Danielle Ibohn


La fois où j’ai décidé d’être moins camerounaise

Il est 8h du matin, lorsque je peine à me réveiller comme à l’accoutumé. Je suis pire qu’une marmotte ces jours-ci.

Et pourtant, je ne le devrais pas.

Pirouette sur le lit et je me retrouve à genoux à son pied. Bon en vérité, c’est plutôt un roulé-boulé, atterrissage sur les genoux. Là, je tombe sur l’effigie de mon Président de la République. Mon voisin en est amoureux. Je l’entrevois chaque fois de ma fenêtre. Sa photo d’antan, sa photo de jeunesse me mets hors de moi. Je clame un juron indescriptible par moi-même. J’en ai pas conscience. Je suis à moitié endormie. Comme si sa jeunesse, ou son immortalité me narguait ? Quoi ? Hihi !

Je traîne mes pantoufles hors de ma chambre, sans les porter, comme si elles avaient demandé à l’être. J’entre dans la salle de bain. Après une bonne pression  sur ma peau, mon gel douche décide de faire le malin. Zut ! J’en ai plus. J’ai juré ! Bon en vérité, j’ai plutôt dit : « Mouf, Danielle t’es forte ! » Quoi ? Ne soyez pas choqués ! Au Cameroun, les jurons sont comme des signes d’amour. Il y a milles façons d’aimer, haïr avec un seul juron !

Les jurons d’amour et de haine…

Chez nous, lorsque quelqu’un vous dit:

  1. « Mouf, t’es belle »
  2. Ah quitte là, tu donnes !
  3. Imbéciiiiiiiiiile! ça, c’est la go
  4. Assssssssh ! Tais-toi ! Tais-toi ! Regarde solement!

Il vous aime plus que tout. Tout réside dans l’intonation. Par contre les jurons de haine, sont bizarres. Ils sont suivis d’une question rhétorique. Nous ne sommes pas très crus. Oui, oui!!!

Parlant de quelqu’un sans vouloir l’offusquer, il est présent dans la pièce. Quoi ? Hihihi

  1. Boss, toi-même tu vois comment ?
  2. Est-ce que c’est facile ?
  3. Que toi-même, quand tu le regardes, tu trouves comment ? Toi hein ? N’appuie pas sur : dérangez !
  4. Prends dans ma bouche ! Quitte sur moi !

En bonne camerounaise, il était important que je plante le décor. Nous ? Vous l’avez lu haut ? C’est nous !

La fois où, j’ai décidé d’être moins camerounaise

Les heures défilent. Mon corps et moi, nous ne sommes pas très complices aujourd’hui. Il est 12h lorsque je continue de le traîner ! Je lève la tête et je me retrouve devant une de ses boutiques, tu te dis : Mouf, j’entrerais un jour. Mouf, je suis entrée. Les articles sont super intéressants. Les prix bizarrement ne font pas leur difficile. Je tombe sur une de ces robes. Assssh, mouf ! Ok ! Je me comporte. Les jurons, poubelle ! Une discussion s’installe entre la vendeuse et moi. Elle est difficile. On peut l’avoir moins que ça, je suis sûre. Je suis tellement dans la discussion, que la maladresse prend le dessus. Je tiens la robe dans la main. J’essaye de parlementer. Je lève la robe pour chercher les défauts:

Moi: D’abord, c’est une petite taille. Vous trouverez une dame d’un mètre 42 qui va la porter ?

La vendeuse me sourit en répondant : les femmes de petites tailles, il y en a partout en riant

Moi: Comme moi ? Regarde comment elle me moule, un genre hihihi

La vendeuse éclate de rire. Je lève les yeux en signe de : hé tes d’accord là ! Hihi. Là, à ce moment précis, mon cerveau a complètement oublié de contrôler ma main en même temps. J’ai levé la robe. Dans ma tête, le ralenti se joue encore en boucle. Ma main est tombée sur une étagère. Elle a basculé. Et là, vous vous rappelez du roulé-boulé du matin, jusqu’aux pieds du lit ? Ça a fait pareil. Ma main est devenue une boule de bowling. J’ai mis à terre une étagère, une deuxième. Je suis restée là, pétrifiée. Mon cerveau me disait : bouge Danye ! Mon corps n’en faisait qu’à sa tête hein ? L’effet bowling s’est arrêté à la cinquième étagère.  J’ai senti cette petite brise soufflée. Cette brise vous savez, où vous devenez subitement un fervent croyant : Djizous ! J’ai soufflé. Le souffle a atterri sur la sixième étagère, jusqu’à la onzième. Genoux à terre, nous nous sommes retrouvés à ranger les étagères. Il va s’en dire, que la robe je ne la voulais plus. En la contemplant, une cliente s’est approchée:

La cliente : Asssssssh ! Mouf c’est combien?

La vendeuse: 20.000 fcfa

La cliente: Mouf hein ? 15.000 fcfa

La vendeuse: ok

Ekie, ekie ekie ! hé hé! j’ai, j’ai…

Morale de l’histoire? Toujours porter un pantalon. Pourquoi ? Vous n’aurez pas à vouloir une autre robe. Lol ! Quoi ? Venez prendre dans ma bouche, hihihi!

 


La génération androïde, la génération sans « comment ? »

Cela fait 5 mois que je n’ai pas écrit. Cela fait 5 mois que ce billet trotte dans ma tête. En 140 caractères, je l’exprime parfois. Alors il aura l’air pessimiste. Je suis une amoureuse de TIC depuis 2008. Comme les jeunes couples, ma nuit de noces avec elles est définitivement passée. Cette époque où les discours qui les accompagnaient, mettaient en avant une révolution sociale. Tout sera plus rapide, instantanée. L’information circulerait plus vite, les marchés à l’international seront plus ouverts grâce à une petite boite magique, et une toile magique. Cette « société de l’information » qui pendant longtemps a caractérisé uniquement les pays les plus développés, s’est propagée au sein du continent africain. Aujourd’hui, Africa is the future ne fait plus l’ombre d’un doute ?

AFRICA IS THE FUTURE ?

Bernard Miège m’avait mise en garde pourtant. Il décrivait cette société conquise par la communication, de manière dure. Pour lui, L’espace public est morcelé en communautés, en individualités, en une société de spectacle. Tout est mis en place pour magnifier le spectacle, la recherche du scoop, le sensationnel. Elle attaquerait tous les pans de la société. Tout va trop vite ! Tout est revu au schéma simpliste d’un appel, d’un outil. Communiquer est ramener à l’outil, est ramener à la distance. Après la deuxième guerre mondiale, la cybersociété dont il s’agissait, était de rapprocher, d’éviter le quiproquo, les malentendus, les bruits. L’Afrique jouirait de toute cette technologie. Le code , le code, l’avenir de l’Afrique et surtout de son intelligence.
En 2008, j’ai commencé à le croire. J’y ai cru. Je me suis cassée la gueule sur plein de projets et applications. Nous sommes en 2016, et l’univers a bien changé. Les systèmes sociaux ont bien changé. La société est régie par des logiques sociales bien curieuses. La tendance : l’entreprenariat 2.0 intensifiée, amplifiée par les RS, le coût démocratique d’internet. L’outil est dompté, c’est un fait ! La multiplication des start-ups d’E-commerce, des conférences de formation, des séminaires à la réalisation d’une entreprise aidée par les RS. Dans l’environnement africain, camerounais, ça bouge. Les boulots de l’heure : ingénieur en Informatique, Social media manage, Digital Officer, mais surtout entrepreneur 2.0.

ENTREPRENEURIAT 2.0 EN AFRIQUE

Dans les pays de l’Afrique subsaharienne et selon la Banque mondiale, la jeunesse compte pour 60% de l’ensemble des chômeurs. Chaque année, c’est près de 10 à 12 millions de jeunes. L’entrepreunariat s’est développé aussi vite qu’on ne l’aurait espérer. Les TIC y contribuent grandement. Dès 2010, les exemples de l’Afrique de l’Est nous parviennent. La région anglophone nous pousse les francophiles, a copié les Success stories. Ma flamme s’est ravivée. Les articles fusent. Les médias s’y intéressent. Les exemples concrets sont là : Africa is the furture !
A travers le code, on génère des profits. Les entrepreneurs se multiplient sur tout le continent. Les orientations scolaires changent. Les multinationales lancent des concours, remercient les participants. Les organisations internationales organisent des concours, remettent des prix et des contributions aux startups déjà mis en place, parfois aux projets. Les américains et les startups weekend, Global entrepreneurship week, nous sommes en 2013. Aujourd’hui, il est commun, il est normal d’avoir ses success stories.

