Limoune

Journée mondiale du blog : la parole aux mondoblogueurs

Le 31 août 2013 marque la journée mondiale du blog. A l’initiative de Baba Mahamat, les mondoblogueurs immortalisent cette date de la manière la plus simple possible en répondant à la question : que représente le blogging pour vous ? 13 d’entre eux y répondent.
©Mondoblog - RFI
©Mondoblog – RFI
Baba Mahamat, Centrafrique
Il ne fait aucun doute, le blogging a inévitablement changé la face du monde. Le blogging est devenu une forme d’expression très prisée par des personnes et structures dans divers domaines. Il permet d’échanger avec les lecteurs qui participent à son animation. Il y a dans le blogging, l’esprit de mettre les lecteurs au centre en interagissant avec eux grâce à des commentaires autres formes de partage. Ce qui le rend différent du média traditionnel est le fait que n’importe qui peut tenir un blog et ce, sans une formation préalable contrairement au journalisme par exemple. Une manière de communiquer est née grâce au blog, le journalisme citoyen. En Centrafrique où les événements ont comlètement  bouleversé la vie de paisibles citoyens, bloguer me permet de brosser la situation extrêmement difficile que vivent mes citoyens et en profiter pour dénoncer une tragédie oubliée par la communauté internationale, qui aurait pu être évité si l’intérêt du peuple était au centre des préoccupations au détriment des considérations personnelles.
Limoune, Tunisie
Dernièrement, j’entendais un étudiant de l’école nationale de journalisme de Tunis s’insurger de l’inutilité du blog après la révolution. Un futur journaliste contre le blogging. Contre la diversité des points de vue rendue possible par Internet et la levée de la censure. Le blogging pour moi, c’est le bouleversement du schéma traditionnel de l’information, la fin du monopole des médias, la possibilité donnée à chaque citoyen d’avoir son mot à dire dans l’espace public.
Salma Amadore, Cameroun
Le blogging pour moi représente une activité qui me permet d’exercer le journalisme que j’ai toujours voulu, celui qui part des faits et des expériences des gens pour parler d’un sujet. Tenir un blog me permet de m’exprimer comme je veux, sans trop de sévérité. Pour moi qui a l’expérience des rédactions, j’ai été très frustrée des fois de devoir réécrire ou mettre aux oubliettes un article à cause « de la ligne éditoriale » du journal. En bloguant, je suis libre, je suis moi, je suis l’autre qui me lit et veut aussi me dire sa part de réalité. Loin de la routine des autres canaux d’information qui nous plongent dans la routine avec des mêmes personnalités, les mêmes stars, le blog est proche de l’homme ordinaire, c’est l’homme ordinaire qui est au centre du blog, celui qui veut s’exprimer et ne le peut pas dans les chaînes officielles, trouve dans le blogging, le moyen de s’exprimer, d’échanger et de s’enrichir de nouvelles connaissances.
Bloguer pour moi, c’est tout simplement être moi. Ecrire pour dénoncer et interpeller, sans mensonge et sans maquillage.
Sans trop de crânerie, je dirais que, le blogging est pour moi, ce que la raison est pour le philosophe. Car cela me permet de pénétrer  la profondeur de la réalité quotidienne de mon pays. Réalité que j’essaie de parler sur mes blogs avec un ton un peu différent des médias classiques.
Depuis le jour que j’ai commencé à bloguer pour de vrai, je ressens  que, quelque chose a changé en moi en tant que citoyen. Après plus de deux ans de d’activité, désormais, je me sens plus engagé, plus concerné dans la lutte de la nouvelle Haïti, dont je suis un fanatique.
Mylène Colmar, Guadeloupe
Lancer un blog, écrire un billet, puis un autre, et encore un autre, en veillant à se renouveler, à livrer des informations (de son point de vue) intéressantes, à garder un œil critique. Animer un blog, lire les commentaires des lecteurs, se réjouir des compliments, répondre aux questions, défendre son point de vue et faire entendre sa voix. Tenir un blog, avec difficulté, parfois, avec plaisir, souvent, avec sincérité, toujours.
Pascaline, France
Deux ans. Voilà deux ans que j’écris et que le blogging à pris une place de plus en plus importante dans ma vie. C’était d’abord une distraction, un moyen pour moi de prolonger mes écrits universitaires d’une manière beaucoup plus ludique, en racontant et en vivant de belles sorties culturelles. Puis, c’est aussi devenu un moyen de compter ma vision du monde, mes voyages, mes passions tout en réfléchissant au regard que je portais dessus, en le déconstruisant. Aujourd’hui, c’est devenu un biais indispensable par lequel je développe ma pensée, mes idées, en les confrontant aux lecteurs. Leurs réactions me font avancer, réfléchir, remettre en question dans mon écriture mais aussi dans cette vision du monde. Indispensable donc, pour demeurer une « femme qui interroge.
Aurore, Allemagne
Le blogging ou la valise 2.0.
Bloguer, c’est plier, empiler et ordonner au fond d’une valise virtuelle et planétaire des souvenirs, des avis, des incertitudes, des débats, des rencontres, des tous et des riens, des pleins et des vides, du futile, du sérieux, des histoires, de la poésie, des coups de gueule, des coups de joie, des injustices, des dénonciations, des déceptions, des messes basses, des combats, des confidences, des incertitudes, des Révolutions…
