issbill

Il était une fois l’aigle et l’éléphant

Le 8 juillet, les Aigles du Mali ont été éliminés par les Éléphants de Côte d’Ivoire. Cette défaite (1-0) en huitième de finale a inspiré à Iss Bill une petite fable, à méditer.

Monsieur aigle, passionné de pouvoir et de défis,

Dans l’atmosphère, sans forcer, imposait sa suprématie.

Tous les oiseaux, apeurés, ne lui témoignaient que respect

Et considération car leur vie, à ses côtés, en dépendaient.

Quelques pauvres récalcitrants, en guise de dessert,

Finissaient lamentablement prisonniers de ses serres.

Monsieur s’en est tellement délecté

Qu’en lui, l’arrogance et l’orgueil ont poussé.

« En plus de mes pairs, j’ai battu renard, lion et panthère,

De roi de l’azur, je dois passer maître de la terre,

Et pour ce faire, il ne me reste plus que le grand »,

Disait-il fièrement, en parlant de maître éléphant

Qui, plusieurs fois, l’avait fait payer son audace,

Bien qu’à chaque combat déjà disputé, monsieur aigle fut coriace.

L’aigle, avec sa mémoire d’éléphant, ne dormait jamais.

Il priait afin de revoir le pachyderme dans un bref délai.

L’occasion tant souhaitée, une fois de plus, arriva

Mais la vantardise de l’aigle, encore et encore, s’en mêla :

« Oh le gros, tu ne me fais plus peur, je te le jure !

Cette fois-ci je vais te bouffer cru, sois-en sûr.

Tu verras ce que je vais te faire malgré ton poids

Car tu repartiras la tête baissée, espèce de villageois ! »

Disait-il à monsieur éléphant qui finalement,

Pour une fois, face à l’aigle, était tout tremblant.

Quand le combat débuta, l’éléphant averti

Utilisa son expérience à profit

Pendant que le jeune aigle,

Avide de victoire, donnait l’air de se battre sans règle.

Il fit vraiment de son mieux

Et n’était pas loin d’être victorieux

Mais, ne le fut pas car, se battre en parlant sans cesse

N’est pas compatible, tout comme courir en se grattant les fesses.

Les anciens le disent: « l’humilité précède la gloire »,

Voici toute la morale de cette histoire.

Cette fable pour dénoncer le côté bavard de mes frères maliens qui ressort à chaque fois que nos aigles doivent jouer contre les éléphants de Côte d’Ivoire. Si les Ivoiriens sont réputés pour leur côté moqueur, ne rentrons pas dans leur jeu en bavardant trop avant les matchs. Parlons peu, agissons plus, voilà ce qu’il faut. Comme le disent les anciens, l’humilité précède la gloire.


Il était une fois, l’aigle et l’éléphant

Monsieur aigle, passionné de pouvoir et de défi,

Dans l’atmosphère, sans forcer, imposait sa suprématie.

Tous les oiseaux, apeurés, ne lui témoignaient que respect

Et considération car leur vie, à ses côtés, en dépendaient.

Quelques pauvres récalcitrants, en guise de dessert

Finissaient lamentablement prisonniers de ses serres.

Monsieur s’en est tellement délecté

Qu’en lui, l’arrogance et l’orgueil ont poussé.

«En plus de mes pairs, j’ai battu renard, lion et panthère

De roi de l’azur, je dois passer maitre de la terre 

Et pour ce faire, il ne me reste plus que le grand »,

Disait-il fièrement, en parlant de maitre éléphant

Qui, plusieurs fois, l’avait fait payer son audace.

Bien qu’à chaque combat déjà disputé, monsieur aigle fut coriace.

L’aigle avec sa mémoire d’éléphant, ne dormait jamais.

Il priait afin de revoir le pachyderme dans un bref délai.

L’occasion tant souhaitée, une fois de plus, arriva

Mais la vantardise de l’aigle, encore et encore, s’en mêla

« Oh le gros, tu ne me fais plus peur, je te le jure!

Cette fois-ci je vais te bouffer cru, sois en sûr

Tu verras ce que je vais te faire malgré ton poids

Car tu repartiras la tête baissée, espèce de villageois !»

Disait-il à monsieur éléphant qui finalement

Pour une fois, face à l’aigle était tout tremblant.

Quand le combat débuta, l’éléphant averti

Utilisa son expérience à profit

Pendant que le jeune aigle

Avide de victoire donnait l’air de se battre sans règle

Il fit vraiment de son mieux

Et n’était pas loin d’être victorieux

Mais, ne le fut pas car, se battre en parlant sans cesse

Ne sont pas compatibles tout comme courir en se grattant les fesses

Les anciens le disent: « l’humilité précède la gloire »

Voici toute la morale de cette histoire.

 

Cette fable pour dénoncer le côté bavard de mes frères maliens à chaque fois que nos aigles doivent jouer avec les éléphants de Côte d’Ivoire. Si les Ivoiriens sont réputés pour leur côté moqueur, ne rentrons pas dans leur jeu en bavardant trop avant les matchs. Parlons peu, agissons plus, voilà ce qu’il faut. Comme le disent les anciens, l’humilité précède la gloire.


Excision : plus on en parle, plus on se comprend

Du 12 au 16 novembre 2018, à l’hôtel Azalai de Bamako, s’est déroulée une académie de formation médiatique sur les Mutilations Génitales Féminines (MGF). Cette formation donnée par Global Média Campaign, en collaboration avec plusieurs autres ONG comme Plan Mali International et l’UNFPA, a vu la participation de plus d’une quarantaine d’activistes, de journalistes et de leaders religieux, venus de plusieurs localités du Mali comme Ségou, Sikasso, Goundam et bien d’autres encore.

Quelle stratégie médiatique adopter pour que les familles, qui jusqu’à aujourd’hui s’adonnent à la pratique, comprennent l’importance de l’abandonner ? C’était la question au cœur de cette formation. La télé, la radio, les journaux, mais comment ? A la sortie de ces 5 jours de formation avec Glogal Média Campaign, les échanges ont été très fructueux, bien que mêlés des fois à des débats tendus.

Les leaders religieux ont fait preuve d’une acceptation de la confrontation idéologique qui force le respect et l’admiration.

Le chef du service de gynécologie de l’hôpital du Mali, Moustapha TOURE et son collègue, Dr Tekete ont fait des brillants exposés sur les mutilations génitales et la santé de la femme.

Dr Tekete, à partir de son exposé sur les dangers des mutilations génitales féminines, a fait frissonner les participants. Il a mis l’accent sur sa propre expérience en racontant des cas qu’il vit au quotidien. Des problèmes que rencontrent plusieurs femmes qui souffrent des complications liées au fait qu’elles soient excisées.

Lors du premier jour de la formation, pour que le débat avec les religieux et les autres ne prenne pas une tournure interminable, Dr Tekete a fait savoir qu’il parlait au nom de la médecine, en rappelant un fragment du serment d’Hippocrate qui défend de couper une partie du corps humain si cela n’est point nécessaire pour les soins. Selon lui, les docteurs qui excisent le font  par malhonnêteté et non par nécessité. Il a fait savoir qu’on n’a pas le droit d’exciser une personne, car en le faisant, on la prive d’un élément essentiel de sa vie de couple. Le clitoris étant très important pour le plaisir de la femme.

Cette rencontre de haut niveau a permis aux participants de comprendre tous les contours du sujet afin de mieux mener le combat pour que les mutilations génitales prennent fin en République du Mali.

Debut de la formation en présence de M Samba Sow, ministre de la santé et de l’hygiène publique du Mali – crédit : Issouf Kone

En définition, ils ont fait savoir que les MGF recouvrent toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux de la femme et/ou la lésion des organes génitaux féminins pratiquées pour des raisons culturelles ou toute autre raison non thérapeutique.

Il existe plusieurs types, à savoir :

  • le type I : excision du prépuce avec ou sans excision partielle ou totale du clitoris ;
  • le type II : excision du prépuce et du clitoris et excision partielle ou totale des petites lèvres ;
  • le type III : excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation) ;
  • le type IV: interventions non classées : piqûres, perforation ou incision du clitoris et/ou des petites et des grandes lèvres, étirement du clitoris et/ou des lèvres, autorisation par brûlure du clitoris et du tissu avoisinant, ratage de l’orifice vaginal ou incision du vagin, introduction de substances corrosives dans le vagin pour provoquer des saignements ou introduction de plante dans le vagin pour resserrer ou rétrécir le vagin, et toute autre intervention qui répond à la définition des mutilations sexuelles.
Le leader religieux Thierno Hardy Thiam, participant, donne son avis sur la question – crédit : Issouf Kone

Le problème doit inquiéter tout le mondes, car son importance n’est point négligeable

D’abord à travers le monde, nous comptons 132 millions d’excisées dont 2 millions par an, tous les continents inclus. En Afrique et précisément au Mali chez nous, 91% des femmes sont excisées, avec une tranche d’âge de 15 à 49 ans. Les mutilations génitales féminines sont très répandues ici donc. Après réflexion, les combattants de la cause ont conclu que la pratique, au Mali, trouve sa justification dans les us et coutumes et les croyances. Vu son ampleur et ses conséquences graves, souvent irréversibles sur la santé sexuelle et reproductive de la femme, l’excision est un réel problème de santé publique, ont-ils fait savoir.

