Amadou

Mauritanie : quand l’Etat coupe la connexion mobile

En Mauritanie, la connexion mobile (3G) n’est plus accessible. Selon nos informations, les sociétés de téléphonie mobile ont été contraintes à la rupture du signal, pour éviter la tricherie à l’examen du Baccalauréat qui a démarré ce lundi 18 juin 2018 sur toute l’étendue du territoire mauritanien. Si le motif peut sembler louable, il bafoue par la même occasion le droit des citoyens (non candidats) à accéder à l’internet mobile.

Tel un traitement que l’on prend, un certain dosage est fait. A partir de ce lundi 18 juin 2018, la connexion mobile ne sera pas disponible de 8h à 12 et de 14 h à 18h, ai-je appris. Ces horaires correspondent aux moments où les 50042 candidats au baccalauréat mauritanien, sont en salles d’examens. Les autorités qui y pensaient depuis le scandale de la tricherie massive à travers whatsapp, sont passées à l’action.

Ce qui est drôle dans cette histoire de bac mauritanien, c’est que même avec le laxisme dont font preuve les professeurs surveillants et l’usage des stratagèmes les plus sophistiqués pour tricher, le taux d’admission au bac reste en dessous 10%. Ceux qui montrent leurs copies à leurs voisins et ceux qui corrigent à distance et transmettent aux candidats sont ils aussi nuls que les tricheurs eux-mêmes ? Allez savoir !

De plus, cette mesure me parait disproportionnée. On aurait pu utiliser le même système que lors des examens à l’université. Là-bas, c’est le réseau dans  l’enceinte de l’université qui est brouillé. Ceux qui se trouvent en dehors de ce périmètre peuvent accéder à internet. Hors ici, tout le monde est sevré d’internet 8 heures par jour, pendant quatre jours. Il en a été de même le 3 juin 2018, lors de l’examen du brevet. Mais cette fois-ci, c’était pour deux jours.

Toujours est-il cette coupure d’internet, me semble être un précédent dangereux et une atteinte aux libertés. En effet, on nous montre que la connexion sur mobile peut être coupée sur un claquement de doigts, sans qu’aucune communication officielle ne vient la motiver. On se contentera des « ON DIT » et de l’analyse du contexte dans lequel cette coupure intervient.

Pour les activistes dont les réseaux sociaux sont devenus le milieu d’expression par excellence, ceci est un mauvais signal. Il est difficile de ne pas se protéger sur la pratique de la suspension de l’internet mobile en périodes électorales, entre autres. Il est de notre devoir de reconnaître que les autorités mauritaniennes n’ont jamais franchi cette ligne. La liberté d’expression en ligne existe. Mais la crainte est là et la vigilance de mise.

Je voudrai souligner enfin, que la forme que revêt l’application de cette interruption de la connexion mobile, met en exergue le mépris des sociétés de téléphonie mobile envers les consommateurs. Ils n’ont pas daigné envoyer un maudit message d’avertissement ou d’excuses pour les désagréments causés. Mais comme dirait l’autre, cela n’est en rien étonnant. Quand Mauritel (société ayant le monopole) décide de suspendre du jour au lendemain un service,  il ne crie jamais gare. Le consommateur l’apprend à ses dépend.


La discrimination numérique, on en parle ?

Il est très fréquent pour nous mauritaniens de faire face à ce que l’on peut appeler sans exagération de la « discrimination numérique ». Pourquoi n’avons-nous pas accès à certains services qu’offrent les mastodontes du web ? De la certification de comptes sur les réseaux sociaux à la monétisation de sa chaîne Youtube en passant par l’accès à certaines applications mobiles… On en bave. Dernièrement dans le cadre d’un programme de Slice up, on a peiné à avoir la version premium du logiciel de montage vidéo sur mobile « KineMaster ».

Je vous raconte l’histoire. J’ai l’opportunité de participer pour la seconde fois à une formation sur le journalisme et le digital. Pour cette session, l’équipe de Slice up, composée de Nicolas Baillergeau, Richard Folly et Elsa Miské nous forme sur le journalisme mobile. Il s’agit d’abord de nous outiller (smartphone, trépied, micro cravate…) et ensuite nous initier au tournage, montage et diffusion de reportages avec un smartphone. Pour monter les vidéos avec une qualité professionnelle, l’équipe de Slice Up a jeté son dévolu sur l’application KineMaster. Il fallait juste régler un détail : nous doter de comptes professionnels KineMaster.

