meschak25



Hôpitaux publics d’Abidjan, le grand n’importe quoi !

 

Dans la nuit du samedi 4 au dimanche 5 juin 2016, un jeune homme d’une trentaine d’années, employé dans une entreprise de la place, qui répond au nom de Harouna Demi est sauvagement agressé à Abobo, autour de 3heures du matin, sur le tronçon situé entre l’ancien cinéma Etoile, pour ceux qui connaissent bien Abobo, devenu aujourd’hui un supermarché, et l’escadron de gendarmerie de Gagnoa-gare, un quartier de cette commune.

Tailladé à la machette, l’infortuné est touché à la tête, au cou et à la main gauche. Et il saigne abondamment. Conduit immédiatement à l’hôpital général d’Abobo, par une bonne volonté qui l’a découvert en sang sur la chaussée, l’agressé va y vivre un véritable calvaire. Dès qu’ils (lui et son bienfaiteur) arrivent sur les lieux, alors qu’il est en train de se vider de son sang, la première question que le personnel soignant qui est de garde cette nuit-là lui pose est choquante : « Vous avez de l’argent ? ». «Je n’ai que 7000», répond le bienfaiteur, Harouna ayant été lui dépouillé de tous ses biens : porte-monnaie, téléphone portable…

La suite de l’histoire est davantage écœurante. Les employés de cet hôpital se détournent du malade, certains se mettant à manipuler leurs téléphones portables, quand d’autres s’occupent autrement. Entre-temps, le blessé continue de saigner, le tee-shirt et le jeans qu’il portait sont rouges vifs de sang. L’agressé fait appeler, par son sauveur, l’un de ses grands frères, pour l’informer de son état et le supplie de venir le sauver sinon il va mourir. Au bout du fil, l’homme, qui habite aussi cette cité, est tiré de sommeil, décide aussitôt de rallier l’hôpital général d’Abobo. Pendant ce temps, Harouna continue de saigner au nez et la barbe de ses agents de la santé, qui se fichent complètement qu’il crève ou pas. Tant qu’il n’y a pas d’argent pour payer les soins, ils ne lèveront pas le petit doigt…

Cette même nuit-là, un jeune homme arrive lui aussi en détresse dans cet hôpital, il a reçu des coups de couteau à la cuisse, victime d’une agression. Comme Harouna, il a été également dépouillé. Le personnel soignant lui dit clairement d’aller chercher de l’argent à la maison et de revenir pour qu’on le soigne. Se plaignant de douleurs, on lui administre quelques comprimés de paracétamol. Sans plus.

Plus récemment, sur les réseaux sociaux, des témoins ont dénoncé le laxisme qui règne aux urgences du Chu de Yopougon. Lorsque des accidentés y sont évacués, ils doivent prier Jésus-Christ, s’ils ont chrétiens, ou Allah s’ils sont musulmans, pour ne pas qu’ils passent de vie à trépas, avant que les premiers soins n’arrivent. Tellement, le personnel traine les pas. Là aussi, on s’occupe plus vite de ceux qui ont de l’argent, que de ceux qui n’en ont pas.

Ces exemples illustrent à quel point, la notion d’urgence sanitaire a « foutu », permettez-moi l’expression, le camp aujourd’hui dans nos hôpitaux publics d’Abidjan. Tout ce qui intéresse ces praticiens de la santé, c’est l’argent, l’argent et encore l’argent. Le serment d’Hippocrate ? On s’en fout ? La vie humaine, on s’en moque. Leur leitmotiv : sans argent, pas de soins, même si vous êtes dans l’urgence. Incroyable mais vrai, sous Alassane Ouattara, nos hôpitaux publics sont redevenus des mouroirs. Comme c’était le cas, il y a quelques années sous Laurent Gbagbo. La cupidité a pris le pas sur l’humanisme, la conscience professionnelle. Et cela me désole profondément. Je suis certain qu’avec de tels agissements, l’émergence qu’on nous promet en …2020 n’est pas pour demain.

Dans les pays émergents, dignes de ce nom, quand vous arrivez en situation d’urgence ou de détresse absolue dans un hôpital public, on vous soigne d’abord, avant de vous demander ce que vous avez dans votre poche. Ici, c’est le contraire. C’est le lieu d’interpeller Mme la ministre de la Santé et de la Lutte contre le sida, Mme Raymonde Goudou-Coffie sur ces comportements anti-émergents qui n’honorent pas la Côte d’Ivoire. Mme la ministre, vous avez baissé la garde, et les mauvaises pratiques ont resurgi dans nos hôpitaux publics. Savez-vous combien de pauvres gens, sans défense et sans moyen de se plaindre, sont chaque jour victimes de la bêtise, le mot n’est peut-être assez pas fort, je dirai même de l’imbécilité, de certains personnels soignants de nos hôpitaux publics ?

Plus vite vous agirez, plus vite vous limiterez les drames. Maintenant, à ces hommes et femmes qui travaillent dans nos hôpitaux publics, sachez que ce n’est pas en portant une blouse et en tenant des séringues ou le bistouri, que vous allez du jour au lendemain brasser une fortune. Il y a des métiers qui sont des sacerdoces, comme par exemple la police, l’enseignement, le journalisme et surtout le domaine de la médecine, on n’y vient pas pour être riches, mais plutôt pour servir les autres. Quand on n’a pas compris cela, c’est qu’on n’a raté sa vocation. Et c’est dommage…

Yacouba


Il faut sauver nos artistes !

