Hervé Mukulu

Maladie Ebola : le dilemme de fréquenter les structures sanitaires de base

Un centre de santé fermée après passage de plus d’un cas des malades d’Ebola. Quartier Kalinda, ville de Beni, Nord-Kivu, RD Congo © Hervé Mukulu
Un centre de santé fermé après passage de plus d’un cas des malades d’Ebola. Quartier Kalinda, ville de Beni, Nord-Kivu, RD Congo © Hervé Mukulu

42% des malades d’Ebola contractent cette maladie dans les structures sanitaires de base qui ne respectent pas les normes d’hygiène ou qui rechignent à transférer les malades au centre de traitement. Pourtant, il est demandé de se rendre dans la structure sanitaire la plus proche dès le développement des premiers signes, comme maux de têtes, fièvres, vomissements…

« Pour avoir le plus de chance de guérir d’Ebola, il faut se rendre le plus tôt que possible à l’hôpital. Pour ça, la consultation et certains soins sont gratuits dans les centres de santé, postes de santé, centres hospitaliers », ne cesse de répéter le maire adjoint de la ville de Beni, Modeste Bakwanamaha, lors des réunions de sensibilisation en vue d’un engagement communautaire.

Il faut signaler que dans cette région, l’automédication est la norme. Se rendre à l’hôpital est l’exception. « On n’y va qu’en cas de force de force majeur. Tout ça  pour éviter le coup exorbitant des soins médicaux », souligne John Kataliko, 49 ans, responsables d’une famille de neuf enfants.

La gratuité des soins

Ebola étant une maladie à forte contagion, la prise en charge doit se faire dès les premiers signes. Car la personne atteinte ne commence à transmettre la maladie que quand elle développe les premiers signes : maux de tête, forte fièvre, vomissements, etc. Ce genre de malaises pour lesquels on se dit : « Un paracétamol suffira, ou ça passera de soi. »

Pour pallier cette hésitation, il a été instauré une gratuité des soins dans les structures sanitaires de base. En plus, cette action devrait avoir un autre avantage : rassurer le patient en recevant  les soins dans un cadre qu’il connait mieux. Car la population a une peur bleue des centres de traitement Ebola (CTE) qui sont considérées, à tort, comme des mouroirs.

Infections nosocomiales*

Malheureusement, de la bouche du responsable de la sous-coordination de la réponse à Ebola en ville de Beni, nous apprenons que 42% des malades contractent cette maladie dans les structures sanitaires. Certaines structures sanitaires hésitent dans l’acheminement des malades vers les CTE pour le test en laboratoire. Car dès que le patient présente les signes de la maladie à virus Ebola(MVE), le centre hospitalier est sensé appeler les équipes de la riposte pour la prise en charge. Ces centres étant aussi démunis que ceux qui les fréquentent, ils ne remplissent pas les conditions d’hygiènes nécessaires. Les malades sont internés dans une promiscuité sans précèdent. Ainsi quand il y a un cas d’Ebola qui s’ignore, il contamine les autres qui sont internés en même temps que lui.

Le dilemme

« Cette situation pousse une grande partie de la population à vouloir se cacher à la maison en appliquant une automédication, plutôt qu’à prendre le risque d’aller se faire infecter dans un centre hospitalier, alors que l’on ne souffre que d’un simple mot de tête », explique Paul Kasereka, un motard de Matonge à Beni. Pourtant, Ebola tue à plus de 70%  les malades qui ne sont pas pris en charge dès les premiers jours, souligne Docteur Jean-Jacques Muyembe.

Une situation qui explique la flambée des décès communautaires pendant cette épidémie d’Ebola. Rappelons qu’un décès communautaire est normalement tout décès qui survient en dehors d’une structure sanitaire. Dans le cas d’Ebola, tout décès qui survient en dehors d’un CTE. « Pourtant, se plaint le maire de Beni, Nyonyi Bwanakawa, même quand on n’a pas assez d’argent, un membre de la famille ne mourrait qu’à l’hôpital, quitte à payer une dette énorme des soins après. Mais on aura la conscience tranquille que l’on a tout fait pour le sauver. »

Hervé Mukulu

 

* »Les infections nosocomiales sont les infectionscontractées au cours d’un séjour dans un établissement de santé (hôpital, clinique…). Elle est aussi appelée infection associée aux soins. Ceci veut dire que ces infections sont absentes au moment de l’admission du patient dans l’établissement. » (Source:gouvernement français)


Ebola : pourquoi les femmes et les enfants sont les premières victimes ?

Prélèvement de la température d’enfants au point d’entrée et de sortie de la cité de Mangina, à 30 Km, de la ville de Beni, Nord-Kivu, RD Congo. © K.M.
Prélèvement de la température d’enfants au point d’entrée et de sortie de la cité de Mangina, à 30 Km, de la ville de Beni, Nord-Kivu, RD Congo. © K.M.

Les statistiques de cette dixième épidémie de la maladie à virus Ebola montrent que les femmes sont plus victimes que les hommes, à elles s’ajoutent les enfants. Décryptons les causes.

« Nous avons tous pour première infirmière la femme, en épouse ou en mère. C’est bien elle qui prend soins des malades à la maison. Elle est par essence ménagère dans notre culture. C’est elle qui lave le malade, les habits du malade, lui donne à manger et fait l’hygiène de sa chambre voire nettoie ses déchets quand il vomie ou fait la diarrhée, rappelle madame Zawadi, coordonnatrice du collectif des associations féminines (CAF) dans le grand-Nord de la province du Nord-Kivu. Ainsi, elle reçoit tous les microbes des malades dont elle prend soins. »

Dans le cadre de la maladie à virus Ebola, une maladie à très forte contagion comme le souligne docteur Gaston Tshapenda, la femme est dans une position de vulnérabilité. Elle devient ainsi un vecteur direct de la maladie vers l’enfant. Et oui, c’est bien la femme qui prend soins des enfants. Un papa peut passer une semaine sans qu’il prenne son propre enfant dans ses bras, à moins qu’il ne soit un bébé. Mais un enfant, même de 10 ans, ne s’empêche pas d’embrasser sa mère quand il revient de l’école ou quand elle revient du marché.

Déjà 500 victimes parmi les enfants

Sur les 1 800 victimes d’Ebola à ce jour, environ 500 sont des enfants, annonce les statistiques du ministère de la Santé. Cette énormité ne s’explique pas seulement par le contact avec la mère. L’enfant, par nature, est social et bouillant. Il passe toute sa journée à s’amuser avec ses amis. La plupart des jeux d’enfants se font par un contact physique. Il suffit de les observer durant les 15 minutes que dure la recréation à l’école.

Par nature, aucun enfant n’aime les médicaments. Je me rappelle bien qu’enfants, il suffisait à maman de dire : « Je vais t’accuser chez Mama Kavira » pour que je cesse les bêtises. J’avais plus peur de maman Kavira que de ma mère. Maman Kavira, paix à son âme, était notre infirmière. Sa présence signifiait une piqûre à la fesse. Et ça c’est le pire moment qui soit. Ainsi, aucun enfant, n’ira alerter sa mère qu’il est malade dès les premiers signes de la maladie. L’enfant n’arrête de jouer que quand la force l’abandonne, quand la maladie le cloue au lit. Ainsi, durant une journée ou deux, il aura joué avec ses amis en ayant des maux de têtes et une fièvre débutante.

Dans le cadre de la maladie à virus Ebola, on ne devient contagieux que quand on commence à développer ces signes. Durant ces deux jours, il aura touché ses amis, leur transmettant ainsi la maladie sans le savoir. Un malade innocent qui s’ignore. Et même s’il l’a dit à sa mère. Ce n’est qu’un mot de tête dira la mère en lui donna un paracétamol ou autre. Mais quelques jours plus tard quand la maladie est confirmée, il faudra vacciner tous ses amis.

Le problème, c’est que quand un enfant meurt dans un quartier suivi d’un autre, les femmes disent qu’il y a un sorcier dans le quartier qui mangent leurs enfants. Et le comble, elles interdisent à leurs enfants de se faire vacciner pour plus d’une raison… « Ce vaccin est un poison, rend stérile, c’est Ebola lui-même »…

Pourtant vacciner les contacts de l’enfant mort d’Ebola est le meilleur moyen de couper la chaîne de transmission. Sans cela, ils meurent les uns à la suite des autres…

 

Hervé Mukulu


L’infertilité est un problème de couple à traiter en couple

Jean Simba berce sa fille une semaine après sa naissance, à Kolwezi, province de Lualaba , RD Congo, 2016 © Hervé Mukulu
Jean Simba berce sa fille une semaine après sa naissance, à Kolwezi, province de Lualaba , RD Congo, 2016 © Hervé Mukulu

L’infertilité est un sérieux problème dans les couples. La probabilité d’un divorce est énorme quand le couple n’arrive pas à concevoir. En Afrique, continent le plus touché par l’infertilité, la première année du mariage est scrutée par la famille de l’homme. Il faut impérativement que la femme tombe enceinte. Sinon, la belle-famille menace de trouver une autre femme à leur fils. Soulignons que pour l’Afrique l’infertilité n’est que féminine.

Pourtant, la science démontre qu’il n’y a pas que la femme qui est à l’origine des difficultés de procréation. Dans 40% des cas, l’homme est à l’origine du problème, nous en avons parlé dans un précèdent article. Pour la femme, ce pourcentage s’élève aussi à 40% ; les 20% restants étant des couples où les deux partenaires ont des difficultés. Afin d’éviter cette stigmatisation, une nouvelle approche du traitement de l’infertilité se développe, car dans plusieurs cas l’infertilité peut se soigner.