Blogueur par passion
C’est à la faveur d’un stage en médias et démocratie à Copenhague au Danemark en octobre-novembre 2010 que je me suis essayé au bloging. Ma passion pour le web journalisme me  permettra plus tard d’intégrer la deuxième édition de Mondoblog où, grâce à un encadrement judicieux, j’ai pu véritablement apprendre le b, a, ba, les contraintes et les exigences du blogging et de la publication en ligne.
Après la formation MondoblogDakar 2013, je revisite régulièrement mes connaissances à l’aune des innovations majeures, des mutations et des nouveaux développements du secteur médiatique, au jour le jour en tant que blogueur.
Aussi, pour moi, le blogging est une manière d’être, une forme d’expression parmi tant d’autres et pourquoi pas, un formidable espace d’échange, de partage.
Ladji Sirabada, Côte d’Ivoire
Mon blog, mes amis, le monde, la chaleur…
Parce que je blogue, j’appartiens à une communauté qui écrit et qui crie, qui saupoudre et qui fustige; une communauté qui arrange et souvent dérange, qui chante tout en interpellant, qui enseigne et renseigne, qui appelle et interpelle, qui éduque, distrait, et s’occupe…
Parce que je blogue, je convoque bon gré, mal gré une communauté qui se renseigne ou enseigne, qui partage ou s’enferme, qui se satisfait ou se plaint de, qui encourage ou insulte, qui consomme sans ou avec modération, qui dit merci ou merde, qui félicite ou blâme…
D’un coté ou d’un autre, en bloguant, je me mets à la croisée de plusieurs chemins. Chemins de confrères. Chemins de lecteurs. En bloguant, je partage mon monde ou ce qu’il y a à partager pour ne point me sentir seul.
Mon histoire du blog, commence avec la neige. Le blanc qui tombe et qui plonge le noir dans le lointain souvenir de la chaleur des terres ancestrales  et des miens.
En tombant, en m’enfermant dans un univers que je qualifiais  »aussi d’exotique », le blanc, m’a offert des pages blanches à remplir, m’invitant à me soustraire de la solitude, du dépaysement, d’un monde dans lequel, je me suis retrouvé, par concours de circonstance divine.
Mon blog fut, mon bois de chauffe. Il fut la vitrine de présentation de mon nouveau monde…
A chacun, je souhaite une expérience de blogging…pour un monde plus ouvert, sans barrière et avec beaucoup de chaleur…
Je bloggue; bloguons donc, puisque c’est la ten-dance.
Nelson Deshomme, Haïti
C’est une phrase magique qui a ouvert mes yeux sur le monde du blogging: « La beauté de l’internet c’est qu’on apprend en marchant ». Et dépuis lors, je fais de ce slogan ma principale source de motivation. En effet, le blogging est pour moi un centre d’apprentissage. Il m’est aussi un moyen de peaufiner mon écriture, et surtout d’apporter ma contribution dans la présentation d’une autre Haïti aux yeux du monde. Dorénavant, un blog est un instrument de communication où chacun peut placer son mot sur le dévenir de notre planète. Maintenant avec un blog, n’importe qui peut marquer d’une autre manière et de façon indélébile son passage dans ce monde.
Berliniquais, Martinique 
Pour moi, le blogging, c’est ma deuxième grande passion. Comme chacun sait, ce que j’adore par-dessus tout, c’est de chanter sous la douche. Mais malheureusement, quand je chante sous la douche, il n’y a personne pour m’écouter. C’est triste à mourir. En revanche, lorsque j’écris dans mon blog, le monde entier peut lire mes humeurs. Donc pour moi, écrire un blog, c’est un peu comme chanter sous la douche devant un large public ébahi d’admiration. Quel bonheur!
Parlons du blogging mais pas pour y consacrer un billet qui appelle, comme chacun le sait, chaque fois un sérieux et une application énormes. Il est tout simplement question de livrer son point de vue sur ce phénomène dont la fièvre a saisi le monde, singulièrement dans sa composante jeune.
Alors, c’est un avis très personnel que je vais livrer. Quand on me parle du blogging, je ne peux pas ne pas penser à dire que, dans un monde qui se débat dans l’entonnoir des crises politiques, économiques voire sociales, tenir un blog ne peut qu’offrir une possibilité de calmer la soif de s’exprimer qu’éprouvent des millions de femmes et d’hommes repartis dans tous les pays. Et surtout à un moment où les idées sont l’arme privilégiée dans la « guerre des places » qui oppose d’abord les grandes puissances, et accessoirement toutes les nations. Ainsi, le blog, en tant que site personnel, donne l’opportunité de prendre part à ce concert des idées qui animent le monde.
Pour le petit et modeste journaliste que je suis, qui tient un blog depuis bientôt une année, le blogging a été un espace où il défend ses convictions, sa position sur un sujet qui fait ou non la Une de l’actualité locale ou d’ailleurs. Et ce qui a le plus éveillé mon intérêt pour cette activité, c’est le droit à la subjectivité dont jouit le blogueur. Le droit de dire son ressenti du moment et ses impressions propres. Ecrire à la première personne du singulier (je) une analyse dans laquelle se retrouveront beaucoup de lecteurs, me parait plus responsable  que l’emploi du « Nous » que le journalisme trouve objectif, mais qui me semble manquer de sérieux. C’est aussi indiquer que le blogging est un espace, aussi grand que le rêve. C’est, bref, un déversoir !