Capture d’écran de l’échange de Slice up avec KineMaster sur Twitter

Mais ce qui, à première vue semblait, être une simple formalité, s’est avéré être un véritable casse-tête. L’activation de l’option premium pour l’application en Mauritanie était tout simplement impossible. Pour comprendre ce qui se passe, Slice Up a écrit à KineMaster, sur Twitter (capture ci-dessous). Au début, le constructeur ne savait pas vraiment d’où venait le souci. Au final, on s’est rendu compte que c’est Google qui bloque cette option. Pour X raison, le géant américain a décidé que nous mauritaniens n’avons pas droit à la version professionnelle de KineMaster. Ce qui est une discrimination pure et simple.

Tous ne sont pas mauvais

Heureusement pour nous, le constructeur coréen de l’application a été suffisamment compréhensif et généreux pour accorder les licences différemment. Généreux parce qu’il a du faire des heures sup’ au bureau pour trouver une astuce et activer nos comptes KineMaster pour un an. Et ceci entre en droite ligne avec son slogan sur Twitter : « made for professionals and easy for everyone ». Avec ce geste qui indirectement met une claque à la politique discriminatoire de Google, KineMaster a montré la voie à suivre. Naturellement, l’équipe de Slice Up leur a adressé un message de remerciement sur Twitter.


C’est un ouf de soulagement et la session de coaching a suivi son cours. Mais avant de tourner la page de cet épisode riche en enseignements, nous (formateurs et participants) avons fait une photo dédicace au constructeur coréen. Un merci qui n’est pas de trop, non ?

J’ai l’habitude de dire qu’internet c’est la société en miniature et les applications, des outils de la vie de tous les jours. Et comme dans une société normale, il y a des inégalités à combattre. Il est grand temps que nos droits à l’accès à tous les contenus web et mobiles soit respecté. On est certainement des millions à avoir au moins une fois eu ce message sur Google Play : « cet article n’est pas disponible dans votre pays. » Pour contourner cette injustice, il y a l’option VPN (pas légale dans certains pays) qui permet de tromper la machine et être géolocalisé ailleurs, et la seconde est de télécharger via navigateur l’APK de l’application.

Mobilisation

Le constant est également le même pour la monétisation de nos chaînes Youtube, certifier un compte Facebook ou Twitter. Nous sommes souvent obligés d’identifier nos comptes dans un autre pays. Il est évident que ces voies de contournement que tout le monde ne connait pas sont une contrainte supplémentaires. Pour pallier cela, mobilisons-nous pour que mettre à bat ses pratiques discriminatoires. Ces inégalités peuvent disparaître s’il y a une réelle volonté. Démocratisons les technologies de l’information et de communication.


Décès de Jean Karim Fall : pléthore d’articles et incohérences !

Jean Karim Fall, journaliste emblématique de Radio France Internationale (RFI) est décédé ce vendredi 26 mai 2017. Le franco-sénégalais a cassé sa plume alors qu’il couvrait le sommet du Groupe des sept pays les plus industrialisés (G7), à Taormine en Sicile (Italie). Les écrits sur son décès soulèvent néanmoins deux à trois questions. L’une se rapporte à l’âge du défunt, la seconde sur son parcours et la troisième, sur le nom de son père.

Sur la base du communiqué distillé par son employeur, le Groupe France Media Monde, quasiment tous les médias ont indiqué qu’il avait 59 ans (né en 1958) et né d’un père diplomate qui répond au nom de Kader Fall. Cependant, d’autres sites d’informations en ligne ont avancé un parcours différent et une date de naissance différente (1941).

Partant de ces dates distinctes, une question nous vient : RFI  s’est-elle trompée sur l’âge de son journaliste ou ce denier était-il un surdoué ? Deux jours après son décès, plusieurs heures de recherches ont permis d’éclairer ma lanterne. Nous sommes arrivés à déduire que certains médias ont confondu les biographies de deux journalistes sénégalais.

