Warda

Y-a d’la quetsche !

Une des spécificités du droit local d’Alsace-Moselle, c’est l’autorisation pour qui possède un verger de distiller sa production soi-même, pour sa consommation personnelle. Je vous propose un documentaire sonore pour en savoir plus sur l’art du schnaps.




Les mots sont des fruits mûrs

Je lis L’Odeur du café, donc, et soudain, j’arrive à cette scène nocturne de ramassage de mangues clandestin. J’associe mangues et mots. Mangues. Mots. Mangues. Mots.


La tentation du journal filmé

Du son, puisque déjà la radio ; et de l’image, parce que les mots manquent. Comment rassembler image et son, quand on ne fait pas encore de cinéma ?


Itinéraire de chercheuse : Maboula Soumahouro

[AUDIO] Maboula Soumahouro est chercheuse, et l’histoire pourrait s’arrêter là. Elle est aussi française, musulmane, et une femme noire. Le regard des autres sur la femme noire qu’elle est, et l’enfant et adolescente noire qu’elle fut en France métropolitaine, la font réfléchir sur l’identité noire.


La CAN 2019 vue de Tours, en France

Il faut bien avouer que je ne suis pas une passionnée de foot, et que je ne regarde jamais les matchs à la télévision. Et pourtant, j’ai suivi la finale de la CAN à Tours…

De toutes façons, je suis suffisamment snob pour n’avoir pas même de télévision chez moi. Je dois confesser qu’une fois, il y a bien longtemps, je me suis laissée aller à assister à un match de la Berri’, la Berrichonne de Châteauroux, dans l’Indre, à une époque où je travaillais à Preuilly-sur-Claise en Indre-et-Loire, et où mon cœur était à Tournon-Saint-Martin (Indre). J’avais peu regardé la pelouse, et j’avais surtout observé et écouté les supporters, avec une fascination certaine : ils roulaient les ‘r’ comme le mari de ma nourrice, qui venait de « Château’l’oux »

Plus tard, au cours d’une expédition à la Bibliothèque municipale de Tours, j’étais tombée sur l’excellente bande dessinée Un Maillot pour l’Algérie, et je me suis dit qu’il ne fallait rien méconnaître ni mépriser pour tenter de comprendre un peu le monde.

Je suivais de loin la CAN à travers les posts des Mondoblogueurs. Must read : MondoCAN 2019.

J’apprends l’existence d’une guinguette informelle qui diffuse la finale

Je réalise en ce moment une série d’interviews sur un quartier de la ville de Tours appelé le Sanitas, que certains pourraient qualifier de « populaire ». En discutant, j’apprends l’existence d’une guinguette informelle (à Tours, la guinguette « officielle », c’est un bar à ciel ouvert, au bord de la Loire, en centre-ville, qui brasse énormément de monde, touristes, étudiants, etc.) en plein cœur du quartier, où le match final de la CAN sera diffusé en plein air pour les habitants. Curieuse, je me dis que je dois absolument y faire un tour vendredi 19.

Jeudi 18, je trouve dans ma boîte mail un « communiqué de presse sur le dispositif de stationnement et de circulation mis en place par la Ville de Tours en raison de la finale de la Coupe d’Afrique des Nations. »

La ville se montre prévoyante. En effet, des cas de rodéo et de supporters indélicats ont été rapportés ces jours derniers. On a même entendu parler de Tours dans le flash infos de la matinale de France Culture pour « l’affaire du drapeau ».

« L’affaire du drapeau » – Capture d’écran CNews

J’en parle aux personnes croisées au Sanitas au fil des interviews. Ils se gaussent. « Les rodéos, ici, c’est tout le temps ! Toute l’année, foot ou pas ! Mais personne en parle jamais, et personne ne fait rien ! » Bon…

Vendredi arrive. Dilemme. Il y a aussi l’excellent Orchestre des Jeunes du Centre qui se produit à l’Hôtel de Ville de Tours, et j’avais prévu d’y aller bien avant d’avoir vent de la guinguette spontanée du Sanitas. J’irais donc au concert, et à la faveur de l’entracte qui devrait tomber au moment de la mi-temps, je m’éclipserai discrètement.

Entracte : je file vers le match

Hôtel de ville de Tours. Salle comble. Discours introductif du chef d’orchestre : il s’excuse auprès du public, car pour des raisons de sécurité et de finale de la CAN, le concert devra être écourté. Clameur scandalisée, huées. « C’est une honte ! », s’exclame ma voisine, accompagnant sa colère d’un mouvement d’éventail. Je me sens gênée un instant, comme si l’intention d’aller assister à la deuxième mi-temps, du côté des fauteurs de trouble potentiels, qui lèsent sans vergogne les amoureux de la musique, à cause de leurs basses lubies, faisait de moi une traîtresse, et qu’il fallait à tout prix taire cette vile intention. Je retiens mon souffle. Je jette un œil à ma voisine. « Ah, non, mais vraiment, hein ! », me dit-elle, en s’éventant à petits mouvements rapides et agacés. Ouf, « ça » ne se voit donc pas sur ma figure.

En pleine extase musicale, ma montre darde sa grande aiguille vers le 45 fatal, une notification RFI allume mon portable à travers mon totebag en coton bio équitable. La mi-temps. Je m’éclipse donc avec la discrétion permise par un trousseau de clefs qui choit d’une poche sur le parquet. Direction le Sanitas. Je passe le rideau policier à vélo. Rien. J’arrive dans le quartier. Rien. Je finis par trouver la guinguette bis. Au centre des immeubles, sur la place, une camionnette avec un écran géant, autour duquel des habitants, hommes et femmes, jeunes et vieux, regardent le match assis sur des chaises de jardin. De part et d’autre de l’écran, deux drapeaux : un drapeau algérien, un drapeau sénégalais, et sur un carton : « Que le meilleur gagne ».

Je discute avec des habitants. Cette guinguette bis existe-là tout l’été, pas seulement pour le match, et je peux revenir quand je veux. Oui, depuis des années. Les habitants ? Oh, mais ils viennent, tous ! Il y a des gens pour l’Algérie, des gens de tous les pays d’Afrique, ici, des blancs aussi. Tout le monde peut venir. Les policiers ? Oui, ils passent toujours voir si tout va bien, s’il n’y a pas de « bêtise ». Miracle, certains connaissent Mondoblog. Je ferai bientôt un montage avec les paroles enregistrées. Voici venir l’Oncle, celui qui organise cette guinguette. On me propose une chaise, un coca. Je me dis que, quand même, il doit bien y avoir des voisins qui ne goûtent guère ces retrouvailles estivales de plein air.