 

L’image émouvante de Tolio Anatole, artiste chanteur, couché avec un ventre ballonné et un visage émacié, appelant à l’aide a fait le tour des réseaux sociaux, en juin dernier. Interné au Chu de Yopougon, il souffrait aussi bien dans sa chair que dans sa tête, parce que n’ayant pas les moyens payer ses soins médicaux.

Finalement, il décèdera, quelques jours après, après avoir attendu en vain cette aide qui n’est jamais venue. La triste fin de Tolio Anatole illustre avec un réalisme froid la précarité ambiante, au-delà de leur succès et de leur popularité, dans laquelle vit la quasi-majorité de nos artistes. Ce sont toujours eux qui lancent des SOS quand ils ont malades, qui appellent au secours. Souvent, au prix de mille humiliations.

Même le « grand » Debordo DJ, qui parade dans la ville à bord d’une grosse cylindrée, n’avait pas les moyens de se soigner convenablement, après l’accident malheureux, qui a coûté la vie l’un de ses managers et à deux de ses danseurs. Il a fallu la magnanimité du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko, pour qu’il quitte l’inconfort du CHU de Yopougon, où lui et ses amis avaient été évacués en urgence, pour se retrouver dans une coquette chambre de la Polyclinique des Deux-Plateaux, où des soins appropriés lui ont été administrés.

De toute évidence, la vie clinquante que nos artistes, surtout ceux qui ont succès, mènent est l’arbre qui cache la forêt. Un écran de fumée, qui masque une existence sans aucune garantie, qui peut basculer du jour au lendemain.

D’aucuns diront qu’ils ont des problèmes pour se soigner, parce qu’ils refusent de souscrire à une assurance ou encore ne préparent pas leurs vieux jours. C’est peut-être vrai, mais la réalité n’est pas aussi simple que ça. D’abord, ils ne roulent pas sur l’or, contrairement à ce qu’on pourrait croire, parce qu’il n’y a pratiquement de plus de marché, pour les artistes chanteurs, et les spectacles, qui courent pas toujours les rues, ne sont pas si chers payés, en tout cas pour la majorité d’entre eux. Avec le droit d’auteur, là aussi les chèques ne sont pas aussi consistants pour beaucoup d’artistes Savez-vous, que certains artistes ne perçoivent même pas plus de 10 000 FCFA par trimestre ? Comment peuvent-ils contracter une assurance avec un revenu aussi faible, surtout s’ils n’ont pas de spectacles régulièrement ? On comprend donc pourquoi, l’assurance proposé par le Burida n’a pas rencontré l’adhésion de la plupart des sociétaires. A ce jour, ça reste un échec cuisant…

Ailleurs, dans les pays développés, les plus grandes fortunes sont en général les artistes et les sportifs, et non les hommes politiques comme on le constate sous nos tropiques. Pourquoi chez nous sont-ils ceux qui tendent toujours la main, alors qu’ils pourraient mieux vivre de leur travail.

A la vérité, ce dont nos artistes ont besoin, c’est que l’Etat crée les conditions réelles pour qu’ils puissent vivre de leur art. Cela passe par la renaissance d’un marché, en prenant en compte le contexte actuel, marqué par l’avènement du numérique. Cela passe notamment par la reconstruction du réseau de distribution des œuvres, l’installation d’une usine de pressage, une aide conséquente à la production pour les producteurs, pas calquée sur le modèle actuel où l’appui est dirigé directement vers les artistes, alors que c’est plutôt le producteur qu’il faut mettre à flot. Chanter est un métier, produire une œuvre musicale en est un autre. Il y a aussi la mise en place d’une plate-forme de téléchargements légaux de la musique. Il en existe déjà une, mais, qui visiblement, ne tourne pas comme il se doit.

Bien entendu, il faudra aussi opposer avec sérieux aux pirates, la rigueur de la loi relative au droit d’auteur et droits voisins, qui vient d’être adoptée en commission par les députés en attendant son adoption en plénière, pour que les œuvres piratées ne soient plus écoulées, en toute impunité.

A l’analyse, c’est un vrai plan Marshall, qu’il faut pour sauver nos artistes. C’est à ce prix qu’on pourra éviter à nos artistes d’être des éternels assistés, donc de faire la manche à chaque fois qu’ils ont un souci financier. Toute chose qui ne les honore pas, et ne fait pas non honneur à notre Côte d’Ivoire.

 

Yacouba


Pays à l’envers ?

