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Crise malienne, pourquoi les vieux démons se réveillent-ils ?

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Fondamentalement, rien d’étonnant ! Sauf qu’une semaine après le parachèvement du processus de signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, les terroristes qui n’ont toujours pas lâché du lest ont, comme par leur habitude multiplié les attaques en privilégiant le spectaculaire et l’imprévu. Sans doute que les Maliens auront encore à parcourir un long et difficile chemin pour recouvrer un niveau acceptable de sécurité.

De l’intimidation, de la provoc, les djihadistes se font entendre à nouveau

Toujours le même mode opératoire : la recherche du spectaculaire et de l’imprévisible caractérise toutes les actions terroristes perpétrées jusque-là au Mali. On se rappelle des premiers attentats-suicides sur le sol malien. Puis s’en sont suivis d’autres de fortes ampleurs avec la tentative d’assassinat du général Mohamed Abderrahmane Ould Meydou et la tuerie (très spectaculaire et très imprévisible) du restaurant « La Terrasse », toutes deux au cœur de Bamako. Aujourd’hui, nous en sommes certainement à la phase préoccupante, notamment avec la série de raids meurtriers dans la zone du Macina au centre, sans oublier le déchaînement du mois d’avril qui a enregistré une série d’attaques sur les camps de la Minusma et de Barkhane. En essayant de piéger le convoi du responsable des forces armées et celui de la sécurité de la Mission onusienne en tournée d’inspection sur le trajet Tombouctou-Teherdge, les terroristes ont montré qu’ils avaient des réseaux de renseignement. Plus inquiétant encore, ce sont ces attaques dans le Sud, là où personne ne s’y attendait, à Misséni et à Fakola très loin de ce qu’on pourrait appeler son fief. Et pas plus tard que vendredi, elle est réapparue sur un terrain qu’elle a longtemps pratiqué dans le Sahel occidental près de la frontière mauritanienne.

On aura compris que depuis trois mois, les signaux n’ont pas manqué sur le retour en force des terroristes et leur volonté manifeste d’exercer une pression continue sur les forces maliennes et internationales. Mais ne nous méprenons pas, on devrait s’y attendre à ce regain de violence. Car, l’instabilité qui a prévalu au Nord s’est propagée dans le pays jusqu’aux endroits les plus inattendus. Certes, le projet des terroristes de s’installer durablement au Mali. C’est vrai que le Mali a connu le statut peu enviable de pays sous occupation. Ce qui est le cas en Irak et en Syrie avec Daesh. En occupant le septentrion malien, les djihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique évoluaient sur un territoire important. L’émir Droukdel avait aussi envisagé l’édification d’un « Khalifat » sur un espace  couvrant tout le nord du Mali et une partie de la région de Mopti. Rappelons que le plan détaillé de ce projet avait été retrouvé à Tombouctou après la débâcle des occupants. Il y était question de la mise en place d’un Etat similaire à celui édifié par Daesh. Notre pays, même à une échelle nettement moindre que la Syrie ou l’Irak, a failli devenir une terre de djihad qui aurait certainement attiré les combattants venant du monde entier si le Nord n’avait pas été libéré à temps.

Pour toutes ces raisons, les terroristes qui ont occupé le nord du Mali poursuivent un projet inabouti, et continuent de frapper inopinément et ostensiblement. Cependant, malgré le 20 juin, date de la signature de l’accord par la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad), il nous faut évaluer la juste mesure de nos difficultés. Oui, il serait long le chemin qui nous mènera à une paix totale et définitive. L’accord doit être respecté pour que renaisse le Mali. Nous possédons là un précieux avantage de pouvoir en finir avec ces groupuscules de la terreur.


Pauvre Mali !

Le Centre international des conférences de Bamako s’est paré de ses plus belles parures, les forces de sécurités en alerte maximum, les autorités tout excitées, les invités de marque répondant à l’appel… Il faut dire que le jeu en valait la chandelle, car la capitale malienne accueillait une cérémonie des plus solennelles pour l’avenir de notre pays. Une cérémonie de l’espoir pour la paix et la réconciliation. Mais une cérémonie tout de même symbolique. Et la médiation espérait la présence de tous les belligérants à Bamako. A l’arrivée le principal protagoniste n’est pas venu à Bamako. Mieux, il a décidé d’aller parapher dans un premier temps à Alger sous réserve qu’il ne signera que quand toutes ses aspirations et toutes ses revendications seront prises en compte. Certes, paraphe  il y a eu sous les pressions, mais avec la ferme volonté de réajuster le document de l’accord.

Donc pour ce qui est de cette journée du 15 mai 2015, qualifiée de mémorable par les autorités, c’est malheureusement le Mali qui signe avec le Mali, comme l’a déclaré, pessimiste et déçu, un diplomate de la sous-région. Il (le même diplomate) rajoute : « Il faut être deux pour signer un accord ». La déception et le pessimisme de ce diplomate sont partagés par une majorité de Maliens.  C’est justement pour éviter de traîner le pas que le médiateur en chef avait choisi Bamako et le 15 mai pour la cérémonie officielle de signature de l’accord définitif. Pourquoi ne pas regretter l’absence de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) quand on sait qu’elle a disposé de suffisamment de temps pour consulter sa base comme elle l’avait demandé. La situation est d’autant plus curieuse que le gouvernement du Mali s’était empressé de parapher sans même consulter le peuple malien. Mais après tout, on ne doit pas se leurrer, cet accord est, depuis sa conception, biaisé par la CMA.  Peut-être que depuis cette époque, elle avait perçu des difficultés pour convaincre sa base quant à la pertinence d’un texte qu’elle a discuté, négocié à sa guise et même accepté le contenu sans grandes réserves. Il est vrai que le document final d’Alger n’évoquait ni autonomie des territoires du Nord, ni fédéralisme des régions et ne dérogeait en rien au principe de la laïcité tel que généralement convenu. Or, ce sont ces points qui constituaient la quintessence même des revendications des mouvements rebelles.

Aujourd’hui, la démarche adoptée par la communauté internationale et la médiation apparaît comme une supercherie tant cette position maintes fois exprimée par la CMA et qu’elle continue encore de soutenir, même la veille du 15 mai 2015, a figé le processus ainsi que les négociations. Qui plus est, cette position est totalement incompréhensible au regard de l’attitude qui a été celle de la CMA, depuis le début du processus. Il faut se rappeler que curieusement, toutes les composantes de la CMA : HCUA (Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad), MAA (Mouvement arabe de l’Azawad), MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad) ont, dès l’entame du processus, fait des déclarations en faveur de la paix et pour le dialogue. C’était le cas dans le texte de la déclaration commune, dite d’« Alger » ; dans le texte des accords préliminaires de Ouagadougou ; dans la feuille de route et dans le texte du dernier accord d’Alger de 2015. À toutes ces occasions, les mouvements rebelles ont accepté de discuter, de négocier et d’amender les textes ainsi que leurs supports. Dès lors, il paraît incompréhensible qu’ils tergiversent avant de parapher et même de signer la version finale de ce texte,  se mettant ainsi en dehors du processus et prenant les mêmes risques que tous les « hors-la-loi » et les « hors la République ».  Aujourd’hui plus que tout autre, c’est notre attachement commun au principe de base issue de la feuille de route des négociations dans le cadre d’Alger qui nous lie. Il s’agit du :

  • le respect de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du Mali ;
  • le respect de la forme républicaine et la laïcité du Mali.

Nous l’aurons compris que l’absence de la CMA à la signature de Bamako est totalement incompréhensible, comme l’est la tenue même de cette cérémonie sans elle. La CMA affirme et réaffirme qu’elle ne signera pas sans la prise en compte d’amendements indispensables. Des amendements qui, sans doute, font sournoisement allusion à la sempiternelle demande d’autonomie/indépendance. Quelle couleuvre ! De nous faire croire que la signature du 15 à Bamako est importante et décisive pour la paix et la réconciliation au Mali. Comme si l’enjeu était de sauver la tête d’IBK, ou encore de sauver la face de la diplomatie algérienne que de sauver la paix au Mali. Quelle couleuvre ! Parce que la CMA réussit, elle, à mettre en avant ses réserves, alors que le gouvernement malien lui, passant outre ses réserves, signe avec ses alliés à Bamako. Mais que faire ? Les résolutions internationales nous ont engagés sur cette voie. Et c’est certainement le seul moyen pour qu’on puisse se relever, même si nous risquons notre sacro-sainte intégrité nationale demain. Nous minimisons peut-être l’ampleur de notre tragédie pour nous renfermer dans l’autovalidation et pas dans l’obligation de satisfaire les Maliens et tous les Maliens. Pour ces raisons, il est possible que nous n’ayons pas fini avec nos difficultés. Pauvre Mali ! Il nous faut dès maintenant rompre avec les illusions pour faire face à la réalité.

 


Nouvelle guerre au Nord du Mali !

Images, creative common
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Malgré la promesse du paraphe de l’accord d’Alger le 15 mai 2015 à Bamako, les bruits de bottes se font entendre de nouveau dans la partie septentrionale du pays . Il s’agirait bien de la réponse à l’affront de Menaka du 27 avril dernier d’où le Gatia (Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés) avait délogé le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad). En effet la riposte n’a pas tardé : Goudam et Léré ont été attaqués par la rébellion. Deux attaques qui ont fait des victimes militaires et civiles. En les revendiquant, la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad)  vise délibérément l’Etat malien. Et encore dans la nuit de mardi, 5 mai 2015 ce fut Tenekoun, dans le centre du pays qui a été le théâtre d’affrontement entre les Famas et les éléments de la CMA. Une chose est sure, ces évènements viennent renforcer la confusion qu’il y a autour d’un possible paraphe de l’accord d’Alger par la CMA. Il est évident qu’aujourd’hui nous sommes en face de vérités nouvelles qui confirment nos anciens diagnostics, sans pour autant nous aider à élucider l’avenir. Désormais, nous entamons une période d’incertitude inspirée d’une impasse imprévisible et improbable. La CMA, surtout sa frange extrémiste n’est-elle pas en train de profiter de l’occasion pour raviver une logique d’affrontement en arguant du « manque de sincérité du gouvernement ». Comme c’est d’usage dans les communiqués du MNLA.

Le conflit n’est toujours pas fini au nord du Mali

Nous avons fini par comprendre définitivement que rien n’est prévisible et même logique dans ce qui peut arriver dans notre pays, particulièrement dans sa partie septentrionale. Depuis 2012, nous sommes passés par toutes les épreuves. Et aujourd’hui du plus profond d’eux-mêmes, les Maliens aspirent ardemment à un minimum de certitudes sur le devenir du pays. Hélas ce vœu attendra encore d’être exaucé. Car la présentation des derniers évènements, particulièrement depuis le paraphe de l’accord d’Alger par le gouvernement, prend une tournure guerrière. Cette nouvelle tournure pourrait faire voler en éclats l’espoir d’une signature le 15 mai prochain tant le clan des partisans de l’affrontement au sein de la CMA apparaît dominant. Il est évident que ce mouvement est désormais plus proche du treillis que du paraphe. Même si le contexte diffère de celui 2012 qui avait vu le nord du Mali tomber sous le joug d’une rébellion politique appuyée de ses alliés intégristes salafistes, qui pour finir l’avait chassée.

