Osman Jérôme

Une petite victoire pour les Bleus

Coupe du monde 2018, France-Australie/Crédit : Twitter de l’Equipe de Franc football
Coupe du monde 2018, France-Australie/Crédit : Twitter de l’Equipe de Franc football

Peu importe la piètre prestation du vainqueur, mais toujours est-il en football, c’est les trois points qui comptent finalement. Car ce n’est que dans le succès que tout le monde s’en réjouit. Le reste c’est pour l’appréciation des observateurs qui, eux aussi ont droit aux commentaires et aux critiques.  Bref. Partant justement de ce principe, qui est loin d’être unanime en tout cas, Didier Deschamps et sa troupe ont pu partir tranquillement heureux aujourd’hui, après cette difficile victoire remportée contre une vaillante équipe australienne, d’ailleurs indexée à priori comme le maillon faible du groupe C de la Coupe du monde Russie 2018.

Avec tout le potentiel offensif qu’on reconnait cette équipe de France depuis quelques temps, les Bleus étaient donc partis largement favoris face à des Australiens, techniquement limités dans le jeu. Mais, probablement conscients de ce déficit, dans cette première confrontation dans la compétition, les Socceroos ont été d’une rigueur tactique à féliciter. Surtout sur le plan défensif, où ils ont souvent mis en échec les attaques françaises.

Sans trop grande surprise, les Français ont eu une bonne entame de match.  D’ailleurs, les quinze premières minutes de la rencontre annonçaient déjà un long chemin de croix pour leur adversaire du jour qui, au début, ne subissait que les vagues offensives des Bleus, avec surtout la triplette Griezmann, Mbappé et Dembélé, alignée dès le départ. Ce qui fut un petit coup de nouveauté par le sélectionneur, souvent critiqué pour son esprit de conservatisme reconnu. Cette fois, les détracteurs ne pourront dire que Deschamps a fait la sourde oreille aux exigences populaires. Car selon les observateurs, en temps normal, Olivier Giroud devrait conserver sa place de titulaire dans le onze du départ. Bon, ça c’est une autre histoire, revenons donc dans le match.

Des Australiens laborieux, des Français chanceux

Depuis déjà une bonne partie de la première période, malgré une légère possession pour les Français, au fil des minutes, l’équipe australienne gagne de plus en plus en confiance. Et face à l’inefficacité des attaquants adverses, visiblement en panne de connexion, les représentants de l’Asie reviennent petit à petit dans la partie, en créant quelques occasions dangereuses dans le camp français. Cependant, les attaquant n’ont pas été assez adroits pour faire la différence contre l’équipe française, qui a été très médiocre, s’il faut bien faire le rappel.

En effet, malgré un travail laborieux des poulains de Bert van Marwijk, c’est finalement la France, grâce à notamment l’assistance de la VAR et la goal-line technology, qui a remporté le duel (2-1) face à des Australiens, qui auront quand même des regrets au regard de la physionomie globale de la rencontre. Car n’étaient-ce pas leurs maladresses dans les dernières actions offensives, ils auraient pu même sauver le point du nul, avant d’aller défier le Danemark et le Pérou, leurs deux prochains adversaires. Par ailleurs, pour ce qui est de l’équipe française, elle reste encore beaucoup à prouver pour justifier toutes les attentes placées en elle.

Osman Jérôme


Puerto Plata, les cinq raisons d’une belle preuve d’amour

Puerto Plata, République dominicaine © Osman
Puerto Plata, République dominicaine © Osman

La distance imposée par les circonstances n’a rien enlevé de mon affection pour Puerto Plata, cette ville touristique située au Nord de la République dominicaine. Au contraire, enveloppé depuis quelques jours dans la trame de ma nostalgie, il a fallu me remettre aux bienfaits des beaux souvenirs, pour ne pas sombrer dans un chagrin susceptible d’être pathologique. Je reste toujours attaché à la ville, comme le chant à la danse. 

Entre Puerto Plata et moi, c’est une longue et belle histoire d’amour. Une espèce d’aventure jalonnée d’expériences et d’anecdotes, capables de faire un roman. Car depuis octobre 2009 que j’habite la ville, entre les études, le travail et les relations, la ville aussi n’a cessé de m’habiter. Et ceci, même dans mes voyages et dans mes rêves. Puerto Plata m’a gâté, au point qu’aujourd’hui, loin de la chaleur de ses matins ensoleillés et l’odeur de ses nuits sans sommeil, je lui dédie ce billet en signe d’amour et de reconnaissance.

Au départ, ça n’a pas été trop facile. Nouvelle culture, nouvelle langue, il m’a fallu un peu de temps pour une adaptation adéquate à ce nouvel environnement. Détaché de ma famille et de mes proches, je devais apprendre à me débrouiller tout seul sur cette terre étrangère. L’école, l’église, de nouveaux amis, au fil du temps, j’ai fini par m’adapter avec le mode de vie de cette province, affectueusement appelée « La Novia del Atlántico ».

Au-delà de mes études et de mes expériences de travail, pour ce qui est de la maturité, Puerto Plata est d’une grande importance dans mon développement personnel. J’y ai côtoyé des gens extraordinaires qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à faire de moi une meilleure personne. J’ai goûté aux plaisirs de cette ville, réputée d’ailleurs d’être une destination pour les viveurs. Je garde de cette ville des souvenirs, dont même les secousses de l’Alzheimer ne peuvent pas enlever du sol de ma mémoire. Et voici entre autres, cinq raisons qui expliquent mon amour pour Puerto Plata.

La propreté

Puerto Plata, République dominicaine © Osman
Puerto Plata, République dominicaine © Osman

Une ville propre et attractive est souvent une destination privilégiée par les touristes. À Puerto Plata, les gens le savent très bien. D’ailleurs, les poumons économiques de la province ne respirent qu’en grande partie du tourisme. Entre le style et la construction des maisons, et la propreté des rues, certains quartiers à Puerto Plata sont d’une organisation de toute beauté. Au-delà de la volonté politique, il y a aussi la conscience collective de la population, se montrant tout aussi impliquer quant à la protection de son environnement. Alors, dans les campagnes éducatives contre l’insalubrité, le message est clair : « Une ville propre, c’est la responsabilité de tous ».