« On ne peut pas diagnostiquer l’infertilité quand on est célibataire »

Le docteur Muhindo Jérémie, directeur de l’hôpital général de Beni, préfère parler de l’infertilité du couple plutôt que de celle de l’homme ou de la femme « car on ne peut pas diagnostiquer l’infertilité quand on est célibataire. Il faut bien que ça soit un couple pour que le problème se pose. Il arrive souvent qu’une une fois séparé, le couple qui n’a pas pu concevoir durant des longues années aille concevoir chacun avec un autre partenaire. Il existe ainsi certaines incompatibilités qui ne peuvent être imputées ni à l’homme ni à la femme », nous explique-t-il.  Il peut s’agir de l’incompatibilité du groupe sanguin, de l’anémie SS, du caractère génétique…

Le psychologue Achille Mbafumoja ajoute : « Traiter le problème d’infertilité en couple permet de ne pas culpabiliser un seul de deux partenaires. » Ainsi, la thérapie se fait en couple pour étudier toutes les options. Le docteur Willy Ngeleza, médecin de la clinique « La Gracia » à Beni, conclut : « La seule thérapie est de consulter le médecin traitant du couple, car chaque cas a ses particularités. On ne peut donner des principes généraux. Cela peut aggraver le problème. On peut encore moins se fier uniquement à la prière, car Dieu bénit les actions pour dire les soins médicaux. »

Hervé Mukulu


Ebola : pourquoi les échantillons traînent au laboratoire ?

Image d’un laboratoire d’analyse du virus Ebola en projection © Hervé Mukulu
Image d’un laboratoire d’analyse du virus Ebola en projection © Hervé Mukulu

24 heures s’écoulent parfois avant que la famille ne soit fixée sur les analyses du défunt.

Car, afin d’éviter la propagation du virus Ebola, tout corps doit être testé au laboratoire d’analyse pour savoir si le défunt a succombé à cette maladie. Ainsi, la famille est censée appeler les équipes de la réponse à Ebola pour un prélèvement d’échantillon, et attendre les résultats pour enfin procéder à la cérémonie de deuil, si la personne est testée négative.

Si c’est positif, les équipes d’Enterrement Digne et Sécurisé (EDS) se chargent de son enterrement avec assistance d’un membre de la famille.

Néanmoins, c’est le temps que prennent les analyses qui énerve régulièrement la famille. Certaines patientent jusqu’à deux jours avant de pouvoir récupérer le corps testé négatif du membre de la famille. Ce qui crée des altercations.

Mais combien de temps prend une analyse d’un échantillon au laboratoire ? Junior Bulabula, responsable du Laboratoire de Beni répond :

« Une fois que l’échantillon est acheminé au laboratoire, l’analyse prend au maximum trois heures. Mais, si tout va bien, on peut le faire en deux heures. Mais aussi cela dépend des circonstances.  Il arrive que le laboratoire reçoive une centaine d’échantillons à analyser.  Néanmoins, les échantillons prioritaires sont ceux des personnes qui attendent leur déchargement et ceux des décès communautaires, c’est-à-dire les personnes mortes en dehors d’un centre de traitement Ebola.  Ils sont analysés en priorité quel que soit la fille d’attente d’échantillon. Le retard accusé est dû peut être à la transmission des résultats. Nous, dès que le résultat est disponible, il est communiqué, premièrement à la coordination, puis au centre de traitement où le patient est interné. »

Quant au déchargement d’un malade, il faut deux tests au laboratoire en intervalle de 48 heures. Si l’analyse sort négative aujourd’hui, il faut attendre 48 heures pour prélever un autre échantillon pour analyse. S’il est aussi négatif. Alors la personne est déchargée.

Pourquoi ne peut-on pas installer les laboratoires dans centres hospitaliers puisque la population a peur du Centre du Traitement Ebola (CTE) ?

Le laboratoire d’analyse du virus Ebola n’est pas un laboratoire classique. C’est un laboratoire qui exige une rigueur dans la bio analyse. Il y a des mesures préalables qu’il faut prendre en compte. Il demande aussi un espace assez large pour séparer les différentes zones.  Or la plus plupart des centres hospitaliers n’ont pas d’espace souligne Junior Bulabula.  Docteur Gaston Chependa, coordonnateur de la sous-coordination de Beni, ajoute que « c’est un laboratoire qui coûte cher, entre 700 milles et 1 millions de dollars » pour sa mise en place. On ne peut pas en avoir pour chaque centre hospitalier.

Hervé Mukulu


Personne ne nous offrira ni paix ni développement

Le latex d’Hévéas produit à Yangambi en entente d’évacuation vers Kisangani par une barque motorisée, province de la Tshopo, RD Congo© Hervé Mukulu
Le latex d’Hévéas produit à Yangambi en entente d’évacuation vers Kisangani par une barque motorisée, province de la Tshopo, RD Congo© Hervé Mukulu

Le lendemain fut le jour des élections présidentielles et législatives nationales.  Néanmoins, en bon chrétien, le dimanche matin, tout le monde commença à la messe. Tout le monde attendait le dernier mot du Curé sur cette polémique désastreuse qui met le peuple dans l’embarras.  Et le curé donna le mot de passe en deux proverbes à la fin de son homélie :

« Omundu akalya ovwatsumba.» (Une personne mange le foufou qu’elle a pétri. On ne récolte que ce que l’on a semé. » Lorsque quelqu’un vous aide régulièrement, l’une des rare fois qu’il a besoin de vous, vous devez payer votre dette. En moins d’être aussi ingrat qu’un singe. Une fois le succès devient éclatants, les jaloux deviennent nombreux et inventent toute sorte d’histoires pour vous couler. Il faudra être  stupide pour tomber dans leur piège. Je sais que nous sommes largement au-dessus de cette bassesse. La reconnaissance nous a toujours caractérisés.

Ayant dit l’essentiel, le curé se retourna pour rentrer à sa place afin de clore la liturgie. Un pas fait, il se retourne encore vers le pour leur parler.

Néanmoins, j’aimerai attirer votre attention sur une chose. Nous le peuple, nous sommes le levier du développement de notre pays. Un adage nous dit que : «  Le poisson ne commence à pourrir que par la tête ». Mais il est possible de guérir un corps malade en stoppant le pourrissement qui n’a pas encore atteint tout le corps.  Il nous faut appliquer une certaine acupuncture adaptée à notre pays. Je voudrais être franc avec vous. Le Kongo, notre pays est un puits mondial.  Nous devons partir de l’histoire. Au moment du partage de l’Afrique entre les grandes puissances coloniales, aucune puissance n’était prête à laisser cette case d’Ali Bada à une autre. Le malin Roi des Belges ne reçut ce grand pays que puisqu’il promit le ‘libre accès’ aux autres puissances. Ainsi, notre pays devint un puits international. Toutes les puissances pouvaient venir se servir au Congo. Plus d’un siècle plus tard, la donne n’a jamais changé. Le Congo donne toujours solution aux problèmes économiques du monde. C’est l’Hévéa du Congo qui fabriquait des pneus lors de cette découverte qui révolutionna l’automobile. Au détriment des congolais, cet hévéa entraine la coupure de plus de millions des mains des congolais sans compter les morts. C’est l’huile du Congo qui boosta la fabrication du savon d’Unilever. C’est le cuivre et le Cobalt du Congo qui alimentaient  la guerre américaine contre le Vietnam. C’est le Coltan du Congo qui vient d’enrichir la Chine. Et aujourd’hui, c’est l’ère du Cobalt. Le Saint-Gall du siècle. Pensez-vous qu’il y a une puissance prête à laisser la gestion de ce pays à un nationaliste du genre Lumumba qui passera en premier les intérêts du pays ? Pourtant, nous ne pouvons  pas nous résigner fatidiquement, en disant : «  Notre destin est scellé, nous n’y pouvons rien ». Nous devons nous battre tout en sachant que notre combat sera très très très très long. La grande décision que nous devons prendre est d’adapter notre combat à notre situation. Le Mahatma Gandhi et Martin Luther King ont appliqué la « non -violence » et ont obtenu des résultats probants.  Mais quand Mandela a voulu appliquer la même idéologie en Afrique du Sud, il a vite compris qu’il faut s’adapter. Il a ajouté une dose de lutte armée qui a donné ses résultats. Pour notre pays, nous ne devons pas attendre que le développement commence seulement par le Haut. Pour la Présidence, depuis l’indépendance le pays n’est gouverné que par des politiciens sans visions. Pour gérer une telle richesse qu’est le Kongo, il faut quelqu’un qui a l’habitude d’en gérer autant pour qu’il ne tombe pas dans la folie d’une richesse subite. Le Kongo étant un puits des richesses, il faut un businessman chevronné pour pouvoir gérer cet Etat comme une entreprise avec des obligations de résultats. Savez pourquoi les nouveaux riches meurent vite ? C’est puisque d’un jour au lendemain, une fois devenus riches, ils changent complètement de régime alimentaire. Le corps ayant été habitué à un certain repas se trouve complétement déséquilibré et ne sait plus comment fonctionner. C’est aussi valable pour la gestion d’un trésor. Si vous accordez la gestion à un parvenu, tout ce qu’il fera en premier, c’est remplir son vendre. Alors qu’un  monsieur habitué à l’aisance, un sérieux business man ne cherche qu’à fructifier tout ce à quoi il touche.  La nation congolaise est dans le devoir d’être géré par un vrai businessman, qui a un sérieux bagage dans le cerveau, une grande expérience et plein d’honnêteté. J’insiste sur l’honnêteté.  Car certains businessmen ont profité de leurs positions pour se remplir les poches et réapparaitre plus tard comme des agneaux.  Ce genre de loup ne fera que ce qu’il sait faire le mieux. S’enrichir au dépend de tous. Mais celui qui s’est fait tout seul, un self-made-man, qui a géré sa richesse loin des favoritismes saura gérer la nation au profit de tout le monde. Il faut  aussi que le développement  vienne  par le bas. Nous devons nous assurer de voter pour des bons délégués municipaux, des bons conseillers municipaux, députés provinciaux et nationaux. Ces déléguées et conseillers municipaux  qui nous choisirons de bons bourgmestres et Maires. Ces députés qui nous contrôlerons des Gouverneurs et des ministres. Si un Maire est incapable de jeter un pont entre deux quartiers, ce n’est pas un problème d’impérialisme. Si un Gouverneur ne sait évacuer les immondices de la ville,  ce n’est pas un problème d’impérialisme. Si un ministre ne sait assurer l’hygiène des latrines scolaires, ce n’est pas un problème d’impérialisme. Si les fonctionnaires ne sont pas bien payés, ce n’est pas un problème d’impérialisme. Si les cours et tribunaux deviennent le tremplin de la corruption, ce n’est pas la faute à l’impérialisme. Si nous luttons contre la corruption et partageons équitablement les recettes de l’Etat, ce sera un grand pas vers le développement.  Pour ça, votons pour les élus que nous allons contrôler. Que nous pouvons démettre de leurs fonctions s’ils ne remplissent leurs fonctions. Allons voter « utile ».

