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Voir Grand Bassam et revenir !

Awa Seydou - David Kpelly - Solo Niare (mon copain)
De gauche à droite:  Awa Seydou – David Kpelly – Solo Niare (mon copain)

Il m’a fait un énorme plaisir de voir les participants à la troisième session de Mondoblog, rivaliser en éloges, au sujet de cette idylle qu’a été cette manifestation annuelle, organisée cette fois à Grand Bassam, distant d’une trentaine de kilomètres de la ville d’Abidjan. Certains se livraient même à une publicité gratuite pour l’hôtel qui était le lieu de séjour et de formation.

Ayant une autre lecture de l’événement, j’ai préféré ne pas communiquer sur le sujet, en attendant que cette grande euphorie s’estompe et que la température baisse, pour livrer comment j’ai vécu, partiellement seulement, l’événement en question. J’ai longtemps hésité à le faire, mais je n’ai pu résister au besoin de m’en libérer, de crainte d’être qualifié d’ingrat.

Quand j’ai reçu la lettre d’invitation à la « …formation d’initiation au journalisme et aux outils numériques du 02 au 12 mai à Abidjan en côte d’ivoire », signé de la main du très habile Ziad Maalouf, alias Grand manitou, j’ai éprouvé un plaisir énorme d’avoir l’honneur d’être invité par la France à travers son ambassadeur mondialisé : RFI. Mon plaisir était renforcé par le sentiment que les efforts que j’ai soutenu pendant six mois, rien que pour avoir accès à cette formation, n’ont pas été vains. Je ne pouvais aussi qu’apprécier l’effort qui est fait, en respect à la tradition d’hospitalité française, en terre d’Afrique en plus, pour que mon séjour soit facilité et rendu agréable : « votre transport, votre séjour et tous les frais sont pris en charge par RFI et ses partenaires ». C’était d’une générosité rarissime de nos jours, par ces temps de vaches tristement maigres.

Dès que j’ai confirmé ma disponibilité à y aller, les choses sont allées assez vites. J’ai reçu les informations et modalités d’obtention du visa (si nécessaire), le billet d’avion, ainsi qu’une attestation d’assurance ne portant aucune signature. On m’a quand même rassuré, qu’une carte ‘’plus officielle’’ et suffisamment sécurisante me ra remise une fois sur place. Une fois sur place, je ne l’ai pas réclamée.

J’ai effectivement pris l’avion le 01 mai, à destination d’Abidjan. Un vol de la compagnie Air Cote d’Ivoire, où on m’a parlé quasi-exclusivement anglais. Ça commençait bien pour quelqu’un qui quittait un pays francophone à destination d’un autre, à bord d’un avion de la compagnie du second, invité pour perfectionner sa francophonie pour mieux la servir.

Je suis « bien arrivé », comme on dit dans la région, et comme prévu, ‘’le fixeur’’ était là, à l’attente. J’étais parmi les rares premiers invités, déjà arrivés. On m’installe dans une chambre-cabane assez convenable. Je me suis endormi, moi qui venait du Sahel avec son Harmattan, comme un bébé sous le son des va et vient des vagues. C’était une nuit tranquille.

Le lendemain les choses vont changer. Alors que j’implorais les restaurateurs, après le dîner,  pour trouver un café et une bouteille d’eau, que je payais rubis sur ongle, on vint me chercher pour me dire : « nous voulons la clé, votre copain est arrivé ». Je me suis aussitôt exécuté, tout ahuri que je suis d’apprendre que j’ai un copain commis d’office. Sachant que la chambre est à lit unique, je n’ai pu m’empêcher de penser au récit de David Kpelly « Comment boire des Flag avec des tchadiennes, sans se retrouver dans le lit d’un Nigérian ». Moi, je n’ai pas trouvé de café, et je vais avoir un béninois dans mon lit.

Cette nouvelle donne me mettait dans une situation particulièrement embarrassante. J’ai fait des internats à tous les cycles de ma longue scolarité, j’ai voyagé et fréquenté des auberges et hôtels de standings variés, mais durant ma vie de quinquagénaire, je n’ai jamais partagé un lit sans mon consentement, et celui l’autre personne. On devait, comme on dit, respecter mes orientations …personnelles, sans parler des considérations religieuses qui ne concernent, en définitive, que moi.

J’ai remué mes faibles méninges, pour trouver ‘’une sortie de crise’’. Sans aviser l’équipe de rfi, ou lui faire la moindre supplication, observation ou réclamation, je me suis rabattu sur le Gérant de l’Hôtel qui, à ma grande chance, était du Sénégal. Nous avions sympathisé à mon arrivée, grâce à mes quelques mots de Wolof (dialecte sénégalais), en lui rappelant une expression avec laquelle les sénégalais taquinaient les maures de Mauritanie. Ils nous appelaient «  ‘’Narou guennar, amoul toubey’’ : le bédouin maure sans pantalon ». A ma demande, il a eu la délicatesse de m’installer un matelas, à même le sol, dans le coin nord-est de la  cabane, sur lequel je me recroquevillais, au risque d’un torticolis, durant les trois nuits que j’ai pu tenir dans cette situation de ‘’clandestin-invité’’.

Tant bien que mal, j’allais chaque jour m’efforcer, malgré ma déconvenue occasionnant un déficit de sommeil stressant, de tirer ce qui pouvait l’être des exposés et des ‘’leçons’’.

Il s’agissait plutôt de ces dernières, car Manitou nous disait qu’il ne blaguait pas, et qu’il nous avait demandé « d’amener quatre merdes », ce sont ces propos, alors qu’il avait remué et ciel et terre, consentit des efforts surhumains avec son équipe, pour nous amener là où nous étions. Etait-il conscient qu’il m’a amené dans un coin de case, recroquevillé, comme si avec ma barbe, on m’avait considéré Taliban, et on me préparait à Guantanamo ?

Je suis en droit d’en douter. Un merdeux doit s’estimer heureux là où j’étais, il pouvait être mis aux chiottes. Surtout s’il a le profil parfait des « clandestins », comme l’affirmait Manitou, en expliquant l’impossibilité d’organiser la formation en France. Pour lui, les blogueurs qui étaient là, avaient les caractéristiques complètes de ceux qui ne cherchent qu’un tremplin pour rester en France : des clandestins potentiels.

Je me suis vraiment posé l’interrogation suivante : à quoi peut me servir cette francophonie si elle ne peut pas constituer pour moi un passeport pour le Monde francophone tout entier, a fortiori pour la seule France. On me dira que « diplomatie française » applique des critères. Je n’ai pas demandé à aller en France, j’espère ne jamais en avoir besoin un jour, et ces critères ne donnent à personne une raison valable de m’insulter publiquement. A mon âge, tous les participants, et l’équipe de rfi avec, pouvaient être mes enfants, s’ils avaient tout simplement la guigne.

Ce climat, auquel s’ajoutent les conditions peu convenables et inconvenantes dans lesquelles j’étais installé, m’a fait prendre la décision d’écourter mon séjour paradisiaque. Je l’ai fait sans tapage et sans ambages. Depuis mon arrivée à Bassam, j’ai évité d’avoir le moindre contact avec la nommée Manon qui m’avait déjà copieusement manqué de respect par courriel, tout au début de ma ‘Mondobloguisation » en octobre 2013. J’avais encaissé et laissé passer, son chef m’ayant infligé, lui aussi, une véritable correction, et mon objectif étant de me former et de m’informer et non la belligérance. Je me suis donc adressé à la ravissante Raphaëlle. C’est elle qui était en contact avec nous depuis le début pour l’organisation du voyage, en lui expliquant que j’avais des problèmes ‘’domestiques’’ qui m’obligeaient à prendre le premier vol pour Niamey. Avec un visage glacial, et une attitude indifférente, elle eut l’énorme gentillesse, la grande adresse, et la parfaite délicatesse, de trouver un bout de papier quelque part  entre les tables du restaurant et la cuisine, pour m’y griffonner le contact de l’agence de voyages auprès de laquelle ils avaient acheté le billet. A son actif aussi, elle n’oublia pas de me préciser que les frais étaient à ma charge. Heureusement qu’à mon âge, on ne se sépare jamais d’un Joker. En plus de mon Joker, il y avait ‘’mon’’ sénégalais. J’utilise le possessif, pour cause d’amitié, de voisinage, voire de cousinage. L’administrateur colonial ‘’Xavier Coppolani’’, dans son rapport de 1899 « ma mission au Soudan Français » n’avait-il pas dit que le maure a toujours besoin de son nègre, et le nègre a toujours besoin de son maure, comme le blanc et le noir de l’œil.

Mon sénégalais a tout organisé, pour que je puisse aller régler mes problèmes « domestiques », que mes hôtes n’ont pas eu la curiosité de s’enquérir, hospitalité oblige, de leur niveau de gravité. Il avait même, généreux qu’il est, pré-financé mon billet. Il a organisé mon acheminement, par taxi et à l’heure convenue, sur l’aéroport. Manitou, la veille au soir, sans que je lui demande quoi que ce soit, me l’avait promis du bout des lèvres : « nous allons en ville demain, nous pouvons, peut-être, vous déposer sur la route ». Quelle route ? Je n’avais jamais posé la question, et lui, il avait vite oublié.

Comme dit au début, j’ai hésité à parler de mon séjour. Mais comme tout le monde a décrit le sien, je me devais de faire de même. Certains n’apprécieront certainement pas. Je ne relate pas ces choses pour qu’on apprécie ou qu’on réprouve, mais pour qu’elles se sachent.

J’ai voulu Bloguer  pour exprimer ce que je veux, quand je veux, dans les limites des lois et des bonnes manières. Mais je ne vis ni de BLOG, ni que pour lui. En outre, si la francophonie est celle qui ne sait pas nous respecter, nous invite sans avoir les moyens de nous accueillir, et nous dit « parlez notre langue, comportez-vous comme nous, mais restez chez vous jusqu’à ce que Ebola ait raison de vous dans trois mois», comme le prévoit Jean-Marie Le Pen, je vais me mettre au Haussa. Je l’écoute déjà sur rfi, mais je peux aller aussi sur le site. Je mesure bien la portée de ce que j’écris, et en assume les pleines conséquences.


Maalouma : le voile qui ne cache pas le talent

Maalouma    bbcarabic.com
Maalouma                                                                        bbcarabic.com

J’ai la certitude que la majorité d’entre vous, chers amis et collègues Mondoblogueurs, ainsi que votre quasi-totalité, chers lecteurs, n’avez pas une bonne connaissance de mon pays, la Mauritanie. L’image qui vous en parvient, doit être incomplète, écorchée, ou étriquée.

Il est vrai que le nom de mon pays, saute le plus souvent au-devant de l’actualité, à l’occasion d’un coup d’état, d’une sécheresse, d’une invasion de Sauteriaux, d’un déficit céréalier, d’une famine, ou d’une élection contestée.

Détrompez-vous, il n y a pas chez nous que des choses qui invoquent la compassion. La Mauritanie a, rassurez-vous, plus d’une facette. Il y a aussi des choses gaies. Je me suis donc proposé, de vous les dévoiler, progressivement et lentement pour maintenir un minimum de suspense.

Il y a cette facette « pays au million de poètes », que ma collègue Awa Seydou , notre malienne nationale, s’évertue généreusement à nous coller, malgré le manque d’inspiration notoire de nos virtuoses, en ces temps de vaches maigres.

Les poètes, le plus souvent, sont inspirés par des artistes, et vice-versa. Les artistes ici, sont légion. Ils sont nombreux à faire vibrer les mauritaniens. Parmi ceux-ci, une dame, du nom de Maalouma se fait distinguer par sa remarquable créativité, assortie d’une profonde authenticité.

Portant le voile avec élégance, posant sur vous un regard doux, le sourire en permanence sur les lèvres, parlant d’une voix qui murmure, respirant la sérénité, Maalouma rayonne d’une impressionnante et calme assurance.

Elle est actuellement en France, à l’invitation du Festival Arabesques, voué aux arts du monde arabe, à Montpellier, qui se tenait du 19 au  25 mai 2014. L’Album « Knou » qu’elle y présentait, « est un tissage ethno-pop rapprochant le chant et les instruments traditionnels (luth tidinit et harpe ardine) avec des sonorités urbaines occidentales».

Confronter la musique traditionnelle mauritanienne avec d’autres univers, c’est une manière pour l’artiste d’empêcher que ce riche patrimoine, jusqu’ici à transmission orale, ne se perde pour de bon. La voici, Maalouma, dans toute sa splendeur, sur le plateau de la chaîne marocaine 2M à Casablanca.

Malgré son esprit ouvert – certains diront rebelle – Maalouma a toujours été une artiste attachée à la culture et aux valeurs transmises par ses aïeux. Sa manière d’être curieuse du monde lui vient de son père, Mokhtar Ould Meidah, (griot) respecté en Mauritanie, raconte la chanteuse, née en 1960 dans la région du Trarza, au sud du pays. Elle ajoute : « Il m’a ouvert au monde, avec sa radio, fait découvrir la libanaise Fairuz et Jacques Brel. »

Pour montrer qu’elle est bien émancipée et multidimensionnelle, elle a aussi vécu une période de militante engagée au sein de l’opposition mauritanienne. Elle fut élue au Sénat en 2007, pour y passer sept ans, sous la bannière du RFD (rassemblement des forces démocratiques), principal parti d’opposition à l’époque. Maintenant, elle a repris son indépendance par rapport aux partis politiques, qu’elles jugent ainsi : « Les partis ne m’intéressent plus. Ils sont inefficaces. La Mauritanie est toujours dirigée par les généraux, comme dans beaucoup de pays en Afrique. Ce pays n’est pas une vraie démocratie».

Pour mieux cerner le parcours, la personnalité, et les exceptionnelles qualités de Maalouma, je vous conseille de lire l’article du chroniqueur mauritanien Ould Oumeir, intitulé « Maalouma, le singulier et le pluriel ».


Présidentielle mauritanienne : voter utile

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Les 5 candidats à la présidentielle                                                          Photo Cridem

(Ce billet est inspiré par « la lettre de l’enfant » de Valery moise, et le « Cameroun émergent» de Dania . J’ai essayé de faire vivre l’enfant dans le pays émergent, mais en Mauritanie. Un exercice périlleux, compte tenu de l’exceptionnel talent de mes deux amis et collègues.)