On m’apprend aussi que l’ancien maire de Tours, Jean Germain – « paix à son âme » – serait déjà passé ici assister à un match.

La guinguette du Sanitas. CP : Warda

Fin du match. Une clameur de joie semble tourbillonner sur les façades, de balcon en balcon, au dessus de la place. Les Fennecs ont gagné. Aux fenêtres, les supporters de l’équipe d’Algérie laissent éclater leur joie, ils brandissent fièrement le drapeau algérien. Quelques feux d’artifice sont tirés d’un balcon. A la guinguette, on plie bagage. L’Oncle rassemble les fauteuils en plastique ; certains s’attardent quand même, et se demandent quel genre de vendus sont les arbitres.

Je vais vers mon vélo, qui m’a attendu sagement appuyé sur une poubelle. Je fais un tour dans le quartier. Des voitures qui klaxonnent, des scooters, des drapeaux partout. « On a gagné ! » Un jeune homme, en joie, me dit « On est fiers ! Il faut être fiers ! Oublie pas ça : il faut être fiers ! » Je lui rends son sourire.

Certains scandent « 1, 2, 3 ! Viva l’Algérie ! ».

Les choses sont bien plus simples que ce qu’elles paraissent

Je roule vers la place Jean Jaurès. Sur le chemin, des familles, des petits enfants, des femmes, des drapeaux algériens. Sur la place, des jeunes femmes avec une cape en drapeau algérien font des selfies. Les mamans voilées donnent la main aux petits qui regardent les plus grands danser, chanter en musique. Je reste un peu.

Soudain, je vois plein d’ados courir vers le centre de la place. La musique s’éteint. Tout le monde retient son souffle. Un jeune sur un quad traverse la place à bonne allure, puis disparaît. La musique reprend, les drapeaux s’agitent à nouveau. Je me dis qu’il est temps de rentrer.

Le lendemain matin, le quotidien local La Nouvelle République ne fait état d’aucun trouble majeur.

Je ne suis suis pas devenue passionnée de football en un soir ; cependant je crois que cette expérience m’a permis de croiser, en un espace-temps très réduit, des personnes aux histoires, aux aspirations, aux centres d’intérêts très différents, qui se méconnaissent, qui se craignent peut-être. J’ai eu autant de plaisir à partager le délicieux concert de l’Orchestre des Jeunes du Centre avec mes voisins de chaise que le match avec des habitants du quartier Sanitas, que la joie des supporters de l’équipe d’Algérie. Pourtant, je ne viens pas du Sanitas, je ne suis pas Algérienne, ni d’origine algérienne, ni musicienne classique ou amatrice éclairée. Je n’ai rien fait d’extraordinaire. J’ai juste pris mon vélo pour aller d’un point à l’autre, sans me poser de question.

Pourquoi tout semble parfois si complexe ?


La CAN, vue de Tours

Il faut bien avouer que je ne suis pas une passionnée de foot, et que je ne regarde jamais les matchs à la télévision. Et pourtant, j’ai suivi la finale de la CAN…

De toutes façons, je suis suffisamment snob pour n’avoir pas même de télévision chez moi. Je dois confesser qu’une fois, il y a bien longtemps, je me suis laissée aller à assister en vivant à un match de la Berri’ , la Berrichonne de Chateauroux (36), à une époque où je travaillais à Preuilly-sur-Claise (37), et où mon cœur était à Tournon-Saint-Martin (36). J’avais peu regardé la pelouse, et j’avais surtout observé et écouté les supporters, avec une fascination certaine : ils roulaient les ‘r’ comme le mari de ma nourrice, qui venait de « Chateau’l’oux »

Plus tard, au cours d’une expédition à la Bibliothèque Municipale de Tours, j’étais tombée sur l’excellente bande dessinée Un Maillot pour l’Algérie, et je me suis dit qu’il ne fallait rien méconnaître ni mépriser pour tenter de comprendre un peu le monde.

Je suivais de loin la CAN à travers les posts des Mondoblogueurs. Must read : MondoCAN 2019.

Je réalise en ce moment une série d’interviews sur un quartier de la ville de Tours appelé le Sanitas. En discutant, j’apprends l’existence d’une guinguette informelle (à Tours, la guinguette « officielle », c’est un bar à ciel ouvert, au bord de la Loire, en centre-ville, qui brasse énormément de monde, touristes, étudiants, etc.) en plein cœur du quartier, où le match final de la CAN sera diffusé en plein air pour les habitants. Curieuse, je me dis que je dois absolument y faire un tour vendredi 19.

 

Jeudi 18, je trouve dans ma boîte mail un « communiqué de presse sur le dispositif de stationnement et de circulation mis en place par la Ville de Tours en raison de la finale de la Coupe d’Afrique des Nations. »

Ville de Tours – Coupe d’Afrique des Nations de football

La ville se montre prévoyante. En effet, des cas de rodéo et de supporters indélicats ont été rapportés ces jours derniers. On a même entendu parler de Tours dans le flash infos de la matinale de France Culture pour « l’affaire du drapeau »

 

J’en parle aux personnes croisées au Sanitas au fil des interviews. Ils se gaussent. « Les rodéos, ici, c’est tout le temps ! Toute l’année, foot ou pas ! Mais personne en parle jamais, et personne ne fait rien ! » Bon…

Vendredi arrive. Dilemme. Il y a aussi l’excellent Orchestre des Jeunes du Centre qui se produit à l’Hôtel de Ville de Tours, et j’avais prévu d’y aller bien avant d’avoir vent de la guinguette spontanée du Sanitas. J’irais donc au concert, et à la faveur de l’entracte qui devrait tomber au moment de la mi-temps, je m’éclipserai discrètement.

Hôtel de ville de Tours. Salle comble. Discours introductif du chef d’orchestre : il s’excuse auprès du public, car pour des raisons de sécurité et de finale de la CAN, le concert devra être écourté. Clameur scandalisée, huées. « C’est une honte ! », s’exclame ma voisine, accompagnant sa colère d’un mouvement d’éventail. Je me sens gênée un instant, comme si l’intention d’aller assister à la deuxième mi-temps, du côté des fauteurs de trouble potentiels, qui lèsent sans vergogne les amoureux de la musique, à cause de leurs basses lubies, faisait de moi une traîtresse, et qu’il fallait à tout prix taire cette vile intention. Je retiens mon souffle. Je jette un œil à ma voisine. « Ah, non, mais vraiment, hein ! », me dit-elle, en s’éventant à petits mouvements rapides et agacés. Ouf, « ça » ne se voit donc pas sur ma figure.