Un prêche hautement politique qui n’étonna personne. Car la limite entre l’église romaine et la politique n’existe plus dans ce pays. Cette église se veut au milieu du village mais quand le bas peuple est opprimé, elle se bat bec et oncles aux cotés des opprimés comme le recommande le doux Jésus.

Ceci est un extrait du roman « Les damnées d’une démocratie naissante ». Téléchargez le roman sur ce lien


C’est Ça le Congo de Lumumba

 

Le latex d’Hévéas produit à Yangambi en entente d’évacuation vers Kisangani par une barque motorisée, province de la Tshopo, RD Congo© Hervé Mukulu
Le latex d’Hévéas produit à Yangambi en entente d’évacuation vers Kisangani par une barque motorisée, province de la Tshopo, RD Congo© Hervé Mukulu

Près de 60 ans après son pseudo indépendance, la RD Congo courbe encore l’échine. Tarde à relever son front alors qu’il le chante à chaque levée du Soleil, à telle enseigne que la question de savoir si la RD Congo est vraiment indépendante ne se pose plus. Pire, certains récusent déjà  la lutte  de Lumumba lui imputant la souffrance que nous subissons aujourd’hui, pour avoir, supputent-ils, exigé une indépendance hâtive en le comparant à Mandela.

L’éternel gosse.

Imaginez-vous à 60 ans, sous le toit paternel, demandant même du savon à vos vieux parents pour laver votre linge sale. En  moins, que vos ne soyez malade, paralytique, le fait est inimaginable. Mais  tout montre que « C’est ça le Congo ».  Alors qu’aux années 60, il était au même niveau économique que le Canada, aujourd’hui la comparaison est inimaginable par un esprit sain.  Tous les secteurs sont en Etat de délabrement très avancé. La RD Congo est un pays qui vit sous perfusion en faisant seulement des actions d’urgence comme un malade dans les soins intensifs.

Le contexte de l’indépendance politique.

Tout a commencé pendant la deuxième guerre mondiale quand la force publique du Congo belge, une des armées les plus fortes à l’époque en Afrique, est allée prêter main forte aux alliées en Afrique de l’Ouest. Arrivés dans des pays comme le Ghana ou le Nigérian, les soldats Congolais étaient surpris de voir que dans les colonies anglo-saxonnes des noirs assumaient déjà des hautes fonctions dans l’armée tout comme dans l’administration. Que Noirs et blancs pouvaient travailler en collègues et amis, qu’ils pouvaient manger ensemble. Un rêve qui n’était pas sur le point de voir le jour au Congo-Belge.

Au Congo la ségrégation entre Noirs et Blancs était encore la règle d’or. Le Blanc étant pris pour le supérieur et le noir pour un sous homme, presque un animal domestique à élever. Les évoluées (des Noirs vivant à l’européenne)  étaient encore quelques centaines.

C’est au prix des grandes tumultes qu’il eut les premières élections municipales en 58 si pas 59 où Kasavubu fut élu Bourgmestre, le grade le plus haut d’un noir dans l’administration.

Dans une atmosphère pareille où l’on ne voit aucune lueur à l’horizon que doit-on croire ? Qu’un jour le cœur du bourreau s’attendrira pour qu’il vous offre votre liberté ? Utopie. Il n’y a pas autre choix que de se battre pour obtenir que l’on soit seul maitre de son propre destin. C’est dans ce contexte que Lumumba et ses paires nous ont offert l’indépendance, malheureusement, au prix de leurs vies sans qu’ils n’aient eu le temps de faire assoir leur idéologie. Et c’est tout ce que le colon voulait.

En sortant d’une servitude, on  a sérieusement besoins de jouir, pire de prendre la place du bourreau pour se venger.  Le Congolais pensait qu’après l’indépendance il n’aura plus à travailler pour vivre. Et qu’il devra tout recevoir. Commander comme le faisait le colon. En effet, le colon Belge ne prêchait pas par l’exemple. Il se limitait à crier « bande des macaques et des paresseux ! » alors que tout ce qu’il fait se limite à se tenir sur sa canne les rares moments qu’il ne fait pas usage du Kiboko.

Pourtant l’équation était si simple : « La dépendance signifiait travailler pour autrui, l’indépendance  signifie travailler pour soi ». Une conception que nos pères de l’indépendance n’ont pas eu le temps de nous inculquer. Moins de Six mois à la primature.  Très tôt, le pouvoir est tombé entre les mains des opportunistes et des marionnettes. Et je ne pense pas qu’il en soi encore sorti.

Pour ainsi dire que Lumumba nous avait offert l’indépendance politique mais n’avait pas eu le temps  de nous inculquer la notion du travail qui assure la vraie indépendance. Aujourd’hui près de 60 ans après, même cette justification ne tient pas debout car nous avons eu tout le temps pour apprendre de  nos erreurs.

Hervé Mukulu


Le danger des décès communautaires dans la propagation de la Maladie à Virus Ebola.

Les décès communautaires restent un grand facteur dans la persistance et la propagation de la  maladie à virus Ebola.  Ainsi, la population est appelée à acheminer les malades à l’hôpital et surtout  à laisser les équipes d’Enterrement Digne et Sécurisé, EDS,  enterrer ceux qui sont  morts à domicile.

Suivez les explications du Docteur Gaston CHAPENDA, coordonnateur de la sous-coordination de la réponse à Ebola/Beni : «  C’est à partir du moment où la personne commence à présenter les premiers signes que ça soit la fièvre, le maux de tête,  ou autres signes, que la personne devient contaminante. Il faut isoler rapidement la personne de préférence le même jour.  Entre le moment où la personne devient contaminante et sa mort, il se passe environ 10 à 14 jours. C’est pendant cette période que  la personne transmet la maladie aux membres de sa famille et à ses visiteurs. Donc, s’il y a une moyenne de 3 à 5 personnes qui lui rende visite par jour, faites vous-même le calcul par le nombre des jours jusqu’à ce qu’il meurt. Voilà le danger. Sans parler de toutes les pratiques qui se passent lors du deuil : on touche le corps, la toilette du corps, on se côtoie,… sans précaution et c’est justement au cours du deuil qu’il y a multiplication des contacts ».

C’est ainsi que la maladie se propage!

 

 

 

 

 

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Les damnés d’une démocratie naissante

Ce roman est un hymne pour le leadership féminin, un morceau de bois pour allumer le feu de la lutte que même cette gente pour l’égalité des chances dans l’accession aux poste de décisions malgré le poids culturel et religieux.
Ce roman est un hymne pour le leadership féminin, un morceau de bois pour allumer le feu de la lutte que même cette gente pour l’égalité des chances dans l’accession aux poste de décisions malgré le poids culturel et religieux.

 

Découvrez le roman « Les damnés d’une démocratie naissante ». Ce roman est un hymne pour le leadership  féminin, un morceau de bois pour allumer haut la flamme du feu de la lutte que même cette gente pour l’égalité des chances dans l’accession aux postes de décisions malgré le poids culturel et religieux.

Un hymne pour une démocratie adaptée aux réalités de ce pays continent, puits du monde. Car personne n’offrira  ni paix  ni développement, sur un plateau d’argent, à ce peuple. Il faut qu’il se batte bec et oncle afin de trouver des solutions locales.

Un hymne à la démocratie qui doit résoudre les problèmes sociaux au lieu de  servir de tremplin vers la richesse à une fine couche de la population.

Un hymne pour la gestion durable des ressources naturelles notamment la préservation des parcs nationaux menacés de déclassement du patrimoine mondial suite à la dégradation qu’ils subissent de l’homme. Un hymne pour la gestion pacifique de ce conflit entre riverains et gestionnaires du parc.

Tout ça pour répondre à la question : « Quel est le profil d’un vrai élu du peuple ? »

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RD Congo : combattre Ebola à l’ère des réseaux sociaux dans une zone médiatiquement enclavée

Agression d’enterrement digne et sécurisé dans un quartier résidentiel de Beni.
Agression d’enterrement digne et sécurisé dans un quartier résidentiel de Beni.

Le docteur Bathé Ndjoloko a de l’expérience dans la gestion d’épidémies de la maladie à virus Ebola. Coordonnateur de l’équipe qui lutte contre Ebola à Beni, dans le Nord-Kivu, en octobre 2018, il n’a jamais été confronté à autant de problème que dans cette région où les gens sont scotchés aux réseaux sociaux.  Même constat du côté de l’UNICEF. La moindre info circule dans tous les forums WhatsApp et Facebook en un rien de temps donnant ainsi une ampleur disproportionnée à  l’événement. Malheureusement, pour la plupart, ce sont des intox qui anéantissent les efforts consentis. Plus de 8 mois plus tard, le Ministère de la Santé avoue qu’il n’y a toujours pas une stratégie spécifique pour combattre les intox sur les réseaux sociaux dans la région. 

Dans cette région où sévit, depuis août 2018, la dixième épidémie de la MVE en RD Congo, les équipes du ministère de la santé et ses partenaires ont sérieusement du mal à mettre fin à cette maladie. Partie d’une seule cité, Mangina, à 30 km de la ville de Beni, aujourd’hui, 8 mois plus part, elle est cartographiée dans 25 agglomérations partagées entre la province du Nord-Kivu et la province voisine de l’Ituri.

Pour plus d’une raison

La résistance et méfiance ont atteint le comble en ville de Butembo où, pour plus d’une raison, certaines couches de la population demandent aux humanitaires d’évacuer la zone. Plus grave, ces sont des miliciens maï-maï qui brûlent les centres de traitement d’Ebola et agressent avec des armes à feu les humanitaires dont une de récentes attaques a conduit à la mort d’un médecin expatrié, assassiné en pleine réunion des cadres de la sous-commission de Butembo.

