Guy Muyembe

Un Mbokatier dans la capitale Kinshasa

Désignant le terme d’une personne provenant de l’arrière pays autre que la capitale Kinshasa, le Mbokatier une fois à Kinshasa se confronter forcement à quelques difficultés liées dans intégration  dans la société kinoise. Contrairement aux villes et cités dans les autres provinces  du pays, la capitale Kinshasa offre à ses habitants un certain mode de vie diamétralement opposé de celui d’ailleurs, avec ces débits des boissons inondés de monde même les jours ouvrables, ce rend de plus en plus difficile la vie de ce Mbokatier.

Il suffit tout simplement à notre ami Mbokatier de tout simplement prendre un certains temps  son mal en patience pour pouvoir s’adapter


Le quotidien de l’enseignant Lushoi

Une passion pour les uns, calvaire pour les autres.

La question que l’on se pose est que, si les jeunes étudiants de l’Institut Supérieur Pédagogique de Lubumbashi ISP eux-même manifestent de la réticence  envers ce métier qui sont ceux-là qui vont assurer la relève de cette génération  vieillissante des enseignants?

 


Un Lushois chez les Abidjanais (sixième partie)

© Wikimedia commons

Ce jour-là, Patrick en profita pour en savoir davantage sur la signification des paroles de certains tubes en lingala des stars de la rumba congolaise.

  • Guy, peux-tu me dire le sens du refrain de original de Fally Ipupa
  • Tiens ! les paroles sont un peu grivoises. En voici le sens : « Elle est bête Marie-Jeanne . Elle n’a pas peur de la bagarre. Voilà qu’elle est toute nue alors qu’elle se livre à la bagarre »
  • Ah ! Je n’aurais jamais parié que c’est un tout petit peu grivois

Et pour le plaisir de Patrick, on réécouta Original de Fally Ipupa et son rythme endiablé.

Puis ce fut le tour de Effrakata de Koffi Olomide.

Que des titres dansants prisés par les jeunes abidjanais branchés. Et pendant ce temps le Lushois et Vony Sherry profitaient de la connexion internet leur partagée par Patrice.

  • Il fait comment pour avoir des forfaits illimités ? se demanda le Lushois. Chez moi les forfaits illimités ça n’existe pratiquement pas.

A un moment, Patrice confia son téléphone à Vony pour qu’elle appelle ses membres de famille au pays. Visiblement, elle était très heureuse d’écouter les siens restés au pays. Il était normal pour elle qui venait pour la première fois sur le continent d’être légèrement impatiente de savoir comment allait sa famille et de rassurer quant à son voyage.

  • Je souhaiterais parler aux miens aussi
  • Sans problème, Guy

Puis il eut un moment où toute la maisonnée était tellement occupée à pianoter sur les téléphones que la conversation se tarissait. Les propos drôles et pleins d’esprit laissaient place à un silence gênant. Et c’est Maémi qui s’en émut. Obligeant le Lushois, à éteindre son téléphone :

  • Parfois ça ne jamais bon d’être blogueur et fan des réseaux sociaux

 

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Un Lushois chez les Abidjanais (Cinquième partie)

 

 


Un Lushois chez les Abidjanais (Cinquième partie)

Attiéké par-ci, Aloko par-là. Sans oublier tout ce qui accompagnait comme le poisson cap, le poulet et la sauce. Les hôtes étaient bien gâtés. Du coup chacun ne levait la tête que pour placer un mot quant au gout délicieux de son plat.

« Pourquoi je ne suis pas né Ivoirien », osa dire le Lushois

Ce qui amusa les autres.

 

Quand on mange Attikié, faut être concentré sur son assiete. 😈😈😈 N’est ce pas @benjamin_yobouet ? #CIV

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Par moment, Patrice prenait la parole pour dire un mot au sujet d’un des aliments.

« Attiéké est une semoule à base de manioc* qui constitue la denrée alimentaire la plus consommée à Abidjan. C’est vers le début de la journée que la population s’en va vers les points d’approvisionnement pour s’en procurer. On peut en manger aussi bien le matin, à midi que le soir. »

« Tiens ! » s’exclama le Lushois en pensant à son Bukari qui se mange rarement dans la matinée.

 

Bref, ils mangèrent bien ce jour-là. Un de ces repas où on découvre la culture d’un pays et par là même l’hospitalité de son peuple.

« Ah ! La Côte d’Ivoire ! Quel pays magnifique ! »

Un sourire complice de Maemi Ndri vint appuyer le remarque d’un homme séduit par la beauté de l’art de vie à l’ivoirienne.

Tout de suite après, le côté geek s’empara de tout le monde excepté Patrick. Smartphone en main nul ne voulait rater ce qui se disait à l’instant sur les réseaux sociaux. Et Vony désirait ardemment passer un coup de fil pour communiquer avec les siens restés à Madagascar.

« Guy, je suis amoureux de la musique congolaise », souffla Patrick.