Top 10 des préjugés véhiculés par Nsibti laziza sur les habitants du Rif

Les pétards de l’Aïd sont épuisés, les enfants, sucres d’orge aux becs, ont cessé de crier, le calme précaire installé est l’occasion de miser mon top 10 – exercice proposé par Ziad Maalouf – sur Nsibti laziza, une série ramadanesque qui arrive à sa 3ème saison et qui abuse des préjugés pour pouvoir exister.

Si cette année, Khmissa, personnage principal de la série, a déserté les écrans de la chaîne télévisée Nessma, les habitants du Rif, dont elle était censée représenter, les années précédentes, le prototype, n’ont pas été laissés de côté. Cette année, aux côtés de Jabala, son mari et de Fahem, son frère, les parents de Khmissa étaient au rendez-vous manqué du respect de l’altérité.

Les sciences sociales l’ont démontré : la différence n’existe pas en tant que telle, c’est le rapport entre deux entités qui la crée. […] La différence découle donc d’une construction qui aboutit à ce qu’une seule des deux entités comparées soit qualifiée de « différente », l’autre étant la référente. (Racisme : mode d’emploi, Rokhaya Diallo, P76)

Les habitants du Rif, ce sont les A’roubis, dont il a déjà été question ici, ces ruraux tunisiens dont l’essentialisation les réduit à une catégorie arbitrairement construite et nommes par les citadins qui permet de caricaturer leurs traits à l’excès, sous couvert d’un ton humoristique.

