Jean Marc YAO

L’Afrique et sa culture du bouc émissaire

Avez-vous lu cet article du 20 février dernier? Eh bien, il y a des textes que l’on écrit de façon désinvolte, juste pour exprimer une idée qui traverse l’esprit. A l’auteur, ces textes ne semblent même pas avoir grand intérêt, si bien qu’il ne les publie qu’après moult hésitations. L’article du 20 février est un texte de ce genre.

Seulement voilà : cet article fait un véritable tabac, tant les commentaires continuent de fuser dans ma boîte à messagerie. La plupart de ces commentaires approuvent l’idée générale de l’article, à savoir que les guerres africaines sont généralement le fait de puissances étrangères. D’autres commentaires, par contre, me semblent assez cocasses puisque l’on m’y traite presque de suppôt de l’Occident à cause de la pointe ironique par laquelle l’article s’achève. Enfin, l’article a eu droit à certains commentaires d’une profondeur admirable, sans doute exprimés par des esprits aiguisés. Cette dernière catégorie de commentaires me reproche essentiellement de ne voir que le rôle de la Russie dans le drame ukrainien, et donc de ne pas aussi indexer l’Occident qui serait en réalité le vrai responsable de la crise de Crimée. Soit !

Toutefois, il y a un fait qui me surprend par-dessus tout. C’est que je n’ai reçu aucun commentaire me rLe continent africain (Image Wikipédia)eprochant de voir les puissances étrangères comme responsables des guerres africaines. Ce manque de réaction sur ce point, dénote exactement le caractère de ceux qui ne vont jamais changer. Un caractère très commun aux Africains. C’est ce que j’appelle la culture du bouc-émissaire.

En effet, ceux qui ne vont jamais changer ne se sentent jamais responsables de leurs maux. Pour eux, « l’enfer, c’est (toujours) les autres ». Si eux-mêmes ne se sentent responsables de rien, n’est-ce pas là le signe qu’ils sont tout simplement irresponsables ? D’ailleurs, au fond, n’est-on pas plus intelligent que ceux que l’on est capable de manipuler à sa guise au point de les amener à se faire la guerre ? La preuve, les enfants aiment à jouer à ce jeu qui consiste à dresser leurs petits frères les uns contre les autres juste pour le plaisir de les voir se bagarrer. Et, les instigateurs de la bagarre ne parviennent à leur fin que dans la mesure où les protagonistes sont plus petits qu’eux.

Voici ce que je veux signifier en filigrane : en trouvant les responsables des malheurs des Africains ailleurs qu’en les Africains eux-mêmes, l’on risque de conforter ces théories racistes qui veulent que le Noir soit la race inférieure. Si les Africains se font la guerre parce qu’ils sont manipulés par d’autres, cela ne signifierait pas, en effet, que ceux qui les manipulent sont supérieurs à eux ?

Telle est une des conséquences logiques de la culture du bouc émissaire que beaucoup d’Africains ont en partage. Cette culture est contre productive. Il faut donc y l’abandonner en sachant assumer ses responsabilités.

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L’Ukraine ou la guerre qui réhabilite un peu l’Afrique

Le leader des séparatistes ukrainiens (Photo crédit)On le sait, vue du reste du monde, en plus du soleil et de la pauvreté, la guerre est l’autre stéréotype solidement attaché à l’Afrique. Cela est d’ailleurs assez logique dans la mesure où, généralement, les médias internationaux ne savent parler du continent noir que pour évoquer des situations de guerres. Et, ce qu’il y a de remarquable, c’est que ces guerres sont bien souvent internes aux Etats. En effet, l’Afrique est rarement le théâtre de guerre entre pays.

Les peuples africains sont alors copieusement incriminés, dédaigneusement présentés comme ayant un déficit de civilisation humaine, puisqu’étant incapables d’un vivre ensemble pacifié. Voilà alors assez d’eau pour alimenter le moulin de la théorie du bonobo plus ou moins intelligent que serait le nègre. Les Africains eux-mêmes n’évoquent pas ces guerres intempestives, dont leur continent est le théâtre depuis des décennies, sans avoir une espèce de honte.

Mais, depuis un an aujourd’hui, très loin du grand soleil d’Afrique, les Ukrainiens se font malheureusement une guerre qui ressemble traits pour traits aux guerres auxquelles les Africains sont maintenant accoutumés. Effectivement, la guerre d’Ukraine à tous les ingrédients des guerres d’Afrique. Elle met en évidence le fait que les guerres internes aux petits Etats sont bien souvent le fait des grandes puissances. Ainsi, s’il ne vient à l’esprit de personne de penser que les Ukrainiens sont des sauvages, c’est parce que les médias  occidentaux ont su montrer, cette fois, que la guerre d’Ukraine était organisée de main de maître par une puissance extérieure, à savoir la Russie.

Ce qui se manifeste en Ukraine est ce qui se passe en réalité dans les innombrables guerres africaines. Aussi, le reste du monde devrait-il comprendre que si l’Afrique abonde de guerres, ce n’est nullement preuve de sauvagerie. Cela est seulement dû au fait que ce continent est toujours sous influence des puissances qui se sont partagé le monde. Ces dernières parviennent à donner des apparences de guerres locales à leurs forfaits en trouvant facilement des pantins à manipuler. Le zèle des séparatistes ukrainiens le prouve parfaitement.

Quoi ? Toi le nègre, cette conclusion te satisfait-elle ? Si oui, alors tu es encore plus à plaindre qu’on ne le pense, car tu es tellement malheureux qu’il n’y a que le malheur des autres qui te soulage un peu.

