Meem Shoomeatove

Florwing Ogé embrasse la littérature

Le monde de la littérature en Haiti se prépare pour un évènement majeur: Livre en folie. Comme son nom l’indique l’évènement est une grande foire où le livre est à l’honneur.  Au cours cette manifestation  qui , cette année compte sa 22ème édition, on retrouvera une jeune et nouvel auteur du nom de Florwing Ogé. Pour les lecteurs à l’affût de nouveautés, elle apporte à cet méli-mélo joyeux de livres neufs un titre rafraîchissant : « Avoir un rêve » son premier livre, qui sera en vente-signature les 26 et 27 Mai prochain à Livres en folie . Beau Parloir donne la parole à l’auteure.
florwing oge
Florwing Ogé, l’auteure du roman  » Avoir un rêve »
1-Qui es-tu Florwing Ogé?
Je suis une jeune fille qui est née le 23 juin 1994 à port au Prince. Cadette d’ une famille de 4 enfants. j’ai fait des études à new American school, j’ai aussi commencé une carrière en diplomatie au CEDI. Je suis actrice, chanteuse,danseuse,bloggeuse et écrivaine.
2- Cela te fait quoi de savoir que tu publies ton premier livre?
Le fait de publier mon tout premier livre sur lequel je travaillais  depuis 2011 me rend vraiment heureuse. Je suis très excitée.  Non seulement parce que c’est mon premier livre, mais aussi parce que Je n’ai jamais lâché prise malgré les opinions negatives, Je gardais toujours de l’espoir et voilà aujourd’hui ma victoire.
3-Pourrais-tu me raconter comment t’es venue l’idée d’écrire un livre?
  L’ idée d’écrire m’est venue des rêves que Je voulais réaliser, des projets que j’avais,des moments que j’ ai vécu. Je me disais pourquoi ne pas les écrire afin de faire passer mes frustrations, de partager des idées réconfortantes à ceux qui en ont besoin? Tout ceci c’est pour vous dire que c’est à travers mes souffrances,mes humiliations,ma force, mon leadership, ma vie que l’idée m’est venue.
4- Avoir un rêve, le titre de ton roman, Peux tu éclairer mes lecteurs sur le contenu de cet ouvrage?
  « Avoir un rêve » c’est le titre idéal que j’ai trouvé parmi les titres que J’avais. Ce titre parle d’une fille orpheline qui savait ce qu’elle voulait de la vie mais, les moments difficiles qui prenaient place sur son chemin étaient tellement pénible qu’elle ne savait plus quoi faire. Malgré tout ces problèmes ,elle était forte et se servait de ses défis comme source de motivation pour réussir. Elle disait toujours aimer ce que vous rêviez avoir,croyez que vous l’avez déjà et un jour vous l’aurez. En dire plus c’est déjà la faillite « LMAO » Il faut que les gens viennent pour la signature comme ça ils sauront si ce rêve est devenu réalité ou un échec.
5-As-tu déjà eu un journal intime, des carnets où tu relevais des citations, des pensées, etc. ?
 heu oui, j » ai eu un carnet mais parmi toutes les citations Il y en une qui m’est gravée à l’esprit et qui a fait de moi ce que suis aujourd’hui. C’est une citation de Edgar Allen Poe qui dit  » Fair is foul ,foul is fair ».
Florwing Ogé
Florwing Ogé
6-Faisais-tu lire ce que tu écrivais? Si oui, à qui? Quels avis récoltais tu?
 6- j’ai mon blog sur WordPress, un blog sur lequel Je partage toujours mes pensées depuis 6 mois je crois et quand Je les écris, Je les partage . Je récolte beaucoup d’amour car il y a des personnes étrangers quand Je dis étrangers, Je ne parles pas des Haïtiens qui vivent à l’étranger mais des gens qui ne savent même pas le nom de mon pays qui m’écrivent pour me féliciter pour ce que Je fais parce que Je parle avec franchise. Et il y en a qui m’adressent personnellement quand Je ne poste rien. Tout ça me donne la force de continuer parce que grace à mes partages beaucoup de gens apprennent.
7-Cela t’as pris combien de temps pour écrire ce livre?
 Comme Je l’ avais mentionné ce livre m’a prit 5 ans.
8-Tu as écris ce livre pour une raison précise? Voulais tu prouver quelque chose en particulier?
 Oui , il y  a des personnes qui pensent qu’ils ne peuvent jamais arriver au sommet s’ils ne trouvent pas un dieu ou un idiot. Le message de ce livre prouve le contraire, il nous demande de savoir ce qu’ on veut, quel rêve qu’on a? Apres avoir su, il’s’agit de savoir  comment va t- on le réaliser? Il y a toujours deux routes, une route longue,pénible,qui demande beaucoup de sacrifices et une route courte sans dignité,remplie de mauvais mœurs etc… Laquelle allons nous choisir? Et comment peut-on réaliser nos rêves avec de la patience. De nos jours, beaucoup de nos jeunes ne veulent pas souffrir. Ils sont prêts à tout pourquoi? Le plus souvent c’est pour  de la niaiserie,les choses futiles.
9-Est-ce une carrière d’écrivain qui est lancée? Tu as d’autres livres en préparation?
 Je peux dire oui que c’est une carrière d’écrivain qui commence parce que Je suis ce que Je suis aujourd’hui grace à ma volonté,mes objectifs, mon audace et le fait d’avoir la volonté d’ajouter sur ce que les gens qui étaient là ont déjà fait. Oui j’ai par exemple l’importance de la femme que j’ai commencé depuis 2013,  Baiser noir en 2015 .
10-Que penses tu apporter de nouveau dans la littérature?
  Je souhaite apporter ce qui manquait dans la littérature par exemple , on te parle de quelque chose on te donne une histoire on te dit comment ça a commencé, comment elle a prit fin mais jamais les routes ,les risques , jamais les règles, ni les conseils c’est toujours des petites histoires qui ont une fin heureuses ,des paraboles. En ce moment surtout en Haïti, on a besoin de la franchise, on a besoin des preuves si nos ancêtres avaient rédigé tout ce qu’ ils avaient vécu nous n’aurions jamais plusieurs histoires…des petites dans de grandes.
Page blanche…
Je tiens à te remercier Shoomeatove pour ce fameux cadeau qui est l’opportunité de m’exprimer, de partager avec les autres. Tout le monde à un rêve mais comment le réaliser? La réponse est aussi simple c’est avant tout la volonté ,le sacrifice, la patience et comme on dit souvent ici  » yon jou lap jou » c’est ce que je veux laisser comme message.
« Kwè nan tèt ou se sèl mwayen kew kafè lòt moun retrouve yo nan ou, pa kite okenn moun desann ou toujou rete pozitif »
Écrivez un message…
 