La présence de l’ONU et des forces françaises devraient limiter les risques de l’embrasement ou la réédition du cauchemar vécu. Qu’à cela  ne tienne, nous constatons que toutes les trêves sont rompues, tous les accords sont violés, des vies sont en danger : celles de civils comme celles de militaires.   Seule l’interposition des forces neutres peut sauver les meubles. En attendant, le conflit au Nord n’est toujours pas fini. Toute la nation entière semble suspendue à cela. Et les récentes attaques dans la région de Mopti ajoute le centre du pays à la mêlée.

Et maintenant, comment trouver la juste approche pour que la CMA paraphe l’accord d’Alger ?

Il apparaît prématuré de croire que les accrochages récents constituent une flambée circonstancielle et on espère que l’on reviendra assez rapidement à la situation qui prévalait après le dernier accord de cessation des hostilités signé le 19 février dernier à  Alger.  Pour l’heure , il faut assurer la sécurité et maintenir l’ordre au Nord ave l’aide des forces onusiennes. Mais l’expérience démontre qu’une telle mission semble au-dessus du degré d’implication des casques bleus. Car et compte tenu de leurs sous- équipements, ils ne risqueront jamais d’engager une confrontation directe avec un groupe armé qui ne pense qu’à réinvestir le Nord dont il rêve, depuis toujours de faire un Etat : le fameux Etat d’Azawad.  Reste maintenant une seule alternative qui s’impose ; celle de mettre fin à la passivité forcée de l’armée malienne. Ce palliatif a peu de chances d’aboutir avant la signature définitive de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali.

Et c’est sur ce point que je termine avec mon propose. La médiation n’a plus beaucoup de choix que d’attendre le jour J, le 15 mai prochain. Point besoin de tergiverser, car cela n’enverrait qu’un mauvais signal à l’aile dure de la CMA qui, à mon humble avis, n’a jamais emprunté le chemin de la réconciliation et de la paix


L’accord d’Alger : un acte d’engagement pour la paix au Mali

Image, créative Commons
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Il est prévu par la médiation de faire signer l’accord d’Alger le 15 mai prochain à Bamako. Il s’agit pour elle de clore définitivement avec la très mauvaise séquence qui a failli ébranler ce fameux accord. Mais bon,comme le dit ce proverbe « Bamanan » : « Mieux vaut avoir quelque chose dans la bouche que d’avoir la bouche complètement vide », pour dire que nous contenterons bien de cet accord malgré ces imperfections. Car il s’agirait bien d’un acte de raison et d’engagement pour la paix et la réconciliation au Mali.

Un acte de raison 

Depuis 2012, le Mali est plongé dans une crise profonde dont il peine à sortir. Il y a eu le réveil de cette rébellion touarègue au tout début de l’année 2012 qui a ouvert les portes d’une succession événements tragiques, d’épisodes dramatiques et de tensions de toute nature qui n’ont fait que troubler le quotidien des Maliens. Nous sommes résolument convaincus qu’il est inutile de revenir à chaque fois sur la longue liste de nos malheurs de ces trois dernières années, mais nous devons prendre le temps d’analyser. Analyser les causes de la crise actuelle en vue d’apporter nécessairement des solutions durables. Car, malgré notre résilience reconnue, l’horizon tarde à se dégager. C’est pourquoi, en dépit de nos nombreuses réserves vis-à-vis de cet accord, nous l’avons unanimement accepté.  Nous l’avons accepté pour avancer ensemble dans le souci commun de réduire les périls, de réhabiliter le vivre ensemble, de redresser l’économie nationale, bref d’emprunter enfin le chemin du développement. Loin donc de la résignation, les Maliens ont opté pour l’accalmie inspirée d’un immense désir de tranquillité, d’une intense demande de sécurité et d’une forte envie de retrouver le vivre ensemble. Au détour de la lassitude à perdurer dans l’incertitude, les Maliens veulent voir le début d’un redressement de leur situation. Donc, la signature du 15 mai répond à une nécessité de la raison. La raison pour éviter une déstabilisation pérenne et accentuée de toute la partie nord du Mali. Mais au-delà, il faut aussi signer pour s’engager. S’engager résolument à lutter contre le terrorisme renaissant.

Un acte d’engagement

Il nous faut avoir la juste réponse à la renaissance du terrorisme au nord du Mali. Plus que jamais la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) doit mettre fin à ses foucades pour parapher l’accord d’Alger. Car il nous parvient des échos de terreur du Nord. On sait que Serval et plus tard la Minusma n’ont par réussi à mettre totalement en débandade le Mujao et ses autres alliés. Et ces dernières semaines, ils ont multiplié les attentats. Du nord au sud en passant par le centre, ils sont parvenus à répandre la psychose. Pour entretenir les espoirs que porte le futur accord de Bamako,  il convient pour la CMA de rejoindre les autres compatriotes afin de lutter contre le terrorisme renaissant. Il y va de sa crédibilité.

La nouvelle donne au Nord fait remarquer le retour en puissance du Mujao qui s’appuie désormais sur des sympathies locales en réveillant ces cellules locales. Plus que par le passé ces dernières sont de nouveau opérationnelles avec un mode d’actions bien adaptées à la situation. Des motos remplacent les pick-up ; les attaques de convois de ravitaillement et les attentats-suicide sont en train de remplacer les affrontements directs avec l’armée malienne. La situation bascule en cauchemar aussi bien au Nord qu’à Bamako et dans le centre. Pour toutes ces raisons notamment, mettre un terme à ces agissements inutiles s’impose, car c’est ensemble qu’il faut apporter la juste solution au danger renaissant.

Il est souhaitable que les ultimes efforts de la médiation d’ici le 15 soient payants. Quelle que soit la fragilité d’une solution négociée, elle aura le mérite d’éviter une déstabilisation accentuée d’une partie, ou même l’ensemble, de notre pays et l’imminence d’un nouveau cycle d’incertitude. Pour réussir, les médiateurs espèrent compter sur toutes les bonnes volontés du nord du Mal et de toute la nation malienne.

Malgré tout, nous n’allons pas nous voiler la face, il est possible que le 15 mai n’ait pas lieu. Un tout autre scénario paraît plausible tant le caractère irrédentiste de certains extrémistes touaregs pourra faire voler en éclats l’espoir de toute une nation. Mais pour l’avenir du Mali, la CMA doit nécessairement être raisonnable et réaliste pour parapher en vue d’engager aux côtés du gouvernement une lutte résolue contre le terrorisme renaissant qui pourrait briser tous nos espoirs.


Je suis Malien et je le resterai : « zouska » à la mort

Depuis 2012 ; depuis cette année fatidique où mon cher pays, le Mali a connu une déconvenue des plus spectaculaires que j’ai décidé de n’avoir plus honte d’être Malien. Même si j’avoue que cela ne m’enchante plus de reprendre comme par le passé cette maxime : «Je suis un Malien et fier de l’être ». Cependant quand je jette un regard sur l’avenir politique de notre pays je me rends compte que la question d’identité nationale a été de tout temps remise en cause, du moins en ce qui concerne les Touaregs. D’où cette interrogation qui me trotte l’esprit à chaque fois : comment atteindre l’identité nationale dans un pays ou un groupe ethnique ne se sent pas appartenir à la nation ?

La nation malienne et la question de l’identité nationale 

Au Mali, la nation est apparue depuis toujours comme un acquis, hormis bien attendu la récurrente crise touarègue au Nord. Mais pourquoi ce groupe se retrouve-t-il à la marge de la nation malienne. La réponse à cette question relève plus d’un sentiment de réfraction à la nation qu’un désir d’autonomie pour les Touaregs. Mieux, il y a même la question d’identité culturelle qui semble être le cœur du propos. Oui, les Touaregs vivant loin du Sud-Mali se sentent parfois culturellement différents. Mais, le territoire et la nation hérités de la colonisation française ont pris un visage ; le visage d’une nation avec des identités culturelles, ethniques, religieuses qui s’est stabilisée depuis.  Ainsi, avec l’indépendance, une nation malienne avec des identités culturelles y compris touarègues s’est constituée. Malgré les soubresauts touaregs au Nord, on a toujours eu le sentiment d’appartenir à une nation solide qui paraissait inébranlable. Au Mali comme ailleurs, l’identité nationale plus qu’un concept est un sentiment général d’appartenance à une nation. Aussi, ne couvre-t-elle pas de nombreuses identités culturelles. C’est pourquoi nous sommes très surpris de voir émerger le projet d’une possible partition de la nation. Oui nous restons confiants en la survie d’une nation malienne telle qu’elle fut à sa création.

Malien « zouska » la mort

Au moment où l’avenir politique semble compromis, voire la survie même du pays, il y a un regain de nationalisme malien à la limite chauviniste. Oui une majorité de Maliens revendique à qui veut l’entendre qu’ils sont Maliens et fiers de l’être. Et ils crient comme Alou Sam dans la chanson qu’ils resteront maliens « zouska » la mort : entendez par jusqu’à la mort. Donc, la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) doit rompre avec ces incertitudes pour se vêtir de l’habit national qu’il porterait « zouska » la mort.

Aujourd’hui ,plus que par le passé, la communauté internationale doit dépasser le principe de persuasion avec la CMA et ses acolytes pour aborder la phase de pressions inamicales avant d’envisager les sanctions contre les récalcitrants. Car, il doit être clair pour tous les amis du Mali que l’avenir de ce pays ne peut être suspendu à l’incertitude. Avant que la situation ne s’envenime, il faut clairement et définitivement faire comprendre à tous les protagonistes qu’ils resteront tous Maliens « zouska » à la mort !


Chasse aux «CH » ou véhicules non immatriculés, Une Psychose s’installe à Bamako !

Crédit photo, Michel
Crédit photo, Michel

Suite à l’attaque terroriste du bar-restaurant « La Terrasse » à Bamako, qui a fait cinq morts, les autorités maliennes ont décidé de renforcer les mesures de sécurité dans la capitale et sur l’ensemble du territoire national. Ainsi, une opération « CH » fut, depuis, lancé par les forces de défense et de sécurité. Elle consiste à l’interdiction systématique des véhicules non immatriculés de la circulation.

Opération « CH », entre gâchis, arnaque et bavure

L’attaque terroriste du 28 Février dernier dans laquelle avait été  impliquée une voiture n’ayant pas de plaque et pour laquelle les recherches sont restées jusque-là sans succès, le gouvernement malien procède à l’interdiction de circuler pour les véhicules non immatriculés sur l’ensemble du territoire national. La décision a été prise lors d’une réunion interministérielle présidée par le Premier ministre Modibo Kéita.

La version officielle a affirmé que l’attentat du 28 février à Bamako, qui a fait cinq morts, dont un Français et un Belge, a été mené par un commando de deux hommes armés circulant l’un sur une moto et l’autre à bord d’un véhicule sans plaque immatriculation. La décision ministérielle concerne toutes les voitures CH et celles qui n’ont pas d’identification, selon les règles de la Compagnie de circulation routière.

C’est donc dans une ambiance de stupéfaction générale que cette mesure entre en vigueur. Tambour battant, l’opération de nettoyage semble un succès, car selon  l’autorité routière, la police a arrêté des centaines de voitures dans la cour du GMS (Groupement mobile de sécurité) et a affiché une volonté implacable à appliquer les consignes du gouvernement pour la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire. Mais aujourd’hui qu’en est-il du Bilan de cette opération ?

