Edem Gbétoglo



Des normes sociales à l’éducation sur le genre

Cette semaine je suis tombé sur une excellente publication de Mikafui Akue que vous pouvez retrouver ici (pour mieux comprendre mes propos, vous devrez lire la publication en question), qui traite des normes sociales, de l’éducation, du genre et de la vie de couple.

Au-delà du débat sur le féminisme, je pense que cette publication pose deux sujets intéressants : le partage des tâches dans la vie de couple (pour les couples qui vivent ensemble surtout), et la considération du rôle de la femme par son homme.

Je trouve important que l’on parle des tâches à réaliser lorsqu’on est en couple. Dans la plupart des familles ou couples, la femme s’occupe de la cuisine, des enfants, des courses etc, et l’homme s’occupe des dépenses du foyer, des factures etc. Au fond, beaucoup d’entre nous ne faisons que reproduire les actes de nos parents, parce qu’on les voyait « faire ». Pour ma part, il est important d’en parler avec son/sa partenaire avant de cohabiter ensemble : oui, en parler. Ce n’est pas un sujet si banal que d’en savoir plus sur la vision que son conjoint/sa conjointe a de la vie en couple et des implications d’une décision de vivre ensemble. Le seul fait d’en discuter permet à chacun de se situer et d’en savoir plus sur l’univers familial de l’autre. Oui, il faut « connaître l’autre », pas seulement se dire « je t’aime, moi non plus ». C’est dommage de voir que beaucoup de jeunes qui disent être en couple ne discutent plus, n’échangent plus sur des sujets touchant la gestion budgétaire, le respect, la vie de famille, le projet de vie, etc. D’ailleurs, Gary Chapman consacre les chapitres 7 et 8 à quelques thèmes dans un livre de poche, « Ce que j’aurais aimé savoir avant de me marier ». Avec moins de 10 euros (moins de 7000 f cfa), vous avez ce livre. Même si vous n’aimez pas lire, je vous conseille de vous procurer ce bijou et de le parcourir progressivement, vous y apprendrez un certain nombre de choses. Et si vous êtes en couple (marié ou pas), c’est encore mieux de le lire à deux.

Le second point (la considération du rôle de la femme par son homme) est encore plus intéressant. En premier lieu, la participation de la femme à l’équilibre du foyer n’est pas perçue de la même façon, selon que l’on soit en Afrique ou en Occident. On suppose en Afrique qu’une femme qui n’a pas une rémunération fixe ne participe « pas assez » à la gestion budgétaire du foyer, alors qu’elle est revendeuse ou couturière et s’occupe généralement des enfants. A côté de cela, elle s’occupe généralement de la cuisine et est capable de contribuer à la popote donnée par son mari pour que « la maison puisse convenablement se porter ». Avec la montée du féminisme, on entend des hommes dire que les femmes ne contribuent pas à 50/50, mais qu’elles veulent s’émanciper.

De mon point de vue, ce n’est pas une contribution de 50% au budget familial qui fait d’une femme « une participatrice » ; elle est déjà une sacrée contributrice, même avec 10% de son revenu dans la balance.

De plus, combien d’hommes aident leur femme en cuisine ? Combien d’hommes apprennent à cuisiner en famille avant de se marier ? Combien prennent sur eux de faire doucher les enfants lorsque la femme est en cuisine ? Là je parle de l’Afrique, même si on ne peut généraliser cela à tous les pays du continent. En Occident, les femmes s’investissent plus financièrement, parce que le contexte n’est pas le même. On n’aura pas besoin de dire à un homme qu’il devra faire doucher les enfants et leur faire à manger lorsque la femme n’est pas encore rentrée. On n’aura pas besoin de lui dire qu’il doit récupérer les enfants à la sortie de l’école. On n’aura pas besoin de lui rappeler qu’il peut faire les courses ou faire la cuisine, parce que le quotidien dans les pays occidentaux oblige les deux partenaires à s’investir. Attention, je ne dis que tout est rose dans la vie de couple en Occident, mais…

Le contexte n’est pas le même, encore moins les réalités sociales.

Vous l’aurez compris. Je fais référence à ce qu’il faut faire en amont pour éviter les problèmes soulevés par Mikafui Akue dans sa publication. Au fond, tous ces problèmes peuvent être réglés par un changement de mentalité.

Il s’agit de commencer par la base : l’éducation des enfants. Ce sera aux futurs parents d’aujourd’hui de rectifier le tir, pas en « disant », mais en « faisant » beaucoup plus. C’est à ce niveau que le livre de Gary Chapman intervient, parce que pour « faire », il faudra au moins « savoir ».

Oui, il s’agit pour les futurs parents que nous sommes de donner le bon exemple, « car les enfants nous verront et nous copieront des années plus tard ». Tant que nous n’aurons pas le cran de passer par cette étape, quelles que soient nos paroles, elles risqueront d’être vaines, et le cercle vicieux sera entretenu. Aux hommes et pères de montrer à quel point ils chérissent la femme, à quel point ils s’investissent dans la vie de couple et la vie quotidienne de famille. Il faut parfois expliquer à son enfant pourquoi en tant que père de famille, on s’investit autant dans les tâches et les activités familiales. Le changement de mentalité dont on parle partira de là. Et dans ce cas précis, regarder son enfant 25 ans plus tard et être fier de ses opinions, de sa manière de traiter sa conjointe/son conjoint et de l’éducation qu’il/qu’elle transmet aux petits enfants est le plus beau cadeau que l’on puisse souhaiter avoir.

Edem Gbétoglo en réflexion sur la vie de couple et l'éducation sur le genre.
Edem Gbétoglo en réflexion sur le sujet.
Photo crédit : Edem Gbétoglo

Souvenons-nous en tant que parents (et futurs parents) que la vie a un début et une fin, l’important c’est ce qu’on en fait. Cette pensée me guide et me permet de prendre conscience de l’importance de l’éducation dans bon nombre de situations. J’espère qu’elle vous sera également utile.




Bloguer, c’est bien, mais le faire par conviction, c’est mieux

Enfin, enfin une cause qui portera au pinacle de la jouissance, l’orgasme des blogueurs. Assez, oui assez de solitude triste et de stratégie retorse. En vérité je vous le dis, bloguer est plaisir. Attendu que selon le divine Epicure, « le plaisir est la fin de toute vie heureuse », chers lecteurs, « bloguer c’est bander , convaincre est plaisir », pour travestir les propos de Robert Badinter. Et puisque le destin m’offre l’opportunité en ce 31 août 2018 de dire tout haut ce que nul n’a osé même murmuré depuis Cicéron ; moi qui de part mes origines et le mythe de l’extrême générosité de la providence à mon égard ; moi le jeune blogueur majestueux dont je ressens déjà les premières vibrations ; moi qui ne suis devenu blogueur que sur la foi de cette phrase prometteuse et exaltante, voyez par là des propos sans transhumance verbal, un visage de conquérant et un regard de jouisseur. Avec vous chers lecteurs, j’ai connu et je connais l’ultime orgasme avec la plupart de mes billets notamment, celui sur la participation politique des jeunes togolais et sénégalais, les relations amoureuses ou encore celui sur le cancer et sur les générations Y et Z.

Contrairement à Platon pour qui, tout plaisir est moindre peine et toute peine est moindre plaisir ; et bien je vous le dis, plus grande est la peine encourue, plus intense est le plaisir éprouvé et si je suis aujourd’hui dans le circuit des blogueurs togolais, c’est parce que je savais, oui je savais tout en sachant que même au-delà du Togo, tous sucent sussent l’interrogation essentielle et donc, existentielle. Convaincre, défendre des opinions justes, jouir ou ne pas jouir de son blog, telle sont les questions, car il faut porter en soi le tumultueux instinct de vie, il faut accorder en soi rimes richissimes, paroles enrichissantes et propos d’opinions justes. En effet, le blogueur, via ses élégants mots doit pouvoir sillonner de bas en haut et de haut en bas, tous les sombres sujets qui lui semblent obscurs ; ineffable douceur, des caresses soyeuses qui parcourent dans un va-et-vient langoureux et doucereux la tige cérébrale dont il souhaite la raideur acquiesçante; peu à peu, cette raideur forcera le respect de l’approbation du lecteur sur le sujet abordé. Alors la langue, la voix, les mains et les doigts entonneront un hymne à la sève finale ; oh toi, éjaculation verbale, oh toi masturbation intellectuelle, toi dont la densité est fécondité, toi qui jaillis avec puissance et saccade, au point G de ton sceau correspond la marque de ton fourreau; oh larve procréatrice, répands-toi en large fléau !

Oh lala, Oh lala, que se passe-t-il ? Je le devine et je le vois dans le regard lubrique de mes lecteurs que vous êtes, hypocrites, qui tentent déjà de jeter l’opprobre du vice sur mes dires. Ne voyez ici aucun éloge sournois à un quelconque plaisir solitaire, non à la masturbation intellectuelle du blogueur narcissique, non, car c’est ici de passion et d’amour qu’il s’agit. Oser dire le bonheur d’un hobby voire d’un métier que l’on aime, au sens propre du verbe « aimer », dans la sueur, la peur, l’espoir, charnellement, physiquement dans un tango violent avec les lecteurs, haletants sous l’étreinte des mots, reste gratification de ma personne. Un blogueur sans cause dévolue, est comme un enfant dénudé voire dénué de frusques et de nippes. Contre ceux qui verraient dans mes dires un quelconque sexisme, eh bien, j’invoque mon amour pour les femmes ; oui, il n’y a pas non plus de privilège de masculinité parmi les blogueurs, je prends à témoin deux blogueuses togolaises, Hamdiya Katchirika et Edwige Mensah, elles que l’on dit imprévisibles mais jamais simulatrices, elles dont les voix s’érigent telle la sève d’une tige qui ne demande qu’à s’affermir.

