Makaveli


Le Mali a plus de constructivistes que d’activistes

Il y a lieu de s’interroger sur les activistes qui pullulent sur les réseaux sociaux. Sont-ils présents pour stimuler un changement sociétal ? Ou pour assouvir des besoins pécuniaires égoïstes ? Ce qui est sûr, c’est que le Mali a plus besoin de constructivistes que d’activistes. Internet est une aubaine pour l’émergence du Mali, mais pour y parvenir, il faut une utilisation objective, dans un élan constructiviste. RFI · Mondoblog –…






Avec ou sans la chance, aller au bout de ses rêves

Avant le soleil, je me suis réveillé débonnaire pour écrire ces lignes revigorantes. Un acte culotté et totalement téméraire, aussi moqueur que de parler de meilleurs lendemains dans un pays où on cherche le pain du jour. Un pays où les urgences de l’heure, brouillent les perspectives d’avenir. Où le rêve est un luxe, ou l’espoir relève du chimérique.


Trois Maliennes qui ont tenté le pari d’entreprendre dans le numérique

Le taux de pénétration de l’internet au Mali est encore loin d’avoir atteint son paroxysme. Pourtant certaines jeunes dames voient dans les technologies de l’information et de la communication TIC une aubaine d’accroissement économique et de facilitation du quotidien du malien. Entre défis et ambitions voici trois femmes qui ont tenté le défi d’entreprendre dans le numérique. 

Etre entrepreneuse est une des tâches les plus ardues au Mali, défavorisée à plus d’un égard par de nombreux stéréotypes, souvent surmenée par les devoirs familiaux ou limitée par les contraintes du mariage, l’absence de soutien et d’accompagnement sont des bâtons dans les roues de l’éclosion de l’entreprenariat féminin.

Nonobstant les contraintes, certaines jeunes dames arrivent à se frayer élégamment un chemin avec courage, envie et détermination. Elles travaillent avec la noble ambition et avant toute considération pécuniaire, à améliorer via les TIC le quotidien des maliens, promouvoir nos talents, elles sont un modèle pour cette nouvelle génération de jeunes hyper connectés.

AGANSI Faire connaitre le savoir-faire artistique malien

Massira Touré
Massira Touré Photo: Massira Touré

Agansi est la première plateforme web orientée sur l’art au Mali, il a vu le jour pour répondre au besoin et à l’envie de faire connaitre les talentueux artistes maliens. Son initiatrice Massira TOURE est artiste peintre, Woman Tech Maker consciente des nombreux défis que connait le monde de l’art plastique malien en terme de visibilité, elle a vu dans les TIC un moyen de booster et de donner un coup de pub.

« Etre femme ou homme il faut se donner le moyen de vivre ses rêves. »

Ambitieuse et courageuse, elle projette de faire de sa plateforme une référence africaine en matière d’art plastique. A la pointe de la technologie Agansi vous offre la possibilité de visiter des galléries en 3D. Vous pouvez vous renseigner sur l’art malien, les artistes, et surtout faire des achats.

ANKAFINI coup de projecteur sur les tissus africains

F. Tangara Photo: F. Tangara

Imaginez depuis votre téléphone, tablette ou laptop choisir le tissu de vos rêves, sélectionner un modèle qui vous sied et vous faire livrer dans quelques jours votre habit. Oui c’est possible et même de choisir les accessoires.

« Nous nous devons de réussir, d’être des exemples pour les autres. »

Née de la double volonté de donner un coup de visibilité aux artisans textiles africains, et de permettre à tout un chacun de faire un gain de temps quant à la confection de ses habits. ANKAFINI est initiée par Fatoumata TANGARA une Woman Tech Maker.

Entre démarcher les vendeurs de tissus et les tailleurs elle est la seule à s’occuper de sa plateforme et à faire son boulot de community manager. Fatoumata TANGARA se veut être un exemple pour les femmes un modèle pour dire que les femmes peuvent et doivent être sur tous les terrains selon ses mots.

Ankafini sera disponible début janvier 2018

BAARA 2.0 mettre en relation les artisans du Bâtiment et les particuliers maliens

P. Sogoba
P. Sogoba Photo: P. Sogoba

Membre de la communauté Woman Tech Maker du Mali, initiatrice du blog MUSODEV un blog dédié aux maliennes évoluant dans l’informatique. Porcho Marguerite SOGOBA a un dada les TICs. Douée avec les codes, son rêve était de mettre son savoir-faire au service de sa communauté.  Elle voit dans le numérique la possibilité de créer de l’emploi pour les jeunes, de créer de la richesse.