Une des raisons de la résistance reste l’ignorance qui est entretenue par la mauvaise information délibérément propagée. L’outil par excellence pour diffuser la mauvaise information reste les medias sociaux dont les deux plus usuels dans la région sont Facebook et WhatsApp. Ayant pour credo de libéraliser la parole, ces medias permettent de diffuser n’importe quoi en masse. Et pour un peuple qui n’a pas d’autres repères médiatiques que la radio, ils gobent ces informations sans discernement puis que issues de l’internet donc crédibles.

Des villes enclavées médiatiquement

En effet, Butembo, une ville de plus d’une million d’habitants n’a aucune chaîne de télévision. Elle se contente d’une vingtaine des chaines de radio pour la plupart animées par des amateurs sans aucune formation académique sur les medias. Tout comme la ville de Beni.

En guise d’anecdote, Butembo, est une des rares villes où l’on ne se gêne pas de boire son verre chaque soir sur terrasse, dans une alimentation qui n’a même pas d’abonnement d’un bouquet télé. Si les bars ne trouvent pas l’importance d’un abonnement à un bouquet télé, afin de diffuser le match, imaginez alors le sort de la famille à la maison.

Telle une grenouille qui fait sa vie dans un puits ignore tout de l’océan tout en se  croyant le nombril du monde ; dans ces conditions, une grande partie de la population se confie aux réseaux sociaux pour s’informer et sortir du cocon. Malheureusement, sur ces réseaux sans contrôle, tout le monde est libre de publier n’importe quoi.

Des efforts encore insuffisants

Néanmoins, certaines personnes fournissent des efforts pour lutter contre la mauvaise information. Et comme le souligne Jessica Illunga, chargée de communication du ministère de la santé : «  Il y a une veille des réseaux sociaux  pour répertorier les rumeurs afin de donner une réponse adéquate ».  Cela passe aussi par des réponses des experts qu’elles fournie aux acteurs des medias pour répondre à certaines préoccupations de la population. Il existe aussi des forums WhatsApp sérieux comme « Habari Moto Moto » qui se sont donné pour credo de combattre les rumeurs. Le media congolais de Fact-cheking, www.congochek.org publie aussi des messages pour combattre les infox. Néanmoins, il reste beaucoup à faire car le mal est grand.

Des influenceurs.

Une formation des influenceurs et des leaders d’opinion seraient une priorité pour lutter contre les intox sur les réseaux sociaux. En titre d’exemple, me fait remarquer un agent d’un organisme international travaillant avec les medias pour lutter contre Ebola :  « Certains journalistes , bien appréciés dans les radios locales, sont souvent les premiers à partager les rumeurs dans plusieurs groupes des réseaux sociaux prétextant vérifier l’information. Ils prétendent que dans un groupe ou un autre, quelqu’un donnera la bonne réponse. Pourtant, il s’adresserait d’abord aux spécialistes, puis reviendrait dans les réseaux sociaux avec les deux messages, le faux et la bonne réponse ».

D’habitudes, les citoyens lambda sont souples à partager la mauvaise information, comme par instinct. Mais quand la bonne arrive, elle est lue et presque ignorée. Ainsi, les influenceurs doivent aussi être nombreux et présents sur les réseaux pour partager de manière virale les rectificatifs des rumeurs.

 

Hervé Mukulu


J’ai pris du café très noir dans une véranda à Rugetsi

Les hommes du villages partageant du café dans la Véranda à Rugetsi. ©Hervé Mukulu
Les hommes du village partagent du café dans la Véranda, à Rugetsi. ©Hervé Mukulu

Après ma première nuit dans le village de Rugetsi, (dans le secteur Ruwenzori en territoire de Béni, dans la province du Nord-Kivu en RD Congo), mon hôte, Thembo Risasi, me réveilla de très bonne heure. Nous avions passé une nuit presque blanche, mais, malgré cela, à six heures, nous étions déjà en route vers le centre du village. A quelques parcelles du rond-point « Eléphant », nous sommes entrés dans une paillote qui se trouvait au fond d’une parcelle. A ma grande surprise elle était déjà pleine à craquer. Une vingtaine de messieurs se serraient sur des bancs. Au milieu de la paillote, un feu des bois de chauffe avec trois pierres comme piliers. Une cafetière chauffait au dessus.

Du café sans sucre servie dans un gobelet en plastique.Les hommes du villages partageant du café dans la Véranda à Rugetsi. ©Hervé Mukulu
Du café sans sucre servie dans un gobelet en plastique.Les hommes du villages partageant du café dans la Véranda à Rugetsi. ©Hervé Mukulu

La conversation était animée. A peine le café bouilli, tout le monde s’impatientait pour être servi.  Au sol, plusieurs gobelets, en plastiques ou métalliques, qui avaient perdu leurs couleurs originales à force d’être utilisés. Le café fut versé dans chaque gobelet. Celui qui était à côté du serveur se chargeait ensuite de distribuer les verres. Une tasse me fut tendue. Je dois dire que je ne suis pas fan de café, en plus de cela, je savais de quel café il s’agissait, et vu l’état du verre – qui ne me semblait pas du tout propre – , j’avais vraiment une tonne de raisons de refuser ce café. Mais, je sais que refuser ce qui est offert dans une véranda est un signe de manque de respect envers ses hôtes. J’ai donc pris la tasse et, naturellement, je l’ai porté à ma bouche. Oh mon Dieu ! Combien ce fut difficile d’avaler cette première gorgée de café. Du café sans sucre, pas bien moulu, avec des grains dedans, franchement… un goût indescriptible. Je me suis armé de courage et j’ai avalé ma gorgée. Je regardais les autres convives et constatais qu’ils raffolaient de ce café. Certains demandaient même une deuxième tasse. Waouh! Tandis que ceux qui n’avaient pas de tasses récupéraient les tasses de ceux qui venaient d’être servis. On y versait juste un peu d’eau  pour nettoyer le gobelet et le suivant était servi.

 

Après le café, ce fut le tour du thé. Un thé qui n’a de thé que le nom. Et oui, en réalité c’est de la citronnelle mélangée à plusieurs autres feuilles et graines. Sans sucre, il est presque aussi amer que l’aloès verra. Néanmoins, il fut bu avec tout autant d’enthousiasme par les convives de la véranda. Mon voisin me dit alors que ce thé n’était pas uniquement du thé mais un médicament. Ce que l’occident appelle un « supplément alimentaire ». Une fusion qui combat et prévient plusieurs maladies et qui permet de rester en bonne santé.

Cafetière sur le feu de bois dans une véranda à Rugetsi © Hervé Mukulu
Cafetière sur le feu de bois dans une véranda à Rugetsi © Hervé Mukulu

Le social

Mais il n’y pas que  pour le café et le thé que les hommes viennent chaque matin dans cette véranda. Chacun pourrait en fabriquer chez lui. C’est en fait le principal moyen de garder une bonne relation avec les membres du village, et d’être  au courant de ce qui se passe dans le village. Autrement, la plupart du temps, chacun vaque à ses occupations.

Le matin, il est bon de prendre la température du village avant d’aller travailler. Les personnalités du village sont présentes. Ce matin, on présente différents dossiers au chef adjoint du village, ces dossiers sont traités de façon informelle, chacun donne son point de vue. Il n’y pas de décision prise, plutôt des conseils. Tout est convivial dans cette véranda. L’infirmier titulaire de l’unique centre santé du village est l’un des notables les plus respectés. On lui présente aussi les problèmes constatés. Par exemple une plainte selon laquelle ses infirmiers travaillent avec paresse et dénigrent les patients quand il y a une campagne de vaccination ou des soins gratuits subventionnés par l’Etat ou les ONG. Il essaye de défendre ses infirmiers en expliquant que les malades sont nombreux et les infirmiers, humains eux aussi, se fatiguent. Néanmoins, il promet de les interpeller. Ensuite la question des saisons est abordée, pour évoquer les problèmes de cultures. Les perturbations climatiques perturbent les saisons culturales, avec effet néfaste sur la production agricole, et cela laisse tout le monde aux abois. Ensuite, des problèmes bénins comme celui du manque de respect après une soirée arrosée sont évoquées dans une ambiance familiale.

Déjà  7 heures ! Les personnes commencent à se retirer. A 8 heures, il n’y plus que 2 – 3 personnes, qui ne travaillent ce jour-là…

Soulignons que la véranda est un endroit sacré, aucune femme n’y met les pieds. Ce sont donc les hommes eux-mêmes qui s’occupent du feu et de la cuisson du café et du thé.

Hervé Mukulu


« Ebola business », qui en profite ?

Des véhicules stationnés devant les locaux de la sous coordination de la riposte à Beni (Nord-Kivu, RDC). Un véhicule est loué entre 80 et 150$ par jours même si ils passent la majeure partie de la journée au parking. ©Crédit photo : Hervé Mukulu
Des véhicules stationnés devant les locaux de la sous coordination de la riposte à Beni (Nord-Kivu, RDC). Un véhicule est loué entre 80 et 150$ par jour même s’ ils passent la majeure partie de la journée au parking. ©Crédit photo : Hervé Mukulu

La campagne de lutte contre l’épidémie à virus Ebola dans le Nord-Kivu ne cesse de se buter aux résistances de certaines couches de la population locale. La mise en feu de deux centres traitement d’Ebola en ville de Butembo a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les dialogues communautaires organisés autour de ces événements ont montré clairement que la maladie n’est plus le problème. C’est plutôt le traditionnel mobile de toute guerre : « l’argent ».  La population locale soutient l’épidémie d’ebola qui se vit dans la région est un business des étranger pour se faire de l’argent sur leur malheur du moment  que la population de la région n’est pas suffisamment employée malgré l’abondance de la main d’oeuvre et des  différentes ressources locales. Ainsi, ils pensent pas que le ministère de la santé , l’OMS et tous leurs partenaire font tout pour que la maladie persiste pour gagner le plus d’argent possible, souligne un compte-rendu de la société civile de Butembo après un dialogue communautaire. 