D’abord le gâchis

La Police Nationale ne disposant pas de parking adéquat pour le nombre important de véhicules interpelés et immobilisés, ces derniers se retrouvent dans un état déplorable. La canicule qui s’abat sur la ville est en train d’émietter leurs vitres et bon nombres de pneumatiques sont désormais hors d’usages. Petit à petit, la cour du GMS se transforme en un cimetière de véhicules neufs ou d’apparence neufs. Car il faut savoir la plupart de ces véhicules disposent d’une carte grise provisoire leur autorisant à circuler avec les fameux Numéro « CH » qui n’est autre que le numéro de châssis du Véhicule.

Puis la corruption

A priori, rien de nouveau à ce sujet, sauf que, la corruption accable plus la police, que n’importe quel autre service de l’Etat. Donc, rien de surprenant que de comprendre les coups d’arnaques et de pots de vin s’introduire dans cette opération réputée à ses débuts sincères. Ainsi, comme nous commençons bien à nous en apercevoir, les véhicules « CH »  interceptés, conduit et gérés par le personnel des lieux sont, pour la plupart, remis à leurs propriétaires moyennant le paiement d’un montant compris entre cinquante (50 000) et deux cent (200 000) milles franc CFA. Et au tour de tout cela s’implante et se développe une véritable mafia policière (fabriquant et vendeur parfois de plaque d’immatriculation) qui ne fait qu’atténuer tous les efforts du gouvernement pour sécuriser la ville et le territoire national. En outre, Selon des sources proches de la Compagnie de circulation routière, la quasi-totalité des véhicules sans plaque d’immatriculation appartient aux hauts dignitaires du régime. Il s’agit des  ministres, des députés et des officiers supérieurs des forces de défense et de sécurité.

Et enfin, la bavure

Dans la nuit du vendredi 03 Avril 2015, un malheureux conducteur d’un véhicule avec « CH » fut abattu par la police après qu’il ait refusé d’obtempérer. Les faits surviennent aux environs des halles de Bamako, à cheval entre le quartier de Sokoniko et Niamakoro dans la commune 6 du District de Bamako. L’infortuné répondant au nom de Moha Alassane Cissé pris de panique, après être interpelé par les éléments d’une patrouille, tente de fuir avant d’essuyer les tirs des éléments de la police et de la garde pris certainement de panique aussi. Mortellement atteint, il succombera des suites de ses blessures à l’Hôpital du Mali, l’un des trois plus grands hôpitaux du Mali. La mort de ce jeune conducteur suscite un débat houleux au sein des bamakois : une partie approuvant la réaction, et une autre la reprouvant en la qualifiant de bavure de trop. Quoiqu’il en soit, nous sommes en présence d’un état de psychose généralisé qui sort sur des situations parfois dramatiques. D’un côté, il y a les conducteurs de « CH » qui, en raison de la possession d’une carte grise provisoire et de la lenteur des procédures par les services des transports, pensent être dans une légalité de circuler. De l’autre côté, il y a les forces de  défense et de sécurité seront, de l’avis des observateurs, mal préparés face à la situation qui prévaut. Par ailleurs ils subissent une forte pression qui leur rend par conséquent nerveux d’où des situations de ce genre que d’aucuns qualifierons de bavure. En définitive et nous l’aurons bien compris la pression s’exerce autant sur les forces de sécurité que sur les usagers.

Ce que l’on peut retenir c’est que l’opération « CH » n’aura pas permis de minimiser l’insécurité, loin s’en faut. Il a plutôt permis l’installation d’un climat de psychose généralisé dans un pays qui peine à retrouver ses marques.


Politique malienne : un statut et un chef de file pour l’opposition

Image, Créative common
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Pourvue que cela dure !

Le constat :

On se rappelle encore que sous l’ère ATT (Amadou Toumani Touré du nom de l’ancien Président), la notion de consensus qui lui était tant chère et dont il vantait tant le mérite, avait fini par avoir raison de la si exemplaire démocratie malienne. Le Mali était devenu le bel exemple de démocratie en Afrique ; un cas d’école même.  Mais un exemple trop beau pour être vrai.  Car, à bientôt un quart de siècle de démocratie malienne, on aura parcouru  des chemins. Des chemins avec des hauts et des bas. Et puis, presque contre toute attente, arrive ce putsch du 22 Mars 2012. Un putsch qui, pour beaucoup d’observateurs de la vie politique malienne, fut un invraisemblable effondrement. Invraisemblable parce que le putsch est exécuté avec une facilité dérisoire et à un moment totalement incompréhensif.   Invraisemblable également, parce que ce putsch a occasionné l’occupation de deux tiers du territoire national.  Ainsi, l’exemplaire démocratie malienne s’est quasiment effondrée faute d’avoir pu, en un moment donné, faire le point. Comme le dirait Gaoussou Drabo, éditorialiste à l’ESSOR (quotidien gouvernemental), faire le « brainstorming » des erreurs et des fautes qui on fait cheminer le pays vers l’abime. Vous l’aurez compris que le Mali a frôlé le chaos. Un chaos évité de justesse par l’opération serval. Cependant, disons-le tout net,  ce sauvetage inespéré de la France ne nous a laissé ni le choix ni le temps. Le temps de l’autocritique et le choix de la méthode à suivre. Acculé et pressé par ses partenaires, pour n’est pas dire ces exigeants de sauveteurs, le Mali a dû faire face à l’urgence. L’urgence d’organiser et de réussir des élections présidentielles d’une part ; et d’autre part  de faire face à la situation au Nord. Finalement, faute d’avoir identifié les erreurs et les fautes  qui ont fait cheminer le pays vers l’abime, on s’est plutôt empressé de dénoncer sommairement des pratiques de gouvernance négatives et d’énumérer succinctement les changements et les solutions à apporter. En définitive, et on l’aura compris, nous avons raté le coach. Car le constat s’annonce amère au vu de la méthode adoptée par les autorités.  Mais bon malgré tout on a tenté de progresser en essayant de nouvelles formules comme celles d’une vie politique plus ou moins animée : c’est-à-dire une opposition clairement identifier avec un chef de file.

Du nouveau sous le soleil politique malien ? Pas vraiment !

On se rappelle qu’aux premières heures de la démocratie malienne, une opposition active avait réussi à s’identifier et à se faire attendre. On se rappelle de cette récurrente instabilité à la primature qui a failli emporter le Président Alpha. Puis, vient le temps d’ATT et sa politique de consensus. Cette formule, tant vanté par ces initiateurs, aura accouché d’un échec cuisant. Un échec tellement cuisant que la méthode adoptée par les acteurs politiques faisait apparaitre une espèce d’atonie de la vie politique. Car l’objectif des partis politiques étaient de fournir au chef d’Etat une majorité parlementaire confortable et loyale. De cette formule, on aura compris que les députés dits de la majorité présidentielle  ont été obnubilés par leur zèle d’accompagnement oubliant qu’en tant que représentants du peuple ils devraient avoir une faculté de veille sociale grâce à laquelle ils pouvaient infléchir sur les projets gouvernementaux.

Aujourd’hui, certes la majorité présidentielle peut se targuer d’avoir une majorité parlementaire. Mais une majorité parlementaire qui n’ignore pas s’être gonflés par un ralliement massif de nomades politiques comme ce fut le cas de la formule consensuelle sous ATT. De ce point de vue, on en conclue qu’il n y a rien de nouveau sous le soleil politique, hormis qu’on a offert un statut et un chef de file à l’opposition. En effet, Soumaila Cissé, candidat malheureux aux dernières présidentielles et non moins président de la deuxième force politique du pays, fut désigné par l’ensemble des députés se réclamant de l’opposition comme chef de file de l’opposition. On y voit, sans doute, un signe d’amélioration de la pratique politique dans notre pays.  Reste à savoir quel usage fera l’opposition de ces nouveaux modes d’actions qui s’offrent à elle. En plus d’un statut clairement identifié, l’opposition  bénéficiera des attributs de représentation pour son chef,  des canaux d’échanges ouverts entre ce dernier et les plus hautes autorités, une imprégnation des dossiers importants de la Nation le tout accompagné par un éclairage médiatique. Cette nouvelle envergure fera un regain d’image à ceux des partis (d’oppositions) qui ambitionnent de gouverner un jour ce pays. Désormais, plus question de récriminations politiques et d’ostracisme médiatique, les opposants au Mali auront à relever un réel chalenge, celui de rendre visible et crédible leur différence. Car la mauvaise réputation du politique auprès des maliens les frappe autant que la majorité.

Une Démocratie malienne pleine d’ambiguïté qui aura connu donc ces périodes héroïque pour avoir été enfanté dans la douleur ; mais aussi a surtout connu ses heures de gloire en traversant une transition atypique. Elle a aussi eu le mérite d’expérimenter plusieurs formes inédites de partage du pouvoir, comme quoi, multiplier les expériences  pour atteindre la meilleure formule de gouvernance démocratique, pourrait être une potion magique. Notre pays a connu des moments difficiles qui ont nettement décliné son aura, mais, il lui reste encore de réussir un coup d’éclat inattendu comme ce fut le cas de la belle organisation des dernières présidentielles et législatives. Il ne me reste qu’à souhaiter bond vend à l’opposition et son chef de file. Et pour cette nouvelle formule de partage du pouvoir, une belle réussite.


Etre Président du Mali ; et après !

wikipedia.org, créative common
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Au moment ou les partisans de l’ancien président du Mali, Amadou Toumani Touré, affectueusement appelé « ATT » réclament son retour au pays, la question du devenir des Président de la République de notre pays se pose avec insistance. Oui il est, en ce moment précis, question du retour d’ATT au bercail. Mais globalement, et de l’avis d’une figure emblématique de la scène politique malienne, il est davantage question du devenir des Présidents de la République qui doit être une préoccupation majeure pour la jeune démocratie malienne.

Succession à la tête du Mali ou quand le parricide politique devient une habitude

De l’histoire récente de notre pays, les Présidents de la République ont eu pour mauvaise habitude, comme par parricide politique, de sortir par la petite porte. On se rappelle du Président Modibo Keita, père de la Nation, mort en prison après être chassé du pouvoir par un Coup d’Etat. Son successeur et non moins pourfendeur, le Général Moussa Traoré a lui aussi été chassé du pouvoir par un Coup d’Etat et emprisonné pendant dix ans avant de bénéficier d’une grâce présidentielle.  Aujourd’hui, le Général Président réhabilité, jouit pleinement de sa liberté et de son droit d’ancien président dans la dignité. Après, le départ tranquille et par voie constitutionnelle du premier Président démocratiquement élu, Alpha Oumar Konaré, c’est exceptionnellement la seule succession démocratique du pouvoir au Mali, son successeur et prédécesseur ATT, n’a pu échapper à la mauvaise habitude.  Ainsi, nous l’aurons bien compris que la succession à la tête du Mali, hormis le cas exceptionnel d’Alpha Oumar Konaré, s’est toujours passé de façon tumultueuse.

La trilogie de Mars ou le temps de tous les cauchemars du Mali

Dans l’air de l’actualité, on ne peut mettre sous silence l’amalgame entre les trois dates les plus tragiques et parfois les plus décisives pour notre pays : le 22 et 26 Mars 1991 ; et le 22 Mars 2012. Trois dates donc pour trois destins du Mali.

