temps, le coup de grâce.

Alors il y a eu un sit-in devant l’Assemblée nationale et les étudiants ont tout simplement brûlé leurs diplômes pour exprimer leur mécontentement. Peut-être que c’est le reflet du désespoir d’une jeunesse désorientée, résignée qui a vu tous ses rêves de fonction publique dès l’obtention du précieux sésame qu’est le diplôme tomber à l’eau.

Mais brûler des diplômes n’est pas la solution

La meilleure solution pour ne pas trouver un emploi que ce soit dans le public ou le privé c’est de brûler son diplôme. Je me souviens qu’un jour j’avais fait un avion en papier avec une de mes attestations de licence en fredonnant SKYFALL, mais je n’ai pas eu l’idée de la brûler.

On n’a jamais vu un bûcheron briser sa hache parce qu’il n’a pas trouvé de bois à couper, on n’a pas vu de blanchisseur détruire ses sceaux d’eau faute de clients etc. etc.

Ce qui n’est pas précisé c’est qu’on ne sait pas si ce qu’ils ont brûlé c’était leurs diplômes originaux où des copies. De toute façon s’ils veulent, ils peuvent se faire délivrer des duplicatas, ce qui est certes un prêche dans le désert car s’il fallait manifester, faire des sit-in et s’immoler bruler des diplômes pour faire changer les choses au Tchad, ça se saurait.

La solution serait peut-être d’entreprendre

L’Etat n’est pas le seul employeur mais il est également difficile de travailler dans le privé à cause des exigences d’expériences, des qualifications et du nombre très restreints de places disponibles.

On peut tout de même essayer de monter sa propre boite et prendre un crédit, mais comme l’Etat est en crise et que de toute façon on ne prête qu’aux riches, revoir ses exigences à la baisse peut être salutaire. Les micro-crédits existent pour les petits commerces, et les conditions pour leur obtention sont à la portée de toute personne ayant un projet viable et surtout patient. Pour les rêveurs, il suffirait juste d’attendre et prier beaucoup en espérant que des arrêtés tombent du ciel.

Annadjib


​Je suis tchadien, la crise est une opportunité pour moi

La vache est maigre, les 16 mesures, serrez vos ceintures… sont les nouveaux slogans que les politiques scandent depuis un bon moment pour faire passer l’amère pilule de la crise économique. Une crise qui rend de plus en plus pessimiste sur l’avenir du pays et de ses citoyens, surtout ceux qui dépendent en grande partie de l’Etat. Plus précisément les fonctionnaires, les étudiants et ceux qui attendent toujours leur fameuse intégration à la fonction publique qui relève désormais plus du mythe que d’un futur proche.
Alors, plutôt que de rester prisonnier du pessimisme tchadien, entre mauvaise foi et orgueil démesuré, je préfère tout simplement relativiser et voir dans cette crise une opportunité pour moi.

La crise, une opportunité pour me remettre en question

Avec la crise, je me suis rendu compte que tout l’hypothétique postulat par lequel je construisais mon futur était en fait, bancal, inadapté à mes aspirations. En fait, avais-je vraiment un rêve ?

Je croyais comme la majorité de ma génération que la fonction publique, était le seul débouché de toutes nos interminables études, qu’il n’y avait rien de mieux pour moi que sortir tôt de la maison et revenir le soir tout fier de dire ‘’je suis un fonctionnaire’’

Peut-être qu’à l’époque ou l’Etat tchadien était encore jeune, et avait besoin de l’aide de tous ses fils, être fonctionnaire était louable. Mais aujourd’hui, les fonctionnaires ne manquent pas, l’Etat n’arrive plus à virer les salaires et bientôt y’aura plus de candidats à la fonction publique que de fonctionnaires eux-mêmes.

Ce rêve était en fait biaisé et inadapté aux évolutions du monde dans lequel on vit. Quitte à rêver d’un avenir radieux, autant mettre la main et la patte et construire nous-même notre futur et laisser l’Etat en paix.