Le cadre juridique de protection des femmes et filles contre les MGF a été évoqué par une brillante juriste, Maimouna Diouncunda Dembele, pour montrer que la pratique est une violation des droits de la femme et de la fille. Certains participants ont rappelé que la seule façon de mettre fin aux mutilations génitales féminines au Mali est le vote d’une loi comme l’ont fait plusieurs pays : le Kenya, le Benin ou encore le Burkina. A souligner que plusieurs fois le sujet a fait le tour des tables des autorités maliennes sans que des résultats concrets n’apparaissent. Un peu comme si tout le monde avait peur de se frotter au problème au risque de s’attirer la foudre, déplore un participant.

Il y a des pratiques que nos ancêtres eux-mêmes s’ils revenaient à la vie, trouveraient caduques et dépassées

Pour faire comprendre que toute pratique traditionnelle n’est pas forcément à conserver, peu importe le temps, des citations de quelques célèbres écrivains comme l’incontournable Amadou Hampaté Ba, je cite, ont été rappelées : « Il y a des pratiques que nos ancêtres eux-mêmes s’ils revenaient à la vie, trouveraient caduques et dépassées. » Cette citation a touché des cœurs et changé les manières de penser de certains qui déclaraient soutenir l’excision juste parce que leurs parents et grands-parents le faisaient. Un participant est même allé jusqu’à dire que les photos projetées lors de la formation qui montraient les complications dues à l’excision ne sont pas des photos de femmes excisées. A la déclaration de M Tekete qui a dit qu’on ne devait pas couper une partie d’un corps humain, si ce n’est que pour le soigner, un religieux non convaincu a demandé pourquoi les médecins se permettent-ils de pratiquer la circoncision alors ? Dr Touré a fait savoir qu’il a été démontré que la circoncision est utile dans la mesure où elle prévient des maladies. L’excision ne prévient pas, mais ouvre la voie aux maladies et autres complications. C’est donc très différent.

Un lot de participants lors des travaux de groupe – crédit : Issouf Kone

Les complications à court et long termes sont nombreuses

Les complications à court et long terme de la pratique, ont été énumérées : hémorragie, douleur, lésions tissulaires, choc, infections, septicémie, rétention urinaire, anémie, chéloïdes, kystes, neurone clitoridien, abcès vulvaires, infections urinaires, infections pelviennes chroniques, stérilité, fistule vesico-vaginal, fistule recto-vaginale, incontinence, occlusion vaginale, infubilaton, troubles menstruelles (hémato colpox), ulcère vulvo-vaginale, difficulté à assurer l’examen et les soins gynécologiques.

Nous avons eu également des témoignages forts de certaines victimes. Un témoignage d’une danseuse excisée qui a bien voulu parler de cette expérience difficile qu’elle a vécue et qu’elle a désormais décidé de combattre à travers son art. A la suite de la danseuse Fatoumata Bagagnogo, deux autres participantes ont fait des témoignages assez troublants également : une dont la fille a été excisée par sa belle-mère contre son gré et l’autre que sa marâtre a fait exciser après le décès de sa mère.

A la sortie de la formation, le 16 novembre, tout le monde a été unanime sur le fait qu’il est temps de buter l’excision hors du Mali. Je le disait à un ami, l’excision, plus on accepte d’en parler, plus on se comprend sur l’importance de la laisser tomber.

Des attestations ont été remises à tous les participants. Bravo à Global Media Campaign pour cette académie de formation plus qu’importante.

Un merci sincère  à tous mes amis participants mais surtout au formateurs, modérateurs et facilitateurs. 

– Pr Tekete et Pr Moustapha Toure sur les conséquences médicales de l’excision
– Youssouf Bagayoko du PNLE, sur l’aspect socio-culturel de la pratique
– Oumou Diarra et Khadidiatou Kone sur la communication et les médias
– Maimouna Dioncounda Dembele sur les cadres juridiques
– Allaye Dolo sur la protection de l’enfance
– Ibrahim Wague sur les perspectives religieuses
– Oumou Salif Touré sur les réseaux sociaux
– Bréhima Ballo de l’AMSPOT pour la présentation d’un projet ONG pour l’abandon de l’excision à Koulikouro

Modérateurs et facilitateurs:

– Djimé Kanté
– Oumou Salif Touré
– Mariam Aliabadi (GMC)
– Maggie O’Kane (GMC)
– Naimah Hassan (GMC)
– Charlotte Morlie (GMC)
– Soulo Boureima, facilitateur pour les réseaux sociaux
– Mamadou Traoré, co-facilitateur pour les religieux


Planification familiale au Mali: le blocage se trouve du côté des hommes

« Je ne peux pas car si jamais mon mari apprend que je m’adonne à cette pratique, il me tuera ». Voici la phrase que Fanta Diarra, une ménagère de 23 ans, malade et déjà mère de 5 enfants, a sortie quand je lui ai posé la question de savoir pourquoi elle ne pratiquait pas la planification familiale. Elle l’a dite en baissant la voix, craignant les murs et leurs oreilles. Tout comme elle, plusieurs femmes maliennes n’arrivent pas à pratiquer la planification familiale même si elles en connaissant les bienfaits. Ça n’est pas parce qu’elles ne veulent pas le faire, mais tout simplement parce que le blocage se trouve du côté de leurs époux, qui refusent catégoriquement d’en entendre parler. Et cela malgré les campagnes de sensibilisations accentuées, qui n’ont d’ailleurs pas été des prêches dans le désert.

Bien qu’ils ne soient pas nés de la dernière pluie, ces maris, méfiants et conservateurs, ont tendance à faire passer la planification familiale pour une pratique récente et antireligieuse, importée d’Europe pour de mauvais desseins. Pour eux, l’homme blanc est simplement jaloux du fait que la population africaine soit très jeune. Jaloux du fait que les femmes noires donnent beaucoup la vie, ignorant cependant que le faible taux de natalité remarqué dans les pays développés est plutôt un choix et non le résultat d’une quelconque impuissance.

Comme toujours, le sujet est déplacé !

Beaucoup d’hommes n’ont pas encore compris le sujet, ou plutôt, font semblant de ne pas le comprendre. Quand on leur parle de la planification familiale, ils l’interprètent par essayer d’empêcher leur femme de faire des enfants alors que ce n’est pas du tout le cas. La position d’Oumar Konare sur le sujet est haletante : « ces histoires de planification familiale ne sont que des conneries. Ce sont des méthodes qui, à la longue, vont jouer sur la fertilité de nos femmes qui ne pourront plus procréer comme il se doit. Ni ma femme, ni moi n’avons besoin d’être planifiés. Nos mères ont fait beaucoup d’enfants sans que cela ne soit un problème, ce n’est pas le blanc et son blakoroya*  qui viendront m’apprendre quoi que ce soit sur la procréation et les manières de le faire. »

Et quand nous avons essayé de rectifier en faisant comprendre à monsieur Konare que la planification n’a pas pour objectif empêcher quelqu’un de faire autant d’enfants qu’il le souhaite, mais plutôt permette que les enfants naissent au moins à des périodes espacées afin que la mère soit en bonne santé, puisqu’elle joue un rôle très important dans la famille, il n’a rien voulu comprendre. Je me souviens encore de notre méthode explicative avec des exemples très simples : « écoutez monsieur, si vous voulez faire par exemple sept enfants, vous avez la liberté de le faire. L’objectif de cette pratique n’est pas de vous empêcher de faire autant d’enfants que vous le souhaitez. C’est juste qu’avec la planification, il y a des intervalles d’au moins deux années au minimum entre les naissances. Cette méthode a de multiples bienfaits pour la femme, les enfants et la famille. Votre épouse sera en bonne santé puisque ses entrailles pourront se reposer, les enfants pourront donc grandir dans de bonnes conditions et la famille aura plus de chance de pouvoir s’occuper d’eux convenablement ».

Nous avons détaillé tous les bienfaits de la pratique, mais l’homme est resté campé sur sa position comme une statue. Il a laissé entendre que c’est Dieu qui donne les enfants et qu’il ne les donne pas à tout le monde. Selon lui, empêcher une grossesse avec les injectables, les stérilets, les préservatifs ou encore les implants, c’est purement occidental et ne correspond pas à nos réalités. « Les enfants sont une bénédiction de Dieu » m’a-t-il dit pour conclure.

Nous avons compris que, s’il faut affronter au quotidien ce genre de mentalité, il y a encore du pain sur la planche pour atteindre les 88 800 nouvelles utilisatrices additionnelles de la planification. Ces hommes parlent de méthode naturelles alors qu’ils ne respectent ni le coït interrompu ni la méthode du collier. La femme est réduite à un objet de désir, une sorte de machine à enfanter, sa santé et son autonomie important peu aux yeux du mari. Voici la réalité.

Changeons de cible car les femmes dans le fond, n’ont pas de problème avec la planification familiale. Le noyau du combat, c’est plutôt les hommes. Et quand je dis homme, je parle de nos chefs coutumiers et religieux, nos cultivateurs et commerçants. Tous les hommes, sans exception.

 

Blakoroya: Terme Bambara, désignant quelqu’un de non circoncis au sens propre. On l’emploie également pour désigner toute personne que l’on trouve non mûre dans ses manières de faire.


Renoncez à briquer un second mandat monsieur le président!