Comme le certifieront assurément les blogueurs togolaisle blogueur dans le corps à corps qu’il livre avec les lecteurs hostiles, déploie simplement une stratégie amoureuse, en vue de les arracher à la solitude dans une éruption approbative qui les soulage.

Enfin, à la fin des fins, lorsque le blogueur swinguera avec la mal aimée sur le célèbre « trois prétendants un mari » avec de célèbres phrases de persuasion, cette dernière hissera les yeux dans ce délicieux laisser-aller que les ignares prennent pour le sommeil sommet de l’ennui, alors qu’en réalité, épuisée par le plaisir, elle s’abandonne dans une voluptueuse pâmoison, plongée dans cette sublime extase au milieu des circonlocutions du blogueur, qui lui fait atteindre le 7 ème ciel de la conviction des opinions.

Et à ceux, à ceux encore qui douteraient que bloguer soit pulsion et passion, il est un ultime miracle qui achèvera de les convertir…incrédules et sceptiques, venez, oui venez, voyez et lisez cette chose, ce billet, qui semble sans âme, sans tripes, sans cœur, cela s’appelle « la métaphore ». Contre toute attente, le blogueur réussira même à faire preuve d’humour. Oui, l’éloquence est une preuve ultime que bloguer est un acte de foi et de chair. Abandonnez les palpations de l’illustre robinet, oui, arrêtez les pilules prétendument érectisantes érotisantes ; je vous prescris une recette littéraire, foutrement efficace, utilisable chez soi ou en public, à savourer avec vos amis, à déguster en présence de vos détracteurs … bloguez, oui bloguez, répandez votre verge verve à profusion, même au-delà du ciel et des enfers où le diable lui-même sera contraint de succomber à votre élixir de persuasion ;

bloguer, oui bloguer, ah, quelle belle et noble cause !

Mais au-delà de cette cause si noble, on se pose une question fondamentale : bloguer n’est-il qu’un canal pour atteindre d’autres objectifs personnels et professionnels? La réponse est dans les faits, dans les actes, dans les décisions, dans les différentes voies empruntées par les uns et les autres ; la réponse est dans le choix que l’on fait…

Je vous dit tout simplement « merci de me lire», chers lecteurs. Bonne journée mondiale du blogging à tous les blogueurs.

Ps. Une partie du texte est inspirée de la plaidoirie de Denis Agboton de Juin 1999.

Le visuel mis en avant est réalisé par Atome, blogueur camerounais.


Les cinq plateformes de formation en ligne à tester en 2018

Nombreux sont les entrepreneurs et des profils en entreprise/organisation qui se forment par des formations en ligne ou MOOCs, étant dans l’impossibilité de se déplacer pour cette noble cause, ou tout simplement dans le but de gagner du temps dans le cadre de leurs activités. Les formations en ligne ou les MOOCs sont pour beaucoup d’africains une manière de se former à moindre coût contre une attestation de formation. Mais il faut préciser que nombreuses sont les formations qui ne sont pas aussi utiles qu’elles en ont l’air. Afin de vous permettre de connaître les plateformes qu’il faut privilégier selon les domaines, je vous propose dans cet article cinq plateformes de MOOCs qui me semblent intéressantes et qui peuvent aider certains d’entre vous à vous former.

Moocs4Dev - EPFL - Moocs Afrique
Moocs4Dev – EPFL
https://moocs-afrique.epfl.ch/fr/
  1. Moocs Afrique (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne)

Lorsque nous parlons de Mooc utiles, nous parlons de formations pouvant permettre aux apprenants d’avoir un minimum de notions sur des problématiques qui les concernent directement. Quoi de mieux qu’un MOOC sur la planification urbaine des villes africaines ou encore sur la planification et Design de Systèmes et Technologies d’Assainissement. Ce qui est également intéressant est le fait qu’il y ait en premier lieu des formations adaptées au contexte africain et ceci, en français et en anglais, et en deuxième lieu des niveaux de formation allant jusqu’au doctorat.

Hotsi
Hotsi, le réseau social innovant pour l’Afrique

 

2. Hotshi 

Cette plateforme présentée comme un réseau social par l’équipe de la togolaise Pierrette Atikpo, permet de mettre en contact des professionnels et des entrepreneurs. Hotshi est ouvert à tout cadre, entrepreneur, intellectuel, étudiant, société, institution, organisation sur le continent ou dans les diasporas qui mène déjà ou qui veut mener des actions ou projets pour contribuer au développement de l’Afrique. Sur Hotshi, vous pouvez aussi vous inscrire à des cours de votre choix pour mettre à jours vos compétences : les langues, les sciences, la communication, l’entreprenariat, l’aéronautique et plein d’autres cours. J’ai été bluffé par un de leur MOOC assorti d’attestation sur l’apprentissage du lingala, la langue africaine au Congo. Il n’y a pas assez de plateformes qui proposent ce type de formations qui met au centre de l’apprentissage les langues africaines. Il serait d’ailleurs une bonne idée d’avoir d’autres MOOCs sur d’autres langues africaines, notamment le wolof, le fon, le yoruba ou encore le swahili.

 

Plateforme du droit international de l'eau douce
Droit international de l’eau douce – MOOC
Copyright : coursera.org

 

3. Droit international de l’eau douce

Cette plateforme est intéressante en ce qu’elle permet aux apprenants de suivre une formation en ligne sur le droit international de l’eau douce sans forcément avoir au préalable une formation en droit. Oui, je vous le concède, c’est assez particulier comme domaine. Mais vous savez, il n’y a pas que les médias sociaux qui importent, il y a également des thématiques qui sont assez transversales et qui sont fort utiles. La plateforme pour le droit international de l’eau de l’Université de Genève nous permet donc à tous « de mieux comprendre les contours du droit international de l’eau, vu qu’il a connu des développements majeurs qui oblige de tenir compte des multiples facettes que revêt la gestion et la protection des eaux douces. L’adoption d’instruments universels, régionaux et de bassins souligne l’importance d’étudier l’évolution de la réglementation internationale relative à l’eau et d’identifier les grands principes en ce domaine. »

Les MOOC sont enseignés par quatre chercheurs dont le togolais Komlan Sangbana. Le prochain cours débutera le 26 mars 2018.

RSE-et-PED est la première source d’information francophone indépendante et multipartite sur la Responsabilité Sociale des Entreprises dans les pays émergents et en développement.
RSE et PED
Copyright : www.rse-et-ped.info

 

    4. RSE et PED

Les webinaires organisés par la communauté pour la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) avec les pays en développement, je les ai découverts par hasard en cherchant des informations sur la RSE et son application dans les pays africains. Il n’y a d’ailleurs pas que des webinaires sur le droit international des droits humains et la RSE, mais également des ressources et webinaires sur les objectifs du développement durable ou encore l’entrepreneuriat féminin et les médias sociaux en Afrique subsaharienne et des ressources sur le respect de l’environnement. La diversité des acteurs et des intervenants favorise des débats utiles et enrichissants. Vous avez d’ailleurs la possibilité de recevoir une attestation à la suite de la série de webinaires sur une thématique particulière par exemple.

    5. Rue 89 Mooc

J’ai découvert ce site en voulant en apprendre plus sur la communication digitale et la communication institutionnelle sur les réseaux sociaux. Grâce aux formations en ligne proposées, j’ai pu en savoir plus sur les basiques d’une communication digitale et surtout les erreurs à éviter. Ce Mooc m’a d’ailleurs permis d’être efficace sur une campagne de l’organisation OXFAM. Beaucoup s’improvisent en digital manager sur les réseaux sociaux sans pour autant avoir les bases d’une stratégie digitale de l’entreprise pour laquelle ils offrent des services. Rue 89 propose d’ailleurs actuellement un MOOC sur la ComPublique sur le web et les réseaux sociaux, et il pourrait bien être utile à plusieurs digital managers.

Lors de mes recherches, je n’ai malheureusement pas trouvé de plateformes proposant des MOOCs en langues africaines. Il serait également fort intéressant d’avoir plus d’africains animateurs de MOOCs sur des thématiques et problématiques africaines. Les intellectuels africains évoluant dans des organisations à fort potentiel, il n’en manque d’ailleurs pas. Si vous connaissez des plateformes pareilles, vous pouvez également les mentionner en commentaires.


Trois clés pour sortir de la crise politique au Togo

Aborder la situation de la crise politique togolaise est tellement compliqué pour le togolais que je suis. La raison est toute simple : quel que soit son avis, le togolais est classé dans l’une ou dans l’autre catégorie, notamment « Pour le parti au pouvoir »  ou « Contre le parti au pouvoir ». L’exercice étant assez difficile, je m’efforcerai d’être aussi neutre que possible. Je ne fais partie d’aucun parti politique, et le fait de vivre en Europe ne fait pas de moi une personne appartenant à un camp donné. Je tenais à le préciser.

