Maurice THANTAN

Au Bénin, on a encore marché pour réclamer les élections

Au Bénin désormais, c’est « tu marches, je marche »dans le rang des partis politiques béninois. La marche est devenue le nouveau mode d’expression des forces politiques. Après les conférences, les conventions et les grandes déclarations dans la presse, la marche est en passe de devenir la nouvelle alternative à la mode pour marquer sa présence dans le paysage politique béninois. Et surtout pour exprimer un certain mécontentement. 

Qu’on se souvienne, le 29 octobre 2014, une coalition de partis politiques d’opposition, de la société et d’autres observateurs de la vie publique connue sous la dénomination de Plateforme des forces démocratiques battait le macadam à Cotonou. Une manifestation monstre qui a drainé un monde fou et dont la réussite ne se mesure qu’à son échos national et international. L’objectif de cette mobilisation : réclamer des élections locales, communales et municipales qui tardent à venir tel une arlésienne.

Les manifestants de l’opposition dans les rues de Cotonou, Photo : Maurice Thantan

Ce 11 décembre 2014, ce sont les mêmes raisons qui ont repoussé les manifestants dans les rues. Réclamer la tenue des élections communales, municipales et locales avant celles législatives prévues en 2015. Et plus généralement dénoncer la gestion du pouvoir par le Président Boni Yayi.

Si le 29 octobre, les partis politiques de l’opposition étaient les seuls à battre le pavé à Cotonou, aujourd’hui ils ont eu la réplique à leur marche. En effet, les partisans de Boni Yayi étaient aussi descendus dans les rues pour soutenir l’action du Chef de l’Etat en cette date symbolique pour le Bénin et sa démocratie. Les deux groupes ont emprunté des itinéraires différents, très éloignés l’un de l’autre. Il n’y a donc pas eu d’affrontements.

Hier, 10 décembre à Porto-Novo, la capitale du Bénin, les deux camps s’étaient déjà « affrontés » par marches interposées.

Les partisans de Boni Yayi manifestent leur soutien au Chef de l’Etat

Contexte

En effet, prévues pour se tenir en mars 2013, lesdites élections sont sans cesse reportées et les élus locaux voient leur mandat prorogé sans cesse. Cause : la correction de la LEPI (Liste Électorale Permanente Informatisée est toujours en cours). En fait, la liste électorale qui a servi aux présidentielles de 2011 a été contestée (nombreuses personnes non recensées, données inexactes, doublons etc). Après de nombreuses tractations, les partis politiques ont finalement décidé de toiletter le fichier avant de l’utiliser aux prochaines élections. D’où la mise en place du COS-LEPI (Conseil d’Orientation et de Supervision de la LEPI).

Autrement dit, la liste électorale qui a permis d’élire le Président de la république au premier tour en 2011 (inédit dans le pays) n’est même pas suffisamment bon pour servir à l’organisation d’élections locales.

Mais depuis sa mise en place, le Cos-Lépi peine à atteindre son objectif. Il n’arrive même pas à tenir les délais qu’il se donne dans la réalisation des différentes étapes de la correction du fichier électoral. Ses responsables incriminent le gouvernement. Ils l’accusent de ne pas mettre les moyens financiers à disposition de l’organe. L’exécutif, quant à lui, décline toute responsabilité. Dans le rang des politiques, on évoque un plan machiavélique du Président Boni Yayi qui lui permettrait de rester au pouvoir. Pourtant ce dernier l’a assuré à plusieurs reprises qu’il n’a pas l’intention de rester au delà de 2016. En effet, l’actuel Chef de l’Etat arrive au terme de son deuxième et dernier mandat constitutionnel dans moins de deux ans. Mais, certains observateurs estiment que de report en report des élections, on pourrait arriver à ne pas organiser les législatives prévues en 2015. Le vide juridique qui en découlerait de fait pourrait offrir des opportunités au Président.

C’est dans ce contexte que la marche du 29 octobre a été organisée pour mettre la pression sur le gouvernement. Celui-ci a pris conscience de la situation et a annoncé un dialogue politique avec l’opposition et la société civile afin de réaliser un consensus autour de l’organisation des élections. Finalement, ce dialogue n’aura pas lieu, l’opposition ayant estimé les conditions de la concertation mal définies.

11 décembre : anniversaire de la constitution du Bénin

Comme on peut s’en douter, s’il y  a une avalanche de marches ce 11 décembre, il a bien une raison (particulière). Elle tient plus du symbole que des raisons affichées par les différents protagonistes. En effet, le 11 décembre marque la date anniversaire de la constitution béninoise. Ce 11 décembre 2014, la constitution du Bénin votée par voie référendaire puis en promulgué en 1990 a exactement 24 ans.  Les différents organisateurs ont donc vite fait de surfer sur le symbolique de cette date pour donner une certaine résonance à leurs initiatives. C’est l’une des raisons qui justifient la prise d’assaut de la date.

 


Former des jeunes filles au blog : ma petite fierté

En octobre 2014, j’ai été contacté par Etri-Labs pour former des jeunes filles à la création et à l’utilisation d’un blog. Etri-Labs se définit comme un tech hub au service du développement. Il s’agit en fait d’un incubateur installé à Cotonou qui s’investit dans la promotion des TIC pour le développement. La formation au blog pour laquelle j’ai été invité s’inscrit dans le cadre de l’un de leurs nombreux projets. Intitulé JFTIC pour jeunes filles et jeunes femmes dans les TIC au Bénin, le programme vise notamment à appuyer l’engagement citoyen et le leadership des jeunes filles et jeunes femmes par le biais des Technologies de l’information et de la communication (blog et réseaux sociaux particulièrement) au Bénin.

Le projet permettra aux bénéficiaires d’utiliser les TIC pour mieux faire entendre leurs voix individuelles et collectives. Notre appui donnera plus de moyens à l’engagement citoyen de la jeunesse féminine au Bénin afin qu’il se développe, soit mieux compris et ait un rayonnement national et international. Le travail des participants à cette initiative contribuera à apporter un changement communautaire durable résultant d’une meilleure information des citoyens et d’une incitation des parties prenantes à l’action et la prise de responsabilité.

Alors, fort de mes quelques mois d’expérience de blogueur soutenu par ma volonté de partager cet outil d’expression avec le plus grand nombre de Béninois (une volonté qui s’est traduite en août 2014 par l’organisation réussie du Blogcamp Bénin 2014), je me suis donc jeté sur l’occasion bien que l’offre ne soit pas rémunérée et malgré mon agenda hyper chargé. Ce qu’il y avait à gagner était beaucoup plus.

Trois semaines de formation au blogging et aux réseaux sociaux

Dans la phase pratique, les organisateurs ont retenu un premier groupe de 10 jeunes filles pour participer à la première cohorte qui sera formée. Commence alors pour ces heureuses élues, trois semaines de formation aux règles essentielles et techniques basiques du blogging. Commencées le 20 octobre 2014, les premières formations se sont appesanties sur le choix des plateformes, la création des blogs, mais aussi sur l’utilisation des réseaux sociaux. C’était l’occasion pour quelques participantes de mieux comprendre le fonctionnement de Twitter, un réseau pas facile à apprivoiser. Des formations assurées par Aymar Sossou et Francos Aïhonnou que je salue au passage. Quant à moi, mes formations n’ont commencé que dans la deuxième semaine. J’ai travaillé avec les participantes sur les techniques de l’écriture pour le web et le référencement. L’utilisation d’images libres de droits, l’insertion des sons (via Soundcloud) et de vidéos (via YouTube ou Dailymotion), l’optimisation de l’apparence des blogs à travers la création et l’ajout de widgets et d’autres astuces indispensables ont été au menu de nos séances durant deux semaines.

Découvrez ici le témoignage des participantes publié sur le site d’Etri-Labs

Des participantes motivées et des projets réussis

Pendant toute la durée de la formation, j’ai retrouvé chaque jour des participantes toujours aussi dévouées. Les séances prévues pour durer un certain temps finissent toujours par aller au-delà du délai imparti, preuve de la curiosité et de la volonté des participantes à connaître tous les rudiments nécessaires au blogging. Leurs questions sont tout aussi précises et fouillées. De quoi mettre à rude épreuve les connaissances du formateur que je suis. Tout au long de la formation, nous avons pu explorer chacun des projets des participantes. Les initiatives étaient aussi diverses que variées. De l’ONG de Akossiwa dédiée aux filles mères aux Cahiers de Ganiath Bello, en passant par le blog de Awanabi pour promouvoir les jeunes agriculteurs, les sujets sont nombreux. Mais au terme de la formation, chacune des participantes a pu créer son blog et le prendre en main. Les premiers contenus ont d’ailleurs été publiés durant les formations. Quelques semaines après la formation, les blogs continuent de vivre avec plus ou moins de succès. En tant que formateur sur le projet, je suis fier de mon travail et de l’effort des filles. Je leur souhaite très bon courage sachant que chacun de leur projet n’aboutira qu’au terme de plusieurs mois de travail bien fait. Retrouvez sur cette image animée, le profil des participantes à la formation et les liens vers leur blog.