En pleine extase musicale, ma montre darde sa grande aiguille vers le 45 fatal, une notification Rfi allume mon portable à travers mon totebag en coton bio équitable. La mi-temps. Je m’éclipse donc avec la discrétion permise par un trousseau de clefs qui choit d’une poche sur le parquet. Direction le Sanitas. Je passe le rideau policier à vélo. Rien. J’arrive dans le quartier. Rien. Je finis par trouver la guinguette bis. Au centre des immeubles, sur la place, une camionnette avec un écran géant, autour duquel des habitants, hommes et femmes, jeunes et vieux, regardent le match assis sur des chaises de jardin. De part et d’autre de l’écran, deux drapeaux : un drapeau algérien, un drapeau sénégalais, et sur un carton : « Que le meilleur gagne ».

 

Je discute avec des habitants. Cette guinguette bis existe-là tout l’été, pas seulement pour le match, et je peux revenir quand je veux. Oui, depuis des années. Les habitants ? Oh, mais ils viennent, tous ! Il y a des gens pour l’Algérie, des gens de tous les pays d’Afrique, ici, des blancs aussi. Tout le monde peut venir. Les policiers ? Oui, ils passent toujours voir si tout va bien, s’il n’y a pas de « bêtise ». Miracle, certains connaissent Mondoblog Rfi. Je ferai bientôt un montage avec les paroles enregistrées. Voici venir l’Oncle, celui qui organise cette guinguette. On me propose une chaise, un coca. Je me dis que, quand même, il doit bien y avoir des voisins qui ne goûtent guère ces retrouvailles estivales de plein air.

On m’apprend aussi que l’ancien maire de Tours, Jean Germain – « paix à son âme » – serait déjà passé ici assister à un match.

Fin du match. Une clameur de joie semble tourbillonner sur les façades, de balcon en balcon, au dessus de la place. Les Fennecs ont gagné. Aux fenêtres, les supporters de l’équipe d’Algérie laissent éclater leur joie, ils brandissent fièrement le drapeau algérien. Quelques feux d’artifice sont tirés d’un balcon. A la guinguette, on plie bagage. L’Oncle rassemble les fauteuils en plastique ; certains s’attardent quand même, et se demandent quel genre de vendus sont les arbitres.

Je vais vers mon vélo, qui m’a attendu sagement appuyé sur une poubelle. Je fais un tour dans le quartier. Des voitures qui klaxonnent, des scooters, des drapeaux partout. « On a gagné ! » Un jeune homme, en joie, me dit « On est fiers ! Il faut être fiers ! Oublie pas ça : il faut être fiers ! » Je lui rends son sourire.

Certains scandent « 1, 2, 3 ! Viva l’Algérie ! »

Je roule vers la place Jean Jaurès. Sur le chemin, des familles, des petits enfants, des femmes, des drapeaux algériens. Sur la place, des jeunes femmes avec une cape en drapeau algérien font des selfies. Les mamans voilées donnent la main aux petits qui regardent les plus grands danser, chanter en musique. Je reste un peu.

Soudain, je vois plein d’ados courir vers le centre de la place. La musique s’éteint. Tout le monde retient son souffle. Un jeune sur un quad traverse la place à bonne allure, puis disparaît. La musique reprend, les drapeaux s’agitent à nouveau. Je me dis qu’il est temps de rentrer.

Le lendemain matin, le quotidien local La Nouvelle République ne fait état d’aucun trouble majeur.

Je ne suis suis pas devenue passionnée de football en un soir ; cependant je crois que cette expérience m’a permis de croiser, en un espace-temps très réduit, des personnes aux histoires, aux aspirations, aux centres d’intérêts très différents, qui se méconnaissent, qui se craignent peut-être. J’ai eu autant de plaisir à partager le délicieux concert de l’Orchestre des Jeunes du Centre avec mes voisins de chaise, que le match avec des habitants du quartier Sanitas, que la joie des supporters de l’équipe d’Algérie. Pourtant, je ne viens pas du Sanitas, je ne suis pas Algérienne, ni d’origine algérienne, ni musicienne classique ou amatrice éclairée. Je n’ai rien fait d’extraordinaire. J’ai juste pris mon vélo pour aller d’un point à l’autre, sans me poser de question.

Pourquoi tout semble parfois si complexe ?


T’as quel âge ?

À moins d’être médecin ou dans l’administration, à quoi sert vraiment de poser cette question ?

Cette question, ça fait des années qu’on me la pose régulièrement, à tout propos, et que ça m’agace.

Longtemps je me suis couchée de bonne heure, en pensant, vexée, à l’attitude des adultes qui m’avaient traitée comme si j’étais idiote, m’avaient parlé comme à une attardée, au seul motif que j’avais un âge qui, de leur point de vue, autorisait ce comportement. Je me suis retrouvée au club enfant à faire des collages de plumes, alors que je voulais faire l’atelier slam avec les ados. Mais je n’avais pas « l’âge ». Je louchais sur les copains de mon grand-frère, qui se demandaient ce que voulait cette gamine à l’œil torve. Je me suis retrouvée abonnée à un club rose bonbon pour fillettes, alors que je voulais plutôt être abonnée à Sciences&vie junior ou Infos Junior.

Un certain nombre de mes amis a entre dix et quarante ans de plus que moi. Pour certains, je « traîne avec des vieux », qui d’ailleurs seraient étonnés ou vexés d’être qualifiés de la sorte. À mesure que je suis devenue moi-même adulte, ou vieille, selon le point de vue, l’allusion perfide à l’âge de mes amis, qui ont « l’âge d’être mes (grands) parents » se mue en allusion à mon horloge biologique. A ne traîner qu’avec des « vieux » – et d’ailleurs, c’est faux, j’ai aussi des amis plus jeunes – je ne risque pas de faire des « rencontres », et que si je ne veux pas finir vieille-fille, il faudrait quand même que j’y mette un peu du mien… Malheureusement, les trucs de « jeunes » genre Tinder me mettent très mal à l’aise, j’y suis aussi – voire encore plus – gauche qu’en vivant, incapable de faire de moi un produit attractif qui se trouverait en tête de gondole des clics. Tant pis pour ma descendance, je suis née trop tard dans un monde trop vieux. Ou jeune. Je ne sais plus.