Un Lushois chez les Abidjanais (Quatrième partie)

A première vue, le domicile de Patrice Koffi était accueillant. Passé le seuil, les deux hôtes ne furent pas déçus. C’était bel et bien un charmant studio assez bien équipé. Et surtout, les deux occupants qu’on y trouva étaient volontiers souriants. D’abord, Maemi Ndri qui faisait office de « maîtresse du lieu » :

  • C’est doit être elle la fiancée de Patrice, songea le Lushois

Puis, Patrick qui était le grand ami du maître de maison.

Passés les présentations, on pouvait donc engager la conversation. Et c’est Maemi Ndri qui prit l’initiative :

  • Akwaba ! Quelles nouvelles ?

Mais les deux invités ne répondirent pas.

  • Chez nous à Abidjan, intervint Patrice, quand on demande quelles nouvelles c’est qu’on veut savoir comment vous allez et comment se porte votre pays.

Précisions qu’il aurait fallu apporter avant que Vony puis l’autre visiteur ne se mette à narrer comment était la vie au bled et ce qu’elle en pensait.

  • La RDCongo, mon pays, ne se porte pas mieux que la Côte d’Ivoire, lâcha celui qui venait tout droit du pays de Lumumba

Toutes fois, ils comprirent vite que l’ambiance risquait de devenir morose si l’on se mettait à disserter sur la politique et sur ce qui ne marchait pas ici et là.

« Pourquoi ne pas célébrer cet instant avec ce vin ? »

  • Youpi !

Une trentaine de minutes plus tard, les garçons sirotaient encore le bon cru quand les filles allèrent faire «un tour » à la cuisine. C’est Vony qui s’était proposé d’accompagner Maemi. On assistait là au début d’une grande amitié entre les deux jeunes femmes.

Dans l’espoir de pouvoir bientôt manger d’authentiques plats ivoiriens, le Lushois se frottait déjà les mains attendant qu’elles reviennent vite.


Un Lushois chez les Abidjanais (Troisième partie)

A leur arrivée à l’hôtel, ils avaient déjà un programme bien tracé pour la soirée qui arrivait : se rendre dans le quartier populaire de Yopougon pour manger des plats locaux et découvrir l’art de vivre à l’ivoirienne. Il ne fallait surtout pas « perdre du temps » car les jours à venir risquaient d’être trop chargés et trop éreintants.

En tout cas la Malgache Vony Chery brulait d’envie de découvrir à quoi ressemblait la faune africaine :

« Je désire ardemment me rendre au Zoo d’Abidjan. Pour ma première visite sur le continent je souhaite voir des animaux comme l’éléphant et le lion ».

  • Chez toi à Madagascar il n’en existe pas ? interrogea Patrice
  • L’unique espèce emblématique de notre faune est le lémurien

Le Lushois remarqua que Patrice Koffi cherchait à savoir à quoi correspond vraiment un lémurien. Mais il était temps de sortir…

C’est ainsi qu’ils quittèrent l’hôtel aux alentours de 16 heures, heure d’Abidjan.

  • Il nous faut un taxi pour nous rendre à Yopougon, dit Patrice
  • Justement voici un taxi
  • Oui, mais ce n’est pas ce taxi là qu’on doit prendre. Là tu as affaire à un wôrô-wôrô*. Il ne peut effectuer les courses intercommunales.

Voilà une bien belle découverte pour un Lushois qui vient du pays où tout type de moyen de transport a le droit de se rendre n’importe où.

« Je sens que je vais m’éclater dans cette ville », songea-t-il.

Un trajet en voiture plus tard, ils atteignirent la très populaire Yopougon. Le temps de saisir la différence en termes de style architectural entre Cocody d’où ils venaient et la plus grande commune d’Abidjan.

  • La culture de cette ville tire ses racines ici, affirma fièrement Patrice. C’est ici que sont nés certaines des plus grandes stars du coupé-décalé par exemple.
  • Whaou ! s’exclama le Lushois, visiblement excité de savoir qu’il se trouvait sur un haut-lieu de l’histoire d’un genre musical qu’il avait appris à apprécier.

 

(*) : genre de taxi communal


Un Lushois chez les Abidjanais (deuxième partie)

Crédit photo : wikimédias commons

Au sortir du hall, les premiers mots qu’il eut à l’adresse de Patrice furent : « vous avez un très bel aéroport, mon ami ».

  • Ah ! ouais, fit Patrice pas assez convaincu.

Pour en arriver à cette conclusion, le Lushois faisait la comparaison avec les seuls aéroports internationaux de son pays (Kinshasa et Lubumbashi) : aucune connexion au WIFI, pas assez de magasins de souvenir, une tracasserie administrative hors du commun…

« Pour venir chez moi, il faut d’abord le vouloir », songea-t-il.

C’est alors que vint le moment de faire connaissance avec une dame aux traits d’asiatique, souriante volontiers :

  • Bonjour, je m’appelle Vony Cherry. Je viens de Madagascar.
  • Ça alors ! et moi qui vous prenez pour une chinoise !
  • Ah oui ! ben, il faut dire que mes ancêtres viennent du sous-continent chinois.
  • Je m’appelle Guy Muyembe et voici mon partenaire Patrice Koffi.