Les traits des « autres » sont exagérés de manière à devenir des particularismes propres à leur groupe, « naturalisés » comme des défauts intrinsèques ou des dispositions naturelles. (Racisme : mode d’emploi, Rokhaya Diallo, P79)

10. L’habitant du Rif est lourd, sa présence est insupportable, mais elle est bienvenue quand il s’agit de s’amuser. Suivre ces personnages de la série est un dur moment à passer ou une franche rigolade assumée.

9. L’habitant du Rif aime manger. Matin, midi, soir, il est devant un plat débordant de mets riches en sauce et en matières grasses, qu’il ingurgite en moins de temps qu’il vous a fallu pour lire cette ligne.

8. L’habitant du Rif est un squatteur. Quand ce n’est pas le beau-frère qui débarque dans la maison pour y rester trois saisons consécutives, ce sont les beaux-parents qui s’installent à la maison, devrai-je dire dans la chambre à coucher, sans même attendre l’accord du maître de maison.

7. L’habitant du Rif n’a pas le sens de l’hospitalité. L’hôte ne sait pas accueillir ses invités. Le beau-frère, éternel squatteur, puis les beaux-parents seront accueillis par une hypocrisie à peine dissimulée.

6. L’habitant du Rif est sale. Il [le beau-père] ne change pas sa djellaba, recycle ses chaussettes.  Il [le beau-frère] vit avec un âne dans la salle de bain et a les cheveux tellement gras qu’épis et antennes tiennent en équilibriste sur son crâne.

5. L’habitant du Rif a peu de considération pour sa femme. Il [le beau-père] l’appelle makhlouqa (créature).

4. L’habitant du Rif est arriéré. Il semblait vivre dans un autre espace temps, avant de rejoindre la ville. C’est à peine si elle [la belle-mère] sait décrocher le téléphone.

3. L’habitant du Rif ne sait faire preuve de savoir-vivre. Il [le beau-frère] parle la bouche pleine et ne paye pas son café. Même quand il tente de s’appliquer et de montrer l’étendue de sa finesse, il ne peut se contenir et s’empêcher de baver ou de piquer dans l’assiette d’autrui.

2. L’habitant du Rif ne sait pas parler. Il hurle. Elle a une voix stridente. Il n’articule pas. Elle bégaye. Il balbutie. Elle est incapable de prononcer une expression tunisienne sans l’écorcher.

1. L’habitant du Rif a une dégaine à faire fuir tout être normalement constitué. Il [le maître de maison] n’a pas compris qu’un bonnet devait protéger son crâne et pas seulement sa calvitie naissante. Il [le beau-frère] porte des chaussettes roses sous ses nu-pieds. Tous se pavanent avec  des vêtements trop grands, aux couleurs non accordées et cultivent leur attirance pour les chemises à fleurs et les pantalons multicolores.

L’habitant du Rif ne peut pas être cet ingénieur, obligé de rejoindre la capitale, à cause de la centralisation du pays. L’habitant du Rif ne peut pas être cet étudiant, faisant des aller-retours quotidiens, le montant de la bourse étant insignifiant face à la montée du coût de la vie. L’habitant du Rif ne peut pas être ce paysan, travaillant dignement la Terre dont il n’est pas le seul à savourer les fruits.

Pour reprendre le mondobloggueur Serge, qui m’a amené à me concentrer sur la réplique de Georges Clooney dans In the air (Up in the Air)

« I’m like my mother, I stereotype. It’s faster »

il semblerait que Nsibti laziza soit comme sa mère, qu’elle utilise les préjugés pour aller plus vite.


Diviser sans régner

Ne sachant pas ce qu ‘il se passera demain en sortant du boulot,  ne sachant pas à quel point les images et les cris joueront sur mes idées, ni quel effet auront la lacrymo et le ramadan sur mes émotions,  je laisse, au risque de déplaire, une trace de ce que furent mes pensées suite à la manifestation d’hier sur l’avenue Bourguiba et au sit-in du jour face à l’assemblée constitutionnelle.