La situation togolaise est complexe. Entre le parti au pouvoir qui joue intellectuellement ses dés et l’Opposition qui marche jusqu’à ce que l’usure des chaussures s’en suive, on ne sait où poser la tête concrètement. Nous le savons tous, le Président Faure Gnassingbé n’a pas l’intention de quitter le pouvoir à l’heure actuelle, ce n’est pas dans ses plans. Le régime est solide et prêt à tout pour rester au pouvoir aussi longtemps que possible, du moins, jusqu’en 2030, année de l’Émergence où couleront le lait et le miel (sourire). L’avant-projet de loi du gouvernement a tout de même su aborder les points importants dont la limitation du mandat présidentiel à deux. Ce qui est marrant, c’est que le projet fait également mention de la limitation du mandat parlementaire. L’Opposition n’est pas en accord avec ce dernier point. Elle n’est également pas en accord avec la suppression de la phrase « en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux (02) mandats ». Pour ma part, la crise politique togolaise oblige l’Opposition à faire des concessions même si cela ne semble pas évident, et bien que cela ne permette pas un départ immédiat de l’actuel Président de la République.

Les marches c’est bien, les négociations c’est encore mieux.

Je sais, d’aucuns se disent déjà, « ce blogueur est un traître probablement. Et d’ailleurs, connait-il la situation du pays surtout qu’il vit en Europe ? ». Je vous comprends, mais soyons lucide pendant un moment. Les marches se feront, mais jusqu’à quand ? Et pour obtenir quoi à la fin ? Ne serait-il pas mieux pour l’Opposition de réfléchir à une autre stratégie plus efficace ?

Analyser en profondeur cet avant-projet de loi et proposer des réajustements sans pour autant supprimer les propositions du gouvernement ne serait pas une mauvaise idée. Chaque partie aurait donc « en partie » ce qu’elle voudrait.

Ensuite, l’Opposition devra préparer les législatives, et c’est dès maintenant que cela doit se faire. Elle a toujours été battue sur ce terrain, or sans cette garantie, il sera difficile d’aller à bout de ma dernière proposition : celle de rendre la Cour Constitutionnelle égalitaire. Nous avons 9 juges constitutionnels au Togo, et l’article 100 est plutôt claire :

La Cour Constitutionnelle est composée de neuf (09) membres désignés pour sept (07) ans renouvelables :

-trois (03) sont désignés par le Président de la République dont un (01) en raison de ses compétences juridiques ;

-trois (03) sont élus par l’Assemblée nationale à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres. Ils doivent être choisis en dehors des députés. L’un d’entre eux doit être désigné en raison de ses compétences juridiques ;

-trois (03) sont élus par le Sénat à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres. Ils doivent être choisis en dehors des sénateurs. L’un d’entre eux doit être désigné en raison de ses compétences juridiques.

L’idée serait que ce collège se compose de juges désignés par le Président et par l’Opposition. Pourquoi une telle proposition? La Cour Constitutionnelle étant l’organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics (art 99 de la Constitution togolaise), juge de la régularité des consultations référendaires, des élections présidentielles, législatives et sénatoriales (art 104 al.2 de la Constitution togolaise) et juge de la constitutionnalité des lois (art 104 al.3 de la Constitution togolaise), il va de soi qu’une composition plus égalitaire de cette juridiction permettrait au Togo d’éviter un certain nombre de problèmes redondants.

Et pendant qu’on y ait, une cohabitation ne serait pas une mauvaise idée en ayant un Premier ministre issu des rangs de l’Opposition. Cependant, si l’Opposition rate le coche des élections législatives, le parti au pouvoir (UNIR) aura toujours une longueur d’avance.

Composer avec le parti au pouvoir est-il une trahison ?

Pour certains, ce n’est pas du tout bien vu que l’Opposition décide de composer avec le pouvoir afin de faire avancer les choses. Pour ma part et dans le contexte actuel togolais, composer avec le parti au pouvoir devrait être envisagé. Détrôner un régime qui est au pouvoir depuis près de 50 ans, cela ne se fera pas en 1 mois. Composer avec le parti au pouvoir s’inscrit toujours dans une forme de négociation voire de coopération. Certes, le parti au pouvoir est assez perspicace, mais afin d’équilibrer les choses, l’Opposition devra être plus rusée pour une sortie de cette crise politique togolaise.

L’alternance au Togo est-elle possible sans des activistes ou la société civile ?

Togo : Société civile
Société civile : togobreakingnews.info

Ceci est une question que je me pose sérieusement. Il s’agit ici d’activistes organisés en collaboration avec la société civile. Pour que cela fonctionne comme il faut, il faudra que la société civile elle-même soit organisée. L’idée ne sera pas de pousser la population dans la rue pour le plaisir (il existe un droit dans la rue qu’il faut bien respecter, et encore là, il y a tout un débat sur la loi Bodjona), mais de servir de contre-poids politique et de lanterne pour la population. Devant les insuffisances de l’Opposition togolaise à l’heure actuelle, un tandem activistes-société civile ne serait pas une mauvaise idée.

Je n’ai pas de propositions spécifiques pour le parti au pouvoir (en fait, il n’en a pas besoin), puisqu’il a des personnes ressources qui jouent le rôle de « conseillers ». Je pourrais par-contre ajouter que le parti UNIR (le parti au pouvoir) devra faire preuve également d’une volonté politique plus poussée à l’égard de la population togolaise, sinon il serait fort compliqué de sortir de cette crise, et on risquerait de la faire perdurer jusqu’en 2020 pour être confrontés aux mêmes problèmes.

Le Président de la République Faure Essozimna Gnassingbé et la situation politique togolaise
Le Président de la République togolaise Faure Essozimna Gnassingbé.
Source : news.icilome.com

Il faut également que la Présidence togolaise ait une stratégie de communication plus efficace. C’est bien dommage que le Président de la République ne se prononce pas sur la situation politique du pays, c’est bien dommage qu’il ne parle pas au peuple, c’est bien dommage que le togolais ne ressente aucune préoccupation réelle de sa part pendant cette crise politique.

Somme toute, voici donc mes propositions et suggestions pour les deux parties, en espérant qu’elles en fassent bon usage.

Bien cordialement,


Le cancer m’a volé un ami

J’écris rarement ce genre de billets, je n’en ai généralement pas la force. Pourquoi ? Je suis sensible à la douleur, vous savez, cette souffrance qui vous envahit lorsque vous perdez tous vos moyens parce que vous avez perdu un être cher.

J’avais rencontré cette personne lors d’une balade dans les rues de la ville, le temps était doux. Il avait une guitare. Il chantait une belle chanson de Tracy Chapman, le genre qui pouvait créer à la fois des émotions de tristesse et de joie. On a sympathisé ce jour-là. On a tellement rigolé comme si l’on se connaissait depuis des années. Ephrem était du genre très prudent et assez calme. Il nous arrivait de discuter des heures et des heures sur la vie, l’amitié, les problèmes de couple, les problèmes de famille etc. On manquait rarement de sujets.

Il y a quelques mois il eût un malaise et se fit ensuite analyser. L’attente était longue à l’hôpital. Son frère Péniel disait qu’il n’avait pas de nouvelles non plus. Vous savez, c’est le genre de moments qui vous fait stresser et réfléchir. Ephrem était malade, il ne le savait pas, il ne pouvait pas le savoir.

J’étais triste pour cet ami à qui je m’étais attaché, j’étais à ses côtés, lui me regardant les yeux en larmes, et moi lui souriant comme pour me redonner de l’espoir et partager cette émotion avec lui. Il était en phase terminale, il savait qu’il partirait, je le savais, son frère le savait, mais les médecins nous redonnaient de l’espoir, un espoir vain apparemment. Je sortis ma bible et je la lui lisais dans le calme du temps frais. Je sortis de la chambre pour aller prendre un peu d’air, et là j’ai craqué. Pour une fois, j’ai craqué. Les larmes m’emportèrent, la Bible dans les mains.

C’est en ce moment que l’on regarde vers le ciel et qu’on demande au Seigneur : « pourquoi lui? ».

J’avais ces pensées en tête tout en écoutant « Ne me laisse pas tomber » d’Axel Lévi ».

J’essuie mes larmes et je retourne vers mon ami. Nous prenons le temps de discuter et de nous remémorer des moments de discussions et de partages.

Puis tout d’un coup, il me dit de ne jamais oublier de lui rappeler ces moments à chaque fois que l’on se verra, de ne pas laisser s’envoler ses souvenirs si jamais il n’était plus là, de lui rappeler ce qu’il s’était promis et ses rêves les plus fous.

Deux médecins entrèrent dans la salle ainsi que quelques membres de sa famille. Ephrem était faible, mais fît l’effort de prendre sa guitare et nous joua un morceau. Je n’oublierai probablement jamais ce moment où je versai des larmes en sa présence, car le lendemain, lorsque je repassai, il n’était plus là, il s’était envolé. Son corps n’était plus là, sa douleur, sa joie, sa fougue et son regard étaient toujours là, quelque part dans l’hôpital et dans mes pensées.