La logique voudrait, qu’après avoir dit deux mots aux chiens, on prenne la peine de parler aussi à l’os. Beaucoup ont lu de travers ma publication sur le meeting de Ras Bath à Ségou. J’ai montré la lune et comme malheureusement elle n’était pas pleine, ils m’ont dit: non, c’est plutôt une banane. Je ne pouvais finalement que me taire. Je ne peux pas m’éterniser à vouloir coûte que coûte montrer du rouge à un daltonien entêté qui me dit qu’il voit du vert au risque de finir par croire que c’est peut-être moi-même le daltonien. Votre manière d’aimer Ras Bath est extrémiste donc dangereuse. La considération que je lui porte ne doit pas m’empêcher de dire ce que je pense de sa manière de faire. C’est ma façon à moi de l’aimer aussi. Ce n’est pas moi qui ai écrit qu’il fallait de la modération en toute chose.

Ceci dit, un petit message à son excellence, monsieur le président de la république du Mali:

Monsieur le président, des sources ont révélé que ces jeunes gens qui ont essayé d’empêcher le meeting du CDR à Ségou (un meeting autorisé), ont été manipulés par des barons du RPM. Ce sont donc vos partisans qui ont utilisé ses jeunes, à des fins antirépublicaines, contre 2 000 Franc CFA payés à chacun d’eux. C’est scandaleux et indigne. Une enquête doit être menée immédiatement afin que ces ennemis de la paix répondent de leurs actes.

Monsieur le président, vous n’avez pas encore annoncé officiellement votre candidature à votre propre succession mais, ce n’est plus qu’un secret de polichinelle. Renoncez à cette envie de briguer un second mandat!

Sachez tout d’abord que vous le dire publiquement ne faisait point partie de mes intentions. Nullement monsieur! Un tête à tête en vous regardant droit dans les yeux, mais dans le respect le plus absolu bien évidemment aurait été idéal. En revanche, je ne suis pas dupe. Je sais que vous rencontrer c’est de la mer à boire. J’ai conscience de la forteresse qui vous entoure. Cette forteresse qui m’oblige à passer par mille et une procédures pour des formalités auxquelles je ne refuse pas de me soumettre mais comme le disent les Anglais, le temps c’est de l’argent. Et lorsqu’il est question de vous parler urgemment, lorsqu’il est question du Mali, autrement dire de l’intérêt général, les procédures longues et incertaines s’abandonnent tout simplement. Le moyen le plus court que j’ai trouvé est donc de vous parler ici, même si je ne suis pas certain à 100% que vous aurez l’occasion de me lire. « Ce qui compte, c’est d’avoir toujours quelque chose à attendre », disait Didier Van. J’attends et espère donc que ces mots, voyage après voyage vous parviendront. J’espère qu’un de ses quatre matins, cette lettre bravera la forteresse qui vous entoure, la pénétrera pour se poser sous vos rétines et que vous verrez écrit noir sur blanc que je vous demande modestement de ne pas briguer un second mandat. Votre honneur et celui du Mali en dépendent!

Je sais que certains, monsieur le président, en lisant ces lignes sans langue de bois, vous diront que l’objectif est de vous salir. Ils l’ont toujours dit de toutes les personnes qui ont pris la résolution de vous parler avec franchise. Ils diront que je fais partie des ennemis de la nation tout en ignorant que mon vote fait partie du flot de millions d’électeurs qui vous ont porté à la magistrature suprême en 2013. Oui monsieur le président, j’ai voté pour vous ! Je me suis cassé la voix en criant « votez IBK ! » moi aussi ! Parce que je voyais en vous l’homme de la situation. Cette situation très difficile que le Mali traverse depuis le coup d’État de 2012. Pourquoi ne devrais-je donc pas m’indigner si rien ne va aujourd’hui ? Mesurez-vous l’ampleur de la déception qui anime les millions de maliens qui vous ont défendu avec passion et conviction en 2013 sous le chaud soleil de la campagne électorale? La démocratie, au-delà d’une simple notion n’est-elle pas une réalité ? Voulez-vous que je prenne la posture de l’imposteur en vous disant « présentez-vous à nouveau », juste pour voir vos dents blanches et rigoler de côté avec les miennes couleur jaune pisse comme ces milliers d’hypocrites qui vous entourent? Pourquoi devrons-nous dire que le temps est beau quand la tempête sous un ciel assombri bat son plein? Voulez-vous que je mâche mes mots en travestissant ma plume? Bien évidemment que non! Je ne crois pas que vous soyez homme à m’encourager sur cette voie.

Votre bilan n’est pas fameux. Je ne dirais pas cependant que vous avez échoué. Chaque Malien vous remercie plutôt d’avoir essayé.

Méfiez-vous de tous ces vampires qui vous entourent. Ces imposteurs qui n’ont jamais été de vos amis et qui sont prêts à vous conduire sur n’importe quelle voie pourvu qu’ils s’en mettent plein les poches. Méfiez-vous d’eux monsieur! Ce sont des diables déguisés en messie.

Je vais m’abstenir de revenir sur les questions assez complexes qui ont fait pleuvoir tellement d’encre comme la question de l’avion présidentiel ou encore celle des 200 000 emplois. L’objectif ici n’est pas de vous attribuer, à vous seul, tous les maux du Mali. Je veux juste que vous appréhendiez la situation avec un troisième œil. Vous verrez combien cette décision de renoncer à un second mandat peut être bénéfique pour vous mais surtout pour cette nation si chère que nous avons tous en commun: le Mali.

J’espère que maman Aminata se joindra à la nuit pour vous porter conseil.

Que Dieu bénisse le Mali!


Immigration clandestine : l’Afrique doit contrôler ses ressources et les transformer sur place

Le refus d’octroyer le visa aux Africains n’a jamais été aussi inefficace pour empêcher l’immigration légale vers le prétendu eldorado qu’est l’Occident. Les migrants, en une véritable ruée, ont fini par faire savoir que si plusieurs chemins mènent à Rome, eux, peuvent se passer de la voie aérienne. Certains d’ailleurs ont essayé de migrer clandestinement par cette voie sans succès. On se souvient encore du drame des deux petits guinéens, Yaguine Koïta et Fodé Tounkara, retrouvés sans vie dans le train d’atterrissage d’un avion en 1999 à Bruxelles.

Si et seulement si la Méditerranée pouvait parler

Depuis plusieurs années, le sujet fait le tour des tables. Comment combattre l’immigration clandestine ? Quelles sont les solutions adéquates à court ou long terme que peuvent adopter les pays Africains afin que ce phénomène soit complètement éradiqué ? Se joindre aux pays Européens dans le processus de sécurisation des frontières, en organisant une chasse aux réseaux de passeurs, est une mesure qui a montré ses faiblesses face à la détermination des clandestins, car malgré elle, le nombre de victimes va crescendo chaque année. Les chiffres ne mentent pas : plus de 5 000 migrants ont perdu la vie en 2016 en essayant de regagner l’Europe par la Méditerranée, selon le rapport 2016 de l’ONU sur l’immigration clandestine. Ce chiffre scandaleux ne représente pourtant que la partie visible de l’iceberg. Un bilan qui aurait surement été plus lourd si la Méditerranée était dotée de la faculté de parler.

Créer des emplois est une demi-mesure

Barrière anti-migration à Mellila / Crédit photo : flo razowsky – flickr

Cette citation de son excellence Ibrahim Boubacar Keita, président de la république du Mali, extrait d’un de ses discours pendant sa campagne présidentielle de 2013 me marquera à vie. « Le chômage des jeunes est, parmi les maux qui affligent notre société, l’un des plus douloureux. Sans emploi, il n’est pas d’intégration sociale réussie, pas de réalisation de soi dans la communauté… » En effet, elle résume à la perfection l’importance pour chaque jeune d’avoir un emploi.

Le chômage est effectivement un facteur incontournable favorisant l’immigration clandestine. Créer des emplois n’est donc pas une proposition négligeable. Sans aucune intention de vouloir la balayer du revers de la main, je la juge en revanche assez simpliste. A chaque discussion autour de l’immigration clandestine, elle revient au point que l’on ne se réfère plus à certains aspects techniques et stratégiques incontournables pour aboutir à une solution concrète et durable.

Le chômage existe en France, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne et tous les autres pays Européens… Mais les citoyens ne quittent pas leurs pays

Posons-nous les questions. Pourquoi des étudiants Africains en médecine, après de brillantes études dans leur pays, décident de migrer vers l’Europe alors que tout le monde pense qu’ils pourraient bien gagner leur vie au pays ? Pourquoi les enseignants d’universités préfèrent donner des cours dans les grandes universités Européennes alors qu’ils pourraient être d’une utilité inestimable pour l’Afrique ? Pourquoi, alors que le chômage existe dans les pays Européens, leurs citoyens ne s’adonnent pas à l’immigration clandestine ?

Parce que les citoyens des pays développés, même les chômeurs bénéficient de conditions permettant de supporter la vie et ses contraintes. Ils arrivent à se soigner, à étudier dans de très bonnes conditions, à voyager sans problème de visa, à se nourrir convenablement. Une femme de ménage immigrée en France peut se retrouver avec un revenu mensuel plus important que celui d’un médecin au Burkina. Pendant que l’enseignant d’université au Mali peine à gérer le mois, celui qui donne des cours en Europe est propriétaire de quelques immeubles. Voici une réalité qui montre bien que ce n’est pas qu’une question d’emploi.  Tout le monde aspire à bien vivre, c’est naturel et normal. Donnez un emploi à chaque jeune Africain si vous le voulez, cela ne mettra pas fin à l’immigration clandestine si ces emplois ne leur permettent pas de vivre dans de bonnes conditions. Ce n’est plus la fin mais la faim qui justifie les moyens.