Légitime, le gouvernement qui nous représente, ne l’est plus. Et, ce n’est pas l’assassinat du député Mohammed Brahmi qui l’a rendu illégitime. Lors des élections constituantes, les citoyens tunisiens ont donné à la Troïka un mandat d’un an, avec pour mission d’écrire une Constitution et d’organiser les prochaines élections présidentielles. Deux ans plus tard, le délais est dépassé, la Constitution n’est qu’au stade de brouillon contestable et la tenue des élections est sans cesse repoussée. La légitimité de l’assemblée constituante, dont se sont retirés 52 députés de l’opposition, est contestée et contestable.

La dissolution de cet organe ainsi que la chute du gouvernement actuel sont aujourd’hui exigés par une partie des manifestants d’hier et par les sit-iners, qui se relaient devant l’assemblée constituante à Bardo. Une dissolution, et après ? Après, un gouvernement de salut national aurait en charge les missions dans lesquelles la Troïka a échoué.

Si les manifestations sont légitimes, je doute de la légitimité d’un gouvernement de salut national qui exclurait les partis au pouvoir qui, qu’on le veuille ou non, ont des adeptes.

Je ne suis pas Nahdaouiste

Je ne l’ai jamais été, d’ailleurs telle n’est pas la question. La question est la suivante : comment pouvons-nous exclure du jeu politique un parti auquel une partie de l’électorat, bien qu’amoindrie, a encore confiance. L’erreur qui doit être évitée est de ne pas reproduire celle d’Ennahda qui a divisé les citoyens de son pays sans régner. Je condamne avec fermeté la violence policière d’hier, d’aujourd’hui et peut-être celle de demain, mais celle-ci ne doit pas nous aveugler. Pour construire, il ne suffit pas de tourner une assiette endommagée, en faisant des nahdaouistes une minorité rejetée. Depuis l’arrivée de la Troïka au pouvoir, le peuple se divise petit à petit, ne restons pas figés sur ces divisions pour avancer.

Au royaume des marionnettes, aucun membre de la Troïka n’a aujourd’hui de crédit. En crise de légitimité, le parti Ennahda ne remportera jamais le scrutin si le gouvernement en place daigne un jour organiser des élections. Par les voix de l’urne ou celles de la rue, le gouvernement de demain ne sera pas celui de ce soir.

Je souhaite une excellente nuit à chaque citoyen tunisien et que puissent être nos voix, nos choix, nos voies dignes et responsables.


Deuil de la République – حداد الجمهورية

Je ne pensais pas que le deuil pouvait s’écrire mais le besoin de s’exprimer est difficile à refouler en ce jour de drame national.

استيقظنا صباح عيد الجمهورية رافعين اعلام تونسية لكن لم يدم الاحساس بالافتخار طويلا اثر الاعلام عن حادثة اغتيال الشهيد محمد البراهمي نائب حزب « الشعب » امام منزله تحت انظار اطفاله

Nos drapeaux aux fenêtres - © Limoune
Nos drapeaux aux fenêtres – Ariana – Tunis – © Limoune

و هذه الحادثة تذكرالشعب التونسي  بعملية اغتيال الشهيد شكري بلعيد المحامي و المناضل التونسي يوم 6 فيفري 2013

.تبقى اعلامنا مرفوعة عاليا فوق المنازل لكننا نعبر سخطنا في كل الجمهورية التونسية

Nous nous sommes réveillés levant fièrement nos drapeaux tunisiens en ce jour de la fête de la République, mais le matin tournait à peine son dos que le député du parti Al-Shaab (le peuple)  Mohammed Brahmi a été lâchement assassiné devant son domicile, sous les yeux de sa famille.

Même scénario qu’en février 2013 lors de l’assassinat de l’avocat et opposant Chokri Belaïd.

Nos drapeaux restent accrochés à nos fenêtres, mais notre indignation se manifeste dans l’ensemble du pays.

يرحمه الله


ZooM sur Nous – Être acteur de nous-même

L’idée n’est pas de se victimiser, mais de dénoncer. L’idée n’est pas de diaboliser, mais d’aspirer à un vivre ensemble. Le collectif Zoom sur nous que nous venons de constituer s’empare de l’outil vidéo pour s’exprimer. La première prise de position s’attaque à l’islamophobie.