Décès de JKF : Capture d’écran du site ivoirien Fraternité Matin

Karim Fall n’est pas Jean Karim Fall

Capture écran : Wa deukbi avec Karim Fall

Le premier, Karim Fall, est un ancien journaliste sénégalais né en 1941 à Diourbel au Sénégal. Selon sa biographie disponible sur le site de l’éditeur, l’Harmatan, Karim Fall « débute sa carrière de journaliste comme reporter-présentateur à Radio Sénégal en 1968 ». Suite à un éditorial critique envers Senghor, président sénégalais de l’époque, il s’exile en 1974 en France. Toujours selon la biographie publiée par l’Harmatan, Karim Fall « intègre la même année la radio RTL (…) où il restera vingt sept ans ».

Il démarrera ensuite une carrière d’écrivain et de consultant pour divers médias. Il est notamment l’auteur de « Pouvoirs et médias au Sénégal et ailleurs ».

Karim Fall a rendu l’âme en  octobre 2016, à l’âge de 75 ans. Le journaliste Jérôme Godefroy fut l’un des premiers, à annoncer la mort du journaliste qui a marqué son temps.


Jean Karim Fall avait 10 ans en 1968

Contrairement à ce que beaucoup de médias d’informations ont rapporté en ligne,  Jean-Karim Fall est né en 1958. Ceci répond au second volet de l’interrogation à l’origine de ce papier. En effet, le franco-sénégalais n’a pas débuté sa carrière de journaliste à radio Sénégal en 1968, il avait dix ans à l’époque. Le Syndicat des Journalistes Mauritaniens et Radiookapi entre autres, se sont trompés.

Capture d’écran : Extrait condoléance syndicat journalistes mauritaniens

Diplômé de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, Jean Karim Fall entame sa carrière de journaliste en 1984, date à laquelle il a été embauché par RFI. Son aventure avec « la radio mondiale » se poursuivra jusqu’en 2012. Mais il n’est pas allé loin, il déposera ses valises à France 24.

Selon Le Monde Jean Karim Fall était « aussi à l’aise dans les maquis rebelles que dans les sommets de l’Union Africaine et les voyages officiels ». D’où l’étiquette de « spécialiste de l’Afrique » qu’il a porté tout au long de sa carrière.

Un Abdel Kader en cache un autre !

Capture d’écran : Article jeune Afrique sur Jean Karim Fall

En passant en revue les articles publiés suite au décès de Jean Karim Fall, nous sommes tombés sur celui de l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique. Comme souligné ci-dessus, il est indiqué que le père de Jean Karim Fall se nomme « Abdel Kader Pierre Fall ».

Après consultation du site des archives nationales du Sénégal et de nombreux articles qui citent le paternel du journaliste, le prénom « Pierre » n’apparait à aucun moment. Abdel Kader Fall (père de Jean Karim Fall) ancien leader estudiantin, fut ministre de l’Education, ministre de la Culture sous Abdou Diouf et ambassadeur.

La confusion peut être faite avec Abdel Kader Pierre Fall, ancien ministre et ambassadeur sous Abdoulaye Wade. Ce dernier décédé en mai 2016, fut le premier administrateur du monument de la renaissance de Dakar.

Capture d’écran : Senego annonce le décès d’Abdel Kader Pierre Fall

Dans le but d’être toujours les premiers à diffuser une information, certains médias passent outre les règles qui régissent la profession. Ce qui différencie le journaliste des autres « relayeurs d’informations » c’est son obligation de collecter et traiter  avant diffusion de toute information. Il semble que ce travail de vérification n’est pas toujours effectué, même par des journaux et sites « reconnus » pour leur fiabilité.

Une liste non exhaustive de sites qui sont allés un peu trop vite:

Par Amadou SY


Mauritanie: Cas AMAM, de la liberté d’expression à la liberté de répression

On était vendredi 19 mai, 15 heures quand la nouvelle est tombée.  La cinquième édition des journées d’échanges et d’intégration culturelle de l’Association Multiculturelle pour un Avenir Meilleur (AMAM), est reportée. L’activité annuelle d’AMAM n’est plus autorisée par les autorités administrative. Aucune raison officielle n’est invoquée mais un bus remplis de forces anti-émeutes a est dépêché sur les lieux. Objectif, bloquer l’accès au Parc Biodiversité, où devait se tenir l’événement et disperser les récalcitrants. 

