Maxtan

Lettre ouverte à…

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Je trouve fort intéressant l’usage qui consiste à écrire des lettre ouvertes à des personnes publiques ou connues (artistes, gouvernants, leaders d’opinions, etc.) lorsque l’on veut s’adresser à elles.

J‘ai même noté  que c’était souvent le lieu de montrer son mécontentement ou de dire son approbation à une idée ou un acte de cette personne.

J’ai une lettre ouverte ; en tout cas, j’en possède les éléments, le contenu. et je l’ai écrite. Mais je n’ai su lui trouver un destinataire.

Alors, à vous, lecteur, qui passiez seulement, si vous vous jugez un destinataire indiqué, veuillez, de grâce, vous attribuer cette missive.

PS avant la fin de ma lettre : Je suis né en Côte d’Ivoire et j’y ai vécu jusqu’ ce jour.

Cher …destinataire,

Hier, c’était, dans le monde, et en Côte d’Ivoire, le 11 Avril 2016.

Un jour comme les autres pour les habitants de la terre, et pour les ivoiriens aussi.

Les ivoiriens, qui chaque jour de la semaine, se réveillent tôt le matin, embrassent femme et enfants, et les abandonnent jusqu’au soir. Ils sortent, pour se rendre au travail (pour ceux qui en possèdent encore un) ou pour courir dans tous les sens, afin qu’au soir, chaque membre de cette petite famille puisse bénéficier  d’une assiette à moitié pleine de riz ou de tout autre mets, à portée de leur bourse (bien que l’éventail de choix en soit plutôt limité).

Hier encore, ils sont sortis pour espérer que la lumière continue d’habiter leurs maisons, et d’y maintenir la vie, la connaissance, la chaleur bienfaisante d’un foyer construit dans l’amour,  pour espérer que la CIE (Compagnie Ivoirienne d’Électricité) daigne  demeurer dans  le courant de leur vie.

Ils grouillent, triment, suent à en sentir mauvais, pour se permettre le rêve de voir leurs enfants être admis dans les universités… du pays ; celles d’outre-mer n’étant pas à la portée de leurs portefeuilles.

Mais cher… destinataire inattendu,

Nos gouvernants n’ont pas quitté tôt leurs maisons hier. Ils sont restés, à traîner, au lit, remerciant le ciel, de leur avoir donné de gagner une guerre un certain 11 avril. Puis après un copieux petit déjeuner avec leurs femmes (les enfants sont à l’étranger pour leurs études), ils se sont réunis dans des salles climatisées pour célébrer le jour où ils ont fait le choix judicieux « de risquer leur vie pour la démocratie ».

Oui, en effet, un autre 11 avril, en 2011, alors qu’ils étaient protégés par l’armée et l’ONU, ils risquaient leur vie, pendant que la population, terrée chez elle, ou en fuite, n’avait pas ce privilège d’avoir à risquer sa vie.

Et depuis, les presque martyrs, héros d’il y a cinq ans, continuent d’être célébrés, et de jouir des fruits de leur courage.

Pendant ce temps, les populations, sans mérite, jasent et jalousent leur gloire et leur bonheur.

Mais, si je peux me permettre, cher… destinataire imprévu,

Leur seule gloire réside dans le fait d’avoir été choisis par cette population, à qui tout le mérite revient plutôt, de s’être donné ces chefs. Ou alors, disons-le, dont l’unique faute est de s’être choisi ces chefs, parce que ceux-ci ne vivent, depuis, plus, dans le même pays qu’eux.

Sinon comment pourraient-ils se congratuler mutuellement, et se rappeler leurs petits projets personnels de partis unifiés, alors que Koz/Comium met des milliers de personnes au chômage, que l’université est en grève, que la MUGEFCI veut augmenter le montant des cotisations, qu’on oblige les populations à payer pour la confection d’un permis alors que l’ancien est valide, etc.?

Comment réussiraient-ils à débattre de 2020 alors que les ivoiriens ne savent pas s’ils pourront s’assurer gîte et couvert à la fin du mois à venir ?

Sinon, comment n’auraient-ils pas plutôt fait le bilan de leurs cinq années de pouvoir effectif hier ?

Cher destinataire accidentel…,

Chaque fois qu’ils ouvrent la bouche, je me rends compte que nos gouvernants ne sont pas d’ici. Ils nous viennent sûrement de Mars.

Bienvenue chez nous, habitants de la planète rouge !


Les dangers insoupçonnés des pièces de monnaie « lisses »

imageIl y a quelques années, en cours d’économie – la matière était étudiée en option –  nous n’ accordions pas grande attention au professeur et à ses définitions.

En cours d’économie, dis-je, le professeur dont le nom s’est même égaré dans ma mémoire, demandait : « Qu’est-ce qu’une monnaie ? » la question m’a parue aussi inattendue que futile. Nous avons tenté tant bien que mal d’y répondre avant d’écouter distraitement la définition du professeur.

Mais il y a quelques jours, je m’en suis souvenu. Elle était cachée certainement dans l’un des recoins de ma mémoire, tout près du nom du professeur lui-même. J’ai moi-même confectionné un fil d’Ariane pour aider cette définition à retrouver son chemin.

Et pour cause, je venais d’échapper à un passage à tabac dont l’objet était justement la monnaie. On a tous connu ces jours, où au terme d’une journée pleine de courses interminables et de dépenses imprévues, il ne nous reste en poche que le juste montant pour nous acquitter du titre de transport.

Et bien, il s’agissait de l’une de ces journées-là. Au soir, en rentrant, j’avais déjà parcouru la moitié du chemin, et il ne me restait qu’un véhicule à emprunter pour me retrouver chez moi. En poche, il ne me restait que 300 FCFA. Il ne m’en fallait que 200 pour rentrer. Il n’y avait donc pas péril en la demeure.

J’emprunte le taxi et nous arrivons prestement au lieu où je descends. Je remets la pièce de 200FCFA, frappée par la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.) au chauffeur.