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Côte d’Ivoire : l’émergence a-vélo

La Côte d’Ivoire ambitionne être un pays émergent à l’horizon 2020. Dans cette optique, l’Etat s’est lancé dans une politique de développement tous azimuts des infrastructures. Parmi celles-ci, les infrastructures routières figurent en très bonne place. En effet, actuellement en Côte d’Ivoire, routes, autoroutes, ponts et chaussées poussent comme des champignons. Hélas, il y a quelque chose de capital qui manque à cette boulimie infrastructurelle, et personne ne semble s’en émouvoir. Ce qui manque, c’est ce qui se trouve dans toutes les grandes métropoles du monde : des pistes cyclables.

En effet, aucune ville de Côte d’Ivoire ne peut se vanter d’avoir aménagé de telles pistes. Alors, voulez-vous vous déplacer à vélo? Eh bien, vous serez obligé d’emprunter la pleine chaussée ou pis, les autoroutes urbaines. Et là, bienvenus les dégâts, car les « gbakas », ces véhicules de transport en commun champions du monde de l’indiscipline routière, vous risquez de les prendre dans le derrière. C’est pourquoi, jusqu’à présent, le « a » de l’émergence a-vélo est privatif.

Il est donc clair que l’Etat doit songer à aménager des pistes cyclables, car l’usage du vélo est à encourager, bus et autres moyens de transport en commun n’arrivant pas à satisfaire la demande. Alors vivement qu’on s’y mette ; l’émergence le recommande.

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Côte d’Ivoire : ce ciment nommé Éléphants!

Le peuple de Côte d'Ivoire accueillant ces héros.
Le peuple de Côte d’Ivoire accueillant ces héros.

Ici en Côte d’Ivoire, s’il y a une chose qui réussi à rassembler les Ivoiriens, c’est bien l’équipe nationale, les Éléphants de Côte d’Ivoire. Cela, nous avons pu le constater encore lors de cette CAN 2015. On a vu à quel point le peuple ivoirien avait soif de retrouvailles, combien il avait besoin de quelque chose pour se retrouver et savourer la vie. Cette chose, les Éléphants ont su la donner. Ils ont réussi en quelques semaines, et peut-être pour quelques jours seulement, à faire ce que le gouvernement et les institutions créées à cet effet n’ont pas réussir à faire : réconcilier les Ivoiriens.

Le chef de l’Etat n’a pas manqué de relevé, avec humilité, toute la leçon que les Éléphants donnait à la classe politique ivoirienne. C’est de bonne guerre, et il faut reconnaître que son discours a été celui d’un homme d’Etat, c’est-à-dire de quelqu’un qui ne se voulait pas sectaire mais rassembleur. Rassembler, se rassembler, c’est vraiment ce qu’il faut à la Côte d’Ivoire, car manifestement, le destin de notre pays est d’être une terre de joie et non de désarroi.

On sait que la réconciliation ne se décrète pas. Et, l’on avait déjà constaté que chacun veillait désormais sur sa langue, de sorte à ne pas offenser son compatriote avec des satanés de discours politiciens diviseurs. Beaucoup semblent avoir compris que la crise que nous avons connue avait été un grand gâchis. Bref, les Ivoiriens étaient déjà en train de se réconcilier eux-mêmes. La maison commune, la Côte d’Ivoire ayant été sérieusement ébranlée, il fallait trouver du rare ciment pour aider à colmater les brèches. Les Éléphants ont su être ce ciment. Ils sont ainsi des artisans de paix. Ils nous font croire à nouveau à la possibilité de revivre pour longtemps ce droit fondamental de l’homme qu’est la paix.

Merci les Éléphants ! Car, qu’il est bon pour des compatriotes d’être ensemble.

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Ne faudrait-il pas aussi sermonner le provocateur Charlie? (Suite et fin)

Lire la Première Partie ici.

Avec la Une de son premier numéro après l’attentat dont il a été victime, l’on constate que Charlie n’a pas changé, et que, manifestement, Charlie ne va pas changer. En effet, il est reparti de plus bel avec une caricature du Prophète Mahomet. Mais, cette Une, au fond,  ne relèverait-elle pas moins de la caricature satirique que de la provocation puérile, c’est-à-dire de ce réflexe de l’enfance rebelle consistant à s’entêter dans l’interdit ? Cette seconde éventualité signifierait que Charlie n’est pas véritablement guidé par la liberté d’expression, mais qu’il est plutôt aliéné ; car l’aliéné, c’est justement celui dont l’agir est fonction du regard d’un tiers.

A penser de plus près cette liberté d’expression même qu’on agite comme principe irréfragable, ces questions viennent à l’esprit :

–         Pourquoi s’émeut-on quand le polémiste Dieudonné fait des représentations jugées antisémites ?

–         Pourquoi veut-on traîner  des journaux devant les tribunaux quand ils traitent Christiane Taubira de singe ?

Il est même socialement correct de s’indigner quand dans les stades quelqu’un soulève ne serait-ce qu’une banane. Aujourd’hui, on s’offusque même, et c’est de bonne guerre, quand des médias révèlent l’homosexualité d’un politique. Or là, il ne s’agit que d’humains, c’est-à-dire d’êtres qui ne sont fondateurs d’aucune religion. Acceptons volontiers que le véritable principe de la laïcité soit que l’Homme soit plus sacré que Dieu. Mais justement, si l’on respecte l’homme-musulman de la même manière que l’homme- juif et l’homme-noir (ainsi que l’on le fait croire), pourquoi ne pas respecter au moins sa foi ? Et tenons nous bien, respecter sa foi ne signifierait pas d’abord respecter son Prophète, mais le musulman lui-même non pas pour sa religion, mais parce qu’il est une personne humaine. Comment, en effet, pourrait-on respecter quelqu’un sans au moins respecter ce en quoi il croit ?