Selon les organisateurs, c’est à « deux heures du démarrage » que le Hakem du KSAR leur a « notifié verbalement que l’activité n’est plus autorisée, cette semaine ». Une autre demande d’autorisation est nécessaire si AMAM veut tenir sa 5e édition.

Initiées en 2011, les journées d’échanges et d’intégration culturelle d’AMAM, sont traditionnellement organisées « sous le haut patronage » du Ministère de la Culture et l’artisanat. Cette édition devait se tenir du 19 au 21 mai, toujours en collaboration avec le dit ministère. C’est ce qu’indique le communiqué de l’ONG publié le 11 mai dernier.  Le texte du dit communiqué souligne que « Cet événement placé sous le haut patronage de du Ministre de la Culture et de l’Artisanat aura pour thème : « Jeunesse contre la Violence ».

Ces célébrations devaient coïncider avec la journée mondiale de la diversité culturelle, cheval de bataille de l’ONG. A travers des expositions, conférences et concerts, l’ONG AMAM entendait « mettre en place un cadre d’échanges, de brassage et de connaissances des différentes communautés présentes en Mauritanie ». Les actions prévues à l’occasion de cette 5e édition avortée (pour le moment) se déclinent ainsi:

  • La sensibilisation aux droits humains;
  • Plaidoyer pour l’alphabétisation
  • La promotion pour l’abandon des mariages précoces;
  • La lutte contre le gavage et les mutilations génitales féminines;
  • Les échanges et l’intégration culturelle. 

 


L’annulation à la dernière minute de cette activité a été apprécié différemment à Nouakchott. Pendant que les organisateurs étaient sonnés, les internautes eux semblaient s’y attendre. Cette interdiction de l’activité phare d’AMAM intervient un mois après la condamnation d’Oumou Kane, Présidente d’AMAM à trois mois de prison avec sursis pour organisation « d’une marche non autorisée ».

En effet, beaucoup sont convaincus que l’engagement de Oumou Kane, Présidente d’AMAM lors de la marche des jeunes le 16 avril dernier est la cause de ce peau de banane sur son chemin. Ce groupe de jeunes qui réclamait une « implication forte des jeunes dans les instances de décision » entre autres revendications, avaient été accueillis à coup de matraques et de gaz lacrymogènes. Ils seront par la suite arrêtés, déférés et conduits devant le juge.

 Aussi absurde que cela puisse être, le retour de bâton est monnaie courante en Mauritanie. Il suffit de dire un moment qui déplaît le pouvoir, pour qu’on te mette des bâtons dans les roues. Pourtant, le gouvernement partout que la Mauritanie « est un pays où liberté d’expression est une réalité ».

Ce qui est encore plus vrai, c’est la liberté de répression. Oui, celle là est visible à l’oeil nu. Ceci rouvre l’interne débat « liberté régulée ». Le paradoxe dans tout cela, que l’on réprime les associations quand elles n’ont pas de récépissés. On fait de même quand elles en ont une. En fin de compte la seule constance, c’est la répression. Je reviendrai sur ce dernier point dans mon prochain billet.


Mauritanie: Rassemblement d’étudiants à Nouakchott, la police réprime

Ce mercredi 10 mai, les forces anti-émeutes ont dispersé un rassemblement d’étudiants et arrêté deux d’entre eux. A travers cette manifestation, ils entendaient contester « l’annulation des élections des délégués étudiants ».  Les deux ont ensuite été conduits au commissariat Tevragh Zeina 2 puis libérés au bout de 5 heures apprend-on.

Oumar Ba étudiant en sociologie et Président de section du Syndicat National des Etudiants de Mauritanie (SNEM) et Fatou Cissokho étudiante en économie, Vice Présidente de section du même syndicat étudiant, ont été mis en cage pour la première fois de leur vie. Comme dit plus haut, ils ont été cueillis par la police, au moment où ils «mobilisaient » leurs camarades contre l’annulation de l’élection de leurs représentants dans les différents conseils de l’Université de Nouakchott Alasrya.