Il la prend, l’examine, puis me lance alors que je m’extirpe de son taxi :

« Mon frère, je peux pas prendre tes 200 là, c’est lisse…

Sentant que la discussion allait être longue, je me rassois dans la voiture, et  lui réponds :

  • Mon frère, on m’a donné, j’ai pris. Pourquoi toi, tu ne peux pas prendre ?
  • En tout cas, moi je peux pas prendre.
  • Si tu ne prends pas, il faut laisser, tu penses que c’est moi qui ai fabriqué les 200 là ? Je travaille pas à la BCEAO.

Je me mets alors à me plaindre de plus en plus fort.

  • Vous les chauffeurs, on ne sait même pas pour qui vous vous prenez, je te donne ton argent, tu refuses de prendre. Je n’ai plus rien à te donner. C’est toi qui va perdre dans tous les cas, Moi je suis déjà arrivé à destination. Au revoir !

Je sors de la voiture pour m’en aller quand le chauffeur sort à son tour.

 

À la vérité, c’est un véritable géant qui ne paraissait rien assis. Mais debout, il mesure bien le mètre quatre-vingt.

  • Tu vas où ? il ne faut pas m’énerver.

La silhouette imposante m’oblige à me figer.

Ce n’est que de l’intelligence. Ayant fait une rapide évaluation des forces en présence, je suis forcé d’admettre que ma silhouette replète ne fait pas le poids.

Je m’en tire en ajoutant l’unique pièce de cents francs à la pièce litigieuse de 200 Fcfa, et en suppliant le « Vieux père » d’accepter tout ce qu’il me reste dans les poches.

J’ai donc payé 300 FCFA pour une course qui n’en vaut que 200f. C’est alors que je me suis souvenu que Monsieur G… disait que la monnaie était « tout actif accepté par tous, sans condition pour toute transaction »

J’aurais pu l’expliquer à mon chauffeur d’un soir mais quelles étaient mes chances de le convaincre ?

Pourtant la BCEAO fait bien des campagnes publicitaires d’envergure pour annoncer de nouveaux billets de banque. On parle déjà d’un prochain billet de 50.000FCFA

Ces campagnes qui se déroulent dans chaque pays, et en langues locales ont montré leur efficacité.  Une telle campagne pourrait rassurer les usagers, et éviter à beaucoup d’autres personnes mon infortune de ce jour-là.

Je trouve qu’il est trop facile pour la BCEAO et l’ensemble des banques installées en Côte d’Ivoire d’assister à ce spectacle sans penser à y trouver une solution. Il existe désormais des billets et des pièces que les ivoiriens ont décidé de ne plus utiliser. De même, on ne trouve plus de monnaie tant et si bien que, même le péage du pont HKB refuse certaines coupures. Mais cela, nous en parlerons un autre jour.

Où diantre allons-nous si, même nos institutions financières ne peuvent nous garantir la sûreté de valeurs frappées par elles-mêmes ?


HUMAINE TRINITÉ

8 mars

A l’occasion de la journée internationale de la femme à célébrer ce 8 mars, un petit poème, ni professionnel, ni un chef-d’oeuvre littéraire. Juste quelques mots, pensés, exprimés…simplement. Pour ces êtres que Dieu a fait si mystérieux, et si faciles à aimer

 

Mère du monde

Jugée coupable pour une pomme,

Offerte, par amour, à l’Homme.

 

Ève, Mère de la vie,

Tu portes, hélas, tous les maux, Pandore,

Dans ton sein cousu de diamant et d’or.

 

Femme,

Ton  visage se ride en donnant l’amour,

Dans tes rides se lisent tes exploits.

Ta fureur se chante alentour,

Ta rage  garde les tiens de l’émoi.

 

Mère,

Tu te résous  à vivre sans honneur,

Pour, de tes fils, voir le bonheur ;

Ta pire crainte est  de les voir perdre espoir,

En ce monde trouble et drapé de noir.

 

Épouse,

Tu es le phare de ces mâles perdus,

En quête de la félicité défendue,

Dans des océans de mal et de  solitude ;

Essoufflés par tant de turpitudes.

 

Femme, Épouse, ou  Mère,

Le 8 mars, ta nature indicible,

Dans le monde entier tonne,

Confessant que rien n’est impossible,

À qui possède l’amour d’une de ces personnes.

 


Tout est calme, si je vous contais l’élection

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Abidjan, nous sommes le 29 octobre 2015, et je suis assis devant mon ordinateur, insomniaque, en train de saisir paisiblement quelques lettres, quelques mots épars, en tentant d’en faire de belles phrases. J’ai l’intention d’en faire sortir un billet pour mon blog. Cela fait en effet un bon moment que je n’ai rien posté, mais passons.

Il y a quelques mois justement, je m’interrogeais, et bien d’autres Ivoiriens avec moi, sur ce à quoi ressembleraient ce jour, et quelques autres qui l’ont précédé. J’avais peur et de gros sachets d’attiéké dans mon réfrigérateur témoigneront aisément de mes appréhensions. Il fallait faire quelques provisions ou cas où… Mon dernier billet publié invitait même timidement les politiques à ne pas embraser nos pensées. Le spectre de la guerre hantait les esprits.

Aujourd’hui, tout est calme.

La commission électorale a reçu trente-trois candidatures dont elle n’a validé que dix. La campagne électorale a fait couler beaucoup d’encre, de salive, et de données numériques. La Côte d’Ivoire possède une société civile très active et très forte… sur les réseaux sociaux. Les médias d’État ont servi au peuple les candidats. L’on serait tenté de dire que ce n’était pas un menu pour palais délicats. Une tranche du JT du soir, des capsules de diffusion de films de propagande préenregistrés, puis l’émission « face aux électeurs » qui donnait au candidat deux heures pour convaincre l’électorat.

Au menu, il y avait ceux qui avaient très tôt renoncé à la course. Ils étaient déjà contents de se voir figurer sur le bulletin de vote.

Il y avait ceux qui avaient jugé plus original de se porter candidat, puis de faire campagne pour le boycott.

Puis ceux qu’une prophétie divine avait convaincus de leur destin présidentiel.