Songeons à transformer sur place !

L’immigration clandestine ne sera plus qu’un souvenir quand les dirigeants des pays Africains comprendront l’importance de développer l’Afrique. Ce développement ne sera jamais une réalité si nous passons notre temps à penser à l’aide extérieure et à exporter nos richesses au lieu de les transformer sur place. Il ne sera jamais une réalité si nous ne prenons pas nos responsabilités en imposant des partenariats profitables à l’Afrique. Les plus grands groupes industriels implantés sur le continent n’appartiennent pas aux pays Africains. Ceux qui empêchent nos jeunes de rester vivre chez eux aujourd’hui détiennent l’or du Mali, le cacao et l’huile de palme de la Côte d’Ivoire, le diamant du Congo, l’uranium du Niger, le coton du Burkina. Ils exploitent toutes ses richesses à partir de contrats signés avec nos gouvernements, les transfèrent chez eux pour la transformation finale avant de revenir nous les revendre plus chers. Depuis combien d’années ce système existe-t-il ? Comment l’Afrique peut-elle avoir les moyens de se développer dans ces conditions, même si ces sociétés créer des emplois ?

Prenons un exemple concret : en 2016, selon le ministre malien de l’Energie et des mines, l’or du Mali a remporté 280 milliards à l’Etat malien et a créé 12 000 emplois. C’est beaucoup, mais ce n’est quasiment rien comparé à ce que les exploitants ont empoché comme bénéfices. Imaginez un tant soit peu que l’Etat malien ait le contrôle de toutes les exploitations et ses propres machines. Il ferait encore plus de revenus. Si le pays applique cette règle à tous les autres domaines comme l’agriculture, l’élevage, etc… il pourra, à partir des bénéfices dégagés qui seront bien plus importants, financer son développement. Si le Burkina se dote des moyens lui permettant de transformer son coton sur place, il fera plus de revenus que lorsque l’on vient le lui acheter pour aller le transformer et revenir le lui vendre. Pareil pour le cacao ou le café de la Côte d’Ivoire. Une procédure infaillible démontrée depuis plusieurs années par d’éminents spécialistes du domaine économique…

Mine d’or de Morila, l’Etat Malien perçoit que 20% de la production, image flickr

Au bout d’un moment, les pays Africains auront les moyens nécessaires pour enclencher leur développement si, avec les richesses amassées, les dirigeants tuent l’individualisme pour privilégier l’intérêt commun. Tout naturellement, des emplois bien rémunérés se créeront par millions sur place. Les revenus seront suffisants pour investir dans les domaines très importants comme l’éducation, la santé, les infrastructures… Bref, pour garantir le développement et assurer de bonnes conditions de vie. L’immigration clandestine disparaîtra d’elle-même car les Africains auront ici ce qu’ils vont chercher là-bas.


AfriYAN Mali plus que jamais engagé

Atelier national de renforcement des capacités des organisations de jeunes membres d’AfiYAN Mali

Les jeunes absorbés par l’exposé de Sidiki Kone et Hafizou Toure

Du 16 au 19 décembre 2017, à l’hôtel restaurant Doni Blon de Ségou, ville située à 212 Km de Bamako, s’est tenu un atelier national de renforcement des capacités de plusieurs jeunes appartenant à différentes associations, toutes incluses dans la grande famille du réseau Africain des jeunes et Adolescents en population et développement du Mali (AfriYAN Mali), lui-même appartenant au grand réseau africain AfriYAN  lancé en 2008 à Ouagadougou. Ce sont plus d’une trentaine de jeunes venus de plusieurs régions du Mali( Ségou, Sikasso, Koulikoro, Kidal, Gao, Mopti et autres localités) qui ont bénéficié de cet atelier de renforcement de capacités, axé sur les nouvelles thématiques liées aux Objectifs de développement durable(ODD). Les sujets clés qui avaient pour cibles les adolescents et les jeunes et qui étaient objets de renforcement de compacité sont : la santé sexuelle et reproductive, l’emploi et l’entrepreneuriat, l’éducation et le développement de compétence, ainsi que les droits, gouvernance et responsabilisation de la jeunesse pour une capture du dividende démographique. 

Ce rendez-vous important pour la jeunesse s’est tenu grâce à l’appui d’UNFPA Mali, partenaire d’AfriYAN Mali. L’objectif premier, selon le président d’AfriYAN Mali,  monsieur Hafizou Boncana Toure, était de permette aux jeunes membres d’AfriYAN Mali, de bien cerner les contours et notions relatifs à ces thématiques évoquées là-haut avant de passer à l’élaboration d’un plan d’action stratégique 2018-2021.

« Les jeunes de 15 à 24 ans représentent plus de 64% de l’effectif total des chômeurs au Mali »  

Pape Arona Traoré pendant son exposé

Les jeunes bénéficiaires, durant quatre jours, ont été encadrés par quatre personnes aux expériences multiples. La première est Monsieur Sidiki Koné, économiste de formation, consultant et chargé d’appui à AfriYAN Mali. Ensuite Madame Rokiatou Ly Traoré qui elle, est chargée de programme santé de la reproduction des adolescents et jeunes à UNFPA Mali.  Le troisième formateur, venu du Sénégal est monsieur Pape Arona Traore. Il est spécialiste sur les questions de population et de développement et également secrétaire exécutif d’AfriYAN WCA et enfin Hafizou Boncana Toure, enseignant-chercheur, engagé sur les questions de Jeunesse, de Droits Humains, membre d’AfriYAN WCA et président d’AfriYAN Mali. Tous ont partagé avec passion et engagement leurs savoirs et expériences à travers des exposés clairs, appuyés parfois d’anecdotes en guise d’exemple afin que les jeunes comprennent mieux dans un langage plus accessible.

La première journée, Après l’entrée en matière d’Hafizou Boncana Toure qui a tenu à remercier les participants avant d’étaler le plan de l’atelier, monsieur Kone Sidiki a pris la parole pour développer un brillant exposé sur la politique cadre du développement de la jeunesse au Mali. Il a fait savoir au cours de cet exposé que cette politique en question, après examen, avait été adopté le 1er février 2012 mais n’a pu être mis en place à cause du coup d’Etat qui a mis en cause le statut d’Etat exemplaire et démocrate du Mali. AfriYAN Mali qui s’inscrit dans la même dynamique, c’est-à-dire mettre en avant la jeunesse est donc une organisation salutaire. Les chiffres ne mentent pas : L’enquête Modulaire de 2015 auprès des ménages révèle que les jeunes de 15 à 24 ans représentent plus de 64% de l’effectif total des chômeurs (filles et garçons). Ce qui est un paradoxe dans la mesure où cette jeunesse est censée être la plus actif. Des réalités au sein de la société malienne qui devrait emmener les jeunes à prendre conscience de leur importance dans le processus de développement. Après lui, madame Ly Rokia Traore à pris à son tour le devant de la scène pour entretenir les jeunes sur la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes. Sa présentation a tourné autour des causes, conséquences et solutions relatives aux thématiques comme le mariage des enfants ou encore les dangers liés à la pratique de l’excision. Elle a aussi parlé de l’importance de l’utilisation de méthodes contraceptives pour l’espacement des grossesses en rappelant qu’au Mali, seulement une femme sur dix utilise ces méthodes. Les exposés se sont poursuivis le lendemain avec les interventions d’Hafizou Touré, de Pape Arona Traoré venu de Dakar, appuyé d’un moment à l’autre par les deux premiers intervenants de la veille. Un vrai travail d’équipe. Des personnes parmi les jeunes étaient chargées de faire le rappel de tout ce qui était traité le jour précédent.

Atelier ou causerie-débat ?

Pendant une pause café de la première journée

Plus qu’un simple atelier de renforcement de capacités, nous avons assisté à une sorte de causerie-débat très tendue. Des blagues étaient parfois au rendez-vous pour joindre l’agréable à l’utile. Deux à trois minutes après, le sérieux reprenait sa place pour la poursuite de l’atelier. D’une humilité incroyable, les facilitateurs ont pleinement donné la parole aux jeunes qui, parfois sont allés en contradictions avec certaines de leurs opinions. Le courant passait aisément et des contradictions, jaillissaient pleines de lumières. Sur la question de l’excision par exemple, un débat houleux s’est installé. Certains ont affirmé la condamner pendant que d’autres approuvaient la pratique. La présence de certains membres, avec leurs modestes savoirs islamiques, ont tenu à lever tout équivoque sur la question en précisant que l’excision est née bien avant l’Islam. Mentionnée dans le Coran d’ailleurs au niveau de la sourate la vache. Sa pratique, selon le livre saint de l’Islam, ne serait pas cependant obligatoire comme certains le prétendent. Le sujet devenait intéressant et pendant les pauses, on le poursuivait à table autour des cafés et déjeuners.  La nuit après le dîner, les jeunes formaient des groupes pour en discuter jusqu’aux environs de 23 heures. En plus de l’excision, d’autres sujets comme l’homosexualité, le mariage des enfants étaient aussi au centre des débats. L’envie d’apprendre qui animait tout le monde était de taille. Imprégnés dans les discussions, on oubliait parfois qu’il fallait dormir pour reprendre des forces afin de poursuive l’atelier le lendemain.