NOTRE PREMIÈRE RENCONTRE!

“Chaque usage a sa raison. ”  – Montaigne. Je prends cette citation comme prétexte pour lancer mon blog. Ce texte est la raison pour laquelle je suis devenue Blogueuse chez Mondoblog. Il m’a ouvert la porte de cette plateforme que j’admirais de loin, il était une fois. Parce que oui, maintenant je suis en plein dedans. Et je dois l’animer de mes pensées, de mes écrits , de mes paroles.

Après tout, le propre d’un  » Beau Parloir  »…Parler!

Photo/Pic/By/me
Credit photo : MeemShoomeatove

1996.L’âge de l’innocence. Cela fait 20 ans depuis notre première rencontre.

J’aimerais passer mon chemin et laisser en veilleuse cette histoire, mais mon naturel bavard veut à tout prix que je vous la raconte. C’est vrai que j’aime parler. Cela procure en moi une émotion inexplicable.  J’ai dû de très souvent répondre à mes amis, à leur question:  »  à quand le bouquin?   » que de bouquin je n’en ferai pas, parce que je ne sais pas écrire.

Moi, je parle. Je communique. Il faut absolument que je raconte ma bulle. Un écrivain, un poète…d’après moi cherche à séduire par les mots. il est celui qui peut faire rêver avec une phrase, voir ne jamais se réveiller avec toute une strophe.Le poète fournit de l’éclat, du merveilleux aux mots quotidiennement utilisés, l’écrivain sonde les émotions et même les sentiments. Les âmes n’ont aucun secret pour lui. Je ne suis rien de tous ces génies. Quand j’écris, je ne fais que parler, c’est toute ma quête en tenant ma plume ou tapant sur le clavier: Parler.

1990-1996. Mes plus jeunes âges. j’éprouvais déjà ce besoin de raconter. Que peut bien raconter une fillette de 7 à 12 ans, à l’époque où elle n’avait pas encore internet et le téléphone portable?

Moi, je réclamais déjà un auditoire. J’aspirais déjà à être suivie.  Je racontais mes lectures de oui-oui, Martine, Alice,Club des cinq , fantômette …Je racontais mes longues journées à Calas en compagnie de mon grand-père, je résumais L’École des fans de dimanche dernier, à des camarades qui l’ont aussi bien regardé que moi, Je racontais mes rêves de voyages à l’étranger, dont New York, avant d’apprendre que l’étranger ne se résumait pas qu’à la grosse pomme, je racontais des mensonges, des histoires montées de toutes pièces à l’improviste pour amuser les yeux étonnants qui consommaient mes dires, des histoires de giraumons qui parlent dans la cuisine de ma mère, de serpents aperçus à Jacquin, petit bourg qui a vu la naissance de mon père, je racontais n’importe quoi pourvu que je parle.

2006-2016. L’âge de l’indépendance. Mes années liberté. Liberté de la parole. Avec ou sans les mots. Libre de tout dire. J’ai orienté mes études, mes activités, ma vie, de façon à ce que je ne m’arrête jamais de parler. de dire les choses, de décrire les situations, de camper le décor. Le désir de raconter est devenu plus intense, plus pressant. Tous les moyens sont bons. Radios, blogs, clubs oratoires, photographies…

Que peut bien raconter une femme de 21 à 32 ans, à une époque où tellement de voix parlent en même temps?