Il y avait aussi ceux qui n’avaient aucun regret et qui le disaient sous un air d’Édith Piaf, il y avait de nouvelles « Simone de Beauvoir, des pseudo-féministes mal inspirées, qui ne voulaient gouverner que les femmes, et il y avait ceux qui avaient piqué à François Hollande son slogan de campagne sans lui verser de droits d’auteur. Il y avait encore ceux qui rêvaient d’un Etat fédéral et d’une monnaie « flottante ». Il y en avait également qui voulaient illuminer les affaires du pays par la clarté de leur teint, et enfin ceux qui voulaient faire de l’attiéké, le nouveau « pétrole » ivoirien.

Face à tous ceux-là, il y avait un président sortant entouré d’as de la communication et d’une coalition de partis politiques. Il avait eu le temps d’annoncer au peuple ses plans pour l’avenir à travers des visites d’Etat à quelques mois de l’élection.

L’élection, c’était hier, et aujourd’hui, tout est calme.

Les Ivoiriens sont, soit sortis voter, soit restés chez eux. Nul n’est sorti marcher, protester, et s’offrir en marionnettes aux hommes politiques. Il y avait pourtant les nostalgiques de la Côte d’Ivoire libre et souveraine. Ceux qui ont fait un doigt d’honneur aux grandes puissances, se reconnaissant en ces fils du pays aujourd’hui pensionnaires de Scheveningen. Ils restent  réfractaires à une réconciliation sans leurs mentors.

Il y avait également ceux qui voyaient tout en rose depuis que leur président était aux affaires et qui continuaient d’en vouloir à son prédécesseur de l’avoir si longtemps obligé à atermoyer son accession au pouvoir.

Et pourtant, aujourd’hui, tout est calme.

Alassane Ouattara a été déclaré vainqueur dans la course à sa propre succession. Et tout est calme. Et ses adversaires l’ont félicité pour sa brillante victoire.

Et j’ai envie de dire avec beaucoup d’émotion et de joie que l’Ivoirien a grandi.

On peut combattre idéologiquement l’autre et ne pas être son ennemi : l’Ivoirien l’a compris.

On ne règle rien par la violence : l’Ivoirien l’a retenu.

L’Ivoirien est spécial.

Je pense que l’Ivoirien est désormais mature et, en pensant à ce mois d’octobre, à mon pays, à l’élection qui vient de se dérouler, j’ai aussi envie de dire avec Madame Piaf : «  Non… rien de rien… je ne regrette rien… »

 


Africains, grandissons un peu

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MIGRANTS : le mot s’est lentement et insidieusement glissé dans le cercle lexical des tragédies qui n’émeuvent plus. Il figure dans la rubrique « Afrique » aux côtés de  GUERRE, FAMINE, PAUVRETÉ, ÉLECTIONS VIOLENTES et bien d’autres mots-maux.

Lampedusa est devenue aussi célèbre que la Tour Eiffel ou Les Champs-Elysées dans l’esprit de nous autres africains. Certains rêvent d’y débarquer, d’autres y voient l’horreur de la mort qui s’empare impitoyablement des frêles embarcations des candidats à l’immigration. Parlons-en, de ces embarcations.

A boat full of migrants arrives at the Italian island of Lampedusa in April 2011

C’est carrément le traîneau du Père Noël au fond duquel se cacherait un Père Fouettard à l’humour douteux et sombre. Alors que les passagers y caressent déjà leur bonheur, leurs rêves de prospérité, d’un avenir meilleur, la mer vient leur arracher même ces rêves là. Et leur vie en sus.

On peut même déjà se réjouir de ce que le fait ait attiré le regard –  sinon les caméras –  du monde entier. Les grandes agences de presse internationales ont évoqué l’urgence de trouver une solution à ce nouveau fléau, (disons-le)pas si nouveau que cela. Les médias africains ont également relayé la nouvelle, qui n’avait pourtant rien de neuf non plus, surtout pour eux.

L’allégresse légitime que l’on devrait ressentir devant cette  » prise de conscience collective  » est toutefois entachée  d’une certaine déception en ce qui me concerne.

Car cette situation éveille en moi un sourire amer et me rappelle cette anecdote.

Récemment, lors d’une émission de la chaîne nationale de télévision RT1, le footballeur Didier Drogba , s’adressant aux DJ locaux, faiseurs de Coupé Décalé, abusivement appelés artistes, faisait cette recommandation : « Grandissez »

Il entendait leur conseiller de se défaire de cette puérilité maladive qu’ils traînent et qui les présente comme nostalgique d’une adolescence insouciante qui pourtant n’est plus.

Et puis j’ai également vu sur le petit écran d’une télévision, des européens – blancs – s’asseoir autour d’une table pour discuter du problème des migrants et tenter d’y trouver une solution. Leurs dirigeants ont fait des propositions afin de venir en aide aux migrants.

On s’attendait à ce que les dirigeants africains prennent ce problème à bras le corps … Que nenni !

Certainement ont-ils trop de maux, trop de fléaux auxquels faire face pour que cet insignifiant nouveau venu soit remarqué.

 

Je suis africain. Je me réclame intellectuel. Je les ai donc déjà  accusés, ces blancs de vouloir diriger le monde.  Je leur ai reproché d’ourdir des complots pour assurer et pérenniser leur suprématie sur le monde.

Mais aujourd’hui, j’ai aussi envie de dire : « Africains, grandissons un peu »

Ne laissons pas les autres régler nos problèmes. Ne restons pas des peuples adolescents, réclamant leur autonomie, et pourtant incapables de régler nos problèmes. Les dates des élections sont toujours incertaines chez nous. C’est encore chez nous qu’on félicite un président sortant pour avoir « légué pacifiquement» le pouvoir à son successeur choisi par les urnes. On pourrait juste décider ensemble de grandir, être responsables, être… adultes !

Crédit photo: https://boyzundgirlz.wordpress.com

https://www.theguardian.com


Citoyens de quel monde ?