Découvrez ici quelques photos de la formation

 


Concours « Plumes dorées » : cinq jeunes auteurs béninois révélés

Depuis le samedi 15 novembre 2014, le paysage littéraire béninois a accueilli cinq nouveaux auteurs. Ils ont été sélectionnés par le concours « Plus dorées » organisé par Les Editions Plurielles. L’objectif principal est de révéler des écrivains en herbe en publiant  leurs oeuvres. Chaque année, le concours met à l’honneur un genre littéraire particulier. Après le roman en 2013, c’est le théâtre qui a été choisi cette année.

Cinq lauréats, un grand gagnant

Après le lancement du concours, la réception des tapuscrits les membres du jury retiennent les 10 meilleurs candidats qui bénéficent d’une résidence d’écriture. Lors de cette séance ils travaillent  à nouveau sur leurs textes, les réécrivent si possible sous le mentorat des coaches et des membres des jurés. Cette année,  c’est Fernand Nouwligbéto, dramartuge et enseignant à la faculté de lettres de l’Université d’Abomey-Calavil qui a présidé le jury.

Au terme de cet atelier d’écriture, les membres du jury sélectionnent enfin les cinq finalistes de la compétition. A ce stade de la compétition, les finalistes bénéficient encore d’une résidence de réécriture de leurs textes pour en produire une version finale qui sera éditée dans un ouvrage collectif.

Mais comme à chaque année, les Editions plurielles désignent l’auteur du meilleur texte de tous les cinq finalistes comme étant le grand gagnant de la compétition. Cette année, c’est Serge Dahoui qui a remporté le trophée. Il est récompensé pour sa pièce « Ces petites traces de vie. » Titulaire d’une licence en communication, Serge Dahoui totalise déjà près d’une décennie sur les planches en tant que comédien. Le théâtre est un genre qu’il maîtrise bien. C’est sa pièce qui donne son nom à l’ouvrage collectif édité pour l’occasion et qui rassemble les œuvres des cinq finalistes.

Lauréats et œuvres

Serges Dahoui (Lauréat)

Titre de la pièce : Ces petites tâches de vie

Anirelle Ahouantchessou

Titre de la pièce : La succession

Pacôme Alomakpé

Titre de la pièce : Déki (l’enlèvement)

Cosme Orou-Lagouma

Titre de la pièce : Otages

Paterne Tchaou

Titre de la pièce : Les bruits de l’ombre

« Plume dorées » : sept ans de révélations

Le concours national d’écriture « Plumes dorées » a été créé en 2008 par les Editions Plurielles et l’association Actions plurielles. Son objectif était alors de détecter, former et promouvoir les jeunes porteurs de projets d’écriture du Bénin, âgés de 18 à 35 ans.

En sept ans d’existence, le concours Plumes dorées a révélé de jeunes et talentieux écrivains béninois qui sont désormais reconnus sur tout le plan national et à l’international. Jean-Paul Tooh-Tooh (2009), Hurcyle Gnonhoué (2011), Seth Athémy sont désormais des valeurs sûres de la littérature béninoise avec de nombreuses publications personnelles à leur actif chacun. L’une des meilleures révélations du concours « Plumes dorées » est sans doute Claude Biaou. Consacré par « Plumes dorées » en 2009, il n’arrête pas d’enchaîner les récompenses nationales et internationales depuis lors. Lauréat du Prix Stéphane Hessel de la jeune écriture francophone (2013) et double lauréat du Prix du jeune écrivain francophone, il anime aujourd’hui une chronique littéraire sur une radio locale.

« Plumes dorées » : défis à  relever

Au bout de sept éditions réussies, le concours « Plumes dorées » est désormais à la croisée des chemins. Pour le promoteur, Koffi Attédé, le défi de sortir les manuscrits des couloirs est déjà atteint. Il revient maintenant à lui et à son équipe de donner une nouvelle dimension à l’événement. Celle-ci doit prendre en compte, la mise en place d’un modèle économique qui permette aux auteurs de vivre de leur travail. Selon Koffi Attédé, le prochain challenge du concours « Plumes dorées » est de plusieurs ordres. De la création d’un salon local du livre à la mise en place d’une politique publique du livre en passant par des investissements dans le livre, les nouveaux défis à relever sont nombreux.

En attendant, le rendez-vous est déjà pris pour 2015 dans le cadre d’un nouveau concours. Cette fois-ci c’est la nouvelle qui sera mise à l’honneur. A vos claviers donc… !

Découvrez ici quelques photos de l’événement

NB : Toutes les photos sont réalisées par Hurcyle Gnonhoué 


Bénin : une Tabaski 2014 au goût de poulet

Tabaski : des moutons sur le marché de Zongo à Sèmè-Podji.
Des moutons sur le marché de Zongo à Sèmè-Podji.

Chaque année, des millions de musulmans à travers le monde célèbrent l’Aïd el Kébir. Plus couramment appelé Tabaski et relativement plus festif que son cousin le ramadan, l’événement donne l’occasion à de nombreuses réjouissances. Chaque famille (le père de famille en occurrence) immole un mouton en référence au sacrifice originel d’Abraham. Une fois le symbole passé, la viande de l’animal consacré va remplir les estomacs dans une ambiance de gaieté. Mais faudra-t-il encore que le mouton ait été acheté puis immolé. Cette année en effet, peu de fidèles musulmans ont pu s’offrir le privilège de sacrifier à la tradition. La flambée des prix sur le marché du bétail a obligé un certain nombre de personnes à se contenter d’une autre viande, plus modeste : le poulet.

Tabaski : Des moutons au prix d’or

Direction Zongo. Situé dans la commune de Sèmè-Podji à quelques kilomètres de la sortie est de Cotonou, c’est le marché de bétail. Le vaste marché en plein air a l’avantage de se trouver au bord de la route Cotonou-Porto Novo. Situation géographique idéale, elle permet à l’endroit de demeurer le principal lieu d’approvisionnement de bétail pour ce genre d’occasions. De fait, en ce jour spécial, l’affluence est monstrueuse. Les hommes se confondent aux troupeaux de bétails distancés de quelques mètres à peine les uns des autres. Certains moutons broutent, sous la conduite de jeunes gardiens, les herbes vertes des environs avant leur probable embarquement dans les prochaines minutes. La chaleur suffocante du soleil matinal soulève une forte odeur de bouse qui plane au-dessus de tout ce spectacle. Le bétail vient du septentrion. Depuis plusieurs semaines déjà, des camions chargés de moutons (et de bœufs aussi) en provenance du Nord du pays allaient terminer leur course sur le lieu.

Mais si la plupart des fidèles ont attendu le jour-j pour venir se procurer le précieux animal, c’est parce qu’ils ont longtemps hésité ou ils n’avaient plus le choix. Le mouton coûte trop cher cette année. En fait, chaque année, les prix du mouton ne cessent d’augmenter. Pour justifier cette hausse, les vendeurs évoquent de nombreuses raisons : le coût du transport (les moutons viennent du nord, voire du Niger ou du Mali), le foin, les soins vétérinaires, etc. Cette année, il faut compter entre 70.000 et 600.000 Francs Cfa pour en acquérir.
Idrissou, l’un des fidèles rencontrés sur place témoigne : « Wallaï, cette année le mouton coûte trop cher. Un petit mouton qui a à peine des cornes solides, on me dit 250.000 francs (CFA, ndlr). Si ce n’est pas à cause de mes enfants, je ne vais pas acheter ».

A l’heure de l’achat obligatoire, certains vendeurs n’hésitent pas non plus à jouer sur la contrainte morale de leurs vis-à-vis. La surenchère est telle que, découragés, certains clients doivent retourner chez eux bredouille malgré toute leur volonté de s’offrir le fameux animal. Pour ces derniers, la fête aura un autre goût.

« On se contente du poulet »

Il est une heure de l’après-midi. La prière a terminé depuis quelques heures. Dans les familles musulmanes, l’on s’affaire à la cuisine. Au quartier, l’odeur de viande de mouton provient de toute part. Rendez-vous chez un ami. Ici, pas de moutons immolé encore moins de bœuf. Faute de moyens, la famille n’a pas pu s’offrir la fameuse bête. A l’heure du repas, c’est plutôt du poulet qui sera servi. Mohamed, l’aîné explique : « Le mouton n’est pas obligatoire en fait. Quand on n’a pas les moyens, on n’a pas le choix non plus. Ce n’est pas une faute. On a voulu prendre un cabri mais le prix était hors de portée. Cette année, on se contente du poulet. La prochaine fois, Inch’Allah*, nous allons au moins tuer un bélier ».

Avec ou sans mouton, la fête a donc eu lieu. Après les rejouissances en famille, certains iront finir la Tabaski à la plage ou ailleurs. Espérons que l’année, tout le monde puisse avoir les moyens de se payer un mouton. Ou, plus réaliste, que les prix du mouton soient à la portée de toutes les bourses.
Salam !

* S’il plait à  Dieu !