Ajout : je vous sais friands de ce genre d’anecdotes, plus que de mes analyses d’œuvres ou autres – « Tu réfléchis trop… » – Je partage donc mon expérience sur cette application. J’ai eu un compte pendant 48 heures, avec un faux nom, une fausse photo, la honte et la peur au ventre, j’ai parlé à trois photos. Bilan : le nouveau confrère de mon ex, une connaissance de mon ex, et le troisième, je veux bien manger du tofu nature, photo à l’appui, à tous les repas pendant une semaine s’il met à exécution sa menace de m’inviter à boire un café. (Il ne l’a pas fait)


Ajout 2 : Un ami m’a dit que je réagissais comme une vieille bourgeoise coincée. Ça m’a fait très peur. Du coup, je me suis refait un profil sur cette application, avec ma vraie photo. Ça ne mord pas très fort. Même encore moins. J’ai cité Dante, on m’a répondu que si c’était une plaisanterie, elle était de mauvais goût. Allez comprendre…


Ajout 3 : un ami a reformulé ma phrase d’accroche. On a fait du thé, le temps que ça morde. Puis on l’a bu, un excellent thé noir au bleuet. Il a dit que c’était peut-être la photo. Avec son compte, il m’a montré les photos que mettaient les filles. Oui, c’était peut-être la photo.


Ajout 4 : un ami m’a dit que je devrais peut-être m’habiller plus « décontract’ « , sportswear chic. Parce que je ferais moins impressionnante. Il m’a fait essayer sa veste Le Coq Sportif beige collector des années 70, avec un keffieh. Je crois que le beige ne me va pas au teint. Il dit aussi que quand ce n’est pas du tout cuit, les mecs se sauvent en courant. Je me demande bien ce qui est sensé être tout cuit. J’ai pensé faire une blague oiseuse, mais c’était du genre facile.


Ajout 5 : une amie pense que je suis suffisamment belle et intelligente pour me passer de cette appli. C’est flatteur. Et secrètement, je l‘espère le pense aussi.


Ajout 6 : pour résumer, moins d’intellect, moins de tissu, plus de maquillage, des slims, des pulls moulants, des décolletés. Pas de doute possible, c’est le conseil d’un ami très hétéro.


Ajout 7 : un ami me dit que le problème c’est mon âge. Les jeunes mecs adorent les « vieilles », et que le problème, c’est que je suis beaucoup trop jeune. Je devrais me rajouter des ans. J’en ai ajouté 4. Je pense que je n’en ai pas rajouté assez. Je suis contactée seulement par des types qui ont vingt ans de plus. 


Ajout 8 : cette affaire devient un vrai travail d’équipe, un challenge marketing, comme dans une école de commerce.


Ajout 9 : C’est fou, quand je vois les types inscrits là-dessus, j’ai l’impression d’être rue Colbert. Je me demande comment ça se passe, si ils sont tous au même pub au même moment, à la limite dans le bar en face du pub, et qu’il y a une jolie blonde qui se connecte, mais une seule… Ben, comme dans la vraie vie, ils vont tous loucher dessus. C’est vraiment c.. cette application.


Ajout 10 : le doute. Et si en fait c’était une plateforme où les artistes locaux mettaient leur book ?


Ajout 11 : mais pourquoi autant de photos de motos, de chat, de footing ? Y en a pas un seul qui lit des bouquins ou qui fait la cuisine ?


Ajout 12 : une amie me fait observer que si, j’ai plusieurs « likes » mais il faut donner des sous pour voir qui c’est. Donner des sous ? Non mais lol !


Bilan : après 3 semaines d’utilisation, je n’ai fait aucune rencontre en vivant, j’ai donné 3 fois mon numéro à des hommes qui semblaient intéressants, et intéressés, n’ai reçu aucun appel. Un type a cessé de m’écrire quand il a su que c’était moi. Les autres cherchaient quelque chose « sans prise de tête » pour garnir leur lit un soir de solitude. Bilan médiocre, s’il en est. Deux solutions s’offrent à moi : devenir riche ou faire de la politique.


Bilan 2 : « Je ne suis pas sûr d’être assez intelligent pour toi. » Vous ne pouvez pas le voir, mais je hurle intérieurement. Et je trouve cette phrase adorable.


Bilan 3 : je supprime définitivement le compte. Malgré tous leurs efforts, mes amis ne m’auront pas convaincue de l’utilité de cette application. Je suis vieux jeu, romantique, prête à chanter sous le balcon de mon beau, et ça me plait bien.


Et puis cette obsession de l’âge, comme le rappellent si élégamment les Yann Moix, c’est aussi synonyme de date de péremption. J’aurais longtemps été « trop jeune » pour prendre la parole, pour réfléchir, pour comprendre, pour avoir des responsabilités ; je serai déjà bientôt « trop vieille » pour être séduisante… N’ayant plus 20 ans, pourtant encore loin des quarante, je devrais déjà me résoudre à ne plus attirer l’attention des hommes, ou à me contenter de ceux qui, faute d’une plus jeune, et donc plus jolie, se rabattraient sur le fruit un peu blet que je suis sensée être. Moi, je me trouve très bien comme je suis. Mais c’est vrai qu’on ne me demandait pas mon avis.

Cependant, je suis encore « beaucoup trop jeune » pour être une cougar. Zut, alors, vraiment. Mais patience, patience. Plus que 15-20 ans à attendre, et je serai mûre à point pour cette nouvelle étiquette.

Je me désole que plus personne n’écrive de lettres manuscrites, j’écris des mails beaucoup trop longs, avec des tournures de phrase de « vieux », et au téléphone, j’ai une voix de gamine. Souvent, les gens qui m’ont d’abord lue me pensaient plus vieille que je ne le suis. Et posent la question fatidique.

Et toi ? Tu pèses combien ? Tu mesures combien ? Tu chausses du combien ? Tu gagnes combien ? Tu as eu combien en philo au bac ? Quelle est ta taille de gant ? Ton numéro de sécu ? Ton numéro de sociétaire ? Ton numéro allocataire ? De plaque d’immatriculation ? D’écrou ? Tu as combien d’amygdales ? De dents ? Tu as fait combien d’années d’études ? Tu as combien de diplômes ? Combien de frères et sœurs ? Quel est ton tour de tête ? De hanche ? Tu as combien sur ton livret A ? Tu payes combien de loyer ? D’impôts sur le revenu ? Combien de jours depuis tes dernières règles ? Il te reste combien de CA à poser ?

Et ta sœur ?

J’ai l’âge de mes rêves, c’est la réponse qui me semble la plus juste.


On connait la chanson !

Ah, les chansons chantées virilement par les scouts ou les militaires, où il est bien souvent question de drôlesses à tripoter, d’être vaillant, et d’étriper l’ennemi pour soutenir l’honneur du drapeau…

Cependant, si l’on se penche sur certaines de ces chansons, on peut en faire une toute autre lecture, et plus à l’avantage des femmes. Évidemment, cette lecture n’engage que moi, et ne saurait se substituer à une étude historique approfondie.
Le premier extrait que je vous propose met à mal l’idéal de virilité que l’on propose à notre imaginaire, lorsqu’il s’agit d’une compagnie masculine. L’homosexualité est latente, et n’est pas sans rappeler le Billy Budd, Sailor, oeuvre posthume de Herman Melville, dans laquelle il est question d’un jeune et beau gabier de misaine, aimé de tous, Billy Budd, qui a pour seul défaut de bégayer. Il sera donc incapable de se défendre face aux accusations de mutineries du capitaine d’armes du navire, jaloux de sa popularité et troublé par son charme, devant le capitaine du navire, lui-même très sensible à son charme.