« Je veux être utile à ma communauté. »

Baara 2.0 est une plateforme dédiée à la construction, les orfèvres, maçons, plombiers, architectes, électriciens et autres y sont répertoriés, vous pouvez les contacter selon votre localité, les choisir selon leurs compétences en fonction de vos besoins de construction ou de maintenance. Vous pouvez aussi vous inscrire pour mettre sur le marché vos compétences.

Baara2.0 sera disponible début janvier 2018

Avec le taux de pénétration de l’internet qui s’accroit peu à peu, nous pouvons sans doute dire que l’avenir des TICs a de beaux jours devant lui au Mali. Surtout avec nos jeunes dames 2.0 a l’envie féroce et l’imagination débordante.  


En finir avec les coupures d’électricité au Mali, oui c’est possible

Il n’y a pas ce Malien qui est satisfait des services d’EDM SA (Energie du Mali), le principal fournisseur d’électricité du pays. Les délestages* couplés au coût élevé de l’électricité ainsi que la couverture qui ne s’étend qu’aux grandes villes harassent les citoyens, ralentissent l’émergence économique, technologique et industrielle. D’où l’appellation « Énergie du Mal ». Mais il y a une solution pour assurer l’accès à l’électricité sans coupure à tous les maliens.

Une entreprise qui fonctionne à perte

L’Etat malien est le principal actionnaire d’ EDM, chaque année il injecte des milliards de francs CFA afin d’assurer son fonctionnement, pourtant la boîte ne réalise pas de bénéfices. L’EDM est toujours incapable de produire suffisamment d’électricité pour répondre aux besoins croissants de sa clientèle, en plus des 60 000 nouveaux demandeurs d’énergie chaque année. Sans les subventions du gouvernement les factures d’électricité seront hors de portée de la bourse du citoyen.

Depuis des années, l’entreprise semble s’enfoncer inextricablement dans un bourbier. Elle produit de l’électricité avec seulement du pétrole importé, ce qui a une incidence sur le coût de l’électricité. La corruption au sein d’EDM, le vol d’électricité par les citoyens et le gaspillage dans les services publics et les camps militaires, la vétusté et l’insuffisance des centrales thermiques font de l’électricité une denrée rare du Mali. Alors que la démographie galopante, l’urbanisation effrénée et la révolution technologique rendent le pays énergivore.

La fin des délestages, l’énergie pour tous

Afin d’en finir avec les délestages, une transition progressive vers l’énergie solaire me semble indispensable. L’EDM, à défaut de fournir directement de l’électricité, doit doter ses clients en kits solaires (panneaux solaire, batteries). Les clients, au lieu de payer les factures d’électricité, remboursent les frais de payement d’installation et d’entretien des kits. Le montant sera échelonné sur une période donnée, et à la fin du remboursement, les clients deviennent propriétaires.

Le coût de l’électricité au Mali est cher et fluctuant. Mais avec un tel système chaque famille pourra contrôler sa consommation en électricité et ainsi faire des économies. Chaque foyer pourra en bénéficier car le payement sera flexible.

Avec ce système, où les foyers sont autonomes en énergie, l’EDM pourra ainsi consacrer la plupart de sa production aux usines et augmenter son chiffre d’affaire avec la réduction de sa dépendance au pétrole.

Objectiver un tel projet permet de réaliser une transition vers les énergies vertes, donc de préserver l’environnement. Aussi d’assurer l’accès à l’électricité à tous, tout en favorisant la croissance économique.

L’exemple de M Kopa au Kenya

N’allez pas dire qu’un tel projet est impossible ou demande des sommes astronomiques. Une startup kényane « M Kopa » a réussi à connecter 500 000 maisons à l’électricité en six ans seulement. Le secret de M Kopa est de fournir le kit solaire avec un mode de payement simple et flexible par téléphone pour les populations rurales.

Nous pouvons sortir du noir

La startup malienne Yeelen Solar depuis 2016 s’est fixée comme mission d’aider les zones rurales à accéder à électricité, grâce au solaire. Elle propose, elle aussi des kits adaptés aux besoins de consommation des foyers. La preuve que la transition vers l’énergie solaire est déjà en marche et reste une solution viable et écologique.

