Mauritanie : quand l’Etat coupe la connexion mobile
En Mauritanie, la connexion mobile (3G) n’est plus accessible. Selon nos informations, les sociétés de téléphonie mobile ont été contraintes à la rupture du signal, pour éviter la tricherie à l’examen du Baccalauréat qui a démarré ce lundi 18 juin 2018 sur toute l’étendue du territoire mauritanien. Si le motif peut sembler louable, il bafoue par la même occasion le droit des citoyens (non candidats) à accéder à l’internet mobile.
Tel un traitement que l’on prend, un certain dosage est fait. A partir de ce lundi 18 juin 2018, la connexion mobile ne sera pas disponible de 8h à 12 et de 14 h à 18h, ai-je appris. Ces horaires correspondent aux moments où les 50042 candidats au baccalauréat mauritanien, sont en salles d’examens. Les autorités qui y pensaient depuis le scandale de la tricherie massive à travers whatsapp, sont passées à l’action.
Ce qui est drôle dans cette histoire de bac mauritanien, c’est que même avec le laxisme dont font preuve les professeurs surveillants et l’usage des stratagèmes les plus sophistiqués pour tricher, le taux d’admission au bac reste en dessous 10%. Ceux qui montrent leurs copies à leurs voisins et ceux qui corrigent à distance et transmettent aux candidats sont ils aussi nuls que les tricheurs eux-mêmes ? Allez savoir !
De plus, cette mesure me parait disproportionnée. On aurait pu utiliser le même système que lors des examens à l’université. Là-bas, c’est le réseau dans l’enceinte de l’université qui est brouillé. Ceux qui se trouvent en dehors de ce périmètre peuvent accéder à internet. Hors ici, tout le monde est sevré d’internet 8 heures par jour, pendant quatre jours. Il en a été de même le 3 juin 2018, lors de l’examen du brevet. Mais cette fois-ci, c’était pour deux jours.
Toujours est-il cette coupure d’internet, me semble être un précédent dangereux et une atteinte aux libertés. En effet, on nous montre que la connexion sur mobile peut être coupée sur un claquement de doigts, sans qu’aucune communication officielle ne vient la motiver. On se contentera des « ON DIT » et de l’analyse du contexte dans lequel cette coupure intervient.
Pour les activistes dont les réseaux sociaux sont devenus le milieu d’expression par excellence, ceci est un mauvais signal. Il est difficile de ne pas se protéger sur la pratique de la suspension de l’internet mobile en périodes électorales, entre autres. Il est de notre devoir de reconnaître que les autorités mauritaniennes n’ont jamais franchi cette ligne. La liberté d’expression en ligne existe. Mais la crainte est là et la vigilance de mise.
Je voudrai souligner enfin, que la forme que revêt l’application de cette interruption de la connexion mobile, met en exergue le mépris des sociétés de téléphonie mobile envers les consommateurs. Ils n’ont pas daigné envoyer un maudit message d’avertissement ou d’excuses pour les désagréments causés. Mais comme dirait l’autre, cela n’est en rien étonnant. Quand Mauritel (société ayant le monopole) décide de suspendre du jour au lendemain un service, il ne crie jamais gare. Le consommateur l’apprend à ses dépend.