Les ravages de l’épidémie d’Ebola en une infographie

L’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest depuis le début de l’année continue de faire des ravages. Selon le dernier bilan de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la maladie a déjà fait plus de 1400 décès sur les quelques 2600 cas recensés. L’épidémie sévit principalement dans trois pays à savoir la Guinée (d’où elle est partie), le Liberia et la Sierra-Léone. Le virus est aussi présent au Nigéria où il a fait 5 victimes sur les 16 cas recensées.

Face à l’ampleur de l’actuelle épidémie, l’OMS a autorisé depuis le 12 août dernier l’utilisation de traitements expérimentaux, c’est à dire des médicaments non encore homologués. Ainsi, le ZMapp, un sérum expérimental développé par une firme américaine a guéri deux médecins infectés. Cependant, ce traitement a montré ses limites et il n’existe même pas en grand nombre. Toutefois, de nouveaux traitements expérimentaux prêts à être employés existent dans d’autres pays.

Dans l’infographie interactive qui suit (un de mes exercices d’application après ma formation #MondoblogAbidjan), vous trouverez tous les chiffres sur le nombres de décès, les nouveaux cas et les cas suspects de l’épidémie depuis son début en mars 2014.

NB: Les nouveaux cas concernent le nombres de cas recensés entre le 19 et le 20 août 2014 par l’Organisation Mondiale de la Santé.


Miss Bénin 2014 vu des réseaux sociaux

Le samedi dernier, 23 août 2014, a été élue la fille la plus jolie du Bénin pour le compte de cette année. Au terme d’une soirée longue et  riche en suspenses et intrigues, la nouvelle ambassadrice de la beauté béninoise a finalement été désignée en la personne de Mlle. Belleciane Hounvènou.  Celle qui était jusque là Miss Ouémé, sera donc le porte drapeau de la beauté béninoise pour les 12 mois à venir que durera son mandat.

Comme de tous grands événements désormais, la cérémonie a été scrutée et commentée du début jusqu’à la fin sur les réseaux sociaux. Les twittos béninois se sont particulièrement donnés à cœur joie au sacrifice de leur sommeil, bien sûr. Voici ce qu’on peut en retenir en quelques tweets.

Avertissement : le langage est parfois tout cru (ou pas du tout).


Jour de braquages au Bénin

Vous avez dit braquage ? Non, on parle bien de braquages. Au pluriel donc. Deux pour être plus précis. En effet, la journée du jeudi 21 août 2014 ne s’est pas écoulée comme un long fleuve tranquille pour les Béninois. Elle a été fortement mouvementée en particulier pour les habitants de Cotonou et des environs. Les braqueurs ont fait parler d’eux à deux reprises à quelques heures d’intervalle seulement.

Jour de braquages au Bénin

Deux braquages, un mort, des blessés et des millions emportés

Le premier acte criminel commis par les malfrats a eu lieu dans la matinée en plein centre-ville de Cotonou. Le véhicule d’une structure agroalimentaire a été criblé de balles. Deux policiers en patrouille dans les parages ont également essuyé les tirs des voleurs et n’ont pu venir à bout de ces derniers. Ils se sont enfuis avec une mallette d’argent laissant derrière eux le corps sans vie de l’argent comptable de la société dont le véhicule a été attaqué. Les deux policiers ont aussi été grièvement touchés par les coups de feu des bandits.

La population cotonoise avait à peine digéré ce coup de massue matinal qu’une autre opération de braquage était perpétrée à Ekpè à quelques kilomètres de la sortie est de Cotonou en allant vers la capitale Porto-Novo. La cible est une voiture d’une banque bien connue de la place. Contrairement au premier acte, il n’y a pas eu de perte en vie humaine. Heureusement. Mais une grosse somme aussi aurait été emportée par les braqueurs. Cependant, on ne sait pas si les deux actes sont liés

Insécurité grandissante

Depuis un certain temps, la situation sécuritaire de notre pays est de plus en plus inquiétante. Les vols à main armée se succèdent, et les forces de l’ordre ont manifestement du mal à contrer la menace quand elles ne sont pas les premières victimes. Moins de 24 heures après sa nomination à la faveur du dernier remaniement gouvernemental, c’est donc un chantier bien colossal qui attend Dossou Simplice Codjo, le nouveau ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique et des Cultes (MISPC).


Bénin : sur la Toile, l’humour se déchaîne contre la menace d’Ebola

Depuis le mois de mars 2014, une grave épidémie d’Ebola sévit en Afrique de l’Ouest. Elle a déjà fait plus de 1000 morts principalement dans trois pays (Guinée, Liberia et Sierra- Leone).  La semaine dernière, deux cas suspects signalés au Bénin ont mis tout le pays en émoi. Mais contrairement à ce que l’on peut penser, cette menace a été drôlement détournée sur les réseaux sociaux où l’on a assisté à une autodérision qui tranche avec la gravité de la situation. De la théorie du complot, au pseudo remède de l’eau salée et de l’oignon bouilli, tout y est. Je vous présente ici quelques morceaux choisis des posts sur l’Ebola qui ont fait le buzz la semaine passée à Cotonou.

Commençons par celui qui croit que le virus Ebola est une invention des Occidentaux pour aggraver la pauvreté des pays du sud. C’est la théorie du complot.

Celui-ci évoque plutôt la thèse d’une punition divine.

punition_divintion

Celui-ci, par contre, est très déterminé à éradiquer le mal…

Si notre précédent facebooker, malgré sa détermination n’a évoqué aucune piste pour vaincre le virus Ebola, celui-ci détiendrait une alternative.

remède

Mais derrière lui, il y a ce « twitto » qui martèle que ni l’eau chaude, ni l’oignon ne prévient Ebola. En effet, aucun vaccin, ni sérum contre le mal n’a encore été découvert à ce jour.

Encore plus raisonnable…

plus_raisonnable

De toute façon, à la suite de ces rumeurs, le prix de l’oignon risque de flamber au marché. Certains peuvent se frotter les mains.

vente_de_sel

Pendant ce temps, une nouvelle manière de se saluer est vivement recommandée.

Drôle de manière de se saluer, en effet…

Plus sérieusement, ce journaliste partage un article de Jeune Afrique qui renseigne sur les manifestations et le mode de fonctionnement de la maladie. Pas sûr que ça ait calmé les ardeurs des gens.

Ah, le pauvre… !

On a tellement parlé du virus que…


Mais le plus terrible, c’est ce tweet qui risque de bouleverser tout le programme de ces vacances à Cotonou

Et voici une question pour vous

question_ebola

De toute façon, cette menace a dû briser des cœurs

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La situation s’est relativement calmée durant le week-end passé. Le ministre de la Santé a par ailleurs confirmé lundi que des tests effectués sur l’un des suspects ont révélé un résultat négatif. A ce jour, il n’y a encore donc aucun cas d’infection due au virus Ebola enregistrée au Bénin.


Bénin : le port du casque devient obligatoire

Depuis ce samedi 2 août 2014, les Béninois ne peuvent plus circuler sur des engins à deux roues sans porter un casque de protection. Annoncée depuis plusieurs semaines, la mesure devient effective depuis ce week-end. Au cours de ces dernières semaines, la police nationale a procédé à plusieurs campagnes de sensibilisation pour appeler les usagers à se doter de casques. C’est donc la phase répressive de l’opération qui a ainsi de commencé.

Le port du casque est devenu obligatoire pour tous motocyclistes à compter du 2 août 2014. Photo : Igor Koucoï

Une opération diversement appréciée

Un tour en ville ce dimanche matin. Le constat est net : tous les motocyclistes ont leur casque sur la tête. Enfin presque tous. De toutes les manières, la police arrête systématiquement tous ceux qui ne se sont pas conformés à la règle et les motos sont saisies. Celles-ci ne seront retournées que si le propriétaire se présente avec un casque. Cependant, certains usagers de la route ne sont pas encore convaincus de l’intérêt cette mesure. Ils voient une contrainte inutile. Lors d’un arrêt à un feu tricolore, un zémidjan[i] laissait entendre par exemple qu’il s’agit d’une opération éphémère qui ne durera guère plus d’un mois. Selon lui, dès le mois de septembre, la police sera déjà fatiguée et il pourra circuler librement sans s’embarrasser de ce poids supplémentaire.

D’autres, par contre, apprécient l’initiative, mais s’insurgent contre le manque de mesures d’accompagnement apportées par le gouvernement. Lors d’une sortie médiatique effectuée la semaine dernière, un syndicat de zémidjans avait fustigé le fait que l’Etat n’ait pas mis sur le marché des casques subventionnés. Si pour le moment, le mouvement semble être suivi, on assiste également à certaines dérives de l’ordre de l’insolite. C’est le cas d’un conducteur de taxi-moto qui a tout simplement posé sur sa tête en guise de casque, un canari taillé à la juste mesure de sa boîte crânienne.