Une activité illustre bien ce « Ebola business » : une jeep 4X4 qui sillonne toute la de ville en balançant les chansons de sensibilisation contre Ebola. Elle fait entrer en jeu plusieurs acteurs qui en bénéficient. On peut citer le propriétaire de la jeep qui la met en location, le chauffeur, le mécano qui entretient la jeep, la station-service qui alimente en carburant la jeep et le générateur alimentant les amplificateurs, des baffles posées à l’arrière de la jeep. Les propriétaires de ces instruments de sonorisations. Le DJ qui s’en occupe toute la journée, les musiciens qui ont composés ces chansons, les journalistes qui ont montés les spots, les studios de montage audio. Sans oublier l’agent de la coordination de la riposte contre Ebola qui coordonne cette sensibilisation et fait le rapport à sa hiérarchie. Près d’une dizaine d’acteurs qui dépendent d’une seule activité et qui ne sont que des locaux. Le seul étranger ne pouvant être que l’agent de la coordination.

La question d’Ebola Business fait couler de l’encre et de la salive depuis le début de l’épidémie. Dans un point de presse, le docteur Bathé Ndjoloko Twambwe, directeur général de la Direction générale de la maladie au ministère de la Santé et coordonnateur de la riposte contre cette dixième épidémie de la maladie à virus Ebola, a soulevé la question en se demandant qui profite vraiment de cet « Ebola business » ?

Du commerce local

Le fait que presque tout est acheté localement, en ville de Beni et Butembo, prouve que c’est la population locale qui en bénéficie le plus. En effet, pour les kits d’hygiènes tout est local. En commençant par les planches vendues par un marchant local et travaillées par un menuisier local pour la construction d’un local ou d’une installation de lavage des mains, en passant par les tanks, les cantines et les bassinets achetés dans des magasins locaux pour finir par les savons et désinfectants fabriqués ou vendus localement. Sans oublier l’hygiéniste qui est local.

Pour la centaine d’engins roulants en location par l’équipe, ils appartiennent aux résidents de la région. Le carburant est acheté localement et les chauffeurs sont des locaux. Les appartements en location appartiennent à des hommes d’affaires locaux. La présence de l’équipe en riposte donne un nouveau souffle de vie à certains commerces. Les hôtels qui avaient à peines quatre clients par jour affichent complets depuis plus de 6 mois. Certains n’hésitent pas à créer des nouveaux commerces comme les restaurants de luxe.

En somme, c’est le peuple de la région qui est gagnant. De toute manière, Butembo et Beni sont faites par des marchands et entrepreneurs qui se retrouvent dans cet « Ebola Business ».

Quant à la disparité du traitement du personnel engagé dans la riposte, le Dr Ndjloko Tambwe explique que non seulement la logique l’explique mais aussi et surtout que le barème salarial du ministère de la santé est clair. Le personnel venu de Kinshasa ou de l’étranger ne peut  être traité de la même manière puisqu’ils ne sont pas dans leur milieu de vie. Ils doivent payer tout contrairement aux locaux. Ils ont pris le risque de servir dans un milieu sous conflits armés. Ils sont irremplaçables car personne n’a jamais géré une épidémie à Virus Ebola dans la région.

Mais aussi et surtout, venus pour travailler, pour riposter comme la maladie à Virus Ebola ; il leur a été ajouté une autre tâche, et pas la moindre, celle de former un personnel local. «  Payer, traiter un enseignant et un élève de la même façon est injuste, souligne le Docteur B. Ndjoloko. La plus grande chose dont doit bénéficier le personnel soignant local est la formation. Puisque l’épidémie est endémique à l’Afrique centrale, les meilleurs seront pris comme experts dans les prochaines épidémies et seront bien payés, ajoute-t-il. »

La jeunesse désœuvrée

Ebola n’étant pas qu’une affaire de médecins, la jeunesse désœuvrée, quoique diplômée, réclame à son tour son intégration pour profiter aussi de cette manne financière.

Dans une réunion de sensibilisation organisée à l’hôtel de ville, le maire de Beni, Bwanakawa Nyonyi Masumbuko  a posé une seule question : «  Ebola existe-t-il ou pas ? » Ainsi, il appelait les jeunes à pouvoir  justifier leurs attaques contre les équipes de cette riposte contre Ebola. En fin de compte, les jeunes ont fini par dire qu’ils vont avouer,  qu’ils ne vont  accepter que cette maladie existe que quand ils seront insérés dans l’équipe en riposte.

Pourtant, dans un tweet, le ministère de la Santé de la RDC souligne qu’ « après analyse des effectifs, sur les 3.676 personnes recrutées, 3.575 sont Nande. Seulement 57 experts sont venus de Kinshasa pour former et appuyer les acteurs locaux ». Soulignons que le Nande ou Yira est la tribu majoritaire dans cette partie de la province du Nord-Kivu.

Le business international

Soulignons tout de même le fait que le business international reste dans le vaccin et les médicaments en usage expérimental dans cette épidémie. Car la population souligne qu’il est possible de créer un virus et d’apporter l’antidote pour se faire de l’argent. Et c’est là le gros dudit business, si c’en est un.

Et cette idée ne sortira pas de la tête de ces citoyens du moment que cette équipe aura du mal à communiquer sur les origines de cette maladie, les pourquoi de la non ressemblance de cette maladie par rapport aux précédentes connues dans d’autres régions, et surtout sur la gestion de tout l’argent que les ONG reçoivent des bailleurs de fonds.

Ce sont des villes de commerçants, les magouilles dans la gestion, c’est leur pain quotidien. Ainsi, quand un business implique plus d’un entrepreneur, la transparence dans la gestion est de rigueur.

L’argent devenant ainsi le centre de l’attention, il est clair qu’il faut recadrer les tirs. Car certains sont prêts à tout, même le pire, pour l’argent.


Le pasteur bénira les soins médicaux

Miringi, un village dans une carrière du cuivre et du cobalt dans le Katanga ©crédit photo : Hervé Mukulu
Miringi, un village dans une carrière du cuivre et de cobalt dans le Katanga – crédit photo : Hervé Mukulu

Un souvenir qui renaît grâce à une photo. Lors d’un voyage dans le Tanganyika, à l’est de la RDC, un pasteur me soutient qu’il existe des maladies (choléra,  sida, malaria…) jetées comme un sort par un sorcier et qu’il faut d’abord se rentre chez le pasteur pour une séance de prière avant d’aller à l’hôpital. J’explique que le pasteur pourra prier pour le malade et bénir les soins médicaux sur le lit de l’hôpital, car pour le choléra, par exemple, quelques minutes de retard peuvent couter la vie du malade à cause de la déshydratation du corps. Mais difficile de discuter avec celui qui parle au nom de Dieu devant un auditoire dévot. Éternel débat de savoir à qui revient la priorité entre le médecin et le pasteur dans un contexte où la sorcellerie est une croyance très rependue au Katanga et trop des pasteurs surfent là-dessus. Le mot « buloshi », sorcellerie en français, est sur toutes les lèvres en ville de Lubumbashi même.

Lors d’un très long voyage en bord d’une jeep Land Cruiser de Lubumbashi à Kalemie, soit près de mille kilomètres, la deuxième nuit du voyage, nous décidâmes de nous arrêter vers minuit à une barrière où les gardes avaient déjà allumé un grand feu. En ce mois de juin, il fait très froid dans le Katanga. Nous venions de dépasser la journée la cité lacustre de Pweto, au bord du lac Moero. J’interpelle mes amis pour qu’ils commencent par se laver les mains avant de manger, car nous avons traversé une zone ayant été sous l’épidémie de choléra.

C’est alors que Monsieur Ben, que tout le monde appelle affectueusement « Pasteur », comme c’est ainsi qu’il s’est présenté, m’interpelle en me disant que seule la prière sauve. Car il a délivré plus d’une personne sous l’emprise de choléra de la sorcellerie. « Il arrive qu’un sorcier vous jette le sort du choléra. Vous n’aurez même pas le temps d’arriver à l’hôpital et vous serez déjà mort. C’est pourquoi, il faut voir le pasteur avant pour sauver votre âme », nous exhorte-t-il.

Nous sommes près d’une dizaine autour du feu. La plupart sont d’accord avec le point de vue du pasteur et certains argumentent pour le soutenir, en témoignant d’autres maladies que la médecine n’a pas pu guérir et que seule la prière a guérie. Tout simplement, je leur explique, avec ma connaissance générale dans ce domaine, que le choléra est une maladie qui entraine une déshydratation à grande vitesse du corps par la diarrhée. Alors que l’eau, c’est la vie. Une fois le corps vidé d’eau, le patient meurt. Pourtant, il est possible de sauver le malade si on lui administre une solution saline, comme le recommandent plusieurs spots que les ONG œuvrant dans le domaine de la santé diffusent dans les médias. Si on ne sait pas préparer une solution saline, il faut se précipiter dans la structure sanitaire la plus proche pour que le malade soit pris en charge le plus tôt possible.

Argument contre lequel le pasteur rétorque : « Il faut d’abord se rendre auprès du pasteur, car on ne sait jamais, cela peut être un choléra par sorcellerie que seule la prière peut guérir. » J’explique que le temps que prend la prière, surtout que les pasteurs ne sont jamais avares en paroles, peut être fatale pour le malade. Cela ne coute rien au pasteur de venir voir le malade sur son lit d’hôpital où il pourra prier et pour le malade et pour les soins médicaux qui lui sont administrés.

C’est là que le pasteur se plaint de mon incrédulité, car lui, avec sa longue expérience, il a eu à guérir le sida qui a été jeté comme un sort et surtout, plusieurs fois, la malaria. « La malaria d’un sorcier rend fou », ainsi commence-t-il un autre long prêche-explication des miracles de Dieu à travers l’humble serviteur qu’il est. C’est là que je donne ma langue au chat, comprenant à qui j’ai affaire. Car expliquer que la malaria qui rend fou est la malaria cérébrale qui, par mauvais traitement ou accumulation des germes dans le corps, atteint le cerveau, serait d’une totale inutilité. Le pasteur tient bien son auditoire en laisse.

En effet, la sorcellerie est une croyance très populaire dans le Katanga et un sérieux fonds de commerce pour certains hommes de Dieu. Même sans intention méchante, le terme « buloshi », la sorcellerie en français, intervient couramment dans les conversations des Katangais, particulièrement les Lushois.