La vie nocturne

Puerto Plata, République dominicaine © Osman
Puerto Plata, République dominicaine © Osman

Entre les sorties aux restaurants, le son et la lumière des discothèques, l’ambiance des bars, le commerce sexuel sur les trottoirs, la nuit à Puerto Plata est d’un dynamisme extraordinaire. Et en parlant justement de divertissements nocturnes, Puerto Plata est une référence sur la carte géographique de la République dominicaine. En semaine comme en week-end, la ville vibre au rythme de toutes sortes de divertissements : danse, musique, plages, excursions. Le tout sur le fond d’une ambiance tropicale, qui fait les délices des résidents et des visiteurs de passage. Ici, peu importe les soucis du quotidien, les gens ont toujours tendance à croquer la vie à pleines dents.

Le Street art


Fresque à Puerto Plata © Osman Jérôme

Comme je l’ai mentionné dans un précédent billet, le Street art connait une expansion de plus en plus fulgurante dans certaines rues à Puerto Plata. D’un quartier à l’autre, difficile de ne pas tomber sur des murs tagués pour rendre hommage à un personnage public ou pour faire passer certaines revendications sociales ou politiques. Face au charme de cette expression artistique, je me régale toujours de photographier ces fresques, souvent réalisées avec la plus grande des créativités.

Les stations balnéaires 

Puerto Plata, République dominicaine © Osman
Puerto Plata, République dominicaine © Osman

Pour beaucoup de Dominicains, Puerto Plata est une destination privilégiée pour les rendez-vous au bord de la mer, notamment en week-end et les jours fériés. Ainsi, non sans une grande fierté, les habitants de Puerto Plala estiment que leur ville possède les plus belles plages du pays. Pour vouloir garder une certaine objectivité dans mes idées, je ne vais pas réellement affirmer de tel discours, parfois teinté de propagande régionaliste.  Cependant, celui qui a déjà séjourné au moins une fois à Puerto Plata retiendra quand même la beauté de sa côte littorale, où les vagues des plages projettent une vue extraordinaire.

Par ailleurs, si Puerto Plata est aujourd’hui l’un des principaux pôles touristiques de la République dominicaine, voire même de la région caribéenne, c’est en partie grâce à la beauté de ses belles plages et de ses stations balnéaires, de plus en plus courtisées par les vacanciers du monde entier.

 Les traditions culturelles

Puerto Plata, République dominicaine © Osman
Puerto Plata, République dominicaine © Osman

On reconnait souvent un peuple par sa culture. En dépit d’un phénomène d’acculturation de plus en plus envahissant, la République dominicaine a quand même conservé des symbolismes de ses traditions culturelles. À Puerto Plata, le constat est évident. Des maisons victoriennes, la musique et les danses locales, les croyances, les fêtes patronales, le carnaval… Entre son, saveur et couleurs, les hanches de la ville bougent au rythme des anciennes traditions, toujours présentes dans la vie des habitants.

Pour traduire certains sentiments d’amour, les mots et les verbes ont parfois tendance à faillir à leurs responsabilités sémantiques. Heureusement, tout ne s’explique pas par la beauté des expressions. Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, Puerto Plata je t’aime. Partout où je suis, je te porte avec moi dans mon cœur, sans cesse attachée à la beauté de ton paysage, à l’odeur de ta terre mouillée, à la verdure de tes montagnes, aux vagues de tes mers attendrissantes, à la chaleur de tes nuits torrides. Comme mon ombre qui me suit à chaque pas, les souvenirs de toi habitent mon quotidien.

Osman Jérôme


Chronique de ma cinquième opération chirurgicale

Opération chirurgicale © pixabay
Opération chirurgicale © pixabay

À mon grand dam, après quatre premières expériences (2005, 2008, 2010, 2012), mon aventure dans les salles d’opération a dû continuer. Car en dépit de toutes les stratégies utilisées, de toutes les dispositions prises par les chirurgiens consultés jusqu’ici, un problème persiste encore à mon pied gauche. Il m’a donc fallu une énième intervention chirurgicale pour tester une nouvelle alternative.

Après quatre premières interventions chirurgicales subies en Haïti et en République dominicaine, le vendredi 26 janvier 2018 dernier, dans un hôpital à New-York, j’ai été une nouvelle fois soumis au contact des bistouris, des pinces et des ciseaux des salles d’opération. Toujours pour un problème de chéloïde qui m’a beaucoup retardé dans l’accomplissement de certains projets.

Peu importe le nombre de visites, on ne s’habitue jamais aux espaces climatisés des salles d’opération chirurgicale. Encore moins aux bistouris, dont la simple évocation peut entraîner une véritable psychose chez beaucoup de patients. Après cinq expériences, je crois avoir assez vu et vécu pour en parler ainsi. Il y a toujours ce stress qui vient s’emparer de votre organisme, peu de temps avant les interventions.

Il est déjà dix heures du matin quand j’arrive au quatrième étage de ce centre hospitalier de Brooklyn. Difficile d’offrir d’autres occupations à ma pensée, déjà colonisée par les images désagréables des interventions chirurgicales antérieures. Du coup, mes nerfs deviennent incontrôlables. Et cela empire quand des membres du personnel de l’unité de soins commencent à s’approcher de moi pour les prises en charge préliminaires.

La tête plongée dans un livre, les yeux rivés sur l’écran d’un téléphone, je vois d’autres patients plus ou moins détendus dans le couloir. À chacun sa manière de réduire le stress préopératoire. Dans mon cas, durant les heures d’attente, j’épuise pratiquement la batterie de mon téléphone. Celui-ci me sert notamment de distraction. Entre la voix du conteur et l’humoriste haïtien Maurice Sixto et celle du chanteur engagé Manno Charlemagne, récemment décédé, j’ai cru pouvoir mieux préparer mon corps et mon esprit, visiblement ennuyés par cette nouvelle expérience.

Cependant, vers les seize heures, une fois entré dans le bloc opératoire,une grande anxiété me prend. Elle fait trembler mon corps, comme un patient atteint du Parkinson. Se rendant compte de mon inconfort émotionnel face à la situation, le médecin anesthésiste a quelques mots pour tenter vainement de me mettre à l’aise. Heureusement, il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour être endormi pour la suite du processus.