J’ai écrit récemment un bref billet aux allures de courrier destiné à m’expliquer sur les raisons pour lesquelles je souhaitais être compté parmi les « Charlie ».

Je pense que les personnes qui l’auront lu s’attendent – et je suis du même avis qu’elles – à me voir m’exprimer sur les récents morts du campus de Garissa. Au Kenya.

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Le prétexte-mobile et les bourreaux sont les mêmes : des barbus illuminés menant une guerre anachronique qu’ils qualifient de sainte se sont établis en défenseur de Dieu à travers un islam radical.

Résultat : 148 personnes, faites martyres de la connaissance et de la liberté. Leur massacre devrait être retenu par l’histoire comme un coup rude porté à plusieurs siècles de perfectionnement de l’humanité. C’est un déni de l’abandon volontaire, par l’humanité,  de la barbarie.

C’est un crime tout court et l’alignement d’épithètes, aussi nombreux soient-ils, ne réussirait ni à le faire paraître moins horrible, ni à le rendre plus acceptable.

Un pays privé de 148 cerveaux ; chèrement formés pour servir leur pays et 148 personnes arrachées à l’affection de leurs proches.

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Le monde devrait pleurer ce drame.

L’Afrique est endeuillée… Ou plutôt, elle devrait se sentir tout entière en deuil.

Hier déjà, mes frères africains, adeptes des finesses de l’esprit critique et observateurs aux regards aiguisés avaient décelé le « Complot ». 

Grâce à leur habilité singulière à raisonner et à défendre des causes, ils avaient décrié le mutisme des Européens autour des nombreux drames ayant quotidiennement lieu en Afrique. Ils avaient dénoncé l’excessif battage médiatique autour des attentats français pourtant si pauvres en victimes. Ils avaient brandi des chiffres records de personnes tuées dans les attaques de Boko Haram.

J’admets qu’ils ont bien fait de partager avec nous leur raisonnement. D’ailleurs, les récentes attaques au Kenya leur ont servi d’illustration.

Ils s’en sont pris à tous ceux qui avaient, avec empressement, changé d’identité pour devenir « Charlie » et qui, à leur goût, montraient moins d’enthousiasme et de promptitude à devenir « Kenya ».

Toutefois, si j’ai l’honneur d’être lu par vous, ô chères éminences grises, permettez-moi quelques interrogations en vue de mieux comprendre les faits.

Par quel média a-t-on appris partout dans le monde cette malheureuse prise d’otages qui s’est achevée dans ce si déplorable bain de sang ?

Quel média africain, des télévisions nationales aux privées, a dépêché sur les lieux des envoyés spéciaux pour se faire l’écho de ce drame alors qu’ils sont tous régulièrement représentés aux différentes éditions de la CAN ?

Enfin, n’est-ce pas quelque peu malsain d’avoir tout de suite cherché à comparer la mobilisation autour de Charlie Hebdo à celle autour des assassinats du Kenya?

Peut-être devrions-nous arrêter de voir toujours ailleurs nos ennemis et les responsables de nos maux.

Nous devrions être toujours en train de nous remettre en cause et ne point essayer d’imputer nos échecs et nos déboires aux autres. Qui d’autre que nous devait parler de ces évènements ?

Au-delà même de ce nous si africain, et pourtant si exclusif, nous devrions nous représenter comme citoyen de ce monde ci ; et non d’un autre qui est à venir ou à construire.

Car c’est chaque citoyen qui participe à la construction de son environnement, de sa cité. Si nous nous en excluons, nous ne devons pas être très étonnés de nous voir toujours oubliés et relégués au second plan.

Tant que nous refuserons de participer à la construction de ce monde-ci, cette civilisation n’aura de cesse de nous vomir.

Alors de quel monde serons-nous finalement les citoyens ?

 

Crédit photo:

www.digischool.fr

www.huffingtonpost.fr

www.charleswashoma.com


Quand la pouponnière sourit

L’ONG « Action humaniste pour la Côte d’Ivoire » (AHCI) a offert le 28 mars dernier un lot important de dons en nature constitués de produits alimentaires, produits d’hygiène, etc., aux enfants de la pouponnière d’Adjamé. Comme pour souligner que ces petits humains sont une part de notre espèce, l’espèce humaine et que nous devons leur apporter notre assistance.

Ainsi, malgré nos origines modestes ou aisées, notre couleur de peau, le pays que nos habitons, la religion que nous nous sommes choisie, l’humanité reste notre espèce commune.

Il me plaît ces derniers jours, alors que les chrétiens catholiques du monde vivent le carême, de laisser voguer mes pensées vers cet idéal. Ces vendredis-ci, lorsque le soleil pointe ses dards tout droit au milieu de nos crânes, ces chrétiens se mêlent à leurs frères musulmans, pour aller investir les lieux de culte, en vue de participer au Chemin de Croix ou au djoumah hebdomadaire. Ces actes, bien que fort louables, d’adoration, se trouveraient certainement plus enrichis, s’ils s’accompagnaient d’une autre forme de piété : celle que l’on doit à notre prochain, tissé de la même chair et façonné à l’image du divin.

Car comme le soulignait lors de cette remise de dons, le Dr N’dri-Tehoua Pélagie, Coordinatrice générale adjointe de l’AHCI, ce sont « des actes de solidarité envers ces enfants qui, s’ils ne nous tendent la main, attendent que nous leur tendions les nôtres pour leur apporter un peu d’amour et de réconfort ».

Refuserons-nous de leur tendre la main tandis que nous les levons vers Dieu en signe d’adoration ?

En attendant, l’action de l’AHCI a permis, le temps d’un week-end, d’apporter un peu de gaieté à ces 67 enfants âgés de quelques mois à 13 ans.

Ils sont sans nul doute reconnaissants, ces enfants. Mais Dieu lui aussi saura gré à ces personnes, qui auront pris soin des plus faibles, des plus petits.

Au milieu des bruits du quotidien, des nouvelles bruyantes de guerres et de conflits, de la complainte des prières et supplications psalmodiées, le vagissement puéril d’un bébé est une merveille.