Discussion en pleine nuit autour des questions de l’excision, du mariage des enfants et de l’homosexualité

Lors de la troisième journée, les jeunes ont été repartis en quatre groupes pour travailler sur les piliers thématiques et actions prioritaires suivants : emploi et entrepreneuriat pour le groupe 1, éducation et développement des compétences pour le deuxième groupe. Le groupe 3 a eu pour thème santé et bien être des adolescent(e)s et des jeunes et enfin Droits, gouvernance et responsabilisation de la jeunesse pour le quatrième et dernier groupe. Là encore, les travaux se sont poursuivis même pendant la nuit

La dernière journée, le mardi 19 décembre 2017 a été marqué par la présentation des travaux de tous les groupes avant la cérémonie de clôture en direct avec madame Josiane Yaguibou, représente pays de l’UNFPA. Cette cérémonie a eu lieu en présence de la représentante du maire de Ségou et monsieur le représentant du gouverneur de la même ville qui ont tous tenu à remercier les jeunes pour leurs engagements. Ils ont respectivement souligné qu’AfriYAN Mali peut considérer qu’il est toujours le bienvenu dans la cité de Balanzan.

Beaucoup d’actions prioritaires et de plaidoyers dans le cadre de l’élaboration du plan triennal d’AfriaYAN Mali, ont été proposés. Ils étaient en rapport avec l’amélioration de la qualité de l’enseignement des adolescents et des jeunes, le renforcement de capacités des jeunes à travers des stages et formations professionnelles, miser sur la communication et faire des actions allant dans le sens de garantir la santé et le bien-être des adolescents et des jeunes, mettre en œuvre les recommandations de la Charte Africaine de la Jeunesse pour ne citer que ceux-ci.

Un atelier très enrichissant avec des jeunes membres d’un AfriYAN Mali plus que jamais dévoués, engagés dans l’objectif de la capture du dividende démographique !

 

Dans le bus du retour à Bamako

 


Esclavage en libye: Quoi de neuf? Rien!

Nous nous énervons, rougissons de colère, hurlons avec les loups en déversant notre rage dans les médias, lors des discussions en dehors et sur les réseaux sociaux. Esclavage! Des êtres humains, enfermés en cage puis vendus aux enchères comme des animaux! Pourquoi? En ces temps dits modernes! Nom de Dieu ! Quelle méchanceté! Au nom de qui, de quoi peut-on se permette de faire subir un tel sort à nos semblables? On ne sait pourquoi mais une chose est certaine: personne ne s’en remet… L’indignation est indescriptible et générale.

Bien que choqués, appréhendons cependant la situation avec un peu de retenu. Nous avons vu certains de nos dirigeants avec leurs larmes de crocodile : « Nous condamnons, nous condamnons, patati patata », comme toujours. Les grandes douleurs, disait le père de la nation ivoirienne, sont muettes. Lorsque l’indignation nous atteint réellement en plein cœur comme une balle, on n’a pas le temps de faire le pleureur public. Toute lamentation interminable cache un minimum d’hypocrisie. Et ce terme, hypocrite, est un autre synonyme de dirigeant Africain. Ce qui se passe en Libye est-il nouveau? Non ! Le problème est-il l’esclavage tout court ou la manière d’esclavagiser? La manière bien évidemment qui rappelle ce qui s’est passé lors du commerce triangulaire enseigné dans les cours d’histoire, m’ont répondu certains. Voici ce qui nous hante, nous dérange depuis : L’image de la cage, les chaînes, la vente de l’homme noir comme une marchandise. Sinon l’esclavage n’a jamais été aboli ou si vous le voulez, ne l’a été que sur papier tout comme les hommes après leur naissance n’ont jamais été libres et égaux en droit contrairement à ce qui est écrit noir sur blanc en début de la déclaration universelle des droits de l’homme. C’est une réalité. Et nous sommes témoins de plusieurs cas de méchanceté au jour le jour. Des esclaves qui jonchent les rues, nous en rencontrons quotidiennement, “en faisons partir”, s’il faut parler sincèrement. Sans rien dire, sans rien faire comme si l’esclavage, tant qu’il ne concerne pas la mise en cage et la vente de l’homme noir par l’homme blanc, par l’Arabe doit porter un autre nom, doit être toléré. Ce qui devrait gêner et être combattu pour de bon est l’esclavage tout court sous toutes ses formes(les ouvriers exploités et mal payés, la situation pitoyable des filles de ménage, l’injustice dans les rapports entre peuples et gouvernants…) et non seulement cette réadaptation du film de la traite Négrière qui se joue actuellement en Libye. Il n’y a pas de fumée sans feu, n’oubliez pas.

On aura beau traiter les maghrébins de racistes, un propre qu’on ne leur ôtera pas parce que le chien ne change jamais sa manière de s’assoire, insulter les institutions et qualifier d’incompétentes et insensibles les organisations comme l’ONU et ses sœurs, l’important serait avant tout de savoir que nous sommes les premiers coupables. Parce que le dirigeants africains, c’est-à-dire le synonyme d’hypocrite avec ses larmes de crocodile a toujours mis en œuvre toutes les conditions pour que cela arrive pendant que nous l’avons toujours regardé faire comme si la damnation était notre synonyme


Aminata, femme dans la peau d’une enfant, prisonnière de la résignation

750 millions de filles et de femmes à travers le monde ont été mariées avant l’âge de 18 ans: Ce chiffre scandaleux publié par ONU femme n’épargne pas l’Afrique de l’Ouest. Dans plusieurs États Ouest africains, les pays à majorité musulmans surtout, (Tchad, Mali, Burkina, Sénégal, Guinée, Niger…), beaucoup de filles sont données en mariage avant cet âge. Le comble est que cette pratique est légalisée. Au Mali par exemple, la loi fixe l’âge du mariage de la jeune fille à 16 ans. Autrement dire, la loi autorise le mariage des filles mineures. Plusieurs parents, dans les zones rurales à leur tour, violent cette loi qui viole les droits des enfants, en mariant leurs filles à moins de 16 ans. Vous remarquerez qu’au Mali, des filles de 12, 13 ou encore 14 ans sont déjà femmes au foyer, bien qu’elles ne soient pas prêtes physiquement, moralement et financièrement. Obligées de consentir car la famille ou encore la tradition le veut. Sans autonomie, au sein d’une société qui les réduits au silence, les violences basées sur le genre ont pris le dessus. Madame Aichata Bocoum, présidente du conseil consultatif national des enfants et jeunes du Mali (CCNEJ-MALI), lors du lancement de la campagne sur la problématique du mariage des enfants et des mutilations génitales féminines, à la cité des enfants de Bamako le 31 octobre 2017, a révélé que sur les 55% de filles qui se marient avant l’âge de 18 ans au Mali, 15% sont mariées avant l’âge de 15 ans.  La situation est devenue presque banale. Les souffrances de ces filles n’ébranlent plus car la philosophie est la suivante: « c’est Allah qui le veut et tout ce qu’Allah fait est bon ».

C’est le cas de l’histoire de la petite Aminata qui m’a été raconté par son frère Moussa.

Aminata vivait dans la région de Sikasso(Mali) et avait été donnée en mariage à l’âge de quinze ans. Un an après, elle attendait un enfant et était sur le point d’accoucher. A en croire sa mère, elle avait échappé belle. Maman lui avait dit que deux ou trois ans de plus sans qu’elle ne soit mariée auraient été de trop, contrairement à sa grande sœur qui a été femme au foyer à l’âge de treize ans. Quand Aminata avait commencé à voir ses premières règles et que les premiers signes d’une poitrine bientôt volumineuse avaient commencé à se faire remarquer, sa mère s’était mise à attendre le premier prétendant. Un mari. A l’époque, Aminata n’avait que douze ans. Un an après, toujours pas de prétendant. Puis quatorze ans, et toujours pas de prétendant ! Sa mère avait commencé à s’inquiéter. Personne ne voulait de son enfant ou quoi ? Certes, elle la trouvait  moins attirante que sa première fille, mais Aminata avait quand même des valeurs qui feraient d’elle une bonne épouse : courageuse, silencieuse, discrète, et surtout  très obéissante. A un moment donné, les parents de la fille se demandaient si elle ne s’était pas adonnée à l’interdit avec un garçon du village. Lorsque c’était le cas, la jeune fille concernée pouvait, selon leur tradition, s’attirer automatiquement une malchance et pouvait ne pas avoir un mari assez rapidement, au risque de finir célibataire. Le soupçon s’était installé, la mère, qui ne savait plus sur quel pied danser, se disait l’avoir pourtant prévenu : « ton corps appartient seulement à ton mari. Ne laisse personne d’autre te toucher ». Aminata, qui, par nature, parle peu, l’avait rassurée en quelques mots : « j’ai compris maman ». C’était dur pour la mère de voir sa fille non mariée à l’âge de quatorze ans. Cette situation faisait d’elle le sujet principal des femmes du village. Mais, à chacun son destin. C’est Allah qui l’a voulu et tout ce qu’Allah fait est bon, se disait la mère.