La crise, une opportunité pour moi d’entreprendre

Y’a quelques mois, je parlais de ceux qui ont choisis de rester chômeurs  et comme la crise ne résout rien, c’est mieux de s’inspirer du parcours de tous ceux qui ont réussis sans l’aide de l’Etat, ces self-made-man qui se sont construit un empire grâce à l’entreprenariat. Pourquoi ont-ils réussis et pas moi ?

L’entreprenariat au Tchad est encore méconnu et ce n’est pas les domaines ou entreprendre qui manquent. Sante, agriculture, numérique, alimentaire, éducation, vestimentaire etc. sont  des domaines encore quasiment inexploités. On se plaint constamment de notre misère, accusant l’Etat, pendant ce temps les marques de vêtements, des pâtisseries, des restaurants, des hôtels appartenant tous à des expatriés produisant du « made in Tchad » et se partagent sans grandes difficultés le marché.

On me dira qu’il est difficile d’entreprendre sans financement de l’Etat, mais ce n’est pas uniquement l’Etat qui finance les projets, chaque jour je tombe sur des appels à candidature de financement de projets de la part de divers organismes internationaux. Si l’on avait le cran d’oser et de proposer des projets viables, on gagnerait surement. En attendant, le peuple paresseux préfère attendre de l’aide.

La crise, une opportunité pour moi de laisser l’Etat tranquille

Si l’Etat n’a plus rien, que gagne-t-on à le critiquer, à comparer jour et nuit notre situation à celles des pays  voisins ?

Je propose qu’on laisse tout simplement l’Etat dans son coin et que tout le monde mette la main à la pâte pour changer notre situation car un Etat ne se développe pas uniquement grâce aux gouvernants.

En criminologie on dit « chaque société a les criminels qu’elle mérite »  Peut être qu’en réalité on est la cause et le remède de la crise.

Annadjib


Mes débuts en cuisine

Avant mon deuxième cycle universitaire je n’étais pas obligé de faire de la cuisine, car chez nous la cuisine est exclusivement réservée aux femmes, un sanctuaire qu’un non initié ne peut fouler impunément au risque d’y perdre des plumes.

Puis pour des raisons universitaires, je me suis retrouvé seul dans une chambre, loin de la famille et, pour éviter les dépenses excessives et les aliments douteux, je me suis improvisé cuisinier.

La cuisine j’en connaissais déjà les bases, j’étais un pro en omelettes, en avocats et en sardines !

Mais il a fallu évoluer car à long terme ça lassait. En plus on m’a toujours conseillé de manger des aliments chauds car le froid et les aliments légers ça donne le paludisme.

Alors je me suis mis à cuisiner comme tous les étudiants

J’ai adopté le régime alimentaire de tous les étudiants : le R-P-R ou Riz-Pâtes-Riz. Parce que ce n’est pas cher et c’est rapide à cuisiner, pour peu qu’on s’y connaisse en cuisine.

J’ai commencé par les spaghettis :

Par fierté j’ai refusé de lire des tutoriels sur la cuisson des spaghettis, j’ai préféré improviser et les premiers spaghettis sortis de la marmite étaient selon les commentaires de quelques amis :

-Trop salés, tu sais que l’abus de sel rend aveugle !?

-Trop secs

-C’est quelle marque de spaghettis ?

-De toute façon moi à N’Djamena, je mangeais rarement les spaghettis

Pourtant il est écrit sur les sachets de spaghettis que ça cuit en 5 minutes. Encore une publicité mensongère.

Crédit photo : Dessin animé Disney/Pixar RATATOUILLE

Puis le riz :

Le riz avait l’air facile à cuire, mais les commentaires ont débutés dès  la cuisson :

-Attention ! On ne tourne pas le riz dans la marmite, ce ne sont pas des spaghettis

-Pas assez cuit, fallait rajouter de l’eau

Et enfin le plus dur, la sauce :

N’étant pas un pro, j’avais mes limites, je n’allais donc pas dès le premier jour me lancer une sauce à l’oseille ! J’ai décidé de m’entrainer à faire des sauces tomates, et ce jour-là j’ai appris plusieurs choses :

La différence entre une soupe et une sauce c’est que la soupe est transparente.

On fait toujours cuire la viande avant de la rajouter à la sauce.