Casque made in Bénin

La bonne affaire des commerçants

Force est de constater que depuis le début de cette opération, les prix des casques ont drastiquement augmenté. Ils sont passés littéralement du simple au double, voire au triple. D’ailleurs, les vendeurs de casques font déplacer leur stock dans des tricycles pour être plus proches des potentiels preneurs. C’est un vrai nouveau marché qui vient de s’ouvrir pour eux. Personnellement, j’ai un casque que j’utilise régulièrement depuis au moins quatre ans  (c’est vrai, il faut me croire). Mais pour les besoins de cet article, je me suis rapproché d’un marchand pour me renseigner sur les prix de l’objet par ces temps-ci. Il faut sortir désormais 10 à 15 mille francs Cfa pour se procurer un casque qui habituellement ne coûte pas plus de 4 500 F Cfa. Et oui ! Il y en a qui peuvent se frotter les mains.

La police nationale justifie cette nouvelle opération en mettant en avant sa mission de garantie de la sécurité publique qui inclut la sécurité routière. En effet, aux termes de l’article 44 du décret n° 2008-817 du 31 décembre 2008 portant attributions, organisation et fonctionnement de la direction générale de la police nationale « La direction centrale de la sécurité publique est chargée de (…) lutter contre l’insécurité routière ». Dans cette même dynamique, la police nationale avait lancé il y a quelques semaines l’opération « pistes cyclables » qui consiste à faire rouler les motocyclistes et les véhicules dans leurs couloirs respectifs.

 

 


[i] Conducteur de taxi moto


Compte rendu du Africa Android Challenge 2014 à Cotonou

Le samedi dernier, 26 juillet 2014, le Africa Android Challenge s’est tenu à Cotonou pour la deuxième fois consécutive. En effet, après son édition 2013, le concours de développement a encore renouvellé le rendez-vous cette année. L’Africa Android Challenge (AAC) est un concours d’application Android, initié pour encourager les développeurs africains à créer des applications innovantes conçues par et pour les africains.

Les vainqueurs de l'Africa Android Challenge Cotonou 2014 entourés des organisateurs
Les vainqueurs de l’Africa Android Challenge Cotonou 2014 entourés des organisateurs

Le but du AAC Barcamp Bénin est de regrouper les passionnés des TICs au Bénin autour des technologies Google et Android. Il s’agit également de célébrer les vainqueurs nationaux du AAC (Africa Android Challenge) 2014. Hormis le challenge, le Africa Android Challenge est une occasion de se faire remarquer et de se créer des opportunités.

“L’important n’est pas de gagner mais de participer” a insisté Igor Koucoï, l’un des organisateurs de l’événement.

Cette année, l’AAC de Cotonou a connu la participation de nombreux candidats dont une fille. Une chose assez rare pour être signalée dans un univers ultra dominé par les hommes. Champoux Ahehehinnou a  présenté AssistedEvaluation, une application dédiée à la gestion avancée des tâches qui ne sera malheureusement pas récompensée.

En effet, le premier prix de la compétition est revenu à Max Hountondji et à son application Démarcheur. Cette application permet de trouver rapidement des maisons à louer partout au Bénin. Le lauréat du deuxième prix est un tout aussi jeune développeur que le premier. Ulrich Florentio est l’auteur de l’application Jobber qui permet de trouver des offres d’emploi et de stage partout au Bénin. Chacun de ces deux lauréats ont reçu un téléphone portable Android offert par Alcatel qui est partenaire sur l’événement.

Capture d'écran de Démarcheur, une application qui permet de trouver des maisons à louer partout au Bénin
Capture d’écran de Démarcheur, une application qui permet de trouver des maisons à louer partout au Bénin

Plusieurs autres applications offrant des solutions innovantes dans les domaines de l’éducation, de la santé et du tourisme ont été également présentées.  A la fin de la journée, les participants et les organisateurs se sont donné rendez-vous pour la prochaine édition de l’étape de Cotonou de  l’Africa Android Challenge en 2015.


#BringBackOurGirls : pourquoi je participe à la campagne contre Boko-Haram ?

BringBackOurGirl, Photo: See Li, Flickr CC

Le 14 avril 2014, la secte islamiste Boko Haram a enlevé plus de 200 jeunes filles lycéennes nigérianes. Le rapt s’est produit dans la localité de Chibok  dans le nord du Nigéria. Indignés par cet acte stupide, des habitants du pays, avec les mères des filles enlevées organisent une première manifestation pour réclamer le retour de « leurs » filles. Celle-ci a eu un tel écho planétaire que son mot d’ordre et hashtag  « BringBackOurGirls » est devenu un cri de ralliement à travers le monde entier. La campagne a pris une telle ampleur que certaines personnes ont pensé qu’elle était devenue un effet de mode et a été récupérée par des personnalités célèbres pour se donner « bonne conscience à bas coût ». Un avis que je ne partage pas totalement même s’il est, en partie, vrai. C’est pourquoi, loin de toute cette polémique, j’ai décidé aussi de participer à la campagne. Pour des raisons précises bien sûr. En tout cas, deux mois après les premières manifestations, on ne pourra ni dire que je surfe sur la vague, encore moins que c’est pour me donner bonne conscience.
Démarche cathartique plutôt qu’un simple effet de mode
 Il y a deux mois, dès les premiers jours de la campagne #BringBackOurGirls, je n’ai pas hésité à relayer quelques rares messages avec ce hashtag. J’étais à peine surpris quand j’ai reçu des réponses dans le style « Ceux qui enlèvent les filles ne sont pas sur Twitter », « Ce n’est pas ça qui va ramener les filles ». Et puis, il y a ceux qui ont accusé des stars d’avoir récupéré la campagne, et Dieu sait qu’il y a eu de la récupération dans cette affaire. Certes, je ne suis pas sans partager ces avis. Mais je trouve, toutefois qu’il y avait une volonté plus sérieuse. En effet, personnellement, j’étais un peu embarrassé devant l’image de certaines stars brancardant une affiche avec le hashtag #BringBackOurGirls visiblement sans savoir pourquoi elles le faisaient. Mais que dire de tous ces anonymes, indignés par cet enlèvement et qui ont décidé volontairement de s’exprimer publiquement à travers le monde. Moi je n’y trouve qu’une explication : la volonté des gens à faire partie d’une dynamique à travers l’impact des réseaux sociaux. Il y a dix ou vingt ans, un tel enlèvement aurait sans doute indigné autant de personnes à travers le monde, sans qu’elles ne puissent rien y faire. A part regarder la situation évoluer dans un sens ou dans l’autre.  Aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux, la situation est tout autre. A défaut de disposer de moyens militaires pour aller inquiéter les islamistes, on s’empare de Facebook, Twitter, YouTube pour faire entendre sa voix. Cela donne l’impression de faire partie de la solution ou au minimum de se situer du bon côté du problème. Rien que ça ! Rappelons-nous quand même qu’il a fallu une première manifestation de citoyens à Abuja avant que le gouvernement nigérian ne sorte finalement de son mutisme d’alors. Parce que je suis Béninois… S’il y a une raison supplémentaire pour laquelle je joins ma voix à cette campagne, c’est bien celle-là. Faut-il le rappeler, le Bénin partage une frontière de près de mille kilomètres du Sud au Nord avec le Nigéria. C’est dire que la menace de Boko Haram est tout aussi présente à notre porte et pourrait nous inquiéter à tout moment. Certes, pour le moment, ces islamistes alliés d’Al-Qaida concentrent leurs velléités d’extension vers le Nord-Ouest du Cameroun, mais le jour où ils se dirigeront vers les frontières Nord-Est de mon pays, les populations béninoises ne se sentiront pas plus en sécurité que les Nigérians en ce moment. Cependant, on est conscient que le hashtag #BringBackOurGirls ne va pas ramener les jeunes filles enlevées, pas plus qu’il ne ralentira les ouailles de Boko Haram dans leur sale entreprise. Mais si ça peut aider à opérer un progrès, fut-il mince, pourquoi ne pas l’exploiter.


Bénin/Sécurité : deux policiers tués par des malfrats en un mois

Le samedi dernier, un élément de la Police nationale du Bénin tombait sous les balles des braqueurs à Cotonou. Trois semaines plus tôt, un autre agent de la Police subissait le  même triste sort, toujours à Cotonou. Des événements qui émeuvent toute la population béninoise et nous amènent a soulevé plusieurs interrogations. Quel état actuel de la sécurité intérieure dans notre pays ? La Police nationale a-t-elle les moyens pour faire face à une telle menace?