A l’attention particulière de Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz Ould Eleya, Président non sortant de la République Islamique de Mauritanie. Enveloppe à ne pas ouvrir avant son excellence.

Je tiens avant tout, Monsieur le Président, à vous adresser mes meilleurs vœux, à l’occasion de ce 25 mai, journée de l ‘UA (union africaine), dont vous avez, pour une année, l’honorable et hautement symbolique charge de la présidence tournante.

Dans un billet publié ici, à l’occasion des récentes élections législatives et municipales, j’avais donné les raisons pour lesquelles j’étais alors amené, en âme et conscience, à prendre la décision suivante : « je ne boycotte pas, je ne suis pas candidat, et je ne vote pas ».

J’avais expliqué en détail, les raisons de tels choix qui, pour ceux qui ne me connaissent pas, ou peu, ne manquaient pas d’ambiguïté. Par contre, ceux qui savent pertinemment que je suis entier, et que l’apolitique a toujours été mon choix éminemment politique, avaient compris mes motivations et leur véritable contexte.

Le déroulement du processus politique du pays, depuis les élections de Novembre et décembre derniers, m’a toujours donné raison. Au moment de votre rencontre avec les jeunes, j’avais exprimé mon souhait de vous rencontrer. J’ai dû me contenter d’exprimer ici, ce que je voulais vous dire. Aussi, ai-je prédis l’aboutissement du dialogue mort-né avec l’opposition dite radicale en avril dernier. La seule chose que je semble avoir sous estimée, est le score que vous pourrez réaliser au scrutin de juin prochain. Au lieu de la fourchette des 60 % que j’avais annoncée, et au vu de la configuration finale des candidatures, je ne pense pas que vous descendiez sous les 85 %. Tenant compte de l’ensemble de ces éléments, sur lesquels les fondements de mon analyse n’ont jamais changé, j’ai adopté une nouvelle position.

Pour l’échéance présidentielle du 21 juin 2014, sachez que je ne boycotte pas, je n’ai pas été candidat, et je vais voter pour vous, Monsieur le Président. Je ne peux pas vous dire que mon soutien sera indéfectible, ou qu’il est sans conditions. Cette terminologie, permettez-moi l’expression, votre Excellence, me répugne : je suis témoin oculaire de beaucoup de soutiens qui s’affichaient indéfectibles à vos prédécesseurs, et dès la chute de ces derniers, ont vite retourné la veste (le boubou plutôt) pour applaudir, des mains et des pieds, avec des youyous tonitruants, leurs tombeurs. Pour ce qui est des conditions, et pour être franc avec vous,  un soutien a toujours des conditions, au moins celles dans lesquelles il se mérite et s’accorde.

En votant pour vous, je vais voter pour une idée que je me fais de mon pays. Je vais voter aussi pour une Mauritanie que je voudrais bâtir, avec vous, pour vos enfants, les miens, leur génération, et celles à venir. Où les mauritaniens ne se trouveront pas tous, tenus d’être politiciens ou partisans, pour sentir qu’ils existent, ou  qu’ils comptent. Par contre, ils s’emploieront tous à consolider les fondements d’un Etat, qui les prend tous en compte. Un Etat de droit, et non un Etat d’âmes. Une Mauritanie où les tribus, la vôtre et la mienne comprises, s’effaceront comme par enchantement. Elles n’auront plus leurs raisons d’être, devant les performances de l’Etat de droit, de la pluralité, de l’égalité des chances, de la multitude des opportunités, et de l’absence totale de toute forme de tributs.

En votant pour vous, j’aurai fait le choix d’une Mauritanie plurielle, où la pensée supplante les arrière-pensées, où le passif humanitaire aura été réglé et provisionnée (pour utiliser un terme comptable) par la prévision de tout risque de conflit entre les communautés, et où sera revalorisé l’énorme actif de ce qu’elles ont su réaliser, au fil du temps, en symbiose, ensemble. Une Mauritanie-nation, où sera ancrée l’idée qu’on peut être différents, sans y trouver la moindre raison d’avoir des différends. Une nation qui accepte sa diversité, élimine les tares, combat les inégalités, et s’insurge contre l’injustice. Une Mauritanie multi-ethnique, où on respectera profondément les communautés, et combattra vigoureusement les communautarismes.

Une Mauritanie dont chacun des fils, noir, blanc, basané, ou « zèbre », pourrait en devenir Président, pourvu qu’il soit méritant, et qu’il l’obtienne par alternance pacifique, libre et transparente. Qu’il respecte la constitution, et en applique, avec profonde conviction, et grande détermination, toutes les dispositions, qu’il se gardera bien de tripatouiller pour s’inventer des subterfuges pour conserver le pouvoir. Qu’il sache se séparer de gaieté de cœur, du pouvoir, et veille, durant son exercice de la magistrature suprême, à la séparation effective des pouvoirs. Un Président de tous, et pas uniquement de tout.

Un pays où la lâcheté, l’hypocrisie, la partialité, le clanisme, le clientélisme, l’arrivisme, le suivisme, l’affiliation tribale ou partisane, la médiocratie, le copinage, le cousinage,  la violence, l’autocratie, la tyrannie, l’inversion de l’échelle des valeurs, le règne des stupéfiants et anabolisants, les vols, les viols, la prostitution, la pédophilie, toutes les formes d’esclavage et l’ensemble de ses séquelles, et la violence morale ou physique seront, à jamais, bannis. Un pays où, les paroles seront toujours traduites en actes, et les actes motivés par la bonne et juste parole.

Dans la Mauritanie que nous projetons, vous et moi, et dont rêvent nos concitoyens aussi, on accorde une importance capitale à la ressource humaine. C’est celle-ci qui crée la richesse. A la condition que les compétences soient valorisées, et que la promotion se fasse sur l’unique base du mérite. Que personne ne puisse se dérober à ses responsabilités, la sanction et la récompense étant, avec équité et rigueur, mise systématiquement en application et en vigueur. Que les gouvernants sachent que chaque citoyen a le droit de vivre dans la dignité, et qu’il n’aimerait guère, s’il n’a aucun handicap physique l’empêchant de se nourrir à la sueur de son front, recevoir une aide déshumanisante, fut-elle peinte sur un tableau d’aide sociale.

Nous avons le devoir d’expliquer à nos compatriotes la valeur du travail. Ils ont un pays immensément riche, sont d’une digne, fière, et exceptionnelle sobriété, et ne peuvent continuer à vivre dans un dénuement qui blesse leur honneur, et entache leur fierté. La mendicité internationale n’a sorti personne de ses difficultés, et ne cesse de charger de dettes, les frêles épaules de nos générations montantes, qui me paraissent, en plus, perdre, de plus en plus, les repères.

Regardez, Monsieur le président, autour de vous. Regardez droit dans les yeux de nos enfants, les vôtres, les miens, et les autres, combien il est lisible que leurs aspirations et rêves sont grands, voire grandioses. Prenez le temps d’observer leurs comportements et mouvements, et d’anticiper l’interprétation du sens de leurs prises de positions futures. Leur silence est assourdissant, le tourbillon de leurs réflexions précoces est ravageur, et leur marche vers leurs aspirations est irréversible. Nous avons la chance, Excellence, d’être nés, vous et moi, sur une terre si fertile et généreuse, qu’elle a produit à la fois de sublimes et remarquables héros et de piètres et exécrables vauriens et opportunistes.

Vous connaissez inévitablement, ces derniers, mieux que quiconque. Ils sont certainement venus vous raconter les mêmes inepties qu’ils racontaient, devant vous, à certains de vos prédécesseurs qui croyaient, pourtant, pouvoir compter sur leur soutien « indéfectible ». Notre peuple, apparemment beaucoup plus que ceux d’ailleurs, est très émotif et particulièrement capricieux. Il a souvent la regrettable habitude de préférer les promesses pompeuses immédiates, aux propositions minutieusement réfléchies et méticuleusement pesées de ceux qui, péniblement gravissent les pentes raides du labeur, et se hissent à l’apogée de la compétence, pour présenter des solutions pertinentes, efficientes, efficaces, et durables. Voilà, pour être bref, certains des défis qui nous attendent, pour réussir ce combat, qui devrait être mené par tous.

C’est bien possible car, en Mauritanie, il y a de la place, au propre comme au figuré, pour toutes ses filles et tous ses fils. Nous y arriverons d’autant plus aisément, si vous appreniez, avant de vous comporter comme Président, à être un citoyen modèle. Pour mieux connaître les autres et leurs aspirations, connaissons-nous nous-même et triomphons de notre ego. Ne nous limitons jamais à notre pointure et aux sentiers battus, chaussons les souliers des autres et parcourons leurs chemins. Comprenons les raisons de leurs réussites, les causes de leurs déboires, et quelles sont leurs réelles aspirations. Capitalisons cette analyse, et tirons-en les meilleures leçons. Méfions-nous des conseillers-renards et des amis filous. Et par-dessus tout, écoutons des choses qui ne plaisent pas nécessairement à les entendre, mais qui aident considérablement à prendre les décisions objectives et idoines.

Apprenons à prendre le plus souvent des décisions, et non à toujours donner des instructions. Ces dernières sous-tendent l’improvisé et le subjectif, tandis que les premières supposent l’analyse des tenants et aboutissants de la question au sujet de laquelle on décide : personne ne dispose du monopole de la vérité, ni de celui de la raison.

La vérité et la raison jaillissent de la discussion dépassionnée entre protagonistes, et même antagonistes. La sagesse de notre peuple l’emportera. Nous reconstituerons une Mauritanie réconciliée avec elle-même, et ancrée de nouveau comme charnière entre l’Afrique du nord, et celle au sud du Sahara. La Mauritanie telle que nous la concevons, ne sera plus jamais tiraillée entre ses composantes, et ne connaîtrait plus comme dispute, que celle que se livrent depuis la nuit des temps, l’Harmattan et la Brise marine pour se l’approprier. Elle redeviendra un îlot de culture et d’échanges, et cessera d’être ce désert intellectuel épouvantable, et qui tranche lamentablement avec sa vocation d’antan.

Mon souci majeur est que demain, à la suite du mandat que le peuple va vous accorder, – je n’en doute pas un seul instant – vous puissiez regarder tout le monde droit dans les yeux. Que vous puissiez aller à la mosquée du quartier, sans escorte. Que vos enfants, les miens, et ceux de leur génération, se rencontrent, et échangent sans rancœur ou rancune. C’est un aspect capital de l’héritage que vous devrez leur laisser, lorsque après la Présidence, vous redeviendrez un honorable, mais simple citoyen. Ce faisant, je ne pourrai qu’être ragaillardi de vous avoir soutenu,dans l’accomplissement de cette grande oeuvre.

Avant de retrouver cet honorable statut de simple citoyen de la République Islamique de Mauritanie, vous laisserez un pays émergent. N’en déplaise à l’APP (parti opposition modérée),  FNDU (opposition radicale), et autres boycotteurs. Vous leur direz, simplement et éloquemment, voilà que la Mauritanie est enfin devenue émergente. Longtemps, mais bien longtemps avant toute  échéance que vous pouviez imaginer. Ils ne vous croiront sans doute pas, mais on ne montre pas le ciel à qui ne veut pas le voir. L’essentiel est que nous savons, vous, moi, et « le chacal à l’est de Oualata« (*), que la Mauritanie est réellement émergente. La preuve, est que durant votre second (et dernier ?) mandat, les remaniements ministériels sont faits rien que pour nommer de vrais jeunes, réellement technocrates. Dans la nouvelle Mauritanie, il n’est plus question de distribution de « cadeaux électoraux », ou de dosages ethniques ou tribaux, moins encore d’équilibres ou d’adéquations partisans. On est passé aussi à un nombre raisonnable de ministres : 15 au maximum, soit une moyenne de 5 par million d’habitant. C’est largement suffisant pour faire le travail, et beaucoup trop pour ne rien faire.

On aura aussi réhabilité les Walis (gouverneurs), pour qu’ils servent à quelque chose, autre que la distribution aux nécessiteux (qui n’existeraient plus), sous la supervision d’un conseiller du premier ministre, venu à grands frais de Nouakchott, de boites de sardines, ou de semoule périmée généreusement offerte par l’USAID. On aura aussi rendu la décentralisation effective et significative, pour que le rôle des communes ne se limite plus à assurer le Catering et l’hébergement des visiteurs officiels. On aura réduit le train de vie de l’Etat. Il aura été, en tout cas, plus réduit que le train minéralier de la SNIM (société minière), réputé le plus long du monde avec 250 wagons.

Désormais, l’argent des séminaires, des colloques et autres ateliers des interminables et sempiternelles sensibilisations, est reversé dans les projets générateurs de revenus des collectivités locales. On aura construit des routes, des ponts, des aéroports, des échangeurs, des passages à niveaux, des toboggans, des gares routières, des chemins de fer, et sciemment, j’en oublie…

Les richesses minières du pays auront été gérées de façon plus transparente que les méthodes de Transparency International, que vous avez déjà jugé, Monsieur le Président, peu transparente elle-même. Nous aurons mis en place des laboratoires et observatoires pour nous dire, avant le départ des containers du port, la teneur exacte de ceci en cela, et de cela en ceci.

La confiance aura aussi été rétablie entre les mauritaniens, pour qu’ils puissent gérer eux-mêmes leurs abondantes réserves en devises, confiées en gérance, par vos bons soins, à la Banque mondiale.

Des votations référendaires, locales, régionales, ou nationales, seront organisées pour que les citoyens se prononcent sur les baux emphytéotiques signés de temps à autre, avec des partenaires qui démontrent ainsi « la crédibilité intérieure et extérieure de l’état ». Les mauritaniens auront ainsi pu savoir, la transparence étant de rigueur, s’il s’agit de 99 ou 999 ans, pour tel ou tel bail.