Crédit photo : Dessin animé Disney/Pixar RATATOUILLE

Je n’étais malheureusement pas doué en cuisine

J’ai dû faire un « stage » chez un ami

J’ai mis ma fierté saiyan de côté et je suis allé chez un ami pour qu’il m’apprenne ses secrets, car il était vraiment doué ; tellement doué qu’il a dû, lui aussi apprendre chez quelqu’un !

J’ai appris les bases de la cuisson, j’ai appris à bien assaisonner et à  limiter l’huile car son abus n’est pas bon pour la santé.

Je me débrouille pas mal désormais, et je ne risque plus d’intoxiquer quelqu’un !



Tchad : la fermeture de la frontière avec la Libye est un calvaire pour la population

Le Tchad ferme sa frontière avec la Libye

Jeudi 5 janvier, le premier ministre tchadien a annoncé la fermeture de la frontière nord du pays avec la Libye dans un message radiotélévisé. Le Tchad et la Libye c’est plus de 1000 kilomètres de frontière qui, depuis le conflit des années 80, était ouverte.

Le gouvernement justifie la fermeture pour des raisons sécuritaires, il a fait état d’« une potentielle grave menace d’infiltration terroriste ». La frontière est en effet poreuse et, depuis la crise libyenne, elle est devenue un véritable nid à calamités comme le terrorisme et les rébellions.

On pourrait s’arrêter là car défendre le territoire national est l’un des devoirs de l’État, mais cette fermeture est un véritable calvaire pour les populations.

La situation particulière du nord

Le nord du Tchad c’est 3 régions, Bourkou, Ennedi et Tibesti. Le point commun entre ces régions c’est qu’elles sont plus proches des grandes villes libyennes que des grandes villes tchadiennes.

Carte du Tchad

 

La ville libyenne la plus proche de la frontière est Al khoufra, elle est à  750 km d’Ounianga kebir qui se trouve au nord du TchadTandis que N’Djamena, la capitale tchadienne, se trouve à plus de 1300 km d’Ounianga Kebir… quasiment le double en distance !
On peut donc dire que les villes de l’extrême nord du pays dépendent plus des villes libyennes, qui sont géographiquement beaucoup plus proches, que des grandes villes du Tchad.

Nord du Tchad. Credit photo Rfi

 

Des liens historiques et économiques

Historiquement, le Tchad a des tribus communes avec la Libye, les Toubou en sont le parfait exemple.

Credit photo
Les Toubous sont aussi présents au Niger. Crédit photo : Tamoudre.org

 

Les relations commerciales se font principalement avec la Libye qui approvisionne à 90 pour cent le nord du Tchad.

Aussi, les populations préfèrent aller se soigner là bas car on y trouve des soins de qualité.

Des Nomades. Crédit photo Rfi


Les problèmes que cause la fermeture de la frontière

Jusqu’ici, malgré l’insécurité frontalière, les échanges économiques continuaient tant bien que mal.

La subite fermeture de la frontière va s’accompagner d’une hausse du prix des produits qui viendront désormais d’Abéché (à l’Est) et du centre.

Les populations qui voudront des soins de qualité devront aller soit à la capitale, soit au Soudan voisin proche d’Abéché.

Avec la crise que vit déjà le Tchad, c’est un problème de plus qu’on ne résoudra pas de sitôt.

Annadjib


Tchadiens, devenez des community manager

Selon l’état des lieux d’internet et des réseaux sociaux dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, la zone Cemac, le Tchad compte près de 360 000 utilisateurs d’internet et près de 200 000 utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux, donc principalement sur Facebook. Près de 200 000 utilisateurs actifs par rapport aux 11 millions d’habitants, c’est un pourcentage de près de 2 pour 100, c’est très peu si l’on…



Quid de la seconde édition de la semaine numérique au Tchad ?

Le 27 novembre 2014 s’était déroulé la 1 ère semaine numérique au Tchad à l’initiative de Wenak labs et de l’atelier des médias de Rfi .