Lire la suite…


Je suis Luc, j’ai 30 ans et je veux aussi me marier…

Cela fait plus de six mois que je trouve à peine du temps pour moi. Alors pour mon blog, je ne vous dis pas. Pour mon retour, je vais me faire l’avocate des hommes ! Oui, vous avez bien lu. Je suis censée être une féministe ? Les événements qui suivent ne sont ni fortuits, ni le produit de mon imagination. J’aurais bien voulu. J’aurais aussi bien voulu être engagée contre le terrorisme qui sévit dans mon pays. Mais ma position reste et demeure : pour résister, parlons-leur de notre culture qu’ils tentent si durement de détruire. Je vais vous parler des déboires de Luc.

Le syndrome de la trentaine

Je ne savais pas que la pression sociale sur le statut matrimonial était la chose la mieux partagée chez les trentenaires camerounais. En Afrique, celles qui se plaignent le plus, ce sont les femmes. Bizarrement, personne n’est jamais allé voir de l’autre côté de la barrière. Nous allons tenter de résoudre ce préjudice, que dis-je, cette injustice :

Comment survivre dans la jungle des « femmes » lorsqu’on est trentenaire au Cameroun, cadre dynamique ou pas, et voulant juste être marié ? C’est aussi épineux qu’on le pense ? Oui, oui !

Une histoire de la cavalière de mariage

Luc est un ami de longue date. Trentenaire, il est à la recherche d’une partenaire. Il pourrait passer chez Meetic, tellement il a eu et causé (ben quoi? c’est un garçon avant tout) de déboires. Rien n’y fait. Il est invité à un mariage. La traîtrise des mariages, c’est le « monsieur et madame » (un complot universel contre les célibataires onong) mentionné dans chaque invitation. Il fallait une madame.

Ça tombe bien, Luc sort depuis peu avec Nathalie. Le genre de femmes pour laquelle tu te dis : elle vaut le coup. Elle est trentenaire, en CDI. Elle a une situation. C’est important pour nous les hommes, se confie Luc. Quoi ? C’est pareil, là-bas aussi !

Trois semaines avant le mariage

Nathalie débarque chez Luc. Après une partie d’amour sensuel et plein d’attention (enfin, je crois hein ?), elle évoque le souci de la tenue de soirée. « Tu m’invites, alors forcément, je voudrais m’habiller comme tu le souhaites. » Comme dans Pretty Woman, mes tourtereaux font le tour des boutiques. Les tenues sont choisies. Ils roucoulent comme des pigeons en plein lune de miel.

La semaine du mariage

Nous les filles, nous avons cette manie d’appeler tout le temps et à n’importe quelle heure :

  • Nathalie : Chéri, tu dors ?
  • Luc : Allô ?
  • Nathalie : Ah oui, il est 2h du matin. Juste te dire que je t’aime.
  • Luc : C’est tout ?
  • Nathalie : Oui, bébé ! Et toi ?
  • Luc : Mama, il est 2H, j’ai juste sommeil
  • Nathalie : Donc tu ne m’aimes pas ?
  • Luc : Euh … (marmonant Balock di pass die* !)

Nous allons essayer de corriger ça, les filles, hein ? Mais vraiment, c’est dur.

Cette semaine, aussi bizarre que ça puisse paraître : RIEN. Luc semble soulagé. Au moins, il peut dormir. Cependant, il appelle :

  • Luc : Chérie, nous partons très tôt vendredi
  • Nathalie : Quel vendredi? Quoi ? Il y a quoi vendredi.
  • Luc : Euh… Pour le mariage !
  • Nathalie : Ah oui ! J’avais oublié
  • Luc : Hummm…

Ça a cuit… ? Le weekend du mariage…

  • Luc : Âllo ?
  • Nathalie : (Le téléphone sonne… Pas de réponse)
  • Luc : (Relance l’appel…)
  • Nathalie : (Votre appel ne peut être transmis…) Téléphone éteint !

Le téléphone sonne… Pas de réponse. Luc relance l’appel. « Votre appel ne peut être transmis ». Le téléphone de Nathalie est éteint !

Ça a cuit, pour de vrai ! Bon, je ne pouvais pas m’en tenir là. On va gérer. Tous les garçons ont un plan B, m’assure Luc. Quoi ? C’est lui qui le dit.

Il appelle son plan B :

  • Luc : Âllo chéri, je suis à Yaoundé dans deux heures. Je suis pour un mariage, honey. On passe la soirée ensemble ?
  • Plan B : Mon cœur, t’es là ? Waouuu ! Je t’attends ! Mais tu sais que je n’ai pas de robe, hein ?
  • Luc : ça coute combien ?
  • Plan B : 15.000 plus la coiffure.
  • Luc : Bon, passe chercher ça à mon hôtel.
  • Plan B : Ok bébé…

Il est 10h, lorsqu’elle débarque à l’hôtel. Après une … bref ! Vous avez compris. Elle disparait dans la nature.

  • Luc : Âllo ?

Le téléphone du plan B sonne… Luc relance l’appel… « Votre appel ne peut être transmis » : téléphone éteint.

Alors il essaye le plan C. Quoi ? Luc, est en recherche de SA partenaire…

  • Luc : Âllo chéri, je suis à Yaoundé dans deux heures. Je suis pour un mariage, honey. On passe la soirée ensemble ?
  • Plan C : Ekie bébé ! Tu me préviens tard comme ça… Mais tu sais que je n’ai pas de robe, non ?
  • Luc : bip bip bip. Luc a raccroché.
  • Plan C : Ok bébé…

Le planc C relance l’appel. « Votre appel ne peut être transmis ». Téléphone éteint !

Luc est allé à sa soirée. Il a dansé et est tombé sur Virginie…

Mais ça, c’est le grand frère de l’histoire, et c’est un autre billet,

Allez, son’a ponda…. hihihi

* Malchance!


Ma fierté 237…

Ce billet sera totalement et entièrement subjectif. Emotions, sentiments, s’entremêlent lorsque je pose des mots sur cette page. Aujourd’hui, je vous parle de ma fierté de 237 du moment. Je suis particulièrement émue de vous présenter la Mboatape III. Je ne suis pas une zexperte, mais  mon cœur parle. La mboatape est un projet d’une amie Esta… Oui, oui, nous sommes en République bananière. On est censé mettre en avant les amis. La méritocratie, c’est zéro… rhooo.Tracklist

La Mboatape, c’est quoi ?

C’est d’abord un site : www.mboatape.com  Puis c’est Esta et son équipe. La Mboatape, c’est une oreille musicale. Elle réunit sur une playlist, et selon sa sensibilité des chansons urbaines du terroir. Surtout la playlist raconte une histoire.

La « MboaTape » est une compilation de musique urbaine (Rap, R&B, Soul, Néo- Makossa …) à l’ADN camerounais, qui a pour vocation la découverte de talents, mais également le renforcement de l’image de notre culture urbaine. Disent-ils.

En plus d’être projet mettant en valeur la musique urbaine camerounaise, elle permet de découvrir des talents. J’ai hâte de vous raconter mes émotions face à ces sonorités.

La Mboatape III

C’est 16 titres repartis entre plusieurs artistes. Je vous parlerais de mes coups de cœur, ceux que je ne cesse d’écouter.

 

Titre 1 : La perle (Love) par A. TLC, c’est le premier titre. C’est de la soul. Doux, sexy, tu as l’impression de trouver dans un scénario à la Trey song. Le flow, eh Dieu, est lent. On dirait boys 2 Men mais en camerounais quoi ? Super sexy ! Quoi ? C’est vrai…

Titre 2 : Angel par Edel Koulla, Il débute par un refrain en Douala. Merci la sensualité ! Pourquoi ? Le douala est la langue au Cameroun par excellence de l’amour. La chanson est du même registre que celle précédente, lente et sexy… Elle est une prière à Dieu « Suffer never finish… » On avance quoiqu’il arrive, le pays est dur… mais on chante à l’unisson : notre « chère patrie, terre chérie ». On va le développer quoiqu’il arrive. « You play Ludo, i play chest ».