La Côte d’Ivoire est décidemment un pays où l’on peut tout se permettre. Même les incongruités les plus inimaginables. C’est fou, je vous assure que c’est pourtant la vérité. Il y a quelques jours, la ministre de la Salubrité urbaine et de l’Assainissement, Anne Désirée Ouloto, recevait, à son cabinet au Plateau, quartier des affaires d’Abidjan, des opérateurs économiques d’origine libanaise, précisément une délégation de la Chambre de commerce et d’industrie libanaise de Côte d’Ivoire (Ccil-CI). Comme elle savait que le sujet de la discussion, qui avait trait à l’interdiction des sachets plastiques, était hyper important, Mme Ouloto a pris le soin d’y convier son collègue des Mines et de l’Industrie, M. Jean-Claude Brou. La suite des débats lui donnera pleinement raison. Et on comprend qu’elle avait vu vraiment juste, en demandant du « renfort ».

Venons-en aux faits. Donc face à nos deux membres du gouvernement, les représentants de la Ccil-CI, particulièrement son directeur général Michel Rustom, ont le toupet de demander la non application du décret signé par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, portant production, commercialisation, exportation et utilisation des sachets plastiques. En clair, ils chargent les ministres Ouloto et Brou d’aller dire à leur patron, le président de la République, d’annuler cette décision, bel et bien motivée, car prise pour protéger l’environnement. Ce qui les préoccupe, c’est les milliards qu’ils peuvent se faire avec les sachets plastiques. La santé des populations vivant en Côte d’Ivoire ? Que nenni !

C’est vraiment le monde, que dis-je,… le pays en l’envers. Dans un Etat qui se respecte, une telle démarche est inimaginable, à plus forte raison envisageable. Mais, comme nous sommes en Côte d’Ivoire, des gens se croient au-dessus de la loi. Heureusement que les ministres Anne Ouloto et Jean-Claude Brou ont remonté les bretelles à ces affairistes sans scrupules. Pour autant, il ne faudrait pas s’arrêter là. Car, si ces opérateurs économiques ont osé leur faire cette proposition pour le moins indécente, c’est qu’ils ont vu, comme on dit à Abidjan, dans leurs yeux. Autrement dit, ils n’ont pas senti, au préalable, en eux une vraie fermeté. Sinon, ils ne seraient pas permis de le faire. C’est pourquoi, nos deux ministres doivent se battre pour faire appliquer la loi interdisant les sachets plastiques dans toute sa rigueur. Sans exception. Si au Rwanda, l’interdiction des sachets plastiques est totalement respectée, il n’y a pas de raison qu’il n’en soit pas autant chez nous. La partie vient d’être relancée, contre sans doute leur gré, par les responsables de la Ccil-CI. La balle est maintenant dans le camp de nos autorités. On attend de voir s’ils vont prendre ou non leurs responsabilités.

Yacouba


Affaire de cours, le mercredi !

La décision est officielle depuis quelques jours. Depuis cette rentrée scolaire 2016-2017 (qui a eu lieu le 13 septembre), le mercredi est désormais jour ouvrable pour le monde de l’enseignement primaire. Ce qui signifie clairement que les écoliers ne se reposeront plus ce jour-là. Ils iront à l’école, comme tous les autres élèves, mais seulement le matin (l’après-midi est libre).

Depuis que cette mesure a été prise par la ministre de l’Education nationale, Mme Kandia Camara, le sujet fait débat dans l’opinion. Des voix s’élèvent ici et là, pour s’interroger sur l’opportunité d’une telle décision au sujet de l’organisation de la semaine de travail dans l’enseignement primaire. Certains vont jusqu’à dire que ce n’est pas normal qu’un enfant aille à l’école pendant cinq jours, du lundi au vendredi, avec une après-midi de pause seulement. Ils estiment qu’il n’est pas nécessaire d’ajouter 7 heures de cours aux 28 heures de la semaine.

D’autres n’hésitent pas, de leur côté, à faire la comparaison avec le programme horaire de l’enseignement primaire des années 70, 80 voire 90, où il n’y avait pas cours le jeudi. C’est surtout chez les enseignants du primaire que l’on enregistre le plus de plaintes. Pour eux, si le mercredi devient un jour ouvrable, cela leur ôte le « seul jour » de la semaine où ils ont du temps libre pour faire leurs courses administratives.

Derrière toute cette agitation, il y a, avouons-le, un peu de mauvaise foi. Car, on le sait tous, depuis plus d’une décennie, les élèves du primaire ne se reposent en réalité pas le mercredi, bien que ce jour soit férié. Chaque mercredi, ils sont contraints de retourner à l’école, pas en uniforme cette fois, mais en tenue civile, pour des cours dits « de renforcement », qui sont en réalité payants. Pour les suivre, l’élève doit payer en moyenne entre 100 et 300 FCFA. Dans certains établissements, l’instituteur intime même l’ordre aux élèves, le mardi soir, de dire à leurs parents que le lendemain, mercredi, ils doivent venir à l’école avec un montant précis, qui correspond à son tarif par élève pour les cours de renforcement.

En clair, beaucoup d’enseignants du primaire travaillent le mercredi, ils ne vont pas honorer des rendez-vous dans l’administration comme quelques-uns d’entre eux le prétendent. Ils sont, pour la plupart, dans leurs écoles, parce que c’est un jour de recettes.

En décidant donc de rendre le mercredi jour ouvrable pour les élèves du primaire, la ministre de l’Education nationale leur enlève, du coup, une source de revenus. Ce qui ne leur plaît pas du tout. Et on les comprend. Ce qui ne veut pas pour autant dire qu’ils ont raison.