Ateliers, formations et réflexions autour du numérique ont animés la 1 ère édition de la semaine du numérique qui avait pour thème : Les Tic au service du développement.
Cette année la seconde édition de la semaine du numérique s’est déroulée du 14 au 17 décembre, organisée par WenakLabs en partenariat avec l’Institut français au Tchad qui a abrité dans ses locaux, les differentes activités.

Cette seconde édition de la semaine du numérique a été plus riche que l’ancienne, notamment en terme de visites, d’ateliers qui étaient au nombre de 3 et de participants.

On a eu :

L’atelier réseaux sociaux et artistes 

Un atelier sur Comment effectuer sa veille journalistique sur internet? Animé par Mamadou Djimtebaye, Directeur de Tchadinfos

Et enfin l’atelier Jerryclan sur la construction en commun d’un ordinateur à partir de matériaux recyclés et la présentation de la cartographie numérique.

Déplacement des composantes. Crédit photo : WenakLabs
Des lycéens vraiment motivés. Credit photo : WenakLabs
Pose de la carte mère dans le Jerry. Credit photo : WenakLabs
Presentation de la Cartographie numerique, #OpenstreetMap. Crédit photo : @abdallah_td

La semaine du numérique s’est clôturée le samedi par un Barcamp et le lancement de la seconde session de l’heure du net.Un BarCamp est une rencontre, une non-conférence ouverte, qui prend la forme d’ateliers-événements participatifs où le contenu est fourni par des participants qui doivent tous, à un titre ou à un autre, apporter quelque chose au Barcamp. C’est le principe « pas de spectateur », « tous participants ». Le barcamp a rassemblé beaucoup d’acteurs du numerique tchadien dont l’équipe d’ Isoc Chad qui nous a parlé de contenu tchadien sur internet, de création de sites web avec notre nom de domaine, une intervention pleine d’anecdotes.

Le coordonnateur du Reseau des Jeunes pour le Développement
et le Leadership
 nous a parlé de l’opportunité de l’internet pour la jeunesse tchadienne.

J’ai également eu l’occasion de parler de blog, réseaux sociaux avec Abdallah et Salim .

Toujours dans les réseaux sociaux, Chérif nous a parlé de son amour pour twitter qu’il considère comme une drogue.

On a clôturé le Barcamp par le lancement de la campagne Un Hashtag pour le Tchad .

Crédit photo : @fortius0

La journée s’est terminée avec le lancement de la seconde saison de L’heure du net qui est un rendez-vous bimensuel ayant pour objectif de sensibiliser les jeunes tchadiens à Internet et aux réseaux sociaux. On a assisté à la présentation du Massiv open (off)line course (MOOC BOX)  Un boîtier qui contient des cours. Pas besoin d’internet pour l’utiliser. Selon Bouchra de TECHNIDEV « la MOOC BOX cible les élèves, les étudiants, les professionnels, les enseignants et les parents, il est déjà disponible à l’Institut français.

La semaine a été enrichissante, beaucoup de discussions qui m’ont imprégnés des difficultés et enjeux du numerique tchadien.

J’ai surtout eu l’occasion de rencontrer beaucoup de monde, mes vieux amis de twitter, des journalistes, des concepteurs d’applications et Youtubeurs.
Vivement la prochaine semaine numérique.

Annadjib



De la nécessité d’un mot clé pour Twitter Tchad 

Rares sont les tchadiens présents sur Twitter. Je n’ai pas les chiffres exacts, mais comparé à la communauté Facebook, on est approximativement 1000 fois moins. Mais « Être peu n’exclut pas l’union ».

Pour les tchadiens le réseau social par excellence, c’est Facebook, car il est facile de créer un compte. On peut y ajouter n’importe qui et même sans rien lire ni écrire, on peut s’y épanouir en passant la journée à liker des images.

Ce qui n’est pas vraiment le cas de Twitter qui est un site de microblogging dans lequel ce sont plutôt les informations qui ont de l’importance.

C’est pour ça que la majorité des nouveaux arrivants tchadiens sur Twitter disparaissent quelques instants après la création de leur compte. Car Twitter, sur navigateur mobile ce n’est pas très convivial : sur la timeline on ne voit pas assez d’images, du coup on se sent perdu.