Le Lushois apprit quelques instants plus tard que la Malgache venait à Abidjan dans le même cadre que lui : participer à l’Africa Web Festival, le plus grand événement du genre organisé sur le continent. Raison pour laquelle ils montaient à bord du même taxi loué par l’hôtel à leur profit.

  • Il y a le wifi à bord de ce taxi, fit le chauffeur, sentez-vous à l’aise !
  • Tiens ! J’avais justement envie de lire mes mails et faire un tour sur Facebook.

Intérieurement, le Lushois était émerveillé. Lui, qui était accro à internet, se voyait pour la première fois offrir du wifi gratuit à bord d’un transport en commun.

« Chez moi le taxi de ce genre, ça n’existe pas ».

Pendant ce temps, le véhicule déboulait sur l’avenue Valery Giscard D’estaind.

« Dans ce pays les rues portent encore les noms des chefs d’Etat de l’ancien pays colonisateur. Impensable chez moi », songea-t-il.

Vers les années 70, toutes les rues de la République démocratique du Congo avaient été tout simplement débaptisées. Aucune d’elle ne devait porter le nom d’un ressortissant de la Belgique, ancien pays colonisateur. C’était la mise en pratique de ce qui fut appelé « la Zaïrianisation ».

Après quelques minutes de navigation sur la toile, il leva les yeux de l’écran de son smartphone.

  • Je pense que je n’ai plus envie de naviguer, dit-il à l’adresse de tout le monde, je désire voir Abidjan
  • C’est vrai, s’exclama Vony, moi non plus je ne peux pas surfer et voir en même temps Abidjan !

Tout au long du trajet, les trois passagers prirent le temps de briser la glace et de trouver des centres d’intérêt commun : nourriture, vin, danse et internet. Ils avaient des personnalités différentes mais assez complémentaires pour les rapprocher. Vony, souriante et dotée d’un sens de la communication élevé. Patrice, calme mais bon vivant. Guy, timide mais assez curieux pour avoir des atomes crochus avec toute personne dotée d’une bonne humeur. Cela promettait des virées nocturnes et diurnes mémorables.

 


Un Lushois chez les Abidjanais (première partie)

Crédit photo: Wikimédias commons

 

C’est aux alentours de 11 heures que l’Airbus d’ Air Côte d’Ivoire atteint l’espace aérien éburnéen. Tout content de pouvoir enfin visiter le pays de Houphouët Boigny, le Lushois attacha sa ceinture, en vue de l’atterrissage.

Soudain, le commandant de bord informa les passagers que l’avion n’allait pas atterrir tout de suite. « L’aéroport est fermé car le président s’apprête à voyager. Nous allons devoir survoler Abidjan une trentaine de minutes. »

Quoi ? Une trentaine de minutes c’est tout de même trop, voyons !

Puis, un quart d’heure plus tard, le commandant de bord revint à la charge :

« Mesdames et messieurs, l’avion présidentiel n’a toujours pas décollé. Si rien ne se passe d’ici quelques minutes, nous serons obligés d’aller nous poser à Accra, au Ghana. »

Ceci provoqua un tollé général. Les réactions allèrent du simple « Ô mon Dieu ! C’est incroyable ! » au très violent « Pays de m*rde ! Il se prend pour qui ce président ? ».

Le Lushois pensa à son ami Patrice Koffi, qui l’attendait certainement à la sortie de l’aéroport.

-Je n’ai même pas le moyen de lui dire que je risque de ne pas le voir aujourd’hui, songea-t-il.

A travers le hublot, il vit une savane parsemée çà et là de quelques constructions, signe que l’activité humaine destructrice et économiquement orientée était toute proche.  Mais il était difficile de se résoudre à regarder le même paysage de temps en temps. Il sentit monte en lui l’impatience et un début de sauts d’humeur.

Il eut plus de peur que de mal car l’avion fut finalement autorisé à atterrir à Abidjan, une vingtaine de minutes plus tard. Voici le voyageur tout content de poser ses pieds sur les pavés de la ville du « coupé-décalé ». Il eut déjà très envie de profiter au maximum de son temps libre pendant son séjour d’une semaine.

Il remarqua avec plaisir qu’un homme se tenait dans le hall avec une pancarte portant son nom. « Sans doute un employé de l’hôtel ».

Tandis qu’il allait vers cette pancarte, il fut interpellé par une voix plutôt familière. Se retournant vers la gauche, il aperçut Patrice Koffi.

« Whaou ! Enfin je le vois ! »

Le temps que le taxi arrive, il ne pu résister au besoin de prendre place dans un fast-food pour pour bavarder avec cet ami, qu’il connaissait uniquement via les réseaux sociaux et le téléphone.

«Tu es plutôt du Congo-Brazza ou de l’autre Congo ? »

-Je suis ressortissant de l’autre Congo dont la capitale est Kinshasa.

« Vous utilisez quelle monnaie ? »

-Notre monnaie est le Franc congolais

« Ah ! Il n’y a pas de Franc CFA là-bas, donc ! Tu sais, le Congo et le Cameroun sont les deux pays africains que j’aimerais visiter bientôt.»