Au final, aller à l’école le mercredi ne changera rien à leurs habitudes. Ils le faisaient déjà. Sauf que maintenant, les élèves n’auront plus à débourser de l’argent !

Yacouba


Ah Gabon, toi aussi !

En Afrique, c’est devenu désormais endémique, l’élection présidentielle débouche très souvent sur des conflits. Les exemples sont légion : Côte d’Ivoire, Congo, Togo…J’espérais que le Gabon, jusque-là réputé pour sa stabilité, fasse exception.

Même quand la tension montait pendant la campagne électorale, je me disais que les Gabonais n’oseraient pas franchir le Rubicon. Mais, hélas, le virus des violences post électorales a fini par frapper de plein fouet ce pays de l’Afrique centrale.

Depuis donc la proclamation des résultats de l’élection présidentielle, le mardi 30 août 2016, donnant Ali Bongo vainqueur avec 49,80% des voix contre 48,23% pour son adversaire Jean Ping, le Gabon s’embrase.

Affrontements entre manifestants pro-Ping et forces de sécurité, vandalisme, pillage et incendie de bâtiments publics abritant des institutions notamment l’Assemblée nationale…Bref, Libreville est devenu un champ de bataille. Et les premières victimes se comptent déjà : au moins cinq morts, selon une dépêche de RFI, et 27 opposants « séquestrés » au QG de Jean Ping, qui, lui, est, sans surprise, « en lieu sûr », pour ne pas dire « planqué quelque part».

Ce qui m’inquiète dans tout ça, c’est non seulement la détermination des deux protagonistes, Ali Bongo et Jean Ping, d’en découdre, mais surtout le silence troublant des chefs d’État du continent. Même les voisins du Gabon se sont murés, comme une carpe, dans un silence de cathédrale. Je crois que, comme on dit à Abidjan, personne ne veut se « mouiller », tant l’issue de cette bataille gabono-gabonaise semble incertaine.

J’ai le sentiment que le Gabon est abandonné à son triste sort. C’est comme si les autres pays du continent lui disaient : «Tu l’as cherché, tu l’as trouvé. Débrouille-toi pour t’en sortir». Le Gabon m’a déçu. Il n’a pas su prendre ses distances avec les maux qui minent les autres pays du continent. C’est vraiment dommage, les Gabonais sont en train de détruire leur pays. Houphouët-Boigny disait et je cite : «  Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu, faisons en sorte que nous n’ayons jamais à le perdre… ». Et la sagesse africaine enseigne que « celui qui n’a jamais fait la guerre ne connaît pas le prix de la paix».

Je suis certain que quand ils sortiront de cette impasse, les Gabonais mesureront mieux l’importance du bonheur et de la paix. D’ici là, j’espère que ce « Ping Bong (o)» ne fera pas trop de dégâts. Même si 5 morts, c’est déjà trop !

Yacouba


Trop de suspense…pour peu !

Jamais un remaniement ministériel n’avait autant cristallisé l’attention des médias et des populations en Côte d’Ivoire. Je l’avoue, j’étais aussi impatient à l’idée de connaître la nouvelle équipe gouvernementale, après la démission de l’équipe Duncan II, le mardi 5 janvier 2016.
A l’instar de beaucoup d’Ivoiriens, l’attente a été aussi longue pour moi. Chaque jour, je scrutais l’horizon, espérant que ce nouveau gouvernement serait connu au plus tard le week-end dernier. Entre-temps, les bruits allaient dans tous les sens. Dans la ville d’Abidjan, dans le pays tout entier, sur les réseaux sociaux, chacun y allait de son pronostic et les rumeurs ne cessaient d’enfler. Les bruits plus fous couraient sur les noms des ministres qui quittaient le gouvernement. Tantôt, c’était ceux qui avaient plus de dix ans de présence, tantôt c’était les responsables de partis et présidents de conseils régionaux. Bref, ça allait dans tous les sens, que je n’osais plus me lancer dans ces supputations.
Mais, derrière ces bruits, il faut plutôt noter une grosse attente des Ivoiriens dans l’ensemble : voir leur gouvernement être renouvelé, avec des personnalités politiques ou des technocrates plus jeunes.
Et au fur et à mesure que la date fatidique du 13 janvier donnée par le président Ouattara pour la formation du nouveau gouvernement approchait, le suspense grandissait, si bien que j’avais l’impression que la vie s’arrêtait. D’ailleurs, dans les ministères, les agents ne travaillaient plus, se demandant si leur patron allait être maintenu ou pas.
Finalement, la fumée blanche, tant attendue, sortira le mardi 12 janvier. Ce jour-là, en direct sur les antennes de RTI1( la radiodiffusion télévision ivoirienne), le ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence de la République, Amadou Gon Coulibaly dévoile la composition du nouveau gouvernement. Une équipe de 36 femmes, dont 9 femmes, avec une moyenne d’âge de…60 ans ! Au total, il n’y a eu que 5 « petits » départs et 9 entrants. Et à l’arrivée, c’est une grosse déception mêlée d’un sentiment de colère qui m’anime ainsi que la plupart des Ivoiriens. Le vrai changement que nous attendions n’a pas eu lieu. Et bien plus, des ministres qu’on n’espérait plus revoir au gouvernement, tant leur bilan n’est pas du tout satisfaisant, ont été confirmés dans leur fonction.
Depuis, les commentaires, pour la plupart, acides pleuvent sur ce 1er gouvernement du 2ème mandat du président Alassane Ouattara. De toutes les réactions, ce que je retiens, c’est que le chef de l’Etat a fait du neuf avec du vieux. Conséquence : je reste sur ma faim. Peut-être que je devrais me faire une raison sur le fait qu’Alassane Ouattara n’est plus le même homme qu’en 1991, quand il avait été nommé Premier ministre de Côte d’Ivoire. Le technocrate très craint, et dur d’alors a fait place aujourd’hui à un homme politique, tenu par beaucoup de pesanteurs qui l’empêchent manifestement de trancher dans le vif ses décisions. Un homme qui ménage certaines susceptibilités et qui fait, sans doute, des calculs politiques.
Dans 11mois, les élections législatives auront lieu. J’espère qu’après cette échéance, il répondra enfin à notre attente : changer en profondeur son gouvernement. En mettant dehors, ceux qui n’auront rien fait.