Titre 3 : Trowey (feat. Rude Bwai) par Ewube, bienvenue au sud-ouest du pays. Ici, nous parlons le pidgin (argot anglais). Les sonorités rappellent celles des sons naija. Rude Bwai est mouaaaaaaaack. Ewube me rend …bref ! J’arrive pas à mettre des mots sur mes émotions. On est au pays. On se croit à Buéa, à limbé. La lenteur des phrasées nous rappelle qu’on est vraiment au Cameroun.

Titre 3 : Plenty Money (feat. Magasco) par Amadou King, c’est la rencontre entre le sud-ouest et le nord du Cameroun… je vous laisse imaginer le cocktail. En plus, Magasco a posé sa voix dessus. Quoi ? Quoi ? Je ne suis pas une… groupie lol…

Titre 6 : Puis il y a Ndutu de Locko… hummm comment dire, c’est unique ! Mélanger à ce point l’anglais, le français avec une telle aisance. J’ai dansé en route à cause de cette chanson. Vous savez , comme dans les comédies musicales. Alors là, rien avoir avec le fait qu’il dit que les go Kamer sont trop jolies. Alors là, rien à voir.

Titre 9 : Place à Adango sweet sexy… c’est du funk. C’est cette sensualité. C’est cette folie, cette façon de m’emmener vers des pas de danse super sexy. Humm sur ce coup j’ai pris sur moi, je n’ai pas dansé en route.

Titre 11 : Cest mon préféré de cette mboatape 3, coolkid seriously… je l’ai écouté dix fois. Eh oui ! j’ai dansé dans la rue avec la balle à terre… oui, oui, j’assume !

Titre 13 : C’est comme mon Dr Dre du pays. C’est Monsieur Sadrak, mesdames et messieurs… Mets la main dans la poche. Il a cette façon d’être activiste qui me rend presque coupable de ne pas l’être. Il dénonce les maux de la société d’une légère agaçante!

Titre 15 : Il est dans ma playlist parce qu’il m’a surpris. Loic Nkono a joué à l’intelligent. C’est rare comme l’éclipse. I need holy wata to believe that …

 

Bienvenue dans la musique urbaine camerounaise…  J’en suis si fière. Vous pouvez les découvrir ici… www.mboatape.com il se termine par… Ancien combattant, dernier titre ! Découvrez-le !

Si vous voyez un 1M42, c’est moi. Dansant, essayant de défier les lois de la gravité, c’est moi. Je ne suis pas folle, c’est la faute à la Mboatape 3, c’est la faute à tout ces artistes (cités ou pas dans ce billet), c’est la faute à Esta et son équipe.

Son’a ponda!


Je suis jovine?

Il est minuit. Et je me retrouve à faire danser les touches de mon clavier. Mboko God est sorti le 20 mai dernier. C’est l’album très attendu de Jovi « Le monstre », un rappeur camerounais. J’aime le rap, J’aime Jovi. J’aime New-bell Music. J’aime le mouvement qu’il draine : celui de mêler nos sonorités à la modernité. J’aime ce mouvement parce qu’il est à l’image du Cameroun. Il est à l’image de cette jeunesse qui se cherche. Une jeunesse qui prouve que, sans rien elle existe. Au départ de cet article, j’étais prise de colère. Danielle ibohn est une vendue à la solde du jovin… Vais-je me justifier ? Non ! Je vais vous parler de l’album.

Ce qui m’a dérangé tout d’abord…

La fièvre jaune : l’album porte une couleur : le jaune. C’est cette interface qu’a choisie le label Newbell Music pour créer le buzz sur les réseaux sociaux. Les photos de profil étaient personnalisées à l’image de la pochette de l’album… Idée géniale. Cependant, elle est circonscrite à un groupe de personnes? Je le dénonce. J’ai ma photo de profil personnalisée. Là, j’ai tous les symptômes d’une vendue. Lol. Faux. Cependant la bonne information n’a pas été assez démocratique. Il fallait faire ça… Les blogs : Deux blogueurs ont analysé la communication digitale. L’un l’a fait objectivement ; l’autre maladroitement. Je m’y retrouve encore. Paraît que je suis l’alchimiste du blog… je suis amusée. L’avis digital : le buzz n’est pas assez partagé. Une fièvre jaune qui aurait pu faire plus. Je suis d’accord. Discussion pendant deux heures avec mes compères sur Twitter, ils auraient pu faire plus. On est avare, exigeant au 237 lorsqu’on aime. Le crew : leur crise de colère, leur façon de s’enfermer comme si le monde leur en veut. Ont-ils l’impression qu’ils n’ont le droit d’être là ? Pourquoi s’énervent-ils contre les haters ? C’est comme nager à contre-courant… Cependant la critique de « leurs haters » est bien acerbe des fois… C’est si dur. Et pourtant…

Ensuite… L’album 

(Je suis toute excitée par cette partie de cet article. Je l’ai déjà écouté 10 fois l’album.)

 J’ai l’impression qu’au Cameroun, l’on associe le métier de blogueur à celui de l’amuseur public en plus du râleur par excellence. Je suis désolé, recommander un produit n’est pas synonyme de « baisser sa culotte ». Qu’on soit d’accord. Je vous le dis d’abord : cet album, je l’aime. Je suis jovine ?Hahaha… Je ne répondrais pas à cette question. Cet album me réconcilie avec mes racines. Il parle comme moi. Et ça, c’est un genre de way ? Il est à l’image de mes pensées. Ces sonorités me donnent envie de danser toutes les secondes. Il entremêle les sonorités de nos différentes langues maternelles saupoudrées tout au long par cet argot: le pidgin. Il débute avec le « Mendù ». On est parti dans l’ouest du pays. Nous sommes en pays bamoun.  Ensuite dans la même chanson, on se retrouve dans le sud-ouest, le pidgin nous accueille à la première parole. Le premier refrain revient avec le français : « Changement de position… » Puis, il termine par un petit tour dans l’argot… Ce tourbillon  me ramène dans ce qui rend particulier mon pays. L’Eyenga* en fond sonore, le français revient. « Mboko God-positionning» (premier titre de cet album)  nous donne le ton. 5 titres plus tard, je tombe sur « Mboko God-Status… ». Je suis… je suis… c’est magnifique… Que dire de Man pass man part 2 ? Je n’ai pas de mots. Il valait le coup malgré les tracas, jumialistiques.

Allez son’aponda,

Je vous laisse avec mes favoris…en espérant que je ne sois pas prise dans les citations #jesuisdanielleIbohn, faisant les frais de la foudre des haters ou du chanteur hahahahahaha… Mboko God, génial !

 

Mes révélations : Tilla et surtout Reniss

Mes sons favoris : Mboko God Status,  Positionning, Man pass Man part 2, Top Level (Je les suis au moins 20 fois par jour)

Pas aimé : Moundi

Moins aimé : Jungle Book, il entretient l’animosité des haters

Le son qui me calme : Mboko-God Reality

Amusée : Nyongo Money et Beat Tape sessions

Le reste : Cash, Bastard, etpuiskoi… mon frère, vous avez gaspillé l’espace du disque. Espérant des inédits… lol

*C’est le cri utilisé dans la tribu fang. Il transcrit la joie, le bonheur et annonce une bonne nouvelle. Il traduit nos moments de joie extrême et parfois de grande tristesse.


Au pays de Daesh… Je suis Garissa

Il  est 5 heures du matin. Et déjà, les appels des muezzins inondent la ville. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. J’enfile ma burqa. Je ne suis pas de religion musulmane. Mais il faut bien le faire pour pouvoir survivre. On n’entendra plus les cloches : celles de la sainte cathédrale. Il fut un temps, elles résonnaient avec force, une volée de cloches. L’avais-je déjà entendu ce son ? Je ne pense pas. Mais mes grands-parents le racontent si bien. Il fut un temps, on pouvait vivre sans contrainte de religion. Aujourd’hui, l’on feint une croyance. L’on mime des gestes auxquels on ne croit pas.  Les gens de Daesh, ils pensent qu’ils ont vaincu. Ils se pavanent, chacun exhibe sa barbe et son sourire en coin, avec surtout la satisfaction d’un travail accompli. Ils pensent nous avoir convertis, nous avoir annexés. Mais notre cœur pense le contraire. Les apparences… Certains musulmans ne sont pas d’accord…

Ce n’est pas l’islam…

« Tout ce qui est dit dans cette version du Coran n’a rien à voir avec le prophète Mohamed. », s’écrit l’imam.