Tous constateront, que l’évolution quantitative des médias, s’est bien accompagnée d’une amélioration qualitative. Ainsi, en plus de leur passage au numérique (en dépit de leur penchant avéré pour le numéraire), pour les médias officiels, le monde (extérieur comme ils disent) aura commencé à exister, et les régions du pays n’auront plus été qualifiées d’intérieures, parce que nous n’en avons pas, à ma connaissance tout au moins, à l’extérieur. Nos valeureux présentateurs vedettes auront appris que féminin de Burkinabé n’est pas Burkinbaise. Ils auront cessé de dire aux honorables citoyens, et aux respectables auditeurs et téléspectateurs, que « toutes » les mesures sont prises. Le « toutes » est, me semble-il, de trop. Les hauts responsables se seront accommodés du fait qu’ils sont bien exonérés de nous dire, à chaque reprise, que ce qu’ils font est suite à vos instructions, et qu’il s’inscrit dans votre programme ainsi que celui de votre premier ministre. Vous avez le même programme, à ce que je sache. Nous aurons vu des ministres nous dire qu’il y a des choses qui marchent bien, d’autres qui le sont moins, et certaines qui ne marchent pas du tout. Ils nous édifieront sur les raisons des réussites parfaites, de celles mitigées, mais aussi les causes des échecs. Ainsi, ils auraient gagné en crédibilité, en excluant l’improbable, et peu plausible, zéro échec! C’est ça les preuves de notre émergence, à laquelle nous croyons, et que le FNDU (front de l’opposition) n’a qu’à mettre en doute, et continuer à vivre sa crise politique à lui. En démocratie, à chacun son truc, son machin. La notre est déjà certifiée « ISO » par l’UE (union européenne), qui ne supervise plus nos élections, mais envoie des « experts » pour capitaliser nos performances en la matière. Quant à l’UA et la Ligue des Etats arabes ( qui ne savent se liguer que contre l’un des leurs), ils viennent toujours chez nous pour se sourcer et se mettre à niveau.

Dans notre Mauritanie émergente, l’éducation et la santé sont gratuits. Les frais pharmaceutiques remboursés par le plus proche guichet du trésor public. Il suffira d’appeler au numéro vert du SAMU, et vous serez pris en charge dans le quart d’heure qui suit. Selon la distance relevée au GPS, une ambulance ou un hélicoptère médicalisé vous conduira vers un Centre hospitalier spécialisé, où un personnel motivé et mieux attentionné que votre propre famille, s’occupera de vous. Là-bas, vous êtes entre de bonnes mains, et de bons scalpels bien aseptisés. Les médicaments, avec date de péremption prolongée, sont disponibles en abondance. Plus besoin d’accourir vers la  »pharma quelque chose »  d’en face, pour acheter le produit qui sera utilisé par l’anesthésiste consciencieux, et fidèle à son serment d’hypocrite d’Hippocrate.

Notre président ne perdra plus son temps à aller incognito, en visite inopinée, pour s’assurer que l’hôpital, ou toute autre administration fonctionnent bien. Ce n’est plus nécessaire, parce que nous avons placé les hommes et les femmes qu’il faut, aux places qui en ont besoin. Ainsi, nous laisserons les contrôleurs et inspecteurs jouer pleinement leur rôle. Rassurez-vous, nous avons enquêté sur la moralité de tous pour savoir qui fait quoi. Peu de choses, en Mauritanie émergente, sont laissées au seul hasard.

En Mauritanie émergente, du second mandat 2014-2019, les impôts seront supprimés, le carburant coûtera zéro MRO (monnaie locale) à la pompe, les prix des matières dites de première nécessité (comme s’il y a une seconde nécessité ?), ne seront plus tributaires des fluctuations du marché international. C’est le montant de leur subvention qui sera indexé aux prix dudit marché. En quelque sorte, un Brunei sur la côte Ouest Africaine.

Les procédures judiciaires deviendront plus judicieuses. On traitera votre cas avec délicatesse, et diligence. Vous serez fixés sur votre sort, très rapidement, pour ne pas dire de façon expéditive. La corruption et les tribunaux ne feront plus bons voisinage. Il suffira qu’un citoyen lambda pointe devant un greffier, pour que sa plainte ou sa requête soit enregistré et prise au sérieux. Plus la peine de suivre votre dossier, il suivra son circuit normal et dans des délais records. Tachez tout simplement d’avoir un contact, et de le laisser avec le greffe du tribunal. Le contact sera établi avec vous dès que nécessaire.

C’est dans cette Mauritanie idyllique, Excellence, dont rêvent nos enfants, où la vie est simplifiée, comme fussent sobres ses citoyens, sous la tente, dans la case, ou sous l’arbre à palabres, que nous allons laisser nos enfants.

Nous sommes censés partager le même rêve aussi bien pour notre patrie, que pour notre progéniture. Travaillons pour le rendre réalité. Ce n’est pas facile, mais c’est possible. Il suffit d’en avoir la volonté, et garder intacte sa détermination. La mienne ne fera ni défaut, ni défection. Mais j’ai la fâcheuse habitude de toujours dire, dans les formes, et sans détours, ce que je pense. Je sais dire non, mais aussi oui. Mais on ne peut pas faire de moi un béni oui-oui. C’est seulement ainsi que je peux donner un sens à mon existence.

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(*) Expression maure : secret de polichinelle


Eternuez ! A vos souhaits !

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le retour des allergies saisonnières                                                      docteurclic.com

L’éternuement est l’un de ces réflexes ou « automatismes » dont a été génialement et généreusement doté notre organisme pour se défendre contre certaines attaques, irritantes, ou nuisibles. C’est l’expression largement utilisée, « quand Tel s’enrhume, Tel autre éternue » qui m’a mis la puce à l’oreille, ou plutôt « l’irritation aux narines ». En plus, j’ai le nez particulièrement sensible aux poussières, odeurs, et fragrances. C’est ce qui m’a conduit à rechercher, et trouver, pour vous et moi, et à nos souhaits, de quoi satisfaire notre curiosité et éviter des désagréments et risques liés à l’éternuement.

L’éternuement est un symptôme très fréquent et généralement très banal, témoin d’une irritation passagère de la muqueuse nasale. Il est en fait assez simple : la stimulation des cils et des petits poils situés dans le nez informe le cerveau de la nécessité qu’il y a à mettre en route ce réflexe.

Bruyant ou plus discret, incontrôlé ou prévisible, l’éternuement est une brusque expiration d’air par le nez et par la bouche qu’il n’est pas rare d’entendre au quotidien. Pour autant, savons-nous réellement pourquoi nous éternuons et comment ceci se produit ? Les narines qui chatouillent, grattouillent et tout d’un coup « aaaaatchouuuuum ! », c’est l’explosion.  Le point de départ, les explications et causes se trouvent ici.

L’éternuement n’est pas l’apanage des humains. Ce chat mignon, s’y adonne pour se libérer d’une chose irritante, ou gênante qui semble lui chatouiller les petites narines. Il laisse libre cours à ses réflexes naturels.

Le comportement adopté par ce chat, est exactement celui que conseillent les spécialistes : au vu d’une telle fonction, il est préférable de ne pas empêcher un éternuement. Néanmoins, lorsqu’il survient dans des circonstances inappropriées, il existe quelques méthodes pouvant permettre de le retenir : retenir sa respiration, serrer la racine du nez, avaler sa salive de façon répétée, poser son doigt sous son nez ou encore fermer les yeux et poser ses doigts dessus. Reste que ces gestes ne sont, sans surprise, pas toujours efficaces… Certains conseillent ainsi de se boucher le nez en fermant la bouche.

Toutefois, si cela n’empêche pas l’éternuement, il ne faut pas maintenir son nez pincé, sans quoi la pression de l’air qui n’a pas pu sortir peut endommager l’oreille interne. De même, il faut être prudent lorsque l’on éternue car dans certains cas, l’expiration est tellement puissante qu’elle peut provoquer un traumatisme (en se cognant par exemple) voire des lésions dans certaines parties du corps.

Naturellement, tout le monde n’éternue pas de la même manière. Chez certains, les éternuements ne sont que faibles quand chez d’autres, ils expulsent de grandes quantités d’air, prenant un aspect plutôt explosif. L’air expulsé peut atteindre la vitesse de 200 kilomètres par heure à la sortie du nez.

Et pourquoi ferme-t-on systématiquement les yeux quand on éternue ? Tout simplement parce que la pression générée par le mécanisme est tellement forte qu’elle pourrait endommager les yeux en les faisant sortir des orbites. Paupières fermées, il n’y a donc pas de risque qu’ils s’échappent !

Les experts donnent d’amples explications sur les mécanismes de l’éternuement, ainsi que les risques liés à son étouffement, qui pourrait même conduire, dans des cas extrêmes, à des AVC (accidents Cardio-vasculaires).

L’éternuement, serait par ailleurs, révélateur de personnalité. Certains spécialistes, comme le neurologue et psychiatre de Chicago, Alan Hirsh, « estiment que si l’éternuement est mécanique, il pourrait aussi refléter un peu de notre personnalité, « comme le rire » « . 


Le français et la francophonie se portent bien

Le 19 mai 2014, l’émission d’Yvan Amar, la danse des mots, avait comme invité, Monsieur Hervé Bourges, qu’on ne présente pas. C’est une icône du paysage médiatique français, un amoureux invétéré et utilisateur raffiné de la langue française, mais aussi un avocat, engagé, éloquent, et infatigable de la francophonie.

A la danse des mots, il était venu parler de son livre « Pardon my french », qu’il vient de publier chez Karthala. Ce titre « Pardonnez mon français », est la transcription d’une expression largement utilisée par les américains quand ils veulent ironiser, ou se moquer des français.

Au cours de l’émission, Monsieur Bourges n’a pas été seulement rassurant sur la situation actuelle de la langue française, mais aussi, grandement optimiste pour l’avenir de la francophonie, pour le rayonnement de laquelle il formule un certain nombre de propositions à mettre en oeuvre.

Pour ce qui est du français, il dit qu’il se porte très bien, en minimisant la menace des anglicismes qui, selon lui, ne dépasseraient pas les 700 mots, au moment où la langue de sa majesté en compterait dix sept mille.

Au même moment, il trouve inadmissible qu’on ne puisse pas trouver des mots français, qui expriment fidèlement ce que certains tiennent à formuler en un anglais pas toujours bon, rien que pour ‘’faire moderne’’.

Il s’insurge contre le fait que certains conseils d’administration, sans raison valable, se déroulent à Paris, mais en anglais. Dans ce cadre, il pense qu’il est du devoir de l’Etat français d’intervenir, son rôle étant de protéger cette langue que la constitution de la République consacre comme la langue des français. Il se défend, toutefois, d’être contre la langue anglaise. Il faut, dit-il, apprendre toutes les langues, mais l’opinion dominante que l’anglais va supplanter toutes les langues n’est pas fondée. Le français est, par exemple, au même titre que l’anglais, la langue de secrétariat des nations unies.

Au contraire, il pense que l’anglais sera dépassé, dans un avenir pas lointain,  par le mandarin, que l’espagnol reprend de la place surtout en Amérique, au moment où le français passerait de plus de 250 ou 300 millions de locuteurs actuellement, à un milliard de francophones à l’horizon 2050. L’essentiel de ce dernier nombre (9 sur 10) se situerait en Afrique, ‘’favorisé’’ par la croissance démographique galopante.

Il ajoute que, contrairement à une idée répandue dans le passé, la langue française n’est plus considérée par les élites comme une langue de colonisation, mais plutôt un butin de guerre que les anciens colonisés devraient capitaliser.

Selon lui, les spécialistes prévoient, dans un avenir proche, la disparition de plus de 3000 langues. Particulièrement celles qui véhiculent des civilisations et des cultures. A ceux qui prétendent que le français est une langue vieillissante ou morte, il répond, avec argumentation, qu’ils se trompent largement.

Pour l’auteur, si l’Académie française a accompli des signes positifs louables par l’entrée de femmes à l’Académie, ainsi que d’écrivains  non français comme le haïtien Dany Laferrière, il reste encore des efforts conséquents à faire. Dans ce cadre, il propose la création d’une académie de la francophonie qui prendrait en compte les apports des francophones, et qui lui semblent de nature à enrichir la langue française.

Il propose, entre autres, l’organisation de festivités annuelles et périodiques dans tous les Etats de la francophonie, et l’instauration d’un visa de la francophonie.

Dans ce même ordre d’idées, M. Bourges considère que Monsieur Abdou Diouf, actuel Secrétaire Général de l’OIF (organisation internationale de la francophonie), a formulé de bonnes propositions dans ce sens. Comme M. Diouf, après trois mandats successifs, a décidé de ne pas se représenter, M. Bourges souhaite qu’il soit relayé à la tête de l’OIF par quelqu’un qui a la même maturité politique, et la vision ambitieuse pour la francophonie, que celles qui caractérisent le Secrétaire Général sortant.

L’entretien, particulièrement instructif, de M. Bourges avec Yvan Amar peut être écouté ici sur rfi.fr, et le document vidéo ci-dessous, donne une idée des grandes lignes de « Pardon my  french ».


Sécurité alimentaire : du péril acridien aux insectes-aubaine

Insectes comestibles   forum entomovores
Insectes comestibles                                                                          forum entomovores

Le Sahélien que je suis a toujours vécu la hantise de voir les champs de cultures ravagés, les pâturages anéantis et le couvert végétal durablement détérioré par les énormes, innombrables, et indescriptibles essaims de criquets migrateurs qui, de façon cyclique, envahissent toute la bande sahélo-saharienne. Parfois, ils menacent aussi certains pays du sud de la méditerranée, et même Madagascar.

Les dégâts que causent ces insectes, qui se déplacent en nombres ahurissants, dépassent l’imaginable. Leur système digestif particulièrement performant, caractérisé par un transit ultrarapide, leur permet des performances exceptionnelles dans ce domaine. Les comestibles aussitôt consommés, des déchets ou fèces équivalents sont concomitamment évacués. Ceci leur donne une capacité de nuisance et une célérité ravageuses.

Pour faire face à ce qu’on appelle dans notre zone « le péril acridien« , plusieurs méthodes de lutte ont été mises en œuvre, avec une efficacité mitigée, et des impacts environnementaux souvent décriés. De méthodes traditionnelles et artisanales, on est passé d’abord par les pulvérisations par piétons, ensuite motorisées, avant d’utiliser l’épandage aérien, sur des dizaines de milliers d’hectares, de produits chimiques. La toxicité de ces produits a conduit à rechercher des méthodes alternatives, de préférence biologiques. Des expériences dans ce cadre ont été conduites au Mali.