Le cancer m’a volé un ami, et je me rappellerai de qui il était et ce qu’il s’était promis, parce qu’il aura probablement oublié, parce qu’il sera probablement oublié.


Sénégal/Togo : trois facteurs essentiels pour l’amélioration de la vie politique

Il y a quelques semaines j’ai publié la première partie de l’enquête auprès des étudiants sénégalais et togolais sur la problématique de l’émergence d’une nouvelle élite politique en Afrique Francophone. Selon cette étude que j’ai réalisée auprès d’étudiants (togolais et sénégalais) entre 20 et 26 ans de Juillet à Octobre 2015, 51% des enquêtés estiment ne plus s’intéresser à la politique. J’ai donc cherché à en savoir plus sur les recommandations que peuvent faire les jeunes togolais et sénégalais à l’endroit des leaders politiques pour l’amélioration de la vie politique.

A la question « Que proposeriez-vous pour le changement et/ou l’amélioration future de la vie politique de votre pays », trois modalités ont été proposées afin de cerner les avis des étudiants. Ainsi, il ressort que près de

25% des enquêtés proposent un changement de l’élite politique actuelle,

24,3% proposent l’assainissement des finances publiques,et

38,4% pensent que l’amélioration future de la vie politique doit passer par une meilleure formation politique de l’élite dirigeante.

L’émergence d’une nouvelle génération de leaders signifie la promotion d’élites rassemblant plusieurs compétences, telles que la compréhension des discours sur le développement social et économique, des connaissances liées aux nouvelles technologies de l’information, celles-ci devenant un socle sur lequel se greffent nombre de projets de développement, et des valeurs de développement telles que l’équité, la probité, l’éthique, la bonne gouvernance et la gestion équitable des richesses disponibles.

Afin de favoriser une émergence propice, ces nouvelles élites intellectuelles doivent être très bien formées et instruites.

Quelle place accorder à l’éducation politique dans les pays de l’Afrique subsaharienne Francophone?

Mais qu’en est-il de l’importance de l’éducation politique et de l’instruction politique des jeunes étudiants dans ces deux pays? Comment fournir une meilleure formation politique de l’élite dirigeante, conformément à la recommandation des jeunes enquêtés?

Parmi les étudiants sénégalaisenviron 3 sur 4 (76,8%) pensent que l’étude de la science politique doit être prise en compte dans l’éducation des jeunes, et 95,2% des étudiants togolais ont répondu par l’affirmative à cette question.

Nous avons tenu à faire la différence entre « instruction » et « éducation », bien que les deux notions se rejoignent. Nous concevons que l’éducation politique peut comprendre deux interventions, d’une part, celle des parents, des amis, bref de l’entourage, ce qui fait référence à l’éducation stricto sensu; et d’autre part, celle des enseignants/professeurs et donc de l’environnement institutionnel, ce qui fait référence à l’instruction.

A la question de savoir si les cours de science politique doivent être pris en compte dans les programmes d’enseignement, 80% des étudiants sénégalais ont répondu par l’affirmative. Quant aux étudiants togolais, la quasi-totalité (95%) est totalement d’accord pour l’intégration de cours de science politique dans les programmes d’enseignement.

Ces niveaux d’approbation ou d’avis positif sur la question démontrent du désir que les étudiants ont d’en savoir plus sur la politique et l’histoire de leur pays.

Dans le même prolongement d’idées, nous avons tenu à connaître le niveau d’études qui conviendrait à l’intégration des cours de Sciences Politiques comme le montre le tableau ci-dessous.

 

Nationalité

Niveau d’étude TOTAL
PrimaireSecondaire_1Secondaire_2SupérieurNon réponse
Togolaise0,023,861,99,54,8100,0
Sénégalaise1,112,637,928,420,0100,0

Enquête de terrain ; juillet-octobre 2015 – Résultats de nos recherches

Quand faut-il commencer à parler de politique avec les jeunes ? A quel moment de leurs études faut-il les initier aux concepts afin qu’ils en soient familiarisés ?

A cette interrogation, 37,9% des étudiants sénégalais pensent que la science politique doit être intégrée dans les programmes scolaires dès le lycée, 28,4% proposent plutôt le niveau supérieur (université) comme cadre d’enseignement de cette discipline. Pendant ce temps, près de 62% des étudiants togolais proposent que les cours de science politique soient intégrés dès la seconde partie des études secondaires, c’est-à-dire au lycée.

En prenant en compte les deux nationalités, environ 2 étudiants sur 5 (40,8%) pensent que le lycée est l’environnement éducatif par excellence pour des cours de science politique, pouvant donc permettre aux jeunes de cerner les concepts politiques plus tôt, d’identifier les comportements politiques et de se familiariser avec la sphère politique de leur pays avant d’entamer les études universitaires.

De l’intégration des débats politiques dans les lycées

Une première idée est d’introduire la notion de débat politique dans les lycées, afin d’initier les jeunes élèves à l’expression d’opinions personnelles. Un débat sur un thème de société choisi au hasard par trimestre, permettra non seulement aux jeunes de partir d’une idée générale vers le particulier, mais les obligera aussi à dépasser la limite de leurs impressions et expressions personnelles, et à aller au-delà en se mettant dans la peau de l’autre qu’on ne connaît pas, qu’il soit riche, pauvre, d’une religion différente ou pas. Ensuite viendra le moment  où les positions des partis politiques se feront connaître, afin de favoriser un débat ouvert et dans le respect.

Cette proposition peut paraître utopique, mais elle fait suite à un constat que j’ai fait.

Il est difficile pour nos leaders politiques actuels de tenir des débats politiques sur un plateau de télé sans littéralement s’insulter. Il est clair qu’ils n’ont pas été habitués à débattre en public avec interdiction préalable d’insulter leurs contradicteurs.

L’idée est de « responsabiliser » les jeunes actuels afin qu’ils soient de meilleurs leaders que ceux actuels. Comment les responsabiliser ? En leur permettant par exemple de tenir des meetings dans les universités et écoles, de participer aux campagnes avec de réels arguments politiques et sociaux. Ainsi, l’initiation en amont des jeunes africains aux débats politiques dans les lycées favoriserait une préparation de la relève politique.

De l’intégration des cours de sciences politiques dans les programmes scolaires

Cette recommandation est liée à la précédente, dans la mesure où elle fait référence à l’intégration de cours de sciences politiques dans les programmes scolaires.

Si les jeunes sont avertis et instruits sur les concepts de sciences politiques, cela aura une incidence favorable sur les débats politiques, « ils sauront ce qu’ils disent, ils sauront quoi dire et comment le dire ».

Aussi faut-il remarquer que les programmes scolaires en Afrique Francophone sont plus focalisés sur l’Europe, les États-Unis et l’Asie que l’Afrique. Il est remarqué que l’histoire de l’Afrique est méconnue des jeunes africains, et cette situation ne leur permet pas ainsi qu’aux leaders actuels de défendre convenablement leurs opinions, face à des occidentaux qui maîtrisent mieux l’histoire de l’Afrique que les africains eux-mêmes.

Une conclusion de ce dossier vous sera servie dans les jours à venir. Mais, que pensez-vous de ces recommandations faites par les jeunes étudiants sénégalais et togolais? Pensez-vous qu’elles soient fondées et justifiées?

N’hésitez pas à laisser vos avis et suggestions en commentaires.

Au plaisir.


Sénégal/Togo : 51% des jeunes estiment ne plus s’intéresser à la politique

Lors de mon séjour de deux années à Dakar au Sénégal (2013 à 2015), j’ai eu l’occasion de vivre la politique sénégalaise et d’analyser au loin la vie politique togolaise. J’ai donc décidé de Juillet à Octobre 2015 de faire une enquête auprès des étudiants sénégalais et togolais sur la problématique de l’émergence d’une nouvelle élite politique en Afrique Francophone. J’éprouvais le besoin de connaître l’avis des jeunes sur la vie politique de leur pays, le renouvellement de la classe politique ou encore l’engagement politique. Dans cette étude, je me suis focalisé sur les jeunes étudiants (sénégalais et togolais) entre 20 et 26 ans. Les questionnaires ont été administrés à 200 étudiants, dont 100 sénégalais et 100 togolais.

Pourquoi cette tranche d’âge?

Selon les résultats définitifs du recensement général de la population et de l’habitat de l’agriculture et de l’élevage, le rapport définitif de l’enquête présentée par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie du Sénégal (ANSD) en 2014, montre une importante jeunesse sénégalaise. Ainsi, l’âge moyen de la population est de 22,4 ans et l’âge médian de la population est de 18,7 ans. Ainsi, ces résultats ne sont pas loin de ceux du Cameroun, un autre pays de l’Afrique Francophone, dont l’âge médian est de 17,7 ans et l’âge moyen de 22,1 ans. En 2012, l’âge médian de la population togolaise était de 19,5 ans. Ces résultats sur les jeunesses sénégalaise et togolaise, prouvent à dessein que les politiques ont un devoir de faire participer les jeunes aux décisions politiques.

Qui est défini comme « jeune » et qui se considère comme « jeune »?