Il est sur la place publique. Comme des milliers d’autres, il sera exécuté comme tous les vendredis. Régime de terreur, les résistants se font de plus en plus nombreux. Nous chrétiens, nous les « musulmans » nous n’osons pas trop nous manifester. Mais les imams, ils ne lâchent rien. Je ne m’arrête pas. Je dois suivre mon enseignement de prédicatrice. Je me hâte vers l’université islamique.

L’université…

Ce sont des milliers d’étudiantes sur le campus. Elle reste la seule voie pour s’en sortir. Nous les femmes, on n’a plus aucun droit. Alors devenir prédicatrice nous permet d’exister socialement. Internet a foutu le camp, les téléphones portables sont surveillés. On se débrouille comme on peut.

Soudain, j’attends le bruit d’une détonation. L’université est attaquée. Là, débarquent des combattants de Jésus, une centaine environ… Je n’en avais jamais vu un en vrai. Ils encerclent l’université. Chapelet en guise de collier, ils sont parés en toges de prêtres. Je suis saisie de courage. Pourtant ils ont des chars, portent des kalachnikovs, des grenades et crient à tue-tête : au nom de Jésus… Le temps d’une seconde, ils tirent en l’air et demandent à tous de se déshabiller. Ils nous scindent en groupes : les musulmans à droite, les chrétiens à gauche, les mélangés au milieu. Aux musulmans et aux mélangés, ils demandent d’appeler leurs familles et leur dire que c’est la dernière fois qu’ils leur parleront. Ils seront exécutés.

A chaque appel fini, une balle est mise au milieu des deux yeux. Je suis pétrifiée. Je suis paralysée. Je suis en colère. Ils n’ont aucun droit de faire ça. La rage monte. C’est horrible. C’est le messie qui vous punit, scande un homme… Il justifie leur barbarie. Ils ont exécuté 148 étudiants, puis se sont tués. Pas moins de 16 heures d’interminable barbarie, 16 heures d’interminable incompréhension, de rage, de brutalité insensée. Mon esprit divague. Nous sommes dans un univers parallèle. Heureusement, malheureusement, c’est le régime Daesh qui régnait.

Et si… Et si… Je suis Garissa. Je suis Kényanne.


Les lions indomptables de la culture: Indomptables ou bien?

Ce billet est un des ceux que je qualifierai d’égoïste. Je suis désolée, mais je pense que c’est mon blog …ou bien ? L.O.L. Je suis social media manager. Et être au courant de tout sur la toile, est mon devoir.  Je n’aurais jamais pensé que cela m’arriverait un jour.  Mais c’est un fait : les réseaux sociaux sont devenus un facteur de stress. Alors j’ai décidé de consommer moins, de consommer de manière passive, être là sans vraiment l’être, n’interagir sous aucune manière.

La vie d’une junkie

Alors comme une junkie, j’ai décidé d’essayer le monde parallèle des medias sociaux que je visite peu.  Comme des effets « placebo », je me suis mise au gif, au Mooc,  au soundcloud,  et surtout à la musique urbaine camerounaise (Vidéo).  Il faut savoir que je suis fan de rap. A une époque, je voulais l’être. Ekié, il faut vraiment que jeunesse se fasse. Hihihi. J’avais pour artistes-boussole : Jovi, Krotal, , Stanley Enom, Magasco… des artistes rappeurs qui font le bon et le mauvais temps au Cameroun.

La musique urbaine au Cameroun

Avant toute analyse, je tiens à dire que je ne connais rien à l’art. Je suis dans le ressenti. Bon, Je suis hypersensible comme personne, ressentant la portée de chaque mot à la syllable près… C’est vrai que ça ne se voit pas dans mes écrits, mais les poids des mots  ont une importance. Voilà pourquoi le rap est mon style musical préféré. J’aime la rage, l’amour, la peine, la mélancolie, la joie, qui en ressort. J’aime lorsque les mots déchirent la pensée. J’aime lorsque les mots font monter le ton. J’aime lorsque les mots sont si puissants qu’il vous pousse à faire des gestes de rage. J’aime ce  ressenti. Je suis très introvertie, alors ces punchlines me libèrent.

Parlons de musique actuellement. Au Cameroun, le Makossa était cette musique qui s’est expatriée le plus. Sur une mélodie douce, avec des guitares, basses venant de la musique congolaise, ses paroles sont le socle de tout. On parle d’amour, de déception.  Comme la gweta, elle a fait les beaux jours du Cameroun. Des années sont passées et comme la mode, elle n’est plus. Aujourd’hui, c’est la musique urbaine camerounaise qui est à la mode. Elle est ce mélange d’argots, de pidgin, du sampling des makossa à succès, des sonorités traditionnelles mélangées à la musique urbaine. Si les productions sont bonnes (des singles aux clips), ce qui retient mon attention, ce sont les paroles.

Ecoutez la musique urbaine et vous saurez ce que pensent les jeunes

Je suis une camerounaise et tellement chauvine. LOL. J’ai eu plein d’occasion de m’expatrier. Mais rien n’y fait. Pourquoi tu restes ? Je reste pour cette rage qui se lit dans ma vie : réussir. Je reste parce qu’on peut réussir au pays. Je reste parce que ces artistes transcrivent exactement ce qu’on cherche à changer par nos actes quotidiens. La plupart du temps, les medias étrangers se tuent à donner des leçons de vie sociale. Où je veux en venir ?  La classe politique camerounaise dirigeante est octogénaire. Et la question qui me revient à chaque fois : vous les jeunes ? Révoltez-vous !

Vous cherchez à savoir ce que pense le jeune camerounais  vit : Cœur de Lions

Vous cherchez comment on s’amuse, notre façon de vivre :  Owé, Owé

Vous cherchez si on pense réussir : Hein père

Notre engagement : Big Vulture

Vous voulez savoir ceux qu’on pense du gouvernement : et puis koi ?

Dédicaces à Ndunkong, Neptune, Febuary 16th, Gasha, Reniss, Rachel, Tilla, Miss Lena, Adango, Danielle Eog, Jovi, Sadrak, Krotal, Stanley Enow, Numérica, Magasco, Diwouta, Duc-z, Edel Koulla, Ambé, Merci d’exister et faire ce que vous faites et d’ensoleiller mes journées sans réseaux sociaux. Quoi? hihihi.

Son’a ponda!


Le jour où j’ai choisi un pagne…

J’aurais 30 ans bientôt et il est clair que cette étape de ma vie me stresse. Surtout lorsqu’une de vos sœurs se marie. Je vous explique. En Afrique, ça doit être dans l’air ou c’est dans le cours de l’évolution. Mais comme l’extinction des dinosaures, les trentenaires doivent tous passer à la casserole : Mariage. Chacun choisit son conjoint comme il le souhaite. Mon Flopinou a choisi : elle.

Crédit photo Florian Ngimbis J'ai beaucoup aimé hihihi
Crédit photo Florian Ngimbis J’ai beaucoup aimé hihihi

Moi ? Ce sont les pagnes. Quoi ? Vous ne croyez pas tout de même que j’allais vous donner son nom. L.O.L C’est un blog, pas un journal intime.

Revenons aux pagnes. C’est l’accessoire qui fera toute la différence lors d’un mariage au Cameroun. C’est important, j’entends mes sœurs se prendre la tête. Le mariage est dans six mois. Et déjà, elles sont agitées comme des puces. C’est l’étape préliminaire lors de la célébration. Le couple doit choisir un pagne. Bon, rectification, la femme choisit le pagne. Il doit être beau. Et la famille, la belle-famille l’achètent. Ce jour, les familles deviennent une. Et ça commence par la forme. C’est le moment de jouer au styliste, blablabla, les choses de filles.