Le taxi étant arrivé, les deux jeunes gens furent obligés de quitter le lieu de leurs retrouvailles.

« Bienvenu à Abidjan, l’ami »


Eseka: les réseaux sociaux sont ils à blâmer?

Le vendredi 21 octobre a été surnommé « vendredi noir » par les camerounais à cause du drame d’Eseka. Il s’est dégagé une certaine unanimité quand il s’est agi de déplorer ce drame. A ma connaissance personne ne s’est publiquement réjouit de ce que des centaines de pauvres gens ont perdus leurs vies.
La controverse est née par rapport à la responsabilité des pouvoirs publics et ceux qui les incarnent dans la survenue de l’accident. Les réseaux sociaux (unique moyen d’expression libre dans un pays soumis à la dictature) s’en sont mêlés et ça s’est très vite emballer. Les uns ont vu dans cette dérive des utilisateurs de ces nouvelles technologies la preuve qu’elles sont juste bon à encourager la sédition. D’autres ont pensé qu’on pouvait mieux faire derrière son écran de smartphone ou d’ordinateur. La camerounaise Anne-Marie Befoune a répertorié une série de tweets « pourris » et en a exprimé son indignation.
Je ne suis pas de ceux qui blâmeraient les réseaux sociaux en dépit de tout ce qui y a été fait (folles rumeurs, injures publiques, blagues douteuses…). Ce, pour trois raisons.

Le cas du Cameroun n’est pas sans précédant
Lors de la série d’attentats ayant touché la France depuis la fin de l’année 2015, des folles rumeurs ont toujours circulé sur les réseaux sociaux. Des publications racistes y ont été postées. Des tweets appelant au meurtre ont été publiés. On en dirait autant d’autres pays qui ont vécu des événements similaires.
Non, le Cameroun n’est pas le premier à faire face à l’emballement de ses twittos.

Seul exutoire des frustrations des citoyens

Si j’étais dirigeant camerounais, je me serais exclamé : « heureusement les réseaux sociaux sont là ! »
Ces moyens de communication permettent aux citoyens de crier leur colère sans descendre dans la rue et sans casser. Les frustrations endurées par les camerounais (à l’instar des autres peuples d’Afrique) sont nombreuses et on ne doit pas s’attendre que ceux-ci restent indéfiniment sans réaction.

L’incurie des autorités

On devrait s’interroger sur la réponse des autorités face à la circulation des rumeurs et autres trucs toxiques sur Twitter, Facebook et Whatsapp. Il est de notoriété publique que ceux qui nous représentent n’ont jamais été les champions de la communication tous azimuts. Et quand un événement du genre de celui d’Eseka survient, leur première reflexe est celui de démentir ou alors de minorer son importance. On ne doit pas s’attendre que tel utilisateur de Twitter lambda se garde de relayer telle fausse information alors que du côté des pouvoirs publics c’est silence radio.

Il y a tellement à dire par rapport à ce qui s’est passé ce jour-là au pays de Paul Biya. Je ne m’étalerais pas sur le fameux communiqué (ou décret) de celui-ci signé à Yaoundé au moment où il résidait en Suisse depuis des mois.
Je termine par cette question : les réseaux sociaux ont-ils signé un accord avec la société camerounaise stipulant que rumeurs et injures y sont bannies ?


Et je devenais un chrétien tolérant (*)

Crédit photo: pixabay.com

Je me souviens de l’époque où je croyais profondément qu’en dehors de ma religion, toute autre idéologie était absurde et devait être combattue. J’en voulais à ceux qui ne partageaient pas ma foi. A leur tête il y avait les pratiquants des religions « arriérées » leur léguées par nos ancêtres. Je les classais dans la catégorie « sorciers à éliminer au plus vite ». Il y avait les cultes d’origine orientale comme le bouddhisme et l’hindouisme. Je les classai dans la catégorie « dangereux magiciens dont il faut se méfier ». Et puis, dans le « hors catégorie » j’avais mis l’Islam. J’étais habité par une haine mêlée de crainte envers la communauté islamique.

Une chose est sûre : il y avait très peu de personnes pratiquant l’une des religions ci-haut citées dans la ville où je vivais. Je devais le peu de connaissance que j’en avais aux histoires que me racontaient les amis, parents et autres proches.

A l’école, Il y eut l’année où un chapitre du cours d’histoire fut consacré à l’Islam et à son fondateur. Ce fut une grande découverte pour moi à l’époque. Et comme j’avais foi en mes professeurs, je n’ai jamais osé mettre en doute cette leçon. Pour autant je n’étais pas disposé à cesser d’être méfiant envers les musulmans.

Comment suis-je donc devenu le chrétien tolérant que je suis ? Comment se fait-il que aujourd’hui je suis si bienveillant envers les gens qui ne partagent pas ma foi ?

L’année du bac (En RDC, ça s’appelle Examen d’Etat), un condisciple vint me voir : « je pense qu’on devrait former un groupe d’études pour mieux préparer les épreuves ensemble». Il se trouve qu’il était justement musulman. Il était si bienveillant et surtout si ouvert d’esprit (je n’exagère rien puisque je le connaissais depuis 4 ans) que j’acceptai.