Si au Kenya une startup arrive à fournir de l’électricité a 500 000 maisons imaginons ce que peut faire un Etat, une grande entreprise. Oui, nous pouvons sortir du noir, assurer l’électricité à tous les Maliens, il nous suffit de regarder vers le ciel.

*Le délestage électrique consiste à supprimer l’alimentation d’un groupe d’appareils ou de clients afin d’éviter la saturation de l’alimentation électrique.



Si je ne réussis pas, c’est parce que je n’en fais pas assez

Le plus difficile ce n’est pas de trouver la vérité, mais d’être capable de l’accepter. Il m’a fallu du chemin et beaucoup de courage pour arriver à cette vérité.

« L’enfer ce n’est pas les autres »

Ce n’est pas le gouvernement qui est responsable de mon infortune. Si j’ai raté un concours c’est parce que je n’avais pas le niveau. Ce ne sont pas les imprécations des envieux qui me rendent poisseux.  Ce n’est pas Dieu ou une destinée qui me conditionne à la médiocrité et à la précarité. Ce ne sont ni les maraboutages, ni les mauvais sorts qui m’ont été lancés par des jaloux qui m’empêchent de réussir ma vie. Ce n’est pas non plus mon environnent qui réduit mes possibilités.

« Ton pire ennemi est parfois dans ton miroir »

C’est dur à admettre, mais en réalité nous sommes responsables et nous méritons tout ce qui nous arrive dans notre vie.

J’ai longtemps empoissonné ma propre vie avec des idées lugubres et pessimistes. Alors que j’aurais dû voir les défis comme des opportunités, comme une chance d’apprentissage, une occasion de faire les choses autrement.  Mais au lieu de cela, je n’ai vu que des murs, des impasses, aveuglé par ma propre négativité.

Fataliste et veule j’ai perdu mon temps à attendre une intervention divine, un miracle… j’ai prié pour que des interventions extérieures puissent construire ma vie.

Photo Iwaria

Mais en vérité, je suis le seul responsable de mon incapacité à trouver le bonheur et à m’épanouir dans ma vie.

La bonne nouvelle c’est que j’ai trouvé  « L’homme que le ciel a envoyé pour me sauver, pour améliorer ma vie. Je l’ai rencontré, il était dans mon miroir ».

Si je n’ai pas la vie que je veux, c’est simplement parce que je ne fais pas ce qu’il faut pour l’obtenir. Il faut donc que j’arrête de m’inventer des excuses et de compter toujours sur l’aide des autres. Je n’attendrai plus que les opportunités se présentent pour agir, au contraire : j’agirai pour créer mes opportunités ! Parce qu’attendre c’est essayer les méthodes, changer de stratégie avant de trouver le fil d’Ariane.

Les limites qui m’entravent n’existent que dans ma tête, les forces dont j’ai besoin pour m’affranchir de ces limites sont en moi-même.

Maintenant, je vois les obstacles comme une bénédiction, les échecs comme des étapes, comme les signalétiques qui indiquent que je suis sur la voie de la réussite.

La réussite est à la portée de tous, il faut juste investir les efforts nécessaires à sa réalisation.



Élections : comment choisir le bon candidat

Si voter est acte civique, une obligation morale pour la bonne marche de la démocratie, le choix du candidat est déterminant. Ce choix doit être basé sur des critères objectifs et impersonnels. Le vote et le choix du candidat sont la promesse d’une bonne gouvernance à venir. Le choix par affinité, suivisme ou opportunisme sont des pratiques inciviques qui peuvent sceller le destin du pays en portant la mauvaise personne à la tête du pays.

Je souhaite partager ici avec vous quelques réflexions qui vous permettront peut-être de faire tri entre les candidats lors de prochaines élections.

Bien connaitre son candidat

Tout d’abord, sachez qu’un bon candidat n’attend pas les élections pour approcher sa communauté. Il n’attend pas d’être élu pour entreprendre des actions de développement. Alors questionnez les aspirants à la présidence sur leurs réalisations antérieures.

Le meilleur des candidats est un homme de valeur et de principe. Examinez vos candidats sur différents points : comment se comportent-ils en société ? Sont-ils des modèles de vertu ? Ont-ils été mêlés à des affaires illégales dans le passé ? Est-ce que, dans leurs rapports sociaux et professionnels, ils font preuve d’intégrité et d’humanisme ?

Expérience et culture générale sont également les traits de caractère d’un bon président. Ainsi, il faut pouvoir connaitre le parcours scolaire et professionnel des candidats, cela nous renseigne sur leur aptitude à pouvoir diriger le pays. Un bon candidat se démarque par ses connaissances et ses compétences. Comment vouloir diriger le pays si on est pas compétent ?