Radar à mauvais pagne

Il est 16 heures. Mes piplettes* et moi, nous sommes à la chasse AU PAGNE, le saint Graal du Pagne. Elles font des choix. Lorsque j’aime un : poubelle. Plusieurs pagnes ont été mis à notre disposition. Il faut choisir. Tout le monde sait que je suis une geek, mes sœurs en particulier. Et pour savoir, quel est le pagne le plus moche ? Je suis la mieux indiquée. Oui, oui, comme elles le disent : les goûts et les couleurs, ce n’est pas ton truc. C’est sensé m’énerver, mais tant que je suis utile… En plus, j’ai le droit d’amener mon téléphone pour tweeter, alors tout le monde est content.

Boutique où va se passer le drame

Une dame à l’âge mûr nous accueille. Quand tu la vois, tu sais qu’elle s’y connait. Elle nous pose les questions sur le couple. Sincèrement, je les suis d’une demi-oreille. C’est pour quelle occasion, elle demande. Un mariage, mes sœurs répondent en cœur. Ce sont mes sœurs, elles aiment les choses de filles. J’ai mis un temps de retard pour répondre. La dame me regarde, elle a su tout suite : j’étais le radar à mauvais pagne. C’est dans chaque famille, ce truc, je vous le dis. Voulant la faire démentir, j’ai commencé à m’intéresser aux pagnes. Ceci pourrait être bien… Stop, revenons à un fait important (chose que je découvre moi aussi), chaque pagne possède une interprétation dont j’étais loin de me douter. Un pagne c’est pagne oh ! Les motifs ? On s’en fout. C’est africain et puis c’est tout. « Erreuuuuur ! » répondent-elles en cœur. Ekie ! Elles me regardent toutes avec des yeux : toi, ça ne vaut pas la peine quooi ? Bon, il faut savoir que moi et la honte, ça fait un.

Je me dis : non. Je peux le faire *Chanson de Rocky Balboa dans la tête et c’est partie* J’ai commencé à choisir :

Premier pagne : c’est un pagne de deuil chéri

Deuxième pagne : il signifiait ma rivale, notre mari et moi ce sera chaud cette semaine

Troisième pagne : ton pied, mon pied chéri, tu sors, je sors.

Quatrième pagne ? Non c’est sûr je vais trouver le bon. Lorsque je l’ai pointé du doigt. La dame s’est mise à me sourire. Ralalala * We’re the champion dans ma tête direct* Elle vous irait très bien. Là où j’ai su qu’il y avait anguille sous roche : mes sœurs. Elles ont été unanimes. Elles ont leurs sourires dans le coin. Et la question qui tue de la vendeuse : Elle est toujours célibataire, je présume. D’un hochement de la tête, elles répondent en cœur. Ce n’est pas bon signe ça. Je supplie pour la signification. Elles me le disent : « Ce pagne signifie, je suis prête à me marier, faites-vite ».

Allez Son’a ponda !

*Mes soeurs.

Pour plus d’informations sur la signification des pagnes, cliquez ici


Le jour où j’ai rencontré Dieu…

Je tiens à vous dire : ce billet va être rocambolesque. Hihihi.  Débutons. J’ai la chance ou la malchance d’être une fille super maladroite. Je crois, je suis même sûre  d’avoir déjà expérimenté tous les pans de la honte. La dernière en date : les églises éveillées. Ne vous méprenez pas. Je ne fais aucune apologie, aucun procès. Chacun est libre d’adorer un Dieu. Qu’il soit en bois oh ! Qu’il soit en fer métallique, genre IronMan ou spiderman. On s’enfout hein ? Hihihihi.  Moi, je ne vais pas vous dire qui j’adore. Ça va complètement fausser l’ « objectivité » de ce billet hihihihi.

« In Jesus name »

Je suis sûre que s’il y a un championnat du monde de croisade, le Cameroun serait en top-list. Telle l’implantation des bars à Douala (Désolé pour la comparaison hihihi), les églises réveillées ne laissent pas un centimètre carré de libre. « In Jesus name » est la formule magique dont les infidèles se prévalent pour éloigner le Diable.

Les habitations transformées en temple

Alors tout est mis en contribution pour chasser le diable : tambours, casseroles, sono High tech. La nouvelle tendance est les maisons transformées en temple. Aussi, à défaut d’aller au culte, les fidèles organisent des sessions de rattrapage à la maison. Les plus courageux  se transforment en chasseur de démons itinérants. Alors il est habituel d’entendre, les chansons de Dieu, un applaudimètre (Applaudissez pour Jesus dit le pasteur ! Quoi ? c’est vrai hihi) « Chabala chabala », « sort de ce corps », « Demon, je te commande », « Esprit saint, je te vois », « esprit saint m’a parlé ». Je ne sais pas pour Yaoundé, mais chez nous à Douala, on n’est pas surpris par ce genre de discours sortant d’un beignetariat changé en église ponctuelle. Quoi ? C’est vrai. Hihihi

Mon histoire

Les lignes plus hautes sont le décor à l’histoire qui va suivre. Merci d’avoir été patients. Hihihi. Durant la pause, ce n’est pas facile de se restaurer à Douala. Alors j’ai choisi les fast-foods : les restaurants sénégalais. Quoi ? Quoi ? Je vois déjà vos têtes Hihihi. Ce sont nos fast-foods au Cameroun, ekie ! Le restaurant était contigu à une habitation. Moi-même, je marche hein ? Je m’installe, je passe ma commande. Nous ne sommes pas nombreux dans le restaurant. Je suis la seule à commander, les autres clients digèrent déjà leurs déjeuners. Il est 15h, c’est bien normal. Comme un malheur n’arrive jamais seul. Eneo, la compagnie d’éléctricité nationale décide de faire une fête, tout le monde est invité, les jeux de lumières sont en place. Traduction ? Les coupures de courant sont intempestives. L’énergie part toutes les 5 minutes et revient. Or lorsque ma commande est sur la table, elle part définitivement. Et là, les chansons de Dieu, l’applaudimètre « Chabala chabala », « sort de ce corps », « Demon, je te commande », « Esprit saint, je te vois », « esprit saint m’a parlé » inondent le restaurant. Nous vivons le culte de la maison d’à côté. Les tambours utilisés pour la louange nous ramènent un peu de civilité, d’ambiance dans le restaurant. Tout d’un coup, plus rien. Le pasteur commence la délivrance : « Démon, toi qui es logé, je te chasse »… Bon, moi je continue à manger. Cependant je me rends compte qu’à chaque fois que j’utilise ma fourchette ou ma cuillère, cette phrase sort : « Démon, toi qui es logé, je te chasse ». Ekie ! Je suis perplexe. Je continue à manger. En fait, le son de ma fourchette faisait un écho de dingue dans la pièce.  La serveuse s’en est rendue compte, et me fait signe de manger avec les mains. Je m’exécute. Je suis respectueuse, moi. Hihihihi. Cependant, c’est sans oublier ma maladresse légendaire de faire des choses contraires à ce qu’on me demande tellement je veux faire bien. Hhihihi. Je me dis mieux emballer mon repas et partir. En me levant, je ramasse mon sac, qui fait levier sur la table, mon plat tombe. Il fait un bruit de dingue. J’entends : « Démon, je te localise et je t’abats » Euye ! Maladresse sur maladresse, lorsque je commence je ne termine pas. Je suis embarrassée. Je dépose mon sac sur l’autre table. Avec toute la peur de mal faire qui s’en suit, je commence à ramasser le plat. Un homme qui venait vers moi, ne m’ayant pas vu courbée, je lui fais un croche-pied. Il fait un roulé boulé, strike sur les autres tables… J’entends : « Démon, je te vois tomber ». Euye !

La morale de l’histoire ? Quelle morale ?

Ham… Son’a ponda hihihihi.


Les lions indomptables m’ont mis sur un petit vélo sans chaîne

« Dans le cadre d’une opération baptisée “Francophones, tous à vélo!”, Mondoblog a été sollicité par le réseau francophone Vélophonie, qui vise à promouvoir l’usage du vélo dans le monde. Vélophonie vous invite donc à raconter, expliquer, décrire ou même dessiner votre réponse à la question Quelle place pour le vélo dans votre vie et dans votre pays ? en y consacrant un billet sur votre plateforme Mondoblog. »

Lorsque je dis oui à cette campagne, je n’ai aucune idée de ce dont je vais parler. Cependant, J’ai trouvé l’idée bonne et suffisamment « absurde » pour mon blog. Si, si « absurde ». Au Cameroun, le symbolisme du vélo est lié à la classe moyenne. Il est cher allant de 35.000 FCFA  à 70.000 FCFA . Je suis une fille de pauvres. Je ne n’ai pas d’expérience en la matière. Je ne sais même pas pédaler.