Photo: news.acotonou.com
Photo: news.acotonou.com

Petit rappel des faits : Le samedi 7 juin 2014, un agent de la Police Nationale du Bénin a été froidement abattu par des malfrats. Ces derniers venaient de braquer une banque située dans la zone commerciale de Ganhi. Alerté par ses paires, le gardien de la paix de deuxième classe (GPx2) Roland Kpadonou, avait reçu pour instruction de bloquer la circulation afin de ralentir la fuite des braqueurs. Les malfrats qui se déplaçaient sur deux motos ont alors essayé de forcer le passage. C’est ainsi que le policier les reconnut et tira sur l’un deux qu’il blessa à la jambe. Mais ils ripostèrent avec des armes automatiques et l’atteignirent mortellement à la tête. Moins d’un mois plus tôt, le 13 mai 2014, un autre braquage de la même ampleur avait eu lieu à Minontin, quartier situé au nord-est de la ville. La cible était une institution de micro-finance. Bilan : un policier tué, des millions emportés par des braqueurs qui courent toujours. Au vue de ces événements malheureux qui suscitent l’émoi et la consternation dans toute la population béninoise, certaines interrogations s’imposent. La première sur la sécurité intérieure de notre pays face à cette apparente circulation d’armes automatiques. On peut également s’interroger sur la capacité réelle de nos forces de l’ordre à faire face à ces genres menaces. Une menace de plus en plus locale Généralement, les attaques du type braquage ou celles dans lesquelles les voleurs utilisent des armes automatiques viennent souvent de l’extérieur. Du Nigéria en occurrence. Pourtant ces deux dernières nous apprennent manifestement une chose : la menace est de plus en plus interne. Ce qui nous amène à penser qu’il existe un certains nombres d’armes à feu en circulation dans notre pays; sans contrôle (évidemment). Comment l’expliquer ? Je ne saurais me lancer dans des spéculations hasardeuses que la déontologie de mon exercice de blogueur ne me pardonnerait. Mais lorsqu’on ajoute à cette apparente circulation d’armes, la facilité qu’ont les malfrats à dégainer sur nos policiers et à faire des victimes dans leur rang avant de se volatiliser dans la nature, nos inquiétudes peuvent être clairement fondées. C’est donc naturellement que l’on arrive à se demander si nos forces de sécurité sont à même de contrer ces menaces.  La police, victime de sa faiblesse « Les malfrats ne peuvent pas être plus organisés que les forces de l’ordre au point de disparaître complètement dans cette petite ville de Cotonou après leurs braquages. Ils ne peuvent pas être plus armés que nos forces de l’ordre. » Il s’agit là de l’une des nombreuses réactions d’indignation de béninois auxquelles je me suis retrouvé face en préparant cet article. En effet, au vue de la situation on peut partager cet avis. D’où la question essentielle de savoir si nos forces de sécurité peuvent faire contrer la menace. A priori, la réponse est oui puisqu’il s’agit de leur boulot, mais les faits semblent nous prouver le contraire. On ne peut pas dire que ce sont les ressources humaines qui manquent à la police. Elle est de loin le seul secteur qui recrute massivement chaque année dans ce pays. Mais les responsables de la police n’ont cessé de dénoncer le manque de moyens matériels et logistiques mais aussi de formation adaptée. Il revient aux autorités chargées de prendre les décisions qui s’imposent de prendre leurs responsabilités Je ne peux pas terminer cet article sans rendre un hommage mérité à ces deux policiers qui sont tombés les armes à la main en défendant ce pays. Tous mes soutiens vont également à leurs familles respectives.  Je voudrais aussi appeler tous mes compatriotes à continuer à encourager et à faire confiance à nos forces de l’ordre qui restent, malgré tout, les seuls garants de notre sécurité nationale.


Entretien avec Daté Barnabé-Akayi, l’une des meilleures plumes de la littérature béninoise

Daté Atavito Barnabé-Akayi, est un écrivain béninois né le 24 septembre 1978 à Kpalimé au Togo. Il est aussi enseignant des collèges et lycées. Après la publication de manuels collectifs de français amorcée en 2007, c’est en 2010 que commence (officiellement) sa carrière d’écrivain. Moins de dix ans plus tard, sa bibliographie est riche d’une quinzaine d’œuvres les unes aussi remarquables que les autres. De fait, son écriture est saluée par la critique et il est adoubé par ses aînés. En effet, depuis ses premiers pas dans la littérature, le public béninois a découvert en lui, et à travers ses écrits, un auteur atypique, un style nouveau et inclassable. Daté Atavito Barnabé-Akayi est un écrivain audacieux, pour ne pas dire engagé.

C’est en tant qu’un de ses anciens élèves qu’il m’a accordé cet entretien qui nous plonge dans son univers. L’auteur nous livre quelques-uns de ses projets d’avenir.

 

Photo: stardubenin.blogspotcom
Photo : stardubenin.blogspotcom

Bonjour, je commence par une question simple, comment êtes-vous venu à la littérature ?

Daté Barnabé-Akayi: 

Par l’exemple.

J’ai vu, enfant, mon père lire et nous recommander la lecture, surtout de la Bible. A l’école, j’aimais lire. Et finalement j’ai pu faire des études de lettres où l’on est abreuvé des questions existentielles ! Après un si long déjeuner littéraire offert par Huannou, Midiohouan, Bogniaho, Médéhouégnon, Kapko…, votre esprit, à votre propre insu est si agréablement constipé que la seule thérapie qui puisse vous sauver, reste l’écriture. On peut dire que je suis venu à la littérature pour déverser le trop-plein de silences, d’ennuis ou de nuits consommés depuis ma tendre enfance.

De l’autre côté, enseignant, il y a que j’aime à montrer à mes apprenants, un peu comme Apollinaire Agbazahou, que l’écrivain n’est nullement extraordinaire. On peut dire également que je suis venu à l’écriture, à la publication par le besoin de servir et de montrer une démythification et une démystification de l’acte d’écrire et de publier. Car, enfant, j’ai souvent pensé que tous les écrivains dont on nous parle sont morts et inaccessibles !

Aviez-vous envisagé d’autres destins que la littérature ? quels étaient vos autres centres d’intérêt ?

D. B-A.:

Bien évidemment !

J’ai toujours rêvé d’être un menuisier au sens propre du terme. A défaut, je suis devenu un menuisier des lettres, celui qui taille de nouvelles polysémies ! La littérature est un grand imprévu dans ma vie. Et quand finalement l’écriture m’a épousé, j’ai toujours rêvé publier à titre posthume, un peu comme Pensées de Blaise Pascal. Ma route a dévié vers la publication sur insistance de mes proches et suite à la nécessité de donner à lire à mes apprenants des réalités actuelles et éternelles.

Je suis quelqu’un qui s’ennuie vite de sorte que j’ai plusieurs divertissements. Et ma grande peur est que l’acte d’écrire ne m’ennuie un jour !

Jusque-là, je sais que vous êtes auteur de recueils de poèmes, de pièces de théâtre et aussi de nouvelles. Qu’appréciez-vous dans ces formes ‘’courtes’’ ?

D. B-A.:

Leur brièveté ! Etre concis a quelque chose de captivant, de direct, d’attachant voire de mémorable et d’immortel! Et à l’heure où tout se mesure au temps, il vaut mieux ne pas perdre le temps au lectorat (ou à l’auditoire) qui n’en a pas. Mais surtout parce que ces genres littéraires n’autorisent guère la digression !

A ce propos, à quand votre premier roman ?

D. B-A.:

J’ai plusieurs manuscrits de roman… Je compte publier mon premier roman vers la fin de cette année 2014 ou début 2015. Ecrire un roman, ce n’est pas difficile, mais il faut veiller aux micro-récits pour éviter les incohérences lors des analepses ou des prolepses qui coupent la linéarité de l’histoire.

Dans Quand « Dieu a faim… », une de vos plus belles pièces, vous abordez la question de l’homosexualité. On sait que le sujet est tabou dans notre société, pourquoi avoir choisi d’aller sur ce terrain ?

D. B-A.:

Pour moi, en littérature, il n’y a pas (et il ne saurait en avoir) de tabous ! Je considère la littérature comme un territoire où, plus que la liberté, défile le monde des impossibles et des incréés. Or, l’homosexualité, excepté les hypocrites qui ferment leur raisonnement, est une réalité africaine et béninoise, bien avant la colonisation ! Et je n’arrive toujours pas à comprendre comment on en vient à dire que c’est une orientation sexuelle importée depuis l’Europe !

Pour moi, à partir de l’instant où un pays accepte la promotion de la démocratie et des droits de l’homme, il doit apprendre à respecter l’individu – à l’inverse de certaines considérations dites traditionnelles, on doit sacraliser l’homme, l’homme vivant ; et non mépriser le vivant en faveur des Morts, des Ancêtres : si les morts doivent empêcher aux vivants d’être heureux, ceux-ci ont le devoir de les tuer, car tuer un mort ne peut pas être un crime ni un meurtre !  En conséquence, on ne doit imposer à qui que ce soit une manière d’être heureux sexuellement à partir de l’instant où il ne fait mal à personne.

Regardez par exemple, ici chez nous, au Bénin, on ne trouve pas si scandaleuses la polygynie ni même l’endogamie. Encore moins le lévirat ou le sororat… Et les hommes d’Etat gèrent mal la nation tandis que le peuple leur renouvelle, avec ou sans fraude, leur mandat.

C’est donc dans cette Afrique souillée par la corruption, la gabegie et la guerre pratiquement légalisées qu’on est intolérants envers l’homosexualité. J’estime que si l’homosexualité est mal (et je me répète : pour moi, l’homosexualité n’est pas mal), alors il y  a pire qu’on ignore, qu’on protège, qu’on normalise, qu’on légalise…

Comment le public a-t-il accueilli la pièce ?