Lorsque Ibrahim, un cultivateur, assez riche pour épouser autant de femmes qu’il le souhaite, s’était présenté chez les parents de la jeune fille un an après, pour exprimer son désir de faire d’elle sa troisième épouse, sa mère fut énormément soulagée. Sa fille allait enfin se marier, et de surcroît, à une personne assez respectée dans le village. Ibrahim était en effet propriétaire d’un important cheptel de plusieurs bœufs, en plus des 30 hectares de coton qu’il possédait. Aminata n’allait pas être la première mais sa troisième épouse. La fille ne voulait pas de ce mariage et demandait juste qu’on la laisse aller à l’école. Mais son avis ne comptait pas. Son père a essayé de lui faire croire que pour une fille, c’est largement suffisant de savoir lire et écrire. Selon lui, Aminata devait prendre exemple sur sa mère, laquelle ne connaissait aucune lettre de l’alphabet sans que cela n’affecte en rien son statut d’épouse soumise. De toutes les façons, la décision était prise. Aminata livrée à son sort, dû donc quitter aussitôt les bancs de l’école pour son mariage. Tout comme sa mère, elle se disait alors que c’est Allah qui a voulu un tel destin pour elle et que tout ce que lui Allah fait est bon.

Le jour de son mariage, Aminata s’est sentie obligée de forcer le sourire pour faire plaisir aux siens. Le soir, elle est allée rejoindre un foyer nouveau où son quotidien n’était que souffrances, larmes et solitude malgré le monde qu’abritait la demeure de son mari. Une vie difficile à supporter pour elle, une enfance coupée net, la transition fut violente. Aminata s’était aussitôt retrouvée dans la peau d’une femme, parfois violentée physiquement ou sexuellement par son mari qui avait réussi à se payer le silence des parents de la fille à travers les cadeaux quotidiens qu’il leur faisait. Elle en souffrait mais bon, à chacun son destin, c’est Allah qui l’a voulu ainsi et maman lui a maintes fois rappelé que tout ce qu’Allah fait est bon.

Cette grossesse qu’elle a finie par porter la fatiguait énormément. Elle s’était souvenue du premier bébé de sa grande sœur et la peur s’était emparée d’elle. Un mois après sa naissance, le bébé avait rendu l’âme. Le jour de la mort de cet enfant, Aminata était à l’hôpital et avait entendu la matrone expliquer à sa mère que le bébé de sa sœur aînée était mort à cause de son petit poids dû aux conditions difficiles de sa naissance. Son poids trop faible avait énormément joué sur sa santé. Elle avait ensuite ajouté que les entrailles de Bintou (c’est ainsi que s’appelle la sœur ainée d’Aminata), moins développées à cause de son jeune âge, n’étaient pas prêtes pour accueillir un enfant. La mère d’Aminata, musulmane et très rattachée à la tradition, avait tout simplement répondu à la matrone que ce n’était pas une affaire de développement corporel. Pour explication, elle a donné en exemple de nombreuses filles du village qui ont fait des enfants à quatorze ou quinze ans, sans problème. En ce qui concernait sa fille Bintou, qui n’était pas le seul cas d’ailleurs, il ne fallait pas chercher midi à quatorze heures. C’est Allah qui l’a voulu, tout simplement, et tout ce que lui Allah fait, est bon.

Pendant plus d’une demi-heure, Aminata n’arrivait pas à enfanter. Elle enchaînait les contractions depuis longtemps, mais rien. Les femmes autour d’elles pensaient que ce n’était pas l’enfant qui refusait de sortir mais plutôt Aminata qui ne se donnait pas à fond. On l’encourageait mais toujours rien. Après beaucoup d’efforts, tout le monde avait dû se rendre à l’évidence. L’enfant ne refusait pas de sortir. La fille se donnait également à fond. Le problème n’était pas là. Le bébé ne pouvait pas sortir parce que le bassin d’Aminata n’était pas assez large pour le laisser passer. L’ultime recoure était donc une césarienne pour éviter que le bébé ne meure asphyxié. La crainte d’Aminata devint énorme. Elle s’est quand même dit que si l’opération se passait mal, ce ne serait la faute à personne car elle était maintenant dans la peau d’une résignée, aux formules remplies de bondieuseries. Ce ne serait ni la faute de sa mère, ni celle de son père. Ni de ce mariage forcé auquel on l’a soumise. Pas de responsables. Le destin. C’est tellement plus simple. C’est tout simplement Allah qui l’a voulu ainsi. Aminata n’a pas oublié les paroles de sa mère qui lui avait toujours répété que tout ce que lui Allah fait est bon.

J’étais déboussolé à la fin du récit. La césarienne s’est bien passée ? Demandais-je tout inquiet. Malheureusement non, répondit Moussa avant d’ajouter : « partagez l’histoire de ma petite sœur un peu partout s’il vous plaît. Je n’ai pas pu la sauver de cette situation mais j’ai foi que son histoire peut être la hache pour briser les chaines qui maintiennent ces millions de filles et femmes qui croupissent sous le poids des violences au sein de leur communauté ».

Je ferai de mon mieux Moussa !

Merci, répondit-il.


Le pouvoir, quand il nous tient

Les mandats présidentiels, c’est comme de la cigarette. Après la première clope, on se rassure que la seconde sera la dernière. Et vu qu’il n’y a pas deux sans trois, on enchaîne avec la troisième et l’envie de se taper une quatrième finit par nous tenter…C’est comme ça. Faure Gnassingbé est dans la position idéale pour confirmer ce que je viens de dire. Bouba aussi.

Ca fait quatre ans qu’il gouverne le Lima. Bouba est devenu président après avoir gagné les élections, une victoire avec un grand V. Sa victoire fracassante et transparente était le choix d’un peuple désespéré qui voyait en lui la solution pour l’émergence, comme son voisin d’à côté. Son passé de travailleur acharné au dessein patriotique avait trop plaidé en sa faveur pour qu’il ne soit élu président à l’époque. Bouba est arrivé au pouvoir avec une envie réelle de faire bouger les choses, selon ses dires en tout cas. Quatre ans après : voyages, voyages, voyages, puis que dalle. Son peuple s’est rendu compte que les grands diseurs, comme le dirait l’autre, n’ont jamais été de grands faiseurs et qu’il fallait placer l’homme au pied du mur avant de savoir s’il fallait l’appeler électricien ou maçon. Déçu, ce peuple a fait comprendre à Bouba que l’acte sera comblé par l’intention (on considérera qu’il a réussi même si ce n’est pas le cas, parce qu’il est venu avec cette intention) et qu’il serait mieux pour lui de se limiter à un seul mandat afin de sortir par la porte du salon. Malgré cela, Bouba préfère sortir par les fenêtres, on dirait. Il a déjà commencé sa campagne pour un second mandat avant la fin du premier, comme un nouveau fumeur qui, ayant pris goût à la première, allume une deuxième cigarette sans que la première ne soit consumée. Sacré Bouba. Courage mais attention !


Mali: quand on s’appelle Yambo Ouologuem et non Amadou Hampâté Bâ…

Quand on s’appelle Yambo Ouologuem…

Après avoir ouïr parler de lui pour la première fois au lycée, j’ai eu la chance de le lire il n’y a pas très longtemps de cela, Je le confesse (qu’une seule œuvre pour l’heure). On ne peut te parler de « devoir de violence » sans que l’envie de le dévorer ne te revienne constamment en tête, d’une façon violente comme un devoir. Après sa lecture, tu comprends que lorsqu’on s’appelle Yambo Oueloguem et qu’on a eu le génie nécessaire pour bâtir un roman d’une telle richesse à 28 ans seulement, on ne peut que mériter quelque chose d’aussi prestigieux que le prix Renaudot.

Tout comme Yambo Ouologuem et plusieurs autres écrivains, les maliens ne le lise pas Amadou Hampâté Bâ mais le connaissent tous

Toutefois, Yambo, malgré son talent, n’est pas vraiment notoire chez lui au Mali, il faut le dire sans malaise parce que c’est réel. Faites un micro trottoir avec dix jeunes. La question sera de savoir s’ils connaissent Yambo Ouologuem et Amadou Hampâté Bâ. Il y a une forte probabilité que sur les dix, neuf te disent qu’ils connaissent Amadou Hampâté Bâ mais pas Yambo Ouologuem. Amadou Hampâté Bâ que (par respect pour tout son immense labeur) je ne compare nullement pas à Yambo par cet exercice auquel je vous soumets, est très connu mais combien de Maliens le bouquinent en vérité? Quelques extraits de ses mémoires « Amkoullel l’enfant peul et Oui mon commandant », de « Kaidara » dans les manuels scolaires, en plus de son immortel citation qui compare le vieillard trépassé à une bibliothèque consumé par le feu et puis voilà ! Quoi d’autre ? Tout comme Yambo Ouologuem et plusieurs autres écrivains, les maliens ne le lise pas mais le connaissent tous. Il a eu la chance d’être contemporain d’une époque à laquelle le talent était majoré certes mais il y a autre chose : beaucoup de Bamakois par exemple savent qu’il est un grand monsieur parce qu’il suffit à chaque preneur de sotrama de dire à l’apprenti : « je descends devant le palais de la culture Amadou Hampâte Bâ », pour que son nom soit répété quotidiennement.

Quelle impertinence!
De plus Amadou Hampâté Bâ, était l’historien, il enseignait l’Afrique, donnait plutôt tout ce qu’il avait appris de son mentor Thierno Bocar. Yambo par contre attaquait ou du moins a attaqué dès la première œuvre et dans son collimateur, la cible n’était rien d’autre que l’Afrique. Mon auriculaire me dit donc qu’il était perçu comme le petit noir vendu, qui se croyait tout permis avec son maudit « devoir de violence » qui, au lieu d’attaquer le blancs, ou parler de la belle Tombouctou, de la reine Pokou ou que sais-je encore…au lieu de prendre exemple sur ses grands frères Senghor, Césaire ou Dadier, au lieu de cela, se permet de mettre en exergue le fait que les africains soient eux même quelque part à la base de la traitre négrière. Quelle impertinence !
Malgré le prix Renaudot et tout l’honneur reçu en 1968, Yambo ne pouvait pas être enseigné dans les livres comme on enseigne « sous l’orage » de Seydou Badian parce que le petit Moussa ou la petite Kany ne devait pas apprendre que les africains sont quelque part complice de l’esclavage.