Voici ce même raisonnement présenté de façon schématique, pour être un peu plus clair :

–         Il y a à respecter les musulmans parce que respecter tous les hommes est un principe absolu du niveau de civilisation actuellement atteint par l’humanité.

–         Or, respecter quelqu’un, c’est, avant et après tout, respecter sa foi.

–         Conclusion : il faut donc respecter le Prophète Mahomet pour respecter non pas forcément le musulman, mais celui qui fonde sa foi en l’islam parce que c’est un homme avant tout. (Je sais que ma pensée est subtile, mais je ne parviens pas à être plus explicite).

De cette manière, l’on reste logique avec soi-même puisque l’on a proclamé qu’il n’y a que les hommes qui comptent, eux que l’on a mis au dessus de Dieu. C’est pourquoi, bien que condamnant avec fermeté le terrorisme islamiste, il est bon d’interpeller, un tant soit peu, Charlie Hebdo sur le respect des convictions religieuses des uns et des autres.

Voici un exemple de tolérance en la matière. Savez-vous que suivant l’indice de diversité religieuse de l’Institut de Recherche Pew, la Côte d’Ivoire est classée au 7è rang mondial ? A Abidjan, voyez ce qui se passe quotidiennement d’une façon totalement banale : il arrive souvent qu’églises, mosquées, bars et autres endroits mondains se retrouvent dans une promiscuité incroyable. Savez-vous comment ils parviennent à cohabiter  sans heurts majeurs ? Eh bien, au moment de la prière de l’un (mêmes des adeptes de Bacchus), les autres font l’effort d’être les plus silencieux possibles. En le faisant, personne ne se renie. Peut-être même que chacun ne se fout pas mal du Dieu de l’autre, mais au moins en s’effaçant pour laisser l’autre pratiquer sa religion, chacun montre qu’il a un profond respect pour son prochain qui est embarqué avec lui dans cette aventure qu’est la vie. C’est vraiment à méditer…


Ne faudrait-il pas aussi sermonner le provocateur Charlie ?

L’attentat dont a été victime Charlie Hebdo le 7 janvier 2014 reste vivace dans les esprits. Pourtant, malgré l’émotion encore vive, il convient de penser profondément le problème. Par problème, il ne faudrait pas seulement voir l’acte ignoble des frères Kouachi et de leur affidé Amédy Couliblay, mais aussi peut-être la ligne éditoriale de Charlie Hebdo.

Avant de poursuivre, il convient d’affirmer avec force cette vérité indéniable : le terrorisme est abominable. L’islamisme, l’idéologie intégriste qui bien souvent sous-tend aujourd’hui ce terrorisme, est condamnable en tout point. D’ailleurs, maints lecteurs du Coran, profonds doctes de la loi d’Allah que ce Livre saint enseigne, aiment à préciser que les agissements des islamistes sont une perversion de la doctrine de l’islam. C’est donc clair : les islamistes se parent du manteau de la religion d’Allah comme d’un déguisement ; à l’instar de ces bandits qui se déguisent en nones pour ensuite aller cambrioler les couvents. L’exemple de ce qu’a vécu le Mali est d’ailleurs fort éloquent. En effet, ceux qui s’y faisaient passer pour combattants de la cause de l’islam se sont révélés être en réalité de redoutables narcotrafiquants ayant même réussi l’exploit de faire atterrir un avion en plein désert pour une livraison de cocaïne provenant d’Amérique latine.

Il est possible de multiplier les exemples à n’en point finir pour montrer que les terroristes islamistes sont des escrocs de la foi. Mais, l’humanité sait déjà cela que trop bien. Il est peut-être temps de se tourner, un tant soit peu, vers le gentil de la tragédie du 7 janvier 2015 : Charlie. Plus précisément, il s’agit d’analyser l’attitude de l’hebdomadaire martyre à la mesure de la réaction démesurée, celle de fous, qu’elle a pu provoquer.

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Le CEFCI commence à préparer les élections générales

Directrice Exécutive de la CEFCI
Directrice Exécutive de la CEFCI

Les 15 et 16 janvier 2015, à partir de 10 h, le Centre Féminin pour la démocratie et les droits humains en Côte d’Ivoire (CEFCI) organise un séminaire de formation des leaders de la société civile et de jeunes des partis politiques pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire.

Le CERAO aux 2 plateaux-Aghien héberge ce séminaire qui s’inscrit dans le cadre d’un projet d’appui à l’implication et la participation des femmes et des jeunes au processus électoral en Côte d’Ivoire.

Le projet est financé par la fondation NED  (National Endowment for Democraty). Il sera exécuté dans les localités d’Abobo et de Divo.

Des élections générales sont prévues en Côte d’Ivoire à partir d’octobre 2015.


Côte d’Ivoire: Et voilà la 2è session du Forum des droits de l’Homme

 

C’est ce jeudi 15 janvier 2015, au siège de l’ONG Transparency Justice, qu’a lieu la 2è session du Forum des droits de l’homme. 5 points sont à l’ordre du jour de cette rencontre entre acteurs des droits humains en Côte d’Ivoire :

 

  1. Lecture des termes de référence du forum des droits de l’homme ;

 

  1. Lecture et adoption du compte-rendu de la 1ère session du forum du 13 novembre 2014 ;

 

  1. Discussion et adoption des termes de référence de l’observatoire des droits de l’homme pour les élections de 2015 ;

 

  1. Echanges sur la situation des droits de l’homme ;

 

  1. Divers

 

Ce forum émane de la volonté de la société civile ivoirienne d’avoir un cadre d’échanges et de concertation permanents. La première session du forum des droits de l’homme a eu lieu le 13 novembre 2014.

