Des caresses aux coups : l’histoire d’une femme battue !
Je n’aurai jamais cru, si on m’avait dit qu’un jour se sont des coups de pieds et des uppercuts qui allaient remplacer les caresses que le mari de ma sœur lui donnait. Et pourtant c’est arrivé aujourd’hui! La jalousie a complément court-circuité son cerveau.
Je me rappelle, au début de leur « si grand amour », il lui disait être trop jaloux. Je me suis dit que la jalousie était preuve d’amour. Il faut dire qu’ils ont pris le temps de se connaître. Lui semblait hésiter avant de se résoudre à l’épouser. Mais lorsque la vie commune commença, c’est un enfer qui commençait pour elle. Son amour s’est mis dans un habit de dictateur, d’une jalousie indescriptible, suspectée de toute personne du sexe masculin. A en croire qu’elle n’avait aucune morale maintenant qu’elle est devenue sa femme. Elle n’avait plus le droit d’avoir des amis de l’autre sexe.
Je dois vous avouer que ma sœur a commencé à s’inquiéter sérieusement quand les plaintes de son époux sont devenues quotidiennes. Que faire?
Résister? Ne pas se laisser extraire de la vie sociale comme il tente de le faire. Continuer son travail, car, elle avait fini par se lasser de lui expliquer que son éducation et ses principes ne lui permettaient pas d’avoir des relations sexuelles avec toutes personnes pouvant avoir une érection.
Aujourd’hui, il a franchi le cap de l’agression morale. Ma sœur est devenue une femme battue.
C’est arrivé tôt le matin du 25 décembre, jour de Noël. Elle est sortie pour faire des achats à la boutique. N’ayant pas pris sa moto, elle mit un certain temps à revenir dans le domicile conjugal. Le mari entre temps est rentré dans une colère noire. La jalousie lui dictant tous les scenarii possibles.
A peine ait-elle franchi le portail, qu’il fut pleuvoir des coups sur elle. Elle eut tout juste le temps de voir une lueur de folie dans ses yeux. » Bordelle, prostituée, tu es passée où depuis ce matin? Dévergondée ! » Elle a en reçu partout, sur la tête, au visage! Elle se retrouva déshabillée !
Pas question pour elle de se laisser frapper. Elle se défendit. » C’est toi le vagabond sexuel qui veut me salir et me frapper? Approche lâche ! » criait la courageuse.
Tout en parlant, elle cherchait un couteau, un bâton pour se défendre. Elle ne faisait pas comme celles qui se contentent d’encaisser les coups et aller pleurer sous le giron de maman.
Les voisins vinrent s’interposer alors qu’elle le fixait droit dans les yeux. Il a su qu’elle n’avait pas peur de lui. Elle ne se laissera plus faire.
Malheureusement, ma sœur n’est pas la seule femme battue au Mali. L’année 2016 a été particulièrement meurtrière pour les épouses. En effet, courant cette année 3 femmes ont perdu la vie après avoir été battues par leur époux. Au Mali, la violence subie par les femmes n’a pas de classe : en 2015, la fille d’un ex-ministre est morte battue par son mari, un homme de la haute société.
De façon globale, selon ONU-FEMMES Mali, il a été relevé au Mali entre janvier 2012 et Décembre 2013, plus de 6 227 cas de violences diverses sur les femmes et filles. En 2015 dans le cadre du système de gestion des informations sur les VBG, le Mali a enregistré 1.284 cas de violences basées sur le genre. Le tableau est sombre pour un pays, qui se dit résolument engagé dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Maintenant, j’ai peur pour ma sœur. Oui, j’ai peur sa vie ne devienne coups et rabaissement dans un pays où, subir les violences de son mari est cultuel. Au pire qu’elle se suicide, s’il ne l’a tue pas avant. Que Dieu nous en garde !