  • Il y’a d’abord le 22 Mars 1991, date fatidique, communément appelé « Vendredi Noir ». Cette date requiert, de la part de tous les maliens, un devoir de mémoire à l’endroit des martyrs. Et puis il y a le 26 Mars 1991, épilogue de la révolution de Mars 1991. Cette date, en même temps qu’elle achève l’insurrection, ouvre une nouvelle ère pour le Mali. Une ère plein d’espoir pour un mali démocratique pluraliste, mais aussi et surtout pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des maliens. Sans faire l’apologie du putsch, celui de Mars 1991 fut ressenti comme la réponse à l’appel d’un peuple méprisé et martyrisé, traqué jusqu’au cimetière et dans les hôpitaux qui débordaient de blessés et de cadavres.
  • Il y a ensuite ce 22 Mars 2012, sans commune mesure avec les évènements de Mars 1991, se déroulent dans un contexte tout aussi complexe caractérisé principalement par un malaise généralisé due notamment à la rébellion au Nord du pays. Oui en ce 22 Mars 2012, un Coup d’Etat intervient à Bamako chassant du pouvoir un président démocratiquement élue et en fin de mandant avec la ferme volonté de passer la main. Ce que je retiens de ce putsch, c’est qu’il consacre définitivement l’occupation des régions nord et la partition de fait du Mali. Et puis, il y a ces images de soldats fuyant le front qui contrariaient celles de soldats qui pillaient et volaient à Bamako et à Kati. Il y a donc Mars des malheurs présidentiels ; mais et surtout Mars des victoires républicaines dont la portée ne doit jamais nous échapper si nous voulons construire une démocratie viable.

Il faut absolument proscrire le Coup d’Etat et songer au devenir des présidents

Malgré qu’en 20 ans de démocratie, les maliens aient constaté globalement un aveu d’échec, le putsch du 22 Mars 2012 n’en a pas moins été la solution. Au contraire, il a davantage précipité le pays dans un gouffre insondable dont il peine encore à sortir. On l’aura compris définitivement que par le passé le Coup d’Etat n’as jamais été la solution comme il n’en sera pas une aujourd’hui. C’est pourquoi pour réussir des successions pacifiques et apaisée à la tête de l’Etat, il faut définitivement proscrire les coups d’Etas au Mali.

Oui ATT doit revenir et être réhabilité comme l’a été Modibo Keita (même si c’est à titre posthume) ; et comme l’a été Moussa Traore qui, sans doute, a fait couler le sang du peuple. C’est seulement à ce prix que nous pouvons avancer. Il vrai qu’un ancien chef d’état peut être jugé et condamné, mais il faut au préalable lui mettre dans ces droits ; et à la fin, probablement lui pardonner.


L’Etat du Mali VS l’Etat de l’ « Azawad », à quand la fin de l’hypocrisie ?

 

Il faut commencer par le commencement, mener à bien définitivement et totalement le recouvrement total du territoire national : c’est-à-dire rétablir l’autorité de l’Etat malien à Kidal, bref redéployer l’armée malienne et cantonner les éléments des groupes armés. Les velléités indépendantistes de certains Touaregs, une minorité parmi la majorité, ont réussi à se faire un écho dans les médias français. Mine de rien, le basculement du discours n’a connu un tel virage que depuis le début d’une espèce de réflexion relayée et soutenue par bon nombre de médias, de politiques et d’intellectuels occidentaux qui ont tendance à identifier des différences culturelles entre Touaregs et autres Maliens de race noire. De fil en aiguille, on a vu émerger la thèse d’une idéologie ethnico-raciste comme principale cause de la crise au nord du Mali. Un petit nombre de Touaregs, en victime expiatoire, s’est autodésigné comme porte-parole d’une communauté en quête d’indépendance  sur le territoire de leurs ancêtres. Du coup, la thèse d’une minorité oubliée et opprimée face à un Etat oppresseur, envahisseur a fait son petit bonhomme de chemin. Et désormais, il faut penser à séparer l’Etat malien et à créer un Etat touareg d’« Azawad » pour permettre à ce peuple touareg opprimé de s’affranchir du joug d’un Etat avec lequel il ne partage rien de commun.

Mais, depuis quand un nomade revendique-t-il un territoire ?

Depuis qu’on est arrivé à sédentariser une communauté nomade en lui attribuant un territoire. Belle initiative des autorités maliennes qui n’ont pas hésité à ériger une vaste partie du territoire national en région administrative en dépit d’un criard sous-peuplement. Le but étant de valoriser cette région peuplée de nomades. Car et on l’aura bien compris que toute politique de développement se conçoit et se réalise avec la présence d’une population. Ainsi, les tribus touarègues étant, à travers cette initiative gouvernementale, progressivement sédentarisées vont avoir beaucoup de mal à faire face à la nouvelle donne. Il s’agit là d’une profonde rupture culturelle. Mais après tout cela aurait été parfait si toutes les parties y avaient joué pleinement leur partition. Au gouvernement de mettre en œuvre une véritable politique de développement de cette région, et aux populations, surtout Touaregs de revendiquer et de se sentir totalement et entièrement maliens. Mais au-delà de ce point de vue, le problème apparaît plus complexe 

En quoi une journée de rencontre à Kidal pourrait-elle être décisive ? 

Kidal, la rebelle, la frondeuse va-t-elle cette fois-ci plier. En tout cas, en ce jour 17 mars 2015, la capitale de l’Adrar des Ifhogas  reçoit une délégation de la médiation et des ambassadeurs du Conseil de sécurité. Après les huit mois d’intenses négociations à Alger, il s’agit, de l’avis des observateurs avisés de cette crise, de la rencontre de la dernière chance. Cette délégation y va sans doute parce qu’elle est rassurée de la bonne foi de la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad) à emprunter la bonne direction : la direction de la paix et de la réconciliation. Car depuis trois ans ce pays déprime; cela fait trois ans que ces fils s’exilent au gré d’une instabilité récurrente. Oui, trois ans pendant lesquelles la jeunesse « kidaloise » est privée d’école; trois ans enfin que les communautés peuplant le nord du Mali se méfient les unes des autres.  Eu regard de cette situatio , il est plus que temps de parapher cette accord. Un accord que, AdamThiam, journaliste éditorialiste à L’Indépendant, qualifie de bizarre : un accord issu non pas d’un accouchement naturel, mais d’une rude césarienne. Et pour cause ? Il s’agirait bien d’un préambule conciliant avec 67 articles pour 42 pages de réserves dont 12 venant du gouvernement et 30 de la CMA. Même si la CMA a semble-t-il pu consulter sa base, cela semble loin d’être le cas du gouvernement avec le reste des Maliens. A ce rythme, je suis convaincue comme beaucoup de Maliens que la montagne risquerait d’accoucher d’une souris. L’urgence serait-elle de parapher un accord qui ne satisfasse pas les désirs d’un retour viable et durable de la paix. Le mieux pour paraphraser Adam Thiam, une fois de plus, c’est de gouverner avec humilité et non d’humilier les gouvernés par des décisions irresponsables.


L’attaque de « La terrasse » suscite l’émoi des bamakois

Crédit photo, Michel
Crédit photo, Michel

On avait tant redouté cet instant. Mis à part cet attentat manqué à la bouteille de gaz devant l’ambassade de France, Bamako était resté à l’abri. On avait fini par croire que cette ville ne courait plus le risque d’une attaque terroriste. Mais enfin arriva ce qui devrait arriver, avec cette attaque d’un Bar-restaurant prisé de la capitale. Situé à l’hippodrome, jouxtant une rue dénommé «  rue princesse » à l’image d’une des célèbres rues d’Abidjan.  La Terrasse, certes fréquentés massivement par les expatriés, recevaient aussi une forte clientèle locale. Une bonne partie de la jeunesse branchée bamakoise fréquentent cette rue, car elle abrite bon nombre de bars, de restaurants, de discothèques etc. de la ville. Oui nous y faisons tous un tour les week-ends pour nous recréer.

Cette attaque confirme  que Bamako est une proie facile, une ville fragile.

Bamako est certes la capitale d’un pays à majorité musulmane, mais Bamako n’en est pas moins une capitale d’ambiance d’un pays totalement laïque ou les libertés individuelles sont  totalement acquises. Jusqu’à cette nuit fatidique de l’attaque de ce Bar au centre de la ville, Bamako représentait l’image d’une ville douce, hospitalière et relativement sure. Mis à part la recrudescence d’un banditisme urbain, il n’y existe guère un réseau de crime organisé comme l’on peut observer sous d’autres cieux. C’est peut-être  pour toutes ces raisons que les autorités n’ont jamais évalué le dispositif sécuritaire de la ville, ou peut-être l’on toujours considérés, à tort, suffisante. Du coup, on a l’impression qu’on peut frapper cette ville à tout moment. Cela nous rendrait grand service si avant de nous endormir, si avant de prendre nos grands airs, nous nous rappelions cette triste vérité que notre ville n’est pas la forteresse espérée. Ce n’est pas agréable de savoir que nous ne sommes pas à l’abri des flèches de l’adversité mais cela peut nous garder humble et nous préserver de mauvaises surprises comme l’attaque de la Terrasse.

Le ressenti des bamakois au lendemain de ces premières attaques terroriste dans leur ville.

Il faut dire que cette attaque terroriste a plongé cette ville et ses habitants dans la stupeur, dans la tristesse et dans un état de choc total. Unanimement, les bamakois ne comprennent pas les raisons d’une telle attaque. Ils sont scotchés dans les interrogations. D’une part il dénonce avec grand mépris l’ignominie des terroristes qui se sont attaqués à leur ville, d’autres parts, ils déplorent l’irresponsabilité des autorités qui, de l’avis de nombre d’entre eux, ne font pas sérieusement face à cette nouvelle forme de menace. Encore qu’on se rappelle de ces signes prémonitoires qui laissaient présager le risque d’attaque terroriste dans la ville et qu’en face on ne voyait aucune volonté des autorités d’y remedier.

L’objectif de ceux qui ont attaqué Bamako était de nous foutre la peur. Mais nous leur disons que nous n’en avons rien  à branler. Oui ils n’arriveront pas à nous faire peur. Plus que jamais, les bamakois sont debout et solidaires. C’est pourquoi nous invitons tous nos hôtes de ne pas céder à la panique. Nous leurs invitons à se joindre à nous pour faire un front commun contre ces adeptes de la violence. Je voudrai juste rappeler que ces méchants peuvent frappés partout et à tout moment : on se rappelle des attentats du 11 septembre 2001 à New York, ou plus proche de nous, ceux qui ont frappé Paris en janvier 2015. Comme pour dire que tous les endroits du monde sont susceptibles d’être frappé par ces terroristes  qui n’ont d’autres buts que de semer la peur dans notre monde de libertés.

En attendant de mettre la main sur les responsables de ces attaques, Bamako tente de cicatriser ses plaies et reste debout pour éviter d’être surpris une fois encore.


Le Mali en convalescence, la culture en renaissance !

Point besoin de rappeler que notre pays a connu une crise grave et profonde dont il peine à sortir. Point besoin non plus de rappeler que cette crise a affecté la vie culturelle malienne obligeant les acteurs culturels à marquer une longue et difficile pause. Et les récents soubresauts militaires au nord du pays et son écho politique au sud ne sont pas de nature à faciliter le retour d’une paix durable, donc d’une activité culturelle normale. Qu’à cela ne tienne, -le succès de l’opération Serval qui a permis de chasser les djihadistes du Nord, le déploiement d’une mission de stabilisation des Nations unies et la bonne tenue de l’élection présidentielle qui a permis le retour à une vie constitutionnelle normale-, ont donné des raisons d’espérer aux acteurs culturels qui, du coup, se sont remis au travail. Ainsi, dans la perspective de rattraper le temps perdu, les événements culturels ont repris de plus belle. Les espaces culturels à Bamako et dans les grandes villes du Sud ont retrouvé leurs ambiances d’autrefois.