Vers les dix-huit heures, je sors de la salle d’opération. Avec une amabilité très remarquable, un brancardier me transporte vers une autre salle pour des soins postopératoires Toujours sous les effets analgésiques de l’anesthésie, je ne ressens aucune sensation réelle de douleur. Mais je me sens un peu bizarre dans mon corps, je suis pris d’une certaine fébrilité. Cela fait déjà presqu’une journée que j’ai été interdit de tout contact avec les aliments. Et d’ailleurs, je dois attendre encore avant de pouvoir goûter à quelque chose.

Entre-temps, allongé sur le lit, la tête légèrement soulevée, je peux placer et recevoir des appels, répondre aux messages de certains amis et proches, soucieux d’avoir de mes nouvelles après cette nouvelle chirurgie. Ils ont eu raison de se faire du souci, car j’ai perdu beaucoup de sang. C’est d’ailleurs pour cela qu’on m’a gardé à l’hôpital après l’intervention chirurgicale : le temps de m’offrir les attentions nécessaires à mon cas.

Opération chirurgicale © Osman
Opération chirurgicale © Osman

On s’approche des huit heures du soir, je commence à ressentir les premières douleurs. Au rythme des minutes qui s’écoulent dans le cadran de cette horloge en plastique placée à ma droite, l’intensité de la douleur ne cesse d’augmenter. Au point qu’elle devient insupportable. C’est alors qu’une jolie infirmière s’approche de moi, me disant dans un anglais que je comprends à peine (d’ailleurs, je ne parle vraiment pas l’anglais) que selon les indications du chirurgien, je dois attendre au moins deux heures avant d’avoir accès aux analgésiques. Comme un coup de tonnerre dans un ciel déjà menaçant, cette information ne fait qu’augmenter ma souffrance. J’ai l’impression d’être à l’agonie.

Je souffre. Et je souffre encore. Je me mets à compter les minutes. Elles sont d’une mauvaise lenteur dans ces circonstances. Finalement, il est dix heures. L’infirmière de service est de retour, cette fois-ci avec un air un peu fatigué. Elle a beaucoup de travail, car elle ne s’occupe pas seulement de moi. Elle m’a fait avaler un médicament dont la simple odeur a failli me faire évanouir. Les effets de soulagement ont mis du temps. Et je continue à gémir. Avant de me laisser, la soignante m’a promis de revenir à deux heures du matin pour une autre dose de médicament, soit quatre heures plus tard.

Permettez-moi de vous épargner de tous les détails concernant les douleurs qui s’en sont suivies au cours de la nuit. Car même en évoquant ces souvenirs, je suis pris de sensations fort désagréables. La nuit a été longue et lamentable. Mais le nouveau jour est quand même apparu, m’offrant une atmosphère de soulagement. Mon pied reste toujours immobile. Mais la douleur a perdu en intensité. Au point que j’ai dormi pendant quelques heures avant de rentrer chez moi, dans l’après-midi de ce samedi 27 janvier 2018.

Pour l’instant, alité depuis quelques jours, entre les rendez-vous à l’hôpital et la lecture de certains ouvrages intéressants, dont « Le parfum de Nour » de la romancière québécoise d’origine palestinienne Yara El-Ghadban, je récupère lentement, mais sûrement.

Osman Jérôme



Des fresques et des personnages

Les rues se transforment en un lieu privilégié par les graffiteurs. Ils y voient une espace de liberté d’expression, soutenue par la créativité artistique. Ce qui est surtout intéressant dans cette démarche, c’est qu’au-delà de l’appréciation esthétique du travail, ce sont surtout des œuvres à haute dimension sociale et politique dans la majorité des cas. L’art ne fait rien pour rien.


Je t’écris donc je t’aime

Chère Fabie, À l’arrivée de ce nouveau matin d’automne, une joie ineffable s’est installée dans mon cœur. Dans la douceur infinie de cette nouvelle journée, préfacée par une fraicheur inhabituelle, je suis heureux de te parler par cette nouvelle correspondance. L’abondance des mots ne sera pas suffisante à décrire le bien-être émotionnel, que me procure cette occasion. Contrairement à la dernière fois, aujourd’hui je t’écris dans l’intimité de ma chambre,…


Haïti : transports en commun ou suicide collectif

L’impraticabilité des routes, le mauvais état des véhicules, la résilience des passagers, l’irresponsabilité des autorités, autant de variables auxquels il faut tenir en compte dans la problématique du transport terrestre en Haïti. Certains efforts ont été déployés ces dernières années par le secteur privé pour améliorer la situation, mais les inquiétudes persistent. Il faut dire que les autorités compétentes n’ont pas montré aucun intérêt, à l’idée d’assurer un service de transport…


Petit guide pour une vie sexuelle épanouie

Dans beaucoup de sociétés aujourd’hui, la sexualité n’est plus un sujet tabou. Désormais, l’homme et la femme peuvent consulter un thérapeute pour parler de leurs troubles sexuels, des couples peuvent consulter un sexologue pour améliorer leurs relations et évoquer leur désir de performances au lit, etc. Cela étant dit, bien que de nombreuses choses aient changé, il reste encore beaucoup à faire car les gens ne sont pas tous libres avec la…




Destra Jean Wilter : tout pour la cause de l’évangile

Destra Jean Wilter (C) DJW
Destra Jean Wilter (C) DJW

Si la proclamation de l’évangile est le cadet souci de certains chrétiens, probablement en manque d’intérêt à sauver d’autres âmes, cependant pour d’autres, beaucoup plus conscients de la mission confiée dans Mathieu 28: 18, cela devient une passion, une mission à laquelle ils ne veulent pas s’en passer. Ainsi, sous une forme ou une autre, ces hommes et ces femmes d’église s’impliquent dans presque toutes les activités, visant à promouvoir la parole du Seigneur dans leurs communautés respectives. Chanteur, promoteur de spectacles évangéliques, Destra Jean Wilter est un nom de plus en connu dans le milieu évangélique à Saint-Marc, où il évolue dépuis une dizaine d’années.