  • Pourquoi pas ? Tout le monde a à y gagner en se mettant ensemble pour préparer les épreuves du bac.

Depuis lors, nous sommes devenus amis…

Et quand un soir je l’ai vu prier comme moi afin d’exorciser la peur de l’echec, mon regard à propos de l’Islam changea. Loin de considérer cette différence purement artificielle inhérente à la religion, je commençais à voir en lui un être humain doté de raison et des émotions comme moi.

(*): histoire inspirée de ma propre expérience

 


Quand nos présidents tweetent

On connaît leur attrait pour les belles voitures et les costumes de marque. Depuis quelques temps, nombre d’entre eux se « passionnent » pour le web 2.0. Page Facebook ou compte Twitter, nos chefs ne veulent pas être à la marge de cette révolution des outils de communication pensés et promus depuis la Silicon Valley. A priori, il n’y a pas de raison de croire que l’utilisation qu’ils en font serait différente…


Donald trompe

credit photo: nwherald.com

Voici donc « Oncle Donald » lancé comme une balle de football dans la course à la maison blanche. Avec un peu de chance il pourrait devenir « l’homme le plus fort du monde »- On peut toujours discuter de ce concept. Que fait l’homme le plus fort du monde tandis que le Moyen Orient est à feu et à sang ? Pourquoi n’est-il pas capable de nous débarrasser de Chefs d’Etat voyous tels que Robert Mugabe et Yaya Djammey ?

Je disais donc que la personne qu’on appelle Donald Trump alias « Monsieur Trompe » est à une marche du bureau ovale de la résidence des présidents américains. Je veux bien croire ces chers devins des temps modernes (les instituts des sondages pour ne pas les nommer) quand ils prédisent sa défaite face à Hillary Clinton (Improprement qualifiée de dame de fer par quelques médias en perte d’influence). Ils étaient toujours aussi sceptiques quand le milliardaire lançait sa campagne pour l’investiture républicaine. Que des conclusions faites sur base des calculs de probabilité : « le phénomène Trump est un tube d’été », « il est trop borné pour attirer le suffrage de la majorité des sympathisants du parti conservateur », et des déclarations en veux-tu en voilà.

Capture d'ecran
capture d’ecran Facebook

Quoi qu’il arrive au mois de novembre prochain, son investiture restera dans les annales de l’histoire politique des Etats-Unis, au même titre que l’investiture de Barack Obama par le parti démocrate, comme un pied de nez à l’establishment d’un parti dont aurait voulu s’accaparer la dynastie des Bush.

Il ne me reste plus qu’à souhaiter bonne chance au candidat républicain. Car je ne suis pas de ceux qui poussent la mauvaise foi jusqu’à souhaiter publiquement la défaite d’une personne qui a remporté haut la main une série d’élections démocratiques et transparentes. Au moins on ne l’accuserait pas d’avoir bourré des urnes et mis en place une commission électorale toute acquise à lui (Ce sont les chefs d’Etat de l’Union africaine qui vont être content de cette dernière remarque).

J’ai cependant quelques réserves par rapport à la capacité du candidat à assumer  ses dires. Oui Donald trompe car il prétend mettre fin à l’immigration vers les Etats-Unis alors que ce pays s’est bâti sur base de l’immigration. Oui Donald trompe car il veut faire croire qu’il n’a pas besoin des voix des minorités raciales sachant que depuis quelques années on ne peut remporter la présidentielle américaine sans les voix de ces minorités. Oui Donald trompe car il argue qu’on peut résoudre le problème de sécurité au sein de la société américaine sans régler la question de la détention d’armes de tous calibres par des millions d’individus.

Comme pour paraphraser madame Clinton, je dirais : « l’Amérique mérite mieux que ça ».


L’Euro: plus sexy que la CAN

À en juger par l’engouement qu’a suscité l’Euro de football sur le continent noir, il y a lieu de conclure que cette compétition a battu un record de popularité.

Un indice m’a permis d’en arriver à cette conclusion : nos dames ont été si nombreuses à se passionner pour des rencontres comme Espagne-Italie ou Allemagne-France.

capture d’écran d'un post facebook de Dieretou
capture d’écran d’un post facebook de Dieretou

C’est le cas de la mondoblogueuse Diérétou Diallo qui ne s’est jamais empêché de témoigner sa flamme pour les « bleus » de Didier Deschamps.

capture d'écran tendresse dave
capture d’écran d’une conversation avec Tendresse

Tandis que la mondoblogueuse « à la retraire » Tendresse Dave en a profité pour apprendre les règles du foot qu’elle trouvait floues auparavant.

capture d'écran lucrece
Capture d’écran d’un post facebook de Lucrece

Et si Lucrece Gandigbe, la geek béninoise, a poussé un ras-le-bol face à cette débauche de passion footballistique, on peut se douter qu’elle a d’une manière ou d’une autre participé à la renommée de la chose.