Ce qui me parait paradoxal, est le fait que le risque lié aux produits chimiques utilisés contre ces bestioles, n’a jamais empêché les populations locales de les consommer. C’est en quelque sorte une forme de se faire justice : ravager le ravageur. Cette pratique est cependant restée, jusqu’à présent, assez limitée. Je savais que dans une région de Mauritanie (Adrar), mes compatriotes mangent les criquets, comme dans la mienne (Tagant) on mange un autre insecte dont je tairai le nom, par souci égoïste de protéger la ressource régionale de ceux qui ne sont pas encore « au parfum ». Au Niger, il m’est revenu que le criquet local, était, lui aussi, comestible. Je suis allé au marché, m’en assurer de visu. Par corrélation, et eu égard à la similitude des habitudes alimentaires de la sous-région, je peux en déduire, qu’au Mali, et probablement ailleurs, c’est aussi le cas.

Ce constat est pour moi tout à fait rassurant, dans la mesure où j’y entrevois la possibilité pour nos populations de transformer les acridiens d’un péril qui, comme une épée de Damoclès, les menace dans leurs sources de subsistance, en une contribution significative et nutritive à leur sécurité alimentaire, perpétuellement et gravement compromise. De menace les insectes se transformeraient ainsi en aubaine.

Mon espoir a été renforcé, quand j’ai constaté que la pratique de consommation des insectes, commence à entrer dans les bonnes habitudes, ailleurs.

La barrière psychologique, tout au moins, est donc franchie. Manger des insectes n’est pas seulement limité à la consommation médiatique, mais aussi, dédiée à celle gastronomique.

Ils seraient très riches en protéines, et la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) conseillerait vivement cette pratique. Les environnementalistes préconisent leur substitution aux viandes animales, les animaux étant jugés pollueurs et voués à la disparition.

On conseille non seulement la consommation des criquets, mais aussi des mantes, des grillons, des blattes, et que sais-je encore ? Les entomovores se multiplient. Les méthodes d’élevage d’insectes s’affinent, et se vulgarisent. C’est, me semble-t-il, un progrès à accompagner, une idée à capitaliser, et un défi à relever.

Aurons-nous la prédisposition psychique, la volonté politique, les possibilités techniques, les moyens logistiques, et les ressources économiques suffisantes, pour arriver à ce noble objectif, même si on doit reconnaître la difficulté de sa concrétisation ? Rien n’est moins sûr.

Ailleurs, la chose est pourtant prise au sérieux. L’Union européenne devrait se prononcer, à ce sujet, en 2016. Les Belges eux, ont déjà légiféré en 2013, autorisant la consommation d’une dizaine d’insectes. Ce n’est pas seulement une histoire belge.

En effet, les chercheurs du laboratoire de Biologie animale de la faculté de Rennes (France), ont, quant à eux, étudié le cycle de reproduction, le taux de croissance, et de développement de nos meilleures sources de protéines, à venir. J’espère vivement que vous aurez la curiosité, le temps et la patience de suivre cet intéressant document, de valeur académique (vidéo):


France : désaccord, en nombre, sur le genre

Affiche journée-jupe              huffington post
Affiche journée-jupe                                                 Crédit: huffington post

Je me considère comme un observateur attentif et régulier, pour ne pas avoir la prétention de dire averti, de l’actualité française, depuis le temps où le célèbre Jacques Chancel animait sur France Inter, son impeccable et particulièrement instructive « radioscopie ».

Mais depuis ces derniers mois, je doute fort qu’avec une radioscopie, voire une IRM (Imagerie par Résonance magnétique), je puisse arriver à comprendre où va la France sociétale. Surtout, ce que veulent les Françaises qu’on fasse encore pour elles, mais aussi ce qu’elles veulent faire de leurs compatriotes, jusqu’ici, de l’autre sexe.

En France, à ce qu’il me semble, Il n y a pas ce qui n’a pas été fait pour rétablir la femme dans ses droits, respecter sa dignité, restaurer son image, la hisser au niveau de l’égalité -tant souhaitée- avec l’homme.

Son combat a commencé par le droit au vote et à l’éligibilité. A son attachante féminité, elle a ajouté un non indispensable, mais compréhensible féminisme. Elle s’est employée à lutter contre diverses formes de harcèlement et de machisme. Sa lutte pour le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), l’égalité des rémunérations, la discrimination positive, la parité, a été couronnée d’un relatif, mais réel succès.

En dépit de ces avancées, pour le moins significatives, nous voilà maintenant avec le sexisme. On croyait avoir mis le train de l’égalité sur les bons rails. Mais, à chaque fois, on nous invente un nouveau concept, une tare supplémentaire, une autre raison de nous culpabiliser, un motif nouveau pour nous faire blêmir. Comme maigre, mais bonne consolation, ceci nous offre l’inégalée opportunité pour que nous énumérions, sans rentrer dans les détails et les particularités, ce qui a été fait, et continue à l’être, pour nos valeureuses françaises.

Au moment où, au 21e siècle, certains pays qui pèsent lourd sur l’échiquier mondialisé, ne se limitent pas à priver les femmes du droit élémentaire de conduire un véhicule, mais leur dictent aussi comment elles devraient se conduire elles-mêmes, au risque de se faire éconduire, nos particulièrement exigeantes, et légitimement ambitieuses françaises devraient remercier le ciel.

Effectivement, les Françaises votèrent dès le 29 avril 1945, à l’occasion des élections municipales, puis participèrent au scrutin national le 21 octobre de la même année, car l’ordonnance du 21 avril 1944 prise par le gouvernement provisoire du général de Gaulle à Alger avait stipulé que « les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes« . Deux ans et demi plus tard, le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, ira plus loin pour consacrer l’égalité, devise de la République, dans les principes fondamentaux de celle-ci: « la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme« .

La femme est donc lancée, voire propulsée, dans tous les domaines, où elle aura désormais accès à l’éducation, au travail, aux fonctions civiles et militaires de l’Etat, en plus de l’initiative libérale, laissée à son libre choix et selon sa vocation.

Le président Valéry Giscard d’Estaing, est connu pour avoir particulièrement promu, au cours de son septennat, un bon nombre de femmes à de hautes fonctions.

Cette dynamique se renforcera avec l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir, le 10 mai 1981. Ses deux septennats connaîtront l’implication effective et significative des femmes dans les sphères de prise de décision. Cette période se singularisera par la promotion, pour la première et unique fois dans l’histoire de la République française, d’une dame, en la personne de Mme Edith Cresson, au poste de premier ministre le 15 mai 1991.

Le premier « Gouvernement Juppé », 25e de la Ve République française, compta 27,9 % de femmes : 4 femmes ministres et 8 femmes secrétaires d’Etat. Malheureusement, le second n’en comptera plus que 12,5 % : 4 femmes sur les 32 ministres et secrétaires d’Etat. Pour ceux en France qui n’aimaient pas encore que les femmes se mêlent de politique, celles-ci seront ironiquement surnommées « les Juppettes ».

La composition de ce gouvernement, dont 40 % des ministres étaient issus de milieux peu favorables aux droits des femmes, va pousser celles-ci à descendre en grand nombre dans la rue. Les mots d’ordre mis en avant étaient le droit à l’avortement et à la contraception, le droit au travail, l’égalité homme-femme dans tous les domaines, le refus du retour de l’ordre moral.

Dans tous les gouvernements, les femmes ont occupé des fauteuils ministériels stratégiques, y compris ceux dits de souveraineté. On peut citer, uniquement à titre d’exemple, Martine Aubry, Ségolène Royal, Elisabeth Guigou, Michèle Alliot-Marie, Christine Albanel, Françoise de Panafieu, etc.

Le gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayrault comptait des femmes ministres, tandis qu’avec l’actuel premier ministre Manuel Valls, c’est la parité quasi parfaite.

Le tableau est donc complet, à défaut d’être parfait. Pourquoi donc ce nouveau mouvement visant à féminiser le masculin, sans masculiniser le féminin ? Ces derniers jours, j’ai suivi un tapage qui a partagé les Français, à l’image de ce qui s’était passé au moment des débats autour de la loi Taubira, dite « mariage pour tous ».

Pour bien comprendre, il faut savoir que « des lycéens membres du conseil académique à la vie lycéenne (CAVL) de l’académie de Nantes se sont mobilisés pour la mise en œuvre d’une action de lutte contre le sexisme« . La journée est appelée « Journée de la jupe« , pour reprendre le titre d’un ouvrage de Christine Bard sur le sexisme.

A la suite de cette initiative parrainée par le ministère de l’Education, l’académie de Nantes a demandé aux garçons lycéens de porter des jupes à l’école durant la journée de vendredi 16 mai 2014.

L’initiative dont l’objectif, selon l’académie de Nantes, est de combattre le sexisme n’a pas manqué de choquer la Manif pour tous (LMPT). Le mouvement anti-mariage gay n’a effectivement pas tardé à s’insurger contre l’opération, en essayant de la faire interdire. Elle s’est finalement déroulée vendredi, comme prévu, mais seulement dans une trentaine de lycées des Pays de la Loire, qui en compteraient deux cents. C’était là une occasion de plus, pour que les adversaires du gouvernement y voient « une provocation de trop« , et  « une nouvelle illustration des conséquences de l’enseignement du genre à l’école« .

Pour dire vrai, je n’ai pas du tout compris pourquoi tout ce vacarme. Ne pouvait-on pas instaurer plutôt, ou suggérer, une tenue scolaire neutre, mixte, ou sans genre ?  C’est juste une question de bon sens …de boutons ou de braguettes, non ? Un garçon avec jupe, perdrait-il ses réflexes physiométaboliques ?  Est-il évident que les filles, dans leur grande majorité, seront mieux épanouies avec la métamorphose des garçons ? En respectant le principe sacro-saint de la liberté d’orientation…personnelle, n’est-il pas plus simple d’y associer le respect du choix vestimentaire et celui du type d’accoutrement qui sied à chacun ?

Il est à noter que cette initiative a apparemment divisé les Français. Certains, conformistes, attachés au sens traditionnel de la famille (mouvement de défense de la famille), ont manifesté contre ladite mesure. D’autres ont répondu favorablement, en enfilant leur jupes d’une journée. Sont-ils pour autant devenus non sexistes, amorphes, inoffensifs, incolores et inodores ? Rien n’est moins sûr ! Il n’est pas évident qu’un garçon dans  » sa  » jupe, deviendra plus féministe, ou moins sexiste qu’un autre dans son habit, naturellement et délibérément choisi. Il n’est pas non plus établi, qu’avec un jupon qui laisse entrevoir ses respectables fesses, une fille est plus libre et mieux épanouie qu’une autre aussi enveloppée qu’un épi de maïs arrivé à maturation. Il n’est pas valorisant de formater les individus, pour ensuite les robotiser et instrumentaliser. Revenons plutôt au valeureux principe qui fait que notre liberté s’arrête là où commencent les limites de celle d’autrui.

En outre, nous avons besoin que les linguistes et spécialistes de la langue française, s’il en existe encore qui résistent aux anglicismes et anglicisation, nous précisent que faire de l’accord en genre et en nombre que nous avons appris, lorsque nous avions fréquenté l’école avec nos pantalons, et pantacourts.

En tout cas, le lycéen sur la vidéo ci-dessous, lui, ne s’est pas posé les questions qui me taraudent l’esprit. Il a défié les manifestants, escaladé le mur, pour enfiler, ostensiblement et librement, son jupon.

 


En Inde, une page est tournée

Nouveau PM Indien    Photo Reuters/Adnab Abidi
Nouveau PM indien                                                                  Photo Reuters/Adnab Abidi

Les élections législatives ont eu lieu en Inde du 7 avril au 12 mai 2014, afin d’élire pour cinq ans la 16ème  législature de la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement indien. Le corps électoral comptait plus de 814 millions d’électeurs, ce qui en fait les plus importantes élections démocratiques jamais organisées. Avec 551 millions de votants, le taux de participation a atteint 66,38 %, soit le plus élevé depuis l’Indépendance de l’Inde.

Avec l’annonce des résultats, vendredi 16 mai, le safran, la couleur fétiche des nationalistes hindous, flotte bel et bien désormais sur l’Inde, cette grande démocratie, et pays géant de l’Asie, peuplé de 1,2 milliard d’habitants. Ainsi, cette puissance émergente dont le poids sur les affaires du monde est voué à s’accroître, voit M. Narenda Modi, 63 ans, la tête d’affiche du Bharatiya Janata Party (BJP) – Parti du peuple indien – en devenir le premier ministre, après avoir obtenu la majorité absolue au parlement.

Selon les premières indications, le BJP remporterait la majorité des 543 sièges de la Lok Sabha (Chambre du peuple), tandis que le Parti du Congrès de la dynastie Nehru-Gandhi, au pouvoir depuis 2004, semble avoir subi la plus cuisante défaite de son histoire.

Le score ainsi obtenu par le BJP est de loin supérieur aux prévisions de la plupart des analystes, et dépasserait largement les attentes du parti lui-même. Les observateurs soulignent l’incidence du rôle joué par la dynamique induite par le charisme personnel de M. Modi.

L’Inde bascule ainsi à droite, et ouvre en même temps une nouvelle page de son histoire. L’arrivée au pouvoir à New Delhi d’une personnalité aussi controversée que M. Modi, soulève en Inde autant d’espoirs que de craintes. A ceux qui voient en lui un manager de choc, reproduisant à l’échelle nationale les performances économiques enregistrées au Gujerat, dont il était le premier ministre, s’oppose le camp des sceptiques inquiets de son style autocratique et de son passé dans les rangs de la droite hindoue radicale.

En effet, la réputation du nouvel homme fort de New Delhi, a toujours été entachée par les pogroms anti-musulmans de 2002 dans son Etat du Gujerat.  Au cours de sa campagne -peut-être pour rassurer- M. Modi n’aurait pourtant jamais rien dit d’incendiaire au fil des semaines qui ont précédé le scrutin législatif. Rien, en tout cas, qui puisse ruiner le lent et méticuleux travail de reconstruction de son image depuis les fameuses émeutes de 2002. Cette image d’« un marchand de morts », Comme l’avait stigmatisé Sonia Gandhi, la présidente du Parti du Congrès.

Les capacités de communication exceptionnelles du nouveau patron de l’Inde, ont été révélées et relevées, au cours de ses discours de campagne, où il a su galvaniser les foules de ses supporters, en conciliant habilement les non-dits, les messages implicites, rendant la lecture de ses déclarations suffisamment éloquentes, autant par ce que son verbe proclame, que par ce qu’il induit ou ce qu’il tait. « La langue de M. Modi est à la fois explicite et codée, finement cryptée, émettrice de signaux ou de connivences dont son public se délectera mais sans pour autant l’exposer à la sentence de la critique ».