Âgé de 21 ans, Destra Jean Wilter est actuellement en troisième année en Gestion des affaires à l’Université Adventiste d’Haïti. Pour ce qui est de la musique, le membre de l’église Adventiste Temple 2 de Saint-Marc rappelle avoir commencé à chanter depuis 2006, soit à l’âge de dix ans. Et à cette époque, se souvient-il, sa mère (chanteuse aussi) était sa première prof de musique. Entre-temps, entre des prestations à l’église ou dans d’autres spectacles, le jeune Destra va développer un attachement de plus en plus intime avec la scène artistique. Ainsi, à l’instar de beaucoup d’autres talents de sa génération, le jeune chrétien a participé dans plusieurs concours de musique organisés à Saint-Marc. Et d’ailleurs, c’est justement après sa participation au concours de talent « Gloria » en 2014 qu’il a décidé de lancer officiellement sa carrière musicale, notamment avec la sortie de son premier morceau baptisé « Kitel Gidew » sorti en 2015.

En fait, bien avant cette carrière solo, l’artiste qui travaille actuellement sur son projet d’album avoue avoir déjà prêté ses compétences à plusieurs artistes et groupes de la ville, soit dans la production au studio ou dans des prestations sur scène ; « Les Précurseurs du matin », « BSG », « VESM (Les Voix Évangéliques de Saint-Marc), sont entre autres des bénéficiaires de ces collaborations.

Si on reproche souvent aux artistes haïtiens d’être de gros égoïstes, le jeune célibataire veut faire la différence. Parallèlement à sa carrière personnelle, il s’est lancé depuis deux ans dans la promotion d’autres artistes du secteur évangélique. Ce qui est selon lui un moyen d’atteindre beaucoup plus d’âmes possible. Été 2015, le premier concert qu’il a organisé à Saint-Marc a mis sous les feux de projecteur plusieurs voix qui étaient jusqu’à présent dans l’ombre. Ce qui a été pour lui une grande satisfaction.

« 2016 a été pour moi une année importante », a lâché un Destra Jean Wilter très jovial, faisant référence à deux grands événements organisés à Saint-Marc, dont notamment un concert où pour la première fois il a permis à Nicky Christ et Tami, deux icônes de la musique évangélique haïtienne de se produire à Saint-Marc. C’était extraordinaire. Tout juste après ce spectacle ayant connu un grand succès, l’artiste a proposé au public sa nouvelle chanson « Rekonesan » dont le clip sera sous peu disponible sur les petits écrans. En attendant, il invite le public à son troisième concert annuel sous le thème de « Rekonesans ». L’événement aura lieu le samedi 26 août à Benz Palace à Saint-Marc. Le line up est composé entre autres de Gospel Kreyol, Wiliadel D’énergie, Alexandra Louis, Mycado Jouquin, BSG etc. « Ce sera donc un moment de louanges et d’adoration qu’aucun chrétien de la ville puisse rater sous aucun prétexte », insiste le jeune artiste-promoteur.

Osman Jérôme



Ma première nuit avec une prostituée en République Dominicaine

Crédit photo (c) Osman
Crédit photo (c) Osman

À Puerto Plata (République dominicaine), particulièrement à Sosúa, quand le soleil se tourne le dos à la surface de la terre, laissant libre pouvoir aux ombres de la nuit. C’est toute une autre forme de vie qui s’ouvre aux amateurs des ambiances nocturnes. Les trottoirs, les casinos, les boîtes de nuit, les bars […], pour des raisons diverses, à chacun sa destination. Il suffit d’être quelque part, qui invite aux divertissements.

Voilà, un samedi soir d’été comme je les aime. Je laisse la maison à l’idée d’un nouveau flirt avec l’intimité de la vie nocturne de Sosúa, une zone réputée pour son attitude insomniaque. Ce soir, contrairement à certaines fois où je sors en compagnie de copains, c’était juste le mec qui partait jouir en solo son petit plaisir, sans une quelconque compagnie qui aurait pu être nuisible à certaines expériences.

Après une vingtaine de minutes en taxi, me voilà bien arrivé à City Light, lieu très fréquenté par des compatriotes haïtiens. Peut-être parce que le DJ de service est-il un Haïtien. Bref. Même si je suis un habitué de l’espace, c’est toujours avec les mêmes émotions d’avant que je fréquente ce bar, où les occupants sont souvent d’humeur festive. Un état d’allégresse qui laisse peu de place aux problèmes d’hier, aux inquiétudes de demain. Ici, le client est invité à oublier ses soucis, à vivre l’instant présent, même si cela demande parfois d’avoir une attitude dépensière.

Entre trois morceaux de musique et un verre à moitié vidé, il est déjà dix heures trente minutes. La nuit est jeune. Les jeux de lumière, l’exhibitionnisme de certaines filles qui tentent d’attirer la clientèle sexuelle, la synchronisation des corps en mouvement, des salutations et des accolades […], autour de moi l’ambiance gagne de plus en plus en intensité. Entre-temps, dans une courte robe moulante, mettant à l’honneur l’impeccable architecture de son corps, une jolie demoiselle, assurée comme elle seule sur ses pas bien articulés fait son apparition.

Il fallait être aveugle pour ne pas accepter de perdre volontairement quelques secondes de son temps à regarder son postérieur; une véritable mine de tentation. Elle arrive avec son corps remplit d’attirance, sa bouche pleine de séduction. Ses habits, son regard, sa beauté […], elle mobilisait autour d’elle une bonne partie de la salle, accrochée à son charme. Ne me demandez surtout pas si, moi aussi, j’ai été séduit.

Soudain, une chose exceptionnelle vient de se passer : la gazelle s’assoit juste à côté de moi. On dirait une espèce invisible a exaucé ma demande en secret. Le parfum de la jeune femme me rappelle au passage l’odeur de Fabie; ce qui était déjà une invitation à m’adresser à elle. Mais elle m’a devancé, prétextant vouloir savoir quelle heure il est. À peine arrivée, je doute fort qu’elle en ait eu réellement besoin. D’ailleurs, je remarque qu’elle a un sourire facile et une générosité douteuse. Peut-être était-ce sa manière d’entamer la conversation avec moi. Ce qui ne m’a dérangé en rien. Au contraire !

Le premier contact est établi. Chacun de son côté est sur ses gardes : pas question de tomber dans une espèce d’impolitesse anticipée. Mais, après deux ou trois plaisanteries, on s’est lâchés un peu. Ce qui a facilité le dialogue, qui sera une suite mémorable.