Hervé Mukulu


Ebola au pays des créateurs

Malgré plus de 500 morts enregistrés, la lutte contre la dixième épidémie de la maladie à virus Ebola en République Démocratique du Congo se bute à la résistance de la population. Déclarée dans le  Nord-Kivu depuis le 1er août 2018, cette maladie ne fait que gagner du terrain, aidée par la résistance de la population. Cette résistance a plusieurs origines. Une frange de la population continue à croire que cette maladie n’existe pas, surtout des mamans et personnes âgées. Une autre pense que la maladie a été inventée à des fins politiques dont l’élimination d’un peuple opposée farouchement au régime de Kinshasa. Mais aussi, dans le sillage d’une maladie créée de toute pièce, une autre partie de la population (jeunes, chômeurs et entrepreneurs) pense que la maladie à virus Ebola est un business, une « coop » dans le jargon local, signifiant une combine pour se faire de l’argent, peu importe la manière. Nous nous penchons sur ce dernier aspect de cette résistance contre l’épidémie déclarée comme la plus complexe par l’OMS.

Butembo, Beni, des villes des entrepreneurs de l’informel, des entrepreneurs « gagne-petit ». Ils savent créer l’argent là où il n’y en a pas.  S’ils reprochent au ministère de la santé et ses partenaires, les ONG internationales, d’avoir créé « la coop Ebola » ou « Ebola Business » pour se faire de l’argent, je suppose que c’est puisque la création fait partie du mode de vie dans la région. La création, c’est dans le sang. C’est plus fort qu’eux. Ici on crée ou on crève. C’est la seule façon de survivre.

Ainsi, pour une frange des jeunes et des entrepreneurs, l’existence de la maladie n’est plus la question  à se poser ; il faut plutôt créer sa propre porte d’entrée dans la « coop Ebola ». Vue la mobilisation financière internationale, il y a certainement de la manne à ramasser.

Un célèbre acteur disait : « La plus grande arme qui soit au monde, c’est l’idée. Car une idée, une fois plantée dans un cerveau, elle germe, grandit, prend racines et donne des fruits. » Tout est parti d’une figure emblématique de la région qui a jeté dans la mare l’hypothèse de la création d’Ebola par les politiciens pour éliminer la population du Grand-Nord de la province du Nord-Kivu. Thèse confortée par le fait que cette épidémie a été prise comme prétexte pour écarter les populations de la région des élections du 30 décembre 2018 alors que le ministère de la santé disait que toutes les mesures  ont été prises et qu’il n’y avait aucun danger à craindre.

Quand on prend un peu du recul, cette croyance à la création d’Ebola dans un but vénal a ses racines au sein même de la culture de population de la région. On est dans le Grand-Nord de la province du Nord-Kivu. Deux villes, Beni et Butembo, environ 700000 habitants pour Beni et un million d’habitants pour Butembo, mais aucune entreprise capable d’engager 1000 personnes, des services publics inexistants. La quasi-majorité de la population est composée de gagne-petit. Pour s’en sortir dans cette région, il faut être créatif. L’équipe en riposte, composée d’agents du ministère de la santé, d’ONG locales et internationales, avoue qu’après dix épisodes d’Ebola, c’est la première qu’elle est confrontée à une épidémie dans une région avec un si fort dynamisme de la population. Une population débrouillarde et qui se déplace facilement d’une zone à une autre à la recherche d’une manière de gagner la vie.

Ainsi, ce peuple qui est habitué à créer pour survivre est prêt à accepter naturellement l’idée selon laquelle cette épidémie à virus Ebola n’est qu’une création d’autres personnes pour se faire de l’argent sur leur dos. Ce doute gagne de plus en plus toutes les couches sociales, à tel point que certaines en font usage pour créer leur entrée dans la « coop Ebola ».

Qu’elle soit une vraie maladie ou pas, là n’est plus la question. Toute l’attention se focalise sur la mobilisation financière autour de cette riposte. La seule question que l’on pose est : « Comment profiter de cette manne ? »

Les jeunes désœuvrés, dans certains quartiers, n’hésitent pas à caillasser les engins roulants de la riposte. Ils leur reprochent d’engager des expatriés qui sont payés à prix d’or alors qu’eux, diplômés, n’ont pas d’emploi. Un jour, les jeunes d’un quartier où la résistance était chaude à Beni ont été réunis par le maire. A la question de savoir pourquoi ils pensent qu’Ebola n’existe pas, ils ont répondu : « Nous dirons qu’Ebola existe quand nous serons associés dans la coop ». La coop, le maitre mot. Diminutif de « coopération », dans l’acception locale, la coop est toute combine pour gagner de l’argent dans l’informel et parfois dans la magouille. La coop ne se conjugue pas au singulier. Ici, on ne mange pas seul. Sinon vous êtes un sorcier. Une fois que vous avez trouvé un tuyau, il faut initier les autres. Ainsi, ces jeunes s’étonnent que certains mangent seul dans cette coop Ebola où beaucoup pourraient se retrouver. Chacun avec sa miette. Surtout des expatriés qui sont payés cher alors qu’il y a une main d’œuvre locale qui ne demande pas trop.

Dans cette région personne ne te laissera prospérer seul dans un business si petit qu’il soit. Il suffit qu’une jeune fillette commence à vendre ses arachides au coin de la rue. Si elle a des clients, le lendemain prière de repasser par-là. Elles seront cinq. Toutes vendant des arachides.

La question se pose : d oit-on se battre pour le blé ou pour sauver des vies ? C’est dans cette optique du business que certains politiciens n’ont pas hésité à rependre la théorie selon laquelle cette maladie est faite dans les laboratoires, pour se faire une popularité dans leur business qu’est la politique.

Ainsi, je pense que la prise en compte de la culture, de la mentalité du peuple est un pilier essentiel de la lutte contre cette épidémie qui ne fait que gagner du territoire. Car cela permettrait de savoir comment interagir avec les couches sociales et de savoir leurs attentes.

Hervé Mukulu


Beni-Ebola : La résistance contre la campagne Ebola intimement liée la suspicion d’une guerre d’occupation.

 

Dans un quartier de Beni, la population manipule un corps d’une victime d’Ebola après une altercation avec une équipe d’enterrement digne et sécurité (EDS)
Dans un quartier de Beni, la population manipule un corps d’une victime d’Ebola après une altercation avec une équipe d’enterrement digne et sécurité (EDS)

Pour comprendre la résistance qu’oppose la population de Beni face à la campagne d’éradication de l’épidémie de la maladie à virus Ebola, il faudra se mettre dans la peau des habitants de Beni pour comprendre leur état psychique.

Ca fait effectivement quatre ans que la population du Grand-Nord de la province du Nord Kivu se sent pris en étau dans ce qui semble être le dernier virage d’un complot qui ne dit pas son nom.

Quatre ans durant lesquelles plus de 2000 personnes ont été massacrées par armes blanches (machettes, haches, couteaux,…), assassinées par des armes à feu, des personnes kidnappées sans espoir d’être retrouvés et autant des bétails emportés dans les fermes des particuliers sans qu’une bête ne laisse trace ni crotte.

La peur de l’inconnu fatal.

Dans cette peur de l’inconnu, l’armée ayant montré ses limites dans la protection de la population, pire encore, ne fut-ce que dans  d’identification de l’ennemi qui parait comme un monstre à plus d’une tête : tantôt des rebelles ougandais ADF-MTM, des miliciens maï-maï (enfants de la région), des rwandais sans terre. Le tout dans un plan d’occupation des terres par des populations rwandaises, création d’un Etat islamique ou carrément de la balkanisation du pays.

La physiologie nous informe que dans un mécanisme naturel de défense, le corps est sensible à toute information tendant à dissiper ce flou informationnel sur le problème qui l’attaque. Dans ce contexte, l’information négative est la plus réceptive par le corps. Car elle représente toujours une menace à contrer le plus urgemment que possible.

Ce qui justifie la prolifération des informations négatives, dites intox, dans les villes de Beni et Butembo. C’est dans ce contexte que la ville de Beni est sur connectée sur les réseaux sociaux, particulièrement, WhatsApp, pour avoir les nouvelles les plus fraiches à l’instantanée. Cette facilité offerte par l’ère du WhatsApp devient un nouveau défi dans tout ce qui passe dans cette région, y compris la  campagne de lutte contre la maladie à virus Ebola.

En effet, la compagne contre la maladie à virus Ebola n’est pas la première qui subit la résistance même si celle-ci a atteint des proportions insoupçonnables frisant la dérision.

Que ça soit, la distribution des moustiquaires contre la malaria, la vaccination contre la polio, la rougeole,… il y a toujours eu une résistance d’un certain degré. Cette résistance est justifiée en grande partie par les informations ayant lien avec une certaine guerre d’occupation pour installation d’un peuple étranger dans la région après extermination de la population autochtone.

Logiquement, un citoyen de Beni s’imagine mal qu’on déploie assez des moyens financiers pour lutter contre la maladie alors que des personnes se meurent par des armes des guerres sans cause. En toute logique, le citoyen voudrait que tous les moyens soient mis dans le rétablissement de la paix afin qu’il vaque librement à ses occupations qui permettront d’avoir les moyens de se payer les soins. En moins que ces dons n’aient un agenda caché. Pourtant, certaines maladies, dites épidémiologiques, dépassent de loin des considérations nationales pouvant représenter un danger mondial vue la vitesse de sa propagation et sa mortalité.

Au mauvais moment, au mauvais endroit.

La maladie à virus Ebola s’est déclarée dans la région à une période particulière où non seulement les attaques des rebelles atteignent le centre-ville de Beni et de la cité d’Oïcha mais aussi la veille des campagnes électorales où tous les coups sont permis pour gagner le fauteuil.