D. B-A.:

Tout de suite, le public m’a pris pour un homosexuel. Surtout quand en septembre 2012, j’ai été invité par l’Association des gays du Bénin au CCF (actuel Institut Français, ndlr.) ou quand l’année passée, j’ai fait un débat sur l’homosexualité sur la chaîneTv Canal 3 Bénin. J’aime quand on se méprend sur ma personne. Mais je ne m’attends pas à mieux dans un pays où le lecteur ou le spectateur de la fiction narrative ou théâtrale est convaincu que la littérature est essentiellement factuelle et non fictionnelle. Il y en a qui pensent que je me suis décidé  dans mes œuvres à choquer et que l’homosexualité n’en est qu’un exemple ; car, pour eux, nul Béninois sérieux ne peut parler de l’homosexualité en des termes si élogieux : c’est une lecture que je respecte. Mais au-delà, Kanlé Clarisse Napporn ou le préfacier Apollinaire Agbazahou et de rares amis tout comme les professeurs d’université l’ont bien accueillie: le Professeur théâtrologue Pierre Médéhouégnon, Chef département des Arts, hormis son article qu’il a produit sur le livre, encadre des étudiants qui s’intéressent à Quand Dieu a faim… dans leurs travaux de mémoire ou de doctorat. Le professeur Mahougnon Kakpo, actuel chef département des Lettres, dans son cours sur La littérature comparée, l’utilise dans son corpus. C’est dire que les avis sont partagés mais il faut faire observer que la majorité reste opaque à de nouvelles idées reçues et enregistrées par le cerveau.

A force d’en discuter, le public verra, comme certains lecteurs de la pièce le reconnaissent déjà, qu’un avocat qui défend un criminel n’en est pas forcément un, encore que dans le cas d’espèce, le crime ne saura jamais être établi au regard des lois protégeant la personne humaine dans toute véritable démocratie. Autre chose : être homosexuel, ce n’est pas exterminer la race humaine, entendu qu’il est des homosexuels désireux d’enfant(s) adoptés ou non, entendu qu’on a le droit de faire le choix de ne jamais procréer…

Vous êtes un écrivain très prolifique, à en juger par le nombre de vos publications qui paraissent chaque année. Comment vous faites pour écrire autant quand on sait que vous êtes aussi enseignant ?

D. B-A.:

Suis-je vraiment prolifique ? Si on compte bien, cela ne fait qu’une quinzaine d’ouvrages… Je fais de l’écriture un objet de divertissement. Peut-être que je cesserai d’écrire quand elle cessera de me divertir…

J’ai remarqué que les personnages de vos œuvres subissent souvent des sorts tragiques. Est-ce un choix délibéré ou il n’y a que les sujets dramatiques qui vous inspirent ? 

D. B-A.:

Il me semble que là vous faites allusion au recueil de nouvelles L’affaire Bissi.

Couverture de "L'Affaire Bissi" de Daté Barnabé-Akayi
Couverture de « L’Affaire Bissi » de Daté Barnabé-Akayi

Que cela soit clair : Je ne crois pas que l’acte d’écrire relève de l’inspiration. Si c’était le cas, je serais toujours sur mon premier ouvrage attendant l’inspiration ! Pour moi, écrire, c’est un acte volontaire. Et toute volonté qui veut se transformer en réalité, en un objet tangible et palpable a besoin de soins et de beaucoup de travail et de persévérance.

Je décide de ce que je veux écrire. Et selon la disposition génétique d’un cerveau qui a filmé toutes ces atrocités de l’humanité, un cerveau comme le mien se laisse facilement séduire par les tragédies existentielles, par ce qui surprend, par ce qui bouleverse, par ce qui rappelle à l’homme qu’il n’est rien dans ce cosmos, rien, rien du tout…mais en même temps, qu’il est tout, c’est-à-dire l’allégresse et la tristesse, le plein et le vide, le jour et la nuit, le bien et le mal, le masculin et le féminin : l’androgynat…

Il n’y a que les sujets tragiques qui me touchent, car mon monde intérieur est inondé de lumières joyeuses, même aveuglantes, que je travaille à rendre plus aveuglantes… et l’extérieur offre à mon dedans ce qu’il n’a pas : l’obscurité existentielle.

Je voudrais, après Nietzsche in La naissance de la tragédie, confier au lectorat que notre existence est tragique. Et pour s’en sortir, il serait souhaitable de l’accepter, de le positiver,  et de vivre en ayant à l’esprit que les épines de la vie s’éclosent au rythme de notre rapport avec nous-mêmes et surtout avec la mort qui demeure un mystère quoi que soutiennent les thanatopracteurs ou les médecins légistes.

 

Comme je le disais plus haut, vous êtes également enseignant. Ces derniers mois, le secteur éducatif béninois a été paralysé par de nombreuses grèves. Que pensez-vous de tous ces mouvements de débrayage ?

D. B-A.:

Il y a que je vis dans un pays où le système éducatif est cancéreux. J’avais parlé quelque part de leucémie. Soyons sérieux : dites-moi le pays qui s’est développé en méprisant son système éducatif ! C’est vrai que le Bénin est un pays à économie dominée, mais il me semble que le cerveau des Béninois est toujours fertile et autonome. Personne ne souhaite les grèves ! Pas même les syndicalistes. Cependant, les conditions de travail et de vie (pléthore des classes, manque de salles de classes et d’enseignants, absence de bibliothèques et de laboratoires, manque ou absence d’infrastructures sportives et/ou culturelles, problèmes de formations et de salaires inadéquats…) des enseignants sont telles que visiblement sans grève, rien de sérieux ne se promet ni ne s’obtient. Mon rêve est que le corps syndical rêve d’une stratégie de grève sans trop léser les apprenants, sans trop abîmer leur cerveau et les générations futures car, nous autres enseignants avons un programme à administrer selon un calendrier officiel. Et les grèves perlées amorcées un peu avant 1990 ne garantissent pas une formation enviable, solide et infaillible. Il est inutile d’adresser des vœux à l’endroit du pouvoir politique qui se plait à politiser à outrance le système éducatif au mépris des instructions des techniciens, des inspecteurs et des docteurs en éducation.

Daté Barnabé-Akayi Photo: DR
Daté Barnabé-Akayi Photo: DR

On entend dire très souvent dans l’opinion publique que depuis l’époque des Jean Pliya, Olympe Bhêly-Quénum, le Bénin n’a plus connu de grands écrivains. Vous qui êtes dans le milieu, le pensez-vous également ?

D. B-A.:

Il n’y a aucun doute : Pliya et Bhêly-Quenum sont de grands écrivains. Mais delà, soutenir qu’il n’y en a plus de grands, c’est reconnaître à la face du monde qu’on n’a pas lu José Pliya, Camille Amouro, Jérôme Nouhouaï, Habib Dakpogan, Arnold Sènou, OkriTossou, Florent Couao-Zotti (Prix Ahmadou Kourouma 2010), …

En fait, ce que je pense c’est que les gens parlent de Jean Pliya et d’Olympe Bhêly-Quénum parce qu’ils se trouvent être étudiés dans les classes du secondaire, donc probablement lus par plus d’un million de Béninois. Jean Pliya déjà présent au primaire, est officiellement lu en cinquième jusqu’à l’année passée, toujours en quatrième et en terminale cette année 2014; et Olympe Bhêly-Quénum en première jusqu’à ce qu’il ne soit remplacé par Florent Couao-Zotti cette année scolaire 2013-2014. Apollinaire Agbazahou étudié depuis 2012-2013 en seconde n’est pas une plume à mépriser. Et après les poètes comme Paulin Joachim, Fernando d’Almeida, Jérôme Carlos, NouréiniTidjani-Serpos, ceux de l’anthologie d’Adrien Huannou, il y a de nouveaux poètes avec les anthologies de Mahougnon Kakpo que j’ai étudié dans mon essai intitulé Lire cinq poètes béninois qui sont à citer, avec fierté. De même que Basile Dagbéto, François Aurore, Louis-Mesmin Glèlè, Florent Eustache Hessou… !

Ceux qui estiment que la littérature béninoise s’arrête à l’époque des Jean Pliya ou Olympe Bhêly-Quénum, s’ils sont sincères, le disent soit par nostalgie, soit par ignorance, soit par méprise du dynamisme de l’esthétique.

Vous avez fait des études de psychologie, quelle influence ont-elles sur votre manière d’écrire et la manière de composer vos personnages ?

D. B-A.:

Je n’ai pas fini mes études de psychologie. Disons que je les ai à peine amorcées, il y a environ dix ans. Mais j’aimais lire les essais philosophiques, psychologiques, psychanalytiques voire mystico-religieux : octobre 2013 par exemple, quand je quittai Montréal pour Paris, je suis fortuitement tombé sur un livre de Gérald Messadié (connu beaucoup plus avec le titre L’homme qui devint Dieu) intitulé Contradictions et invraisemblables dans la bible, que j’ai acheté pour un ami qui aime la spiritualité, et lu. Je veux dire : j’aimais et aime lire les ouvrages qui traitent de l’immatériel, de la psychè, de la force insondable qui nage en nous. Et j’en vêts les caractères de mes personnages ou ma fiction poétique.