Amis lecteurs, permettez-moi d’identifier mon interlocutrice par Clara. Elle vient à peine de fêter ses vingt-deux ans. Elle est née d’un père dominicain, de qui elle garde peu de bons souvenirs, et d’une mère haïtienne dont elle n’a pas eu les nouvelles depuis quelques années. Les parents de Clara se sont séparés, alors que la fille allait atteindre l’âge de la puberté. Elle a été confiée à une tante, la sœur de son père, qui avait apparemment d’autres occupations bien plus importantes que la garde d’une gamine, exposée à des mauvaises fréquentations dans un quartier marginalisé. Ayant abandonné très tôt, à dix-sept ans, Clara est tombée enceinte. Elle en aura gardé d’intenses remords.

Il est bientôt minuit. L’ambiance s’intensifie. L’espace est de plus en plus chauffé. Entre-temps, je viens d’apprendre que Clara est travailleuse de sexe. Donc, contrairement à mes premières idées, elle n’est pas au club pour se relaxer en fin de semaine. Elle y est pour travailler. D’ailleurs, c’est son métier depuis tantôt trois ans. Dans l’intervalle, elle s’arrange pour faire de moi un nouveau client.

Plus l’heure avance, plus le club devient de plus en plus compact. Les hélices des ventilateurs ne peuvent presque rien contre la chaleur. Clara me tient toujours compagnie. Alors qu’une bonne partie de la salle bouge au rythme du tube planétaire « Despacito », Clara essaie plutôt d’esquisser son sourire à certains admirateurs, pendant qu’elle maintient notre conversation. Même si par moment elle paraît un peu ennuyée par la curiosité de certaines de mes questions.

Ne se montrant pas avoir ouvertement une dent contre ses sœurs se livrant au même métier que lui, la jeune maman exprime des inquiétudes quant à la rentabilité économique de ce travail auquel elle se livre, à cause de la dure réalité quotidienne. La frustration pour Clara et pour beaucoup d’autres pratiquantes, parfois, est de passer toute la nuit à charmer une clientèle de plus en plus difficile, puis rentrer à la maison sans un centime.

«D’ailleurs, n’était-ce pas pour répondre aux besoins notamment de ma fille sans papa, je ne me livrerais jamais à une telle activité humiliante », lance t-elle froidement. Et on pouvait lire sur son visage une sorte de honte d’appartenir à cette catégorie de femmes, qui tentent de gagner leur vie avec ce qu’elles possèdent de plus intime en tant que personne.

Plus de deux minutes se sont écoulées. Elle reste figée sur son siège comme une statue. Elle a voulu sortir une cigarette, peut-être à l’idée d’apaiser son angoisse. Mais, le fait que je ne fume pas, elle se cherche plutôt un soulagement dans son verre de rhum vidée d’une seule gorgée. On avance vers les deux heures du matin. Elle ne sait toujours pas si elle pourra négocier avec moi pour le reste de la nuit. C’est ainsi que quelqu’un l’a salué de la main. C’est un client de longue date. Elle s’est gentiment excusée pour rejoindre le type, n’ayant aucune ressemblance d’un Haïtien ou d’un Dominicain.

Une dizaine de minutes après, Clara est de retour, mais avec un visage beaucoup plus détendu qu’avant, car elle a pu trouver un client. Après le club, elle va passer du temps avec ce touriste qu’elle a rencontré pour une fois sur une plage. Et en parlant de clients, Clara appartient à ces travailleuses de sexe haïtiennes en République dominicaine, qui détestent avoir affaires avec des Haïtiens. Elle reproche à ces derniers d’être trop exigeants, pendant qu’ils ne payent pas assez le service.

À vingt-deux ans, Clara traîne derrière elle une carrière de travailleuse de sexe de plus de trois ans. Elle a fréquenté presque tous les bordels de la ville. Parfois, elle va même tenter sa chance dans d’autres régions du pays. Entre-temps, elle rencontre tous types de clients ; des gens de bien, des vagabonds, des touristes, des hommes mariés, des célibataires […].

Il est bientôt trois heures du matin. La fatigue se fait sentir. Si certains refusent de partir et jurent de rentrer chez eux à l’aube, d’autres profitent d’aller se reposer ou de s’offrir quelque chose de plus intime. Le temps pour Clara de me dire au revoir et de retrouver le barbu qui l’attend à la porte de sortie, l’air impatient. Et moi d’avaler ce qui restait de mon verre, avant de rentrer chez moi, surtout avec les images de la jeune femme qui traînent dans ma tête jusqu’à la publication de ce billet.

Osman Jérôme


Rutshelle Guillaume, une « Rebelle » au sommet

Crédit : compte Twitter de Rutshelle Guillaume

‌ »Plus jamais, plus jamais de peur, plus jamais, plus jamais de pleurs. Je suis épuisée, c’est assez. Je n’ai pas à baisser les yeux, je n’ai rien volé. Je n’ai pas à baisser la tête, je n’ai pas triché » […]. Madame, Monsieur, ces paroles ne sont pas de moi. Elles sont du premier couplet de « Victorious« , soit le premier morceau du nouvel album de Rutshelle Guillaume, fraîchement sorti sur les plateformes en ligne. Sans y être allée avec le dos de la cuillère, avec une rage à peine voilée, d’une voix pleine d’émotions, c’est avec ces mots que la très populaire chanteuse haïtienne a ouvert son deuxième opus, paru sous la couverture de « Rebelle ». Un titre qui ouvre déjà une belle voie à toutes sortes de polémiques, surtout dans une société haïtienne suspendue au sensationnel. D’ailleurs, si pour certains observateurs, le titre éponyme de l’opus s’apparente à une forme de provocation assumée, d’autres y voient plutôt une démarche très significative. Ces gens tiennent comme argument des incidents ayant marqué la vie sentimentale de l’artiste durant ces deux dernières années. Et à ce point, même l’intéressée lui-même n’est pas d’avis contraire.

Environ trois ans après avoir gratifié le public de son premier disque « Émotions », l’interprète de « kite’m kriye » revient dans les bacs avec du neuf. L’attente aura été longue pour des consommateurs assoiffés de nouveauté. Au final, vu la qualité du produit sorti, ils ne seront probablement pas déçus.

En effet, après environ une année de travail, des semaines de grandes mobilisations, c’est par un gros coup de communication axée notamment sur la puissance des réseaux sociaux que Rutshelle et son équipe ont finalement mis en circulation ce nouveau projet musical, salué favorablement par des critiques.