Mais, soyons en sûr, l’Euro est plus glamour et moins ringarde que sa cousine la CAN (Coupe d’Afrique des nations). J’ai peut-être tort de faire référence aux femmes pour valider mes hypothèses. Mais sachant que les 2 compétitions drainent des millions de fans, le nombre de femmes qui se passionnent pour l’une ou l’autre suffirait à les départager.

En tout cas je pense qu’en papotant avec une de ces dames on aurait « tort » de lui demander qui elle aime entre les éperviers(1) du Togo et les Chipolopolo(2) de la Zambie (avec tous mes respects pour les supporters togolais dont Roger Mawulolo et Obed Belizem . On ne devrait pas non plus lui demander si elle est fan d’un joueur des Intamba(3) du Burundi (mes amitiés à Alain Horutanga et Armel Gilbert Bukeyeneza  ou des écureils(4) du Bénin (salutations à Atman Bouba . Aussi il est mal venu de lui raconter l’épopée des éléphants(5) de Côte d’Ivoire en 2015 (Benjamin Yobouet, on est où là ?) ou celle des Lions indomptables(6) du Cameroun en 2000 et 2002 (j’espère que Deudjui Ecclesiaste et Fotso Fonkam  ne m’en voudront pas).

En revanche on peut lui parler des passements de jambes de Cristiano Ronaldo ou des coupes de cheveux de Paul Pogba.

(1), (2),(3),(4),(5),(6) : surnoms respectifs des équipes nationales du Togo, de la Zambie, du Burundi, du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Cameroun.


L’amour d’une mère

Rien n’est comparable à l’amour qu’une mère peut attacher à son enfant. Un petit incident dont j’ai été témoin à l’aéroport international de la capitale kenyanne m’a permis de le comprendre.

Ce vendredi 24 juin, je faisais escale à Naïrobi en attendant qu’un avion me ramène à Lubumbashi. L’envie me prit de faire quelques courses au sein de l’immense aéroport JKIA (Jomo Kenyata International Airport). Des boutiques de prêt-à-porter aux cafés branchés en passant par les guichets des compagnies aériennes. C’est une plate-forme aéroportuaire qui grouille en permanence. Une tour de Babel où plusieurs parlers se côtoient.

Puis il me vint  l’envie de faire un tour aux sanitaires. Et je n’eus pas besoin de pousser la porte qui ouvre sur les toilettes pour homme. Curieusement une femme se tenait dans l’embrasure et jetais un regard vers un cabinet de toilette. À côté d’elle un agent de l’autorité aéroportuaire grondait dans un anglais typiquement kenyan et menaçait de lui faire passer un mauvais quart d’heure.

Le plus intéressant dans cette affaire était le fait qu’elle ne semblait pas prendre au sérieux ces menaces.

Ayant compris qu’elle était francophone, je décidais de lui prier gentiment de quitter cet endroit où elle n’avait rien à faire. Mais j’ouvrais à peine la bouche quand un enfant d’à peine 10 ans sortit du cabinet de toilette. Et aussitôt cette dame le saisit par le bras et ils partirent.

Il ne restait plus que moi, un agent d’entretien et l’agent de l’autorité aéroportuaire. Et ce dernier m’interrogea :

  • Es-tu swahiliphone, mon grand ?
  • Oui, lui répondis-je.

Sans doute voulait-il s’assurer si j’ai compris qu’il venait d’insulter grossièrement cette dame en langue swahili.

Ce qui s’est passé par la suite n’a aucune importance.

La leçon que j’ai retenue de ce petit incident est que l’amour d’une mère peut l’amener à briser les conventions qui veulent qu’elle ne doit pas se rendre dans un local réservé aux hommes. En l’occurrence on avait affaire à une mère qui voulait s’assurer que son fils ne serait ni enlever ni agresser. Elle était disposée à affronter les reproches des hommes et même d’autres femmes. Elle avait besoin d’avoir le cœur net à propos d’un être cher.

  • Il n’y a que moi qui peux décrire la souffrance que j’ai endurée en donnant naissance à cet enfant, aurait-elle répondu.

 


Faut-il masculiniser la cuisine africaine ?

Mon collègue mondoblogueur Émile Béla nous a parlé dans un excellent article teinté d’humour des difficultés qu’il rencontre à créer un climat de parfaite entente entre lui et sa cuisine. Interpellé, j’ai aussitôt pensé à tous ces jeunes gens pour qui cuisiner est un véritable casse-tête.

L’histoire d’Émile est aussi celle de cet étudiant qui, du jour au lendemain, se retrouve à des milliers de kilomètres de chez lui ; celle de ce trentenaire, célibataire de son état, qui vit seul et doit se débrouiller pour goûter à un plat chaud et « fait maison ».

Car en Afrique, dans la plupart des cas, la cuisine est avant tout une affaire de femmes. Dès l’enfance on a apprend à considérer que la place du garçon n’est pas aux fourneaux. Une règle non écrite voudrait même que la cuisine soit l’unique pièce de la maison où la mère et ses filles sont souveraines. Ni le père ni les garçons ne peuvent y entrer allègrement, surtout au moment où l’on prépare le repas.