Comment se finance la campagne électorale ?

Il est primordial de savoir comment un candidat finance sa campagne électorale. Une campagne électorale financée illicitement transforme le mandat d’un élu en un champ propice à la corruption, au favoritisme et par conséquent au sous-développement.

Le bon candidat fait montre de transparence sur les fonds destinés à sa campagne électorale. Des fonds qui doivent être acquis dans le cadre des dispositions légales. Il déclare évidemment ses biens et paye ses impôts. Le bon candidat doit être exemplaire.

Le déroulement de la campagne électorale

Abstenez-vous de choisir le candidat qui, pendant sa campagne, diabolise ses concurrents pour se magnifier, le candidat qui se prête à des tentatives d’achat de conscience ou de corruption… ce ne sont pas des arguments pour vous convaincre. Le bon candidat vous convainc par ses actions précédentes et par la pertinence de son programme, c’est ça l’essentiel, le reste n’a pas de place dans une campagne électorale. Le mauvais candidat tentera de vous manipuler par des promesses mielleuses, creuses, et des discours grandiloquents.
Le déroulement d’une campagne nous renseigne sur la personnalité du candidat et sa capacité à prendre de la hauteur.

Un grand projet de société 

N’oubliez pas qu’un président sans grande vision amènera le pays nulle part. Le bon candidat est celui qui peut exploiter et valoriser les ressources du pays pour répondre à nos besoins pressants, tout en prévoyant des initiatives pour répondre aux défis de l’avenir.

Par ailleurs un programme de société n’est pas une litanie de promesses enchanteresses mais un projet réaliste, ambitieux et viable. Tachez de comprendre comment le candidat compte réaliser le dit projet. Est-ce qu’il endettera le pays avec les fonds étrangers, ou créera-t-il de la richesse avec nos propres ressources ?

Un patriotisme à tout épreuve

Le bon candidat se sent investi d’une mission, une mission qui dépasse sa petite personne. Il a conscience qu’il est au service d’un peuple et que c’est l’espoir de toute une nation qui pèse sur ses épaules. Il a les compétences de Thomas Sankara et les qualités de Nelson Mandela.

Le destin du pays est entre nos mains. Votons responsable, utile.
Et quand nous aurons élu le futur président, aidons-le à nous aider. Notre responsabilité ne se limite pas à la porte des centres de vote.


Réussir une campagne électorale en cinq points

« Trois choses amènent les hommes à nous témoigner leur préférence et à apporter leur soutien dans les élections : les services qu’on leur a rendus, les espérances qu’ils conçoivent et le fait qu’ils se sentent proches de nous et nous apprécient. »*

Une campagne se prépare des années en avance

Avant les élections prenez le temps d’implanter votre parti politique, travaillez à construire une base solide au sein de la population. Nouez des relations avec des personnes ressources et influentes dont l’apport est indispensable à votre parti.

La course aux élections est un marathon, préparez-vous mentalement et financièrement.  Employez-vous à apprendre davantage sur votre pays, vos adversaires, cela vous donnera un avantage pour convaincre le peuple et vous démarquer de vos concurrents.

Emmanuel Macron President France Pinterest CC

L’homme du peuple

Engagez-vous le plus possible pour répondre aux besoins de votre communauté. Votre engagement ne doit pas être que matériel ou financier, votre présence aussi compte. Par vos comportements les gens doivent voir en vous un modèle de moralité. Adopter des comportements qui reflètent les valeurs sociétales et votre philosophie.

Trouvez l’astuce pour mettre l’énergie et l’intelligence collective au service de votre idéologie pour le bien commun.  Soyez à l’écoute et parlez aux citoyens dans un langage qu’ils comprennent. Les gens doivent se reconnaître en vous. Vous devez incarner la solution que vous proposez.

Nelson Mandela
Nelson Mandela Pixabay CC

La communication est la clé

La politique est un jeu de séduction où les médias sont une arme indispensable. Faites des médias vos alliés, ils porteront haut et fort l’écho de vos actions. Ils vulgariseront votre idéologie et même, si nécessaire, étoufferont les mauvaises publicités.

Dans ce flot ininterrompu d’informations et d’actualité, votre plus grand défi sera d’occuper constamment l’espace médiatique. Vous pouvez briller par vos interventions médiatiques comme par vos absences, à vous de déceler les embellies pour vous exprimer.