Le syndicaliste étudiant Oumar Ba avec entre les mains, des grenades tirés par la police. CC Amadou SY

Le moral est bon

Des heures durant, leurs camardes syndicalistes ont toqué aux portes ds commissariat de la ville, pour savoir où étaient retenus les deux leaders syndicaux. Ils avaient en fait été conduits au commissariat N2 de Tevragh Zeina, à Nouakchott. Visiblement, ils ne sont pas blessés restent déterminés à « poursuivre la lutte », confient-ils.

Annulation

Mais revenons à la pomme de discorde. En effet, c’est l’annulation de l’élection 2017  des représentants des étudiants qui a poussé le syndicat, à descendre sur le terrain. Ce, après avoir écrit des communiqués et tenté sans succès de ramener l’administration à la raison. Cette élection des délégués qui était initialement prévue ce jeudi 11 mai, a été annulée le 25 avril dernier. C’est ce qu’indiquent des leaders étudiants.

Engagement

Rencontrés ce matin, ils  estiment que « l’annulation unilatérale de l’élection, est une violation de leurs droits ». Selon eux, la moindre des choses aurait été de donner des « arguments solides et proposer une alternative ». Entouré de ses camarades, Habib Kane Secrétaire Générale du SNEM, a fustigé « un comportement indigne d’une administration universitaire ».

Etudiants en grève à Nouakchott. CC Amadou SY

Avec la verve d’un syndicaliste, Kane a  exigé de l’administration universitaire « un engagement écrit garantissant la tenue de l’élection des délégués étudiants avant la fin de l’année 2017 ». Pour lui, on ne peut pas se fier à la parole de l’administration universitaire. Seul un engagement écrit pourrait rassurer, voir calmer les étudiants.

L’élection n’est pas un cadeau mais un droit 

Par ailleurs, la non organisation de l’élection des représentants des étudiants aux différents conseils, soulève plusieurs questions. Naturellement nous avons tenté de contacter l’administration universitaire. Hélas, le téléphone d’un des vices présidents de l’Université a sonné dans le vide à maintes reprises. Aucun retour au mail que nous avons envoyé.

Capture d’écran, mail envoyé à l’université. CC Amadou SY

Incertitudes

Les étudiants qui siègent actuellement aux conseils et dont le mandat arrive à terme, vont-ils garder leurs fauteuils. Un prolongement comme ont fait les sénateurs? Vont-ils être éjectés purement et simplement des instances de consultations et de prise de décision?

La représentation des étudiants dans les conseils d’administration et de facultés, est un droit reconnu dans le règlement intérieur de l’université. Elus pour un mandat de deux ans, ils siègent au même titre que les professeurs et doyens en tant que membres. Ils ont l’occasion de prendre position et de défendre leurs intérêts.

Zones de turbulence

Notons en outre, que ce nouveau mouvement d’humeur intervient peu de temps après une autre grogne. En effet, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique de Mauritanie, avait suspendu la bourse de plusieurs étudiants mauritaniens, à l’étranger. Les étudiants soutiennent n’avoir perçu aucun centime du gouvernement mauritanien, depuis le début de l’année académique. Ils ont manifesté, ont été tabassés pour avoir usé de leur droit de revendiquer.

Le ministère…

Ministre de l’Enseignement Supérieur de Mauritanie – Capture écran TV5Monde

Pour réagir au doigt accusateur des apprenants, le ministère de tutelle a publié un communiqué. Dans ce texte dont saharamedias a eu copie, le ministère indique « qu’il s’agit d’étudiants non inscrits, d’où la suspension de leur bourse ». Toujours à travers le même texte, le ministère de l’enseignement supérieur précise que « des dossiers parvenus récemment, sont entrain d’être traités par les services compétents ». Ceci est en contradiction avec les dires des concernés. Les étudiants estiment être en règles.

Le Président a dit…

Outre la réponse du ministre, c’est plutôt une réaction Mohmaed Ould Abdel Aziz, Président de la République qui fait couler encre et salive. Ce dernier questionné sur la « crise des bourses », avait soutenu « ne pas être au courant de la suspension des bourses ». Le Président tente t-il de nous dire que ses ministres de l’intérieur (tutelle police) et de l’enseignement supérieur (tutelle universités) ne font pas de rapports, lors des conseils des ministres ?

Il est sérieux là?

Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz © AFP PHOTO / CELLOU BINANI

Mieux, le président a le 22 mars dernier, affirmé que l’Etat dont il est le chef a « mis fin aux pratiques illégales dans l’attribution des bourses et par la même, offert d’avantage d’occasions de formation à l’intérieur du pays, à travers la multiplication des instituts et universités ». Est-ce une manière différente de dire qu’il est  au fait de ce qui se passe ? Ne serait il pas à l’origine des multiples décisions impopulaires de ses ministres ?

Exemple du Niger

Cette réaction du président mauritanien, contraste avec celle du président nigérien. L’on se souvient de la grève récente des étudiants nigériens. Après plusieurs manifestations sauvagement réprimés et arrêts des cours, ils ont obtenu gain de cause.

Face à leur détermination, le Président Niger Mohamadou Issoufou a procédé à un remaniement ministériel. Le ministre de l’enseignement supérieur a été permuté. Au summum de la crise, les étudiants avaient réclamé la tête du ministre. C’est désormais chose faite.

Cette année comme les années précédentes, le paysage étudiant mauritanien a souffert et continue de connaitre de fréquentes zones de turbulences. Jadis, le Président Feu Mokhtar Ould Daddah avait dit que « la Mauritanie sera ce qu’en fera sa jeunesse ». Avant de prendre ses responsabilités dans le devenir de la nation, devra avoir les moyens de se former d’abord.


Nouakchott: Chaleur accablante, impossible de dormir

Nouakchott – Ce matin du lundi 8 mai, j’ai été obligé de sortir de mon lit, à cause d’un pic de chaleur. J’ai presque passé mon temps à rouspéter. Il faisait 45 degrés à Nouakchott. Mais que dire de la nuit du lundi au mardi ? Chemise trempée, visage en sueur… La totale.

Nouakchott, capitale de la Mauritanie a renoué avec la chaleur. La température a atteint son summum ce lundi matin. Le thermomètre s’est calmé un peu en début d’après midi avant de s’affoler à nouveau dans la nuit du lundi au mardi. Ou allons-nous ?

3h du mat

Au moment où ces lignes sont écrites, il est 3h du matin temps universel. Cela fait quatre heures que je suis cloué au lit mais impossible de fermer l’œil. Pourtant je dois dormir, puisque je dois parcourir une longue distance demain pour un reportage. Le sommeil dit niet.

Le ventilo vote blanc

Je me suis tourné, retourné, pris toutes les positions imaginables, rien. Pendant que mon voisin entamait un bras de fer avec un ventilateur qui fait son malin en temps de chaleur, j’ai eu la brillante idée de prendre d’assaut la boutique du coin. Oui, le gars était encore sur place.

Objectif, me saisir et me gaver de ce qu’il a de plus frais (glacé même). L’autre but de ma visite nocturne à la boutique, était l’activation d’un nouveau forfait internet. Un forfait qui me permettra de à défaut de dormir et poster ce billet en même temps. Ce, avant de mettre en mode voyage et reportage dans deux heures.

 

Moustiques en chaleur

J’avoue, la chaleur a la peau dure. Trop dure même. Et comme un malheur ne vient jamais seul, les moustiques ont choisit cet instant pour m’harceler. Peut-on porter pour agression et harcèlement contre un moustique ? Quelqu’un y a-t-il déjà pensé ?

Passons.  Bizarrement, beaucoup ont été comme expulsés de chez eux. Chose inhabituelle dans mon quartier, il y a du monde qui vadrouille à cette heure tardive. Eux aussi ont été chassés de leurs lits.

Ce mardi chargé, sera une vraie galère pour tous ceux qui n’ont pas pu fermer l’œil. Des gens comme moi, comme vous. Mais j’aurai l’occasion de glaner quelques minutes de sommeil dans la voiture (voyage). En résumé, « la chaleur est chaude » et on n’aime pas ça.


Mauritanie: On est lundi et la « chaleur est chaude » à Nouakchott

Après mon dernier billet, je me suis demandé quel sera le sujet du prochain. J’ai trouvé. Je vais faire d’une pierre deux coups. Je vais vous parler du lundi (jour) et de la chaleur (température). Un lundi en Mauritanie, à Nouakchott, est aussi morose et détestable que les lundis d’ailleurs. Comme si être lundi ne suffisait pas, ce jour de 8 mai apporte avec lui une vague de chaleur.