Yacouba


Ces pétards qui font « exploser » notre colère

A Abidjan, on commence à s’y habituer. A chaque fois qu’une mesure d’interdiction est prise, elle est déchirée dès la minute qui suit par les populations. C’était déjà le cas, avec les sachets plastiques, les vendeurs ambulants, le téléphone au volant… C’est aujourd’hui aussi le cas avec les pétards. Bien qu’ils soient interdits officiellement par les autorités, ils continuent de tonner dans la ville.
Dans mon quartier à Marcory, il ne se passe pas d’heure, les soirs, sans qu’on entende ces bruits assourdissants qui rappellent ceux des armes, qui nous terrifiaient pendant la crise postélectorale de 2010-2011.
Et ce qui est écœurant, c’est le fait que de petits esprits se croyant malins, font exploser leurs pétards dans la rue, aux abords des commerces, faisant ainsi sursauter de peur d’honnêtes citoyens. Je l’avoue, cet incivisme notoire m’offusque, surtout que certains afficionados de pétards manquent totalement d’élégance, comme ce type, qui passant à côté de moi, dans une ruelle de mon quartier, faisait « péter » son pétard. Je vous l’assure, j’ai eu la plus grande peur de ma vie. J’ai failli m’évanouir.
Cette façon de faire claquer les pétards par surprise est assez irritant, pour les « victimes ». C’est pourquoi, je déplore que les autorités n’aient pas pris les dispositions nécessaires pour faire respecter la mesure d’interdiction de ces « explosifs ». Bien au contraire, ils sont commercialisés dans la ville en toute liberté, au vu et au su de tous. Comme si de rien n’était. Et surtout, comme s’il n’y avait aucune autorité.
Pour sûr, le 31 décembre, nos oreilles vont encore souffrir avec ces pétards. On va faire comment ? Comme on dit à Abidjan, c’est ça qui est là oh ! En clair, je suis obligé de faire avec. A l’instar de toutes ces personnes qui ne supportent pas les pétards. Bon réveillon de la Saint-Sylvestre à chacun de vous.

Yacouba


Quand Blaise Compaoré divise l’opinion ivoirienne

Depuis son départ du pouvoir en octobre 2014, suite à une révolte populaire, Blaise Compaoré vit en Côte d’Ivoire. Jusque-là, personne ne s’occupait de lui. Et l’homme se fait aussi si discret, qu’on l’oublie souvent. Je l’avoue, j’estime moi-même que c’est la meilleure façon pour lui de vivre «caché» dans un pays où il a certes des amis, mais aussi des « ennemis », qui ne souhaitent pas le voir rester sur le sol ivoirien.
Donc, on n’entendait presque plus parler de Blaise Compaoré, comme s’il ne vivait plus à Abidjan. Mais, il a fallu que la justice militaire du Burkina Faso lance cette semaine un mandat d’arrêt international contre lui pour l’assassinat de Thomas Sankara en octobre 1987 pour que l’ancien homme fort de Ouagadougou cristallise l’actualité en Côte d’Ivoire. D’abord, la une des journaux ivoiriens. Et ensuite, les débats dans l’opinion publique ivoirienne.
Là, deux positions sont tranchées, comme j’ai pu le constater lundi dernier, dans un maquis, où je prenais un pot avec un ami. Il y a d’un côté, ceux qui jubilent à l’idée de voir Blaise Compaoré être extradé au Burkina Faso pour être jugé et…condamné. En général, ce sont les partisans de Laurent Gbagbo, qui reprochent toujours à l’ex-président burkinabé d’avoir soutenu la rébellion et contribué, selon eux, à la chute de l’ancien président ivoirien. Et de l’autre, il y a ceux qui ne veulent pas voir Blaise Compaoré être livré à la justice de son pays, estimant qu’il a pris une part active dans la résolution de la crise ivoirienne, en acceptant d’être dans un premier temps le facilitateur et ensuite en abritant les pourparlers ayant abouti à l’Accord Politique de Ouagadougou, qui a conduit la Côte d’Ivoire à l’élection présidentielle de 2010. Aussi, chez ces pro-Blaise la fibre sentimentale et familiale joue. Certains estiment clairement que Blaise Compaoré est notre « beau » (entendez beau-frère), il est en effet marié à une Ivoirienne, donc il est Ivoirien également comme l’autorise le code de la nationalité ivoirienne. Il ne peut donc en aucun cas être extradé.
Entre ces deux positions, chacun y va de son commentaire. Mais, je pense, à l’analyse, que les autorités ivoiriennes ne livreront pas Blaise Compaoré. La relation qui les lie est plus fraternelle qu’autre chose. Sans oublier implicitement ou explicitement, le devoir de reconnaissance vis-à-vis de l’ancien locataire du Palais de Kosyam. Et puis, dans notre culture africaine, les sages enseignent que quand qu’un fuit un danger pour se réfugier chez vous, vous ne devez pas aussi tôt le livrer à ceux qui le poursuivent. L’argument peut paraître léger, aux yeux de certaines personnes, mais quoi qu’il en soit, je reste persuadé que ce n’est pas maintenant que la justice militaire burkinabé pourra mettre le grappin sur Blaise Compaoré. De toute évidence, c’est un autre feuilleton qui commence…
Yacouba