Puisse ces actes d’amour et de solidarité essaimer nos sociétés pour nous permettre d’espérer encore en l’Humanité

 


Pourquoi j’ai été Charlie?

Récemment, des vagues d’attentats ont lieu en Europe.

Plus tôt,  un drame – innommable –  est survenu en France. Au siège de Charlie Hebdo.

Internet et les réseaux sociaux se sont peuplés de « Charlie », nombreux, anonymes, et unanimes pour condamner cette barbarie.

Il s’est pourtant trouvé des personnes – au nom de la liberté d’expression- pour affirmer « Je ne suis pas Charlie » ou encore « Je suis les victimes de Boko Haram, Je suis les morts de Centrafrique, etc. »

Maintenant que quelques semaines l’ont recouvert de la brume du temps, daignons évoquer ce fait. Pourquoi j’ai été Charlie?

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Eh bien, Selon ces personnes, 12 morts n’auraient pas dû créer autant d’indignation alors que chaque jour des centaines et même des milliers d’autres périssent.

Ils ont raison : aucune mort n’est plus importante qu’une autre; aucune perte n’est plus affligeante qu’une autre.

Je partagerais d’ailleurs le même raisonnement si s’indigner pour 12 personnes signifiait qu’on en avait cure des autres. De plus, fallait-il attendre que la France lance le hashtag #jesuischarlie avant que ne surgissent de nulle part des formules semblables.

Les fiers Africains que nous revendiquons être ne pouvaient-ils pas plus tôt initier de telles formules et rallier le monde entier.

Aurait-on oublié le hashtag #BringbackOurGirls qui a été mondialement relayé sans que certains disent que ces filles l’avaient bien cherché, et qu’elles n’avaient pas à fréquenter des écoles proches des bivouacs d’Aboubakar Shekau et de ses hommes ?

 

Je reconnais aux uns et aux autres le droit d’avoir une indignation sélective et de ne s’émouvoir de la mort d’innocents que quand ils sont nombreux, seulement je doute de la justesse et de la justice d’un tel raisonnement.

Cordialement,


Bonne année 2015

Je me souviens avoir, il y a quelques mois, commencé mon premier article sur ce blog par ces mêmes mots. »Ça paraît tout bizarre de consacrer le premier post de ce blog à un pays autre que le mien« 

Ils sonnaient à la fois comme un regret, et comme une obligation.

De ces deux réalités, aucune n’est jamais agréable à vivre ; ou plutôt aucune ne l’est la plupart du temps.

Car pour une fois, ces regrets, cette obligation ne m’ont fait que du bien. J’éprouve le regret de n’avoir beaucoup plus de lecteurs.

Ceci signifie qu’il faudrait que je publie plus régulièrement, et des articles de meilleure qualité. Quoi de plus bénéfique que cette remise en cause salvatrice ?

Je me sens donc dans l’obligation de m’améliorer et de m’intéresser beaucoup plus à ce blog que, chers lecteurs, vous affectionnez tant. (c’est ce que je m’efforce de croire en tout cas.)

J’ai choisi de souhaiter la bonne année à la fin du mois de janvier, histoire d’en connaître quelque peu la saveur avant d’en parler.

Pour ma part, ce mois de janvier nous a juste rappelé que la nouvelle année n’est pas tellement plus qu’une date nouvelle inscrite sur nos calendriers.

Nouvelles attaques de Boko haram, Nouvelles attaques de l’état islamique, élections en Grèce, élections contestées… encore en Afrique …, Attentats de Charlie Hebdo, coupe d’Afrique de Football. Tous ces évènements nous démontrent que le monde est resté le même.

Ceci, cette année, nous a été rappelé assez brutalement par une succession de drames et de sinistres à travers le monde dès le début de l’année. Certainement pour que nous nous y habituions et que nous continuions de travailler à l’améliorer sans nous abandonner totalement ni au fatalisme, ni à la providence.

Quelques mots postés sur une page virtuelle parmi des milliers d’autres pages pourront-ils y  changer quelque chose ?

Je m’en réjouirais.

Mais déjà, si vous êtes simplement un lecteur accidentel de ces mots, je souhaite que cet heureux accident se reproduise souvent dans votre vie, et que vos commentaires viennent participer à améliorer ce que vous y lirez.

Bonne année 2015


Vélo: engins passés de mode?

Chez nous, tous aspirent à s’acheter une voiture. Se montrer au volant de sa propre voiture est un signe extérieur de réussite. La voiture est devenue une nécessité au regard des grandes contrées urbaines dans lesquelles nous vivons. Des moyens de déplacement individuels l’ayant précédé, il ne reste rien… ou presque rien.  Dans nos villes, les voitures sont plus une mode, dans nos villages, ce sont les motos. Cela est bien récent dans nos usages. Autrefois, c’était une fière monture que nos parents enfourchaient pour les conduire et pour leur tenir compagnie sur les routes, au gré de leurs aventures et de leurs batailles quotidiennes. Il se tissait une relation de complicité et de mutuelle prévenance entre l’homme et sa monture. L’un nourrissait l’autre. L’un portait l’autre et ils s’assistaient. Le vélo a le mieux remplacé le cheval. Il semble aujourd’hui passé de mode ; mais nous ne prenons pas le soin de remarquer qu’il n’en est rien. Il n’est pas rare de retrouver sur nos pistes champêtres un homme marchant aux côtés de son vélo, noble destrier qu’il tient par le guidon tandis que sa charge de bois ou de vivres repose sur le dos de sa monture.

Nous restons attachés au vélo...
Nous restons attachés au vélo…

Le fier vélo continue d’accompagner les hommes dans leur conquête du beau genre. Il galope d’un village à l’autre sous les coups de pédale de son maître, transporté par l’amour qui brûle en son cœur. Il portera ensuite sa dulcinée pour éviter que son pied ne heurte une pierre.