« La chaleur est chaude », ces mots avaient été prononcés par un camarade au collège. Est ce parce qu’il avait des lacunes en français ou juste les conséquences d’un cerveau en surchauffe. Quoiqu’il a en soit, ce camarade de classe avait balancé au prof « monsieur la chaleur est chaude ». Juste après, un autre renchérit « non c’est la solail (soleil) qui nous tape ».

A l’époque, des rayons de soleil avaient pénétré la salle de classe, à travers une des fenêtres. Vous vous demandez certainement si c’était un lundi. Hummmm…. Non. On était mercredi, cours de mathématique.  Je souviens du jour, parce que je déteste les mathématiques. Les mathématiques, j’y reviendrai.

Hop! Finie la parenthèse « nostalgie »

A Nouakchott nous sommes habitués à la chaleur. Mais 45 degrés, ça n’arrive pas tous les jours. Ce lundi j’ai été réveillé par la chaleur. Oui, un sahélien qui se plaint de la chaleur, ça existe. Je suis là. Même si je vis à Nouakchott depuis quelques années, il ne faut pas oublier que je suis né et a grandi à Nouadhibou (au Nord du pays). Là-bas, la température est en moyenne à 25 degrés. Atteindre la barre des 40 degrés est chose rare.

Un Lundi chaut – thermomètre: CC Pixbay

Mais revenons à nos chèvres, pour ne pas dire à nos moutons. Après m’être réveillé contre mon grès, j’ai été accueilli à coup de gifles, par des rafales de vent. Oui, non seulement on est lundi, il fait chaud mais il vente en plus. La totale quoi. Aujourd’hui plus qu’avant, je déteste ce que lundi me fait subir. Je parle aussi au nom de tous ceux qui souffrent en silence à cause de lundi.

Premier effet du Front Dévastateur « lundi et challenge », le  chemin qui mène de chez au carrefour (d’où je prends un taxi) m’a semblé plus long que d’habitude. Pourtant, je parcours la même distance chaque jour, En Marche. Je sais, certains d’entre vous diront que je suis un feignant c’est tout. Ce n’est pas grave, je vous pardonne.

Quand la chaleur nous tient, les yeux tentent de sortir de leur orbite. Amadou SY (Remi Ngono II). 

Toujours est-il que j’ai réussi à me traîner jusqu’à l’hôtel Wissa, à Nouakchott. Je participe en effet à un atelier de formation, sur le journalisme sensible au conflit, à cet endroit. A peine ai-je ouvert la porte de la salle de conférence, un vent frais m’a envahi. Le climatiseur fonctionnait à plein régime. Tenez-vous bien, il n’a fallu que 30 mn au journaliste sensible à la chaleur, pour se peindre du climatiseur. Un nez bouché, une voix qui change et hop je veux qu’on éteigne la clim.

Vas-et-viens

Heureusement pour moi, un des confrères souffrait encore plus de la chaleur. Il faisait donc incessamment la navette entre sa chaise et clim. Tantôt on allume, tantôt on éteint. Un éternel recommencement jusqu’à la fin de la séance. Obligé de quitter l’hôtel et la clim, je me résolu à braver le soleil ardant pour finir le travail ailleurs. J’ai finalement atterri au bureau enturbanné et en sueur.

Méteo ce lundi: cc weather.com

Pile à l’heure

Je suis arrivé juste au moment où toute la rédaction du journal était réunie autour d’un bol de riz au poisson.  De bonnes bouchées, une bouteille d’eau minérale fraîche m’ont rendu ma bonne humeur. Mais cela ne change en rien le fait je n’aime pas le lundi. Lundi est incontestablement le jour le plus détesté au monde. On est souvent très désagréable ce jour là (une tonne de choses à faire). On s’emporte en deux temps, trois mouvements.

Pourquoi on déteste le lundi. C’est une question à choix multiples. Oui, les noctambules arrivent souvent en retard lundi matin au boulot. Mais la raison fondamentale, est certainement psychologique. En effet, le spectre du lundi nous ramène à l’enfance. La reprise des cours. D’ailleurs, il me semble que ce même lundi a fait couler encre et salive sur la plateforme Mondoblog.