À part les comptes Twitter éphémères, beaucoup comprennent finalement son fonctionnement et viennent grossir nos rangs squelettiques.

Alors j’ai remarqué que Twitter commence à avoir petit à petit de l’importance auprès des hommes politiques et intellectuels tchadiens. Lors de l’élection présidentielle passée, on a vu l’apparition de plusieurs comptes personnels des opposants, ministres et quelques ténors du parti au pouvoir, il ne manquait plus que le compte officiel du Président de la République.

Cet intérêt pour twitter n’est pas fortuit

Twitter Tchad c’est l’un des moyens les plus rapides pour s’informer de la situation du pays, on y trouve plusieurs envoyés spéciaux, journalistes indépendants qui parfois sous couvert d’anonymat se lâchent totalement.

Sur Twitter les discussions sur le Tchad sont d’un niveau un peu plus supérieur à celles que l’on peut trouver sur Facebook car la majorité des utilisateurs sont des journalistes, analystes politiques, activistes, étudiants… Le nombre de troll est nettement inférieur à celui de Facebook.

Alors, il faudrait un mot clé spécial pour twitter Tchad

A l’exemple de Kebetu au Sénégal et Kibaro en Guinée Conakry, un mot clé spécial pour la twittosphere tchadienne arrangerait beaucoup de choses :

On aurait plus facilement accès au contenu ayant un rapport avec le Tchad.

Bien que twitter soit riche en contenu sur le Tchad, les trouver tous est une chose difficile. Les francophones utilisent le hashtag Tchad et les anglophones Chad.  Pour bien être informés, il faudrait effectuer des recherches sur les 2 hashtags et même essayer « tchadien » « tchadienne » quand on s’y connait un peu. Ce qui est fort lassant.

Un mot clé unique réglerait définitivement ce problème.

On aurait plus d’impact.

Un mot clé spécial nous permettrait d’accroître notre impact dans la Twittosphère et de mobiliser plus de personne jusqu’à être en top des tendances dans notre région.

On serait pris au serieux.

Il n’est pas rare que je vois parfois un tweet dans lequel on se demande s’il existe même des tchadiens sur twitter. Même si on est peu, rien ne nous empêche de nous faire connaître. En attendant on est insignifiants, voire méprisés, jusqu’aujourd’hui il n’y à aucun compte twitter tchadien certifié car la plateforme estime que nous n’avons que peu d’impact.

Alors comment faire pour trouver un mot clé associé au Tchad ?

Ça n’a pas l’air vraiment compliqué, il faudrait se concerter, être d’accord puis sensibiliser les médias qui relaient les informations sur le Tchad. En attendant tout le monde fait semblant de ne pas s’en préoccuper.

Annadjib


Le Tchadien a peur de la femme

Au Tchad, une femme est forcément faible, soumise, une ménagère s’occupant tel un automate des affaires du foyer sans rechigner. Mais dès que cette dernière ose, s’émancipe et commence à entreprendre, elle devient victime de railleries, jalousies et autres ragots comme on en connait chez nous. Le problème c’est que le tchadien basique, pour ne pas dire grossier, a, inscrit dans ses gènes le mépris de la femme. Ce mépris démesuré s’explique par plusieurs facteurs socio-culturels dont le plus important est la peur de la femme.

Le tchadien a peur d’une femme qui entreprend

Une femme au foyer, assez occupée par ses tâches quotidiennes ne pose pas de problème. Seul l’apport financier mâle est considéré comme l’essentiel dans la famille et est donc justificatif du pouvoir. Le jour où la femme fatiguée d’attendre sa pécule journalière décide de voler de ses propres ailes est cause d’une avalanche dans son foyer. Très tôt la femme devient victime de railleries, sarcasmes de mauvais goûts de la part de ceux ( même ses soeurs) à qui elle a parlé de ses projets. En général la femme après se déferlement de mauvaise foi de la part de son entourage abandonne, persuadée qu’elle n’est qu’une bonne à rien. Parfois malgré les obstacles elle ose, trébuche, se relève et quand elle sent déjà le succès, l’homme a peur qu’elle le rejete.