Nous restons attachés au vélo...
Nous restons attachés au vélo…

En ville, les vélos n’ont pas disparu non plus. Ils sont certes rares dans les rues mais ont investi les appartements et les salles de sport pour prendre soin de la santé physique des hommes. Pour ce qui est de nos enfants, les vélos entretiennent encore leurs rêves et la plupart d’entre eux rêvent encore d’un vélo à Noël. Le vélo leur assure l’admiration de leurs petits amis et leurs premiers galops maladroits, sous les yeux envieux de leurs amis, fait leur fierté.

...Les enfants aussi
…Les enfants aussi

Même si les chevaux ont disparu pour n’intéresser que certains nostalgiques et des amateurs d’équitation. Le vélo  s’est quant à lui mué pour entrer encore plus dans les vies. Engins passé de mode ? Les vélos ne sont même pas des engins: ce sont des compagnons, des amis et ils restent comme tous les amis, éternels.


Abidjan : Quand un magistrat se fait bagnard

Malick Habib Fall, la victime 24 Décembre 2014. Abidjan. C’est le réveillon de Noël.

Depuis plusieurs semaines déjà, la fièvre des fêtes de fin d’année s’est emparée des abidjanais. Ils sont connus pour leur goût immodéré pour les festivités. En église, dans les maquis et bars, en famille à la maison, peu importe l’endroit où ils ont choisi de fêter l’anniversaire du petit Jésus, Tous sont en joie. La ville est pleine de monde, d’effluves de parfums divers et d’alcools. C’est en cette nuit toute cousue de joie que se produit le drame. On ne l’apprend qu’au matin sur les réseaux sociaux.

Malick Habib Fall a été tué durant la nuit par un magistrat, monsieur KOUASSI Placide dans la commune de CoCody dans le quartier jouxtant le Lycée Technique d’Abidjan.

Comment ? Que s’est-il passé ?

  Des versions de « témoins » nous racontent qu’il aurait fait feu sur tout un groupe de jeunes avec son fusil de calibre 12.

Motif ? Ils se seraient interposés dans une querelle entre deux de ses enfants. Les réseaux sociaux s’emballent. Et tandis que la nouvelle se répand comme une traînée de poudre,  ledit magistrat, lui,  prend la poudre d’escampette.

Les sites d’informations locaux et internationaux relatent le drame. Le Secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’Extérieur, Souleymane Jules Diop juge nécessaire de faire une déclaration pour préciser que la victime n’est pas sénégalaise.

Les évènements se succèdent ; la famille porte plainte, les jeunes habitant le quartier mettent le feu à un véhicule appartenant au « magistrat-cowboy », et une pétition est mise en ligne pour réclamer son arrestation. La télévision nationale en parle.

Le magistrat est mis aux arrêts. Il plaiderait la légitime défense.

Selon fratmat.info, entendu, il aurait déclaré que revenant de l’Eglise, il aurait trouvé certains membres de sa famille pris à parti par des jeunes, il serait rentré chez lui chercher son fusil. Après un tir de sommation, les jeunes se seraient mis à le poursuivre, c’est alors qu’il aurait fait feu.

Mais la pétition est toujours en ligne et compte déjà plus de 1500 signatures.  Les signataires  demandent qu’il soit jugé et incarcéré. Chaque soir en attendant, les amis et aussi des inconnus émus par cette tragédie allument des cierges sur le lieu du drame en la mémoire de Malick.

Pour Malick Fall
Chaque soir, des cierges sont allumés en sa mémoire.

Mais au delà des pleurs et de la tristesse, il faut noter la naissance progressive d’une réelle société civile en Côte d’ivoire.

Quelques mois après l’affaire Awa FADIGA, cette jeune fille morte après une agression faute de soins au CHU de Cocody, c’est une autre intervention des internautes qui pousse les dirigeants à agir. Dans le même temps une mobilisation des internautes a permis de retrouver un chauffard qui avait pris la fuite après avoir mortellement heurté des piétons.

Bravo aux internautes ivoiriens, et bravo aux dirigeants ivoiriens qui savent les écouter.


La chasse aux esprits-électeurs

Lorsque le jeune Ange Messi Batiyé, 4 ans, quittait ce jour là, la maison de ses parents pour l’école, il a certainement reçu comme d’habitude un petit en-cas pour calmer la fringale de la mi-matinée, un bisou de Maman et Papa, a fait la promesse de bien se tenir et d’attendre sagement sa nounou qui passerait le chercher  à midi. La nounou aura peut-être eu quelque retard, l’enfant se sera laissé tenter par la curiosité, prenant ainsi la décision de se faire explorateur urbain dans cette commune de Marcory, à Abidjan.

Le jeune Messi, que ses parents, sans doute convaincus que porter le nom d’une personne vous fait porter ses qualités (et ses défauts : pure logique !) destinaient à un avenir glorieux sur les terrains de football à l’image de son non moins glorieux homonyme est introuvable. Ses parents sont affolés, en pleurs et courent les rues à sa recherche.

Toute cette histoire demeure une originale hypothèse…hormis la disparition du gosse.

Le 10 décembre dernier, une petite frimousse innocente apparaît sur les murs Facebook de nombreux ivoiriens. Voici le message qui accompagne cette photo :

Batiyé Ange Messi Perdu et...retrouvé.
Batiyé Ange Messi
Perdu et…retrouvé.

 

Batiyé Ange Messi, 4 ans, porté disparu depuis hier à Marcory, école Minime. Il était en kaki. Si vous avez ces informations pouvant aider à le retrouver, prière appeler *******

Par solidarité, les uns  et les autres relaient l’information. Quelques heures plus tard, l’enfant est retrouvé. Vivant.

Une chance pour cette famille car ce n’est pas toujours qu’on les retrouve en vie

Depuis quelques semaines, le phénomène s’installe dans nos cités.

Avant Messi, il y en a eu. Après lui aussi.

chaque jour, de nouvelles disparitions
chaque jour, de nouvelles disparitions

Chaque jour, l’on apprend de nouveaux rapts d’enfants. Marcory, Yopougon, Plateau, aucune commune ne semble y échapper.

La plupart du temps, on annonce quelques jours après avoir retrouvé leur corps sans vie, mutilé, défait d’un organe ou d’un membre.