Le retour de la stabilité politique fait renaître la culture.  

Des programmations de spectacles qui fusent, des festivals en cours et des projets en vue, des artistes qui, depuis quelques mois, ont recommencé à se produire sur les scènes à Bamako et dans les grandes villes du Sud-Mali, on peut bel et bien dire que la culture malienne renaît et reprend son envol pour le plaisir de tous.

Le Mali est un pays éminemment culturel, et la culture constitue un pan entier de l’économie malienne. Ainsi quand elle est en panne, l’économie en subit un coup. Des milliers de Maliens vivent de la culture : des artistes aux médias en passant par les intermittents ou encore les espaces de loisirs. Donc pour la survie et le bonheur de tout ce petit monde, les autorités se doivent de travailler à davantage de stabilité dans le pays. On se rappelle encore du rayonnement culturel qu’a connu le Mali ces dix dernières années à travers des festivals de rang international comme celui sur le désert, ou encore celui sur le Niger, pour ne citer que ces deux manifestations.

Mais que dire de cette attaque terroriste à « La Terrasse »

Bar-restaurant situé au cœur de la ville de Bamako, dans le quartier résidentiel de l’hippodrome, « La Terrasse » a été la cible d’une attaque terroriste faisant 5 morts et de nombreux blessés. Cette fusillade intervint dans la nuit du 6 au 7 mars plongeant Bamako et tout le pays dans une stupeur, une tristesse et un état de choc total. Il faut dire que depuis l’intervention française qui a chassé les djihadistes, on redoutait un tel scénario. Cependant, l’élection présidentielle qui installa IBK à Koulouba, les négociations de paix prometteuses avec les groupes armés du Nord à Alger, on fait espérer à un éventuel retour à la normale . Donc, c’est en cours de rédaction de cet article qu’intervient cet incident grave qui pourrait replonger encore ce pays dans le chaos. Je plains les artistes, notamment musiciens qui commençaient à voir une lueur, de retomber dans la galère de laquelle ils sortaient progressivement.

Oui, cette attaque laisse planer le spectre du chaos pour un pays qui vit entre désespoir et déprime. Et qui malgré tout se donnait le droit d’espérer. Mais après cet acte ignoble, l’avenir apparaît plus qu’incertain.


Les agissements de L’Etat Islamique en Irak et en Syrie vue du Mali !

Image, Creative Common
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La coalition contre le «          Daesh » vu du Mali !

Il y a seulement deux années, le Mali faisait face à un cas similaire à celui que connait l’Irak. En effet un groupe islamiste extrêmement violent à décider de s’emparer de tout l’Irak qui peine à sortir du chaos d’après Saddam. Ce groupe Djihadiste ambitionne d’installer un Etat à cheval sur l’Irak et la Syrie.

Comment et pourquoi une organisation terroriste comme Daesh veut s’octroyer un territoire, bref s’ériger en Etat ?

Cela parait inédit pour une organisation terroriste d’obédience religieuse de revendiquer un territoire pour installer un Etat. Ces ambitions territoriales de Daesh rompent avec les habitudes et surprend.

A entendre les alarmistes, on croirait à une première dans l’histoire de l’extrémisme religieux (oui, peut dans la manière…). Sauf qu’on se rappelle encore du règne des mollahs en Afghanistan. Et même plus près de nous, la tentative des groupes Djihadistes de s’emparer du Mali dont ils occupaient tout le Nord. Encore, aujourd’hui le Nord de ce pays reste instable sous la pression de ces groupes armés qui s’abstinent à y rester. Oui eux (Aqmi, Mujao etc.) comme l’EI partagent l’idée commune de fonder un califat universel. Ils aspirent à la mise en place d’une sorte d’immense Etat islamique régi par la charia (la loi d’inspiration coranique). L’EI comme les groupes armés au Nord font plus que la guerre. Ils font de la politique en exerçant un pouvoir sur des territoires délimités.

En définitive, nous comprenons que L’EI, plus qu’Al-qaida – (et peut être que c’est la nouvelle tendance du djihadisme avec les cas maliens et Nigérians), ajoute à son utopie une assise territoriale : la création d’un « Sunnistan libre » selon un spécialiste de l’islam à l’IREMAM (Institut de Recherches et d’Eûtes dur le Monde Arabe et Musulman).

Comme vous pouvez le comprendre, le « Daesh » (pareil à ces groupes armés qui occupaient le Nord du Mali) ne fait pas peur aux Maliens. Il ne nous fait pas peur autant qu’il ne devrait pas faire peur aux irakiens encore moins aux syriens. Car oui, ces gourous sont à la fois ces pourfendeurs, ces amis sont aussi ces ennemies. Aussi, comme ils l’ont combattu au Mali, ils le feront en Irak et en Syrie. Et comme à leur habitude, ils feront les pompiers efficaces comme la France l’a fait  avec l’Opération Serval.

Fini de tourner autour du pot, je vais vous dire ce que pensent réellement les maliens de cette histoire. Oui dans leur majorité,  ils y croient dur comme fer que ce sont les mêmes, qui, aujourd’hui, se coalisent pour combattre l’EI, qui sont aussi ceux qui l’ont mis en place. Car après tout comment comprendre que des individus aussi violents puissent disposer d’arsenal de combat aussi puissant à la capacité de celui d’un Etat. Sans oublier que leurs plus grands soutiens sont à rechercher dans les monarchies pétrolières du Golf qui, par ailleurs, sont les alliés sûrs des occidentaux dans la région. Ne dérogeant pas à ce vieux principe, on dira que l’ami de ton ami est ton ami. Ce qui semble être le cas de l’EI avec les occidentaux. Sauf que l’amitié d’un brut ne peut durer !

Et puis, du Mali nous voyons l’EI du même œil qu’Al qaida au Maghreb Islamique, ou encore « Boko Harem ». Des organisations de la terreur qui se cachent derrière la religion pour atteindre des objectifs purement narcissiques.  Et quand on parle de la coalition contre l’EI aux maliens, ils pensent systématiquement à celle qui a assassiné Kadhafi et renversé son régime. Et depuis la Lybie ne s’en est pas remis. Ce fut la même chose en Irak, et c’est aussi ce qu’on est en train de faire en Syrie.

Depuis, nous l’aurons compris qu’il n’est pas toujours judicieux de déloger certains régimes, fut-il dictatoriales. Car les exemples irakiens (Saddam Hussein) et libyen sont sortis sur des situations chaotiques. C’est d’ailleurs ce chaos de l’après Saddam qu’a profité à l’EI en Irak ; tout comme la fragilisation du régime de Bachar Al Saad leur a ouvert des portes en Syrie. Kobanè en est la parfaite illustration.

Le Daesh et ses filiales plus fort qu’Al Q’aida, ou faut-il craindre le pire

Ils sont à la une de l’actualité. Ils opèrent avec une violence extrême en décapitant leurs otages. Ils sont super hiérarchisés,  super structurés et possèdes des filiales en dehors de leur zone de prédilection. Bien que son nom ne soit répandu dans les medias depuis quelques mois, l’Etat Islamique est né en 2004 à la suite d’une scission d’Al Qaida. Il s’agit en fait d’une émanation d’Al Qaida en Irak.

Ainsi, en conquérant de larges pans du territoire irakien en l’espace de seulement quelques mois, et en publiant coup sur coup, en un laps de temps restreint les vidéos de décapitations d’otages occidentaux, l’EI fait une rentrée remarquable sur la scène médiatique et du coup adresse un message limpide aux occidentaux. Avec une redoutable efficacité  et la terreur qu’il sème, le « Daesh » est désormais le groupe djihadiste le plus puissant et redouté. Aujourd’hui, il est considéré par les occidentaux comme l’ennemi public N°1.

D’aucuns auront déjà pensé au début d’une troisième guerre tant les agissements du « Daesh » risquent de remettre en cause l’ordre mondial d’après-guerre froide. L’EI opère sur un espace géopolitique extrêmement complexe qui présente des rivalités politico-religieuses très tendues. D’un côté il y’a une opposition sunnites – chiites qui peut, à tout moment, faire basculer toute la région.  De l’autre il y’a l’Iran et ses alliés chiites très hostile à Israël. Tout une somme d’ingrédients qui, par la faute de l’EI, pourrait se mélanger et provoquer un enlisement à l’échelle mondiale.

Ainsi donc, ce qu’il faut comprendre et j’en termine là-dessus, il faut savoir que nous sommes en présence d’un calife de la terreur quelque part entre l’Irak et la Syrie capable de reproduire des «centaines de 11 septembre » pour ne pas citer Jean pierre Filiu, spécialiste du Moyen Orient. Face à la montée du djihadisme en mode Etat, le monde libre doit former un front uni et solide. Car hier c’était au Mali, aujourd’hui c’est en Irak et en Syrie et demain cela pourrait être la Lybie ou n’importe qu’elle autre pays en proie à l’instabilité.


Les Galetas, un cliché de la misère urbaine « bamakoise »!

Source, Photo Michel

 Quartiers spontanés et autres bidons villes, nid de pauvreté à Bamako comme dans plusieurs grandes villes d’Afriques et d’ailleurs.

Déjà, en  1999, partant de mes observations à travers une étude sur la ville de Bamako, voici un peu ce que je pensais de ses bidons villes et de ses quartiers périphériques spontanés. Causé principalement par l’exode rural, le phénomène de quartier spontané (donc de bidons villes et de quartiers périphériques spontanés) posait le problème de paupérisation rapide de la ville de Bamako. Et aujourd’hui, avec une urbanisation galopante, le phénomène des quartiers spontanés ne cesse  d’exploser. Oui, je confirme encore aujourd’hui que ces lieux viennent renforcer la pauvreté dans les grandes villes du monde, et  surtout  d’Afrique. 

A travers ces quelques vers libres, je vous invite à partager mon ressenti sur ce phénomène urbain très présent à Bamako.

Les Galetas

Qu’en sait-on ?

Ils se dressent un peu partout

Aux alentours et à l’intérieur des grandes villes

Ce sont des habitats spontanés pour des populations spontanées

Venues pour s’y agglomérer dans l’espoir de trouver un mieux être

Et de se faire une place sous le soleil

Ces habitats abritent la misère de l’opulente ville

Au prime abord

On s’exclame misérables

Des maisons en enfilades abominablement disposées

On ne reconnait ni rue, ni limites de propriétés

L’habitat s’agglutine au hasard de nouvelles arrivées

Ces maisons improvisées sont dépourvues d’eau et d’électricité

Et d’ailleurs de tout équipement urbain

Et de toute commodité urbaine

La sordidité de l’habitat est à la lisière du vivable

Les enfants y pullulent au milieu de la poussière et des eaux usées

Les feux de bois, la seule énergie disponible

Ajoutent encore à la pollution

Et contribuent à des centaines de kilomètres de la ville à la destruction des derniers forets

Les galetas offrent un paysage horrible

Témoin de l’indigence des habitants qui y habitent

Enfin, les galetas sont un mauvais coin pour la race humaine.