Quant à ses performances vocales, l’artiste n’avait plus rien à prouver de son talent sur cet album, tellement qu’elle s’y exerce avec une aisance incroyable. Côté créatif, contrairement au premier disque, c’est une Rutshelle Guillaume beaucoup plus diversifiée qu’on retrouve sur les onze morceaux compilés sur « Rebelle ». « En fait, le titre de l’album reflète quelque peu notre tentative. C’est une rébellion contre le statuquo et contre les idées préconçues. Les textes de Pascal Jean Wiener nous ont encouragé à faire plusieurs fusions de rythmes. Reggaeton et Hip Hop s’entremêlent aisément avec du Congo et du Banda comme s’ils étaient nés ensemble. C’est une approche où nous voulons à tout prix faire une œuvre moderne sans oublier nos racines », m’a d’ailleurs confirmé Fabrice Rouzier, producteur de l’album. En tout cas, c’est un mélange de rythmes qui plaira sans doute aux tympans du mélomane.

Dans « Le crépuscule des idoles » sorti en 1888, le sulfureux Nietzshe disait: « Tout ce qui ne tue pas rend plus fort « . Et depuis, cet aphorisme sert à allumer la flamme de l’espoir dans le cœur de certaines personnes confrontées à des obstacles de toutes sortes dans leurs vies. Au regard des scandales qui ont secoué sa vie amoureuse, Rutshelle se veut être un exemple de ce dicton. D’ailleurs elle l’a chanté sur son nouvel album. Après les tempêtes, le calme finira par revenir. L’artiste a affronté les épreuves, et aujourd’hui elle peut crier: « Plus jamais, plus personne n’a le droit de me frapper. Plus jamais, plus personne n’a le droit de m’humilier. Tout ça s’est terminé, je ne suis l’esclave de personne, ce temps est révolu. Je ne suis le bien de personne, c’est bel et bien fini « .

Ainsi, au lieu de se laisser détruire par tous ces évènements malheureux ayant marqué sa vie de jeune femme victime de violences conjugales, Rutshelle se montre plutôt déterminée à regarder vers l’avant, jusqu’à atteindre ce sommet de gloire où elle a donné rendez-vous à ses supporters, de plus en plus nombreux, notamment sur les réseaux sociaux.

L’inspiration fait des chansons. L’âge amène la raison. De simple victime, Rutshelle devient une « Rebelle » qui aime les « gentlemen« , des gars qui lui envoient des fleurs, des gars qui parlent des histoires de cœur […]. Mais qui rappelle aussi au passage dans « I’m Not For Sale » que son amour n’est pas à vendre. À bon entendeur, salut !

Osman Jérôme


Sept vérités sur les Haïtiens en République dominicaine

Des Haïtiens en République dominicaine © Osman
Des Haïtiens en République dominicaine © Osman

Malgré des rapports politiques et diplomatiques, semant parfois des doutes quant à une bonne harmonie sociale entre les deux peuples, la République dominicaine reste néanmoins une destination privilégiée pour bon nombres d’Haïtiens, en quête d’un mieux être à leur quotidien, trop longtemps livrés à la précarité d’une société, n’offrant pas assez d’opportunités à ses citoyens.

Par conséquent, en dépit de toutes les mauvaises nouvelles qui courent sur les conditions de vie des Haïtiens en République dominicaine, dont les sans-papiers notamment, le nombre d’arrivés ne diminue pas pour autant. Au contraire. Alors, du simple citoyen qui part à la recherche d’un certain équilibre économique, en passant par les étudiants soucieux d’une formation académique de qualité, jusqu’aux professionnels qui s’y établissent pour gagner leur vie, l’Haïtien de la terre voisine est identifiable par certaines étiquettes, qui sont quand même loin d’être de simples stéréotypes. Petit classement :

1-Conditions migratoires irrégulières 

Tous les moyens sont bons pour atteindre la République dominicaine ; la terre promise pour certains. En effet, en dehors du processus légal qui exige un passeport valide muni d’un visa dominicain, des milliers d’immigrants haïtiens ont emprunté la voie illégale pour traverser les frontières dominicaines. Certains ont même passé des jours dans les bois, exposés leur vie à des animaux sauvages, et à la brutalité des soldats dominicains pour atteindre leur rêve ; celui de résider en territoire voisin.

2-Une bonne force de travail 

La destination une fois atteinte, les Haïtiens qui sont venus évidemment pour travailler se débarrassent de toute complexité. Sur les chantiers des constructions, sur le volant des taxis ou des véhicules du transport en commun, dans la rue avec des brouettes, devant leurs tables dans les marchés publics, dans les salles climatisées des entreprises et des complexes touristiques, […], les Haïtiens s’adonnent presqu’à toutes les activités. Pourvu qu’ils puissent répondre à leurs besoins, et à ceux de leurs familles en Haïti qui, souvent ne dépendent de ce qu’ils font ici.

D’ailleurs, contrairement à certains fils de la terre d’accueil, parfois reprochés d’une certaine paresse remarquable, l’Haïtien est plutôt connu ici comme un rude travailleur, une espèce humaine dont la force pour le travail ne s’épuise jamais. Quand il est question de gagner quelques pesos dominicains, l’immigrant haïtien ne ménage point ses énergies. Et ceci, peu importe les conditions météorologiques, peu importe les conditions de travail ; l’essentiel pour beaucoup est de pouvoir gagner quelque chose, dont le pain quotidien notamment.

3-D’excellents étudiants 

Ici, la croyance populaire porte à croire que le système éducatif haïtien est supérieur à celui de la République dominicaine. Loin de m’extasier de cette comparaison plutôt flatteuse, je peux tout de même vous confirmer que l’étudiant haïtien a la réputation de l’excellence au niveau des universités dominicaines. Les mentions honorifiques avec lesquelles ils décrochent leurs licences et leurs diplômes peuvent donc en témoigner.

4-Ressembler aux Dominicains 

Au regard des relations sociales pas toujours harmonieuses entre les deux peuples, certains Haïtiens en République dominicaine se voient parfois obliger de se faire passer pour des Dominicains, par peur de ne pas être victimes de certains jugements racistes, dont le célèbre « Maldito haitiano ». Ainsi, tu rencontres d’une part des Haïtiennes qui se livrent à des pratiques dangereuses de dépigmentation, porter des mèches dites 100 % 100 humaines, ne vouloir plus s’exprimer en créole […], rien que pour se faire prendre pour des Dominicaines.