Au départ, on aura accusé les brouteurs. On dit de ces jeunes gens qui ont fait de la cyber-arnaque leur métier, qu’ils « attachent » les blancs, c’est-à-dire qu’ils les envoutent. Et les envouteurs que sont nos marabouts et féticheurs exigeraient quelquefois des sacrifices aussi improbables que criminels : rapports sexuels incestueux, organes humains, ossements, etc.

Curieusement, ces histoires apparaissent alors que les prochaines élections ne sont plus très loin. Et les ivoiriens les plus versés dans l’art du raisonnement rapide ont vite fait de lier les deux faits. On raconte que les hommes politiques à l’approche des élections font des sacrifices humains pour s’assurer les faveurs des esprits. Chose peu raisonnable vu qu’il n’existe pas d’esprit-électeur.

Du reste, quelque chose doit être fait, en dehors de la solidarité citoyenne qui pousse les uns et les autres à publier des annonces sur les réseaux sociaux, par les personnes compétentes pour mettre fin à ce trafic.

Après avoir été accusé d’exploitation des enfants dans les plantations de cacao, la Côte d’Ivoire n’est certainement pas servie par ce nouveau phénomène qui ternit à nouveau son image.

En attendant que quelque chose soit fait, eh bien, inaugurons le nouveau pont d’Abidjan.

Photos (ASK)

 


Les nouvelles révolutions africaines

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Déjà, la bonne manière de le dire serait de dire que l’Afrique se socialise. Le continent ressemble de plus en plus aux autres, agit comme les autres, fonctionne comme les autres. On a connu les révolutions politiques et les immolations par le feu. Mais on connaît aussi la révolution numérique ! Chez les peuples, chez les politiques.

Alors qu’il y a une décennie, on s’extasiait devant un téléviseur à écran couleur, on parle aujourd’hui ordinateur, réseaux sociaux, code binaire, développement…

Les jeunes africains ont rendu sociable le continent et désormais, l’on compte dans le monde numérique avec l’Afrique. Mais ça, je crois qu’on le sait déjà!

La nouveauté, c’est que les politiques y sont à fond maintenant.

J’ai été invité la semaine dernière à ce que l’on a appelé ‘la présentation de la plateforme « Thespecialoneci »  à Abidjan.

Ce que j’y ai vu est, il faut le dire, surprenant.

En effet, des jeunes ivoiriens ont réalisé l’ambitieux projet d’appliquer chez eux un exemple africain du « Social pulpit » d’Obama.

En vue de promouvoir les actions du Président Ouattara, candidat à sa propre succession, ils ont conçu un plan marketing essentiellement basé dur le Web, où chaque individu peut s’engager de manière autonome.

tsp

Ils nous ont confié avoir lancé le projet à travers un teaser-quizz sur Facebook et Twitter avant d’ouvrir leur site aux visites. Le site www.thespecialoneci.com se veut une plateforme où chaque citoyen qui le souhaite pourra se porter volontaire en vue d’actions pour l’élection de leur candidat.

J’ai été bluffé, comme la plupart des invités par l’audace et l’ingéniosité d’un tel projet. Il s’agit d’une nouvelle révolution en Afrique où les campagnes électorales ont toujours été pensées en meetings populaires et distribution de T-shirts.

Cette idée innovante, qui est née pour servir aux élections  pourrait toutefois être réétudiée pour servir d’autres causes telles que le civisme, la lutte contre la pauvreté, etc.

Crédit photo: commons.wikimedia.org

thespecialoneci.com


Un étron pour la santé?

étron

Voilà une nouvelle aux senteurs bien … singulières…

Une banque de selles aux États-Unis récolte des selles pour en faire des gélules curatives.

Faire avaler ces gélules à base de  excréments matières fécales (ça fait plus propre) à des patients souffrant d’une pathologie dénommée « clostridium difficile« , les guérirait de leurs tendances diarrhéiques.

Le site du Journal Le Point rapporte que la banque de selles d’Open Biome recueille les selles, les traite et en fait des gélules, vendues aux hôpitaux.

Senon  Carolyn Edelstein, directrice des partenariats pour Open Biome, « Les selles d’un donneur en bonne santé sont transplantées dans le colon d’un malade, au moyen d’une coloscopie, d’un lavage intestinal ou d’une sonde nasogastrique. Ainsi, les bonnes bactéries présentes dans le colon du donneur repeuplent celui du malade, jusqu’à surclasser la bactérie clostridium difficile. »

De plus, les donneurs sont récompensés à hauteur de 40 dollars la séance de trente minutes.

Pour nous Ivoiriens, et je me laisse tenter à croire que c’est le cas pour tous les Africains, si nos déjections pouvaient sauver des vies, ce serait déjà une bonne nouvelle. En effet, des personnes se réjouiraient déjà que l’Afrique puisse en fournir autant.

Déjà qu’on ne sait pas quoi faire de nos ordures ménagères, on aurait trouvé là une solution à nos réseaux d’égouts inexistants.

Mais encore, on ne livrerait pas pour rien nos précieux étrons. Détrompez-vous, on les vendrait !

Et les pharmaciens pourraient se réjouir du nombre de laxatifs qu’ils écouleraient en si peu de temps Parce que tout le monde voudra se donner les chances de gagner plus.

On raconte même que pour les motiver, on les encourage à battre un record du plus gros caca. Si cela arrivait sous nos cieux, on devrait jouer à Cendrillon, histoire de retrouver celui qui se sera défait de son plus grand besoin dans une sombre venelle par une nuit sans lune.

Car des excréments chez nous, on en trouve autant dans les broussailles que dans les rues mal éclairées et les bords de lagune.

Désormais, quiconque s’abstiendra de tirer la chasse aura noblement contribué à chasser le clostridium difficile hors de l’espèce humaine

 

 

 

 


Astuce: comment utiliser un cadavre politique?