Des alertes d’une ONG d’Oïcha rapportent que des maisons sont construites dans le Kamango par une ONG internationale pour accueillir les peuples envahisseurs, une zone non accessible par des civiles. Même si cette version est taxée de fausse par la MONUSCO renvoyant les journalistes à Google Earth pour vérifier par eux-mêmes, par-delà l’assurance de l’administrateur du territoire promettant la réouverture de cet axe pour bientôt, cette théorie d’une guerre d’occupation est confortée par l’arrestation, dans les villes de Beni, Butembo et en cité de Kasindi, des plusieurs personnes d’expressions, de tonalité ou de physiologie rwandaise qui disent quitter le territoire de Rutsuru pour la zone sous occupations par des rebelles inconnus. Ces migrants disent souvent répondre à l’appel des leurs conjoints, frères et amis qui leurs demandent de venir cultiver dans ces nouvelles terres d’espoir. Un fait combien étonnant, car on s’y imagine mal que des gens aillent cultiver dans une région abandonnée par des autochtones à l’occupation des rebelles. La seule personne pouvant cultiver avec des rebelles ne pouvant être que leur complice. Néanmoins, des autorités provinciales rassurent souvent que ce sont des congolais et par ce fait, ils ont le droit de circuler librement dans leur pays.

Arme biologique.

Dans cette psychose généralisée d’une guerre d’occupation, il suffit de soupçonner n’importe quelle action, même faite de bonne intention, pour qu’elle soit foncièrement mauvaise. C’est ainsi que des soupçons sur les  dons en médicaments, des vaccins, comme des éléments visant à rendre infécondes toute une communauté afin de favoriser son extermination, devient l’allumette qui met le feu sur le tank de kérosène.

C’est en prenant compte de ces facteurs prépondérant de la compréhension psychique de la population que l’équipe en riposte doit orienter sa communication afin de trouver les mots justes pour se faire comprendre par la population.

Hervé Mukulu


RDC : Comment voter à l’aide de la machine à voter ?

affiches des campagnes des candidats députes nationaux et provinciaux à Beni (Nord-Kivu, RD Congo)
affiches de campagne des candidats députés nationaux et provinciaux à Beni (Nord-Kivu, RD Congo) ©Hervé Mukulu

Des conflits électoraux peuvent pourtant surgir des facteurs qui ne dépendent même pas de la volonté d’un système. Pour pouvoir les éviter il faudra renforcer une éduction électorale à la MAV afin que tout le monde sache comment faire usage de cet outil.

Dans quelques matins, les congolais iront aux urnes (30 Décembre). Et pour la première fois une machine sera utilisée en remplacement des géants bulletins de vote. Malheureusement, cette machine à voter, appelée machine à imprimer par les uns et machine à tricher par les autres, a été au centre d’une vive polémique. A  telle enseigne que même à quelques jours desdites élections, l’usage de cette machine ne faisait pas encore unanimité.

Aujourd’hui que tout le monde est d’accord d’aller aux élections, en date du 30 décembre, avec cette machine, un autre danger guette la population. En effet, l’opposition qui a tout le temps, appelé, le peuple à ne pas utiliser ces machines, voire à les bruler, n’a pas eu le temps de faire une éducation électorale de leurs partisans.

Ce qui s’avère un germe des conflits dans ces élections dont la population est ignorante des normes. En plus d’utiliser une machine à voter, la RD Congo, organise des élections révolutionnaires, digne d’un pays moderne, un pays des alphabétisés. Car pour la première fois, en Afrique, en ma connaissance, trois scrutins vont se tenir en un seul jour.  Autre fois, il fallait chercher le visage de votre candidat sur des bulletins de votes kilométriques. Aujourd’hui, c’est dans un ordinateur en système androïde dit Myru System, qu’il faudra trouver son choix.

Il ne jamais tard pour bien faire les choses. Les partis politiques, les structures de la société civile et la CENI doivent concentrer les quelques jours qui restent à une éducation électorale pour éviter le pire. Car tout est mal parti déjà avec la campagne électorale. Les candidats, durant ce mois de campagne, ne faisaient que demander à leurs électeurs de voter pour un numéro. Pourtant, il fallait bien être concret en informant les électeurs qu’ils y a trois scrutins en seul jour. Ainsi pour pouvoir voter pour moi tel, il faudra d’abord voter pour tel à la présidence, puis moi aux législatives nationales et tel aux législatives provinciales.

Si jamais nos pauvres mamans et grands-parents paysans vont dans l’isoloir avec un seul numéro en mémoire, je paris ma tête, qu’il y a grand risque qu’elles ne s’en sortent pas. Et tout le monde sait qu’un vote bâclé est source des conflits post-électoraux inhérents à l’Afrique.

En vous épargnant de tout le processus, seul devant la machine, dans l’isoloir, l’électeur, a pourtant quelques gestes simples à faire. Il s’agit tout simplement d’introduire le bulletin de vote dans la machine en respectant la direction de la flèche pour que le QR code soit reconnu par la machine. Le canal d’introduction se trouve en centre de la machine par le bas. La machine va absorber le bulletin. Automatiquement, les candidats présidents vont se présenter à l’écran. Pour effectuer votre choix, touchez seulement l’image de votre candidat. Si son image n’est pas là, ne paniquez pas. Il existe un bouton « suivant » dans le coin droit en bas des images. Il vous permet de passer à la deuxième page ainsi de suite jusqu’à ce que vous trouviez votre candidat. Pour les lettrés, un raccourci est offert, il suffit de composer le numéro de votre choix. Un clavier numérique est juste en bas des images.

Une fois le choix du président fait, la machine vous envoie au deuxième scrutin, les législatives nationales et en fin les provinciales. Les trois choix effectués, le bulletin vous est présenté pour un aperçu avant impression. Vous vérifiez si les images sont conformes à vos choix. C’est à ce niveau que vous pouvez faire marche en arrière en annulant si vous vous êtes trompé de numéro.

Une fois que vous avez validé que les images correspondent à vos choix, vous pouvez lancer l’impression sans crainte. L’imprimante thermo-laser de la MAV est un WYSWYG (What You See Is What You Get) pour dire que les images qui seront imprimées sur le bulletin de vote sont celles que vous aurez choisi vous-même. Le même port qui a abordé le bulletin va le recracher et vous vous irez le glisser tranquillement dans l’urne.

Si l’on ne tient pas compte de ces simples règles de jeu, les conflits post-électoraux risquent de ne pas être gérables. Election eza Bitumba te dit HabariRDC

Hervé Mukulu


En République démocratique du Congo, les multinationales emploient des milices armées

Entretenir une milice est devenue la panacée des multinationales pour avoir accès aux ressources minières de République démocratique du Congo (RDC). Ce qui fait qu’elles pullulent dans les carrés miniers. Malheureusement, même dans cette œuvre macabre, la main d’œuvre est congolaise puis que la jeunesse est au chômage. Ça ne coute que deux vielles armes pour contrôler des villages, des carrées miniers et mettre en respect les FARDCs. Mais le cout humain reste énorme : 15 millions des vies.

La théorie générale de la guerre est qu’elle est couteuse. Elle demande des sérieux investissements surtout en armements de pointe pour avoir le dessus sur son adversaire. C’est puisque l’armement coute cher que les armuriers sont des milliardaires depuis la nuit des temps.

Des exploitants artisanaux d'or dans une carrière abandonnée à Kolwezi.
Des exploitants artisanaux d’or dans une carrière abandonnée à Kolwezi.

Cependant, on ne fait pas la guerre pour la guerre. On fait la guerre pour un but précis. Et quelques soit les idéologies qui peuvent motiver les guerriers, le seul vrai but d’une guerre est économique. Conquérir un territoire signifie le contrôler. Et contrôler signifie exploiter. La guerre et  l’idéologie (politique, philosophie, sociologie,..) sont des esclaves de l’économie pure et simplement.

Au Congo RD, on a trouvé un moyen simple de contourner le coup d’une vraie guerre, d’une vraie rébellion : la milice armée.

 

Le raccourci.

Le cas de la RD Congo est particulier. Les économistes véreux ont toutes les bonnes raisons de faire la guerre au Congo. On y trouve tout ce dont on peut rêver pour s’enrichir.

Pour avoir accès à ces énormes richesses, il faut non seulement signer des contrats couteux avec le gouvernement en place mais aussi implanter une usine dont l’équipement n’est pas à la portée de toutes les bourses. Pour se passer de ce cout énorme, les entreprises qui n’ont qu’un seul but (faire des profits), ont trouvé le chemin le plus court : la milice.

Il suffit de deux vieux Kalachnikov et de cinquante hommes pour contrôler plus d’un village et des carrés miniers. Ainsi, on utilise les creuseurs artisanaux pour extraire ces matières précieuses du sol en contrepartie du droit à respirer et quelques centimes en francs congolais (en minuscules). Un pays où plus de 70% de la jeunesse est au chômage quoique bardée des diplômes universitaires, ce n’est pas la main d’œuvre qui manque.

Les multinationales et les puits du Congo.

Vous le savez si bien, vous ne lisez ces lignes que puisque votre téléphone, votre ordinateur utilise le Coltan du Congo. Le cobalt que le Congo possède à près de 80% de la production mondiale est intournable dans le secteur des superalliages (environ 25 % du cobalt mondial est utilisé dans la fabrication de superalliages destinés, en particulier, à la fabrication de réacteurs d’avion et autres types de turbines) et des batteries (environ 10 % du cobalt mondial sont utilisés dans la fabrication de batteries lithium-cobalt).

Pour ne pas citer l’or de l’Ituri, le diamant et l’uranium des Kassaï, le cuivre du Lualaba, le bois de l’Equateur, et j’en passe.

Combien ça coute à Huawei (Chinois), Windows, Apple(Américain), Sonny (Japonais ou Finlandais), Zec, Samsung, et toutes les marques Guangzhou de financer une petite milice et faire des milliards en intérêts sans débourser autant ?

Le cout humain et l’histoire qui se répète.

Malheureusement ce qu’elle coute en termes de vies vaut plus que tout l’argent du monde. Voilà une guerre qui dure depuis une vingtaine d’années et que le monde banalise mais qui a couté la vie à plus de 15 millions d’âmes congolaises.