De supporteurs « maso » à… supporteurs confiants !

Il y a trois semaines, lorsque la CAN 2015 débutait, les Ivoiriens, dans leur écrasante majorité, ne misaient pas un kopeck sur leurs Eléphants footballeurs. Pour, à mes yeux, trois raisons essentielles. La première, c’est que nous n’avions pas fini de digérer la déception du Mondial brésilien où les Eléphants ont laissé une qualification historique pour les 8èmes de finale, qui leur tendait pourtant les bras (défaite face à la Grèce, 1-2, dans les arrêts de jeu). La deuxième, c’est que les Eléphants ont fait une campagne éliminatoire poussive, avec à la clé, une défaite inattendue à Abidjan face aux Léopards de la RD Congo (3-4). Et la troisième, c’est que l’équipe était en reconstruction, avec la retraite internationale de deux de ses cadres emblématiques : Didier Drogba et Didier Zokora.
Personne ne croyait donc en cette équipe, et ceux qui osaient porter le maillot orange, à chaque match de nos pachydermes, était taxé de supporters « maso », diminutif de masochistes. Autrement dit, des gens qui tirent leur plaisir du fait qu’on les fasse souffrir. Et puis, l’entrée timide des Eléphants dans la compétition avec un nul d’entrée (1-1) face à la Guinée, après avoir été longtemps menés, en a rajouté au scepticisme des uns et des autres.
Je l’avoue, moi-même j’avais de gros doutes que cette équipe se retrouverait aujourd’hui en finale de la CAN. Mais, depuis le match contre le Cameroun, où les Eléphants ont été combatifs et solidaires, les Ivoiriens ont repris confiance en leur équipe nationale. Beaucoup d’entre eux, y compris moi, ont sorti de leur placard leur maillot, lors du quart de finale contre l’Algérie, il y a une semaine.
Aujourd’hui, nous sommes plus que confiants, surtout après la victoire probante contre la RD Congo en demi-finale. Pour moi et aussi pour de nombreux Ivoiriens, l’heure de la Côte d’Ivoire a enfin sonné, après deux finales perdues en 2006 (contre l’Egypte) et 2012 (contre la Zambie), à chaque fois aux tirs au but. Comme le chante si bien JC Pluriel, un artiste zouglou, c’est « l’année de notre année». Et le dimanche 8 février sera, « le jour de notre jour », comme aimait à le dire Vieux Ménêkrê, un vieil homme devenu, il y a quelques années, célèbre grâce à une émission de télé humoristique. Toute la Côte d’Ivoire attend donc ce trophée depuis …1992, année de son unique sacre à la CAN, au Sénégal. Entre-nous, ça fait une unité non ?
C’est pourquoi, je ne veux rater pour aucune raison cette finale contre Ghana. Dimanche, c’est à Berlin où je me trouve en ce moment, que je suivrai la finale chez un compatriote, qui a déjà garni son frigo de boisson. La « bouffe» est également prête. On attend plus que le moment idéal pour s’éclater et faire la fête jusque tard dans la nuit. Mais, en attendant, la balle est dans le camp des Eléphants. Et j’espère qu’ils ne feront plus de nous des supporters « maso ». Allez les Eléphants !
Yacouba


Non, Charlie n’est pas mort !