M. Modi admet certes qu’il est un « nationaliste hindou », mais il se garde bien de toute imprécation agressive à l’égard des minorités religieuses, musulmane ou chrétienne.

La plupart des journaux applaudissent cette victoire historique. Le premier quotidien du pays, The Times of India, explique que le parti de droite a épaté sur quatre points :

(i)              sa popularité a d’abord dépassé ses fiefs électoraux hindouistes ;

(ii)             il a cassé les divisions fédérales de l’Inde ;

(iii)            il a su écraser l’ascension annoncée des partis régionaux ;

(iv)            et réussi à forger des alliances malgré le passé sulfureux de son candidat ;

Le journal analyse cette victoire comme la conquête plus générale de la caste des commerçants, les Banyas, à laquelle appartient le nouveau Premier ministre, le signe d’une rupture des lignes traditionnelles ainsi que de la valorisation de l’enrichissement personnel dans la nouvelle société indienne.

Un changement qui réjouit le quotidien économique Mint, qui voit le succès de cet homme de famille modeste du Gujarat comme l’incarnation du rêve indien, de la réussite individuelle et de l’ambition.

Le journal de gauche The Hindu rappelle cependant que l’ombre des pogroms anti-musulmans de 2002 continue à planer sur le dirigeant hindouiste. Et lui demande de préserver l’idée pluraliste de l’Inde et ne pas céder aux extrémistes de son parti qui voudraient opprimer davantage les minorités.

Sur le plan économique, les milieux d’affaires doivent l’attendre sur les mesures qu’ils mettraient en œuvre pour relancer la machine de l’économie, et booster sa croissance considérée au ralenti. Au niveau social, il n’a pas intérêt, au risque d’essuyer un vote-sanction aux futures échéances, de décevoir les attentes des classes défavorisées qui espèrent voir leur quotidien s’améliorer.

L’arrivée de la droite (BJP) au pouvoir en Inde, devrait aussi provoquer un recadrage de la relation entre ce pays et ses deux principaux voisins – le Pakistan et la Chine – dans le sens d’une plus grande affirmation nationaliste, teintée toutefois de pragmatisme.

C’est avec le Pakistan que les choses sont les plus sensibles. En effet, les rapports tumultueux entre les deux pays sont depuis leur indépendance en 1947, qui ont été marqués par pas moins de trois guerres, entre autres sur la question du partage de la région du Cachemire. Sur ce dernier sujet, le chef du BJP, et nouvel homme fort de l’Inde, s’est jusqu’ici montré plutôt intraitable. Mais le gouvernement pakistanais semble prêt à laisser la chance au nouveau venu. La preuve en est que le Premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, a appelé le chef du BJP, Narendra Modi, pour le féliciter dès sa victoire.

Les plus optimistes des observateurs croient d’ailleurs que le pragmatisme du nouveau Premier ministre indien, sur les questions économiques notamment, pourrait favoriser le dialogue. Mais ils sont nombreux aussi dans la République islamique du Pakistan à craindre que l’arrivée du nationaliste hindou à la tête du gouvernement à New Delhi ne soit plutôt de mauvais augure. Pour bon nombre d’entre eux, le nom de Narendra Modi rappelle les tristes événements de 2002 dans l’Etat indien du Gujarat, quand mille à deux mille personnes avaient été tuées dans des violences contre la minorité musulmane. À l’époque, le chef du BJP dirigeait cet Etat, et plusieurs le soupçonnent d’avoir encouragé ces émeutes contre leurs coreligionnaires.

Au niveau des chancelleries occidentales, un sentiment de gêne est prévisible. En effet, Il y a deux ans à peine, avant que l’hypothèse de son arrivée au pouvoir ne gagne en crédibilité, M. Modi était une sorte de paria chez les Européens comme chez les Américains. Le triste souvenir des émeutes de 2002 (entre 1 000 et 2 000 morts) dans son Etat du Gujerat n’en finissait pas d’entacher son image. Les ambassadeurs de l’Union européenne en poste à New Delhi le boudaient – bien que leurs entreprises investissaient au Gujerat – en vertu d’une décision collective non écrite.

Quant aux Américains, c’était très explicite : M. Modi était tout simplement persona non grata sur le sol américain. En 2005, l’administration Bush prit une double initiative : non seulement elle lui refusa l’octroi d’un visa diplomatique – qu’il avait sollicité en sa qualité de chef de l’exécutif (chief minister) du Gujerat –, mais elle annula le visa « tourisme-affaires » (B1/B2 visa) de dix ans dont il était détenteur depuis 1998, et ce en vertu d’une clause de la loi Immigration and Nationality Act.

Gêne ou inconvenance, le pragmatisme implique que nul ne peut s’autoriser à bouder le nouveau dirigeant de ce poids lourd d’Asie du Sud, économie émergente, second géant  démographique mondial, et puissance nucléaire impliquée dans une relation triangulaire stratégique compliquée avec la Chine et le Pakistan, ses deux voisins.

En basculant à droite, l’Inde n’a pas seulement ouvert une page nouvelle, mais elle en a aussi tourné une autre, à plus d’un titre, emblématique. Les héritiers de la « dynastie » Nehru-Ghandi, organisés au sein du parti du Congrès, viennent d’être éconduits. Formulons le vœu ardent que l’esprit du Mahatma (la grande âme) – originaire lui aussi du Gujerat – puisse continuer à habiter le subliminal des indiens, pour assagir, à la fois, leurs réflexions et leurs actes, qu’ils soient hindouistes, chrétiens, musulmans, sikhs, bouddhistes, agnostiques, ou autres.

Sources:  rfi.fr ; lemonde.fr ; wikipedia


Déjà branchés, les mauritaniens bientôt câblés

Cable à fibre optique  Crédit noor.info
Cable à fibre optique                                                        Crédit noor.info

Avant de clôturer sa session extraordinaire, le dimanche 4 mai 2014, le parlement mauritanien a adopté un projet de loi autorisant la ratification d’un accord de financement signé le 27 octobre 2013, entre la République Islamique de Mauritanie, et la Banque Européenne d’Investissement (BEI). D’un montant de 52 millions de dollars américains, le financement objet dudit accord est censé permettre de relier un bon nombre d’agglomérations du pays par câble à fibres optiques, dans le but de favoriser l’accès de tous aux nouvelles techniques de l’information et de la communication (NTIC).

Ce câblage qui devrait s’étendre sur une distance cumulée de 1600 kilomètres, intervient après le raccordement depuis 2012 de Nouakchott, capitale du pays, à un câble marin de nature similaire. Ledit câble aurait ensuite été amené jusqu’à la ville de Néma, à près de 1200 km de Nouakchott, et principale ville du Sud-Est mauritanien, frontalier avec le Mali.

Au vu de cet événement, trois questions se sont imposées à moi, quant à l’efficacité d’une telle entreprise, la pertinence d’un investissement tel que celui-là, et le coût apparemment très élevé d’une pareille opération.

Les doutes sur l’efficacité sont motivés par l’absence de constat d’un quelconque impact positif de l’arrivée du câble à Nouakchott. La déception des usagers et internautes a été à son paroxysme, en constatant que les difficultés de connexions et les faiblesses de débit sont demeurées telles quelles. En Mauritanie, nous avons appris à nous accommoder de ce genre de déconvenues. Nous avons attendu, des années durant, que l’énergie hydroélectrique nous parvienne du Barrage de Manantali, dans l’espoir de voir notre facture d’électricité s’amenuiser, comme miroité par les pouvoirs publics. Avec un retard conséquent, l’énergie tant attendu est finalement parvenu à nos disjoncteurs. Malheureusement, la baisse de coût promise n’a pas été ressentie par nos portefeuilles. Bien au contraire, le prix auquel nous revient le kilowatt a significativement augmenté. L’arrivée plus tard de l’énergie solaire, n’a fait qu’enfoncer davantage le clou. Si l’éolien arrivait un jour, je ne pense guère qu’il apporterait un bon vent à nos portefeuille particulièrement dégarnis.

La pertinence a été différemment appréciée par les députés eux-mêmes, au cours des débats autour du projet de loi. Ceux de la mouvance du président considèrent que le projet n’a que des avantages, en raison de son impact positif sur les différents domaines de développement. Par contre, les élus de l’opposition se sont interrogés sur le niveau de priorité de ce genre de projets à la lumière du nombre relativement faible des citoyens qui utilisent l’internet. Ils ont considéré qu’il aurait été plus judicieux de centrer les efforts sur les besoins vitaux incommensurables de la population : la sécurité alimentaire, l’enseignement, la santé, l’eau et l’électricité, etc…

Quant au coût, il me parait tout à fait excessif, comparativement avec les coûts effectifs ou prévisionnels de projets analogues réalisés ou projetés dans la sous-région. En effet, dans un article intitulé « Quand Maroc Telecom câble l’Afrique de l’ouest », le câblage de 1064 km en territoire malien entre Sikasso à la frontière ivoiro-burkinabé à Gogui sur la frontière mauritanienne, aurait coûté à la SOTELMA 4 milliards de Francs CFA de ses fonds propres. Selon le même article, un câble de 5465 km de long, partant de rabat au Maroc, traversant la Mauritanie, le Mali, le Burkina, pour arriver à la frontière entre le Faso et le Niger, coûterait 20 millions d’euros. Un calcul simple (1 USD=0.725 € / 1 €=665 F Cfa), conduit au constat suivant : le km de câble entre Sikasso et Gogui revient à 5 653 €, celui de Rabat au Niger à 3 660 €. Au même moment où notre valeureux câblage sur 1600 km reviendrait à 23 563 € le kilomètre. Soit quatre fois le prix de revient du plus onéreux des deux câbles jumeaux.

Quelle que soit l’inefficacité, la non pertinence, ou la surévaluation d’un tel projet, il est déjà enclenché et les dés sont jetés. En somme, les mauritaniens méritent de ne pas rester en dehors de ce grand village planétaire, dont les habitants des « quartiers » riches tiennent, à terme, à ne plus avoir de contact avec les ressortissants des « quartiers précaires » qu’à travers la toile. Ils (les riches), nous demandent de faire comme eux, tout en veillant à rester chez nous. Pour favoriser leur insertion dans la mondialisation virtuelle, nos concitoyens vont maintenant être câblés. Ils ont de bonnes prédispositions à cela, étant donné qu’ils étaient déjà bien branchés.

La sédentarisation d’une grande partie des populations jadis nomade est relativement récente. Elle s’est  accélérée au gré des sécheresses, avec l’exode rural. Le mouvement s’est opéré principalement vers la capitale Nouakchott qui, comme le disait feu Habib Ould Mahfoudh, « abrite un tiers de la population du pays, l’un des deux tiers restant est en route vers elle, et l’autre attend une voiture qui le prendrait en auto-stop, ou de quoi payer le taxi-brousse« .

Cette population qui nomadisait il y a peu de temps, s’est vite attachée aux NTIC. L’introduction graduelle des opérateurs de GSM depuis la fin des années 90 du siècle dernier, est à ce titre, édifiante. En effet les trois opérateurs jusqu’ici agréés, n’arrivent pas à respecter leur cahier de charges, pour une population dépassant seulement de peu les trois millions d’habitants. Les opérateurs, pour leurs études de marché, avaient tout simplement négligé l’ampleur des besoins en communication d’un pays à tradition orale. Ici, le GSM était appelé, non seulement à se substituer au téléphone arabe, mais aussi à parler au lieu et place du tam-tam africain. Au pays des Salamalek,  du qu’est-ce qu’il y a de neuf ( ?), et qu’est-ce qui se raconte ( ?), les réseaux ne peuvent qu’être saturés. En brousse, le berger est au fait de ce qui se passe en ville, et son employeur, en ville, est informé en temps réel de la situation de son troupeau et de la réalité sur le potentiel de pâturages. Le citadin et le bédouin, ont chacun son Mattel, Mauritel, Chinguitel, et feront de l’acquisition d’une ligne auprès de tout nouvel opérateur, une question d’honneur, dans un pays où l’apparat compte énormément dans l’échelle des valeurs locales.

Cette situation consécutive aux mentalités, pèse lourdement sur les budgets des ménages qui n’avaient pas l’habitude, et n’arrivent pas à prendre conscience, que parler leur coûte cher. Pourtant, ils auraient dû appliquer « seul le silence est grand ; le reste n’est que faiblesse ». Pour réaliser l’ampleur du désastre, je vous invite à lire un article de mon éminente compatriote Marième Mint Derwich, consacré à ce sujet.

La jeunesse des villes est mordue, branchée, et au fait de toutes les nouveautés en intra et internet. Elle ne parle que de Cyber, Wifi, connexion USB, applications, Android, tablettes, etc… Il m’arrive de demander à mon enfant de me montrer l’utilisation d’une application, ou une manipulation que je n’arrive pas à effectuer. Avec un sourire moqueur, à peine dissimulé, il y arrive en deux temps trois mouvements. On dirait que les enfants, de nos jours, naissent avec des Plugin, des Widgets, ou des DiggDigg  dans les chromosomes. Ils s’y connaissent, ils s’y adonnent, et il arrive qu’ils s’y oublient complètement.

Crédit photo Acha Gharachi
Crédit photo Acha Gharachi

Jeunes ou moins jeunes, les mauritaniens s’accrochent à la modernité, tout en restant attachés à leur vie d’antan. Ingénieux de nature, imaginatifs par essence, forts de la capacité d’adaptation des bédouins princes du désert et des villageois rois de la vallée, ils s’efforcent, tant bien que mal, de concilier la modernité avec leur attachante authenticité. Ils se démènent pour y parvenir avec une fière sobriété. La vidéo ci-dessous, est un exemple édifiant, d’une coexistence dichotomique entre le satellitaire, le dromadaire, et un ski original sur des dunes de sable qui ne cessent de se ramifier, sinuer comme des rides témoins de l’enracinement dans le passé, d’un pays qui veut évoluer, tout en restant lui-même.

Quel que soit l’attachement d’un peuple à son passé, il devrait prendre conscience des réalités ambiantes, et emboîter le poids à un monde qui évolue désormais à la vitesse  Mach 3, comme le montre la vidéo ci-dessous.