Écoutons une chanson de marins, “Chantons pour passer le temps”.

Ici, il est question d’une femme, ou plutôt d’une adolescente de 15 ans, qui se travestit en homme, pour échapper au mariage, et d’un homme qui s’éprend d’un jeune homme à la grâce féminine, au motif qu’il ressemblerait à sa promise. Heureusement, tout finit bien pour la décence, le beau jeune homme s’avère être la promise, qui épouse avec joie le capitaine.

J’aimerais à présent dire un mot de la chanson « Joli Tambour », devenue souvent dans le répertoire enfantin « Trois jeunes Tambours ».

Chanson militaire du XVIIIe siècle, originaire de Bretagne, de Normandie ou du Poitou. Dans cette chanson, il est question – encore – d’un fort beau et gracieux jeune homme, qui tient dans sa bouche une rose. Et d’une princesse pour le moins hardie, puisqu’elle la lui réclame. Or, un esprit un peu mal vissé aura noté que, dans les vieilles chansons françaises, ce sont rarement les jeunes hommes qui “donnent leur rose”, mais plutôt les jeunes filles… Ainsi, dans la chanson étudiante « Boire un petit coup » : “Non, non Firmin tu n’auras pas ma rose, non, non Firmin, tu n’auras rien, monsieur le curé a défendu la chose…” Donc, soit la princesse a quelques lacunes en anatomie masculine, soit elle a repéré que le jeune homme est en fait… une jeune femme habillée en tambour. Allez savoir, nous n’y étions pas, après tout…

 

Cette chanson comporte un nombre certain de couplets, et s’il est question du roi d’Angleterre, il y est aussi fait mention de la reine de Hongrie, c’est-à-dire Marie-Thérèse de Habsbourg, Impératrice du Saint-Empire romain germanique, Reine de Bohême, et mère de Marie-Antoinette. Marie-Thérèse de Hasbourg était d’ailleurs appelée roi de Hongrie…

Voilà, tout ça pour ça. Au XXIe siècle, la question de savoir si une femme peut être un matelot, un tambour ou un roi au même titre qu’un homme n’est toujours pas tranchée. Si on parle maintenant de pédégères, d’auteures et compagnie, il est toujours bien difficile de ne pas être regardée comme “masculine”, “hors norme” voire “anormale” pour les rares femmes qui arrivent à des postes de pouvoir ou qui entrent dans l’armée. Et, si elles n’ont ni père ni mari pour les empêcher d’avancer, on attribuera souvent leur mérite à l’un de ces derniers, ou à une quelconque histoire de cul.


Terre d’asile ?

Migrant, il y a encore quelques années, ça ne voulait rien dire. Aujourd’hui, en France, cela désigne à peu près les « personnes à la rue non françaises ».

Il y a ceux qui s’en foutent, et qui pensent qu’ils n’avaient qu’à rester chez eux, plutôt que de se plaindre après d’avoir faim et froid en France.

Il y a ceux qui ont honte, en considérant que la France est l’une des plus grande puissances économiques du monde, de laisser des gens dehors, « migrants » ou non.

Il y a ceux qui trouvent honteux qu’il y ait des gens à la rue, mais qu’on devrait commencer par aider les Français dans ce cas, et voir pour les autres après.

Il y a ceux qui veulent bien qu’ « on » leur vienne en aide, pourvu que ça ne leur coûte pas un sou.

Il y a ceux qui voudraient aider, mais ne savent pas comment.

Et puis il y a les enjeux électoraux.

 

Tours le 17 novembre 2018, lors de la manifestation des « gilets jaunes » – crédit : Eric Rambeau

 

Dans ce reportage, vous entendrez des voix de Tours, de personnes qui ont choisi de s’investir bénévolement auprès des personnes à la rue. Vos entendrez également Dany Cohen, avocat à Marseille, et qui défend les Roms expulsés.

 

Le Dahu – SQUAT


L’homme est-il bon et généreux ?

Vaste question. J’ai voulu lutter contre mon penchant naturel, qui me pousse à croire que non.

Je me suis donc inscrite dans un groupe Facebook appelé // Parallèle TOURS //


// Parallèle Tours // est un groupe LOCAL dont le but est de valoriser le REEMPLOI et la MUTUALISATION de biens entre PARTICULIERS plutôt que l’achat de produits neufs. C’est un réseau de gens qui ne se connaissent pas forcément mais qui peuvent être intéressés par : _ DONNER _ PRETER _ SE RENDRE DES SERVICES Et ceci, GRATUITEMENT. Un marché parallèle, donc, qui nous permet de lancer simplement une annonce parce qu’on a un frigo qui déborde de nourriture 2 jours avant de partir en vacances, un fauteuil dont on ne veut plus mais qui pourrait servir à quelqu’un d’autre ou encore parce qu’on a besoin d’une perceuse pour 10min ou d’un fond de peinture sans avoir l’utilité d’un pot entier que l’on irait acheter dans un magasin. CHAQUE NOUVEAU MEMBRE SE DOIT DE LIRE LE REGLEMENT AVANT DE POSTER SUR LE GROUPE. Le réglement (aussi appelé Charte) est le message un peu plus bas.. Le concept // Parallèle // est un concept OPEN SOURCE : chacun est libre de créer un groupe // Parallèle // pour une localité, sans même devoir préciser que le 1er groupe a vu le jour à Nantes. Longue vie aux groupes // Parallèle //, à l’entraide et au réemploi


Gratuité, entraide, décroissance, voilà qui s’annonçait bien pour reprogrammer mon cerveau cynique. Un doute, cependant. Il est question de « frigo qui déborde de nourriture avant de partir en vacances ». Mon frigo ne déborde jamais de nourriture, et je n’ai pas les moyens de partir en vacances. Par ailleurs, il me semble qu’il faut être bien mal organisé pour avoir un frigo qui déborde de nourriture alors qu’on doit partir en vacances, mais soit. « Un fauteuil dont on ne veut plus » : je n’ai encore jamais eu le plaisir de posséder un fauteuil; est-ce une condition pour entrer dans le groupe ? Y a-t-il un taux d’ameublement minimum requis ? Je n’ai pas non plus de perceuse… Et puis – Aaaargh ! – le mot « concept »… Il me semble déjà que ce groupe, dans sa philosophie généreuse, ne s’adresse pas aux gens les plus pauvres, mais à ceux qui ont des biens matériels, au moins un peu. C’est donc du troc entre personnes d’un même groupe social.