Vous travaillez sans doute actuellement sur un prochain livre… A quoi doit-on s’attendre ?

D. B-A.:

J’ai toujours plusieurs livres en chantier, quatre ou cinq à la fois jusqu’à ce que je décide de l’ordre de leur sortie.

Je vous parle de ma prochaine œuvre poétique : Tes lèvres où j’ai passé la nuit. (Imonlè158).

C’est un poème-anadiplose présenté sous forme d’une chaîne fragmentée d’amour. C’est préfacé par le poète-universitaire camerounais d’origine béninoise Fernando d’Almeida que je cite :

« Ce poète n’écrit guère en martelant la page blanche de mots avides d’exorcismes divers. Il parle comme s’il allait à un rendez-vous d’amour avec le réel qu’il nous fait comprendre aussi bien par le cœur que par la pensée. Ainsi plongé tour à tour dans l’effervescence du réel et la spontanéité d’imagination, Daté réduit sa poésie à la giration du profond et de la surface. Il reconstruit ce qui s’offre à lui dans la symbolique du regard. »

 En avant-propos, j’ai rappelé ma conception de la poésie et du déshabillé en exhortant le lectorat au dépistage de l’hépatite et autres précautions sanitaires à prendre, car en matière d’IST ou MST, on ne parle souvent que du sida !


Bons souvenirs de la formation Mondoblog à Grand-Bassam

Il y a quinze jours s’achevait à Grand-Bassam en Côte d’Ivoire la formation annuelle des blogueurs de la plateforme Mondoblog. En effet, du 02 mai au 12 mai 2014, la famille Mondoblog s’est réunie au grand complet (enfin, on a gardé les meilleurs) au pays des éléphants pour partager des connaissances, apprendre de nouvelles choses et pour prendre des initiatives en commun. Une dizaine de jours intense, au cours de laquelle les blogueurs se sont découvert et se sont familiarisé. Deux semaines plus tard, les souvenirs sont toujours là dans ma tête, et je n’avais guerre l’intention de les garder pour moi tout seul.

Photo: Philippe Couve
Photo: Philippe Couve

Mondoblogueurs : portraits croisés

« On nous appelle les moutons noirs. Des hors la loi du journalisme. Des exaltés, des excités, des énervés permanents ; Des agités. Nous ne sommes pas des agités, nous sommes engagés (…), passionnés (…), indignés. »

C’est Chantal Faida et Jean-Robert qui peignaient ainsi avec leurs mots, le ‘’portrait’’ du (mondo)blogueur. Mais au-delà de la caricature, il est plus difficile de se faire une idée juste et exacte de qui peut se cacher derrière chaque mondoblogueur. Ce n’est pas facile en effet de s’imaginer un prototype du mondoblogueur. Et lorsqu’on les rencontre finalement on se rend à l’évidence des différences et la surprise peut être vraiment grande.

Pour moi, et à l’aune de ce que j’ai vu à Grand-Bassam, je dirais que le mondoblogueur, c’est ce jeune homme ou cette jeune fille d’une cinquante d’année qui vit à l’autre bout du monde (ou pas). Ça va du ‘’très jeune’’ au ‘’très vieux’’. Je ne parle même pas des différences de couleurs et de cultures

C’est ainsi que personnellement, je retiens pêle-mêle :

–          Jean-Robert : le « sage » de la bande. Un peu philosophe, Villeurbanne dans le cœur et surtout quelque chose à vous apprendre (il suffit de lire sur son t-shirt). Une personne sympathique en tout cas. J-R, si tu viens au Niger, n’oublies pas de passer à Cotonou, c’est à côté!

–          Daye, notre Obama 2.0, celui que moi je surnomme  l’homme qui parle plus vite que son ombre, ou le contraire, c’est selon. « Moi, je suis guinéen à l’origine », si son accent québécois trompe souvent sur ses origines, ce digne Diallo reste bien attaché à sa Guinée natale.

–          Guénolé ou le sefie-man, discret mais très drôle aussi. Un copain. Quand on l’entend parler de sa ville,Tuléar, ça donne bien envie de prendre la route. Mais je reste toujours réservé devant les 24 heures de taxi-brousse entre Antananarivo et le fameux endroit.

Et comment oublier Marine, ma belle-sœur, (comprendra qui pourra) et le ‘’petit’’ James Billy Raymond ? Ce frère haïtien, je ne sais pas combien de fois il a dû scander mon nom dans les allées du Tereso avant la fin des dix jours de formation. Et puis tous les autres que je n’oublie pas et qui se reconnaissent sans doute.

Au-delà des personnes, les bons souvenirs, c’est aussi les bons moments de la formation ou en dehors.

Petits moments de bonheur

Free Jumping Photo: Raphaëlle Constant
Free Jumping Photo: Raphaëlle Constant

Au cours de la formation, j’ai gardé le meilleur des présentations de Pierre Romera qui nous a appris des notions de bases du data-journalisme. Je n’oublierai pas non plus les bonnes astuces de Grégoire Pouget et de Jean-Marc de Reporters sans Frontières, notamment l’utilisation de Tor et de TrueCrypt. Des applications dont on se sert déjà, une fois rentrer chez nous.

L’autre souvenir, cette fois en dehors des lieux de la formation, c’est cette virée dans la nuit bassamoise avec Serge, Yannick, Pascaline, Ulrich, Zacharie, J-M, Télyson… et j’oublie le reste. De l’ambiance feutrée et « bourgeoise » du No Limit à la chaleur moite des crasseux maquis et karaokés d’en face, on aura fait le tour. Et si « Abidjan ne ment pas », Bassam non plus.

Et qui a bien pu oublier cette fameuse antilope qui a eu le courage d’ajouter vingt-quatre heures supplémentaires aux seize heures de vol de Stéphane pour rejoindre son Katmandou adoptif ? Le rire ultime !

 

Selfie "Guénolé, Danielle et moi"
Selfie « Guénolé, Danielle et moi »

Le bon souvenir, c’est aussi cette soirée de culture générale (Mondogénies) pendant laquelle les mondoblogueurs se sont livrés à une partie de génies en herbe. Je ne vais pas rappeler ici, la plus grosse perdante de cette pour ne pas m’attirer les foudres invisibles d’Awa Traoré, fervente défenseure de l’Afrique de l’Ouest. Une partie que j’ai eu le plaisir de préparer et d’animer aux côtés de l’autre ’’brésilien’’ de la bande, Mareck Abi aka Yesssssaaaaaaï.

Et voilà, Yessssaï !


Formation Mondoblog à Abidjan, j’y suis !

Je suis en Côte d’Ivoire depuis vendredi dernier. En effet, mes autres camarades blogueurs sélectionnés et moi sommes installés depuis le week-end à l’hôtel Tereso de Grand Bassam dans le cadre de la formation intensive des meilleurs mondoblogueurs. Une expérience personnelle extraordinaire qui a commencé pour moi depuis l’annonce de ma sélection jusqu’à la pause de mon premier pied en Côte d’Ivoire. Une expérience qui se poursuit et que je voudrais vous conter en quelques étapes. 

Formation des mondoblogueurs à Abidjan
Photo: Manon Mella

Etape 1 : Les formalités

Le 8 mars 2014, mon téléphone sonne. C’était un mail. Un mail de Mondoblog m’annonçant que je fais partie des mondoblogueurs retenus pour la formation annuelle qui se tient cette année à Abidjan. La joie ! Mais ensuite, il fallait passer aux formalités, notamment fournir les informations de son passeport. Passeport que je n’avais pas encore établi à ce moment. En même temps, il fallait surveiller les mails régulièrement pour répondre au plus tôt aux courriels de l’équipe de l’Atelier des médias. Dans un contexte où la lenteur administrative n’a d’égale que celle du débit de la connexion Internet, j’ai dû littéralement me casser la tête dans tous les sens pour être à jour sur ces deux fronts.

Quelques fois, j’ai été découragé et je me suis dit « bon on arrête, je n’en peux plus ». Mais quand je me rappelle de tous les efforts que j’ai fournis pour être dans la sélection et j’imagine ce qui m’attendait à Abidjan, je trouve souvent et très régulièrement la force de continuer les démarches. Heureusement, ma persévérance a payé. Aujourd’hui, j’y suis.

Etape 2 : Le voyage en avion

Pour la plupart de mes camarades mondoblogueurs présents ici (à l’exception des Ivoiriens), il a fallu prendre l’avion. Moi, y compris. Et c’était ma première fois. Comme mon ami Ulrich Tadadjeu, l’air m’a baptisé. Un baptême de l’air impressionnant avec son lot d’émotions et de sensations fortes. En effet, au décollage de l’appareil, tous mes sens étaient éveillés prêts à capter le moindre mouvement.

Pendant une partie du vol, j’ai été un peu secoué. J’avais même peur, parfois. En gros, des sensations de la première fois quoi ! Et toutes ces sensations évoluaient au rythme des différents mouvements de l’avion. Ce qui peut être impressionnant quand on est assis côté hublot. Mais je me suis très vite adapté. En effet, après l’escale d’Accra, j’ai pu apprécier mon vol en toute tranquillité jusqu’à Abidjan que j’ai pu admirer depuis le ciel. Une fois sur place, commencent les premiers échanges avec les autres et les premières formations.