La charia à Brunei : étonnement, peur, et jalousie

Sultan annonçant l'adoption photo AFP
Sultan annonçant l’adoption  de la charia                                         photo AFP

Au pouvoir depuis trois décennies, le sultan de Brunei Hassanal Bolkiah a décidé pour des raisons non encore totalement élucidées, de passer à compter du 1er mai 2014, à une application graduelle de la loi islamique, plus connue sous le nom de charia.

Petite enclave de l’Asie du Sud-Est, située sur l’île de Bornéo, le richissime sultanat de Brunei, d’une superficie de 5 565 km2, avec une population d’un peu plus de 415 000 habitants, majoritairement musulmane, appliquait déjà des éléments du droit islamique, mais uniquement pour le règlement des différends matrimoniaux. Avec les nouvelles dispositions, la charia s’appliquera tant au niveau du droit pénal que civil.

Il s’agirait pour le sultan Haji Sir Hassanal Bolkiah Muizzadin Waddaulah d’opérer la transition d’un système pénal hérité de l’Empire britannique vers une législation islamique qui constitue, pour lui, un « pare-feu » contre les influences occidentales grandissantes. Il aurait déjà réussi à faire taire les minorités catholiques et bouddhistes qui ont exprimé leurs craintes sur les réseaux sociaux.

Et pourtant, les changements qui attendent les Brunéiens font froid dans le dos de bon nombre d’observateurs, qui ne cachent pas leur inquiétude. En effet, la phase transitoire de l’application de la charia prévoit des amendes ou des peines de prison pour de petites offenses comme les comportements jugés indécents, l’absence à la prière du vendredi et les grossesses illégitimes. Les peines les plus sévères seront introduites à l’horizon 2015, et comprennent l’amputation pour les voleurs, la flagellation pour la consommation d’alcool et la lapidation pour les délits de sodomie ou d’adultère.

Le tout puissant monarque, dont la fortune est estimée à 30 milliards d’euros, habite un palais digne des « mille et une nuits ». Ce dernier, bâti sur 200 000 m2, compterait pas moins de 1788 pièces (dont 257 salles de bain), 5 piscines, 44 escaliers, 18 ascenseurs, une salle de banquet pouvant accueillir jusqu’à 4 000 personnes, une mosquée, une écurie pour 200 chevaux et un garage pour 110 voitures. On y compte également 564 chandeliers, alors que le palais est éclairé au moyen de 51 000 ampoules.

Palais du Sultan                                               Photo  ongong.canalblog.com

Les sujets du sultan ne paieraient pas d’impôts, bénéficieraient de la gratuité de l’éducation et des soins médicaux, et se serviraient gratuitement en carburant auprès de n’importe quelle station-service du pays.

Au vu de ces réalités, je me trouve tiraillé entre trois sentiments : l’étonnement, la peur, et la jalousie.

Je suis étonné que la décision du sultan occasionne un tel tollé d’indignation général. Du département d’Etat américain, à l’organisation Amnesty International.

C’est divulguer un secret de polichinelle que de dire que ces usages imputés à la charia ne sont pas du tout nouveaux. Ils se pratiquent quotidiennement, et au su de tout le monde, dans des pays du golfe arabo-persique, en particulier le royaume wahhabite d’Arabie saoudite. Pourtant ça ne semble pas émouvoir beaucoup de monde, le pays étant un allié stratégique inconditionnel étasunien. Ce statut donne à ses dirigeants, la liberté de faire ce que bon leur semble. Forts de ce silence complice, les régnants wahhabites qui ont le génie de concilier entre le bâillonnement de leurs concitoyens sujets et l’instauration à tous égards coûteuse de la démocratie en Syrie ne se privent pas du chèque en blanc ainsi donné par un Occident dont l’humanisme est tributaire des fluctuations économiques, et contingences stratégiques.

En terre d’Arabie, la famille régnante applique (aux autres) la flagellation pour consommation d’alcool, fait décapiter (les autres) pour meurtre, trafic, ou utilisation de drogue. Ses dirigeants interdisent (aux autres) la sodomie et l’adultère, et les punissent par lapidation. Au même moment, les princes héritiers et héritant rivalisent pour l’acquisition de jets privés, de villas azuréennes, de clubs sportifs européens, en plus de harems de plus en plus élargis et où on s’adonnerait à toutes sortes d’extravagances, de fantasmes et de caprices, sous l’œil d’esclaves castrés pour mieux servir des maîtres dans la décadence bien encastrés.

Au même moment, ils s’arrogent le droit (divin ?) d’enculer tous leurs concitoyens sujets, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, durant tous les 365 jours et quart que compte l’année. Pourtant, leurs augustes postérieurs reposent sur une nappe de pétrole si riche et si profonde qu’ils auraient pu y noyer toutes les souffrances et misères de leur population. Paradoxalement, cette dernière, contrairement à celle du sultanat de Brunei, et en raison de la voracité et l’appétit insatiable pour les pétrodollars des régnants, continue à se débattre dans une désolante disette.

Ma peur est toujours viscérale quand il s’agit de supplices. Je suis allergique à la violence, je ne conçois pas et supporte mal que le sang coule en dehors des veines. J’ai du mal à croire qu’on puisse amputer la main d’un pauvre pour la seule raison qu’il a pris avec de quoi lubrifier sa bouche et la réanimer, asséchée et paralysée qu’elle était par la diète noire à laquelle l’ont soumis ceux qui se sont attribué le droit de vie et de mort, et ont lâchement et injustement spolié les richesses de son pays. Je sais que la charia (la vraie) ne punit pas un voleur par nécessité, pour subvenir à ses besoins élémentaires. Celui-là, la loi islamique, dont je ne connais que des rudiments, mais irréfutables, lui donne droit à une prise en charge par les fonds publics.

Ce qui m’écœure et me fait peur, est que dans nos pays, charia ou pas, il ne faut pas voler peu. Voler gros, c’est se valoriser, prendre des galons, gagner en respectabilité et sociabilité. C’est pourquoi, il lui a été inventé, au cas où l’auteur serait pris la main dans le(s) sac(s), le terme atténuant de « biens mal acquis ». A mon avis, « mal acquis » tranche avec « illégalement ou frauduleusement acquis », ou tout simplement et vulgairement « volés ». Chez nous, voler petit, c’est mal vu, et interdit par la loi, qu’elle soit islamique ou laïque. Je conseille vivement à ceux qui décideraient de voler, pour mieux se protéger, de dilapider gros. Ainsi, ils pourront boucher les oreilles à tympans sensibles, brouiller le regard des curieux voyeurs, et faciliter une interprétation tendancieuse des textes juridiques et procédures, au cas où on en arriverait là, par des magistrats véreux.

Ma jalousie est inhérente à ce peuple de Brunei qui profite concrètement et subséquemment de la richesse de son pays. Il ressent les retombées d’une véritable croissance. Nos dirigeants à nous ont fait, d’autorité, une répartition entre eux et nous. A eux ils se réservent les retombées de la croissance qu’ils veulent maintenant pomper jusqu’à deux chiffres. A nous, ils laissent celle démographique, avec une moyenne variant entre 6 et 8 enfants par femme, une population, dont plus de la moitié aurait moins de 15 ans, sans structure d’éducation ou de formation valorisantes, et avec des horizons d’emplois complètement incertains. Dans ce domaine au moins, nos valeureux dirigeants nous montrent le chemin à suivre, avec leurs premières première-dame, leurs secondes première-dame, leurs troisièmes première-dame, en plus des dames premières non homologuées officiellement. Malgré tout ce dispositif matrimonial garni, ils ne se privent jamais de nous « sodomiser » politiquement, nous violer dans notre dignité journellement, nous voler dans nos ressources systématiquement, compromettre durablement nos espoirs, et hypothéquer irrémédiablement le devenir de nos rejetons.

Je suis aussi jaloux des Brunéiens qui, avec leur niveau de vie,  pourraient garder leurs mains intactes, leur dos sans cicatrices, et leur tête sur les épaules. Je ne les vois pas voler des miettes. Si on me procurait les mêmes conditions, je peux faire acte d’allégeance, tous les jours, à notre sultan à nous. Mais avec la difficulté de payer les cours buissonniers de mes enfants que les écoles privées (de toute qualité) me réclament à la fin de chaque mois, les retards de règlement des factures d’une électricité souvent délestée et d’une eau qui vient quand elle peut, les frais de soins et d’examens préventifs vivement conseillés à mon âge, je ne sens pas toujours ma tête sur mes épaules. Aussi, je ne vois pas que des mains qui n’ont pas pu me faire gagner une vie décente, me seraient d’une quelconque utilité si je les emmenais intactes avec moi dans ma tombe, ou outre celle-ci.

Pour ne pas continuer à tourner autour du pot, je crois qu’ils seraient nombreux, ceux qui, comme moi, aimeraient être mis dans les conditions économiques et sociales de Brunei, quitte à nous couper les cou….s.


Le 1er mai : férié, chômé par tous, payé à certains

Crédit cybercartes.com
Crédit  cybercartes.com

A travers l’histoire, le mois de mai s’est singularisé comme étant celui de la contestation, des émeutes des ouvriers de Chicago en 1886 aux étudiants français en 1968.

Mais c’est en 1889, que le congrès international ouvrier socialiste, réuni à Paris à l’occasion du centenaire de la Révolution française, va voter une résolution selon laquelle «  Il sera organisé une grande manifestation le 1er mai, de manière que, dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail et d’appliquer les autres résolutions du congrès international de Paris ». 

C’est après la Seconde Guerre mondiale que le 1er mai devient jour férié et porte le nom de fête du Travail. De nos jours, la journée est dite fériée, chômée, et payée. Il aurait été plus juste et précis d’ajouter « …à certains ».

Aujourd’hui, en effet, les revendications ne portent plus uniquement sur les droits des travailleurs, mais aussi sur le droit au travail. Ainsi, n’ayant rien de festif, et  au vu du taux galopant du chômage, il aurait été plus juste de la rebaptiser tout simplement « journée des travailleurs».

Certains auraient sans doute préféré la dénomination de « journée des salariés », qui reflète mieux la réalité vécue. En effet, un salarié ne veut pas dire, nécessairement, travailleur, et vice-versa. Il y a aussi des gens payés à ne rien faire et d’autres qui travaillent sans rémunération. A titre d’exemple, l’esclavage dont les formes modernes se sont diversifiées, est un travail, mais non rémunéré.

Si les droits des travailleurs découlent, en principe, de l’accomplissement du devoir, le droit au travail, quant à lui, est induit par le seul fait qu’il constitue une nécessité vitale.

En France, je vois souvent des consultations, parfois des négociations, entre ce qu’il est convenu d’appeler les partenaires sociaux. Aussi, les chômeurs dont le nombre tourne le plus souvent autour de 10 %, sont répertoriés et bénéficient de subsides de la part de l’Etat en attendant des jours meilleurs en opportunités d’emploi.

Dans nos pays en voie –je l’espère vivement-  de développement, la situation ne doit pas beaucoup varier d’un pays à l’autre. Le mien, la Mauritanie, peut être donc retenu comme échantillon représentatif dans ce domaine. Ici, nous avons calqué, telle quelle, la législation française du travail, pour ne pas nous en servir. Nous en appliquons uniquement le côté dissuasif et répressif : demande d’explication, avertissement, mise à pied, licenciements sans droit…

Chez nous, les chômeurs doivent avoisiner les 90 % de la population peu active du pays. Vous imaginerez aisément combien de personnes vivent ainsi sous le seuil de la pauvreté. Autrement dit, blessés dans leur dignité. Mais que ce taux de chômage que je vous ai communiqué reste absolument entre nous. C’est en quelque sorte un « secret d’Etat », dans ce coin de la planète mondialisée. Ici, c’est le pays des merveilles. Tout va très bien. Il n’y a pas de choses qui vont moins bien que d’autres, ou ne vont pas du tout.

Les syndicats des 10 % restants organisent tous les 1er mai, des marches et défilés arborant leurs pancartes et rivalisant en slogans, qui pour revendiquer, qui pour louer les « réalisations grandioses » du pouvoir. Ils remettent systématiquement au ministre en charge du non travail, ce qu’ils appellent la plateforme revendicative. Mais je n’ai jamais vu, un quelconque ministre, leur remettre en retour,  à l’occasion de n’importe quel autre premier mai, une réponse auxdites revendications. Les « fêtes du travail » se suivent et se ressemblent, en répétant des simulacres maintes fois vus. Les revendications s’accumulent et les réponses ne se décident pas à venir.

banderole_reclamation      maurisahel
Banderole_réclamation                              Photo maurisahel

Les autorités n’ont pas tout à fait tort, quand elles se limitent à simuler d’accorder une importance aux marches et doléances des syndicats qui, avouons-le, ne sont, pour la plupart que des structures de courtage. Aussi, ce ne sont pas tous les 10% cités plus haut, qui travaillent effectivement ou produisent réellement.

Pour être sincère, on peut les subdiviser en trois grandes catégories avec quelques ramifications secondaires : ceux qui travaillent, ceux qui font semblant de le faire, et ceux qui empêchent les premiers de faire quoi que ce soit.

Pour vous les présenter, je ne peux faire mieux que la catégorisation faite mon compatriote Mbareck Beyrouck. Je l’ai trouvée édifiante.

« Il y a bien de pauvres hères qui bossent bien sûr, durement même, parce qu’il faut bien que l’institution ou l’administration ou l’entreprise ait l’air de marcher, mais ces gens, ce sont de pauvres gens, des manœuvres, des ouvriers, des plantons et même parfois des gens instruits, compétents et tout, mais ce ne sont en fin de compte que de gentils imbéciles qui n’ont pas de « valeur sociale » ni politique et qui sont obligés de se tuer à la tâche pour ne pas être vite virés.

Mais ceux qui fréquentent le plus leur lieu de travail, ce sont les oisifs, ceux qui aiment bien prendre un verre de thé avec des copains au boulot, qui aiment regarder Internet et discuter de politique, qui ont le visage grave devant le directeur (il faut se montrer sérieux) et qui insultent le petit personnel (il faut remettre les gens à leur place) et qui le soir , grâce toujours à leurs « relations », sont invités à la Télé pour ergoter de choses qu’il ne maîtrisent nullement. Ces gens, j’ai dit, c’est les oisifs, ils ont un destin de député ou de ministre, ils appartiennent tous à toutes les majorités.