Vu les considérations qui varient selon les milieux sociaux et culturels, nous appellerons donc « jeunes » deux catégories de personnes; la première sera constituée de ceux qui sont toujours au domicile familial ou qui sont sous le joug de la famille (16-20ans), et la seconde sera constituée de ceux qui ont (peut-être) quitté le domicile familial assez jeune mais qui n’ont pas encore terminé leur cursus universitaire (20-23ans) voire qui sont toujours au domicile familial mais qui n’ont pas encore un emploi stable rémunéré (23-25ans).

La notion de jeunesse pouvant englober des variables sociales et culturelles, il convient de préciser ici que l’étude prend en compte le rôle social, les responsabilités et les attentes.

Le thème de la Journée Mondiale de la Jeunesse de l’année 2015 va d’ailleurs dans le sens de la participation politique de la jeunesse : « l’engagement civique de la jeunesse ». Il est  conforme la déclaration de la Directrice Générale de l’UNESCO, Irina Bokova, selon laquelle les jeunes doivent avoir une place privilégiée.

Le poids électoral des jeunes est parfois négligé des politiques en Afrique francophone. Moins il y a de jeunes qui votent, plus le taux d’abstention demeure élevé lors des élections présidentielles ou législatives. Cette situation a été observée au Togo lors des dernières élections présidentielles d’Avril 2015. L’abstention des jeunes prouve tout simplement la frustration de la plus grande partie de la population togolaise, et j’avais tenu à l’expliquer dans un de mes billets.

L’intérêt des jeunes pour la politique

Selon les résultats de notre étude réalisée de juillet à octobre 2015, 51% des jeunes (les deux nationalités confondues), estiment ne pas s’intéresser à la politique, bien que la moitié des jeunes interviewés affirme suivre de près les débats politiques. 38% des jeunes togolais ont répondu ne pas s’intéresser à la politique et le pourcentage de sénégalais ayant choisi la même modalité de réponse est de 55%.

Et la raison principale évoquée par ces jeunes pour justifier leur désintérêt de la politique de leur pays se résume en une phrase : « la politique telle qu’elle est appliquée de nos jours ne m’intéresse point ».

Quid de l’engagement politique des jeunes?

Une grande majorité d’étudiants ont déclaré ne militer pour aucun parti politique. Près du tiers des étudiants qui ne militent pas pour les partis politiques  évoquent comme raison que les partis politiques ne leur inspirent plus confiance. Au Sénégal, les partis politiques sont au nombre de près de 250 et plus. Cette multitude de partis ne permet pas aux jeunes de faire confiance aux leaders, et donc demeurent réticents.

Ainsi, près de 63% des interviewés affirment ne vouloir intégrer aucun parti politique.

Quant à la question de savoir ce que leur inspirent les partis politiques, le doute et la méfiance ont été les propositions de réponses les plus choisies.

Selon les conclusions de cette étude, les jeunes s’intéressent aux débats politiques, et donc aux politiques menées par leurs leaders, mais ont du mal à s’engager. Notre étude s’inscrit dans la même logique que celle de l’Institut de sondage Afrobaromètre en 2015. Notre étude a été réalisée avant la libération de Karim Wade au Sénégal en 2016. Il faut également remarquer que Khalifa Sall semble être en 2017 la nouvelle figure politique dans laquelle se retrouve un certain nombre de sénégalais. Toutes ces situations ont peut-être eu un impact sur les avis qu’ont les jeunes sénégalais de la politique de leur pays en 2017, ou pas. Au Togo, il n’y a pas eu d’événements majeurs comme ce fut le cas au Sénégal, mais il faut noter que le malaise social de la population semble encore assez persistante. Toutes ces situations peuvent changer les données actuelles, aussi bien dans le bon que dans le mauvais sens.

Dans le but de permettre aux politiques et aux futurs élites de ces deux pays d’améliorer leurs politiques, l’étude a pris en compte les propositions et suggestions faites par les interviewés en 2015. Les résultats de cette partie de l’étude vous seront livrés dans un prochain billet.

Et vous, quelles propositions feriez-vous aux leaders politiques du Togo et du Sénégal, afin de leur permettre d’aller dans le bon sens et d’impliquer plus la jeunesse dans les politiques? Comment faire des jeunes des personnes engagées positivement dans la politique de leur pays?

PS : Merci à ce jeune juriste togolais de l’UCAD, à ce sociologue togolais de l’Université de Lomé et à cette enseignante-chercheuse en France, dont les apports à cette étude ont été déterminants.


Ce qu’il faut retenir du premier débat présidentiel en France

Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, et les autres…

Les candidats à la Présidentielle française sont toujours outillés en arguments, ceux de 2017 le sont encore plus lors de ce débat présidentiel. Nous avons eu droit à des échanges, des remises à niveau, à des railleries subtiles (Ah sacré Mélenchon) et également à des paroles « rayées » (Marine, oh !!! Marine).

Bénoît Hamon et François Fillon
De la gauche vers la droite, Bénoît Hamon et François Fillon.
Source: www.non-stop-politique.fr

Bénoît Hamon et Fillon, que dire de vous ?

Je ne sais pas ce que je pourrais bien dire des deux candidats, respectivement de la Gauche et de la Droite. En analysant leurs idées et leurs propos lors de ce débat présidentiel, il faut avouer qu’il n’y a pas réellement de surprises. François Fillon, il est assez difficile de lui faire confiance à présent, vu les accusations qui pèsent sur lui. Notre cher Bénoît est calme, posé (un peu comme François Hollande à l’époque contre Sarkozy), défend ses idées sans s’emporter. C’est un candidat idéal a priori (pas forcément LE candidat idéal).

Marine Le Pen
Marine Le Pen
Source: ouest-france.fr

Marine Le Pen, le combat fut dur, on te l’accorde

Notre candidate favorite (c’est quand même Marine) n’a pas réellement été à la hauteur de mes attentes lors de ce débat présidentiel. Elle aurait pu mieux faire. Bah oui Marine, tu aurais pu mieux faire, n’est-ce pas ?

Pour ma part, ses idées ne semblent pas vraiment réalisables. Elle dit peut-être ce que beaucoup de français voudraient entendre, elle dit peut-être ce que certains français pensent tout bas, c’est possible. On sent qu’elle met dans un même panier, l’immigration et la laïcité. Lorsqu’elle dit également qu’il faut empêcher d’autres migrants d’aller en France et empêcher toute forme d’immigration, on sent qu’elle ne connaît pas les besoins et la dépendance de la France à l’égard de ces migrants tant aimés. Il faut également se demander si elle a mesuré l’étendue de l’applicabilité d’une telle décision, on ne le saura qu’après le début de son mandat à la tête de l’Etat français, enfin, si elle y parvient.

Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon.
Source: France 24

Pragmatique et vertueux Mélenchon

Il tient des propos assez taillés sur mesure ; il n’hésite pas à dire lors de ce débat présidentiel que l’immigration est une responsabilité que doit porter la France ; il n’hésite pas à relever la responsabilité des Puissances (La France y compris) dans les guerres, celles-ci étant l’une des plus importantes causes des déplacements forcées depuis ces dernières années. Il ne se voile pas la face, il dit les choses telles qu’elles sont et les présente telles qu’elles devraient être. Il n’est pas hypocrite, selon mon analyse. Et surtout, il aurait pu être accepté dans Jamel Comédie Club (rire).

Cependant, on a parfois l’impression qu’il ne vise pas vraiment la Présidence, qu’il est juste dans la course pour faire connaître ses idées.

Emmanuel Macron
Emmanuel Macron
Source: medias-presse.info

Et Macron marcha sur l’eau sans glisser dans la mer

Défini comme le « Judas Iscariote » de la Gauche, il tient debout. Je pense que sa stratégie de communication fait de lui le candidat le plus surprenant de la Présidentielle 2017 en France. Il a construit son nid en faisant connaître ses idées par jet, il s’est construit une notoriété à travers sa manière de répondre et de contourner les questions avant et pendant ce débat présidentiel.

Je n’ai pas de préférence parmi ces candidats, chacun a défendu ses idées et ses positions comme il l’entend. Jean Luc Mélenchon et Macron semblent tout de même plus confiants dans leur élan de parole par rapport aux autres candidats. Ils semblent avoir des idées « évolutives », même si l’on retrouve deux ou trois choses qui se recoupent dans les projets de tous les candidats. 2017 réserve des surprises, car jusque-là, il est un peu difficile de se prononcer. De toute façon, se fier aux sondages n’est plus à la mode.

Et vous, avez-vous aimé le débat? Qui préférez-vous?


Et si l’action collective en Afrique passait par les « influenceurs »?

Nous n’allons pas revenir sur les différentes théories des uns et des autres concernant les « influenceurs », je ne vais pas me permettre de les critiquer d’ailleurs. J’ai lu l’article de mon cher ami Hamidou Anne titré les « influenceurs » africains ne servent à rien:que les jeunes fassent de la politique, et celui du web entrepreneur ivoirien Israel Yoroba que j’apprécie bien, dont le titre est certains « influenceurs » africains servent à changer la société.

Je suis plutôt ravi qu’il y ait des « influenceurs » africains, du moment où ils pourront servir la société. Je pense qu’il y a plusieurs manières de faire de la politique, ou plutôt, de servir la société face aux politiques. L’Afrique a besoin de ces personnes qui sauront être non seulement des références mais également des « leaders ». Je mets ce dernier mot en exergue parce qu’il a été tellement galvaudé ces derniers temps qu’il ne semble plus signifier grand chose. Mais dans le contexte actuel, il reprend ses droits et s’impose.