Le tchadien a peur de se faire rejeter par la femme

L’une des peurs du tchadien est de perdre le contrôle du foyer au profit de sa femme tant indépendante financièrement qu’intellectuellement.

Chez nous au Tchad les foyers dans lesquels la femme travaille et a un patrimoine supérieur au mari sont minoritaires. On raconte qu’une femme indépendante devient invivable, arrogante, bref dangereuse. La vie du foyer ne tient plus qu’à un fil, disons qu’il ne tient plus qu’à l’humeur de la dame.

Imaginez un fonctionnaire victime d’arriérés de salaire, son épouse independante assumera les charges du foyer sans arrière pensée ( c’est son devoir se dira-t-elle) mais l’homme frustré se sentira comme émasculé, réduit a n’etre que l’ombre de lui même. Le comble serait qu’elle le quitte car il n’est plus qu’un figurant dans le couple.

Le tchadien a peur de la vengeance de la femme

La vie de la femme tchadienne n’est pas facile, elle est quotidiennement victime de mépris, que ce soit au boulot, dans la circulation, au marché. Chez nous on la traite de Mara Sakit qui veut dire « femme seulement », essayez de prononcer Mara Sakit  en y mettant tout votre mépris, toute votre haine et là vous imaginerez un peu ce que sentirait une femme qui se fait interpeler comme ça chaque jour.

En parlant de Mara Sakit, à l’époque ou je fréquentais les carrefours  une femme passa devant nous au volant de sa voiture et à l’intérieur y avait un homme avec elle, ce qui choquait le plus c’est qu’elle conduisait. Et voilà qu’un larron qui n’avait sûrement pas un pneu de vélo l’appartenant de dire : jamais je n’entrerai dans une voiture conduite par une Mara Sakit. 

Cette pensée résume le point de vue de beaucoup qui ne sont pas prêts à voir une femme les dépasser, et des qu’elle réussit on a peur de la voir devenir sans pitié envers ceux qui l’a méprisaient.

Quand je vois une supérieure hiérarchique très dure j’essaie de la comprendre et d’imaginer tout ce qu’elle a pu endurer.

Heureusement tout ça change petit à petit. Maintenant quand on voit une femme taximan, on l’a félicite et on attend le prochain taxi.

Annadjib



Attachez le …

La société tchadienne, connue pour son amour des traditions et religions a toujours eu de sérieux problèmes pour gérer ses attardés,  fous et souffrant dépression. 

Cet état de fait s’explique par le fait que la prise en charge de personnes souffrantes d’aliénation mentale est presque inconnue chez nous. Les méthodes de prises en charge modernes sont quasiment inexistantes, pas de psychologues, psychiatres et encore moins d’asiles.

Cet absence de prise en charge adéquate coûte plus aux « malades » qu’aux familles.

Faut simplement avouer que notre société actuelle se sent encombrée par le poids de ses innombrables déficients mentaux, placés en marge de la société, on y va vraiment de main morte pour les gérer.

Prenons le cas d’une personne qui commence à souffrir de dépression, là où les soins modernes seraient les plus appropriés, on consultera simplement un guérisseur traditionnel et quelques marabouts, l’état du malade s’aggravant de jour en jour, les proches dépassés, on commencera à se demander quelles sont les causes de cette subite maladie.

Alors on a quelques causes universelles de folies…

1 – Un ensorcellement 

C’est la cause favorite pour expliquer les troubles mentaux, on se fatigue pas à chercher dans quel cas le malade a eu une altération de ses facultés mentales, même s’il est le seul rescapé d’un terrible accident on veut rien savoir, il a sûrement été ensorcelé par quelques jaloux de son emploi ou de ses diplômes ( quand il est chômeur). Si les remèdes cités ci haut ne marchent pas, on sort le grand jeux, on va voir les vrais marabouts et féticheurs, ceux qui détestent la civilisation mais aiment les billets tout neuf, ces mêmes qui juste un regard lancé, donnent un diagnostic et une facture qui font frissonner : – Il est possédé.