Michel THERA


Le Musée National du Mali et ses Jeudis musicaux : une invitation à sa découverte et un tremplin pour les jeunes artistes-musiciens !

Source Photo Michel
Source Photo Michel

En quête de visiteurs, le Musée National du Mali organise, il y a quelques années de cela, une soirée musicale chaque jeudi. En effet, depuis 2004, sous l’initiative de son directeur, dans son jardin s’étendant sur le prolongement du Parc National, de jeunes artistes et même parfois des artistes confirmés se produisent sur l’esplanade du Musée. Mais avant d’en savoir plus sur cette curieuse initiative, je vous invite à la découverte de ce musée, l’un des plus riches d’Afrique.

A la découverte du Musée National du Mali

Musée National du Mali

C’est justement en 2004, année de démarrage des « Jeudis musicaux », que j’ai fait la Découverte du Musée National du Mali dont j’ignorais jusque-là l’existence : c’était dans le cadre de la réalisation de mon mémoire de fin d’étude traitant du « Tourisme urbain à Bamako.

Situé Avenue de la Liberté, dans le quartier administratif (Quartier des administrations et des ambassades), le Musée National du Mali fut ouvert en 1953 en tant que Musée soudanais. C’est avec l’indépendance en 1960 qu’il prend le nom de Musée National du Mali. Il se donne comme principaux objectifs, la promotion de l’unité nationale et l’hommage à la riche culture traditionnelle malienne. A la fois structure de conservation et de promotion, le MNM (Musée National du Mali » présente des expositions permanentes et temporaires d’archéologie et d’ethnographie ; ainsi que d’art contemporain. Trois expositions permanentes dédiées aux arts et artisanats africains présentent des collections qui regroupent  des objets épargnés par le pillage culturel des français. Il faut savoir à ce propos que les plus beaux objets d’arts maliens se retrouvent dans les célèbres musées occidentaux dont celui du Quai Branly. Cependant, depuis quelques années l’actuel Directeur M Samuel Sidibé mène un dur combat pour restituer ces objets d’arts illégalement sortis du Mali.

Quant à la collection d’art contemporain, issue d’une donation de l’ADEIAO (Association pour la Défense et l’Illustration des Arts d’Afrique et d’Océanie, elle comprend des œuvres d’artistes de différents pays d’Afrique et du monde : on peut citer en exemple Iba N’Diaye du Sénégal, Ouattara Bakari de la Cote d’Ivoire, Koraichi Rachid d’Algérie, Malangatana du Mozambique, Boghossian Skunder d’Ethiopie, etc. Ainsi l’ensemble de ces collections mettent en valeur l’histoire et la richesse culturelle du Mali. Et c’est à travers ce musée que le voyageur désireux de découvrir ce pays légendaire s’introduit pour aller à la quête d’exotisme à travers des statuettes, masques, textiles, objets préhistoriques ou contemporains.

Fort d’une rare et riche  collection, le Musée National du Mali est non seulement l’un des mieux dotés mais surtout l’un des plus dynamiques d’Afrique. En 2007, il reçoit et à juste titre le prix Prince Claus, remis par le Prince Constatijn des Pays-Bas, en récompense du travail accompli pour la prévention du trafic des biens culturels en Afrique

Un lieu donc de conservation et d’exposition d’objets anciens et contemporains, mais aussi, et depuis quelques années, un lieu de spectacle musical.

Les Jeudis musicaux pour faire découvrir le Musée aux Bamakois.

Source, Photo Michel
Source, Photo Michel

Comme moi (je l’ai découvert qu’en 2004), beaucoup de maliens, et curieusement beaucoup de bamakois, surtout l’intelligentsia  ignorent l’existence du Musée National du Mali. Il semble juste réserver aux étrangers et aux touristes. Le public local semble totalement ignorer sa présence. C’est pour remédier à cela que Monsieur Sidibé a lancé fin 2004 les Jeudis musicaux qui met en scène chaque Jeudi soir un artiste local confirmé, et parfois en quête de reconnaissance. C’est ainsi que depuis déjà dix ans, les Jeudis musicaux ont acquis un public qui ne cesse de grandir. A ce jour cette curieuse initiative s’institutionnalise et rentre dans les activités phares du MNM. La programmation est aussi variée que surprenante. On y retrouve les grandes stars de la musique malienne à l’instar d’Oumou Sangaré, d’Abdoulaye Diabaté, ou encore Nahawa Doumbia ; à leurs côtés de jeunes talents confirmés ou en quête de reconnaissance comme Rokia Koné,  Fousseyni Fakoly Doumbia etc. Ainsi et peut être pour la première fois dans le monde un musée ajoute à sa vocation habituelle, la promotion musicale.

Source, Photo Michel
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Le Musée, le temps d’un jeudi soir offre au public, de merveilleux moments en compagnies d’artistes de renommer qu’il ne leur ait pas donné de voir aussi souvent sur scène ; mais aussi de permettre à la découverte de jeunes talents, qui, à travers cette scène se font un écho.

De cette initiative du MNM et de son directeur, je retiens deux avantages qui, semblent être, ces motivations premières : d’une part le public des jeudis musicaux découvrent, ne serait-ce que, l’existence du Musée et peut être attiré à le découvrir davantage ; et d’autre part les jeudis musicaux constituent un véritable tremplin pour de jeunes talents, parfois connus à l’international mais ignorés du public local.

Pour ceux d’entre vous qui visiteront prochainement Bamako, je vous invite à la découvrir un musée qui vous offre de voir en plus de ses merveilleuses collections, un concert (si jamais vous tombez sur un jeudi) confortablement allongé sur ses pelouses dans le prolongement du parc national avec lequel il est contigu. Retenez que l’entrée est libre !

Source, Photo Michel
Source, Photo Michel

Sinon pour visiter les collections et expositions du Musée : 500 F CFA pour les nationaux et ressortissant CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest) et 2 500F CFA (4 Euros) pour les autres (hors CEDEAO).

« Visitez et faites visiter, le Musée National du Mali, votre musée, notre musée, le musée de tous »

Michel THERA


Les misérables des rues « bamakoises » !

Credit Photo, Michel
Credit Photo, Michel

Je m’étais laissé aller à une manifestation de colère somme toute surprenante. Ce genre d’emportement qui découle le plus souvent d’une révolte intérieure. Ce fut lorsqu’un de ces mendiants de malheur, qu’on rencontre à tous les carrefours de Bamako, a failli me rentrer dedans sous prétexte de quémander. C’est alors que j’ai laissé exploser une virulente colère à  l’endroit du pauvre gamin, qui par ailleurs me faisait pitié. Cette attitude était loin d’être anodine, j’étais juste écœuré par la présence de  ces gamins sur les trottoirs de la ville qui, normalement, devraient être à l’école. A croire que cette pratique relève d’une exigence sociale ou religieuse qui, a priori, est tolérée. Quoiqu’aujourd’hui le phénomène semble prendre une tournure débordante et inquiétante.

Tant qu’il existera, par le fait de traditions relevant d’un autre âge, une certaine pratique sociale condamnant un nombre important d’enfants à une destinée incertaine ; tant que l’injustice sociale perdure, aggravant par conséquent la misère sociale, et enfin tant que, plus grave encore, l’indifférence sociale s’accentue, des phénomènes comme la mendicité ne cesseront d’exploser. Sinon comment comprendre l’explosion soudaine de la mendicité à Bamako.

Le discours religieux appuyé par des réalités socio-économiques n’en reste pas moins un des principaux responsable de cette explosion soudaine de la mendicité à Bamako. On aura compris que les religions monothéistes pratiquées au Mali, toutes autant qu’elles sont, prônent la charité ; bref invitent les riches à donner aux indigents. C’est un peu comme dans une logique de se payer une place dans le paradis en exerçant la charité. Ainsi tout en s’achetant une place au paradis, la plupart d’entre nous contribuent sans vraiment le savoir à compromettre l’avenir de ces nombreux enfants livrés à eux-mêmes et à la rue. Mais avant qu’on en arrive là, cette pratique aurait eu des vertus sociales et aurait joué un rôle important dans l’éducation des enfants.

Les origines socioreligieuses de la mendicité

Loin de celle que l’on voit dans les rues de Bamako, la mendicité serait d’origine religieuse. Elle constitue une réponse à l’un des 5 piliers de l’islam qui stipule l’offrande « Zakat » ou l’aumône rituelle aux plus démunis. Ainsi, tout en répondant à une exigence religieuse, la mendicité participait à l’éducation du jeune garçon qui, à travers cette pratique, apprenait à être plus endurant se préparant ainsi à faire face aux nombreux défis de la vie qui l’attendent. Ainsi de ce point de vue, la mendicité relève plus d’une exigence socioreligieuse que de la pauvreté. Mais depuis quelques temps la mendicité a pris une ampleur incontrôlable se présentant sous diverses formes.

L’incontrôlable explosion de la mendicité sous diverses formes à Bamako

On les retrouve à tous les carrefours de la capitale, sur les places publiques ainsi que dans les lieux de cultes (Mosquées et Eglises). Ils sont jeunes, parfois très jeunes ; handicapés, ou même personnes invalidés par l’âge. On l’aura compris c’est les misérables accompagnés d’une certaine partie de la populace urbaine qui s’y retrouvent. On pourra les appeler les martyrs de la misère tant le phénomène semble concernée une bonne partie de ce qu’on peut qualifier des « misérables de la capitale ».

Au Mali et plus particulièrement à Bamako, mendier devient une profession avec son cortège d’accidents, de vols, d’escroquerie, d’abus etc. « A y a di Allah ma » qui se traduit «  donnez la part  de Dieu », accompagnées de récitations de versets coraniques, ou même de supputations évoquant la misère, le monde des mendiant offre un spectacle effroyable.

Dans les rues de la capitale, on est envahie par une cohorte de mendiants, qui, n’hésite pas à se lancer au milieu de la circulation, encourant toutes sortes de danger, à la recherche de l’aumône.

Dire qu’il y a une décennie, la mendicité était presqu’un phénomène isolée dans la capitale malienne. Mais aujourd’hui, elle atteint un sommet, devenant un problème social des plus préoccupants qui ne devraient pas laisser indiffèrent les autorités.

C’est pourquoi, désormais, nous devons tous comprendre que ce phénomène, loin d’être isolé, est pratiqué par un important groupe social à Bamako. On retrouve des mendiants de tout âge et tout sexe, parfois élisant domicile dans la rue.

Face à ce délire de la mendicité que faut-il faire ?

Pourquoi faut-il nécessairement faire face à ce phénomène social qui ne cesse d’exploser, et dont les conséquences apparaissent néfastes pour l’avenir des enfants qui y sont victimes ?

Certes, il n’existe pas de potion magique, encore moins de recettes miracles pour enrayer, ou plutôt tenter d’enrayer ce fléau ; surtout en ce qui concerne les plus jeunes.