Mais il y a les gens vraiment sérieux. Ceux-là ne jouent pas au misérable jeu du « cadre bosseur ». Ils ne mettent jamais les pieds au bureau, ils appellent seulement parfois le directeur ou le ministre au téléphone, ils ne connaissent pas le comptable, ils méprisent d‘ailleurs le salaire qui leur est versé chaque fin de mois, une misère à leurs yeux, ils sont ailleurs dans les affaires et la grande politique, ils ont un destin de sénateur ou de président de conseil d’administration.

Les petits travailleurs sont divisés en deux : il y a ceux qui sont payés, et qui ne viennent jamais. Personne ne leur demande d’ailleurs de ‘’monter’’ : il n’y a pas assez de fauteuils pour les accueillir et ils ne savent rien faire. Ce sont des boutiquiers des chauffeurs de taxi, des « tchebtaba1» au marché, ils ont un destin de grand commerçant, ou de conseiller municipal. Il y a enfin ceux qui travaillent pour vivre, et qui se présentent à l’heure, et qui ‘’descendent’’ à l’heure, et qui font le boulot des absents. Je n’en dirai pas plus : ils ne sont pas intéressants.

A la fin, ce que je voulais bien dire c’est cela: elle n’a pas de sens ici la fête du 1er mai. D’ailleurs j’ai entendu ce jour-là quand je passais à côté d’un meeting un syndicaliste parler fort aux ouvriers… en Français… J’ai trouvé cela intéressant, d’abord par ce qu’il impressionnait ces pauvres bougres qui ne pouvaient imaginer les tortures qu’il faisait subir à la langue de Hugo, ensuite parce que l’immense majorité du public ne comprenait pas, et enfin parce que c’était clair : il n’y avait aucun discours logique à faire passer. »
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1- courtiers et/ou vendeurs à moralité douteuse


Palestine : choisir entre le néant et le non-être

Négociations
Négociations : photo presstv.ir

Les négociations de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne ont connu d’abord un enlisement, pour aboutir ensuite à une véritable impasse. Ces derniers jours, il semble très probable qu’elles soient tombées au fond du fossé où elles devraient être définitivement enterrées.

Je ne vais pas m’étaler sur ce dernier rebondissement, mon collègue et ami Mondoblogueur laackater m’ayant littéralement  »marché sur la plume », pour exprimer, et de merveilleuse manière, ce que j’avais une irrésistible envie de dire.

Néanmoins, je ne peux m’empêcher de croire que cet aboutissement doit constituer une source certaine de navrante déception, et de déprimante désolation, pour tous les épris de paix, d’équité, et de stabilité de par le monde.

Ainsi, les efforts inlassables durant plus de deux décennies de difficiles et tumultueuses négociations ont été vains. Aussi, les espoirs nés des accords, objet d’abord de pourparlers secrets à Oslo, et signés ensuite en grandes pompes à Washington le 13 septembre 1993, se trouvent tristement déçus.

La concrétisation de « la paix des braves », comme on l’avait si bien baptisée, est donc remise aux calendes grecques.

Pourtant, au début, les choses semblaient prendre forme, voire s’accélérer et marcher au mieux. On a ainsi assisté au retour en terre de Palestine de la plupart des dirigeants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), auparavant traqués par le Mossad, et une fois repérés, systématiquement liquidés. Peu à peu, les structures de l’Autorité palestinienne se mettaient en place. Un début de résultats féconds, et l’embryon du futur Etat palestinien in vitro, puis en couveuse.

Malheureusement, certains événements vont ralentir conséquemment le train de la réconciliation, avant d’arriver maintenant à le faire dérailler.

Pour les Palestiniens, la faiblesse maîtresse a été leur échec à pouvoir (ou vouloir) raccorder leurs violons depuis le début. Le clan de Yasser Arafat s’est engagé résolument dans ce qu’on appelait parfois le processus, tantôt l’opération de paix, avant de connaître des dissensions internes aiguillées à travers l’actuel chef de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbass, qui fut alors imposé par les Occidentaux, comme premier ministre, à Arafat. Le groupe de mouvements d’obédience islamiste a refusé depuis le début, tout ce qui peut signifier, ou aboutir à la reconnaissance de l’Etat d’Israël.

Le Hamas, principal mouvement non dialoguiste, va se ramifier à l’image de l’exIRA en Irlande du Nord. Une aile militaire continuera à harceler les Israéliens par des opérations armées et des prises d’otages, au moment où la branche politique prend part aux élections, et les gagne haut la main. Cette percée du Hamas dans l’opinion palestinienne est en quelque sorte, l’oeuvre indirecte des Israéliens. En effet, l’absence de résultats tangibles des négociations a renforcé la position de ceux qui parmi les Palestiniens et leurs soutiens extérieurs, défendaient la thèse que la paix n’est pas possible avec Israël.

Le résultat des élections, jugées transparentes par tous, particulièrement l’Union européenne (UE), a établi une situation de cohabitation, qui va rapidement  devenir ingérable, entre les deux frères palestiniens ennemis. La différence d’approches, le déficit de confiance, l’excès de méfiance ne vont pas tarder à avoir raison de l’équilibre déjà précaire de la fragile -et devenue composite- Autorité palestinienne. Ainsi, à leur séparation physique par une cinquantaine de kilomètres, les deux portions de territoire palestinien (Gaza et Cisjordanie), sur lesquelles s’exerce une forme -très contrôlée- d’autorité palestinienne,devront ajouter une rupture politique. La  »bantoustanisation » de l’entité palestinienne, est ainsi accomplie et consommée, rappelant les tristement célèbres bantoustans du Transkei et du Bophuthatswana, du temps du non regretté, et exécrable régime d’apartheid en Afrique du Sud.

Pour ce qui est des Etats arabes, jadis appelés nation ou monde arabe, l’approche semble avoir changé. Trois raisons principales m’incitent à accréditer ce constat:

  • les régimes d’obédience nationaliste arabe (Nassériste, Baasiste), ne sont plus là (Saddam, Kadhafi), ou sont las (Bachar de Syrie), pour jouer aux tigres en papier. C’est à cause d’eux, se réfugiant derrière des slogans creux et des rêveries moyenâgeuses, que les Arabes ont raté des occasions exceptionnelles de sauver leur face, et régler de façon acceptable la question palestinienne. Ces régimes d’éternel refus, ont ignoré la proposition clairvoyante de l’ancien président tunisien Habib Bourguiba, de négocier avec Israël, et n’ont pas su, non plus, capitaliser l’historique démarche du président égyptien Sadate en 1977. A l’époque, les Arabes, en bloc, auraient pu trouver un arrangement global pour la sous-région. Ils avaient, malheureusement, mal négocié un important virage de leur histoire;
  • les accords d’Oslo ont transformé le problème dit du Moyen-Orient, d’un conflit existentiel israélo-arabe, à un simple litige entre juifs et Palestiniens;
  • dans leur grande majorité, les pays arabes ont trouvé en la République islamique d’Iran, un ennemi commun à eux et Israël. Comme l’ennemi de l’ennemi est ami, les gouvernants arabes, même s’ils ne le disent pas expressément, ne se considèrent plus en situation d’adversité avec l’Etat hébreu;

En ce qui concerne la communauté internationale, son niveau d’implication a été en continuelle et régulière régression. Passée la première euphorie, sincère ou simulée, le rôle du Quartet s’est estompé petit à petit, pour se retrouver, finalement, aux abonnés absents.  L’UE qui, de l’avis de beaucoup d’observateurs, est la mieux indiquée pour faire aboutir la paix entre les deux parties de ce conflit litige, a toujours été confrontée à une obstruction étasunienne à un rôle autre que celui de l’aide, et qu’elle assure non sans générosité, et relative efficacité. Les Etats-Unis d’Amérique se sont intéressés au problème de façon périodique, épisodique, et peu engagée. Certains considèrent que les USA, étant juge et partie, sont mal placés pour faire la médiation ou la modération. D’autres, comme l’ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), vont plus loin pour constater, que dans leur histoire, les USA n’ont jamais réussi à résoudre un problème par la diplomatie, en raison, selon M. Boutros Boutros Ghali, de leur penchant quasi systématique vers la force, hérité, dit-il, de la tradition des cow-boys.

Je n’ai pas parlé du rôle, parce qu’insignifiant, de l’ONU dans les efforts fournis pour résoudre ce problème dont elle est à l’origine par le partage de la Palestine, et au sujet duquel elle n’a jamais enregistré l’application d’aucune de ses nombreuses résolutions, tant celles importantes mais non contraignantes de l’Assemblée générale, que celles qui ont pu échapper, au Conseil de sécurité, à l’éternel veto américain.

Déboussolé devant ce constat, je n’ai pu répondre à certaines questions qui me taraudent. J’ai donc décidé de les soumettre, en vrac, au bon sens de mes aimables lecteurs:

  • Comment, au niveau international, peut-on demeurer nonchalant,voire indifférent, à la tragédie d’un peuple qui s’amplifie depuis bientôt 66 ans ? La défense des droits de l’homme est-elle sélective ? Ou bien il y a homme et Homme ?
  • Avec quel sens de la logique, le peuple juif qui a tant souffert, peut-il ne pas voler au secours de tout peuple qui souffrirait au bout du monde, a fortiori, un peuple de grande, profonde, et historique proximité, et longuement martyrisé ?
  • De quelle manière Israël peut-il exiger sa reconnaissance de la part d’un peuple auquel il refuse le droit à un Etat viable et respectable ?
  • Comment sur une terre sacrée pour les trois religions monothéistes, et principalement peuplée par les adeptes desdites religions, on n’arrive pas à cohabiter ? Dieu n’est-il plus unique ?
  • Quel danger extérieur majeur guette-t-il encore l’Etat hébreu, pour se barricader, et contraindre les habitants de Gaza, pour pouvoir survivre, à creuser des trous comme des rats, et à y vivre comme des chauves-souris ? Les attentats se produisent aux USA, à Londres, à Madrid, et un peu partout dans le monde. On est passé des guerres mondiales aux guerres mondialisées, et maintenant à la mondialisation de la violence, plus connue sous le générique de terrorisme.

En attendant la réponse à mes interrogations, je ne peux que me résigner à souhaiter la résurgence de Aaron qui, selon la Bible, aurait chargé un bœuf de tous les péchés d’Israël pour les déverser dans le désert. Cette fois-ci, le nouvel Aaron devra collecter tous les péchés des hommes politiques israéliens, ceux des Palestiniens, en y ajoutant l’indifférence de la communauté internationale et l’inconsistance des Etats arabes, pour déverser le tout, à parts égales, entre les déserts du Néguev et du Sinaï. Ainsi, pourra-t-on espérer que le peuple d’élite et celui élu puissent vivre en voisinage paisible, et que le peuple palestinien cesse de n’avoir, comme choix, que le néant ou le non-être.


Présidentielle mauritanienne : candidature et appel à candidatures

A l’occasion de l’inauguration ce 23 avril 2014 d’un projet hospitalier à Nouakchott, le président mauritanien a annoncé sa candidature à sa propre succession. Le collège électoral avait été convoqué par décret, trois jours plus tôt, pour le premier tour d’un scrutin devant avoir lieu le 21 juin prochain. 

Depuis un certain temps, on assiste à une prolifération d’appels, d’initiatives, et de pétitions demandant à l’intéressé de rempiler pour un nouveau mandat. Comme s’il avait besoin d’avis favorables, ou attendait des supplications pour se décider. Mais, les sérails de nos gouvernants ont pris goût au fameux « le peuple le demande« , même si notre cher président a constitutionnellement le droit – même le devoir pour certains – de postuler à une seconde magistrature suprême.

Sans grande surprise ou long suspense, voilà qui est fait. Dans la même déclaration, le chef de l’Etat n’a pas manqué de banaliser le blocage et l’interruption du dialogue engagé depuis peu de temps avec deux pôles d’opposition, et pour lequel j’avais pronostiqué l’échec ici. C’est ainsi qu’il a ironisé en assurant qu’il n’avait nullement l’intention, lui en tout cas, de boycotter la prochaine élection qui, dit-il, est ouverte à tous. Autrement dit, avec une opposition boycotteuse ou participationniste la machine est en marche, et tous devraient le comprendre.

Pour le moment, les candidats ne se bousculent pas. A ma connaissance, avant l’annonce de la candidature du président non sortant, seules deux candidatures avaient été annoncées. La première en date était celle de Birame, patron de l’initiative pour la résurgence abolitionniste (IRA). La seconde ayant été celle de Ibrahima Mokhtar Sarr, président de l’AJD/MR (Alliance pour la justice et la démocratie), parti politique à dominante négro-africaine. Si les deux réunis ne risquent pas de faire ombrage à l’homme au pouvoir, Birame en particulier commet, à mon avis,  une erreur monumentale, par sa mutation d’un activiste de renommée mondiale de la défense des droits de l’homme, vers un homme à ambitions politiques déclarées.

D’autres candidats se manifesteront certainement, mais la symbolique de l’absence des ténors de l’opposition dite radicale restera forte. C’est ce qui a amené le site électronique satirique mauritanien Chi Ilouh Vchi (à peu près : ainsi de suite), à imaginer un appel à candidatures, lancé par le président Aziz, pour assurer une « élection inclusive ». Je me suis livré au périlleux exercice de vous traduire ledit document, au cas où vous serez tentés par un travail de courte durée, pour faire de la figuration politique.

« Appel à candidatures pour le recrutement de sept candidats à la présidence de la République ».