2 – Une possession par un esprit maléfique

Le pauvre souffrant de dépression, après avoir avalé diverses mixtures concoctées par les guérisseurs et marabouts se sent de plus en plus mal dans sa peau, une forte fièvre l’envahit, ses yeux jaunissent et fait de plus en plus de cauchemars, son corp ayant marre de servir de cobaye à des experiences farfelues. Les guérisseurs sont formels, cette subite aggravation de la maladie du patient est dû à l’esprit maléfique habitant le malade qui commence enfin à ressentir les effets des médicaments, Plus le malade est agité, plus son démon est puissant. Les jours passent et le démon refuse de quitter le corp tel un ministre refusant de démissionner.
Les guérisseurs refusant de reconnaitre leur charlatanisme diront simplement que c’est à cause de la drogue.

3 – La drogue

La drogue c’est l’excuse parfaite quand le malade est un jeune mal dans sa peau, c’est connu que la consommation de banga et autres substances favorise l’apparition des crises de folies. Ainsi le malade forcément drogué est une honte pour la famille, les marabouts et guérisseurs n’ont rien pu faire pour lui, il est condamné.

Heureusement dans leur maison y a un arbre, après courte concertation la famille décide d’utiliser sa derniere carte, l’enchaîner à un arbre pour le maitriser en attendant qu’un jour il retrouve ses esprits.

 

Le pauvre qui aurait pût être sauvé par quelques antidépresseurs termina attaché, plus victime de la folie de ses proches que de sa maladie.

Annadjib

 


Dur d’être un grand frère

C’est utile un grand frère, c’est ce que je me disais quand tout petit je rasais les murs à l’école pour éviter des embrouilles car j’avais personne pour me couvrir.
Un grand frère c’est d’abord une protection puis un exemple, c’est une lourde responsabilité.

Les responsabilités commencent très tôt, surtout quand à la sortie de la maison pour l’école, les parents te demandent de bien tenir les mains de tes petits frères et veiller sur eux.

On ne choisit pas de l’être, on assume simplement.

L’aîné doit être un exemple pour eux…

Dès qu’un aîné fait une gaffe, après les inévitables serments et reproches des parents on lui rappelle toujours qu’il est l’aîné, qu’il doit donner l’exemple à ses petits frères et soeurs et pas être plus pire qu’eux.

Être aîné est synonyme d’avoir un comportement exemplaire, car d’habitude les cadets calquent la personnalité de l’aîné.

Parfois cette histoire de responsabilité précoce pèse sur l’aîné qui sacrifie une partie de sa « liberté » pour surveiller la plupart du temps les faits et gestes de ses petits quand il surveille pas les siens. Cet état de fait est parfois cause de frustration et de mauvaise humeur chez l’aîné.

L’aîné dépassé par la situation s’éloigne progressivement de ses petits sous le prétexte « qu’ils doivent le respecter »

Même quand on lui demande de l’aide pour les devoirs, il se contente de jeter un coup d’œil et dire : je sais pas, j’ai oublié, va relire tes cours…

L’aîné doit pas leur rendre la vie dure…

L’aîné éloigné et complexé devient quasiment invivable pour ses cadets, son devoir de protection devient un devoir de conservation, il surveille leurs moindres faits et gestes, il leur interdit parfois de sortir jouer avec des amis, il les accable de corvées et parfois les bats.

Au fur et à mesure les relations se dégradent, les petits en grandissants haïssent de plus en plus leur aîné, haine qui persistera parfois toute leur vie.

Plus pire encore est la situation quand on voit un aîné surveiller à l’excès sa petite sœur à la fleur de l’âge, les : Où va tu? T’étais où ?  Qui vient de t’appeler ?  Sont quotidiens, habituel est devenu de voir un aîné frappé sa sœur au prétexte qu’elle n’a « aucune éducation »

C’est ainsi qu’on voit de plus en plus de mauvais grands frères car eux mêmes ont eu un « mauvais » grands frère.

Annadjib


Dur d’être un grand frère

C’est utile un grand frère, c’est ce que je me disais quand tout petit je rasais les murs à l’école pour éviter des embrouilles car j’avais personne pour me couvrir.
Un grand frère c’est d’abord une protection puis un exemple, c’est une lourde responsabilité.