Etape 3 : Les premières impressions

Mes premières impressions sont relatives aux personnes, à l’environnement et aux premières formations qui ont été déjà données. En effet, lorsque l’on va à une rencontre où sont invitées des personnes venues de divers horizons comme la formation Mondoblog, on a forcément sa petite idée derrière la tête. Et le monde virtuel a cette particularité que même si l’on est très proche d’une personne via Internet, le premier contact physique n’est pas toujours évident. Surtout quand on vient tous d’aussi loin. Cependant les premiers échanges ont été très vite cordiaux. En tout cas en ce qui me concerne. L’ambiance a été tout autant enchantée. Les Camerounais, en général sont très relax et entraînent facilement d’autres personnes dans leur bonne humeur. Il y a par exemple Danielle qui taquine tout le monde en passant, et a visiblement un petit ‘’problème’’ avec les écureuils du Bénin. Mais ça reste notre petit point rigolo…!

Dans ce monde de diversités où s’agrègent différentes cultures francophones, il y a ceux qui découvrent l’Afrique. Ils sont agréablement surpris. Certains,  comme mes amis haïtiens ont pu mettre, pour la première fois, un pied sur la terre de leurs ancêtres. Ce qui n’est pas un détail dans une ville comme Grand-Bassam qui est remplie d’histoire et pleine de mémoire. Chacun y va de son commentaire en fonction de son histoire avec le continent. A ce sujet, il faut  lire les billets d’Isabelle et de Dania. Personnellement en venant, j’avais un gros stress, mais je commence à penser que les dix jours vont être très courts.

Cela dit, rendez-vous sur mon profil Facebook et surtout sur mon compte Twitter pour suivre l’actualité et les à-côtés de la formation en temps réel. Il y a également le hashtag (mot-dièse)  #MondoblogAbidjan qui permet de suivre le live-tweet et tous les contenus produits par les blogueurs sur place dans le cadre de la formation.


Quelle place pour la femme dans la société béninoise ?

Le mois de Mars est toujours opportun pour parler de la femme. Enfin, des droits des femmes. Certes, plus de vingt jours sont passés maintenant depuis le  08 mars,  la journée internationale du droit des femmes. Cependant, arrêtons-nous un instant pour faire un point sur la situation des femmes au sein de la société béninoise.

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Photo: Tamerlan95

Quelle est la place de la femme dans la société béninoise ? La question est toute simple. Malheureusement la réponse n’en est pas tout autant. D’ailleurs, ce billet n’apporte aucune réponse mais expose des faits qui parlent d’eux-mêmes.

Dans les médias le chef de l’Etat et certains de ses ministres multiplient très régulièrement les jolis mots à l’endroit des femmes. Le président Boni Yayi est indéniablement passé champion dans cet exercice. Et quand il lui arrive de s’adresser aux femmes, de les « supplier » ou de les encourager, ses propos sont d’une telle familiarité qu’il fait passer toute sa personne pour un gros bonimenteur sans s’en rendre compte lui-même. « Mes chéries », « mes mères », « nos sœurs » etc. voilà les mots qui reviennent régulièrement dans la bouche de Boni Yayi quand il s’adresse aux femmes (52% de la population tout de même). Mais dans la réalité, il n’en est rien. En fait, on a compris la stratégie, il s’agit tout le temps de bluff. Autrement dit, je vous caresse dans le sens du poil pour avoir votre soutien mais en réalité vous êtes bons à rien.

Parce que la question-titre de cet article est partie d’un constat simple et amer. Il suffit en effet, d’observer un peu le paysage de la vie publique du pays pour se rendre compte de  l’absence ou de la  faible présence de la gent féminine dans les organes de décisions.

Tenez par exemple, dans un gouvernement qui compte une trentaine de membres, seuls six des ministres sont des femmes. Déjà le gouvernement ne fait pas la parité aux femmes, mais pire, il les force manifestement au silence. Sinon, depuis que Reckya Madougou et Marie Elise Gbedo (pour ne citer que ces deux-là, autrement fois connues pour leurs différentes interventions), qui les a encore entendues se prononcer sur quelque sujet de l’actualité nationale? Or, ce n’est pas les sujets qui manquent.

Il en est de même pour les grandes institutions de la république. De la Cour suprême à la Cour constitutionnelle en passant par l’Assemblée Nationale, la HAAC[i] ou le CES[ii], aucune de ces institutions ne comptent à leur tête la moindre dame.

Aussi, sur toutes les 77 communes que l’on dénombre sur le territoire national, une seule s’est offert le luxe d’être dirigée par une dame. Hommage à madame Abiba Dafia Ouassagari, maire de la commune de Kérou. Et des cas comme ceux-ci on peut en trouver dans les universités, dans les administrations, dans les entreprises mais inutile d’en faire la liste.

Cependant, il y a des secteurs dans lesquels la femme béninoise n’a pas perdu sa place, bien au contraire. En effet, qu’il s’agisse de la femme, objet de plaisir, qui vend ses charmes dans les coins chauds de Jonquet[iii] ou de celle qui brave le soleil et la pluie à Dantokpa[iv] pour nourrir sa famille (et que l’on bat allégrement le moment venu) elle a toujours été toujours su garder sa place.

Les femmes sont si nulles dans mon pays ? Je refuse d’y croire. Certes, les questions d’égalité ou de  parité entre homme et femme restent toujours des interrogations très sensibles. Mais il s’agit surtout de situer les responsabilités de chacun. S’il y a des hommes qui dans la bouche sont des chantres de la promotion des droits des femmes, il faut surtout qu’ils le soient également dans leurs faits et gestes. Il revient par ailleurs aux femmes de faire face à leur situation et non à quelques-unes de surfer sur la misère et la précarité de leurs paires pour réaliser leur propre vie.


[i] Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication

[ii] Conseil Economique et Social

[iii] Quartier de Cotonou, célèbre pour ses nombreux bordels

[iv] Le plus grand marché du Bénin


Benin : difficile dialogue entre gouvernement et partenaires sociaux

Depuis le début de l’année 2014, la tension sociale n’a cessé de monter au Bénin. Face aux multiples mouvements de débrayage et aux diverses grèves qui affectent quasiment toute l’administration publique, le gouvernement et les organisations syndicales peinent à trouver un terrain d’entente.

 

Crédit Photo: www.24haubenin.com
Crédit Photo: www.24haubenin.com

La crise qui secoue actuellement le Bénin est d’une ampleur rarement observée. Et les menaces qu’elle fait peser sur la nation suscite craintes et inquiétudes au sein de la population. En effet, il s’agit d’une crise sociale sur fond de scandale politico-économique tant le gouvernement crie à la manipulation et les syndicats ne veulent pas lâcher du lest.

Il faut remonter à décembre 2013 pour appréhender les causes de la tension. En effet, le 27 décembre 2013, en marge du discours du chef de l’État sur l’état de la nation, les centrales syndicales décident d’effectuer une marche à travers la ville de Cotonou. Une marche pacifique censée dénoncer les «dérives» du pouvoir et exiger, entre autres, le respect des libertés démocratiques qui a été violemment réprimée par les forces de l’ordre faisant des blessés dans les rangs des syndicalistes.

Pour dénoncer ce qu’ils qualifient de «barbarie (…), d’actes d’intimidation et de répression» et de «violation des libertés fondamentales»  ces derniers ont lancé plusieurs mouvements de débrayage dans l’administration publique. Depuis le 7 janvier 2014, tous les secteurs de l’administration publique sont affectés l’un après l’autre. De l’enseignement à la justice en passant par la santé aucun service n’est épargné.

Parmi leurs revendications les syndicalistes réclament le limogeage du préfet des départements de l’Atlantique et du Littoral, Placide Azandé et du commissaire central de la ville de Cotonou qu’ils mettent en cause dans la répression de la marche du 27 décembre. Ils exigent par ailleurs la restitution des défalcations opérées sur les salaires, pour fait de grève, de 2012 à 2014. Par contre, le gouvernement, lui, ne semble pas fléchir sur aucun de ces points.

Depuis le 3 février dernier, trois tentatives de négociation ont été amorcées entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Toutes les trois ont accouché d’une souris à chaque fois ou se sont terminé en queue de poisson. Demain, lundi 24 février, une nouvelle rencontre est encore prévue.

A ce jour, les centrales syndicales exigent toujours la démission des deux mis en cause avant toute forme de négociation. Pendant ce temps, l’administration publique tourne au ralenti, l’éducation nationale côtoie l’année blanche, des patients meurent dans les hôpitaux  faute de soin et les tribunaux se vident. Le sentiment d’abandon gagne la population exaspérée par toutes ses crises. C’est donc dans cette ambiance délétère que se trouve le Bénin en ce moment. Et c’est à juste titre que l’on se demande si le pays n’est pas vraiment au bord de l’implosion ? Espérons que non !