@btwn
@btwn

 Alors je vais vous parler de ce que je connais. Nous sommes au lendemain d’une défaite des lions indomptables, de nos chatons vénérés du Cameroun à la CAN 2015, et je suis très en colère. Les abonnés de ce blog savent que je suis une supportrice « passionnée » (un peu trop même hihihi) de nos vénérables « miaou ». Suite à leur énième débâcle, je suis dans un état de tristesse. Pourquoi ? Parce qu’ils m’ont mis sur un « petit vélo ». Halte ! Vous commencez à comprendre … Pour être plus explicite, je vous parlerais de l’expression camerounaise: « petit vélo ».

La définition étymologique (Quoi ? L’argot est une langue particulière)

Petit vélo est une expression, venant…  Sincèrement je n’en ai aucune idée. Certains disent qu’elle vient des prisons camerounaises. Voulant discuter en toute discrétion des matons, les prisonniers ont inventé plusieurs expressions dont celle-ci. D’autres parlent d’une situation de vie. Car rouler sur un vélo signifie, que vous êtes très rapides. De surcroît un petit ? Elle signifie votre côté malin. Vous l’avez compris vous mettre sur « petit vélo » veut dire être très malin. La signification de l’expression va plus loin selon le ton. Elle peut signifier que vous êtes aussi bien malins que malhonnêtes.

 Les miaous m’ont mis sur « petit vélo »

« Quelle place pour le vélo dans votre vie et dans votre pays ? » J’aimerais bien répondre à Vélophonie. Mais vraiment, en ce moment c’est « petit vélo » dans ma vie de supportrice. Surtout lorsqu’on parle d’un « petit vélo sans chaîne ». Je vous explique. Avez-vous déjà roulé sans chaîne avec  un vélo? Pour ceux qui ne savent pas, ceci est très dangereux. Vous êtes sujet à un accident dans 100% des cas. Quoi ? Loool.  Alors dire que les miaous m’ont mis sur « un petit vélo sans chaîne », vous imaginez mon désarroi.

J’ai gueulé… Hé Dieu ! Premier Match… Ils m’ont mis sur le vélo.

Cameroun 1 – Mali 1

Capture d’écran (130)

Deuxième Match, j’ai gueulé… Ils m’ont mis sur petit vélo.

Cameroun 1 – Guinée 1

Dernier et troisième match, j’ai encore re-gueulé… cette fois-ci, ils m’ont mis sur un petit vélo sans chaîne.

Cameroun 0 – Cote d’ivoire 1

Capture d’écran (131)

Pour tout ceux qui me cherchent pour… on va dire, lynchage verbale…

Je suis fermée pour inventaire, voilà c’est dit! : -)

Aie! ça, c’est un petit vélo sans chaîne hihihihi! Normalement, on ne le dit pas, mais puisque c’est.. Bref!

Allez, Son’a ponda!


Le fonctionnaire du Cameroun

Le service public. Il y a cinq ans, je rêvais d’y être embauchée. Moi et mes rêves qui s’étiolent au rythme cardiaque d’un asthmatique en pleine crise… lol !  J’étais moulée dans cette espèce de déterminisme social : tes parents l’ont été ? Tu le seras *Me pointant du doigt, pour me rappeler mon devoir*. Vous l’avez certainement deviné aujourd’hui, je vous parle du service public. Etre fonctionnaire, c’est quand même sympa. Des heures souples, pas d’obligation d’être présent. Et pourtant… Vendredi soir, rentrant du boulot, je suis tombée sur un fonctionnaire dans un taxi. Il est dans l’administration publique depuis 30 ans. Je ne saurais vous expliquer comment on est arrivé à cette discussion. Alors je vous le laisse. Les embouteillages ayant contribué fortement à ce récit, ce ne sont pas mes mots, ce sont les siens.

La profession de foi du fonctionnaire

Qu’est-ce qui ne fonctionne pas au Cameroun ? Pourquoi tout est à l’air anormal ? Pourquoi des pratiques « absurdes » dans le service public? Alors perché sur ses 50 ans dont je m’imaginais bien évidemment l’âge, il me répondait avec un calme : les mesures d’accompagnement de la loi portant sur le statut du fonctionnaire n’ont pas été suivies. Si, je me souviens, le fonctionnaire était un individu respectable. La faute à la décentralisation ? Je ne saurais le dire. Je ne fustige pas le gouvernement pour cette décision. A sa place, j’aurais fait pareil. Mais une chose demeure, elle concourt à toutes les dérives du système public: corruption, détournement de fonds publics, amalgame entre biens de l’Etat et d’autrui, etc.

L’aménagement des heures de travail

En un, la journée continue : elle consiste à donner la latitude aux fonctionnaires de faire autre chose que leur boulot. Ainsi, ils n’auront pas de mal à arrondir leur fin de mois, compte tenu de la révision à la baisse des salaires. Tout ceci a corrompu le système. Tout ceci a donné du pouvoir à ceux qui n’en avaient pas.

La corruption

En deux : le Camerounais étant ingénieux, a développé au lieu du sens de l’entreprenariat, une manière de profiter du système. Il a développé l’attribution des marchés publics en incluant ses majorations. Il a sa part sur ça comme on aime le dire.

En trois : il a développé le vide, pour qu’on lui propose de l’argent contre son travail. Comme à l’usine, l’administration travaille à la chaine, ma fille. Si un maillon manque, le reste est bloqué. Ils l’ont bien compris, mes collègues. Alors, il s’absente de la chaine. Il crée un besoin, un besoin qu’on est obligé de rémunérer parce qu’on n’a pas le choix. L’absentéisme n’est pas un problème qu’on peut combattre, mais une manière de se faire de l’argent. Et puis quoi ? Le salaire passe. Le pays est à l’image de son peuple et c’est bien dommage dit-il, en claquant la portière et s’en allant avec un calme qui me sidéra. Il est arrivé à sa destination. Et je restai bouche bée.

Allez, Son’a ponda


Cameroun: Je blogue donc je suis?

Les blogueurs camerounais… depuis une semaine, je vous menace. Je sais que le digital est le nouveau métier à la mode. Tout le monde se prévaut évangéliste, pionnier, avant-gardiste. Je vous l’accorde, le terrain est encore vierge, le milieu tend à se construire. Mais sous-entends dit-il, qu’il faut faire n’importe quoi ? Je ne pense pas. Aujourd’hui, je m’attaque aux blogueurs camerounais. Ceci est une critique acerbe. Le blogging, C’est un pan du digital. C’est lui qui crée du contenu. Il est d’autant plus important qu’il donne un positionnement, le pouls du Cameroun. N’en dément les journalistes, il a le pouvoir d’influencer les pensées.

@blogapart.info
@blogapart.info

La pléthore des blogs

Avec la démocratisation des coûts d’internet au Cameroun (Dieu, merci il y a une justice dans ce monde. Thank you Djizoous ! Quoi ? Ce n’est pas facile, lol), les blogs ? On en compte près de 200 indépendant de l’espace géographique (de la diaspora ou natif). Sur quoi, je me base ? Le groupe facebook des blogueurs camerounais, le nombre d’inscrits et le nombre de blogs mentionné. Ce qui présuppose que certainement, il n’est pas exhaustif ce chiffre.

Les blogs dits « sociaux »
Les blogs au Cameroun sont presque tous d’une même catégorie. Ils traitent des faits sociaux : politique, économique, fait divers, écologique, environnement, culture en GENERAL. Alors le traitement est linéaire et barbant. Il finit par devenir un journal intime, avec des textes kilométriques, des transitions « bateaux » d’une idée à une autre. Comme celle-ci… Quoi ? Lol !

Les blogs dits « de mode »
Lorsque je disais, presque tous, je parlais absolument des blogs de mode. Au Cameroun, c’est la deuxième tendance. Il suffit d’un tumblr, d’un compte sur blogpost, de deux ou trois photos dit « fashion » et le tour est joué : on est bloggueuse fashion. La plupart est tenue par des filles. Comme si l’apologie de la mode, ce sont les filles. Elles prennent des poses entre amis, ou pas, postent et ont leur blog. Le blog est tellement egocentrique que vous vous demandez à quoi vous servez vous, la lectrice. Quant au lecteur, il en sera plus que ravi.