D’autre part, tu peux rencontrer des jeunes Haïtiens, utilisant des produits capillaires pour donner une texture beaucoup plus lisse à leurs cheveux. Ils cherchent  à se faire ressembler aux Dominicains. Une apparente crise d’identité qui affecte notamment le niveau d’estime de soi de ceux qui se donnent à ces pratiques.

5-Des mauvais locataires 

Partager le même bâtiment que certains immigrants Haïtiens peut devenir parfois un véritable enfer sur terre. L’impolitesse, l’irrespect […], tout un package de manque d’éducation,  nuisible à la bonne connivence sociale. Des colocataires haïtiens sont plutôt taxés de faiseurs de scandale, nuisant parfois à la tranquillité de tout un immeuble. Et croyez-moi, je sais de quoi je vous parle hein.

6-Jouer au football sur des terrains de base-ball 

Contrairement en Haïti où le football est censé une religion, ici en République dominicaine, le sport roi est plutôt le base-ball. Par conséquent, des terrains pour la pratique de cette discipline sportive est partout. Peu d’espaces pour le ballon rond. Ainsi, pour satisfaire leur désir de jouer au football, les Haïtiens n’hésitent point à faire usage des terrains de base-ball. À Puerto Plata par exemple, ils y organisent même des tournois et des matches amicaux entre des communautés haïtiennes éparpillées un peu partout dans la région.

7-Entretenir des relations conjugales avec des Dominicaines et Dominicains

 L’amour n’est pas raciste. D’ailleurs, il n’a point de race. En tout cas, si les dirigeants des deux pays voisins ne peuvent pas toujours s’entendre sur certaines questions politiques et diplomatiques, sur le terrain de l’amour, Haïtiens et Dominicains s’accordent à partager leurs vies amoureuses, sans se soucier parfois de ce qui se passe sur les frontières. Une Haïtienne dans les bras d’un Dominicain, une Dominicaine dans les bras d’un Haïtien […], une image qui devrait inspirer une relation cordiale entre Port-au-Prince et Saint-Domingue.

Vous vivez en République dominicaine ? Savez-vous quelque chose sur les Haïtiens en République ? Laissez-les dans un commentaire.

Osman Jérôme


Quand les murs se font art

Fresque à Puerto Plata © Osman Jérôme

Entretenue, abandonnée, la surface des murs a toujours été un espace de grande convoitise pour certains. Je ne parle pas de n’importe quel domaine de l’art. C’est ici du graffiti dont il s’agit.

À l’image de certaines autres grandes villes dominicaines, l’art urbain connaît une expansion à Puerto Plata, région du pays plutôt célèbre pour ses attractions touristiques. D’une rue à l’autre, il devient difficile de ne pas se familiariser avec ces œuvres artistiques, décorant les murs de la cité active, courtisée par des artistes confirmés ou en herbe, faisant entre autres la promotion de leurs talents.

Au point de vue psychologique, ces images qui tentent de rehausser l’éclat de certaines zones de la cité dites marginalisées, ont suscité mon admiration, nourri même mon imagination au point d’avoir l’idée d’en faire un billet. Cependant, au-delà du simple contenu visuel de la chose qui plaît aux passants, ces fresques pour la plupart véhiculent des messages socialement significatifs. Si les thématiques dessinées sont différentes, elles portent toutes avec elles une forme de communication. À continuation, je vous présente une collection de sept fresques, les unes plus expressives que les autres. Chacune sera accompagnée d’une brève description.

Fresque à Puerto Plata © Osman Jérôme

Rue Sanchez, tout juste à quelques mètres de l’Institut dermatologique, le regard de cette femme fait le bonheur des passants. Quelques secondes pour regarder ce portrait peuvent être synonymes de grande joie intérieure.


Fresque à Puerto Plata © Osman Jérôme

« Les sœurs Mirabal, Patria, Minerva et María Tereza, furent héroïnes et martyrs de la lutte contre le dictateur Rafael Trujillo, qui dirigea la République dominicaine de 1930 à 1961. On les surnommait aussi les sœurs « Mariposas » (Papillons) ».


Fresque à Puerto Plata © Osman Jérôme

Un bout de mur laissé à l’abandon sur la grande avenue du Malecón a vite retrouvé ses vives couleurs, grâce à cette fresque, apparemment dessinée lors des dernières festivités carnavalesques.


Fresque à Puerto Plata © Osman Jérôme

Depuis quelques mois déjà, Puerto Plata est en chantier. Le centre-ville est en pleine réhabilitation. Entre-temps, une fresque pour donner un peu d’éclat aux nouvelles installations infrastructurelles ne dérangera personne hein.


Fresque à Puerto Plata © Osman Jérôme

L’élevage des poules est très populaire dans la famille paysanne en République dominicaine. Ainsi, quand un artiste du pays a eu l’idée de décorer la surface de cette muraille avec une œuvre de telle envergure, il sait pertinemment la portée sociale de son travail.

Fresque à Puerto Plata © Osman Jérôme

Je garde un souvenir très particulier de cette fresque, dessinée sur un mur de l’avenue d’Isabel de Torres. D’ailleurs, c’est la plus ancienne image de la collection que je vous présente. Je l’ai captée, il y a peut-être trois ans de cela, lors d’un travail de photoreportage, alors que j’étais à l’école de communication sociale. Par ce travail marqué d’un engagement social, l’artiste a voulu apporter sa contribution à la lutte contre les abus faits aux enfants. Mais je vous assure que la situation s’est encore empirée aujourd’hui.

Fresque à Puerto Plata © Osman Jérôme

Le Dominicain, à l’instar de tout homme constitué, avoue un grand attachement à la musique. Ainsi, terminons cette petite présentation avec cette belle image, dessinée quelque part sur un trottoir de la ville, où le musicien s’offre gratuitement en spectacle pour le bonheur des passants.

Madame, Monsieur, l’art a toujours pour but d’exprimer quelque chose. À Puerto Plata, d’ailleurs comme partout dans le reste du monde, les artistes urbains s’approprient des espaces publics pour dégager leurs émotions, exprimer leurs sentiments sur des sujets qui leur tiennent à cœur. Et moi, toujours titillé par ma passion pour la photographie, je suis content d’avoir partagé avec vous cette petite collection de ce mouvement artistique, de plus en plus en vogue dans les rues de la ville.