Le groupe existe depuis deux ans, compte plus de 2000 membres : prometteur !
Je m’inscris donc dans le groupe.

Surprise, dès que quelqu’un publie quelque chose en DON, la publication est prise d’assaut, une vraie course contre la montre pour récupérer des objets gratuits. Comme si certains guettaient avidement les posts. Pour une étagère IKEA, quelqu’un qui arrive après la bataille commente « Il faut être rapide pour ces objets-là ! 🙂  » Tout va bien, c’est comme pour les soldes, la braderie, les offres spéciales de Nutella : « Premier arrivé, premier servi ».

Il y en a d’autres qui oublient allègrement qu’on ne vend pas sur ce groupe, et proposent à vendre des objets à ceux qui en CHERCHEnt. Et ceux qui « CHERCHE en don ou à petit prix » et ont bien du mal eux-mêmes à se défaire de l’argent.

Il y a celle qui trouve pas cool que les 6 tonnelles aient été raflées discrètement par la même personne, alors qu’ils étaient 5 intéressés, et qu’ils auraient pu partager.

Il y a ceux qui proposent vraiment des « escoubilles », qui mériteraient la poubelle. Et – ouf ! – ceux qui proposent des objets en bon état, la lavande de leur jardin.

Il y a aussi les peut-être un peu radins qui publient une liste au Père Noël, avec tout ce qu’ils préféreraient ne pas acheter.

Il y a ceux qui – le réel peut être tellement adhésif – rappellent sans cesse que le campement de mineurs non accompagnés à besoin de vivres, de vêtements, de matelas, de couvertures.

Et puis une série de photos, objets multiples, vêtements, aliments, petits meubles sur le trottoir, et le commentaire « les affaires d’une ancienne locataire, c’est à tel endroit, premier arrivé, premier servi ». Puis chacun y va de son petit commentaire, smileys compris, c’est à qui se sauvera des fauteuils de bar, des fringues, des épices, une étagère, des bouquins. Je me sens mal face à cette nuée de rapaces, et je pose – avant de quitter le groupe – la question qui me taraude : « mais il lui est arrivé quoi, à la meuf ? » Est-elle morte ? Hospitalisée ? Partie au bout du monde ? En prison ? Ses affaires ont-elles été mises sur le trottoir par le propriétaire pour cause de loyer impayé ? Ne vient-elle pas les chercher ? Où est-elle ? Vit-elle ? A-t-elle besoin d’aide ? Personne ne répond à ma question, mais on dirait que la foire d’empoigne cesse.

Je quitte le groupe, en me disant que même quand il essaie d’être bon et généreux, l’homme reste avide et égoïste. Le pire étant que cela me concerne surement aussi. Et j’espère secrètement pouvoir être prochainement détrompée.


L’élève Mouldawa

Je me suis déjà étendue sur le collège et le lycée; il semblait tout naturel, ayant retrouvé des cahiers d’époque, de faire un billet sur l’expérience de l’école primaire.

Quand on sait le nombre d’enfants qui rêvent d’aller à l’école, qui se battent – surtout les filles – pour y aller, j’ai presque honte d’admettre… que je me suis souvent ennuyée. Je crois aussi qu’il faut être ambitieux pour les enfants, et leur proposer des exercices qui ont du sens, et des textes d’auteurs, plutôt qu’un galimatias de phrases idiotes où maman fait la vaisselle…


CE2 – Du fond de la classe


Come on baby, and rescue me!

Résistance passive aux consignes imbéciles.

« Travail de cochon » ^^

Poésie surréaliste

Je ne vous le fais pas dire…

Nul, probablement.


Alors, hein, c’est bien la peine de me casser les pieds!

Pause musicale



CM1 – Epiphanie


Parfois, un enseignant qui apporte de vraies nourritures intellectuelles…

Et qui voit dans certains élèves, un journaliste…

… un auteur, pourquoi pas…

 

Molière : une respiration…

La poésie rend les enfants vivants.

Pause musicale



CM2 – Pressentiment


Précision insolente.

Absence de goût manifeste pour la campagne.

Tendance à privilégier le fond sur la forme.

En l’absence de lumière, une plante dépérit…


Josian et le Front de Libération de l’Art Modeste

Rencontre avec un artiste modeste de la Pointe Courte de Sète, Josian Izoird. Suite aux réclamations de certains riverains, son installation d’objets de récupération en tous genres a été déblayée par les services municipaux. C’est là qu’intervient le Front de Libération de l’Art Modeste…


Vous avez dit « art modeste » ?


Faites un rêve avec Chomo

En 2016, le Château de Tours, Indre-et-Loire, proposait l’exposition « Faites un rêve avec Chomo », consacrée à l’oeuvre de Roger Chomeaux, disparu en 1999. Il avait vécu près de 40 ans en ermite dans la forêt de Fontainebleau, sur une parcelle acquise par sa femme.

A partir de matériaux glanés aux alentours, il avait construit de ses mains un village appelé « Village d’Art Préludien ». Dans le Royaume de Chomo, il y a trois bâtiments de belle  taille : le Sanctuaire des Bois Brûlés, l’Eglise des Pauvres, et le Refuge, faits de bois, de verre, de plastique et de tôle.

CHOMO, expo à TOURS de décembre 2015 à février 2016 from Marc ROHNER – Artprems on Vimeo.

Étonnant, hors normes, art brut, art singulier : autant de mots qui se lisent pour qualifier le travail de Chomo en forêt de Fontainebleau. C’est l’Association des amis de Chomo qui veille désormais sur son oeuvre.

 

En toute modestie

En fait d’art singulier, il est difficile de ne pas citer le MIAM, le Musée International des Arts Modestes de Sète, fondé en 2000 par deux artistes, Hervé di Rosa et Bernard Belluc.


 Le terme d’art modeste a été créé pour nommer ce qui est oublié, marginal (commercial ou sauvage), occulté, périphérique de la création. Ces objets et ces pratiques forment un territoire sans centre, aux frontières élastiques. On peut étendre le terme d’art modeste au théâtre (marionnette, burlesque), au cinéma (amateur, underground, pornographiques), à la littérature (romans de gare, de science-fiction), à chacun d’inventer son art modeste.

Il n’y a pas d’artistes de l’art modeste, il n’y a que des collectionneurs. L’art modeste rassemble les sensibilités de gens très différents (artistes contemporains, artistes amateurs, artisans…).