Mais déjà, il faut commencer par revoir le cas des écoles coraniques qui semblent être d’un autre âge. Les valeurs d’éducations, de sociabilité et d’endurance que l’on leurs prête semble leurs échapper, ou inadapté au contexte social actuel. Ainsi l’idéal serait d’intégrer ou d’ériger ces écoles coraniques en medersas, des structures qui ont un programme normal avec histoire et géographie, math, physique-chimie etc., associée à une formation religieuse (coranique en arabe). En plus, ces medersas sont encadrées par l’Etat et les enfants rentrent en famille après les cours comme les autres enfants. Avec cette formule que l’on retrouve notamment en Mauritanie ; on est sur de voir moins d’enfants talibés dans les rues. Une autre solution serait d’institutionnaliser l’enseignement religieux coranique, bref en faire un pan entier de l’éducation.

En ce qui concerne les handicapés, il faut peut-être envisager des mesures préventives qui consisteraient en une prise en charge sociale d’un certain type de maladies qui se prêteraient le plus à la mendicité.

Au Mali, certaines maladies sont responsables d’handicaps qui poussent à mendier. Entre-autres, on peut citer la lèpre, l’onchocercose, la poliomyélite. Pour éviter que les personnes atteintes de ces maladies tombent dans la mendicité, il apparait nécessaire de renforcer les structures médicales existantes, et surtout procéder au dépistage précoce de ces maladies. Au-delà de toutes ces mesures, il faudrait penser à la mise en œuvre de maisons de retraites qui pourrait  recevoir des personnes en mal de vieillesses et qui n’ont plus personnes pour s’occuper d’eux.

En attendant de trouver des solutions, les rues de Bamako continuent d’accueillir des misérables au risques et puérils de leurs vies.

Hey « fissabililahi » résolvons ensemble ce problème au plus vite pour donner une seconde chance à ces nombreux enfants des rues « bamakoises »

Michel THERA


L’ONU est-elle en mesure d’assurer le maintien de la paix ?

Hote de l'Amitié
QG de la MINUSMA à Bamako, Photo Michel

 

En Afrique comme dans les parties chaudes du monde, presque tous les pays ont eu droit à leur mission de stabilisation ou leur opération de maintien de la paix. A ce jour on en compte 47 missions (terminées ou en cours) plus les opérations mandatées par l’ONU dans le monde.

Dans l’imaginaire collectif malien comme dans celui de nombreuses personnes de par le monde, les missions onusiennes de maintien de la paix ont souvent échoué lamentablement. Ces échecs résultent du contenu des mandats. A titre d’exemple la plupart de ces mandats limitent l’usage de la force, même pour sauver la vie des populations civiles. Il s’agirait, la plupart du temps, de détachement militaires sous-équipés, ou plutôt de forces folkloriques attirées par de faramineuses soldes  Ainsi, à cause de cette étiquette et de bien d’autres d’ordre moral et social, les opinions publiques des pays en crise sont de plus en plus réticentes aux déploiements des casques bleus sur leur sol. Cependant, ces soldats de la paix n’ont pas été toujours controversés.

L’âge d’or des opérations de maintien de la paix

On ne va pas réécrire l’histoire des opérations de maintien de la paix de l’ONU, mais on va juste rappeler quelques dates qui ont fait la réputation de cette activité phare des Nations unies.

En effet c’est depuis 1948 que l’ONU déploie des contingents militaires pour maintenir la paix et la stabilité dans le monde. C’est justement à cette date que, pour  la toute première fois, le Conseil de sécurité à autorisé le déploiement d’observateurs militaires au Moyen-Orient pour surveiller l’application de l’accord d’armistice entre le nouvel Etat d’Israël et ses voisins arabes. Les opérations de maintien de la paix de l’ONU naissent à une époque où les rivalités de la guerre froide auront souvent paralysé le Conseil de sécurité. C’est dans ces contextes de tensions entre vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale que l’ONU va déployer des forces de par le monde pour maintenir des cessez-le-feu et stabiliser des situations sur le terrain en assurant un appui crucial aux efforts politiques de règlement des conflits par des moyens pacifiques. Ces missions étaient composées d’observateurs militaires non armés et de soldat munis d’armes légères dont le rôle consistait essentiellement à surveiller la situation sur le terrain, à en faire rapport et à rétablir la confiance entre les parties en présence. C’est à partir de cette philosophie que les premières missions de maintien de la paix ont été des succès.  On garde en mémoire de cette première mission de paix armée (Funu I), déployée avec succès en 1956 pour résoudre la crise du canal de Suez. Sur le parcours de ce long et laborieux combat pour la paix et la stabilité dans le monde, ces missions auront connu des fortunes diverses. Des échecs, mais surtout des succès qui ont été couronnés en 1988 par un prix Nobel de la paix.

Bien qu’elle soit traitée de tous les noms, même de machin, l’ONU et ses missions de la paix demeurent des garants de la paix et de la stabilité dans le monde. Car « par leurs efforts, les forces de maintien de la paix ont beaucoup contribué à la réalisation de l’un des buts fondamentaux de l’ONU. L’organisation est aujourd’hui amenée à jouer un rôle central dans les affaires mondiales et se trouve investie d’une plus grande confiance».  Il ne s’agit plus seulement de garantir un cessez-le-feu d’un accord de paix ou de surveiller des frontières, il s’agit aussi d’accompagner le processus de transition politique, de désarmer les anciens combattants et de les réinsérer dans la société, d’organiser des élections, de protéger les droits de l’homme, d’assurer le déminage, d’améliorer les conditions humanitaires, d’œuvrer au redressement économique. C’est ainsi que dans la première moitié des années 1990, les opérations de maintien de la paix se sont multipliées, mobilisant quantité de personnels militaires et civils. A l’heure donc de la maturité, qu’en est-il de leur avenir des opérations de maintien de la paix et quelle image dégage-t-elle à travers le monde ?

Les opérations de maintien de la paix : la controverse chemine avec la nécessité

Environ 120 000 personnes originaires de 114 pays, dont 18 000 personnels civils, participent aux 16 missions de maintien de la paix  en cours dans le monde. Mais au fil du temps de nouveaux défis s’imposent, nécessitant de nouveaux moyens et l’élargissement du contenu des mandats. Désormais le maintien de la paix, développe une approche multidimensionnelle regroupant militaires, policiers et civils afin d’intervenir dans des domaines aussi variés que la protection des civils, des droits de l’homme ou la promotion de l’état de droit. Alors même que les Nations unies font face à des défis en RDC, au Mali et éventuellement en Somalie ou en Syrie, Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des opérations de maintien de la paix,  révèle deux vérités fondamentales auxquelles les missions de la paix de l’ONU doivent faire face :

Il pense, premièrement que le maintien de la paix ne peut se substituer à un accord politique. Et que les interventions doivent se fonder sur un cadre politique clair. Si en RDC, la Monusco, -à travers l’accord- cadre pour la paix, la sécurité et le développement signé entre 11 pays de la sous-région centrafricaine-, tente vaille que vaille de mettre un terme au cycle récurent de la violence ; au Mali, il reste beaucoup de chemin à parcourir tant il est nécessaire que tous les acteurs s’impliquent autour d’un projet de réconciliation nationale.

Deuxièmement, Ladsous affirme que le maintien de la paix a besoin, plus que par le passé, de meilleurs moyens et d’outils modernes. Désormais, les Nations unies doivent s’assurer que leurs opérations disposent de ressources nécessaires, pour une meilleure connaissance  des terrains d’interventions. C’est ainsi que les opérations seront des succès. Ce cas de figure incarne une nouvelle philosophie des missions de la paix. Et les nouveaux dispositifs utilisés dans l’est de la RDC en est la parfaite illustration. Ces dispositifs offrent aux missions des avantages tactiques, une plus grande mobilité et un nouveau pouvoir de dissuasion.

Loin de faire l’unanimité, ces nouvelles approches suscitent l’inquiétude de certains qui estiment que ces opérations de la paix se transforment progressivement en machine de guerre. On a encore en mémoire l’usage de la force par les casques bleus en RDC, qui, à mon sens contrarie délibérément avec leur passivité, voire leurs connivences avec les groupes armés au Mali. Certes, les changements intervenus dans la nature des conflits imposent des changements d’approches et d’outils au maintien de la paix. Cependant, il est indispensable de cerner les contours des conflits. Car les contextes dans ces zones d’intervention sont de plus en plus à haut risque ou la paix et la stabilité sont plus difficiles à atteindre. Pour le cas particulier du Mali, au moment même ou les forces de la Minusma sont victimes d’attentats-suicides perpétrés par des djihadistes, l’opinion publique malienne semble avec le recul comprendre la mission de ces hommes se sacrifiant pour la stabilité du Mali. Cependant ce qu’elle exige de ces forces c’est de prendre totalement parti pour l’unité et l’intégrité nationale du Mali. Surtout d’arrêter de privilégier certains groupes armés comme le MNLA, qui passe pour être complice de groupes djihadistes qui occupaient le nord du pays. Au vu de certains évènements survenus dans cette région du Mali, notamment, la visite houleuse de l’actuel Premier ministre à Kidal, les Maliens ont crié au complot international pour la sécession de Kidal avec la bénédiction de la communauté internationale.

Face à cette controverse de l’opinion publique malienne et de bien d’autres à travers le monde, les Nations unies réaffirment leur attachement aux principes fondamentaux des missions de la paix : Impartialité, consentement des parties –qui sont au cœur du maintien de la paix depuis ses débuts. L’usage de la force n’est possible qu’en cas de contrainte à l’auto-défense et à défendre le mandat du Conseil de sécurité.

Au Mali on est dubitatif face à l’efficacité de la Minusma à répondre à la crise malienne. Qu’en est-il de vos opinions vis-à-vis des opérations de maintien de la paix à travers le monde ? Quand, au même moment, on aura compris, qu’au vu de l’actualité internationale, l’ONU semble bien loin d’atteindre ses objectifs de paix, de respect des droits de l’homme, etc. De fait, les contestations fusent de toutes parts. Elle est souvent jugée absente, voire parfois inefficace et sa légitimité est de plus en plus remise en question. Ainsi, elle peine de plus en plus à faire respecter ses décisions. Plus simplement : l’ONU est en crise. Or, cette complexification du monde, ces conflits montrent que la coopération entre Etats est plus que nécessaire aujourd’hui.

Pourquoi l’ONU est-elle en crise ? Comment peut-elle garder sa légitimité et continuer à remplir sa mission pour répondre aux défis du XXIe siècle ? Bref se débarrasser de cette étiquette de « machin » qui lui colle depuis sa création.

Je vous invite à en débattre ici avec moi !


Au Mali, la crise sécuritaire perdure et fait plomber le secteur touristique

Source : Wikipedia
Source : Wikipedia

Redorer le blason du tourisme malien relèverait d’un miracle tant la crise qu’a connu le pays fut profond et d’une ampleur sans précédent. En quatre ans, tous les espoirs d’un Mali touristique se sont effondrés  Mais quelques années plutôt, le tourisme malien avait connu un essor spectaculaire. Le produit Mali se vendait bien et la destination était prisée de touristes occidentaux épris d’exotisme.  Pour rappel, déjà en 2006 L’éditeur Lonely Planets, cité dans « Le globe-veilleur »-le bulletin électronique du réseau de veille en tourisme, positionnait d’ailleurs le Mali au 2ème rang des destinations en croissance, après la Chine et devant le Brésil, l’Islande et la Serbie-Monténégro.