Les responsabilités commencent très tôt, surtout quand à la sortie de la maison pour l’école, les parents te demandent de bien tenir les mains de tes petits frères et veiller sur eux.

On ne choisit pas de l’être, on assume simplement.

L’aîné doit être un exemple pour eux…

Dès qu’un aîné fait une gaffe, après les inévitables sermonts et reproches des parents on lui rappele toujours qu’il est l’aîné, qu’il doit donner l’exemple à ses petits frères et soeurs et pas être plus pire qu’eux.

Être aîné est synonyme d’avoir un comportement exemplaire, car d’habitude les cadets calquent la personnalite de l’aîné.

Parfois cette histoire de responsabilité précoce pèse sur l’aîné qui sacrifie une partie de sa « liberté » pour surveiller la plupart du temps les faits et gestes de ses petits quand il surveille pas les siens. Cet état de fait est parfois cause de frustration et de mauvaise humeur chez l’aîné.

L’aîné dépassé par la situation s’éloigne progressivement de ses petits sous le prétexte « qu’ils doivent le respecter »

Même quand on lui demande de l’aide pour les devoirs, il se contente de jeter un coup d’œil et dire : je sais pas, j’ai oublié, va relire tes cours…

L’aîné doit pas leur rendre la vie dure…

L’aîné éloigné et complexé devient quasiment invivable pour ses cadets, son devoir de protection devient un devoir de conservation, il surveille leurs moindres faits et gestes, il leur interdit parfois de sortir jouer avec des amis, il les accable de corvées et parfois les bats.

Au fur et à mesure les relations se dégradent, les petits en grandissants haissent de plus en plus leur aîné, haine qui persistera parfois toute leur vie.

Plus pire encore est la situation quand on voit un aîné surveiller à l’excès sa petite soeur à la fleur de l’âge, les : Où va tu? T’étais où ?  Qui vient de t’appeler ?  Sont quotidiens, habituel est devenu de voir un aîné frappé sa soeur au prétexte qu’elle n’a « aucune éducation »

C’est ainsi qu’on voit de plus en plus de mauvais grands frères car eux mêmes ont eu un « mauvais » grands frère.

Annadjib


Ode à la poussière

Ces feuilles qui frémissent

Ces dents qui grincent

Ces cheveux qui jaunissent

Ces yeux qui rougissent.

Ces turbans et voiles qu’on porte

Ce brouillard qui nous enveloppe

Ces papiers que le vent emporte

Cet envie de tomber en syncope…

•_________________________•

Comme vous l’avez deviné L’Harmattan est arrivé sans prévenir, entouré de son fidèle serviteur, La poussiere.

Très tôt dehors, le vent ne cesse de loger dans nos bouches, yeux et oreilles une fine poussière. Ce qui, accompagné de notre fameuse chaleur rend la journée vraiment longue.

Très longue sont les journées pour ceux qui n’ayant aucune activité en ces temps de crises et grèves préfèrent s’isoler pour éviter d’énerver ou se faire énerver par les proches. Car c’est connu, la poussière à force de nous agacer, nous rend grincheux et nous plonge dans un assourdissant silence.

Les coins autrefois animés jours et nuit dans le quartier se vident, nos longues nuits sont enveloppées d’un silence qui est parfois troublé par le cinéma voisin ou par l’aboiement lointain d’un chien errant.

Nos légions de moustiques disparaissent subitement laissant la place aux grillons et quelques sauterelles.

Seul les lézards semblent heureux car même le chat, leur ennemi juré n’est pas d’humeur à sortir les pourchasser.

Nos lèvres et gorges s’assèchent, toux et rhumes sont généreusement distribués par la poussière.
Pommades et crèmes autrefois délaissées deviennent nos fidèles compagnants.

Au loin on peut voir nos aînés, qui, autrefois nous devisagaient à cause de nos lunettes, en porter car c’est devenu un « mal nécessaire »

N’djaména métamorphosée et plongée dans une sorte de longue méditation grâce à la poussière.

Annadjib