 


Côte d’Ivoire : voici un bon moyen pour avoir l’eau potable (2)

Ceci dit, l’interrogation suivante persiste : pourquoi est-ce seulement en 2010 que l’on fît de l’accès à l’eau potable un droit fondamental explicite, comme si c’est à partir de ce moment-là que l’on se rendît compte de sa nécessité absolue ? Pour trouver réponse à cette interrogation logique, suivons l’indice que donne un sage qui dit ceci : « l’eau, nous n’en voyons l’importance que lorsque les puits sont secs. ». La raréfaction croissante de cette ressource naturelle serait donc la motivation de la résolution A/64/L.63/Rev.1. On peut effectivement le supposer quand on s’en tient aux propos du représentant du Yémen qui, lors des débats précédant le vote, avait parlé de l’eau comme du « pétrole du siècle de la soif que sera le XXI siècle ».

Le droit à l’eau potable reconnait précisément à toute personne, « quel que soit son niveau économique, de disposer d’une quantité minimale d’eau de bonne qualité qui soit suffisante pour la vie et la santé ». L’Etat de Côte d’ivoire semble en avoir déjà pris conscience, lui qui a promis résorber les pénuries  d’eau dans le District d’Abidjan, et fournir gratuitement l’eau potable dans les zones rurales. Le chef de l’Etat  l’a dit dans sa dernière allocution  : les grands travaux lancés il y a quelques années  pour palier le problème seront livrés à la fin de ce mois de janvier 2015.

Pour aller droit au but, autant dire tout de suite que l’intention du présent billet n’est pas d’interpeller l’Etat sur la problématique de l’accès à l’eau potable en Côte d’ivoire. Dans la mesure où les tenants actuels de l’exécutif ivoiriens semblent avoir pris le problème à bras le corps, ce serait comme prêcher à des gens déjà convertis que de s’adresser à eux. Ceux dont je veux attirer l’attention, ce sont les populations que nous sommes.

Pourquoi les populations, pourrait-on demander en toute légitimité ? Ici, l’énoncé de la résolution en question apporte la meilleure réponse possible. Dans le rapport final de l’Assemblée Générale des Nations Unies, cette résolution s’énonce comme suit : « Résolution sur l’accès à l’eau potable et à l’assainissement ». L’assainissement : c’est bien à cela encore que l’accès à l’eau potable ramène, puisque toute eau à l’environnement pour source. Nous voici ainsi conduits à la question de l’insalubrité. Et, c’est sur ce point que je veux interpeller mes concitoyens, car celle dont nous faisons preuve, ici en Côte d’ivoire, ne favorise pas notre propre accès à l’eau, cette nécessité absolue pour la bonne santé. Il n’y a qu’à faire un petit tour dans n’importe quelle contrée du pays pour voir à quel point nous polluons l’eau autour de nous. L’exemple de la lagune Ebrié, étendue d’eau extrêmement polluée en plein cœur d’Abidjan, est comme une vitrine où est exhibée cette réalité ivoirienne. Savons-nous que ces nombreux cours d’eau érigés en dépotoirs sont autant de puits asséchés de notre fait. Si donc nous faisons l’effort de respecter ne serait-ce que ce seul droit humain qu’est le droit à un environnement sain, nous améliorerions incontestablement notre accès à l’eau potable.

Il est vrai que, depuis peu, l’Etat a manifestement fait de la salubrité urbaine l’un de ces soucis majeurs. L’opération pays propre s’inscrivait bien dans cette logique ; opération au cours de laquelle les installations anarchiques étaient démantelées, les égouts curés, les rues balayées. Cependant cette méthode a vite montré ses limites, l’insalubrité reprenant de plus bel aussitôt les machines éteintes. Aussi, pour parvenir à un environnement sain, faudrait-il une autre approche : l’éducation. C’est ici que je veux m’adresser à l’Etat, puisqu’enfin de compte, c’est lui qui l’obligation de mettre en oeuvre les droits humains.

Certes, tout se passe comme si les pollueurs de l’environnement avaient l’incivisme dans le sang, et que leur attitude était ainsi la manifestation de leur seconde nature. Bref, les mauvaises habitudes ayant la peau dure, il est difficile de changer leur relation à la chose publique. Toutefois, sur le plan culturel, qu’est-ce qui est impossible à l’éducation. « L’éducation peut tout, elle fait danser les ours. », dit Leibniz. Pas question ici de ces campagnes publicitaires lapidaires qui ne touchent pas plus de monde que les panneaux sur lesquels les affiches sont placardées. Ici, il est question d’éducation véritable, cette œuvre patiente et de longue haleine qui fait Homme. L’éducation : c’est bien à cela qu’il convient de s’acharner sans relâche pour assainir l’environnement. C’est Leibniz qui dit encore que « celui qui se rend maitre de l’éducation peut changer la face du monde ». Est ainsi tissé un lien entre environnement et éducation. L’environnement  étant lié à l’accès à l’eau potable, le lien de celle-ci à l’éducation ressort de la simple logique, car l’assainissement de l’environnement par quoi cet accès passe ne peut être durablement atteint qu’en éduquant les populations. Se comprend alors pourquoi l’UNESCO aussi évoque la problématique de l’accès à l’eau potable.