Pour la première fois, sur ce blog, Limoune –  ليمون parlera à la 1ère personne du pluriel. Celle qui privilégie le « je » pour insister sur le fait que ses écrits n’engagent que sa personne, se permet aujourd’hui d’emprunter le « nous » pour parler au nom du collectif Zoom sur nous.

A notre tour

Les musulmans sont souvent représentés à l’écran, mais nous, membres du collectif, refusons le regard porté par les médias dominants sur toute une communauté. Munis de bonne volonté, mais de peu de moyens, une mini-caméra, une connexion internet, une échelle et des cartons, nous avons décidé de faire d’un écran 4*12 notre champ d’action. Reprenant les stigmates véhiculés sur l’islam, nous dénonçons un traitement arbitraire de l’information et de la fiction qui s’immisce et s’infiltre dans notre subconscient faisant du préjugé une norme.

Nous rejetons la généralisation, la stigmatisation, cette perception erronée de l’individu qui constitue un biais à la rencontre, à l’expérience humaine. Nous refusons le stigmate, que nous n’intérioriseront pas, la colonisation mentale et l’infériorisation. Zoom sur nous a été constitué afin de porter notre voix contre le pouvoir illégitime du dominant qui définit l’autre et de nous définir nous-même. Nous souhaitons être acteur de nous-même, en pointant délibérément la camera sur nous- même.

A bas le « vous », vive le « je », le « tu » et le « nous ». Zoom sur nous.

Fervent croyant et défenseur du vivre ensemble, le collectif tente de se regarder et de regarder nos sociétés sans jugement. Sans ju« je »ment, nous décidons d’abord de nous retrouver, de discuter et d’accepter l’idée que l’un d’entre nous veut mettre en images. Sans ju« je »ment, nous tentons de transcender les catégories et de questionner les préjugés. Et parce que nous ne sommes pas immunisés contre ce que nous rejetons, nous caricaturons le ju« je »ment pour nous battre avec nous-même et contre nous-même. Pour nous battre avec le « je », le « tu » et le « nous », chacune de ces entités ayant été reconnues afin que nous puissions faire usage de la 1ère personne du pluriel.

Nous venons de quatre continents différents et nous vivons sur quatre continents différents. Notre lieu de naissance ne prédestine pas notre lieu de résidence. Notre lieu de résidence ne détermine pas notre identité. Nos pays sont « libres », colonisés ou décolonisés mais nous refusons de poser un regard colonisé sur nous-mêmes. Nous refusons l’ingérence dans notre identité.


Guadeloupe – Mali – Tunisie – Les femmes se racontent

Sexe minorée et venant de régions dominées,  les femmes du Sud – comme elles ont été arbitrairement nommées – sont rarement racontées par les propriétaires de leurs êtres, à savoir elles-mêmes. A l’initiative de Danielle,  dynamique bloggeuse camerounaise soucieuse de voir les citoyens du monde faire irruption sur les médias pour porter leurs voix sur leur moi,
les mondobloggeuses Mylène Colmar, Faty et moi-même s’associent afin d’apporter leurs regards sur la condition féminine dans leurs pays respectifs.

« Fanm doubout »

Gwadloupéyen doubout - Guadeloupéenne debout ©Mylène Colmar. Retouches Limoune
Gwadloupéyen doubout – Guadeloupéenne debout
©Mylène Colmar. Retouches Limoune

Par choix ou par obligation, la femme guadeloupéenne que présente Mylène Colmar est une femme courageuse sur laquelle repose toute une société. Ravie de pouvoir décrire et définir la femme doubout et poto mitan,

« Doubout » pour forte, courageuse, extraordinaire dans ce qu’elle entreprend et surtout déterminée à surpasser toute adversité. Et, bien souvent, à « doubout » est associé « poto mitan », pour désigner le rôle de pilier occupé par la femme au sein du foyer familial, et par extension au sein de notre société.