Les « influenceurs » sont peut-être la nouvelle forme de professionnalisation de l’action collective en Afrique.

C’est également une manière de s’investir en politique, ou de faire de la politique. Ronald Inglehart faisait déjà référence en 1977 aux revendications post-matérialistes dans son œuvre The Silent Revolution. Il est clair que les nouveaux mouvements sociaux ainsi que la professionnalisation de l’action collective à travers le recours aux experts (Michel Foucault et Pierre Bourdieu nous en diront tant) et au numérique (Manuel Castells, « la Galaxie Internet », 2001) sont au cœur des actions politiques, qu’elles soient en Afrique ou en Occident.

Je suis d’ailleurs tenté de définir les « influenceurs » africains, pas comme une marque, mais plutôt comme un Groupe d’Intérêt se rapprochant du modèle néo-corporatiste.

Dans ce contexte, le Groupe d’Intérêt est reconnu par le pouvoir politique comme représentatif d’un secteur ou d’une cause. N’est-ce pas peut-être le cas actuellement? Cette reconnaissance n’est-elle peut-être pas implicite? Les « influenceurs » africains devraient en profiter et asseoir une légitimité, pas seulement virtuelle, mais également concrète et sur le terrain. Je pense qu’ils sont déjà des acteurs de la société civile (d’autant que beaucoup d’entre eux sont des blogueurs), ils ne peuvent plus s’y soustraire.

Le plus important, c’est l’éthique

J’insiste et je le répète. Sans l’éthique et sans le respect des règles fondamentales, nous aurons autant de leaders qu’il faudra en Afrique, mais ceux-ci reproduiront les mêmes erreurs que leurs aînés. Qu’il s’agisse de jeunes devant faire de la politique ou d’influenceurs qui peuvent être/sont utiles pour changer la société, ils se doivent d’avoir des valeurs et des principes. Lutter pour des causes nobles et dignes, ne pas se faire corrompre par des marques (oui, ça pourrait arriver), éviter de drainer les abonnés (pour les influenceurs) ou le peuple (pour les jeunes politiques en devenir) vers des luttes sans fondement et qui ne servent que leurs intérêts.

Il faut mériter son statut (au-delà du nombre d’abonnés ou de followers), c’est ce que l’on attend de tout acteur (issu de la politique ou de la société civile).

Cordialement.


Pour un espace de coworking et d’innovation à Lomé

Les espaces de coworking en Afrique de l’Ouest, disons-le, il n’y en a pas une tonne. Jokkolabs au Sénégal est la référence dans la sous-région. Il est recensé près de 6000 espaces de coworking spaces dans le monde, et ce concept d’espace mutualisé est plutôt adapté aux entrepreneurs qui ne peuvent se permettre de payer un loyer pour un local de leur entreprise. Je parie que si ce concept existait des années auparavant, certains entrepreneurs comme Steve Jobs ou Bill Gates n’auraient pas commencé leur business dans leur garage. Au fond, le coworking space est un vaste garage avec pleins de compartiments à exploiter. L’Afrique l’a compris, d’où la première conférence africaine sur le coworking en Afrique du Sud en Juillet 2015.

Et le Togo dans tout cela?

Cependant, au Togo, dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest, toutes les conditions ne sont malheureusement pas encore réunies pour l’éclosion d’espaces de coworking, bien que des efforts soient faits par les autorités gouvernementales. De jeunes entrepreneurs se sont rendus compte qu’un espace pareil serait très utile et bénéfique pour l’économie collaborative, un espace de coworking du Togo qui serait également une référence dans la sous-région.

Je voudrais vous parler d’Africa Coworkers, cette communauté de jeunes entrepreneurs dont la vision est d’entreprendre autrement à travers le coworking, l’économie collaborative et l’innovation. C’est un concept qui intègre l’esprit de partage et la vie en communauté comme outils essentiels pour la réussite de tout projet.

La mission d’Africa Coworkers est de promouvoir l’entrepreneuriat autrement à travers 3 principes : le coworking, l’innovation et l’économie collaborative. Déjà, plusieurs événements pour booster le monde entrepreneurial s’organisent régulièrement et sept (07) startups se développent au sein de cet espace de coworking, une véritable famille de jeunes entrepreneurs.

Pour atteindre les objectifs de cette année 2017, Africa Coworkers agrandira son espace afin d’accueillir plus de projets d’entreprises et d’événements comme le salon de l’innovation  prévue en Avril 2017, le sommet international de coworking et de l’économie collaborative ( tous deux initiés par Africa Coworkers) ainsi que la semaine mondiale de l’entrepreneuriat.

Campagne d'Africa Coworkers pour la jeunesse togolaise
Africa Coworkers

Comment comptent-ils y arriver?

La communauté a lancé une campagne de crowdfunding dont l’objectif est de collecter au moins 5100 euros afin de mettre sur pied un espace coworking innovant à Lomé (Togo) pour toute la jeunesse togolaise et africaine.  Si toutes les actions menées jusqu’à présent ont été rendues possible grâce aux efforts de chaque membre de cette communauté, l’agrandissement de l’espace de coworking sera une œuvre encore plus collective car elle sera faite grâce à vous. La plateforme de crowdfunding Fiatope est d’ailleurs la référence dans le financement participatif d’initiatives et de projets africains. Cette campagne dont sont partenaires Welcoming Diaspora et Bond’Innov devrait prendre fin le 18 Mars 2017. Seulement, cette campagne respecte le principe de tout ou rien comme dans toutes les campagnes de crowdfunding. Ce qui veut dire donc que si le montant de 5100 euros n’est pas atteint au soir du 18 Mars, eh bien, Africa Coworkers ne pourra toucher aucune de ces contributions.

Comme me le confiait Dieudonné Tchably, actuel coordinateur de la communauté, « ce ne sera pas que le rêve de Africa Coworkers qui sera brisé sans ce financement attendu, mais également de ceux qui ont apporté leurs contributions afin que cet espace de coworking puisse devenir une réalité pour la jeunesse entrepreneuriale togolaise. »

Et si nous écrivions cette histoire avec eux? Et si nous accompagnions la jeunesse togolaise pour ces 26 jours restants?

Pour contribuer, c’est par ici https://www.fiatope.com/projects/africacoworkers

Vous pouvez découvrir Africa Coworkers à la réalisation des objectifs de la campagne.


Pourquoi les relations amoureuses actuelles sont si futiles?

Je n’ai pas l’habitude d’écrire sur des sujets de relations amoureuses, bien que j’en discute assez souvent dans des groupes. Tout au long de l’année 2016, ce sujet revenait à plusieurs reprises, la cause étant que nos frères et soeurs s’inquiétaient pour leur avenir amoureux, pour le devenir de leur relation, pour ce moment de demande en mariage qui ne vient presque jamais. Certains d’entre eux se sont mariés avant ce moment où je vous écris, et d’autres, en voyant leurs amis se marier, poussent les portes afin de se trouver rapidement la bonne personne. « Le temps passe », disent-ils du haut de leurs 25 années d’existence. Massa !!!!! Vous vous pressez pourquoi ?

D’aucuns considèrent le mariage comme l’objectif final ou encore la ligne d’arrivée, or il y a des préalables avant ce moment. Créer une complicité avec son partenaire (dès qu’on le/la trouve), composer avec ses valeurs et ses défauts, aimer cette personne parfois si différente de nous, sont autant de choses auxquelles il faut réfléchir avant de penser au mariage.

Trouver un/e partenaire n’est pas aussi facile, mais faire de cette personne un/e partenaire pour la vie est une autre paire de manches, et pourtant c’est ce qu’il faudra faire. Nos sœurs sont ancrées dans un moule social, et les aînées leur rappellent assez souvent que le moment du mariage approche, comme s’il n’y avait que cela qui les définisse en tant que femme.

Pourquoi les relations amoureuses actuelles aboutissent difficilement au mariage ?

Il n’y a pas de réponse toute faite à cette question selon moi. Cependant, il faut le dire, il est difficile pour les jeunes de l’époque actuelle de s’engager réellement dans des relations durables. Soit ils ont peur de prendre le risque avec la phrase « je ne suis pas encore prêt », mais ils sont quand même prêts à flirter et à prendre du bon temps ; soit ils se focalisent sur le physique en oubliant le plus important. Oui, nous avons de ces personnes qui n’arrivent tout simplement pas à s’attacher à une personne au point de pouvoir l’épouser ;

Nous avons de ces personnes qui s’attachent à une personne aussi rapidement qu’elles s’en détachent.

Dès le début de la relation, tout est consommé et ensuite, il n’y a plus rien dans le frigo, plus de surprises à découvrir, plus de mets copieux à consommer. Beaucoup de jeunes suivent le vent, ne définissent pas les priorités et les objectifs clés. Une relation amoureuse est également un projet de vie, et c’est avant tout un projet qui respecte des conditions.

Il ne suffit plus aujourd’hui de vouloir se marier, il faut être prêt pour une relation durable sérieuse. Je ne parle pas seulement de moyens financiers. Pour y arriver, il faut avoir des objectifs à court et à long terme, il faut également avoir un projet (professionnel et personnel),

Et il faut en discuter avec cette personne avec qui vous pensez vouloir être, avec cette personne avec qui vous pensez pouvoir être, il faut en discuter dès le début.