Dans vos propos privilégiez la clarté et la simplicité, multipliez les canaux de communications traditionnelles comme modernes. Parlez de vous, et faites parler de vous.

N’oubliez pas : si l’élégance, la sympathie, l’éloquence vous font défaut, vous pouvez oublier la politique.

Obama
Obama ancien President USA Wikimedias

Une vision d’avenir

Démarquez-vous par la politique que vous proposez, elle doit être à la fois originale, innovante et ambitieuse. Chaque citoyen doit se l’approprier, indépendamment de son statut social. Vos propositions doivent tenir compte des besoins de votre pays.

Soyez plus qu’un humain, devenez un modèle, un qui illustre sa propre idéologie. Soyez une personne de solution, de vision. La beauté et la pertinence de votre projet séduiront les électeurs, vos actions antérieures les convaincront.

Paul Kagame President Rwanda Pinterest CC

Les actes parlent plus fort que les mots

La méthode la plus efficace pour séduire son électorat c’est de poser des actions. Un politicien est écouté mais jugé pour ses actes. Par vos actions, les gens auront un aperçu de vos capacités.

N’attendez pas d’être élu ou le moment des campagnes pour agir. Ce sont vos réalisations antérieures qui vous garantiront la confiance des électeurs.

 

*PROST (FRANÇOIS), Quintus Cicéron : le petit manuel de la campagne électorale (Commentariolum petitionis), 2009, TULLIANA.EU
 https://www.tulliana.eu/documenti/BindercommentariolumProst.pdf


La crise malienne, une opportunité de renaissance

Le coup d’état en 2012, comme un vent effroyable, mît à nue les faiblesses de l’Etat malien : l’indigence des citoyens, la facticité de la démocratie, la fragilité des liens sociétaux, et l’adynamie de l’armée.

Six ans après, les crises s’enveniment et s’enchevêtrent, terrorisme du Nord, violences communautaires au Centre, querelles politiques, précarité, grèves récurrentes et risque de violence lors de l’élection présidentielle. Le pays dans un imbroglio est assené par cette crise à la fois multidimensionnelle et protéiforme.

La vulgate dépeint un tableau sombre. Certains vaticinent la malemort pour le Mali. Mais n’oublions pas que c’est à travers les crises que les grandes nations se construisent. Derrière l’impasse de la crise et les linéaments d’un sombre future, se cache une aubaine de renaissance.

C’est l’appel du destin qui met au défi, qui éprouve le Mali pour qu’il reparte sur des bases nouvelles et saines. Cette phase inédite de l’histoire que le Mali aborde est une chance pour lui d’apprendre du passé en faisant le contrefactuel de 60 ans d’Independence, de comprendre que le système actuel ne nous sied pas, qu’il est vital de se réinventer, de faire tabula rasa du passé et ne garder que l’utile et le constructif.

C’est le moment pour nous d’aller vers une vraie entente nationale de regrouper les fils et filles du pays pour un nouveau Kurukan fuga, pour rêver ensemble l’avenir du pays, pour mobiliser les forces et les intelligences nécessaires à sa construction. Pour établir un nouveau pacte social qui tiendra place et lieu à la Constitution. Un pacte d’honneur et de sang.

C’est l’opportunité de penser un nouveau type de société basée sur les valeurs de l’humanisme, du travail et du courage. Redéfinir la citoyenneté au-delà des appartenances ethniques. Améliorer notre démocratie en y incorporant nos systèmes de gestion traditionnelle nos règles et valeurs sociétales. Ressuscité notre patrimoine culturel pour consolider la cohésion sociale.

Objectiver une telle réalité n’est possible que par une justice réparatrice. Nous devons nous pardonner tout en punissant les fautifs pour soixante année où la corruption, l’impunité, le favoritisme et le laxisme ont régné. Tourner le dos à cette classe politique qui s’est avéré être en dessous de l’honneur, de la mission patriotique.

Il nous faut le courage de dire non à l’aide internationale qui n’est que tunique de Nessus. Le courage de dire non aux partenariats qui nous desservent, nous essorent. Il nous faut le courage pour marcher seul, de défricher le chemin de notre destin car la solution ne vient jamais de l’extérieur.

Reconnaissons que nous avons fait banqueroute, responsabilisons-nous pour activer et mettre à profit nos potentiels, nos ressources humaines et matérielles.