L’éducation : en plus des efforts infrastructurels qu’il consent, c’est donc encore à cela que l’Etat doit aussi s’employer afin d’atteindre la Déclaration du Millénaire l’engageant à réduire de moitié d’ici 2015 le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau. Mais, même atteint, cet objectif serait encore largement insuffisant tant qu’il y aurait un seul individu, un seul homme, quel qu’il soit et quelle que soit la contrée où il vit, qui n’aurait pas accès à l’eau potable. Aussi, ne faudra-t-il ménager aucun effort pour que chacun puisse jouir de ce droit inhérent à la vie. En réalité, c’est en l’atteinte de tels objectifs que la communauté des hommes trouve son sens.  Dans son Petit catéchisme de la réforme sociale, Richard Lahautière dit ceci qui vient à propos : « Tant que dans le monde entier un homme, un seul homme criera : j’ai faim, j’ai soif, la société ne sera pas constituée. ». Tant qu’il y aura donc un seul homme qui n’aurait pas pleinement accès à l’eau potable, l’Etat n’a pas encore accompli sa mission fondamentale : œuvrer à l’effectivité des droits humains.

Jean Marc Yao

Consultant en droits humains

yaokjmarc@gmail.com

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Côte d’Ivoire : voici un bon moyen pour avoir l’eau potable (1)

Avoir de l'eau potable est de plus en lus difficile en Côte d'Ivoire.
Avoir de l’eau potable est de plus en lus difficile en Côte d’Ivoire.

Depuis quelques temps, les pénuries d’eau sont le quotidien des populations abidjanaises. En effet, de  Yopougon à Cocody, de Port-Bouët à Abobo, il est difficile de trouver aujourd’hui une commune de la capitale économique ivoirienne qui ne soit confrontée à ces pénuries intempestives.

Ainsi donc, aussi bien les quartiers cossus que les cités populaires ou les zones d’habitations précaires connaissent tous ce problème. C’est actuellement, pour ainsi dire, l’une des choses les mieux partagées dans la perle des lagunes. Et, en vérité, cette situation hydraulique est loin d’être l’apanage de la seule ville d’Abidjan, car elle est connue par la quasi-totalité des autres localités de Côte d’ivoire.

Cette réalité a pour conséquence d’ajouter un autre volet à « la priorité des priorités » que le Président de la République dit s’être fixé depuis l’année 2013 : la santé. Peut-il se trouver encore une seule personne qui ignore les liens entre celle-ci et l’eau ? Ne savons-nous pas tous déjà que la mauvaise qualité de l’eau est cause de multiples maladies ? Que quiconque fait mine de ne pas le savoir songe seulement au choléra, à la dysenterie, au ver de guinée, entre innombrables autres problèmes sanitaires que peut causer l’eau impure. Les chiffres que fournit l’OMS sur ce sujet permettent de se figurer la quantité de ces pathologies. Selon cet organisme onusien, ce sont plus de 80% des maladies qui sont d’origine hydrique.

A l’inverse, quand l’eau est de bonne qualité, quand elle est potable, elle est, pourrait-on dire, le premier médicament de l’homme. Prenons l’exemple de la drépanocytose pour nous en convaincre : une consommation quotidienne d’1,5 litre d’eau en moyenne a pour effet de faciliter la circulation de l’oxygène dans le sang ; chose qui  est de nature à dissiper le débuts des crises qui émaillent la vie du drépanocytaire.

 Il est donc plus qu’évident que la santé de tout homme est fonction de l’eau qu’il consomme. Ce lien se conçoit d’autant plus aisément que l’accès à l’eau potable est, tout comme la santé, l’un des droits fondamentaux de l’être humain. En effet, depuis le 28 juillet 2010, l’Assemblée Générale des Nations Unies a voté une résolution dite A/64/L.63/Rev.1, présentée par la Bolivie, qui reconnait cela comme un des droits inaliénables de l’homme. Il est si fondamental qu’au Royaume Uni par exemple, le Parlement a adopté, en 1999 déjà, le Water Industry Act, une loi interdisant les coupures d’eau dans les ménages. Dans cette logique, les compteurs à prépaiement, l’un de ces principes étant la rupture automatique de l’approvisionnement en eau en cas de non rechargement, ont été déclarés illégaux.

Mais, pourquoi mît-on tout ce temps à faire explicitement de l’accès à l’eau potable un droit humain inaliénable, puisque plus de 50 ans sépare la résolution A/64/L.63/Rev.1 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée le 10 décembre 1948. La raison de ce plus de demi-siècle d’écart est la suivante : le droit à l’eau potable est implicite à plusieurs autres droits énoncés dans la Charte des droits humains. Les droits à la vie, à la santé, à un niveau de vie suffisante, à l’alimentation, etc. que proclame cette Charte, ne le suggère-t-il pas en en effet ? La transversalité du droit à l’eau est si vrai que même l’UNESCO, l’institution internationale qui, pourtant, est en charge de l’éducation, la science et la culture dans le monde, s’en mêle en stipulant que le développement durable est inimaginable sans accès à l’eau potable. Il y a encore que ce droit  est évoqué un peu plus clairement dans la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de discriminations à l’Egard des Femmes (CEDEF) de 1979, et dans la Convention relative aux droits de l’enfant de 1989. Dans cette mesure, la mise en œuvre effective de la plupart des droits universels devrait suffire à garantir le droit à l’accès à l’eau potable… à suivre.

@yaokjmarc1


Justice en Côte d’Ivoire : la Fidh présente son dernier rapport

Le palais de justice du Plateau à AbidjanLa Fédération Internationale des ligue des Droits de l’homme (Fidh) présente son dernier rapport sur l’état de la justice ivoirienne. C’est ce jeudi 11 décembre 2014 que son rapport intitulé « Côte d’Ivoire : choisir entre la justice et l’impunité » sera présenté en conférence de presse à l’Hôtel Pullman au Plateau.

En Côte d’Ivoire, 2 ONGs de défense des droits de l’Homme sont membres de la Fidh : la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (LIDHO) et le Mouvement Ivoirien des Droits de l’Homme (MIDH).