 Osman Jérôme


Un dimanche de carnaval à Puerto Plata

Carnaval de Puerto Plata, République dominicaine (C) Osman
Carnaval de Puerto Plata, République dominicaine (C) Osman

En dépit d’une certaine inquiétude météorologique, ce dimanche 19 février 2017, la ville de Puerto Plata en République dominicaine n’a pas raté son après-midi de carnaval. Entre couleurs, danses et musiques, le grand boulevard du Malecón a été une nouvelle fois, témoin d’une ambiance populaire de toute beauté.

En effet, malgré les caprices du temps nébuleux, depuis très tôt dans la matinée, le décor était déjà planté pour accueillir les acteurs et spectateurs, se donnant rendez-vous sur le macadam, pour ce troisième dimanche, comptant pour les festivités carnavalesques qui se terminent à la fin du mois.

Enfants, jeunes et adultes, on identifie souvent le Dominicain pour son attachement aux divertissements ; c’est un adepte du festin. Donc, il n’est pas question de manquer un événement qui donne plein pouvoir au plaisir des sens. Ainsi, pour ce nouveau dimanche de grandes réjouissances populaires, tous les chemins mènent au Malecón, fameux pour être une adresse de grandes activités sociales et culturelles.

Carnaval de Puerto Plata, République dominicaine (C) Osman
Carnaval de Puerto Plata, République dominicaine (C) Osman

Il est déjà 16h30. Du grand monde est sur place. Les festivités sont démarrées depuis quelques minutes tantôt. Les stands érigés pour la circonstance sont joliment parés. Dans les décorations, on y voit la culture, la peinture, la couleur […], en fait tout ce qui fait la tradition du carnaval dominicain est là. Les étrangers sont en admiration.

Au fil des minutes, la foule devient de plus en plus compacte. Difficile alors de se frayer un chemin sur les trottoirs, occupés d’un bout à l’autre par des marchands de sucreries, de barbecues, de boissons gazeuses et alcoolisées. Le petit commerce bouge plutôt bien. Un moment de bonnes recettes pour certains petits vendeurs.

Entre-temps, sous le regard vigilant de la police nationale, les activités se déroulent en toute sécurité. Certaines personnes sont venues pour piaffer au rythme des décibels, d’autres y sont plutôt pour admirer les défilés des reines et des rois du carnaval, portant des costumes bien confectionnés.  Cette élégance vestimentaire a plu au regard des observateurs, dont des photographes notamment, enquêtes de belles images.

Carnaval de Puerto Plata, République dominicaine (C) Osman
Carnaval de Puerto Plata, République dominicaine (C) Osman

Pour cette nouvelle journée d’activités carnavalesques, au-delà de l’ambiance musicale, ayant permis au défoulement des participants, la créativité était tout d’abord au rendez-vous, gratifiant ainsi le public d’un spectacle hautement artistique, et riche en couleurs. Les masques, les costumes et les déguisements en disent mieux.

Osman Jérôme


Mémoires d’une nuit érotique

Lit d’une nuit érotique © Osman
Lit d’une nuit érotique © Osman

En vertu de la prospérité affective déjà accumulée dans notre aventure amoureuse, difficile qu’une autre occasion m’apporte autant de plaisir que chaque instant de sa compagnie. D’ailleurs, il n’existe même pas une raison d’être à ses côtés. C’est peut-être absurde, mais l’essentiel c’est de me retrouver dans la parenthèse de ses bras de tendresse, respirer le parfum de son corps, dont l’odeur discrète est une hantise à mon organisme, gâté par les bienfaits de sa présence.

Ce jeudi soir, peut-être il était déjà onze heures. Après les averses, la ville est drapée dans un silence de nécropole. Une somnolence insolite s’empare du quartier, plongé dans un black-out inhabituel. Dans l’opacité de cette nuit d’automne, nous voici une nouvelle fois cloîtrés dans cette chambre, témoin habituel des alliances de nos corps entrelacés et de nos soupirs conjugués.

Aux pieds du lit drapé en blanc, des bougies brûlent, comme si elles ne vont jamais s’éteindre. Elles dégagent un parfum, flirtant affectueusement avec mon odorat. Entre-temps, accompagné de son saxophone,  avec une mélodie aux éclats d’allégresse, Kenny G se met de la partie. Sa musique instrumentale vient amplifier une ambiance, déjà ponctuée d’une intimité souriante. Ainsi, le décor de la pièce, marquée d’une heureuse sobriété, devient comme une invitation à rentrer une nouvelle fois dans cet univers d’érotisme, dont les portes s’ouvrent déjà devant nous.

Alors, s’appuyant l’un contre l’autre, nos voix disaient des choses que nos oreilles avaient du mal à capter. Nous parlions ce soir-là un autre langage, dont seule la texture frissonnante de notre corps pouvait interpréter.

Les minutes courent, et la température de notre corps s’augmente à la vitesse du temps qui galope. Time is love. Dans un geste marqué d’une habileté propre à la femme, elle m’a rapidement débarrassé de mes accoutrements. De cette pluie de baisers sur mes lèvres, en passant par ces câlins répétés sur ma peau, elle a mis le feu sur mon corps, obéissant à tous ses mouvements synchronisés. Mon âme, mon esprit, mes sens évanouis ; et la jouissance était déjà à son comble.

Au rythme des minutes qui s’écroulent, nos pulsions sexuelles deviennent de plus en plus communicatives.  Voilà, en un cillement de paupières, nous voici plongés dans l’infinité de cette ombre voluptueuse, servant de complice à la demande de nos envies affamées. Impossible de traduire par des simples mots, ce déferlement de joie que me gratifie chaque note de sa voix plaintive. Marchandise délivrée. Demande satisfaite.

Imbibé de sueur, mon corps est pris d’un léger tremblement. Epuisés, nos organes ont dû céder à la pression de la fatigue. À l’extrémité droite du lit en désordre, nous nous regardons avec un air d’adoration. Comme pour dicter notre satisfaction partagée, après cette ballade de jouissances, nous ayant ouverts une nouvelle fois les portes du bonheur.

Osman Jérôme