C’est avec beaucoup de peine que j’écris ces quelques lignes. Depuis hier, mercredi 7 janvier 2015, mon cœur saigne, mon âme est en peine. Je ne comprends toujours pas l’horrible massacre que deux hommes en cagoule ont commis dans la rédaction de l’hebdomadaire satirique « Charlie Hebdo ». Le bilan donne froid dans le dos : 12 morts dont les dessinateurs emblématiques de « Charlie Hebdo» : Cabu, Charb, Tinous, Wolinski… Comment des êtres ont-ils pu commettre une telle cruauté ? Au nom de qui et de quoi ? Allah ? J’en doute, parce qu’en aucun cas, l’islam ne recommande de tuer son prochain, encore moins aussi froidement que ces « fous » l’ont fait.
S’ils croyaient tuer ainsi Charlie, ils se sont trompés lourdement. Car, Charlie n’est pas mort ! Certes, Cabu, Charb, Tinous et Wolinski ne seront plus là, mais Charlie vivra.
A l’instar du monde entier, je suis sous le choc. Et je me demande si nous les hommes n’avons pas pris la place des animaux. Parce que pour commettre ce que ces tueurs ont fait à la rédaction de « Charlie Hebdo», il faut être dénué de raison et d’humanité. Pour ne pas dire être atteint de schizophrénie.
Aux familles des 12 martyrs de la liberté de la presse, pour moi ils le sont déjà, je souhaite un courage dantesque pour surmonter cette tragédie, sans nom. J’ai une pensée profonde pour vous et je comprends surtout la douleur immense qui vous étreint en ce moment. L’assassinat crapuleux et lâche de Charb et de ses collaborateurs doit être un motif de résistance de plus, pour nous, contre ces illuminés qui prétendent se battre pour une religion qu’ils ne connaissent pas vraiment. L’islam n’a que faire des meurtriers et cinglés comme ces terroristes. Je suis Charlie ; et je resterai toujours Charlie. Oui, au nom de la liberté de la presse, Charlie n’est pas mort !

Yacouba


Psychose à Abidjan

« Papa, ils ont enlevé un enfant devant notre école. Ils l’ont pris de force pour le mettre dans une voiture 4X4 et ils sont partis avec lui. Mémé nous a dit de ne plus sortir ». C’est la confidence que mon fils aîné, âgé de 14 ans, m’a fait samedi 31janvier, lorsque je suis allé leur, lui et son cadet, rendre visite à Yopougon, vaste commune populaire d’Abidjan chez leurs grands-parents, où ils vivent et fréquentent.
Derrière toute l’innocence que je lisais sur son visage, quand il me parlait, j’ai noté une grande psychose, à l’image de celle qui règne en ce moment à Abidjan, et principalement à Yopougon, autour du phénomène d’enlèvements d’enfants. Dans cette cité, la semaine qui vient de s’écouler a été très mouvementée : un homme a été lynché et il a failli, de peu en mourir ; les élèves ont été retirés des écoles par leurs parents ; les suspicions font rage. Les rumeurs aussi ! Et les plus farfelues circulent sur les téléphones portables et les réseaux sociaux. Certains vont jusqu’à dire que les ravisseurs frappent aux portes des domiciles, en se faisant passer pour des gens qui sollicitent une aide et dès que vous les ouvrez la porte, ils sautent sur vous. Vraiment surréaliste !
S’il est vrai qu’on entend tout et n’importe quoi sur les enlèvements d’enfants, il n’en demeure pas moins que le phénomène existe. Les autorités ivoiriennes ont annoncé officiellement avoir enregistré 25 cas d’enlèvements d’enfants, dont 5 corps ont été retrouvés mutilés, et d’autres non. C’est déjà beaucoup. Et cela dénote de l’ampleur de cette pratique répugnante et condamnable.
En riposte, elles disent avoir mobilisé 1500 hommes en tenues (policiers, gendarmes et militaires) pour traquer les sinistres individus qui enlèvent les enfants. Et des arrestations ont même eu lieu, mais, à Abidjan, l’inquiétude demeure. C’est la peur panique, et les parents ne veulent pas laisser, surtout dans certains quartiers de Yopougon, leurs enfants aller à l’école, de peur qu’ils se fassent kidnappés. A l’instar de ceux-ci, je l’avoue, je redoute l’idée qu’on laisse sortir les miens, sans qu’ils ne soient accompagnés, parce qu’effrayé, rumeur ou pas, par tout ce qui se raconte sur ce phénomène. C’est vous dire, combien cette situation est préoccupante. Vivement qu’on y trouve une solution. Et le plus vite sera le mieux.

Yacouba


Un « gaou » à Berlin !

Depuis que j’ai appris que j’avais été sélectionné pour participer au Programme des Visiteurs initié par le ministère allemand des Affaires étrangères dans le cadre de la 65ème édition du festival international du film de Berlin (La Berlinale) qui se tient du 5 au 15 février 2015, j’attendais ce moment avec impatience. Celui de découvrir enfin la ville de Berlin, dont on m’avait dit beaucoup de bien.
En montant dans l’avion, mardi nuit, j’avais la tête pleine d’idées : où vais-je aller en premier ? Quel endroit visiter ? Comment vais-je trouver le festival international de film de Berlin ? En foulant le sol de Berlin, précisément de l’aéroport international Tegel, j’ai été accueilli par un hôte inattendu, ou que je n’attendais pas à ce point : le froid hivernal.
A Berlin, la température est glaciale. Je dirai même sibérien. Imaginez quelqu’un qui quitte Abidjan où le thermomètre affiche 33 ° et atterrit à Berlin, où il fait -3°. Je ne vous raconte pas le choc thermique : peau séchée, mains frigorifiées, les narines qui coulent et, le plus terrible, les oreilles qui sifflent. A cela s’ajoute, un moment d’égarement dans la ville où j’ai marché, marché, et marché, durant plus d’une heure, pour chercher mon hôtel dont je ne retrouvais plus l’emplacement.
Malgré ces péripéties, j’éprouve une immense joie de découvrir une belle ville, avec des buildings imposants et impressionnants, et surtout un festival hyper bien organisé, où tout est réglé, presque comme du papier à musique. Et, cerise sur le gâteau, j’ai rencontré depuis que je suis là, des personnes intéressantes (réalisateurs, producteurs, directeurs de films etc.). De toute évidence, mes trois premiers jours à Berlin sont déjà une expérience formidable. J’espère vivre encore d’autres moments inoubliables dans la capitale allemande.
Yacouba


Ces mesures qu’on ne respecte jamais !