Union du fleuve Mano: les jeunes réfléchissent sur les droits de l’homme

Ce jeudi 9 décembre 2014, la section Côte d’Ivoire du Parlement des Jeunes de l’Union du Fleuve Mano pour la paix organise un atelier de réflexion sur le thème « jeunesse et droits de l’homme ». Cet atelier se tiendra au siège de la fondation Friedrich Ebert Stiftung sis à Cocody, Riviera Attoban. Cette activité s’inscrit dans le cadre des « initiatives en faveur de la promotion et de la protection des droits de l’homme », volet des « plénières citoyennes jeunes 2014 ».

Les plénières citoyennes jeunes du Parlement des Jeunes de l’Union du fleuve Mano est une tribune d’expression et un cadre privilégié de réflexion, de concertation et d’action. Elles visent une implication plus significative des jeunes dans le processus de paix et de développement générale.

La section Côte d’Ivoire du Parlement des Jeunes de l’Union du fleuve Mano pour la paix organise cet atelier en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert Stiftung.


Justice transitionnelle : ICTJ veut renforcer les capacités des ONG

Les 11 et 12décembre 2014, l’International Center for Transitional Justice (ICTJ) organise un atelier de renforcement des capacités des chargés de communication des ONG. Cet atelier se tiendra à l’Hôtel Manhattan Suites d’Abidjan. Il s’inscrit dans le cadre du projet de « Mise en œuvre du principe de la complémentarité : Renforcement de la réponse des juridictions nationales aux crimes internationaux en Côte d’Ivoire ».

L’objectif de l’ICTJ à travers cette activité est d’abord de renforcer les capacités des acteurs de la société civile ivoirienne sur la justice transitionnelle et sur la notion du principe de complémentarité entre les juridictions nationales et la justice pénale internationale.

ICTJ entend ensuite mettre l’accent sur le rôle des ONG dans la sensibilisation sur les procédures  nationales  ou sur les développements importants au niveau de la justice pénale internationale.

Enfin, il s’agira de discuter du rôle et de l’importance des ONG locales dans la sensibilisation et l’information des populations sur les réponses apportées à la criminalité de masse dans un contexte de justice transitionnelle.


Le Raidh veut enrichir les propositions des osc sur un avant projet de loi

Bamba Sindou, Coordonnateur du Raidh (Photo crédit)Le mercredi 3 décembre 2014 au CERAO à Aghien au 2 Plateau, le Regroupement des acteurs ivoiriens des droits humains (RAIDH) organise un atelier, dans le cadre de la contribution des organisations de la société civile (osc) ivoirienne à la rédaction de l’avant projet de loi portant identification des victimes et modalités de réparations.

Cet atelier fait suite à celui tenu les 23 et 24 octobre 2014 sur le même thème. Il vise à enrichir les propositions des osc avant leur remise au Ministère de la solidarité, de la famille, de la femme et de l’enfant.

Le RAIDH organise cet atelier en collaboration avec l’International Center for Transitional Justice (ICTJ).


Côte d’Ivoire : terre d’espérance, îlot de tolérance

L’Institut de recherche américain PEW, spécialisé dans les enquêtes sur les religions a publié, le 4 avril 2014, un rapport classant 232 pays – dont 51 Etats africains –  selon un Indice de diversité religieuse (Idr). Suivant cet indice, plus les groupes religieux présents dans un pays sont variés et de tailles proportionnellement équivalentes, mieux ce pays est noté.

Les pays africains s’en sortent très bien dans cette arithmétique. C’est surtout notre sous-région qui occupe un rang plus qu’honorable dans ce palmarès des plus vertueux. En effet, la Guinée Bissau, le Togo et la Côte d’Ivoire, les trois premiers africains, se classent respectivement 5è, 6è et 7è mondiaux.

Ainsi, notre pays passe pour l’un des ténors de la diversité religieuse dans le monde. Quoi de plus normal, son hymne national ne le proclame-t-il pas« terre d’espérance » ? Comme il passe également pour l’un des champions d’Afrique de la tolérance à l’égard des homosexuels, on aurait pu aisément voir une relation de cause à effet entre ces deux positions si Singapour et le Togo, qui le devancent dans l’Idr, n’étaient parmi les 76 pays dans le monde réprimant l’homosexualité. C’est plutôt analytiquement que se comprend que, puisqu’elle se veut terre d’espérance, la Côte d’Ivoire est destinée à être patrie de tolérance afin de parvenir à l’union à laquelle sa devise républicaine l’appelle.

L’espérance est l’une des trois vertus théologales. Celles-ci sont complémentaires. En d’autres termes, quand bien même chacune d’elles est absolument nécessaire, aucune n’est suffisante. Ainsi, qui veut accomplir une vie qui plaise au Créateur, lui qui est plénitude, doit les manifester toutes. En plus de la foi, l’espérance s’accompagne de la charité, vertu qui consiste à avoir de la bonté pour le genre humain, autant dire à aimer tout homme. Plus profondément, il s’agit de voir qu’«en tout homme brille l’image de Dieu».Terre d’espérance, la Côte d’Ivoire ne peut, par conséquent, qu’être terre de charité, terre où tous les hommes sont aimés quels qu’ils soient.