Les blogueurs « dithyrambiques » ou griotiques

 

Je ne sais pas si l’exemple a été mauvais. La faute aux pionniers du blogging camerounais ? Mais la plupart des bloggueurs pense, plus ils seront acerbes dans leurs écrits, plus ils seront lus. Ce que vous n’avez pas compris, c’est que vous salissez le nom de votre pays. Pourquoi je m’installerais dans un pays où votre description des faits fait froid dans le dos. Le plus important est d’être objectif, argumenter. Ces éléments font défaut, remplacés par des questionnements que le commun des camerounais possède. C’est une perte de temps et d’énergie. Qu’apportez-vous en plus ? Le blogueur n’est pas un journaliste, oui ! Mais de grâce, posez des questions qui susciteront des débats.

Bloguer, ce n’est pas obligé…

 

 

Tout le monde n’a pas l’aptitude pour bloguer, par pitié. Vous voulez vous exprimer ? La plateforme de Microblogging peut vous aider. En plus, Elle est rapide et instantanée. Vous pouvez choisir de vous spécialiser ou pas. Tout le monde s’enfout, mais vous n’engagez en rien, l’image de tout un pays.

Les blogs dits « Spécialisés »
Ce qui est particulier avec les blogs dits spécialisés. C’est qu’ils sont spécialisés en fonction des buzz sur la plateforme. Des blogs sur le tourisme qui deviennent IT. Tu te demandes à un moment si la ligne éditoriale s’est inscrite dans un cours de danse bafia. Les sujets sont traités à souhait selon l’auteur et non sa ligne éditoriale. Tu as dit tourisme, pourquoi tu nous parle d’un évent IT. Ce métier rend schizophrène. Même les auteurs le deviennent. Au point où tu te demandes, si j’ai besoin d’une info, est-ce qu’elle est la personne assignée pour me la donner. Tout le monde veut faire comme tout le monde. Aucune spécificité, aucune personnalité, les blogueurs camerounais…

Les évangélistes du Web Camerounais
Bref, je suis tellement dépassée que je me demande aux évangélistes du Web, oui, je m’adresse à vous : Arrêtez de remplir la plateforme avec vos conseils, tapez les poings sur la table. C’est votre métier ? Ou bien c’est seulement un nom ?

Allez, Son’a ponda !


Alors je montai dans un bus…

Il était sensé sortir ce billet lors des fêtes de noël. Je me suis reprise plusieurs fois.  Je n’arrivais pas à trouver le bon angle. Des jours passants, nous sommes le 31 décembre 2014. Il faut que je le termine. La redéfinition de l’angle devient impérative. Devrais-je vous faire un bilan ? Nous sommes le dernier jour de l’année.  Mais c’est d’un ennui. Personne ne sait ce qui se déroulera en 2015. Alors pour le dernier billet de l’année, pour changer, je vais vous parler de mon pays. Quoi ? lol ! Oui, je suis chauvine. Ça aurait été une déclaration d’amour à la terre patrie. Cette façon qu’elle a  de me remercier d’être restée, de ne pas avoir céder à la tentation de partir, de ne pas avoir choisie l’immigration. Quoi ? Nà tilà. C’est le nom de mon blog, c’est écrit tout en haut là… lol ! Comme si tout l’univers se mettait en place comme un puzzle. Jaz-y chante dans mon casque : Thank you for come.

Alors je montai dans un bus…

Je sais, cette transition est tirée par les cheveux presqu’incompréhensible. Je vous explique. Le fait marquant de cette année ? J’ai beaucoup voyagé. Je ne sais pas si le patriotisme peut tuer, mais il m’a tuer. Si, l’accord grammatical est bon.

Photo prise à la descente de l'avio @Bata
Photo prise à la descente de l’avion @Bata

Parlons de notre compagnie aérienne. Je ne vous ferais pas un topo statistique. C’est ennuyeux. Je vous parlerais de mon expérience. Voyage pour Abidjan, je prends  la compagnie nationale.  Mondoblog s’est dit, peut-être, c’est cool, ils sentiront mieux. Surtout pour les personnes qui voyagent pour la première fois. Bon, vrai dans un certain sens. On s’est cru au pays. Vous savez ces cargos qu’on prend parce qu’on n’a pas le choix. Les sièges sont faits pour 4 personnes mais nous sommes six à suffir sur le siège. Dans l’oiseau national, ce fût pareil. Personne ne regarde si vous respectez votre place. On fait des escales de deux, voire trois heures. Il faut qu’on charge le bus, ekie, l’avion. Excusez le lapsus.

Je me suis dit : bon, on partait loin loin loin du pays. L’oiseau national devait rentabiliser. Fauuuuuuuuuuuuuuuuux ! Rebelote, voyage au Tchad. Je vous vais  raconter le voyage retour, parce que celui de l’aller, mieux je ne le fais pas. Je peux faire couler cette entreprise. On quitte le Tchad pour le Cameroun. Nous nous arrêtons à Maroua pour recharger l’opep, le cargo. Les passagers entrent dans l’avion. Des personnes réservent les places ? Wandafut !  Ekie, ma mère, ce n’est pas par ordre d’arrivée, ai-je lancé à une dame de forte corpulence. Moi-même, je cherche mourir. Vrai, vrai ! Elle me toise et mets les affaires de sa sœur. Résultats ? Plus de passagers que de sièges. Hee dieu, j’ai vu l’hôtesse embarrassée. Je me suis dit, elle ne va pas le faire.  Elle ne peut pas ajouter le banc. Non, je refuse ! Ayi ! On est dans cargo, mais vraiment faut pas exagérer.

Les passagers à peine assis, commencent à nous poser la question : Avons-nous bien voyagé ?  Ils sont gentils, courtois les camerounais ? Mensooooonge ! Il y a anguille sous roche, lorsqu’un camerounais commence une conversation par une question. Ekie ? Ils disent, vous voyagez avec un réacteur depuis le Tchad. On aurait pu disparaitre à Mbanga Mpongo. Hee Dieu !  Et vous êtes montés ? Je leur pose la question. C’est Dieu qui garde, ils répondent tous en cœur. Avant je ne comprenais pas pourquoi au pays, des gens étaient autour de la piste d’atterrissage, et applaudissaient lors de l’atterrissage de chaque avion.  Maintenant, J’AI SAISI. Moi-même je vais prier, ce soir. Quoi ? Tout le monde doit voir 2015.

Allez à l’année prochaine,

Son’a ponda !


Je suis camerounais et je suis du Front national

Il est 6 heures et mon horloge interne me rend nerveuse. La veille, j’ai dormi à 3 heures du matin. Suis-je vraiment réveillée ? Suis-je vraiment reposée ? J’émerge peu à peu. Et les souvenirs de la veille se bousculent dans mon hémisphère gauche. Mais seul un événement me fait sourire béatement : mon voyage en train. Il eut les allures d’un voyage dans le temps compte tenu de la conjoncture.  J’ai failli le rater. Moi et mes multitudes sacs à dos, j’ai couru après le wagon. J’ai attrapé la main du contrôleur et je me suis glissée dès 6 h dans un univers bien compliqué.

Je suis camerounais, je suis français…

@FN -Regionales
@FN -Régionales

Ecouteurs aux oreilles, les voyages en train sont d’un ennui, si vous n’avez rien à faire. Alors d’une oreille, je suis de la musique religieuse. Quoi ? On ne sait jamais. Et l’autre oreille vadrouille. Et cette voix, cette voix à l’accent du nord-ouest du pays :

Hé mon frère, vous allez bien ? Je vais à Yaoundé retirer mon « passport ». Votre pays-ci est terrible.