Dans mon sac à parole des temps modernes, je parle pour raconter ma vie. La vie des autres. Des choses entendues, des choses vues, des choses ressenties. Il faut juste que je m’exprime. Dans mon sac à parole des temps  modernes, je traîne des bouts de paroles sur l’injustice faites sur  l’humain, sur la misère du corps, les déboires de l’âme. Je transporte des morceaux de furie, des pans de dégoûts, des lambeaux de cœurs. Je parle aussi des aléas joyeux, des intermèdes de délices, ces éclairs de bonheurs . je rapporte l’univers et les étoiles dans mon sac à paroles des temps modernes.

Ce qui différencie la fillette de 12 ans de la femme de 32 ans, c’est l’attachement à l’auditoire. Petite, je parlais pour devenir intéressante. Je prenais plaisir à raconter pour me plonger dans ces regards admiratifs qui m’entouraient. A 9, 11, 12 ans, je cherchais inconsciemment  l’extase en donnant ma parole aux autres. De nos jours, je suis toujours attachée à l’auditoire certes, mais pas pour les mêmes raisons. Je veux surtout lui être proche. Lui raconter mes vécus, mes angoisses et mes envies par exemple, mes échecs et mes déceptions, lui montrer mes pas de danse et les fleurs de mon jardin… Je veux être son amie. Pouvoir être sa voix, comprendre,raconter les choses qu’il pensent, les choses qu’il vit. Je veux être utile pour lui, Je veux opiner et prendre partie . Apaiser, aider et rendre heureux. Je veux offrir la beauté des mots du monde par mes simples paroles. Parler de nos jours me donne carrément la sensation d’être la servante des autres, d’être leur âme sœur.

1996.Retour dans le temps. le temps de cette premiere rencontre. Peut-être que ça devait sonner amusant, l’assistance a ri. Un rire bas, refoulé. Un rire que je n’ai pas pris plaisir à entendre. J’ai toujours aimé les éclats de rires. Ces rires vivants qui secouent les seins des grandes personnes. J’ai dû avancer le long de l’allée, ma toge trop longue balayant le tapis rouge, trop fière pour laisser perler ces gouttes qui piquent le coin de l’œil. J’ai regardé droit devant, je n’ai pas souri comme je rêvais de le faire, en saluant de mes mains des deux cotés, je me suis entraîné à tort dans le couloir qui conduit du balcon  à la salle à manger, je n’ai pas eu le privilège de présenter mon petit numéro surprise, qui devait ravir la salle et rendre fiers mes parents. Ce jour là, de ma cérémonie de graduation de l’école primaire, j’ai fait ma PREMIÈRE RENCONTRE avec LA HONTE , en écoutant la lecture de mon palmarès et la phrase finale : Bavarde beaucoup en classe!

Ma honte alors fut de courte durée. C’est vrai que la blague a fait son chemin, j’étais la seule à être reprochée dans ma promotion.Tout un événement alors!  Pourtant, je connaissais des élèves pas intelligents,des élèves brigands, des élèves pas polis…on n’a fait aucune mention de ces comportements. En prenant la pose, avec mes cadeaux, les parents et l’équipe de l’école, pour la photo souvenir, une idée bouillonnait dans ma tête. Mais je ne parle jamais seule? Pourquoi on ne cite pas la même phrase pour mes camarades qui bavardaient avec moi? Je me suis sentie rebelle tout à coup, Une rebelle âgée  de 12 ans. J’ai vite compris que les gens pouvaient être méchants dans la vraie vie, pas seulement dans les bouquins. J’ai vite compris que l’enseignant qui avait écrit cette phrase à la fin de mon palmarès, ne supportait pas mon caractère de fillette qui n’a pas froid aux yeux. J’ai compris que j’étais unique, la seule sur une quantité à bavarder beaucoup en classe. J’ai décidé de sourire pour la pour la photo et pour moi. Mon sourire souillait ma honte au point de la nettoyer, l’effacer.

2016.L’âge de la raison. Les grands l’admettent. On a toujours besoin d’un plus petit que soi. Je puise souvent chez cette petite fille de 12 ans que j’étais, l’énergie de ne pas renoncer, de me battre pour faire valoir mes opinions, mes idées. Souvent, je n’ai pas baissé les bras pour lui faire honneur. Je refuse de laisser mon entourage toucher ma fierté, en voulant l’abattre par des propos négatifs et infondés. La Honte aujourd’hui, entre elle et moi, il n’y a pas de grandes relations si elle se montre par rapport à ce que d’autres veulent me faire croire de moi. 32 ans, je n’ai pas vécue toute une vie, mais j’ai vécue une de ces vies! Et, pour rien au monde je ne m’arrêterai de parler, de raconter, de bavarder.