Hervé di Rosa, cité sur le site du MIAM


Art pointu


Or, il se trouve qu’à Sète,  quartier de la Pointe Courte, il y a le cabanon de Josian Izoird. Si Chomo était diplômé d’une école d’art, Josian, lui, est un ancien pêcheur. Et depuis de nombreuses années, pour le plaisir ou le déplaisir, selon, des riverains, il collectionne les objets mis au rebut, pour en faire des installations, dans son cabanon mais aussi un peu à côté…

Josian Izoird dans son cabanon – photo : Warda

En janvier, suite à une plainte de riverains, l’installation a été évacuée par les services municipaux. Ce sont opposés ceux qui trouvaient normal d’évacuer un tas d’immondices, et ceux qui s’insurgaient de voir une oeuvre d’art démolie.

Voici deux articles du Midi Libre, et leurs savoureux commentaires, qui montrent combien la notion d’ « art » est fluctuante, et que certains ignorent encore qu’il y a des bidonvilles en France.

Le Midi Libre – 12/01/2018 – Sète : à la Pointe Courte, un « nettoyage » qui passe mal

C’est à ce moment-là que s’est crée le Front de Libération de l’Art Modeste, en soutien à ce petit musée d’art brut, et à Josian Izoird. Exposition photos, concert, fête le 1er mai, tous les moyens sont bons pour apporter son soutien.

Le Midi Libre – 02/05/2018 – Sète : chichois autour du cabanon de Josian à Pointe Courte

 

Sète à dire ? 

Pascal Larderet, Compagnie Cacahuète, instigateur du Front de Libération de l’Art Modeste explique et raconte.

Josian Izoird, Pointu, artiste modeste, parle de son oeuvre aux visiteurs curieux.


A la découverte de la Pointe Courte

Connaissez-vous la ville de Sète, dans l’Hérault, à flanc de Méditerranée et d’Étang de Thau ? Et plus précisément, connaissez-vous le quartier de La Pointe Courte, qui d’après ses anciens pêcheurs, fut longtemps l’un des plus beaux et le plus vivant des quartiers de la ville ?

A la Pointe Courte, on pêche – on n’ose encore écrire « pêchait » – dans l’Étang de Thau. C’est de toute importance, par rapport aux « étrangers de l’intérieur », aux Sétois, qui eux pêchent en mer.

Photo de couverture : Warda

Cinéma, cinéma !
En 1955, Agnès Varda y tourne un film, La Pointe Courte. Si les dialogues du couple sont assez ennuyeux, on peut parler de chef-d’oeuvre visuel, et ce film donne à voir la vie des habitants de la Pointe Courte, hommes, femmes, enfants et chats.

La Pointe Courte – Agnès Varda: Of cats and lovers from Charls Chap on Vimeo.


La Pointe Courte – photo : Warda

C’est où ?
Veuillez considérer la petite excroissance indiquée par une flèche rouge, derrière la gare de Sète.


Archives en images


1962 – Sur l’étang de Thau, on pêche l’anguille. Deux reportages tournés à Mèze, sur l’autre rive de l’étang, face à Sète.

1967 – Sur l’Etang de Thau, on vit au rythme de la nature. Et il y a la saison de la daurade.

1968 – L’étang de Thau, c’est aussi le pays des conchyliculteurs : huîtres et moules.

1986 – Sur l’Etang de Thau, on pêche les palourdes en barque, à la boîte et à l’arseillère, un filet-râteau au très long manche, avec lequel on racle les fonds.

1990 – Georges Brel, fier Pointu, émet quelques doutes sur la pérennité des activités de pêche sur l’étang de Thau


La fin d’une culture ?


Me promenant à la Pointe Courte, j’ai croisé le chemin de Georges Brel, que l’on voit dans la dernière vidéo proposée ci-dessus. Il occupe ses journées à faire des petits filets de pêche décoratifs pour les restaurants et les touristes.
J’ai croisé également Josian Izoird, ancien pêcheur à l’arseillère, qui va de sa petite démonstration pour les touristes curieux qui passent le saluer dans son cabanon.
Ils racontent tous les deux avec plaisir la Pointe Courte, la vie dure et les fêtes.

Josian Izoird avec son arsillère – photo : Warda

J’ai croisé enfin Pascal Larderet, sétois depuis 18 ans, à la tête de la Compagnie Cacahuète. Lui, ce qui l’inquiète, c’est la montée de l’extrême droite à Sète. Il en veut pour preuve la déferlante de commentaires racistes qu’a entraîné l’annonce de Jean-Claude Gayssot, président du port Sud de France, d’un possible accueil du navire humanitaire L’Aquarius au port de Sète.

Voici donc, pour le plaisir de vos oreilles, un reportage à la Pointe Courte :


L’Astragale, lieu collectif et militant à Sète

Les vacances d’été ont souvent raison des mobilisations citoyennes qui, si elles reprennent « à la rentrée » avec mollesse, ne retrouvent leur vigueur que le Printemps venu. L’élan de phusis gouverne la Nature comme la contestation, semble-t-il. Certains irréductibles cependant croient que la misère et l’injustice se combattent sur le terrain et au quotidien. Ainsi, à Sète, plusieurs collectifs de militants ont ouvert un local : l’Astragale.

Où suis-je ? Où vais-je ?

L’Astragale – ouvert en janvier 2018  – n’a rien d’un squat, au sens très négatif que l’on donne parfois à ce mot, et qui regroupe pourtant des réalités très différentes. Le lieu est propre et accueillant, on y trouve une bibliothèque bien fournie, avec des ouvrages en Sciences Humaines, des magazines, des ouvrages militants de plusieurs obédiences. Il y a un bar avec des consommations à prix réduits, et une cuisine équipée, dont les adhérents viennent de terminer les travaux. Et même, il y a un règlement intérieur, qui précise entre autres que la consommation d’alcool doit être mesurée, pour que le lieu soit agréable pour tous, y compris les enfants; et que cigarettes et produits illicites doivent être consommés hors du local pour en assurer sa pérennité. Voilà déjà qui peut aller à l’encontre de certains clichés qui pourraient exister sur un lieu qui s’affirme anti-capitaliste. On lit « cadre légal » et « partage » : l’Astragale ne serait donc pas un repaire de pirates sans foi ni lois, ni d’individus obtus fermés à toute discussion…

Photos de l’article : Warda


Principes et fonctionnement de l’Astragale

Politique

Pourquoi ce nom ? Cet os du pied serait resté connu des seuls spécialistes, sans le roman d’Albertine Sarrasin racontant son évasion de prison, au cours de laquelle elle se fracture cet os en sautant de ses hauts murs. Ce nom ‘ASTRAGALE’ devient alors synonyme de révolte, de cavale, de planque, d’éphémère liberté.