 

J’ai ouïr parler de la mort de l’écrivain le 15 octobre dernier. J’ai compris que lorsqu’on s’appelle Yambo Ouologuem et non Amadou Hampaté Bâ et que notre étrange destin, au lieu de nous faire écrire sur sur un certain wangrin nous fait écrire un roman comme « devoir de violence » on ne peut que mériter un petit hommage de la part des siens


Magic System, une source d’inspiration pour Bamako

Un exemple incontournable de réussite pour tous les jeunes africains. Partir d’Anoumambo, un quartier précaire d’Abidjan en Côte d’Ivoir, ce groupe mythique du zouglou, genre musical ivoirien très en vogue en Côte d’Ivoire, est aujourd’hui devenu un exemple incontournable de réussite pour tous les jeunes africains. Ils ont fait danser le monde entier avec des titres cultes comme « Premier Gaou »,  le morceau de leur consécration, « Poisson d’avril », ou encore « Petit pompier ». Ils ont donné des concerts dans des salles prestigieuses aux quatre coins du monde. Une figure emblématique de la musique africaine, ils sont aujourd’hui.

Du magique pour le système Bamakois !

Le groupe est ivoirien et se nomme Magic System. Les membres étaient à Bamako au Mali dans le cadre d’une tournée africaine pour célébrer leurs 20 années de carrière. Cette tournée très importante pour le groupe qui a commencé sa carrière en 1997, commence très bien car Bamako a été en ébullition durant les deux jours de concerts programmés. Les 6 et 7 octobre dernier. C’était tout simplement magique pour le système Bamakois !

Ma joie de poser avec les gaous même si A’salfo voit mieux que moi

Préserver le lien entre la Côte d’Ivoire et la Mali
Accompagnés par plusieurs structures, en occurrence Canal+, dans les locaux duquel, sis à Hamdallaye ACI, une conférence de presse a eu lieu le 6 octobre, les Gaous face aux journalistes et blogueurs, par la voix d’Asalfo, leader du groupe, ont tenu à remercier Canal + et tous les autres partenaires qui ont œuvré afin que cette tournée soit mémorable. Ils ont tenu également à montrer leur attachement vis-à-vis du Mali qui est un pays avec lequel, le leur, la Côte d’Ivoire, entretient un lien étroit et sacré de longue date qu’il serait important de préserver, avant de promettre un show inoubliable le même jour au Magic Ciné ex Babemba. Chose promise, chose faite, parce qu’ils ont mis le feu comme on ne l’imaginait pas ce soir du 6 octobre. Au rythme de plusieurs de leurs tubes comme ceux cités plus haut, les Bamakois ont dansé comme jamais. Le lendemain, au stade Omnisport Modibo Keita, la même chose s’est répété. Deux jours d’ambiance folles que Magic System, auquel nous souhaitons joyeux anniversaire a donné.
Vivement les 30 ans du groupe !


J’ai essayé d’assister à la finale du conte

La finale de la compétition de conte qui avait lieu ce mercredi à Abidjan a été largement victime de son succès, mais pas que…

Je n’avais pas encore eu l’occasion de me rendre aux compétitions de conte au palais de la Culture. J’en avais beaucoup entendu parlé, et toujours en bien. Les fanatiques de cette discipline culturelle sont revenus en nombre ce mercredi soir pour en écouter encore mais beaucoup d’entre ont été recalés à la porte de la salle Niangoran Porquet.

Changement de programme…

L’heure indiquée pour le début de la finale sur le programme était 17 heures. Pour une raison obscure et étrange, les organisateurs ont avancé la compétition d’une heure, elle a donc commencé à 16 heures. C’est d’ailleurs en passant par hasard devant l’entrée de la salle que j’ai compris l’urgence de tenter d’y entrer. Dehors, les personnes retardataires trompées par le programme tentaient en vain de pénétrer dans les lieux.

Certains sous mes yeux suppliaient les policiers. Malgré cela, les forces de l’ordre sont restées fermes en faisant savoir aux personnes entasséees devant la porte qu’elles ne pourraient pas entrer. La salle était déjà pleine et les entrées ou sorties pouvaient déconcentrer les conteurs. Beaucoup de recalés ont exprimé leur indignation en critiquant l’organisation. Pour eux, les autorités auraient dû prévoir une salle plus grande pour éviter une telle situation.

Personnellement, je n’ai pu entrer qu’après la fin de la compétition, au moment des délibérations 🙁

Ah, et pour info, c’est le candidat du Congo qui a gagné, bravo à lui !

https://twitter.com/ICIBrazza/status/890286290645782528

La morale de cette histoire, s’il y en a une c’est que dans quatre ans, pour les jeux 2021, j’assisterai à tous les éliminatoires de la compétition de conte et j’arriverai deux heures en avance pour la finale.

L’autre morale est que la Côte d’Ivoire est probablement le seul pays de la sous région où les trains ne partent ni à l’heure, ni en retard mais en avance…



Du hip-hop aux jeux de la francophonie, j’adore !

Tout comme en 2013 à Nice, le hip-hop est au rendez-vous des jeux de la francophonie. Ce mardi 25 juillet sur les coups de 17 heures, à l’espace Canal aux Bois de Treichville, les fans de cette culture urbaine très appréciée par la jeunesse Francophone pourront se régaler.

[alert type= »info »]A noter que la jeunesse Abidjanaise consomme beaucoup le hip-hop depuis l’ascension fulgurante du groupe Kiff no beat qui représente aujourd’hui dignement la Côte d’Ivoire à l’échelle internationale.  [/alert]

La compétition francophone se poursuivra le lendemain 26 juillet sur le même lieu, de 19 heures à 22 heures. Chapeau aux organisateurs car le hip-hop a bel et bien sa place à ce rendez-vous des francophones.

Nash, rappeuse ivoirienne, actrice incontournable du hip-hop made in Côte d’Ivoire, photo Abidjan.net

Du hip hop aux jeux de la francophonie, j’adore!

Qui dit hip-hop dit poésie. C’est une forme d’expression orale à caractère littéraire avec ses onomatopées, ses métaphores, ses assonances et autres figures de style. Beaucoup le perçoivent comme une culture vagabonde. A l’image du polémiste de bas étage Eric Zemmour qui avait assimilé le rap à une sous-culture. Une affirmation jugée imprudente par bon nombre de voix, en l’occurrence celle du rappeur Youssoupha qui lui avait répondu dans son titre « menace de mort ». Réponse qui avait propulsé son album Noir désir en première position des ventes d’albums rap en France avant de finir disque de platine sept mois plus tard.

Oui, du hip-hop aux jeux de la francophonie, j’adore car qui dit hip-hop dit partage et rage. Qui dit hip-hop dit agressivité et envie folle de s’exprimer. Il dit encore musicalité et rythme de vie. Qui dit hip-hop dit la rue, ses ruelles ainsi que son quotidien. Il dit encore plus car le hip-hop est une forme d’expression incontournable pour la jeunesse francophone d’aujourd’hui. Celui qui dit hip-hop dit donc Francophonie!


Femme est flamme

Arme
Femme
Et flamme
Sont larmes.
Flamme crame
Femme desarme
Femme enflamme
Car femme est flamme


L’histoire du décisif selfie avec le président Hollande avant sa décision de partir de l’Élysée.

La prochaine élection présidentielle française aura lieu les 23 avril et 7 mai prochain. Cette nouvelle course à l’Élysée me fait particulièrement penser à quelqu’un. Au président sortant, monsieur François Hollande qui avait annoncé le premier décembre dernier qu’il ne briguera pas un second mandat. Une décision sage que je salue au passage. Je pense précisément au selfie qui nous lie désormais. Un selfie ce n’est peut-être pas grande chose mais il nous lie quand même.  Ah oui, je fais le malin ! À mon retour de Madagascar, j’ai été assommé de beaucoup de questions : « Issouf, nous avons vu ton selfie avec le président Français, comment tu as fais? » où encore « Iss Bill, cool votre selfie avec Hollande, ça n’a pas été facile de l’avoir j’imagine ? » Et oui, l’aventure pour arracher ce selfie était rocambolesque.

C’est avec beaucoup de joie que nous avons appris la nouvelle. Au soir du troisième jour de formation à Madagascar, Julien le bot, journaliste à Rfi et formateur, après une rude journée, avait balancé à toute l’équipe :

Nous aurons la visite du président François Hollande ce vendredi.

Les visages aussitôt s’illuminèrent. Le président Français, venir nous rendre visite et non le contraire ! C’était émouvant. La gaieté que m’a procuré cette nouvelle, la plus inattendue jusque là, était trop énorme. J’avais le sourire aux lèvres durant tout le trajet, dans le bus qui nous ramenait à l’hôtel, j’étais comme un malade mental. J’étais tellement surexcité que du coup, une idée se logea dans ma cervelle. S’il arrive, le président, je fais tout mon possible pour me taper un selfie avec lui. Génial comme idée non ? Un selfie avec l’une des plus grandes institutions, ce n’est pas négligeable quand même !