Il faut ensuite séduire son partenaire dès que vous le pouvez, schéma que vous aurez d’ailleurs à répéter dans le mariage.

Oui, il y a une vie dans le mariage, car cette union est une vie qui se vit, elle ne se décrète pas.

Pas la peine d’avoir peur de se lancer, d’être réticent, d’arrêter une relation de deux ans juste parce que l’autre commençait à la prendre au sérieux, de supposer que le mariage est l’objectif ultime… Ce sont toutes ces pensées et actions qui ne permettent pas aux jeunes de respecter des engagements amoureux et personnels.

Vous pouvez y arriver, nous pouvons y arriver. Mais pour l’heure, ce qui m’importe, c’est le match du PSG contre Barcelone.

Cordialement.


Les Générations Y et Z, des constructions relatives empreintes de similarité

Je ne vais pas me lancer dans des définitions conceptuelles des générations Y et Z, non. Il faut retenir que la première est née entre 1980 et 1997, et la seconde est née entre 1997 et 2011 (je sens qu’il y en a qui commencent à calculer leur âge très rapidement, ça m’a fait le même effet il y a des années). Je n’ai jamais écrit sur ce type de sujets d’ailleurs, je ne saurai vous en expliquer la raison.

Depuis un moment, je lis pleins d’articles qui ressassent les « prouesses prédéfinies » de la génération Z. Tout a commencé avec les différences culturelles entre les deux générations, ensuite la génération Y qui imposerait ses codes au travail, et enfin la génération Z qui serait extraordinaire en cette année 2017. Cela paraît tellement simple. Cependant, j’ai une panne de réflexion avec ces constructions issues de Médias qui savent apparemment tout de ces générations. Ils nous connaissent si bien, ils connaissent si bien nos réalités.

Le 4ème pouvoir ne connaît plus de limites

J’aimerais préciser, pour entrer dans le moule des constructions faites en la matière, que je suis de la génération Y, les « millenials », et pas de la Z, les « post-millenials ». Les millenials ont découvert internet et ont grandi avec, ils se sont adaptés à cette métamorphose. Des métiers décrits par les médias sont apparus à cet effet, « le community management » par exemple. Les entreprises devaient s’y adapter, elles devaient l’intégrer dans « leur manière de penser », et elles l’ont faite. Tout est allé si vite, mêlant les deux générations dans la course aux « métiers du futur ». En Afrique, tout le monde veut devenir community manager, sans se former (c’est si simple avec un smartphone ou un i5). La génération Y s’est « acclimatée » et s’est appropriée les outils numériques. C’est un peu comme un enfant qui découvre une prise électrique et veut absolument pousser la découverte à bout au point de vouloir la toucher du doigt (nous avons tous connu cela). Mais les médias (encore eux) annoncent qu’il est possible que les community managers disparaissent avec le temps (la ruée vers l’or ne devient que fumée à l’horizon).

Générations Y et Z sont-elles si différentes?
difference between Z and Y : recruitloop.com

En quoi la génération Z sera si différente de la Y au fait?

Quant à la génération Z, elle est « tombée » dans la sauce des téléphones tactiles, c’est peut-être elle qui représente les digital natives selon moi. Ma collègue mondoblogeuse Clara Delcroix disait à propos de cette génération intéressante dans son article :« la génération Z va agir comme un véritable rouleau compresseur ». 

Mais ce que beaucoup oublient, c’est que la génération Z va rencontrer les mêmes problèmes que la génération Y sur le plan professionnel (voire personnel). Certes, la nouvelle génération va obliger les entreprises à repenser leurs produits et prendre des décisions plus ciblées, elle va peut-être imposer sa manière de concevoir des choses en entreprise, mais n’est-ce pas ce qui se disait de la génération Y? Et pourtant, le discours a changé aujourd »hui. On pense que cette génération dont je fais partie n’arrive pas à relever le défi professionnel, elle est malheureuse au travail. Elle n’y arrive tout simplement pas. Pourquoi? Elle trouve la vie facile avec tous les gadgets numériques, tout était si simple pour elle, selon les dires de Simon Senek.

Et en quoi la génération Z sera loin de cette réalité, comment va-t-elle pouvoir s’adapter et imposer ses valeurs (et quelles valeurs déjà?). Regardez un peu ce que font les deux générations lorsqu’il y a un accident ou un incendie ; elles prennent des photos, certains font du direct au calme (ce qui ne peut leur permettre d’appeler les secours).

Ce que font les générations Y et Z après un accident de la route
Ce que font les générations Y et Z après un accident de la route
Crédit : Adrian McDonald Photography : www.lexonproductions.com

Elles ont toutes snaptchat, instagram, facebook, whatsapp. Toutes ces applications se ressemblent tellement à présent. Cependant, combien sont sur twitter et LinkedIn? Pour ma part, je considère ces deux dernières applications plus intéressantes et plus professionnelles. Et vous me parlez d’une nouvelle génération Z qui peut décider de se déconnecter? Elle s’imagine déjà ne pas pouvoir vivre sans les gadgets numériques.

Pensez-vous que la génération Z pourra imposer ses idées et/ou valeurs dans la société ou dans le milieu professionnel, alors qu’elle lit rarement des informations utiles, qu’elle ne connaît pas LinkedIn et qu’elle n’arrive pas à défendre un projet professionnel? Le numérique n’est pas tout, le fait d’être « désigné » génération hors pair n’est qu’une construction relative. Et en parlant de construction relative, la génération Z ne saurait être la même en Afrique et en Europe ainsi qu’en Amérique Latine par exemple. Les réalités et les besoins ne sont pas similaires pour parler d’une généralité dominante. Et d’ailleurs, où y a-t-il le plus de jeunes dans le monde?

Où y a-t-il le plus de jeunes dans le monde, la réponse en carte: quid de la génération Z
Plus le pays est foncé, plus sa population est jeune : ici.radio-canada.ca

Veuillez passer le message à la génération exceptionnelle Z svp.


Pour une aide publique à l’éducation plus responsable…ou pas

L’éducation est au centre d’un certain nombre de mouvements et de décisions sociales dans les associations, les Organisations Non Gouvernementales, qu’elles soient en Afrique ou en Europe. Les pays en développement reçoivent des aides publiques et subventions des pays nantis, des APD les appelle-t-on affectueusement, dans le cadre des Objectifs de Développement Durable. Il est question dans ce billet de l’aide aux pays africains francophones. Le 27 octobre 2016, j’étais à la soirée-événement de la Coalition Education relative au lancement de la campagne de sensibilisation, sous le thème, « Education : La France doit faire le choix de la solidarité ». Il est reproché à l’Etat français de consacrer de moins en moins de fonds à l’éducation primaire et secondaire aux pays en développement dont les pays africains, et d’utiliser cette aide à l’éducation sous d’autres formes, telle des bourses d’études pour les étudiants africains voulant étudier en France. Bref, la France fait de cette aide un usage domestique pour plutôt attirer des compétences universitaires utiles à son développement.

Discussion sur l'aide publique française à l'éducation
Photo crédit : Edem Gbétoglo

Pour preuve, la France met près de 90% de son aide à l’éducation dans la balance « bourses d’études ». La France oriente donc son aide à l’éducation vers l’enseignement supérieur, c’est-à-dire, vers le financement des étudiants étrangers de l’enseignement supérieur. La Chine est d’ailleurs le pays qui profite le plus de cette manne financière, en termes de bourses d’études pour les étudiants.

L’action de plaidoyer de Coalition Education vise à renforcer l’aide à l’éducation de la France à destination des pays en développement.

Pour une augmentation de l'aide publique française à l'éducation
coalition-education.fr

La vidéo vous en dira plus…

Faut-il s’interroger sur les raisons qui poussent la France à orienter son aide à l’éducation vers l’enseignement supérieur ?

Bien évidemment que la question mérite d’être posée, selon moi. Je pense d’ailleurs qu’il faut commencer par là.

Attractivité de la France, renforcement de compétences universitaires, débauchage de meilleurs étudiants étrangers, pouvant donc servir de compétences avérées à long terme. Mais cela est du « déjà vu » dans beaucoup de pays occidentaux avec les multiples bourses d’études en Allemagne, aux Etats-Unis, au Canada, en Belgique ou encore  au Japon. La France ne fait rien de si extraordinaire, à part concurrencer les autres puissances dans cette sphère.

Quid de l’orientation vers la professionnalisation des enseignements en Afrique subsaharienne ?

Une camerounaise prit la parole et se demandait, pour quelles raisons continuer à financer des programmes d’éducation qui ne répondent pas aux besoins académiques et professionnels des camerounais ? Je me suis retrouvé dans le schéma décrit par la demoiselle pendant une dizaine de minutes, et je me suis souvenu du dossier Education au Togo de Mondoblog. Nos pays se ressemblent tellement sur ce point. Du coup, la question est de savoir s’il ne faut pas définir là où l’on va avant de financer les programmes d’éducation. Une dame disait d’ailleurs lors de la conférence qu’il va falloir arrêter de former des philosophes, et commencer à former des profils dont l’Afrique a réellement besoin.