Une guerre mondiale pour les richesses naturelles se passe au Congo depuis deux décennies et personnes n’en parle. Puisque tous en profitent. Tout comme les  15 millions d’âmes que fit périr le Roi Léopold II dans la récolte d’Hévéas et dont personne ne parlait. La moitié de la population Congolaise d’alors périt puisque l’occident avait besoins d’Hévéas pour fabriquer le pneu. Aujourd’hui l’histoire se répète, petit à petit, et le congolais a une mémoire de poule.

 


10 étapes, 30 photos : l’abattage d’une vache.

Nous sommes à Beni, dans la province du Nord-Kivu, au Nord-Est de la RD Congo. Une ville de près de 370 000 milles habitants selon les dernières statistiques du bureau de l’Etat civil de la Mairie. Nous nous rendons à l’abattoir public, qui abat entre 5 et 25 vaches par jour. La dizaine est atteinte les week-ends (samedi et dimanche) et la vingtaine pour les jours des fêtes (noël, nouvel an, pâques, indépendance, mariages, deuils…). La ville est chrétienne à plus de 80%.

Dans ce billet, je vous présente en images le processus d’abattage d’une vache dans un abattoir municipal. Tout se fait à la main, avec couteaux et machettes, sans la moindre précaution hygiéniques. C’est la normale dans les abattoirs de la RD Congo.

 

[alert type= »warning » dismiss= »no »] Âmes sensibles s’abstenir [/alert]

 

  1. Retirer la vache de l’enclos

Le cheptel à abattre se trouve dans un enclos dans la concession de l’abattoir. Sur la base d’un numéro inscrit sur la bête, elle est repérée par l’équipe et conduite à l’abattoir.

2. Immobiliser la bête

Avec les cordes aux pattes, l’équipe de quatre abatteurs immobilise la bête par des gestes acrobatiques bien maîtrisés.

 

3. L’égorger.

Le couteau doit être bien fin, bien limé. Elle passe sur la gorge d’un seul trait et le sang jaillit comme dans un film gore.

 

4.Recueillir le sang

Ce sang est recueilli par des enfants qui passent toute leurs journées à l’abattoir pour récolter ce sang et voler des petits morceaux de viande en complicité avec les égorgeurs.

Seuls les riches achètent ce sang pour leurs chiens. Mais pour le commun de mortels, c’est un bon repas. Il est bouillit et on y ajoute un peu de sel et d’oignons. Succulent. Mais l’hygiène laisse à désirer… C’est pourquoi bien des familles ne mangent plus ce sang qui vient de l’abattoir.

 

5. Enlever la peau.

On égorge par terre. Cette peau doit être enlevée pour servir de tapis.
Mais c’est aussi un bon menu quand on enlève les poils par les feu du brasier et, après cuisson, on l’ajoute dans du sombré. Délicieux.

C’est ainsi que cette peau a des preneurs, même avant l’abattage de la vache, et ce preneur ira la revendre par petit morceaux.

 

6. Enlever les entrailles

L’estomac et les intestins doivent être enlevés avec précaution pour ne pas salir la viande. Ils sont mis de côté pour être lavé. Quand on achète un kilo à la boucherie, on met un peu de tout (viande avec os, intestins, estomac, foie, poumon) en  petits morceaux. Tout le monde adore les entrailles dans ce coin du monde.

 

7. La cravate

C’est la peau allant de la gorge à la gueule. Elle a un peu plus de viande par rapport à la peau des autres parties. Plus la langue, elle est spéciale. Elle a un prix spécial.

 

8.Couper les pieds

Maintenant, il faut couper les quatre pieds. Ils seront aussi emmenés à côté, pour être vendus par un spécialiste dans cette vente.

 

9. Découper le reste en deux ou quatre grands morceaux

Soit le thorax d’un côté et les deux cuisses arrières de l’autre, soit chaque patte des quatre côtés devient un morceau à part.

 

10.  Le porter jusqu’au stand

La viande est portée jusque dans le hangar de l’abattoir. Les gros morceaux sont ainsi accrochés, pour le plaisir des clients et le festin des mouches.

C’est là que les grossistes et détaillants viennent négocier les kilos à acheter. La viande est découpée en petits morceaux, selon les kilos commandés sur cet étalage crasseux.


A Beni, les militaires vendent leurs rations à la population.

A Beni, la troisième ville de la province du Nord-Kivu à l’Est de la RD Congo, les produits alimentaires faisant partie de la ration des militaires dans cette base opérationnelle se retrouvent sur les stands des commerçants. Pourtant ces produits sont interdits de vente.

Depuis plus d’une année, les Forces Armées  de la République Démocratique du Congo mènent des opérations militaires de grande envergure contre les milices rebelles étrangères et nationales (ADF/Nalu, May may,…) qui commettaient  des massacres sur les populations civiles jusqu’ au début de cette année. Opération ‘Sokola’.

Pour leurs rations, les militaires sont dotés en vivres qui ne peuvent être commercialisé. Ces sont des concentrés adaptés à la nutrition d’un militaire en opération. Malheureusement quand on fait le tour des boutiques et alimentations à Matonge (le quartier chaud de Beni) les produits faisant parties de la ration des militaires occupent une proportion non négligeable sur les stands.

La situation est la même dans les quartiers résidentielles où dans certaines parcelles les mêmes produits sont exposés à la vente. Alors que dans les boutiques et alimentations la vente est faite par des commerçants ; dans les quartiers, c’est par les épouses des militaires ou leurs proches.

Ces produits sont si distinctifs qu’on ne peut les confondre avec les autres produits à part le riz. Il s’agit des certaines marque des haricots, de farine de maïs qui sont proposés dans de sacs de 5, 10, 25 Kg et plus ; des boites de conserves contenants de petits poids, des accessoires comme les sucres, le thé,… qui se vendent à la vue et au su de tous malgré l’interdiction. Le riz qui est une dotation de la Mission d’Observation des Nations Unies au Congo des est le même que celui qui se trouve sur le marché. LA MONUSCO l’achète en Uganda, un pays voisin, pour le distribuer au militaire.

Les fournisseurs.

Chaque commerçants a son fournisseur qu’il n’est sensé dévoiler sous aucun prétexte. Comme le journaliste doit garder l’anonymat de sa source au prix de vie, le commerçant garde ainsi la discrétion sur son fournisseur. En contrepartie, le fournisseur lui assure sa protection. Et si par malheur, il est arrêté, son fournisseur l’en sortiras sans qu’il ait subi aucun préjudice. Ce qui veut dire qu’il doit être un haut gradé pour pouvoir s’imposer.

Selon  les indiscrétions d’un commerçant, il révèle que chaque bataillon a son S4, il se peut ça soit celui chargé de la logistique et du ravitaillement. Il reçoit ainsi la quantité affectée à son bataillon. Sur ordre du commandant du bataillon, il prélève une partie de la ration qu’il va vendre pour résoudre certains besoins urgents dont la hiérarchie n’a pas encore envoyé l’argent ou n’a en pas envoyé suffisamment tel que le carburant, les réparations  des engins et surtout, la bière à volonté.

Ainsi, à chaque niveau  hiérarchique, un S4 prélève une portion de la ration qui  est vendue à un commerçant en lui assurant une protection contre toute poursuite. A la fin de la chaine, le militaire aussi, pour nouer les deux bouts du mois, il vend une portion de ce qu’il reçoit. C’est pourquoi même au camp militaire de l’OZACAF/Beni certains cartons sont exposés en attente des clients. De toute façon, sans des condiments supplémentaires ces aliments n’ont pas de gout. Il peut en vendre une portion soit  pour trouver les frais des condiments ou acheter la nourriture locale.

Belle affaires car moins cher.

Ces produits alimentaires à bon marché sont une manne qui tombe du ciel pour les commerçants. Ils les rachètent pour près de la moitié du prix de mêmes quantités que l’on retrouve sur le marché. La qualité n’est pas la même ni le gout non plus. Mais en temps de disette, seul le prix compte pour l’achat d’un produit : « Nous vivons des situations de crise. L’argent ne circule pas. Et avec le peu que l’on a, on ne peut se procurer qu’une certaine quantité des produits militaires qui sont les moins chers du marché, justifie une maman  enseignante responsable d’un foyer de 7 bouches à nourrir avec un salaire de moins de 100.000 Fc et surtout pas régulier ».

Pour certains, les jeunes célibataires surtout, c’est question de temps : « Les produits des militaires sont de conserves donc déjà cuits. Il suffit de le chauffer, d’ajouter un peu de condiments et vous avez un bon plat dans moins de cinq minutes, justifie Jimmy, un jeune entrepreneur célibataire devant un plat de petits poids et riz ‘made Sokola’ »

La situation sécuritaire.

La population de cette région est à plus de 70% agricultrice. Elle ne survie que grâce à l’entretien des cultures vivrières sur quelques parcelles dans les milieux environnant de la ville.  Mais depuis plus d’une année il est devenu impossible d’accéder aux champs avec la situation des massacres des civiles et l’installation des milices dans la brousse.

En effet, tout le long du deuxième semestre de 2016, des inciviques pas encore véritablement identifiés ont sévit dans les villages du territoire de Beni. Ils massacraient à la machette et à la hache des populations dans les villages qu’ils attaquaient la nuit jusque dans la cité de OICHA et aux portes de la ville de Beni. Plus 1500 morts ont été comptabilisés par les organisations de la société civile. Ainsi les villages se sont vidés pour se déverser en ville de Beni et dans la cité d’OICHA.

Alors que ce sont ces villages qui ravitaillent la ville  en denrées alimentaires, il y a eu une flambée des prix des produits vivriers vue leurs raretés.

La ration militaire est devenue par ricochet un palliatif surtout que les militaires rabaissent le prix  en voulant écouler le stock le plus vite que possible.

C’est ainsi que ces produits se vendent comme des cacahouètes à la cour de recrée. Un commerçant informe qu’il peut vendre  par exemple 20 sacs de riz en une tout comme en deux semaines.

Matonge,la place chaude de Beni

 

Post scriptum : Je ne puis me résoudre à me rendre à l’Etat-major pour me renseigner sur cette question. Certains amis me préviennent qu’ils peuvent être aussi bienveillants qu’intransigeant. Surtout qu’il s’agit d’un sujet sensible. Le risque de passer quelques jours en cachot pour en sortir moyennant une forte rançon.