C’est notre meilleure chance de démontrer notre patriotisme. Mettre notre citoyenneté au-delà de nos communautarismes. Mettre l’intérêt général sur le personnel.

Nous avons bu le calice de la honte et de l’humiliation jusqu’à la lie. Mettons l’honneur qui nous reste dans l’édification de ce pays. Le Mali peut toujours flamboyer, ça ne dépend que de nous. Le Mali en gestation peut accoucher d’une nouvelle société juste, humaniste, et prospère.

Plus que jamais l’histoire lui offre une aubaine de renaitre, par témérité il peut devenir un pays nouveau ou par pusillanimité rester dans la prostration.


Au Mali, la révolution passera par la culture

Le militantisme à l’ère du numérique se fait à coup de hashtags. L’impact réel de ces actions cybernétiques reste volatil et discutable, leur portée virtuelle ne dure que le temps d’un buzz. Le cyberactivisme peut conduire à des soulèvements, mais pour une transformation profonde de la société, la culture est la voie incontournable.

L’accès à Internet a ouvert un espace de liberté d’expression. Très vite, les réseaux sociaux, en plus de rapprocher les gens, sont devenus un outil de suivi, de contestation et de dénonciation de la vie politique. Les web activistes se sont multipliés, de nombreux médias en ligne qui informent les citoyens sur l’action gouvernementale sont nés. Ces informations rendent les citoyens plus alertes sur les questions politiques.

L’activisme web, s’il peut conduire à des soulèvements, est à lui seul inefficace pour une transformation profonde du Malien tant le mal est profond. L’incivisme, l’impunité, la corruption, la perte des valeurs, la précarité etc. se sont profondément enracinés dans les habitudes.

La révolution dont le Mali a besoin est humaine et n’est possible que par la culture. La culture permet une transformation profonde, durable et pacifique de l’homme. L’art et la culture touchent à l’essence même de l’homme à travers la beauté et la subtilité des messages qu’ils véhiculent, alors que l’activisme se borne à des discours contestateurs et descriptifs. La culture, par son riche contenu ludique et éducatif, peut participer à l’éclosion d’un Malien intègre, courageux et patriote.

Alors que la sexualité était un sujet tabou, en 1990 le groupe de théâtre Nyogolon, avec le spectacle kulu si diala a su faire comprendre subtilement aux Maliens les méfaits du SIDA tout en les sensibilisant aux moyens de prévention. Les films comme Bah ni Batrou, Baara ont décrié les tares et les dérives du Mali d’après l’indépendance et incité à la révolution.

Notre culture délaissée est riche d’outils nécessaires à l’éducation et la transformation sociale. En voici quelques-uns :

Le nyogolon : il passe par l’humour pour traiter des questions brûlantes de la société, le nyogolon permet de dire, dénoncer, valoriser les choses sans offenser et toucher à la sensibilité des personnes.

Le koteba : ou théâtre, met en scène des faits sociaux. Sensibilise et informe sur les marches à suivre dans la société. Dénonce et rejette les manquements des politiques ou des citoyens. Tout comme le Nyogonlon le koteba est une invitation à réflexion, l’introspection et à l’action.

Zirin : Mana pour les plus âgées, sont des histoires réelles ou imaginaires qui contiennent des leçons de morale. Les récits amènent la réflexion, sur soi, sur le monde, le bien, le mal, la vie en société, le travail, les questions existentielles etc. il transmettait notre philosophie de la vie, notre sagesse ancestrale.

La musique : au-delà de sa fonction distractive, elle incite à l’intégrité, l’honnêteté. Les chants exaltent les hauts faits, les actes de bravoure. Dépeint les personnalités comme des modèles dans la société. Elle fait rêver et remplit de nobles ambitions les cœurs des jeunes, tout en prodiguant de bons conseils.

Il y a aussi les danses, les n’talé ou devinette, le poé ou poésie, les masques, ils sont notre héritage culturel à mettre à profit dans l’édification du nouveau Mali. Les griots, les koroduga ou les bouffons, les personnes âgées, sont des ressources inépuisables pour harmoniser et pacifier notre société.

Ces ressources culturelles sont efficaces car ils rassemblent le peuple au-delà des différences ethniques, religieuses etc. La culture et l’art ne connaissent pas de frontières, ils sont l’expression de l’unité dans la diversité.