Que faire d'un cadavre politique

Ce titre pourrait choquer, pourrait fâcher même. Mais il y a peu, en écumant les publications récentes des mondoblogueurs, je suis tombé sur un article d’une amie camerounaise qui se plaignait de l’importance accordée aux obsèques futures de la mère de l’épouse de sa très haute excellence Paul Biya. Elle trouvait qu’on en parlait trop et que cela occultait malheureusement de plus grands problèmes nationaux.
À Abidjan, on n’a pas ce problème. On sait y faire avec  les morts de ce genre.

Cas pratique:
Dans la soirée du 15 octobre dernier,  la vénérable âme de la nonagénaire Gado Marguerite, génitrice de notre ex-président, son ex excellence Monsieur Laurent GBAGBO, s’envole vers le ciel. Les réseaux sociaux s’en emparent en premier et bientôt la nouvelle a fait le tour de la toile et du pays.

Mais au lieu d’occulter les problèmes du pays, cette mort ici n’a  que faire resurgir les problèmes du pays. Nommons les, ces problèmes puiqu’il s’agit de tensions politiques, de ressentiments… L’opposition monte immédiatement  au créneau et se désole de ce que la mère de Gbagbo ait été persécutée jusqu’à sa mort par le pouvoir; et que l’on refuse de livrer sa dépouille à la famille.
Le pouvoir en place, quant à lui, accuse ses adversaires de non assistance à personne en danger et impute la mort de la vieille et vénérable dame au refus de l’assistance médicale proposée à la famille pour le transfert de celle-ci dans son village.
Des deux côtés, nous n’avons que des victimes!

Les uns accusent les autres de persécution. Les autres accusent les uns de méchanceté et machiavélisme.
In fine, tout le monde y trouve son compte. C’est l’occasion de se faire de la pub gratuite. Accentuer le sentiment d’être persécuté chez les militants pour un groupe. Renforcer chez d’autres le sentiment d’être ceux qui ont raison afin de diaboliser l’adversaire.

Dans tous les cas, nul ne laissera passer cette occasion de marquer les esprits déjà disposés à croire béatement des militants. Que faire de la soi-disante sacralité de la mort? Rien à en battre! Pour le moment, il n’y a que la portée politique des actes et des évènements qui compte.

Assurément, en Côte d’Ivoire, nos hommes politiques savent parfaitement comment se servir d’un  cadavre politique.

Crédit photo: https://pixabay.com/


Abidjan  à moitié paralysé par les gbakas.

Gbaka
Un gbaka d’Abidjan et son apprenti en plein boulot

 

Depuis le dimanche 28 septembre, je suis terré à la maison. Effrayé non plus par des armes( le pays vit dans la paix), mais par l’effort physique.

Prétendu citadin bourgeois à l’embonpoint flagrant, je me déplace rarement à pied. J’ai de quoi ne pas prendre le bus ‘(trop bondé) mais pas assez pour le taxi. J’utilise alors les gbakas[1].

Mais les gbakas  sont en grève. Ils refusent de travailler.

La raison : un drame. Dans les gares à ciel ouvert où l’on emprunte les gbakas, se trouvent ceux que l’on nomme les syndicalistes. L’un d’entre eux aurait accidentellement causé la mort d’un apprenti de gbaka.

Les syndicalistes et les chauffeurs ne sont généralement pas en bons termes. Les premiers lèvent des taxes que les seconds sont obligés de payer  chaque fois qu’ils embarquent des clients au sein de la gare.

La rumeur raconte que l’apprenti aurait été  écrasé par une voiture, après avoir été éjecté  de son véhicule par des syndicalistes réclamant ladite taxe. Remontés, les chauffeurs de gbaka expriment leur mécontentement en refusant de travailler.

 

Quant à moi, j’attends sagement qu’ils se calment et reprennent le travail avant de sortir.

Je me laisserai difficilement convaincre par eux. Aller au petit trot d’une commune d’Abidjan à l’autre ? Je ne le ferai qu’avec des caméras et sous assistance médicale.

Cela m’évitera de craindre, comme le Capitaine Bobo avec Leslie Konda  qu’il n’y ait pas de caméra pour l’immortaliser quand j’accomplirai les mêmes exploits qu’Usain Bolt !

 

[1] Mini- car assurant le transport intercommunal. Le moins coûteux après le bus, c’est le principal moyen de transport de milliers d’abidjanais

Crédit photo: commons.wikimedia.org


Hommage à Hervé GOURDEL

hommage à  Hervé GOURDEL

Du haut des sommets rocheux

S’évapore une tendre ombre

 De la fumante coulée de feu

N’est né qu’un moment sombre.

Au nom d’un  hideux culte impie,

Des sacrificateurs, anges déchus,

Ont, comble de l’ignominie,

En ce jour, leur âme perdu.

Défenseurs improvisés de Dieu,

Meurtriers autoproclamés d’humains,

Nouveaux maîtres de l’Inquisition,

Qui donc proclame leurs autodafés ?

De la cime à l’abîme, ils ont plongé.

Ils ont précipité dans une horrible mort,

L’amant de l’aventure et des sommets.

De la cime à l’abîme, ils l’ont plongé.

Ils ont voulu l’arracher à sa montagne,

Dans ses bras, ils l’ont poussé.

Ils ont voulu le séparer de sa compagne

Ils les ont unis pour l’éternité.

La montagne a accueilli son grand-prêtre.

Hervé  vit désormais auprès de son maître.


Qui sont nos experts?

experts savants

Sètou et Konètou sont deux savants, experts en tout.  Ils discutent tout le temps. Nous profiterons de leurs connaissances en suivant certaines de leurs conversations.

Grandes lunettes cerclées d’or pour Sètou, et d’argent pour Konètou, tous deux portent des blouses blanches de savants. Le premier est grand, l’autre tout petit. Le premier est chauve et barbu, le second porte une tignasse sur sa tête mais pas un poil ne pousse sur son menton. Parfait contraire l’un de l’autre, ces deux amis savants ne sont jamais d’accord. Toujours en train de discuter, de se disputer, ils ne finissent par s’entendre que sur un fait : ils sont convaincus tous deux d’avoir une intelligence hors du commun.