Dans les conversations entre amis, un homme peut se prévaloir de toutes les qualités mais il ne se risquerait pas à parler de ses compétences en matière culinaire. S’il est célibataire, il serait accusé de ne pas vouloir convoler de sitôt justement parce qu’il est capable de cuisiner pour lui-même. Au cas où il est un homme marié, on y verrait la preuve d’une domination de la part de son épouse (puisqu’il serait obligé de cuire ses propres repas).

L’objectif de cet article n’est pas d’émettre un jugement sur la considération que les sociétés africaines ont de l’art de préparer les mets… Je tiens juste à faire ressortir le problème que cela pose, alors que de plus en plus de jeunes gens vont vivre loin de leurs contrées d’origine pour diverses raisons et que de plus en plus d’hommes se marient à trente ans passés. Par ailleurs on ne peut pas compter sur la restauration pour pallier ce problème dans une Afrique où la culture d’aller manger hors de la maison n’est pas très répandue.

Faut-il attendre que l’on soit en couple pour enfin manger ce qui a été bien préparer ? Je dirais non. Car la vie qu’on mène avant le mariage est au moins aussi importante que celle qu’on mène après. Par conséquent il s’avère nécessaire que tout homme apprenne les rudiments de la cuisine, juste au cas où.

Bref, la pièce réservée à la cuisson de nos aliments ne doit plus être interdite à toute présence masculine. Pour commencer, on pourrait confier aux garçons les tâches préliminaires comme nettoyer les assiettes ou approvisionner la maison en eau. Plus tard, on pourra leur demander d’assurer le service.

C’est à cette occasion qu’un jeune homme entreverra sa mère ou sa sœur découper un poisson, éplucher un légume ou  faire l’omelette. Ce serait là un début d’apprentissage de l’art culinaire, l’apprentissage par l’observation en somme. Ensuite, « l’élève sera invité à participer à des petits exercices pratiques ». Et je fais le pari qu’après quelques mois le résultat sera édifiant.

Je suis parfaitement conscient des difficultés qui résulteraient d’un tel changement et de l’impact sur l’équilibre de la famille au sens où on l’entend en Afrique. Ma préoccupation n’est pas celle de voir dans toutes les familles des garçons qui sachent très bien comment préparer le Ndolé, le Bukari ou le couscous au point de prendre la place de leurs sœurs.

Nous devont juste considérer ce que nous avons à y gagner :

  •  Le garçon sera en mesure de se prendre en charge s’il doit partir vivre seul loin du domicile familial.
  •  Toutes les tâches faites par son (ses) frère(s) constituent du boulot en moins pour la fille à qui on demande non seulement d’apprendre les obligations liées à son futur rôle d’épouse mais aussi d’être bonne à l’école. Tandis que les autres font la vaisselle, elle pourra répéter ses leçons. Plus d’égalité entre filles et garçons en somme.

Tout le monde a donc à gagner dans le fait de « masculiniser » notre savoureuse cuisine africaine.

 

 

 


L’avenir de l’alimentation, clé de la survie de l’humanité

S’il existe un sujet qui nous unit et nous divise à la fois, c’est bien celui de l’alimentation. On est tous d’accord qu’il faut se nourrir pour vivre. Mais tout le monde n’est pas d’accord à propos de ce qu’on mange (comment l’obtenir, comment le préparer, quand le manger,…).

«L’avenir de l’alimentation» est le thème d’un événement ayant réuni un panel d’experts au siège de la Banque mondiale en avril dernier.

L’alimentation humaine en chiffre

On estime que 800 millions d’individus dans le monde sont mal-nourris ou sous-nourris. La majorité d’entre eux vivent dans les pays en voie de développement et particulièrement en Afrique. Ils sont 2 milliards à avoir une déficience en micronutriments, minéraux et vitamines dont ils ont besoin.

crédit photo live.banquemondiale.org
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Autrement accablant, c’est le taux des gaspillages alimentaires dans le monde. On pense que 1/3 des produits alimentaires finis directement dans les poubelles et les décharges (au moment où des millions de gens dorment des fois le ventre vide !). Ce qui est source de production d’une partie des gaz à effet de serre. Et à ce propos, 30 % des émissions de gaz à effet de serre sont dues à la production des produits alimentaires.

Le système alimentaire mis en cause

Sam Kass, analyste alimentaire et chef cuisinier du couple Obama, a eu ces mots : «le système alimentaire actuel est le plus inefficace de tous les temps».

De nos jours on a tendance à négliger la nutrition dans l’activité de production des produits alimentaires. Aussi simple que cela puisse paraître, les aliments ont pour fonction première de servir à la nourriture humaine. «L’agriculture sert à produire des produits alimentaires et ceux-ci servent à se nourrir pour vivre», Dixit Bonnie McClafferty, directrice de l’Alliance mondiale pour l’amélioration de la nutrition (GAIN).

crédit photo live.mondiale.org
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Quelles réponses ?

Il est d’autant plus nécessaire d’apporter une solution au problème ci-haut évoqué que l’avenir de l’humanité en dépend. Non seulement nous avons besoin des aliments pour vivre mais aussi il est indispensable de changer notre système alimentaire pour réduire le taux d’émissions des gaz à effet de serre. D’après l’expert Johan Rockström, confondateur du Stockholm Resilience center, la mise en œuvre de l’accord de Paris demande que l’on puisse agir au moins au niveau de l’agriculture.