Rébellion Touareg associée au narcotrafic et terrorisme ont plongée toute une contrée qui vivait quasi-exclusivement du tourisme. La crise a largement débordé du Nord pour s’étendre dans la région de Mopti, qui constitue par ailleurs la principale destination touristique au Mali. Ainsi les évènements au Nord du Mali ont eu des conséquences énormes sur le secteur. Les touristes internationaux  qui visitaient notre pays commençaient à fidéliser la destination Mali. Et pendant chaque saison touristique, ils  fréquentaient en masse les sites et participaient aux différentes manifestations touristiques et culturelles. Des festivals comme celui au Désert ou encore celui sur le Niger sont devenus des festivals de références internationales. Mais depuis 2009-2010, les chancelleries occidentales ont déconseillé à leurs ressortissants de se rendre au Mali, réduisant fortement la fréquentation  de nos sites et manifestations. De 250 000 visiteurs en moyenne par an, ils n’étaient plus que 120 000 en 2009, soit une réduction de plus de 50% du taux de fréquentation. Aujourd’hui, à part les inconditionnels, on dénombre moins de 50 000 visiteurs par an. Depuis deux ans plus aucun vols charters sur Mopti et Gao ; les opérateurs touristiques en difficultés financières due notamment à des annulations de réservations dans les hôtels, la réduction des dépenses liées à la visite des sites (guidage, location véhicules, restauration, artisanat etc.). Plusieurs entreprises (agences de voyages, tours opérateurs etc.) agonisent et ont du mal à payer leur personnel. Les investissements touristiques ont fortement baissé ; de nombreux projets touristiques surtout hôtelier sont à l’arrêt ; sans oublier le désespoir de prestataires informels. Cette situation dramatique que connait le secteur touristique s’illustre parfaitement le marasme du pays dogon, principale destination touristique.

Le « Pays Dogon », abandonné par les touristes, agonise !

Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO  sous le nom « Falaise de Bandiagara », le pays dogon, fort de son potentiel culturel riche et varié, est sans doute une destination touristique phare de l’      Afrique de l’Ouest. Mais depuis fin 2009, cette zone est classé orange ou rouge par les grands pays émetteurs de touristes au Mali. Il s’agit des pays comme la France, Les Etats Unis, L’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, la Suède, la Norvège etc. Cette alerte interdit aux ressortissants de ces pays de visiter notre pays pour cause d’insécurité. Ainsi, on assiste depuis un peu plus de 3 ans à une rapide décroissance et même à l’arrêt du flot de visiteurs sur les sites majeurs du pays dogon. Et toute la région de Mopti s’en trouve affecté, car les retombées économiques de cette activité pour la région étaient estimées à près de 6 milliards de Franc CFA. On l’aura compris que cette crise sécuritaire au Mali aura fait payer à toute une région un lourd tribut : Les ressources des collectivités ont considérablement baissé ; la baisse du pouvoir d’achat ; le manque d’entretien du patrimoine architectural, culturel et touristique. Sans oublier que cette crise touristique a fini par jeter dans la précarité une bonne partie de la jeunesse, désormais désœuvrée. Beaucoup de guides ont immigrés à Bamako. Ne sachant plus à quel saint se vouer, ils sont devenus pour les uns voleurs et pour les autres toxicomanes et alcooliques.

La profondeur et la gravité de cette crise n’a d’égal que l’urgence d’en sortir.

Plus d’une fois, les opérateurs publics et privés ont pensé, imaginé, envisagé des voies et moyens pour relancer le tourisme malien. Mais hélas sans succès ! C’est pourquoi aujourd’hui, avec une relative amélioration de la situation sécuritaire, les nouvelles autorités se doivent de convaincre les pays occidentaux de lever l’interdiction de visite qui frappe le pays Dogon.  Les autorités, de l’avis de nombreux acteurs locaux du tourisme, doivent renforcer le dispositif sécuritaire afin que la région redevienne « une zone verte ».

Face à l’urgence de la situation, les acteurs du tourisme, loin de se résigner, rêvent de lendemains meilleurs pour le secteur.

Pour ma part, je pense que les autorités doivent tout mettre en œuvre pour la reprise des activités touristiques qui représentent une véritable industrie.


Zimbabwe, un pays qui agonise au su et au vu de tous !

Carte Zimbabwe, crédit Wikipédia
Carte Zimbabwe, crédit Wikipédia

 

J’aurais aimé titré ce billet : « Analyse géopolitique de la crise zimbabwéenne ». Sauf qu’étant à des milieux de kilomètres de ce pays, il apparaît très prétentieux de ma part de livrer une analyse objective de la situation. Cependant, compte tenu de ma passion pour ce pays et son président et l’intérêt que j’ai pour cet espace géopolitique, j’ai tenté de cerner les contours de la grave crise que traverse ce pays à travers les échos qui nous parviennent.

De prime à bord, ce qui frappe lorsqu’on aborde une réflexion sur le Zimbabwe, c’est la dichotomie qui a caractérisé et qui continue de caractériser sa vie politique, sociale et économique sur fond de conflit foncier. Un conflit foncier issu d’une mauvaise répartition des terres datant de la colonisation.

Pays enclavé d’Afrique Australe, le Zimbabwe a pour capitale Harare. Il est bordé au nord par la Zambie, à l’est par le Mozambique, au sud par l’Afrique du Sud et au sud-ouest par le Botswana. Zone d’expansion britannique à la fin du XIXe siècle, l’actuel Zimbabwe devient tour à tour : colonie de la Couronne sous le nom de Rhodésie du Sud, puis rebaptisé tout court en 1964, du fait de l’indépendance, sous le nom de Zambie, puis de la Rhodésie du Nord.

C’est à la suite d’un long et complexe processus de décolonisation que le Zimbabwe, désormais appellation officielle de cet Etat, accède à l’indépendance seulement en 1980. Il s’agit ici d’un espace particulièrement convoité, à la fois pour lui-même et pour sa position stratégique. On l’aura compris, ce territoire a suscité et continue de susciter bien des positions contradictoires qui ont pour principal enjeu la domination politique. Ainsi donc, entre les mythes des origines en passant par les sagas des luttes héroïques qui opposèrent les uns et les autres, le Zimbabwe conserve ses croyances relatives au droit à la terre.

Au-delà de toute réflexion passionnelle, comment comprendre la dérive autoritaire du régime postcolonial et la lourde faillite du pays ? Est-ce dû à Robert Mugabe et son système piloté par la toute puissante « Zanu-PF (Zimbabwe African National Union), en place depuis 1980 ? Ou même comme le pensent beaucoup d’Africains, serait-ce un complot international pour évincer Mugabe le nationaliste du pouvoir ? C’est bien à ce niveau que l’on retrouve toute la contradiction des discours sur le Zimbabwe. Mais qu’en est-il de ce pays, jadis prometteur, mais aujourd’hui agonisant!

La situation au Zimbabwe se situe entre d’une part un Mugabe qui se radicalise et opte pour la dictature, et d’autre part  une opposition qui se présente en pourfendeur systématique de ce régime, et qui du coup passe pour être à la solde de l’Occident. Mais cela n’a pas toujours été le cas, car  il y a deux temps sous le règne de Robert Mugabe !

Le temps du respectable Mugabe !

Il est certes bien loin le temps du Mugabe respectable. Rappelons-nous, au lendemain de l’indépendance du Zimbabwe en 1980, Robert Gabriel Mugabe,- ancien instituteur élevé chez les jésuites, titulaire de sept diplômes universitaires-, est un héros. C’est le tombeur du régime raciste de l’ex-Rhodésie britannique au prix notamment de onze années d’emprisonnement. On se rappelle encore de cet affront qu’il ne peut oublier, durant sa captivité il subit un drame familial, la perte de son jeune fils. Et  l’administration ne l’autoriser pas à assister aux funérailles, ce qui renforcera son statut d’icône. Malgré, toutes ces blessures du régime colonial, Mugabe à son arrivé à la tête du pays promet la réconciliation raciale. « Restez avec nous et construisons une nation » lance-t-il aux Blancs. Il fait unanimité auprès des Occidentaux qui entendent faire de lui leur nouveau chouchou pour contrer l’influence soviétique en Afrique. Ainsi, il sera amadoué et flatté partout ou il passe en Occident : Ronald Reagan le reçoit même à la Maison Blanche  en lui lançant : « Vous incarnez un leadership intelligent ». Il partage le thé avec Margaret Thatcher et la reine Elisabeth II lui décerne le titre de « chevalier d’honneur ». C’est en ce moment précis que le Zimbabwe émerge. Les céréales zimbabwéennes inondent l’Europe. Ses mines d’or, de platine et de diamants sont exploitées à plein régime et ses universités forment parmi les meilleurs ingénieurs et médecins du monde… . Bref le pays était à son apogée ? « C’était le paradis », se souvient un homme d’affaires. Mais comment un pays émergent s’est-il retrouvé dans ce cauchemar ?

Mugabe, le démolisseur du Zimbabwe !

Ce sous-titre apparaîtra peut-être injuste aux yeux de nombreux admirateurs du vieux loin.

Tout commence au milieu des années 80, Mugabe, le représentant de l’ethnie shona fait massacrer massivement les Ndebele, l’ethnie minoritaire (Bilan entre 10 000 et 20 000 morts) sous l’œil complaisant de la communauté internationale. Ce fut un tournant, car à partir de cet instant Mugabe tombe dans une paranoïa sanguinaire. En 2000 Mugabe perd un référendum destiné à accroître ses pouvoirs. Il est désavoué par son peuple. Mais il s’en prend aux fermiers blancs qu’il désigne comme coupable de ce revers. C’est le début des expropriations et la descente aux enfers. Ainsi, le Zimbabwe perd sa réputation de grenier de la région. Les grandes exploitations perdent 90% de leur productivité. En l’espace d’une décennie, l’économie zimbabwéenne sombre, étranglée par une inflation démesurée (165 000 %, selon le chiffre officiel ; et 2 000 000 %, selon l’estimation officieuse). Les prix de certaines denrées de première nécessité ont flambé. Les organisations internationales non gouvernementales et les agences onusiennes dressent des rapports alarmants. En 2009, elles estimaient que 5 millions de Zimbabwéens sur 12 souffraient de problèmes alimentaires. Conséquences de ce cauchemar, le pays se vide. Les Zimbabwéens fuient vers les pays voisins, et un peu partout dans le monde. En deux décennies, le grand Zimbabwe, pays émergent est à genoux ; mieux agonise sans que personne ne lève le petit doigt ou ne lance un cri d’alarme.

Le pays croule, mais Mugabe demeure inflexible. Cependant, Mugabe est accepté de ses pairs africains, et parfois adulé par une bonne frange de la jeunesse africaine. Ces jeunes voient en lui un bel exemple de panafricaniste. Ils trouvent en lui le héros qui a restitué les terres zimbabwéennes aux vrais Zimbabwéens. C’est pourquoi ils ont du mal à comprendre l’attitude de l’Occident qui à un moment donné adulait Mugabe même s’ il massacrait les siens. Mais dès qu’il s’en est pris aux fermiers blancs, on l’a traité de tous les noms. Et pendant qu’on se contrarie sur le régime Mugabe et de la Zanu-PF, le Zimbabwe se consume et meurt à petit feu.

A ce rythme le Zimbabwe est loin de se tirer d’affaire pas plus que l’Afrique. Une Afrique qui reste suspendue aux puissances occidentales pour avancer. Et le Zimbabwe, c’est l’illustration parfaite d’une Afrique suicidaire et meurtrie, à la limite refusant le développement. Hey les gars, c’est juste un point de vue, les vôtres seront les bienvenus !