La culture touche à l’imago, au subconscient, au cœur, pour réveiller la volonté d’agir. Elles poussent les gens à donner le meilleur d’eux-mêmes avec enthousiasme. L’art et la culture parlent aux plus jeunes comme aux personnes âgées. Elles touchent aux hommes instruits qu’aux non instruits.

L’union de la culture et de la technologie permet de conserver et de perpétuer ce qu’il y a d’instructif et de précieux dans notre culture. Elle permet aux jeunes de connaitre leurs histoires et d’assimiler les valeurs ancestrales qui font le Malien : intégrité, travail, honnêteté.

Nous devons trouver l’astuce pour conjuguer Internet avec notre culture pour éduquer, conscientiser la population, pour créer le Mali dont nous rêvons. Vivement des médias à la fois éducatifs et culturels pour un nouveau Mali.


Chez moi on ne lit pas

Nous avons besoin de lecture pour décadenasser les esprits, pour déchainer l’intelligence collective et mobiliser les forces actives du peuple.

Chez moi on ne lisait pas. Nous sommes le peuple de l’oralité. La parole est le savoir, les vieillards, les griots en sont les dépositaires. De bouche à oreille on véhiculait les connaissances.

Chez moi on n’a pas écrit. À la mort de chaque vieillard, c’était une bibliothèque qui se carbonisait. Nous avons perdu nos savoirs, car nous n’avons pas confié leurs pérennités à la mémoire des livres.

Chez moi on ne lit pas. Quoique tous les savoirs de l’humanité soient consignés dans les livres. Chez nous les livres sont aussi éludés que nos totems. Comme si feuilleter un bouquin apportait une malédiction. Nous sommes dans l’inconscience des mirobolantes richesses enfouies dans les livres.

Livre
Livre Pixabay Image

Chez moi on ne lit pas, car on n’écrit toujours pas de livres. Écrire c’est prêcher dans le désert, parce que mes frères et sœurs abhorrent les plaisirs livresques. On n’écrit pas car les livres ne sont pas rentables. Aussi parce que l’anonymat et le piratage ont assassiné nos auteurs.

Chez moi on ne lit pas parce qu’on ne rêve plus. La précarité et les dogmes ont écourté notre vision de la vie. Un petit boulot, un mariage, une maison et une voiture sont la finalité de notre existence. Lire nous semble superflu.

Chez moi on ne lit parce que nous ne voyons personne le faire. Nos bibliothèques ont toujours été désertiques. Nous sommes une génération de philistins, infectée par la bibliophobie, condamné à être en marge de l’histoire universelle.

Lecture
Lecture Pixabay Image

Chez moi on ne lit pas car nous sommes très pauvres. Mais ce n’est pas parce qu’on est pauvre que nous ne lisons pas, nous sommes pauvres parce qu’on ne lit pas.

Chez moi nous ne lisons pas parce que nous sommes perdus. Telles des brebis égarées, on ne sait plus où aller. Nous souffrons de l’ignorance, la mère de tous les maux. Et notre salut se trouve entre les lignes.

Chez moi nous sommes riches en ressources naturelles mais nos populations sont dans l’indigence. Parce que les vraies richesses sont les cerveaux qui transforment nos ressources matérielles pour le bien général.

Chez moi on est dépendant des oboles de l’aide étrangère. Nous sommes condamnés à être remorqué et spolié par les autres, car ils lisent plus que nous.

Aucun pays ne s’élève sans les livres. Individuellement comme collectivement, on ne grandit vraiment que par le nombre de livres que nous lisons.

Lecture
Lecture Pixabay Image

Chez moi nous sommes pauvres car les riches ont des bibliothèques que nous ne fréquentons point. Parce que le pouvoir est le savoir, et les savoirs sont dans des livres.

Chez moi c’est la nuit de l’ignorance, ou souffle les vents de la précarité. Le cerveau atrophié par la paresse intellectuelle. Le ventre ballonné par la sous-culture, à force de s’ingurgiter les couleuvres qui passent sur les écrans.

Chez moi on a besoin de livre parce que nous ne souffrons ni de la corruption, ni de la guerre, ni de la mauvaise gouvernance, ni la famine, mais de la précarité intellectuelle et de l’acculturation.

Nous avons besoin de lecture pour décadenasser les esprits, pour déchainer l’intelligence collective et mobiliser les forces actives du peuple.


Mali : la guerre des politiques n’aura pas lieu

Depuis 2012 le Mali est assis sur la margelle d’un puits, obligé de renaître et ou de disparaître dans le gouffre. Le Nord sous l’emprise des bandits armés, le centre embrasé par le feu d’un conflit communautaire qui menace de calciner tout le pays. Au Sud les tiraillements, et rivalités puériles d’égoïstes politiciens précipitent le pays dans le schisme et le précipice.