Par ailleurs les gaspillages de nourritures induisent des coûts financiers énormes.

Il convient d’agir au niveau de toute la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Les énormes gaspillages ont lieu surtout entre les centres de production et les centres de consommation. Exemple de la tomate produite dans le nord du Nigéria et qui doit être consommée dans le sud. Ce sont des tonnes de cette denrée qui pourrissent sur les routes.

Aussi il faut éviter les erreurs commises jusque-là : on s’est plus préoccupé de la productivité sans tenir compte du reste.

Cependant les experts ont tous été d’avis qu’il n’y a pas de solution «clé en main». On doit prendre en compte tous les facteurs locaux et apporter un remède particulier. Encore faut-il rendre disponible les financements nécessaires

 

 

 

 

 

 


Malheur à toi Lubumbashi

Crédit photo : wikimedia commons

Malheur à toi la ville cuprifère.
Toi qui t’enorgueillit d’être la capitale économique du Congo-Kinshasa.
De tout temps les néoconquistadors ont cherché à parader sur la place Moïse Tshombe(1) pour se persuader d’avoir la main sur le tiroir-caisse (mines, taxes, forêt, patrimoine de l’État…)

En effet on ne peut diriger ce pays continent sans posséder les fabuleuses richesses minières de Fungurume, Kolwezi et les contrées alentour ; sans contrôler la grande porte qu’est le poste douanier de Kasumbalesa.
À toi seule, Lubumbashi, tu représentes le symbole de cette opulence à l’état brute.

Je marchais sur le trottoir d’une rue animée de Kinshasa, le siège des institutions de la république. Une alerte Facebook m’obligea  à sortir mon smartphone de la poche.
J’apprenais alors que la fierté avait fait place à la psychose : le prix d’un sac de farine de maïs, denrée la plus consommée, était passé du simple au double. En un clin d’oeil les prévisions budgétaires des ménages lushois étaient chamboulées.
Je n’eus pas besoin de chercher une explication à cette crise économico-sociale. Car il est de notoriété publique que ma ville dépend à 90 % des importations de farine zambienne. Un seul jour de fermeture de la frontière et c’est la valse des étiquettes chez les vendeurs de farine.

Alors j’eu envie de crier : «malheur à toi qui a hypothéqué ton indépendance alimentaire. »

(1): Grand-place de Lubumbashi


Émergence 2030

Credit photo pixabay.com

Qu’est-ce qu’on nous rabâche  la fameuse histoire de l’émergence ! Il semble donc que d’ici 15 ans le Congo sera émergent.
C’est quoi donc l’émergence ? Pour mieux l’appréhender, considérons une histoire qui se passe en l’an 2030.

Lubumbashi, le 03/09/2030_ La météo nationale a annoncé le retour des premières pluies cette semaine. Les feuilles annonciatrices  viennent de se soulever de terre et la population se rend frénétiquement vers les  958  stations domestiques de gestion de l’eau qui vont être inaugurées aujourd’hui. Chaque année, le rituel est le même, les communautés de quartier creusent les bassins dans les jardins sélectionnés pendant la saison sèche. Elles y placent les briques vitrifiées qui ont été façonnées dans l’année avec la terre provenant des bassins de l’année dernière. Les plantes aquatiques pour lutter contre les moustiques et les plantes macrophages pour absorber les polluants sont prélevées dans les stations avoisinantes pour être plantées dès les premières pluies dans les nouveaux bassins. Souvent, les poissons viennent les rejoindre bien vite.

Voilà maintenant 20 ans qu’un collectif d’ingénieurs de la diaspora  s’est mobilisé pour procurer de l’eau gratuite  ; une eau provenant des pluies puis recyclée et filtrée pendant la saison sèche. Le phénomène a dépassé le contexte rural pour envahir les villes. Comme en témoigne un habitant d’un quartier  chic  : « Paradoxalement, notre quartier était parmi les plus modernes de la ville et il fait parti des derniers à être équipé. Comme on dit, les derniers seront les premiers ! ».

Les grosses gouttes ont fini par tombé. Les bassins se sont remplis en un clin d’œil. A chaque fois c’est la même émotion, les cris de joie et les chants retentissent à l’unisson. Comme on ne peut pas accueillir tout le monde dans les parcelles, des écrans géants retransmettent l’événement un peu partout dans la ville. « Les jours de pénurie, j’allais tous les jours à la pompe c’était la galère. Maintenant c’est de l’histoire ancienne l’eau tombe du ciel jusque dans mon verre … et en plus elle est bonne » raconte une dame .  L’eau commence à sortir des filtres  céramiques pour le ravissement des propriétaires et de leur voisinage qui se bousculent pour s’en procurer un gobelet.Ce sera la fête jusqu’au bout de la nuit.

Comme dirait l’autre : »l’émergence c’est déjà aujourd’hui « .

PS: article coecrit avec Alexandra Mbaye,une compatriote de la diaspora.