Le but poursuivi est-il de financer tout simplement les programmes, ou de chercher également une issue positive? Sur cette question, je « nous » jette la pierre en lançant un appel à nos gouvernants. Ce n’est pas à la France ou à une quelconque puissance de définir à notre place un programme d’éducation, c’est à nous de définir des politiques adaptées à nos besoins, tout en prenant en compte la compétitivité des personnes formées sur le marché de l’emploi.

Mes recommandations : miser sur aussi bien un enseignement dans les langues locales que dans celles internationales. Nous ne pouvons pas nous enfermer dans un cocon linguistique et espérer être compétitif en anglais, ce n’est pas possible. Il faut également repenser la manière d’enseigner pour qu’elle soit aussi pratique que théorique. Autant d’apports à intégrer dans nos programmes d’enseignement, qui nous permettront de rendre ces financements bénéfiques pour nos pays.

Quid de la gestion de l’aide à l’éducation par les bénéficiaires ?

Il faut également se poser la grande question sur le suivi de cette aide. Combien de fois n’a-t-on pas lu des articles et entendu les gouvernements africains (Togo, Cameroun, Bénin, Sénégal, Burkina, pour ne citer que ceux-là) se prononcer sur les aides à l’éducation à des millions d’euros ? Malheureusement, il est rare de voir les fruits tenir la promesse des fleurs. Où vont ces fonds ? A quoi servent-ils concrètement ? Il y a là le gros hic concernant le détournement probable d’une partie de l’aide à l’éducation. Par qui?

Suivez mon regard…

Étonné par le détournement de l'aide publique à l'éducation
Regard froissé : fr.pinterest.com

J’ai posé la question au moment du cocktail de réseautage, et il paraîtrait que des ONG et les sociétés civiles dans les différents pays précités, s’occupent de ce genre de « souci éthique ». De ce que je sais, la société civile dans nos pays africains n’est pas aussi crédible qu’elle devrait l’être, doit-on leur faire confiance ? J’ai donc pensé à l’Agence Française de Développement. Je pense que dans tout projet, il y a le volet « suivi et évaluation ».Oui, il s’agit de transparence, oui, de transparence de l’aide. Si l’AFD a des mesures de contrôle pour les aides au développement, il faut préciser qu’il y a donc un flou dans la coopération avec les pays bénéficiaires.

Loin d’être prétentieux, il serait fort intéressant que les rapports d’évaluation de ces projets soient des données ouvertes, pour que les citoyens des pays en développement sachent comment sont utilisées les ressources financières. Pour une éducation plus responsable, pour une responsabilité de notre éducation, pour une responsabilité de la destinée de la génération à venir, pour une décision de mériter une aide publique à l’éducation, et pour une éthique de l’éducation.

La corruption est dans les coulisses et fait le tour des portefeuilles de nos chers dirigeants africains. Nous devrions avoir honte d’espérer chaque année des financements de pays « développés », sous prétexte que nous y avons droit. Combien consacrent les pays en développement à l’éducation dans leur loi de finances? Dans le Plan Sectoriel de l’Education au Togo 2010-2020, il est écrit noir sur blanc à la page 23 : « Dans le système éducatif, la contribution de l’État au financement de l’éducation est importante. En 2007, l’État a consacré 23,5 % de ses dépenses courantes au secteur de l’éducation. » Et tenez-vous bien, à la page 22 du même document, il est spécifié dans le tableau 1.2 que les dépenses courantes totales des dépenses publiques de l’éducation au Togo se chiffrent à 45 milliards. Et nous avons encore besoin d’oseille pourquoi? Pourquoi n’y a-t-il pas réellement d’améliorations d’ailleurs? (vous connaissez la réponse tout au fond de vous). D’aucuns me parleront de gratuité à l’école primaire au Togo brandie par les politiques (comme si gratuité rimait avec qualité), je leur dirai que les conditions ne sont toujours pas réunies pour apprécier la portée positive d’une telle démarche.

Ce qu’il nous faut dans nos pays africains, ce sont des dirigeants non déconnectés de la réalité sociale de la population, et qui ont une volonté politique, l’envie de vouloir (oui je sais, je me répète, mais j’insiste pourtant) améliorer le système éducatif. Si la volonté y est réellement, et si nous arrêtons de détourner les fonds prévus dans notre propre budget et reçus d’ailleurs, l’amélioration sera au rendez-vous. J’en ai fini.

Cordialement.

 


Oui, l’entrepreneur est utile pour l’Afrique

Vous l’aurez compris, le titre de l’article est un droit de réponse à l’article de mon cher ami Hamidou Anne : Non, l’entrepreneur ne changera pas l’Afrique. J’aurais préféré « Non, l’entrepreneur ne changerait pas l’Afrique », mais encore…

Je ne serai pas long dans ce léger billet. L’article du chroniqueur du Monde Afrique aborde un certain nombre de points avec lesquels je suis plutôt d’accord :

« Des lobbies financiers drapés pourtant dans un épais manteau de bonne volonté et de philanthropie contrôlent le curseur du débat public. Ils ont choyé l’entreprenariat et ont imposé les termes du débat. Pas un jour sans un article, une vidéo ou des affiches sur les réseaux sociaux vantant les mérites du jeune X auparavant en France ou au Canada et dorénavant rentré avec un génial projet Y pour sauver l’Afrique. Pas une rencontre de jeunes sans entendre ce fameux discours touchant et bien convenu sur la nécessité de construire une alternative aux Etats en se lançant tête baissée dans le montage d’une start-up » Hamidou Anne, Le Monde Afrique

Il est vrai que le vrai visage n’est parfois pas montré, le chemin tortueux par lequel il faut passer et par lequel on arrive à réussir. Il est vrai que de grands groupes et des multinationales se lancent dans le financement des startups en Afrique, comme pour se sentir moins sales dans leur responsabilité sociale fort décriée. Il est vrai que des incohérences ne pas sont pas artifices dans cette sphère de l’entrepreneuriat en Afrique.

Cependant, lorsque je lis dans le même article d’Hamidou Anne, « Nos pays ont davantage besoin de gynécologues, d’enseignants, de policiers avec l’éthique et l’ambition nécessaires au service de l’intérêt général, que de chefs d’entreprises se résumant à un bout de papier administratif dans une pochette. C’est une réalité souvent qu’on élude…L’entrepreneur ne changera pas l’Afrique, car il n’est en rien supérieur au fonctionnaire, encore moins au politique. Tout dépend de ce que chacun, dans le quotidien de son engagement, fait ou aspire à faire. Il y a même, selon ma conception, une primauté de l’action publique sur le reste, qui nécessite de s’y s’engager pour que l’Afrique change véritablement et durablement. », je me pose un certain nombre de questions.

N’y a-t-il pas des success stories qui sont liées à cette action publique, comme Gifted Mom, qui lutte contre la mortalité infantile ? N’est-ce pas une sorte d’engagement socio-politique ?

Lorsque Dieretou Diallo combat pour la valorisation de la femme guinéenne voire africaine, lorsqu’Anne Marie Befoune fournit des recommandations socio-politiques pour les citoyens africains (je vous invite d’ailleurs à lire son article sur l’entrepreneuriat), lorsque je m’intéresse à une nouvelle manière d’éduquer au Togo, lorsque Aziz Yérima démocratise le paiement en ligne avec PayDunya, n’est-ce pas une forme d’engagement socio-politique ou socio-économique sous le voile de l’entrepreneuriat ? Il faut noter (Hamidou Anne le sait sûrement) que bon nombre d’actions d’entrepreneurs sont liées à l’action publique. D’ailleurs, l’entrepreneuriat est un appui aux politiques. De la même manière que tout le monde ne peut pas devenir entrepreneur, de cette même manière tous les jeunes ne peuvent se hisser au rang de propulseurs politiques. Il faut de tout pour faire un monde. J’ai d’ailleurs rédigé un billet en 2015 sur la jeunesse togolaise à propos de l’engagement politique, une théorie du changement discutable, entre désintérêt politique et frustration politique.

Il faut donc préciser, au-delà de tous ces discours de célébration de l’entrepreneuriat, que tout entrepreneur ne doit pas être défini avec « le business » collé sur le front. Critiquer l’entrepreneuriat en Afrique c’est bien, mais les jeunes qui, selon Hamidou Anne, doivent plutôt s’orienter vers l’action publique, seront soutenus par qui ? Par les mêmes grands groupes et grandes nations qui soutiennent l’entrepreneuriat je suppose ? Le problème demeure donc, malgré le changement d’orientation du combat.

Je suis d’accord avec l’hypermédiatisation dont bénéficie l’entrepreneuriat sur le continent, à tel point que certains projets primés lors de grandes cérémonies ne sortent pas du tunnel de la réalisation. Il est vrai que des actions correctives doivent être apportées au cadre entrepreneurial, afin d’y apporter une « sainteté » propice, adéquate et éthique.

J’aurais préféré que nous unissions nos forces pour un couple harmonieux entre éducation et instruction, afin de former des jeunes plus avertis, afin que l’éthique soit au centre de leurs actions, entrepreneuriales ou socio-politiques.

Je pense que l’entrepreneuriat fait partie de ce combat afroptimiste que livre Hamidou Anne, et qu’il devrait donc tenir compte de son impact positif sur les habitudes des citoyens et le continent africain.

Oui, l’entrepreneur est utile pour l’Afrique.

Cordialement.