« Son excellence, la Direction nationale (1), Elhadji Mohamed Ould AbdelAziz (2), lance le présent appel à candidatures, pour le recrutement de sept candidats à la présidentielle 2014, au cas où l’opposition décidait de les boycotter. La durée des contrats des lauréats est plafonnée à trois mois. »

« Pour être candidat, il faudra :

  • justifier d’un niveau de scolarité de (concours d’entrée en sixième + 3 au plus), ou du diplôme de l’un des instituts de formation professionnelle;
  • avoir une connaissance avérée des réalisations grandioses accomplies sous le pouvoir de son excellence Elhadji Aziz;
  • prouver une aptitude à l’opposition, pour seulement trois mois; »

« Composition du dossier:

  • un curriculum vitae, qui peut ne pas nécessairement refléter fidèlement la situation, et les références du postulant;
  • quatre photos d’identité à très forte ressemblance avec celles de Ahmed Ould Daddah (3), Jamil Mansour (4), Messaoud Boulkheir (5), Ely Ould Mohamed Vall (6), Mohamed Bouamatou (7), ou équivalent…
  • un engagement manuscrit, par lequel le candidat à la candidature s’engage sur l’honneur d’être opposant, durant trois mois, avec sursis;
  • une promesse ferme, dans les mêmes formes que dessus, de reconnaître, par anticipation, les résultats du scrutin;
  • une attestation sur l’honneur, de n’avoir aucune intention d’œuvrer à la réalisation de plus de 3 % des suffrages;
  • une lettre de démission antidatée, au cas, peu probable, où il arrivait à remporter l’élection;
  • un certificat de célibat, ou de concubinage, signé et authentifié par le directeur général de l’agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés (ANRPTS), le ministre du Développement rural, ou par le directeur général de l’Agence mauritanienne d’information (AMI);

Le dépouillement aura lieu dans les locaux de la télévision de Khira Mint Cheikhani (8), en présence du conseiller du président de la République Dr Ishagh Elkenti, de l’ancien ministre de l’Information Elkory Abdelmaoula, du président du Conseil constitutionnel , et du président de la Commission nationale des marchés publics, et en présence du président Messaoud Boulkheir (comme reconnaissance pour sa modération). »

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1- Nom du président dans les pouvoirs autoritaires; 2- Depuis son pèlerinage à la Mecque (Hadj), le satirique lui colle ce qualificatif; 3- Opposant historique, chef de l’opposition démocratique; 4- Chef du parti islamiste, représenté au parlement; 5-Ancien président de l’Assemblée nationale, opposition modérée; 6- Ancien putschiste ayant dirigé la transition de 2005 à  2007;  7- Homme d’affaires, banquier, cousin du président et son principal soutien, aujourd’hui en disgrâce, exilé volontaire au Maroc; 8- Chi Ilouh Vchi attribue la TV nationale à sa DG, pour dire qu’elle n’agit pas comme service public.;


Mauritanie : avant de débuter, le dialogue a déjà réalisé les objectifs

Dialogue de sourds

En suivant les préparatifs du démarrage du dialogue entre trois pôles politiques en Mauritanie, l’esprit du politico-pessimiste que je demeure, a été traversé par plusieurs idées.

Pourquoi deux pôles d’oppositions ? Ou on est dans l’opposition, ou on est dans la majorité (ou mouvance) présidentielle ? Le célèbre poète syrien Nizar Kabbani, n’avait-il pas assuré, par son inimitable prose, qu’il n’existait pas de zone tampon entre le Paradis et l’Enfer ? Je ne veux point dire que l’un des côtés est paradisiaque, et que l’autre est infernal. Le côté du pouvoir est vraisemblablement celui qui offrirait un meilleur confort, mais l’objet de mon propos est qu’on doit, tout simplement, se positionner clairement. On ne peut, politiquement, se situer parfois au néant, tantôt au non être.

Si ces deux pôles n’ont pas pu présenter aux mauritaniens, un projet de société consensuel et convaincant, ou à la limite, une même stratégie d’opposition, ils ne peuvent guère leur apporter quelque chose de significatif ou de constructif, d’un dialogue où ils sont allés avec des violons qui jouent discordants ou faux.

Ces pôles sont-ils suffisamment représentatifs des différentes et multiples sensibilités nationales, comme on commence à les appeler dans notre terminologie socio-politique qui, il faut le reconnaître, évolue plus vite que nous ? Où sont dans tout ça les FLAM, les IRA, les TPMN, mouvements s’exprimant au nom de franges importantes des négro-africains de Mauritanie, des descendants d’esclaves (Haratines), et ceux qui se considèrent exclus par le nouvel état civil suivant la volonté de « l’Etat militaire »?

La Mauritanie est devenue de nos jours, une mosaïque de tendances ethno-politico-tribales, après avoir été pour nous une source de fierté comme un véritable trait d’union, et un modèle de diversité qui répugne l’adversité. Il n’est pas évident que tous se sentent engagés par les hypothétiques résultats qui sortiraient des discussions en cours de gestation.

On n’a pas besoin d’être diplomate pour savoir, qu’avant toutes négociations, il faut instaurer un climat de confiance. Ceci n’a pas été le cas ici, du moins, à ma connaissance. Pourtant, c’est un problème clé de ce que certains appellent la « crise politique»  en Mauritanie. Au lieu de la confiance et du respect, on voit en clair le mépris, et on décrypte en filigrane la méfiance, voire la haine.

L’opposition, surtout celle dite radicale, a toujours sous-estimé l’actuel Président, et le considère toujours –permettez-moi l’expression- comme un officier sac à dos, sans envergure ou background quelconques.

Quant au Président, pour avoir côtoyé la plupart des principaux acteurs politiques, il considère qu’ils sont des opportunistes-arrivistes, sans foi ni loi, ne cherchant que des intérêts particuliers ou communautaristes. Pour ceux qu’il n’a pas côtoyés, ses appréhensions viendraient de leurs positions affichées au sujet des événements de 89 et suivants, et qui ne rassurent pas l’institution militaire, ce qui, pourtant, ne l’a pas empêché de les « jauger » dès sa prise du pouvoir.

Il est incontestable, cependant, que depuis la « balle amie » du 13 octobre 2012, le Président a presque abandonné son ton particulièrement agressif, vindicatif, qui l’amenait, parfois, à qualifier les leaders de l’opposition, de groupes se tenant la main dans les marches, pas par solidarité et  preuve d’unité comme ils voudraient en donner l’impression, mais simplement disait-il, « de peur de trébucher, ces vieillards désuets ».

Je peux dire, au risque d’être agréablement  contredit par les événements, qu’avant même de commencer, le dialogue a déjà atteint les objectifs. Je dis bien « les objectifs », et non « ses objectifs ».

Les objectifs supposés pour le pôle radical, assoupli avec cette formule de Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) ou ‘’faux rhum’’ étant d’arriver à une version ressuscitée des défunts ’’accords de Dakar’’.

Pour la CAP (convergence pour une alternance pacifique), tout (ou presque) a été fait lors du dialogue organisé entre elle et la ‘’majorité consolidée’’ en septembre 2011, et il resterait juste à virer l’actuelle commission nationale électorale dont l’indépendance est sérieusement mise en doute (CENI), et tripatouiller les dossiers de MRABIH, le très décrié directeur général de l’agence nationale du registre des populations, et des titres sécurisés (ANRPTS), en charge de la liste électorale.

Le pôle du pouvoir qui, se sentant suffisamment fort de ses résultats lors des récentes échéances électorales, affiche la même position que l’opposition dite  modérée (CAP). Les choses sont donc, déjà tranchées, et les dés jetés.

Le pouvoir joue, subtilement, la même manœuvre qu’à la veille des législatives et municipales. Il se montre ouvert, prêt à discuter avec tout le monde, y compris ses adversaires, sans être prêt à leur faire concession significative. Le Président l’a dit clairement à Nouadhibou, capitale économique du pays. En conséquence, aux yeux de l’opinion tant nationale qu’internationale, celui qui discute avec lui, part de ce postulat. Les oppositions elles, ne peuvent pas tenir, solidaires, jusqu’au bout du marathon. Elles commencent déjà à le prouver avec les quiproquos sur la représentation, et la représentativité. A quoi s’attendre donc quand il y aura une miette du gâteau à se partager ?

On dénombre, quand même, beaucoup de présidents et de présidentiables, au sein du FNDU et de la CAP. Peut-ont, dans ces conditions garder le même cap ? Je ne le crois pas.

Je ne comprends pas nos politiciens, ou sont-ils tous (et toutes) devenus des autruches ? Ils ne semblent pas vouloir voir la réalité sans daltonisme. Pourtant, et c’est leur métier (ou profession) à eux, il est de notoriété que la politique se base sur deux  principaux piliers : le rapport des forces, et les intérêts. Les rapports de force sont en faveur de qui, le Rahil (dégage!) ayant lamentablement échoué ? Quels intérêts a un pouvoir qui vient de ratisser large au cours d’élections, à la fois locales et nationales, à dissoudre son gouvernement pour en reconstituer un nouveau avec une des oppositions qui n’a pas su se faire suivre à l’intérieur, ou se faire décrypter par l’extérieur ? La réponse est, naturellement, aucun.

Le dialogue s’achèvera en « queue de crevette », et la montagne accouchera d’un petit morpion. Les élections auront lieu aussi dans les délais, et le Président non sortant sera  très probablement réélu autour des 60 %, que les autres participent ou pas.

Les protagonistes n’ayant pas la même ligne de départ, ou vitesse de croisière, ils est inconcevable qu’ils puissent être ensemble à l’arrivée. L’opposition avait raté le train à Dakar, et les sphères du pouvoir observent déjà la ligne d’arrivée, et scrutent avec sérénité l’horizon des prochaines mandatures.

Maintenant, le devoir d’un pouvoir responsable sera de tenir compte de la réalité, et faire preuve de pragmatisme. La Mauritanie est en train de s’émietter ethno-socio-culturellement. Il y a besoin crucial et pressant d’organiser, peu après l’investiture pour le deuxième mandat, un véritable débat général, réellement inclusif et sans tabous, pour parler de toutes les questions nationales. Sceller un socle indéboulonnable pour une parfaite cohabitation entre les différentes composantes et communautés du pays dont le destin est inévitablement commun. Il y va de l’existence même de la Mauritanie, sereine, viable, réconciliée avec elle-même, et véritablement plurielle.

Celui qui le fera, avec conviction et sans manœuvres dilatoires, facéties ou arrière-pensées, inscrira son nom en majuscules dorées dans l’histoire des grands, avec un grand H et un grand G.


La vantardise de l’araignée-paon

Spiderman
Spiderman

J’ai parfois du mal à dissimuler la gêne que j’éprouve, quand je rentre dans des conciliabules dans le but de convaincre les enfants, pour qu’ils me libèrent le téléviseur pour suivre le journal télévisé, ou l’une des émissions informatives ou de débats.

J’ai beau insister, mais rien à faire. Ils restent plongés dans l’écran à s’y coller le nez, pour vibrer et tressaillir avec leurs émissions préférées.

Un soir récent, après avoir épuisé à la fois mon talent de diplomate, et mon ascendant parental, je me résignais à m’installer près d’eux et essayer de lire quelques passages de « Le passé d’une discorde » de Michel Abitbol, dans l’espoir de mieux comprendre les origines de ce qui se passe, et ce qui ne passe pas, entre Israéliens et Palestiniens.

Je savais pertinemment qu’il  était difficile de se concentrer sur un tel ouvrage à côté d’enfants survoltés. Effectivement, je me suis surpris en train de suivre, avec les enfants, en lorgnant du coin de l’œil, le célèbre SPIDERMAN. En plus, sans m’en rendre compte, j’y prenais apparemment goût.

Pour tout avouer, lorsque j’étais en âge de suivre les émissions  pour enfants, les téléviseurs, antennes, et autre électricité n’étaient pas encore arrivés chez nous : en ce temps, je suivais les dromadaires, et non les télés. J’ai donc du rattrapage à faire. Mais, je dois rester discret, combler les déficits sans montrer un grand intérêt aux jeux. Le contraire serait vu comme enfantin, puéril, juvénile, dans le milieu culturel qui est le mien, où il ne m’est pas socialement permis d’être pris en flagrant « délire » de me divertir avec mes peu choyés héritiers. Soudain, le fameux SPIDER (c’est comme ça qu’ils le dorlotent, les enfants), fit une voltige qui mérite qu’on lui créât aux Jeux olympiques, une médaille d’or pour le saut de gratte-ciel. Son bel exploit fit s’esclaffer toute la cohorte de gosses. Moi, ayant eu l’illusion d’avoir fait le geste, j’ai eu comme la sensation d’une déchirure musculaire de mon vieillissant dos.

Cette impression d’effort surhumain me ramena à la raison. C’est alors que je me souvins de ce français que j’ai vu plusieurs fois faire « l’araignée » pour arriver au sommet de très hauts buildings, quitte à avoir des démêlées avec la justice pour assouvir sa passion-vocation. Je me suis souvenu qu’ils l’appelaient « l’homme-araignée », de son vrai nom Alain Robert, qui a accumulé les exploits, de la tour Eiffel  à la Tour de Petronas à Kuala Lumpur en Malaisie, jusqu’à en devenir épileptique.

Et me voilà, nul en anglais que je suis, avec le sens et la signification de SPIDERMAN. Etant déjà homme, j’ai eu la curiosité de découvrir comment, pour le rêve de mes enfants, je peux, en plus, devenir araignée.

J’ai commencé à rassembler des informations au sujet de ces bestioles, au niveau des performances desquelles mes enfants aimeraient tant se hisser.

Mes recherches furent rapidement couronnées d’un succès inespéré. Une trouvaille particulièrement informative et instructive. Voilà que moi, qui au cours de toutes ces décennies que j’ai vécues, et dont je tairai le nombre en brouillant mon profil sur MONDOBLOG pour me faire une jeunesse illusoire, n’ai jamais eu une raison valable de me vanter comme un paon, trouve qu’une araignée a trouvé le moyen de lui ressembler avec une splendeur enviable. Comme quoi, il ne faut jamais minimiser plus petit, ou moins fort que soi.

En effet, un chercheur a réussi à filmer une minuscule araignée australienne en train d’effectuer une danse plutôt étrange !

« Elle relève deux de ses pattes et fait vibrer son ventre. Les belles couleurs de son ventre sont alors en bien évidence. Ce comportement ressemble à celui d’un paon qui déploie sa queue en éventail. Voilà pourquoi on la surnomme «l’araignée-paon».

Cette minuscule araignée, est de la grosseur d’un pépin de pomme… mais elle sait se faire remarquer ! Pourtant, elle a intérêt à demeurer prudente… En dansant, elle attire aussi les oiseaux affamés ! 

Le but de cette danse chez le paon ou l’araignée : séduire la femelle pour s’accoupler avec elle. 

Si le paon et l’araignée-paon prennent encore le temps, et trouvent les meilleures manières d’exprimer leurs amours, ce n’est plus le cas de tous les humains. Ils se suffisent pour la plupart, du fameux « Like » de Facebook. Quelques rares individus, dont votre humble serviteur, après avoir tourné dans la serrure de la porte de « la chambre à ronfler » la clé trois fois dans le sens contraire à celui des  aiguilles d’une montre, se limitent à « comment ça va ? Bonne nuit ! ».