 

« À deux mois des élections, les débats politiques étaient détournés de l’essentiel, et les germes d’une crise électorale étaient semés en plus de l’insécurité et des problèmes économiques qui régnaient dans le pays. A ce moment-là, la jeunesse malienne fut appelée d’une seule voix à une concertation nationale avec toutes les forces vives de la nation pour décider du sort du Maliba. Pour retrouver notre unité perdue.

Ils étaient tous là, les politiciens de l’opposition comme ceux du parti au pouvoir, les leaders religieux, la société civile, les chefs coutumiers, bref… Tous les représentants de la mosaïque cultuelle, religieuse et ethnique du Mali. Tous réunis au carré des martyrs a Niarela, pour la grande concertation nationale.

Je crois que l’esprit de Modibo Keita planait dans les airs. Le Mali a écrit un nouveau kurukan fuga, une charte qui redéfinit la citoyenneté, qui promeut les valeurs de la solidarité, du respect, de la citoyenneté, de l’unité. Chacun a reconnu ses torts, ses responsabilités, dans cette crise que connait le pays. Mais l’heure n’était pas aux récriminations. Ensemble ils avaient tous décidé de regarder devant, de penser à demain. Tous étaient résolus à dépasser les considérations personnelles pour la patrie.

Les Maliens comprirent que la paix, la prospérité et la stabilité du pays comptaient plus que tout. On décida de reporter les élections. Pour la première fois fut porté à la tête du pays un Mah kôrô, le chef coutumier de la région de Kidal. Il avait été choisi à l’unanimité par l’ensemble des autorités coutumières pour assurer la transition jusqu’au retour de paix.

Les milliards détournés selon le rapport du vérificateur général en 2017 furent retrouvés. On vendit aux enchères les biens des coupables pour contribuer à l’effort de guerre. Nos généraux sortirent de leur torpeur. Un fort contingent de vaillants militaires lourdement armés par ce qu’il y a de meilleur en matière d’armement et assistés par des drones nettoyèrent le nord de tout ce que nous appelons terroristes, bandits armés, ou rebelles.

Tous les partis politiques mirent leurs fonds de campagne électorale dans l’agriculture. Le but : soutenir nos cultivateurs en cette période hivernale, afin d’assurer notre sécurité alimentaire. Il n’y aura plus jamais de riz asiatique dans les assiettes des Maliens.

Pour financer l’éducation, les salaires du président des ministres magistrats fut réduit de 5%. Des bibliothèques ont été construites dans chaque quartier, ainsi que des centres éducatifs et culturels pour chaque commune.

Le Mali demanda à toute la diaspora de rentrer pour apporter son savoir à l’édifice national. Des startups, des entreprises, des labs furent crées. Des grands projets ambitieux furent initiés pour transformer 50 % de la production nationale du coton. Dorénavant les bazins et les wax made in Mali étaient disponibles. Le Mali devint le premier pays au monde producteur d’énergie solaire.

En trois mois, les FAMAs prirent le contrôle définitif du Nord et sans l’aide de la MINUSMA. De nombreux camps militaires furent créés du Centre au Nord du pays. C’est grâce à cette accalmie que les élections s’organisèrent, sur la base du « horonya » et du « Dambé » et sans la participation des anciens acteurs politiques.

C’est comme ça que le Mali devint un modèle de paix et de démocratie pour le monde, par les forces de notre traditionnel « sigi ka kuma », concertation. Des efforts ont été entrepris pour améliorer le secteur de l’éducation, la santé, la justice.

Les Maliens, au-delà de leurs divergences, ont su déjouer les entourloupes des politiciens, et relever les défis du destin. Tous ont compris que nous avons un destin commun, et que c’est à nous de le construire ensemble. Maintenant nous savons que l’intérêt général fait le bonheur de tous. Le Mali ne peut être que ce que nous en ferons. Nous pouvons, devons tous quelque chose à ce pays.

Aujourd’hui, à l’appel de la patrie, nous répondons présent. Aujourd’hui « les cœurs vibrent de confiance, les champs fleurissent de confiance ». Aujourd’hui nous sommes « un peuple, un but, une foi ». »

 

Bamako, 03 juin 2018. Les hallucinations d’un blogueur névrosé.