Mylène n’en reste pas moins prudente dans son billet afin de laisser une place aux femmes dont on tait leurs existences susceptibles de faire de l’ombre au mythe. Femme célibataire, femme battue, femme violée, elles restent les témoins d’une égalité à extirper. Et c’est Axelle Kaulanjan-Diamant, Femme. Caribéenne. Créole, à qui Mylène laisse la parole, qui nous explique le paradoxe de la condition féminine en Guadeloupe.

« L’une de nos contradictions majeures, c’est que la Guadeloupe est une société matrifocale, sans pour autant être matriarcale. La majorité des familles guadeloupéennes reposent essentiellement sur les épaules de la femme dite poto-mitan, alors que l’égalité hommes/femmes en Guadeloupe est loin d’être exemplaire… »

 Empowerment féministe par l’éducation à Bamako

Si la place des femmes dans la société semble de tout temps avoir été reconnue en Guadeloupe, celle des filles et des femmes dans les écoles au Mali n’a pas toujours été un acquis. Faty évoque la scolarisation des filles à travers son billet dans lequel elle donne à découvrir le Lycée des jeunes filles à Bamako.

Un lycée qui fascine. Il m’a plût dès l’entrée. J’en avais déjà entendu parler, notamment par ma cousine Fatou Sacko qui l’a fréquenté. Mon grand-frère aussi y a fait son stage de fin d’année de l’ENSUP. Ils m’ont parlé de jeunes filles élégantes, intelligentes, turbulentes, belles. Pratiquement l’Elite féminine malienne sort de ce lycée.

Lors de la période coloniale, seul « 1% des filles inscrites arrivaient en CE2 » (3ème année primaire) mais le taux de scolarité n’augmentera que légèrement à l’ouverture du collège moderne des filles de Bamako. En 1958, l’établissement se transforme en lycée et verra son taux de scolarisation augmenter, tout comme celui du pays. Aujourd’hui, ce taux de scolarisation n’est pas la plus grande préoccupation de ce lycée d’élite, attaché à son taux de réussite.

[…] le lycée des filles de Bamako est entré dans les mêmes travers que connaissent tous les établissements scolaires maliens  avec notamment la baisse des niveaux. Les taux de passage au bac sont la preuve. Des élèves n’ayant aucun gout pour les études malgré le parquet de professeurs chevronnés qui y sont.

D’une génération à une autre dans un village tunisien

Manifestation pour la dignité en Tunisie. ©Limoune
Manifestation pour la dignité en Tunisie.
©Limoune

Sakiliba Sira Diop, première bachelière malienne, a été l’une des directrices du Lycée des jeunes filles de Bamako. Elle reste surtout une figure du féminisme africain.

Nous, nous ne brûlons pas nos soutiens-gorge. Tout ce que nous voulons, c’est un peu de temps libre.

Ma grand-mère est de sa génération, mais elle a grandi dans un village et c’est seulement à l’âge de 16 ans que son père l’a laissé se rendre à l’école des jeunes filles. Le lendemain, sa mère décède et sa fille aînée – ma grand-mère – prendra sa place et son rôle. Fanm doubout, vacant d’une activité domestique à une autre, aux besoins de ses frères à ceux de son père, puis de ceux de son mari à ceux de ses enfants, du temps libre, elle n’en trouvera qu’une fois alitée, quand la douleur daignera lui laisser du répit. Cette femme qui se contenta de la vision du groupe dominant sur sa place de femme, a refusé pour ses filles la valeur sociale négative de la femme imposée par l’homme. Contrairement à elle, ses filles ont appris à lire et à écrire, et à l’obtention du baccalauréat, ma grand-mère s’est révélée être combattante pour qu’elles puissent partir étudier à l’université, bien que cela exigeait une installation en ville.

Ma grand-mère est féministe, militante pour ses filles. Sa fille – ma mère – est féministe, militante pour ses filles et pour elle-même. Sa fille – ma sœur – est féministe, militante pour elle-même et pour ses concitoyennes. Sans ma grand-mère et son combat, je n’aurai pas pu comprendre la valeur du mot féminisme. La femme tunisienne n’existe pas. Des femmes tunisiennes existent. Je n’ai parlé que de celles que je connais.