Arrivé à l’hôtel, lors du dîner dans le restaurant juste en face, j’avais les idées orientées vers mon futur selfie pendant que les mâchoires de Zébuvores¹ faisaient d’énormes bruits. J’étais surtout embêté par ceux des Zébuvores qui prenaient leur dîné en haut. Pendant que nous avions des projets de selfie avec des présidents, eux, traînent plutôt des projets de tapages nocturnes dans un restaurant qui était calme avant leur arrivée. Parlant de ce restaurant, j’ai vraiment kiffé leur service. A la prochaine pour un nouveau Mondoblog camp. Simon, Camille et tous les autres, vous avez intérêt à faire en sorte qu’on y retourne. Nostalgique, je suis déjà. Je parlais de quoi là ? Heu…Ah oui, de mon selfie présidentiel et des fouteurs de troubles.

Le jour de la visite du président arriva. L’espace Mondoblog qui devait regrouper normalement que nous, les blogueurs et les formateurs, afin qu’on puisse bien profiter de cette présence Hollandaise, était pleine à craquer de monde. Les questions aussitôt se sont abattues sur monsieur le président après l’introduction de Julien. J’étais à sa gauche, à coté de mes amis blogueurs. J’ai essayé de me faufiler dans la foule pour être plus proche de lui afin d’avoir plus de chance. À peine j’avais fait un pas que quelqu’un me recala. C’était sûrement l’un de ses gardes rapprochés, je me suis dit. J’ai essayé de contourner mais recalage encore. J’ai compris qu’il fallait braver vents et marées pour l’avoir, ce putain de selfie. Je guettais la moindre occasion.

J’ai essayé entre temps, mille et une positions en me retournant par-ci par-là, afin de l’avoir dans mon champ de selfie, hélas! A chaque shot, une tête venait tout gâcher. J’étais mal barré.

Après avoir fini, le président qui n’avait pas assez de temps, voulait s’en aller lorsque j’ai crié à la manière du foutage de trouble de mes amis, lors des dîners.

Monsieur le président, une photo s’il vous plaît !

Comme par miracle, le président s’est retourné. Les gardes avaient compris qu’il m’autorisait à l’approcher. Mon téléphone était déjà sur appareil photo. Prêt comme jamais. Je voulais tranquillement faire mon selfie quand la pression de la foule s’en mêla. Une, deux, trois, quatre, plusieurs têtes. La bousculade occasionnée par ces têtes, côcô² de selfie, fit tomber mon téléphone à terre. La crainte s’empara de moi. Hollande allait partir si je prenais du temps, je le savais. Et comme par miracle numéro deux, voici Guillaume Djondo juste à côté, prêt aussi.

-Vas y frangin, prends le selfie, c’est maintenant ou jamais. m’écriais-je

Le blogueur à la plume parlante essaie un premier qui ne marche pas. Olala, c’est perdu, je me suis dit. Le président par humilité accepta qu’on fasse un second qui cette fois-ci fût dans la boîte.

Voici le résultat ci dessous

Le selfie!( Innocent et Guillaume devant, aux anges comme jamais. El Hadj Boubacar, Fabrice et Annadjib derrière moi en mode » vous ne le ferez pas sans nous ». Crédit photo: Guillaume Djondo

Merci monsieur le président, nous dîmes

Merci, dit-il simplement avant de s’en aller avec sa délégation.

Bien que flou, nous étions très heureux d’avoir pris une photo avec ce monsieur qui, une semaine après, prît une décision sage et historique vis-à-vis de la France et du monde entier.

Explication des mots

Zébuvore: Quelqu’un qui a toujours du zébu au menu. (mot inventé par les mondoblogueurs lors du XVI sommet de la Francophonie à Madagascar pour se taquiner, suite à la remarque concernant le fait que la viande de Zébu est prédominante dans la gastronomie Malgache.)

Côcô: Profiteur, dans le langage familier. ( Beaucoup employé en Afrique de l’ouest, surtout en cote côte d’Ivoire.)


Le chrétien dans le regard du musulman au Mali

90% de la population malienne est de confession musulmane. Seulement 5% de cette population est Chrétienne tout comme l’animisme qui compte aussi 5% de fidèles. Quels sont les rapports que certains chrétiens, en tant que minoritaires, entretiennent avec les musulmans de leur voisinage? Le respect de la religion de l’autre est-elle une réalité au Mali?

 

Abel. Jeune chrétien, habitant le quartier Hippodrome (commune 2 de Bamako)

« J’ai déjà eu des discussions avec des gens qui n’ont aucune notion du respect de la foi d’autrui »

Abel Agblevo est un jeune Togolais de 22 ans. Il est chrétien catholique résidant au Mali depuis l’âge de 6 ans. Tout son entourage est musulman. Son meilleur ami, Mamadou Touré aussi. Leur amitié date de presque 10 ans et Abel confit n’avoir jamais eu de soucis avec ce dernier concernant les questions religieuses. « C’est vrai que nous faisons parfois des débats très mouvementés mais, dans le plus grand respect de nos croyances respectives. L’objectif est plutôt le partage et non le fait de vouloir imposer sa religion à l’autre. J’ai déjà eu par contre des discussions avec d’autres personnes qui sont plutôt un peu extrémistes sur les bords. Qui n’ont aucune notion du respect de la foi de l’autre. Généralement j’évite de trop parler avec eux. Heureusement qu’il y a des personnes comme Mamoudou qui ne trouve pas de mal au fait que je sois chrétien dans un pays à majorité musulmane. »

 

Abel et Mamoudou, respectivement Chrétien et musulman mais inséparables

« Dieu est unique, ce sont les opinions qui divergent »

Mamoudou souligne qu’il blâme d’ailleurs son ami des fois quand celui-ci ne va pas à la messe du dimanche. « Il y a certains dimanches où je le vois trainer, tout flemmard, au lieu d’aller à l’église. Quand c’est le cas, je l’oblige à y aller ou je le blâme si l’heure de la messe est déjà écoulée. Je suis malien, maraka et musulman, Abel est chrétien mais je ne vois pas en quoi cela peut-être un frein à notre amitié. Dieu est unique, ce sont les opinions qui divergent. » Rajoute-il. C’est l’harmonie totale entre les deux malgré leur différence religieuse.

« On dit du Mali qu’il est un pays laïc tout en oubliant que la laïcité, c’est aussi accepté l’autre avec sa religion »

 

Monsieur Lamine Calvin Dabou. Fidèle de l’église évangélique la réconciliation, sise en Commune 5 de Bamako

Monsieur Lamine Calvin Dabou est un Malien, originaire de Ségou et natif de Sikasso. Il est chrétien depuis sa petite enfance. L’homme habite à Baco djicoroni golf, sis en Commune 5 de Bamako. Fidèle de l’Église évangélique la réconciliation. Monsieur Lamine, enseignant de formation, dit avoir rencontré pas mal de difficultés en tant que  Chrétien au Mali. « Des malentendus, depuis mes années du lycée à maintenant, m’ont maintes fois opposé à des musulmans qui m’ont toujours craché à la figure que je suis dans le faux et que la meilleure religion serait l’islam. Une situation qui parfois met mal à l’aise et montre que la liberté de croyance est un leurre au Mali. Le brassage religieux n’existe pas vraiment ici et c’est regrettable. Vous remarquerez que même lorsque les chrétiens et musulmans doivent se rencontrer pour des échanges interreligieux, chaque groupe est de son côté au lieu de se mélanger. On dit pourtant du Mali qu’il est un pays laïc tout en oubliant que la laïcité c’est aussi accepté l’autre avec sa religion, sans le dédaigner. »

L’homme, lors de son témoignage a souligné qu’il y a en revanche des musulmans qui n’ont pas de problème avec cette différence de religion et qui se comportent très bien avec les chrétiens. « Bien que ce problème existe, il faut avouer que beaucoup de musulmans maliens en revanche, n’ont pas de soucis avec les chrétiens et se comportent très bien avec eux. J’ai plusieurs amis musulmans qui sont compréhensifs. »

« Il n’y a pas assez de chrétiens au Mali. Cette situation crée donc un certain complexe de supériorité de la part de bon nombre de nos frères musulmans »

Monsieur Chaka traoré, musulman, réparateur et vendeur de pièces détachées pour vélo

Monsieur Chaka Traoré est un trentenaire musulman, originaire de kolondieba. Il habite garantibougou et exerce le métier de vendeur de pièces détachées. L’homme dit reconnaître que le chrétien est parfois mal vu au Mali par le musulman et que cela est déplorable: « Chacun est libre de suivre la religion qu’il veut.C’est une question de conviction et non d’influence ou d’obligation. Si personne ne nous empêche d’être musulmans, nous ne devons pas en retour empêcher qui que ce soit d’être chrétiens. Il y a peu de chrétiens au Mali, c’est pourquoi certains musulmans se comportent ainsi, en trainant ce complexe de supériorité. Un musulman n’a pas plus de valeur qu’un chrétien et vice versa. Et le fait que nous soyons nombreux ne nous donne pas le droit de ne pas considérer les autres. »

Monsieur Chaka demande beaucoup de modérations de la part de ses frères musulmans en rappelant tout comme Monsieur Calvin Dabou, que le Mali est un pays laïc. Le respect de la religion de l’autre est donc indispensable pour une véritable cohésion sociale.