Un peu de reconnaissance…

Une seconde, vous ne trouvez pas que je suis un peu ingrat, hein. J’ai certes été sonné par la chaleur, mais c’est grâce à cela que je peux écrire un nouveau billet. Bien installé au bureau en attendant que le maquettiste vienne pour le journal de demain, j’étais un peu bloqué devant une page vierge. Mais juste un peu.

Une journée de lundi c’est toujours hard. Lundi conjugué avec une température extrêmement hot, c’est la galère. Vraiment, je suis solidaire avec les amis sahéliens, qui bravent le soleil ardant, chaque jour. Je pense bien entendu aux nigériens et tchadiens surtout. Vraiment, Respect!

 


Présidentielle France: Victoire écrasante d’Emmanuel Macron [Officiel]

Ca y est, la victoire tant annoncée d’Emmanuel Macron est confirmée. Ce dimanche 7 mai 2017, l’ancien ministre de François Hollande, devient Président. Âgé de 39 ans, il est crédité de plus 65,5% des voix contre 34% pour la candidate de l’extrême droite. Quinze ans après son papa, Marine Le Pen échoue également au deuxième tour. 

Aujourd’hui, c’est un incontestablement le début de quelque chose. La France bien que divisée a pu faire barrage au parti extrémiste et raciste de Marine Le Pen. C’est le début de quelque chose, parce qu’un jeune sorti de « nulle part » a cru en lui et misé tout ce qu’il avait. Tel un entrepreneur qui sacrifie tout pour une start-up qui pourrait devenir une boite encore plus grosse.

Le choix

L’autre prouesse de Macron leader d’En Marche, c’est certainement son positionnement sur l’échiquier politique. Ni de gauche ni de droite. Le nouveau patron du centre c’est bien lui, avec un certain François Bayrou à ses côtés. Il faut dire que l’habituel troisième des dernières présidentielles française, a misé sur le bon cheval.

Campagne insolite

Aujourd’hui dimanche 7 mai, c’est forcement le début de quelque chose. La course à la présidentielle est tout sauf normale, habituelle. D’abord Hollande trahit par son premier ministre, a renoncé à se présenter. Puis ce traître de Premier ministre qui répond au nom de Manuel Valls, a été battu lors des primaires. Même chose pour la droite qui a vu l’ancien Président Sarkozy balayé lors des primaires. Ensuite Fillon est rattrapé par sa part d’ombre. L’affaire Penellope Gate.

3e homme

Que dire de Jean-Luc Melechon. L’ancien mécontent du parti socialiste, a ravi la vedette à Benoit Hamon. Arrivé troisième, il a tout simplement refusé d’appeler ses électeurs à voter Macron. Peut importe diront les pro Macron, puisque ce dernier était bien parti pour gagner.

Campagne 2.0

Aujourd’hui est forcement un jour mémorable. L’on se rappelle de la campagne de Barack Obama avec sa stratégie tournée vers les nouveaux médias. Trump a lui utilisé à Twitter à outrance. Mais Macron avec sa bande de jeunes étudiants ont fait le pari de gagner en mobilisation sur les réseaux sociaux. Toutes les possibilités de FacebookTwitter ou encore Snapchat ont été exploités au max.

Twitter explose

Toute la journée d’aujourd’hui, des appels au vote se sont multipliés sur Twitter. Les hashtag #Presidentielle2017, #Avoté figuraient au top des tendances. C’est sur Twitter également que beaucoup ont commenté les résultats. Certains ont même jugé bon de faire des suggestions à Macron.

Emmanuel Macron va devoir redonner des couleurs à une France en proie au chômage. Voici son plan https://t.co/JPqzd4h9Wq #Presidentielle2017

https://twitter.com/cedricgarrofe/status/861286864296259584

Au moment où ces lignes sont écrites, Emmanuel Macron n’a pas encore prononcé son discours de victoire. Ces partisans l’attendent au Louvre, dans une ambiance de fête. A travers les images de France24, on voit une foule en joie dont de nombreux africains. Ils ne risquent plus un durcissement du jour au lendemain de leurs conditions de vie. Macron sera t-il un bon président? L’avenir nous le dira. Mais comme dirait l’autre « le pire est évité ».