Mes compagnons de train le regardent, tous étonnés. La suite de la conversation nous interpelle sur son statut d’immigré en France. Il raconte une histoire de passeport mal fait par un officier d’état civil camerounais, évoque son incompétence, et par ricochet celle du pays. Comme piqués dans notre amour propre de Camerounais vivant au pays, et non dans la jungle avec des animaux, nous commençons à nous intéresser à cette histoire. L’homme vit en France. Il a une carte de séjour et entame un processus de renouvellement de passeport, il a dû revenir aux pays pour récupérer le sien. Pourquoi ? L’officier d’état civil a mal écrit son nom. Sur son acte de naissance, il ne possède pas de prénom. Sur sa carte de séjour en France, si ! Sur sa carte camerounaise, non ! Par conséquent, sur son passeport, pas de prénom. Ses diplômes également, pas de prénom. Alors il s’insurge. Mes collègues d’en face le traitent de faussaire. Ils sont choqués par son comportement. Le monsieur tente d’expliquer en vain sa double nationalité. Il travaille en France, mais ses diplômes camerounais peuvent lui apporter plus. Il parlait français, mais son accent trahit une langue qu’il parlait auparavant : l’anglais. Alors tout le monde lui dit parle anglais. Il dit : « Non je suis français, je suis intégré ».

Je suis noir et j’aime le Front national

Cette phrase nous a presque choqués : « Je suis français, je suis intégré ». Il y a comme un temps d’arrêt parmi les autres passagers, on essaye d’accuser le coup. Et l’un d’eux dit : « Comment pouvez-vous penser comme ça ? Vous, immigrés, maux de la non-croissance de la France selon ce parti.  Son discours envers les immigrés n’est pas tendre  ... »

Il rétorque : « Je suis noir, j’ai mes papiers et je suis pour le FN. Pourquoi ? Le parti veut juste limiter, voire arrêter l’immigration, c’est tout ! Ce ne sont pas des propos racistes. Et elle a bien raison Marine. »

Alors je lui demande : « Savez-vous ce que rapporte l’immigration à la France ? » Il me répond  : « Non ! »  Connaissez-vous le montant de F CFA gagné par les ambassades de France en Afrique ? Connaissez-vous le nombre de rejets de visas, le montant des frais d’études récolté chaque année ? Non, il ne le sait pas…

Allez, Son’aponda


Et si…

Il est 18h40. Je suis au bureau. Je suis en plein rush. Je m’enfous un peu ? Je danse sur du Toofan (Gweta). En me rappelant de ma journée, j’ai une drôle de sensation. Avoir un chagrin d’amour, est ce moment où la lucidité prend ses aises dans votre cerveau. Je suis en plein dedans. Vous avez le regard perdu, l’esprit ailleurs et un laps de temps, lorsque vous revenez à vous… Vous êtes parfois des témoins inattendus.

@vimeo
@vimeo

En temps normal, vous trouverez ça normal (excusez la tautologie), mais votre cerveau est lucide. Je suis allée faire des courses au centre-ville.  Au milieu de la foule, les passants font des  achats. L’ambiance est bonne enfant. Cette question envahit mon cerveau lorsque je la vois: Pourquoi autant de mentales dans la ville ? Son odeur me réveille de ma « léthargie », me retourne. C’est une « folle ». Elle n’a pas pris une douche, ça fait des lustres. Les badauds parlent de magie noirequi n’aurait pas marché. Elle n’a pas dû donner sa famille. Elle n’a pas pu les livrer à une mort certaine. Sa sentence ? La folie. Elle veut des FCFA, conduire des grosses voitures, acheter de belles chaussures. C’était un fait isolé ? Les gens aux pays aiment parler. C’est la fin d’année et tout le monde aime parler de magie noire. C’est dangereux cette saison des fêtes, lance une dame, c’est bien fait pour elle. 10 min plutard, débarque une autre malade mentale. Elle est vêtue, elle. Elle pleure : j’ai perdu mon fils. Vous pouvez le sauver. Elle arrête les voitures. Elle s’accroche. Tout le monde reste estomaqué, pétrifié. Comme si la venue de cette « folle » présage une mauvaise fête?

Allez, Son’a ponda!


Tu sais, même lorsque je mens, je t’aime…Paris

3598596311_84211f2566_bJe suis censée commencer à faire un visuel, mais cette histoire me turlupine. Décembre, c’est la saison des mbenguentaires au pays. Qui dit mbenguetaires, dit Hommes de la diaspora, dit Hommes blanc. Autrement dit, nos « chers frères et sœurs » de la diaspora reviennent au pays. Nos chers frères blancs viendront faire du tourisme au pays. C’est la saison des retrouvailles.

La charité commençant par soi, parlons de la diaspora.

L’imagerie populaire veut que tout homme blanc possède une fortune en France. L’imagerie populaire veut que celui qui a traversé*, possède une fortune. Alors, c’est bien normal que l’étalage des richesses fasse rage au pays en ce moment. Tout le monde cherche à mettre l’argent** à terre. Au Cameroun, le m’as-tu-vu a une place prépondérante dans l’ascension sociale. Plus tu montres que tu en as, plus tu es respecté. Même si nos chers mbenguetaires bossent durs, cotisent, se bagarrent, s’acharnent, se prostituent (Hommes comme femmes) pour satisfaire ce statut social, tout le monde les envie. Faut-il les envier ? L’Eldorado serait-il réel ?

@SrickersVille
@SrickersVille

Les métiers de Paris.

Ils veulent tous aller à la Ville lumière, les Camerounais. On y trouve des euros dans les arbres, partout. Faut « juste » bosser dur ! Néanmoins ce qu’on ne dit pas, c’est que ton frère ne l’est pas en France. C’est la loi de la jungle, de l’individualisme. Alors la plupart choisissent la facilité.

3 Etats de fait qui poussent nos frères à se consolider dans cette misère mentale et économique : les métiers dits « faciles »

  1. Tu sais même lorsque je mens je t’aime… Etre gigolo à Paris est le métier à la mode. La vie est si dure à paris. Et la facilité ? Faire le gigolo ? On y prend du plaisir et alors… L’essentiel, c’est de construire un immeuble au pays et rentrer gérer. C’est la loi de la jungle.
  2. Se marier pour obtenir la nationalité, faire des enfants, beaucoup d’enfants pour bénéficier des allocations familiales
  3. S’endetter pour fêter au pays et ne plus pouvoir rentrer.

La solution ? Rentrer ? C’est un signe d’échec au pays. Combien de personnes sont cataloguées, affichées lorsqu’elles décident de revenir. Et pourtant…

Puis il y a nos toubabs ! Ah nos Blancs ! Ils sont de plus en plus nombreux. Fuyant la misère de l’Europe, ils viennent avec leur allocation, leur plan retraite faire la belle vie au Cameroun. Vive la devise du F Cfa. Alors les promesses de mariage aux Camerounaises « de partir » sont présentes à tout va.

 

Tout le monde veut partir. Le prix à payer est lourd, cher. Les choix sont des choix !

Chacun fait les siens et c’est aussi ça la vie… J’irais aussi à Paris

 

Allez son’aponda !

*Traversé = Allé en France

** Mettre l’argent à terrre = faroter, donner de l’argent, faire des cadeaux


L’absurdité d’un équilibre …

Il est 14h15. Ma machine télécharge une application. Elle met du temps. Je m’impatiente.  Le signal download m’indique 50%. Je ne suis pas sortie de l’auberge. En fond dans mon cerveau, la voix d’Ali baba berce mon angoisse. C’est ma nouvelle playlist.  C’est du funk joué par un nordiste, les gens du nord comme on dit chez nous. La révolution, commence par la prétention à se battre face aux préjugés.  Le clip est un hymne à l’époque . Elle faisait partie des « bons points » donnés par le gouvernement à toute personne participant à l’ « intégration nationale ». Le Cameroun compte  200 tribus, il va s’en dire.

@Inmed
@Inmed

L’équilibre régional? L’équilibre des genres?  Mercredi dernier, j’assistais à un lancement officiel du programme des Etats-unis pour les femmes : AWEP. Ipso facto, le problème s’est posé . Elles ont des difficultés dans l’entrepreneuriat. Doivent-elles demander une discrimination positive pour l’entrepreneuriat des femmes. Le débat allait bon trait. La méritocratie aurait-elle sa place dans une telle politique ? Les dérives ne sont pas bien loin ? L’équilibre régionale, fléau qui s’incruste dans les artères du Cameroun et nuit-elle à la méritocratie ? Sommes-nous à l’abri d’une guerre ethnique? Tout le monde a peur?  Si, non ? Si, oui?

Bref, mon téléchargement vient de se terminer.

Allez, Son’aponda !