Principes du lieu : Ce lieu est un outil pour l’auto-organisation des luttes des résistances et des solidarités contre l’exploitation et toutes formes de dominations : capitalisme, racisme, sexisme, homophobie…

Un lieu de convivialité, pour se rencontrer, s’informer, s’autoformer, se donner la force d’abattre ce monde et de construire collectivement notre émancipation.

Pratique

Un collectif d’organisation : les membres sont les personnes ayant fondé le lieu et des personnes cooptées. Elles gèrent le lieu et sont garantes des principes énoncés.

La buvette : loin de vouloir se financer sur nos ivresses, la buvette reste une source de financement non négligeable. Nous souhaitons cependant que la consommation d’alcool reste adaptée aux lieux et aux différents moments (accueil d’enfants par exemple) et dans le respect de tous et toutes. Pour toute consommation, un adhésion individuelle annuelle de 2€ est nécessaire (cadre légal). Personne ne sera servie sans quelle soit en sa possession.

Etre informer, participer, proposer : pour être informé, une liste mail existe (s’inscrire au bar). Toutes personne peut participer à nos événements dans le respect de nos principes, des personnes et du lieu. Pour proposer des actions, veuillez nous joindre par mail (local2lutte@netcourrier.net) ou venir lors de nos permanences le jeudi soir de 17h à 22h.

Un lieu gratuit et indépendant, autofinancer par les adhésions, les souscriptions solidaires et la buvette. Pour nous soutenir, des caisses sont à votre disposition selon vos moyens.

Usage de produits illicites et de cigarettes doivent impérativement être consommés hors du lieu pour garantir sa pérennité.

Les comportements allant à l’encontre de nos principes, par leur récurrence et/ou leur violence, pour justifier d’une restriction d’accès au lieu.

Tous et toutes Bienvenues !

La solidarité est notre arme !


L’Astragale est également un lieu culturel, avec une programmation mensuelle relayée dans l’agenda culturel de Midi Libre. Musique, cinéma, activités pour les enfants, conférences, cours de Français Langue Étrangère, discussions, cantine dominicale, vente de livres, fanzine…

Programmation du mois d’août

L’ASTRAGALE
PROGRAMME DU MOIS D’AOUT

L’Astragale poursuit l’aventure !

Grâce à vos dons, nous pouvons faire les travaux dans la cuisine et revoir l’électricité

Grand merci

A celles et ceux qui nous ont soutenus financièrement par le biais d’HelloAsso et de dons personnels.

A toi Farida qui nous a donné 10 exemplaires de ton livre : « Merde in France », à vendre à prix libre, pour financer les travaux.
A vous qui êtes venus participer aux travaux.
Nous ré-ouvrons les portes du local lors de la permanence du jeudi 9 aout avec une visite guidée de la nouvelle cuisine et … des prises électriques !

Nous espérons faire connaissance ou vous retrouver tout au long du mois d’Aout pour continuer à partager concerts, cantines, films et discussions qui s’inscrivent tous dans la lutte anti-capitaliste et le développement de solidarités sociales.

Bel été à chacune et chacun.


Programmation du mois d’août

LES RENDEZ-VOUS REGULIERS DE L’ASTRAGALE
PERMANENCE CHAQUE JEUDI A PARTIR DE 17H

Pensez à votre carte d’adhérent

Envie de feuilleter un bouquin, jeter un oeil aux revues, fanzines ou journaux révolutionnaires ? Prendre un thé, un café ou une petite bière à la buvette ? Jouer aux cartes, aux dominos, vous affaler dans un canapé après votre journée de taf ? Nous parler d’un événement ou d’un atelier que vous souhaitez organiser ? C’est l’occasion ! La permanence est faite pour cela !


L’Astragale est aussi un lieu solidaire et militant, ouvert aux personnes en difficultés et isolées, qui peuvent venir discuter, faire un jeu de société, lire, chercher des conseils et des informations, un soutien. C’est un lieu où peuvent se réunir les membres de collectifs qui sont à jour de leur cotisation (2€).

Affiches anti CRA sur les murs de l’Astragale

Article Midi Libre – 12/06/2018 – Sète : mobilisation pour les retenus du centre de rétention administrative

Affiches anti CRA sur les murs de l’Astragale

Dites-moi tout !

Véronique nous parle de l’Astragale.


« Abendstille » en Normandie

Face à la mer, surplombant l’une des cinq plages du Débarquement du 6 juin 1944, en Normandie, un groupe d’amateurs de poésie – allemands, français et belges – se réunit.

Sur le thème du silence, chacun a apporté des textes, dans sa langue maternelle ou dans ses langues d’adoption. Chacun lit à son tour, ils construisent ensemble le sens, corrigent un mot, une prononciation… On découvre des auteurs, des subtilités de lexique. On voyage d’une langue à l’autre, d’une culture à l’autre.

Un événement qui pourrait sembler anecdotique, et pourtant, il était impensable il y a 70 ans.

Voici l’enregistrement de cette réunion, diffusé sur Radio Campus Tours.

 

Helge, qui accueille chez elle ces soirées poésie, explique que l’idée lui est venue en écoutant à la radio un reportage sur un cercle d’hommes, au Maghreb, qui se réunissait pour lire de la poésie. Je suis convaincue que la culture et imaginer une culture commune est la meilleure façon de maintenir la paix, plus que n’importe quel accord commercial fondé sur un rapport de concurrence. J’espère réunir bientôt chez moi des amis pour lire des textes en français et autres langues.


Festival Terres du son – Behind the scenes

Voici l’un des plus gros festival de musiques actuelles en Indre-et-Loire, région Centre, France. On y trouve des artistes à la renommée internationale – Amadou et Mariam, Calypso Rose… – nationale – Juliette Armanet – et des groupes émergents locaux – Le Carré, hip-hop. Le Capsul Collectif, jazz. On y trouve aussi des centaines de personnes, professionnels ou bénévoles, indispensables et invisibles. C’est à eux que je me suis intéressée, avec Sonia Samuelson, photographe.

Les interviews réalisées à cette occasion sont à l’écoute sur le site du festival Terres du son. Cela permet de découvrir en filigrane des aspects méconnus du festival, et d’entendre la voix de ceux que vous n’entendrez pas sur scène.  Ces interviews ont également été diffusées pendant les émissions en direct du festival, et après le festival sur Radio Campus Tours, dans la quotidienne.

Pour écouter les interviews sur le site du festival, c’est ici :


Et si vous voulez rencontrer les artistes programmés, rendez-vous sur le site de la radio, Radio Campus Tours, pour écouter les interviews réalisées par l’équipe Radio Campus Tours et Radio Campus Orléans.