Il est donc logique que notre pays, et c’est tout à son honneur, tolère les différences entre les hommes, les homosexuels y compris. La caricature homophobe fait pourtant une analogie avec Sodome et Gomorrhe, comme si on était en théocratie. Tout de même curieux qu’on se borne à l’Ancien Testament quand on veut se servir du christianisme pour un faste de piété. Ne sait-on pas que l’essentiel de la Doctrine du Christ se trouve dans le Nouveau Testament, la nouvelle alliance révélant l’ultime vérité divine : l’Amour ? Or, dans cette partie de la Bible est expliqué que Jésus était particulièrement confronté aux Scribes et aux Pharisiens, des gens tellement rigides d’esprit qu’ils dénonçaient même le bien quand il était fait le jour du Sabbat. Ils aimaient à critiquer le Christ quand il mangeait avec les gens de mauvaise vie, quand il conversait avec les prostituées, quand il était en compagnie de ces pécheurs publics qu’étaient les publicains… Le Christ s’oppose à ces gens à la condamnation un peu trop facile ; car habile dialecticien, il sait par exemple qu’on finirait tous aveugles à appliquer la loi qui veut qu’œil soit rendu pour œil, cette loi toujours prônée par ceux qui lisent les Livres saints sans esprit. Les Scribes et les Pharisiens sont de ceux-là. Le Fils-de-Dieu leur prédît alors pire sort que celui de Sodome et Gomorrhe, au jugement dernier. C’est dire que ce qui insupporte par dessus tout au Christ, c’est le sectarisme et ses apôtres. Mgr Desmund Tutu l’a parfaitement compris comme il dit : « Je ne louerais pas un Dieu homophobe ».

Sectarisme : c’est ce que nous faisons quand nous discriminons les homosexuels ou quand nous leur faisons subir toutes sortes de traitement inhumains et dégradants. Et nous sommes apôtres du sectarisme lorsque nous parlons des homosexuels comme s’ils n’étaient pas aussi des hommes.

En fait, dans le débat actuel sur les droits des homosexuels, la véritable problématique, souvent dévoyée, est celle-ci : que l’homosexualité soit contraire ou non aux cultures africaines, il est indéniable qu’il y a aujourd’hui des homosexuels (Africains) en Afrique. La question capitale est donc la suivante : que doit-on faire des homosexuels qui sont dans nos sociétés ? Construire des chambres à gaz pour les exterminer comme au temps de la Shoah ? Ou peut-être voudrait-on les séparer de leurs concitoyens comme sous le régime de l’Apartheid ? Evidemment, l’humanité a atteint un niveau de civilisation qui ne s’accommode guère de ce genre de spectacle. Aussi, a-t-elle fait de la protection des minorités et des personnes vulnérables, une de ses valeurs irréfragables.

Comment protéger une minorité ? Tel est au fond, le véritable enjeu de la promotion des droits des homosexuels, cette minorité sexuelle, qui fait tant de vagues en Afrique. Gandhi disait qu’« une civilisation se juge à la façon dont elle traite ses minorités ». Le seul traitement convenable à des hommes, c’est de les intégrer dans la société des hommes. Et la place qu’on doit leur y accorder ne peut être inégale à celle des autres hommes puisque « Tous les hommes sont égaux en dignité et en droits ». L’Etat ivoirien doit savoir veiller à cela, tout comme chaque habitant de Côte d’Ivoire doit s’appliquer à ce que ce pays soit îlot de tolérance afin que s’accomplisse toujours sa vocation de terre d’espérance.


Logique de la défense et de la promotion des droits des homosexuels

La problématique de l’homosexualité déchaîne actuellement les passions tant en Afrique en général qu’en Côte d’Ivoire particulièrement. La presse ivoirienne, qui très souvent reflète les opinions publiques du pays, abonde  d’écrits d’une homophobie acérée, mixture d’ignorance et d’intolérance, que savent rendre attrayantes des Unes forts cocasses. Dans cette grisaille, contre toute attente et à contre-courant, a pourtant surgi une éclaircie. Elle est venue de Fraternité Matin, précisément de l’une de ses plumes les plus raffinées : Oumou D. En sa matinale du 12 mars dernier, cette dernière a en effet une démarche de nature à dé-diaboliser la question de sorte à rendre la réflexion possible. Elargir la piste ouverte par la brillante chroniqueuse (Ô la Bienheureuse !) de notre quotidien national, pour en faire une voie plus large dans laquelle pourraient s’engager les esprits non figés par les préjugés, c’est à quoi cette tribune veut contribuer.

Recadrons la question de fond : pourquoi certains exigent la reconnaissance des droits des homosexuels en Afrique ? Nombre d’Africains voient en cette exigence un acharnement. Mister President of United State of America himself s’en étant mêlé, et la Banque mondiale ayant récemment pris des mesures de rétorsion contre l’Ouganda pour ses lois réprimant durement l’homosexualité. L’actualité la plus récente nous apprend même que la question de l’homosexualité a été le point d’achoppement au Parlement européen de Strasbourg lors des dernières discussions UE/ACP à telle enseigne qu’il y eut menaces de rupture des accords de Cotonou.

En réaction, des vagues d’indignation se font entendre partout sur le continent noir. La rengaine commune parle de l’homosexualité comme d’une manie occidentale qu’on veut coûte que coûte imposer au reste du monde. Manifestement, on n’a pas encore compris que ce qui se joue dans ce débat, ce n’est pas tant une orientation ou une déviation sexuelle (c’est selon) que les droits humains. Oui, les droits humains, c’est bien de cela qu’il s’agit dans cette défense des droits des homosexuels.

Le fait est que ces droits sont imprescriptibles. Autrement dit, rien, absolument rien ne peut les annihiler. Ce qui veut dire que tout homme a ces droits-là en cela même qu’il est. Or, la manière dont les homosexuels sont traités dans la plupart des pays africains, on constate que deux fondamentaux des droits humains sont copieusement bafoués : le principe d’égalité et son pendant, le principe de non-discrimination, proclamés abondamment par la Charte des droits de l’homme à laquelle les Etats africains adhèrent. Il y a aussi le droit des minorités (sans même parler de celui des minorités sexuelles), contenu dans les instruments de protection des droits humains, qui est foulé aux pieds.