En prélude à mon voyage pour Berlin, en Allemagne, dans le cadre de la 65ème édition de la Berlinale, Festival international de film de Berlin, je suis allé mardi dernier à Adjamé, un quartier populaire d’Abidjan où pullulent beaucoup de commerces, chercher un blouson contre le froid.
C’est derrière l’immeuble Mirador, que j’en ai finalement trouvé à mon goût. Après avoir conclu le marché avec le vendeur et lui avoir remis l’argent, grande fut ma surprise de le voir plier le blouson dans un sachet plastique noir. « Mais, c’est interdit », lui fais-je remarquer. Il me répondit laconiquement : « Ici, tout le monde utilise les sachets et il n’y a rien».
Pourtant, depuis plus de six mois, les autorités ont interdit, dans le souci de préserver l’environnement, l’importation, la fabrication et la vente de sachets plastiques non biodégradables. Du moins, c’est une décision officielle. Sur le terrain, elle n’est pas respectée par les commerçants, même si les pharmacies emballent aujourd’hui les médicaments achetés dans des sachets en papier et que les grandes surfaces proposent à leur clientèle la vente de sachets biodégradables. Dans la ville, l’on voit ici et là des gens circuler avec sachets plastiques non biodégradables, au vu et au su de tous.
A l’image de celle qui concerne les sachets plastiques, plusieurs autres mesures d’interdiction sont foulées au sol par les populations. Les gens continuent de téléphoner au volant, les vendeurs ambulants écument toujours les grandes artères d’Abidjan, les maquis poursuivent leur nuisance sonore, au-delà de minuit, les trottoirs sont encore occupées par des commerçants…L’interdiction de fumer la cigarette dans les lieux publics n’est pas non plus respectée, tout comme celle portant sur la vente dans les rues de baguettes de pain. Bref, en Côte d’Ivoire, on « déchire » les mesures d’interdiction, sans que rien ne se passe. C’est comme si le gouvernement manquait de courage pour faire appliquer ses propres décisions. A cette allure, l’émergence que l’on clame à tue-tête n’est pas pour demain.

Yacouba


Tempête à l’horizon à Ouaga?

Plus de trois mois après le soulèvement populaire qui a abouti au départ de Blaise Compaoré, le Burkina Faso semble encore dans une situation fragile. Le feu couve peut-être, et je pense que les choses risquent d’exploser un jour.

Dernier frou-frou en date, la crise entre le régiment de sécurité présidentielle, dirigé par le général Gilbert Diendéré, et le premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida.

Le premier demande la démission du second, qui avait lui tenté de dissoudre cette unité. Finalement, les deux parties ont fait la paix des braves. Ainsi, ce régiment ne disparaîtra plus, quand le premier ministre demeure lui à son poste.

Quoiqu’on qu’il en soit, un ressort semble cassé, entre eux et la crise de confiance va plus prendre d’ampleur. Chaque camp se méfiera davantage de l’autre, redoutant qu’il lui joue un mauvais tour. C’est ce contexte peu rassurant, que le président de transition, Michel Kafando va, je pense, essayer de colmater les brèches, en conduisant le pays vers sa première vraie élection présidentielle démocratique.

Là aussi, je suis pertinemment convaincu, elle donnera lieu à une lutte enflammée, entre Zéphirin Diabré, l’opposant historique, qui lorgne le fauteuil présidentiel depuis de longues années, et Rock Marc Christian Kaboré, ex-baron de l’ancien parti au pouvoir, qui a eu le nez creux en quittant Blaise Compaoré, deux ans avant sa chute. Et entre les deux, un troisième larron, Djibril Bassolé, risque de créer la surprise, puisque sa candidature est suscitée par une partie du peuple.

Reste à espérer, que l’élection se tienne vraiment en octobre 2015, comme prévu par le gouvernement de transition et surtout que les palabres entre Diendéré et Zida ne viennent pas tout mélanger, et placer le Burkina dans une période d’incertitude. Si les Burkinabè sont descendus massivement dans la rue, fin octobre 2014, c’est parce qu’ils avaient, au-delà de l’appel de l’opposition, une grande soif de changement. Il ne faut pas oublier, dans ce pays, toute une génération de personnes, n’avait connu qu’un seul président : Blaise Compaoré.

Et au-delà de ces atermoiements, ce qui est essentiel, c’est la tenue effective d’élections transparentes, crédibles et ouvertes. Sinon, la révolution n’aura servi à rien…
Yacouba