Tout ceci pour dire qu’il faut cesser de voir en la défense des droits des homosexuels de la promotion de l’homosexualité, « une manie contraire à la culture africaine » – ainsi qu’aime à s’exprimer les esprits les plus réfractaires. Comme cette façon de voir rappellent les temps où il était question de l’instauration de la démocratie, et donc aussi nécessairement des multipartismes, en Afrique ! Cela a aussi souvent été le cas pour tout ce qui est relatif aux droits humains en général. C’est ainsi que pour masquer despotisme, tyrannie et dictatures de tous ordres, il était commode de faire miroiter une improbable démocratie à l’africaine sans jamais promouvoir les libertés. De la même manière, pour justifier la brutalité avec laquelle on ne sait qu’exercer le pouvoir d’Etat, on se plaisait à parler d’une soi-disant nécessité d’adaptation des droits humains à la culture africaine. Aujourd’hui, plus personne ne prendrait au sérieux cette rhétorique démagogique, puisqu’on aura compris entre-temps que la démocratie consiste à fonder des institutions pour l’exercice des libertés, et que les droits humains sont aussi universels que l’essence humaine elle-même. Raison pour laquelle tous les êtres humains ont les mêmes droits fondamentaux ; et ce, quelle que soit la diversité de sexualité qu’ils puissent avoir.

En cela, la position de l’Eglise catholique vis-à-vis de l’homosexualité est trop précieuse pour ne pas être évoquée ici. Elle aborde ce sujet dans son Catéchisme [1], cet ouvrage issu du Synode des Evêques de 1985 et approuvé par le Pape Jean-Paul II. Si l’homosexualité y est explicitement présentée comme « dépravation grave », il y est pourtant recommandé tout aussi clairement d’accueillir les homosexuels avec « respect, compassion et délicatesse ». « On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste », est en définitive déclaré dans cet ouvrage résumant la foi, l’enseignement et la morale de l’Eglise catholique. Par là on doit comprendre que si l’homosexualité est une déviation, elle n’est pas assez radicale pour faire sortir un homme de la communauté des hommes ; que si dépravation il y a, elle ne peut pas être absolue au point de détacher un être humain de l’humanité. C’est sur cette base-là qu’ailleurs on s’applique à promouvoir les droits des homosexuels ; des droits qui, il faut le préciser, ne sont pas spécifiques à ces derniers, mais les mêmes qui sont inhérents à tous les hommes. Et c’est sur cette même base-là qu’il doit en être ainsi-ici-aussi.

Jean Marc Yao

Consultant en droits humains

yaokjmarc@gmail.com

facebook.com/jeanmarc.yao.18

 

[1] Le Catéchisme de l’Eglise catholique est un ouvrage d’instruction à la doctrine chrétienne Catholique. Promulgué le 11 octobre 1992, sa rédaction a été suggérée par l’Assemblée générale extraordinaire du Synode des Evêques de 1985, soit 20 ans après la fin du Concile Vatican II. Il a été publié solennellement le 7 décembre 1992.


Droits de l’homme et droit international humanitaire : journées portes ouvertes chez les FRCI

Défilé des FRCI (Photo crédit)
Défilé des FRCI (Photo crédit)

Les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) organisent des journées portes ouvertes des droits de l’Homme et du droit international humanitaire. Cette activité est organisée par l’Etat Major Général des FRCI. Elle se tiendra du 4 au 6 décembre 2015 au sein même de l’Etat Major des FRCI au camp Gallieni dans la commune du Plateau à Abidjan. Les organisations de la société civile de Côte d’Ivoire entendent apporter un soutien massif à ces journées portes de la grande muette.

Banderoles_JPO-FRCI


Côte d’Ivoire : mise en place d’un Forum des droits de l’Homme

Depuis le vendredi 10 octobre 2014, un Forum des droits de l’homme est  mis en place  en Côte d’Ivoire. Il se compose des Organisations de la Société Civile (OSC), de la Commission Nationale des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI) et la Division des Droits de l’Homme de l’ONUCI (DDH-ONUCI) composent ce forum. Ce Forum résulte de la table ronde tenue à Abidjan le 5 mai dernier sur le thème « Protéger l’espace de la société civile pour une meilleure garantie des droits de l’homme ».

Sa mise en place vise à répondre au besoin de cadres permanents de rencontre entre les acteurs de la promotion et de la protection des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire.

Ses initiateurs espèrent y renforcer les capacités de la société civile et des institutions nationales afin de soutenir le système national en faveur des droits humains. Il vise aussi à permettre de définir et mettre en œuvre des stratégies d’actions communes des activistes en la matière. Ce Forum vise enfin à faciliter les plaidoyers pour les droits de l’Homme auprès des autorités à divers niveaux.

Il est prévu que le Forum des droits de l’Homme se réunisse mensuellement. La CNDHCI devra en assurer le secrétariat tout comme la facilitation, cette fois, avec la DDH-ONUCI, le Ministère des Droits de l’Homme, de la Justice et des Libertés Publiques et des ONG.

Les séances du Forum seront ouvertes aux représentants de toutes les structures sus citées tout comme à ceux des ONG internationales, aux Missions diplomatiques et agences des Nations Unies qui le désirent. Chacune de ces réunions est prévue traiter d’une thématique clairement définie.

En ce qui concerne l’épineuse question du financement, il est pour l’instant envisagé de recourir à l’ONUCI en attendant de convenir d’une stratégie pérenne.